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22/03/2014

Viviane Élisabeth Fauville

À l’ouverture d’un livre, rien ne peut séduire davantage que le sentiment  de s’y retrouver, de reprendre, par les mots de l’auteur, le fil d’une conversation personnelle, avec la simplicité et l’aisance d’une relation amicale. Dès lors, l’écriture de Julia Deck prend le lecteur par la main et l’invite à …entrer dans la tête de son héroïne. Et oui, elle est maligne,   cette jeune écrivaine qui a  publié en 2012 son premier livre.  Mais à l’inverse du procédé inventé dans les années 60-70 par les écrivains du « nouveau roman », Julia Deck  ne se cantonne pas dans une structure définie. À mesure qu’évoluent son personnage et les éléments de l’intrigue,   le rapport auteur- personnage- lecteur se modifie : du voussoiement initial qui établit une distance, la narration emprunte successivement un glissement subtil à la première puis à la troisième personne, sans rompre pour autant le réseau empathique qui oblige le lecteur à s’inquiéter des manœuvres de Viviane Élisabeth. À quel moment devient-elle surtout Élisabeth, s’engluant dans un  brouillard intérieur, livrée  fiévreusement à ses démons ?

 

Le roman est à deux doigts de se loger dans la catégorie « polar », ce qui oblige à donner peu d’indices concernant l’intrigue. Cependant, la culpabilité avérée du personnage, la description du crime, les circonstances et l’absence de mobile au sens policier du terme détournent rapidement le suspense. Ce n’est plus la recherche de la coupable, l’habileté des enquêteurs qui intéresse l’auteure. Tout au contraire, le jeu de chat et de souris s’inverse. Là où les enquêteurs multiplient les pistes à la recherche du ou de la coupable plausible, Élisabeth emploie tous ses talents à mettre sa situation en péril. Et l’on frémit de ses maladresses. Tel est le ressort du  fonctionnement de notre intérêt, puisque nous sommes au cœur des raisonnements de la jeune femme.

Reçue chez François Bunel (La Grande Librairie France 5) à la sortie du roman, Julia Deck reconnaissait s’être beaucoup documenté au sujet des pathologies mentales, de manière à mieux cerner le comportement vraisemblable de son personnage. Les Parisiens (ou les expatriés de la capitale) seront bluffés par la précision des trajets en métro, que l’on suit aux couloirs près.  L’écriture est précise et presque sèche comme celle d’un  reportage, alors que nous plongeons directement dans le désarroi de cette jeune femme :

«… Les autres clients s’impatientaient. Ils perdaient du temps alors qu’ils étaient pressés de se rendre à leur travail, et c’est tout de même un monde de ne pas savoir ce qu’on veut dans une croissanterie à 9 h le matin, une dame derrière vous l’a laissé entendre très clairement. Vous l’avez regardée dans l’espoir d’un combat de femmes qui ranimerait votre instinct de survie mais vous ne l’avez pas vue, il n’y avait dans vos yeux que du carrelage. » ( Page 48)

Le  glissement mental de Viviane se traduit justement très judicieusement par le passage du vous au elle quand la tournure des événements déséquilibre sa propre construction. «  Tout cela suppose des choix. Une infinité de microdécisions dont chacune présente des implications supérieures. Vous n’êtes pas en mesure de faire des choix. Vous êtes l’esclave de la nécessité, c’est une position qui vous convient très bien, vous n’en avez jamais réclamé d’autres.

En face se présente un modeste square où l’on aère les enfants pauvres et les revendeurs de toxiques. Vous poussez la grille, prenez place sur un banc au soleil et, sortant les chaussons de leur sac, vous y glissez les mains. Elles s’y réchauffent tranquillement. »  (Page 46) 

Évidemment, les enquêteurs, pas si stupides, sont intrigués par quelques incohérences immédiatement décelables, et voilà notre jeune mère de famille convoquée pour la seconde fois dans les locaux de la police :

« Viviane observe attentivement les traits du commissaire, les paupières lourdes, la bouche lippue, le menton double et les plis de concentration qui architecturent l’ensemble. Elle juge qu’il n’y croit pas.

Je n’ai pas tué le docteur, soupire-t-elle. Je ne vais tout de même pas l’inventer. J’étais chez moi avec ma fille, je n’ai pas tué le commissaire.

Vous voulez dire le docteur.

Je veux dire le docteur.

Pourquoi avez-vous suggéré d’appeler votre mère ?

Je ne sais pas, c’est venu tout seul. C’est ce que le docteur m’a appris, à parler sans réfléchir. » (Page 61)

Aperçu du  ton d’humour subtil qui  confère à ce court roman une vivacité soutenue par des rebondissements évidemment inattendus. Je me réjouis d’autant plus que Julia Deck est l’invitée du prochain café-lecture de ma petite ville, et que je ne manquerais cette rencontre pour rien au monde !

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 Viviane Élisabeth Fauville

 

Julia Deck

Les Éditions de Minuit (septembre 2012)

ISBN : 978-2-7073-2240-1

21/03/2014

Les anges mineurs

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 À peine avais-je entamé la découverte des anges mineurs et de l’écrivain  Antoine Volodine,  qu'une question évidente s'est imposée: m'étais-je trompée de porte d’entrée? Quand on n’a  encore jamais lu l’œuvre d’un écrivain, après tout, il est rare « d’attaquer » sa bibliographie en ordre chronologique, n’est-ce pas ? Cependant, la forme du récit et l’univers très particulier que développe la suite de ces « narrats », (entendez de brefs chapitres constituant  chacun une entité de récit isolé) désarçonnent le lecteur non prévenu.

Progressivement cependant, cette mosaïque de textes organise un monde, que j’ai ressenti comme une prophétie d’apocalypse. Exprimé le plus souvent à la première personne, chaque « chapitre » porte en titre le nom et prénom d’une personne, sans que toutefois il s’agisse véritablement d’un portrait de personnage. Tous  repères spatiaux et temporels chamboulés, c’est une vision de l’après-catastrophe qui se dessine au fil des récits. D’ailleurs c’est ainsi que s’ouvre le premier narrat, titré Enzo Mardirossian, où le narrateur  livre son état d’âme:

«  Inutile de se cacher la vérité. Je ne réagis plus comme avant. Maintenant, je pleure mal. Quelque chose a changé en moi autant qu’ailleurs.… »

De fait, bien que tissée à maille  décousue,   la cohérence du récit se bâtit sur  l’errance, la survie, la récurrence des patronymes et la projection d’un univers «  étranger » à nous, lecteurs  douillettement au cocon dans nos pénates. Volodine use de consonances « étrangères », qui localisent le récit loin à l’Est. Peu à peu s’amorce l’idée que la catastrophe planétaire concerne l’éclatement des sociétés, une lutte géopolitique autant qu’écologique, et l’on comprend que ce récit apocalyptique nous parle autant d’hier que de demain. À l’image de ces  grands-mères héroïques,   immortelles survivantes dans la steppe mongole, qui entreprennent de créer un sauveur pour cette humanité en danger, comme une espèce en voie de disparition. Mais du destin de Will Scheidmann, qui apparaît  dès le narrat 7, je ne vous dirai rien, car alors ce livre risquerait de connaître le sort des œuvres de Fred Zenfl :

« Mais Fred Zenfl ne réussissait pas à trouver la forme littéraire qui lui eut permis d’entrer  véritablement en communication avec ses lecteurs éventuels et ses lectrices et, démoralisé, il n’allait pas jusqu’à l’achèvement de son propos. » 

Reconnaissons- là l’humour et l’autodérision  caustiques d’un écrivain qui  prend sérieusement le  risque de bousculer son lectorat. Au demeurant, les anges mineurs ont connu  un bien meilleur sort, récompensé successivement par le prix Wepler (1999)   et le prix du livre Inter (2000)!

Le caractère remarquable de ce récit  définit une tentative de renouveau narratif, que Volodine a baptisé « post exotisme ».  Avant même d’ aller piocher sur Internet les éclaircissements nécessaires, les effets stylistiques de l’auteur sautent aux yeux:  utilisant  souvent la première personne, le narrateur  déroule son récit avant de préciser l’identité endossée à ce moment-là, ce qui accroît la déstabilisation du lecteur :

«  C’était une zone où régnaient, dans une ombre bruyante et remplie de couteaux, les maîtres abatteurs et les tripiers ; l’air empestait le sang, les chasseurs de gibier et le linge très sale dans lequel avait été emballé la venaison. Je n’étais ni vendeur ni acheteur. Quand je dis je, c’est à Khrili Gompo que je pense, cela va de soi. On m’avait accordé douze minutes. La fille se dirigeait sur moi de façon inéquivoque, elle vint à moi comme si elle me connaissait, comme si elle m’avait longtemps attendu, comme si elle m’avait passionnément aimé et attendu, comme si elle m’aimait depuis toujours, comme si en dépit des évidences et en dépit des discours de ses proches, elle avait persisté à croire que je n’étais pas mort et que je m’évaderais un jour de la mort et reviendrais, comme si enfin j’étais revenu vers elle, après une longue absence, après un très long voyage. » ( Page 64)

En vérité, j’ose livrer ici ma totale incapacité à développer de façon synthétique une véritable intrigue, un fil conducteur menant le lecteur assidu d’une page à l’autre. Il y a là plus de raison de lâcher l’affaire que d’adhérer à la poésie sauvage et cruelle du fantasme apocalyptique. Les amateurs d’humour noir se réjouiront de perles disséminées savamment dans les hautes herbes de ces divagations :

«  Aux fils Schtern je n’adresse jamais un signe qui aille au-delà de la simple courtoise. Bien que nous soyons désormais voisins, je les ignore. Je regrette cette proximité. Ils ne m’inspirent aucune sympathie, nous n’avons pas d’atomes crochus. On voit bien qu’ils engraissent leur mère pour des raisons cannibales. Dans peu de semaines, ils la saigneront et ils la cuisineront. C’est vrai que l’existence  est fondamentalement sale, mais, tout de même, ils pourraient aller faire cela ailleurs. » ( Page 61)

 

 Ainsi affranchis, les-dits amateurs se réjouiront du tableau des « vieillardes pluricentenaires dont les herbes  pourtant basses camouflaient l’identité » et qui s’obstinent vaillamment à assumer la condamnation du petit-fils défaillant :

«  Les vieilles avaient éjecté, des culasses, les douilles brûlantes, et elles restaient étendues dans la position dite du sniper couché, mais toutes avaient l’air  déconcertées  d’avoir raté leur cible, et elles hésitaient avant de lâcher une seconde » mitraillade. Sous leurs narines errait de la fumée de poudre noire, mêlée aux  parfums de jeune absinthe et à l’insistante puanteur de l’urine des brebis et des chamelles qui, à l’endroit où elles étaient couchées, avaient dormi nuit après nuit pendant des mois. «  ( Page 76)

Vous l’aurez saisi, je ne suis pas parfaitement enchantée de ce cheminement chez les anges mineurs, même si je me suis rarement senti autant dépaysée. Mais  il est vrai que c’est  là une des  vertus majeures de la lecture.

 

Des anges mineurs 

Antoine Volodine 

Points poche  2007 (Le Seuil Août 1999) 

ISBN : 978-2-02-044461-3 

Prix Wepler 1999- Livre Inter en 2000

 

 

 

08/03/2014

L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea

 

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Après deux livres «  sérieux », qu’il est bon d’aborder un temps sur les terres farfelues de Romain Puértolas.   Le titre (clin d’œil à Michel Audiard?) annonce déjà la couleur : sous la bannière  du célèbre logo, c’est un voyage en kit que nous livre le jeune auteur. Mais au lecteur téméraire, point n’est besoin de mode d’emploi fastidieux ni de clefs minuscules à tourner dans le vide. Ce roman, c’est une pochade, une farce qui dure un peu,   et qui emmène mine de rien de la blague fantastique  à la frontière du vrai monde. On pourra lui reprocher d’effleurer sans les traiter des problèmes graves, le dénuement, l’émigration clandestine, la solitude ou la solidarité, mais ce n’est pas le propos. Romain Puértolas ne cherche qu’à faire sourire le lecteur d’aujourd’hui, dans une comédie résolument contemporaine, sans morale ni leçon.

D’ailleurs  ce fakir au prénom imprononçable apparaît rapidement comme un escroc. C’est même ce qui le rend d’emblée  sympathique. Et le chauffeur de taxi qu’il arnaque n’est guère plus irréprochable. Mais ça, c’est à l’autre bout de l’histoire. Entre-temps, le voyageur improvisé se retrouve embarqué malgré lui  dans un périple qui sillonne l’Europe sans lui donner l’occasion de visiter l’une ou l’autre des étapes  inattendues. Les rencontres improbables se multiplient, le ton comique soutenu  par une veine truculente  qui se   décline au long du récit, tels  les jeux de mots associés aux personnages : le  migrant au long cours prénommé Wiraj, la star internationale Sophie Morceaux, le taxi Gustave Palourde et son acolyte Tom Cruise-Jesùs Cortès, mais la palme revient sans conteste à la litanie des prononciations suggérées pour le patronyme du héros. Ainsi, je vous invite à faire rapidement  connaissance avec Ajatashatru Lavash Patel (Prononcez, j’attache ta charrue la vache… ou Achète un chat roux, quand ce n’est pas J’ai un tas de shorts à trous).

 

L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea

Romain Puértolas

Le Dilettante (2 013)

ISBN :978-2-84263-776-7

 

23/02/2014

Fable à part ( suite)

De son royal perchoir,  Corbeau  le Hautain  

Arborait  son majestueux  butin.

Maître Renard,  rompu aux courbettes,

Parvint enfin  au pied de l’auguste silhouette.

À force de ronds de jambe et de flatteries

Le  courtisan joua sa fortune sur  son baratin

Étalant sans honte sa  vile flagornerie.

— Eh Messire Renard, que vous êtes baveux,

Que votre verbiage  me semble  ennuyeux

Sans conteste, si votre  courage

 Ressemble à vos papotages,

Je gage, pour  votre outrecuidance

Le gain d’un aller simple  à la  potence !

À ces mots Renard comprend sa méprise

Prend  ses pattes à son cou,  rompant là sa vantardise.

À notre connaissance, il court encore, qu’on se le dise !

 

08/02/2014

Un air de folie…

Parmi la foule qui envahit le foyer de l’opéra de Marseille, ce mardi 4 février, nous remarquons tout de suite un groupe d’adolescents assis en tailleur sur le parquet marqueté. Par leur décontraction et l’activité de leurs mandibules, ces jeunes forment un contraste amusant avec les petits clans de mélomanes aux allures plus conventionnelles, occupés à siroter leurs flûtes de champagne en commentant les performances des artistes dont les accents résonnent encore à nos oreilles. J’observe un moment un garçon joufflu qui se gave littéralement de biscuits apéritifs, comme s’il devait reprendre des forces après une épreuve d’endurance. A ses côtés, ses camarades engloutissent sandwiches et canettes de sodas avidement extirpés de leurs sacs à dos. Un peu à l’écart, un trio de jeunes filles souriantes attire notre attention. Elles sont restées debout, manifestement moins affamées que leurs collègues et s’absorbent dans la contemplation du décor. Simone et moi échangeons un regard et d’un commun accord, nous les abordons. La spontanéité de leur réponse nous ravit :

— Ah oui on adore, c’est formidable comme on  sent cette femme submergée par la douleur !

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Comme ces collégiens venus de Saint Maximin la sainte Baume, nous sommes en effet à l’entracte d’une représentation de Lucia de Lammermoor, et venons d’assister au deuxième acte qui s’achève sur le mariage forcé de Lucia,   sous le charme du magnifique septuor vocal (qui a fait date dans l’histoire de l’art lyrique) où, en parallèle, l’héroïne exprime son désespoir irrémédiable; passage délicat et virtuose pour la soprano qui tient le rôle- titre. En franchissant le seuil du bâtiment, tout à l’heure, Simone a remarqué une affichette collée aux parois vitrées indiquant le remplacement de l'interprète initialement prévue. Ce soir, nous entendrons  Zuzana Markovà, dont la programmation ne comportait que deux dates. Nous voilà tapies sur nos étroits fauteuils du balcon, jambes calées contre les dossiers du rang précédent, mais curiosité aiguisée, et nous ouvrons largement nos yeux et nos oreilles au spectacle promis du chef d’œuvre de Donizetti.

À l’unisson de l’enthousiasme de notre jeune co-spectatrice, nous sommes bouleversées par l’interprétation qui vient de nous être offerte. Non que la mise en scène, correcte, ne soit inoubliable. Aux premiers accents fragiles du duo d’amour entre l’héroïne et son amoureux Edgardo, la voix de la « remplaçante » m’ avait semblé manquer d’ampleur. L’échange amoureux  me paraît transi, figé par une distance physique inadéquate entre les deux chanteurs. Sont-ils allergiques l’un à l’autre ? Pourtant, la voix de la jeune fille est claire, elle module aisément et son timbre prend peu à peu sa place, face à Guiseppe Gipali.

L’intrigue se met en place, l’infâme Enrico (Marc Barrard, baryton) défend honnêtement son rôle. Le chapelain Raimondo ( Wojtek Smilek) l’âme noire d’Enrico trame ses effets sur une voix de basse magnifique, qui appelle davantage à servir un Commandeur qu’un  vil traître, fût-il ecclésiastique. Bien que lauréat, la veille, du prix de la révélation artiste lyrique aux victoires de la musique classique,   le jeune ténor Stanislas de Barbeyrac ne dispose pas avec  le bref  rôle d’Arturo d’une partition qui permette de profiter de sa distinction. Néanmoins, malgré leurs talents et sans oublier le chœur de l’Opéra aux prestations toujours excellentes, la soirée restera illuminée par la démonstration de ZuzanaMarková. Sur le site forum opéra  dont l’adresse figure ici  

http://www.forumopera.com/index.php? act=News,cntnt01,detail,0&cntnt01articleid=6114&cntnt01returnid=54,

vous lirez l’article intégral de Maurice Salles, intitulée une étoile est née : »…prévue en seconde distribution, la soprano tchèque Zuzana Markovà se retrouve en première ligne. Est-elle galvanisée par les circonstances ? Peut-être. Mais même en l’admettant, car sa performance a été littéralement éblouissante, on se gardera d’oublier qu’il s’agit d’une prise de rôle et que la même a assuré la générale la veille en chantant à pleine voix. Or, que donne-t-elle à entendre et à voir ? D’emblée, et tout au long du spectacle, une Lucia qui ne cesse de sidérer par ce que l’interprète semble avoir compris et du rôle et d’elle-même. La voix est bien projetée, d’une homogénéité rare, avec un médium assuré et un registre grave consistant, et une extension vers le haut qui mène à des aigus brillants, fermes, et si longuement tenus qu’ils révèlent une gestion magistrale du souffle. Les piani sont délicats, les trilles précis et déliés, la justesse indiscutable, la grâce physique évidente et la sensibilité de la comédienne, dont la démarche frôle par instants la chorégraphie, donne à son jeu et à son chant une intensité suggestive. »

Que pourrai-je ajouter de plus ?  Ah si, allez lire l’article sus cité, vous verrez que mon enthousiasme paraît pâle comparé à la fougue de son auteur.

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Vous m’avez lu, souris discrètes et fidèles, et bien, écoutez maintenant !

 

      

13/04/2013

Chagall au musée du Luxembourg


Le  retour du soleil donne des envies de lumières, de couleurs et d’audace.  L'occasion de raconter hier à nos amis  ma visite à Chagall  au musée du Luxembourg le mois dernier nous donne envie de prolonger les bienfaits de cet enchantement. L’exposition parisienne est intitulée Une vie entre guerre et paix, et permet de prendre la mesure d’un destin chahuté par les turbulences de l’histoire. Nombre d’adolescents, trop jeunes pour les avoir vécus, peuvent ainsi comprendre combien le XXème siècle, si proche  encore, a été une période historique mouvementée.

Mais Chagall l’exilé possède l’incroyable vertu de surmonter les horreurs vécues par le pouvoir de ses couleurs et  de sa vision onirique. L’espace,  dans ses œuvres, perd la lourdeur de la gravité. Les perspectives s’ouvrent autant horizontalement que verticalement, les plans se superposent et s’enroulent avec grâce. 

 

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Un des thèmes dominant célèbre toujours l’amour,  et le moment précis du Mariage comme acmé du bonheur :

 

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 Le déroulement de l’exposition  montre  l’enracinement dans les origines, et la peinture devient une relation du vécu, une narration sublimée des horreurs du pogrom, à la symbolisation des racines :

 

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Impossible de ne pas être touché par le syncrétisme spirituel que nombre d’œuvres mettent en évidence. Marc Chagall possédait une lucidité spirituelle qui lui a permis d’illustrer bien avant les Églises le rapprochement de nos symboles religieux :

 

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Toutefois, évoquer Chagall sans nommer la puissance  de sa palette, ce serait ignorer  la rémanence des couleurs qui continuent d’enluminer notre vision bien longtemps après que l’on ait quitté les lieux.  Les bleus, les rouges, les jaunes, la lumière étrange qui auréole les traits, contribuent à l’intensité des œuvres, même quand beaucoup d’entre elles ont été réalisées sur des récupérations de carton.

 

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Paysage bleu



 

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 bouquet et cirque rouge                                 

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   cantique des cantiques

 

 Certes, de notre côté,  nous attendons toujours  avec impatience  l’ouverture du Mucem, qui nous promet un panorama des arts méditerranéens. Cependant,  Jocelyne et Jean Pierre ont mis dans leur poche à surprises une autre adresse qui  méritera le détour, pour tous les heureux habitants de la région comme pour tous ceux qui s’apprêtent à la grande migration vers le Sud. Depuis le 8 mars dernier et jusqu’au 5 janvier 2014, les carrières de Lumières des Baux de Provence sont le cadre d’une exposition projection d’œuvres regroupées sous l’appellation « Monet, Renoir... Chagall. Voyages en Méditerranée ». La palette est bien plus large que le titre ne le laisse entendre: s’y côtoient , outre les maîtres cités, Vernet, Signac, Cross, Camoin, Derain, Vlaminck, Manguin, Valtat, Matisse, Bonnard et Dufy. 

À bon entendeur…

 

21/03/2013

Fenêtre ouverte sur la journée de "ces arts"

Pour la troisième année , Serge Casoetto organise une manifestation multiculturelle dont le point d'orgue aura lieu le 28 septembre prochain. Ci-dessous, vous trouverez l'affiche du projet et le lien du site, si d'aventure les muses vous soufflaient la bonne inspiration…

Les plus fidèles de mes discrètes souris lectrices se souviendront de ma joie en septembre dernier quand  la trop longue nuit de Firmin y a été consacrée… Mais la manifestation ne s'arrête pas au seul prix littéraire. Conteur, poète , calligraphe, danseurs, chorégraphes, joaillier peintres,… offriront en outre leur savoir faire au cours d'atelier… 

Un petit tour sur le site de Serge vous permettra d'en comprendre le fonctionnement et vous donnera, qui sait, envie d'y participer, quel que soit votre mode d'expression favori. La fête promet d'être belle!

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Pour tous renseignements  sur le projet et pour mieux connaître l'oeuvre de Serge casoetto, suivre le lien ci-dessous…

http://www.serge-casoetto.com/actualites.php

 

 

24/02/2013

Saint Max sur glace

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Changement d’ambiance !

 

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Riez,  Amis Nordistes, gaussez-vous de la mauvaise foi qui nous pousse à arborer nos cieux d’azur   avec tant d’arrogance!

Cette fois, nous sommes logés à la même enseigne que vous… Une journée à rester sous la couette hier. Sur notre  colline, les habitants frileux n’ont même pas envisagé de dégager les voitures. Le blanc du ciel répandu sur terre, à hauteur d’yeux et bien plus haut que celle des malheureux passereaux :

 

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 Paysages de Provence

Où sont donc passé les clichés habituels?

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Ce matin, le décor se modifie sous l’effet de la lumière, nos humeurs deviennent méditatives, c’est dimanche, on prend le temps d’admirer les vagues minuscules que le froid a saisi sur les rambardes, les fleurs de coton qui s'ouvrent sur les branches  gelées du laurier .

 

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Le plus heureux est toujours notre Copain !

Tandis que Guss cherche l’abri de la cuisine et  l’exclusivité du coin radiateur, Copain exulte sous l’averse de flocons.

 

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Le calme revenu, notre compagnon s’installe en vigie au bout de la terrasse. L’oreille gauche dressée, la droite plus nonchalante, Copain surveille le lever du soleil, l’amorce du dégel qui menace de  le priver du tapis moelleux  et de sa parure pointillée.

 

 

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Passé la minute contemplative, me direz-vous, comment lutter contre le froid insidieux ? Cette semaine, nous avons rendu une visite courtoise à notre cinéma. Oui, oui, Saint Max possède depuis  à peine plus d’un an une belle salle dédiée au cinématographe, sise dans notre Pôle Culturel. Dorénavant, salles de musique et de danse, médiathèque et hall d’exposition, le cœur de Saint Max bat cultivé, réjouissons-nous!  Or donc, au milieu d’une programmation éclectique, notre écran blanc nous réserve quelques morceaux choisis.

Belle considération pour vous dire qu'après le magnifique Renoir sorti à l'automne, j’ai apprécié l’Alceste à bicyclette de Philippe Le Guay (réalisateur  heureux des femmes du 6e), avec Fabrice Luchini et Lambert Wilson. Un scénario original et amusant, qui sied évidemment à la verve des acteurs. J’ai apprécié notamment la démonstration du travail des comédiens, avec la mise en perspective du comédien jouant au comédien, et l’ironie subtile du réalisateur soulignant le décalage  entre  le  mode de vie autochtone et le parisianisme. Le Guay poursuit en fait la réflexion du film précédent, avec la patience d’un auteur qui peaufine son univers d’œuvre en œuvre. Et puis on ne peut que se régaler de la gourmandise sensuelle dont font preuve  les deux personnages en s’emparant d’un des plus beaux textes de notre littérature. Les vers  de Molière nous sont servis comme des mets précieux et résonnent à  nos oreilles comme un appel aux sources.  N’est-ce pas leur écho que guette ainsi mon Copain seul en son jardin?

 

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