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La vie est brève et le désir sans fin

La vie est brève et le désir sans fin

Auteur : Patrick Lapeyre

Éditeur : P.O.L

Année : Août 2010

Prix Femina 2010.

Un titre si séduisant que je n’ai pu résister à l’achat de ce dernier roman commis par Patrick Lapeyre, paru en août 2010, d’autant que la plupart des critiques de magazines l’ont bien noté. J’aurai pu approfondir cependant la légère réserve non-formulée par ma libraire, quand j’ai souligné l’attrait du titre :
-Oui, le titre est bien choisi en effet, m’a-t-elle répondu laconiquement.

La vie est brève et le désir sans fin…
Qui n’aurait envie de suivre ce Louis Blériot qui semble détenir le secret inouï de s’abstraire du monde contingent quand il éprouve une rupture avec la réalité ? À lire le premier chapitre, j’étais consentante et décidée à parcourir un bout de chemin au fil des trois cent cinquante pages du bouquin.

Seulement voilà… La vie de Louis Blériot s’étire avec l’élasticité d’un chewing-gum collant qui refuse de quitter vos doigts. Cet homme souffre de ne rien assumer et de n’adhérer à rien, si ce n’est à un amour fantomatique avec Nora. Marié à Sabine, nous apprenons rapidement que Louis vit à ses crochets, se vantant presque des stratégies d’évitement pratiquées par le couple pour maintenir les faux-semblants de leur mariage. Quelques traductions industrielles lui permettent de dégager de maigres revenus, le personnage assume à peine ses attaches familiales, il vit en marge de son nid, atteint d’une dépression amoureuse à la suite de l’évaporation de Nora. De cette jeune femme anglaise, nous apprenons rapidement qu’elle cultive la pratique de la fugue comme un art. Elle maintient ses partenaires successifs (ou simultanés) en état de manque grâce à ses disparitions inopinées… Suivies de soudaines résurgences, quand elle a besoin d’aide, bien entendu…
Elle finit donc par réintégrer la vie de Louis au moment où celui-ci se pensait en bonne voie de guérison. La rechute n’en est que plus intense…
Patrick Lapeyre survole délicatement leurs ébats, il ne prétend pas instiller un érotisme torride. Les scènes d’amour se focalisent plus sur l’accompagnement des verres de vin que sur l’évocation des rapports charnels… Comme si le désir sensuel des amants se heurtait à une limite paradoxale …
Nous sommes donc loin des promesses engagées par le titre.
Inévitablement, un jour Nora disparaît à nouveau de la réalité de Louis.
Alors qu’il aurait pu sauver son ménage, quand Sabine lui offre l’opportunité d’une parenthèse italienne, Nora efface à nouveau ses traces… Et Louis n’entrevoit pas d’autres solutions qu’une lente agonie physique et morale dans le confort d’une déprime douillette.

Vous l’avez certainement perçu, je me suis ennuyée en compagnie de ces personnages convenus, représentatifs d’une certaine bobo latrie germanopratine. Ces caractères m’ont semblés si creux, si nombrilistes, tellement affectés et soumis au dictat du genre. Vous savez quoi ? Il m’est arrivé de juxtaposer les traits de tel ou tel intellectuels de gauche, philosophes expert des magazines branchés , ou égérie filandreuse des milieux pop rock au visage imaginaire des créatures de Patrick Lapeyre.
Pour le coup, vous allez me juger sévère !
- Mais pourquoi donc es-tu allée au bout ?
-Je n’aime pas lâcher l’affaire, je suis tenace, et abandonner l’ouvrage me semblerait une désertion.
Lapeyre donc prépare un revirement de situations, une fin qui prend une autre route et celui qui s’égare le plus n’est pas celui que l’on croit…
L’écriture de Patrick Lapeyre est agréable et maîtrisée, certes mais ce premier ouvrage que je lis de lui ne m’encourage guère à tenter d’autres lectures, lui qui pourtant avait convaincu les jurés du Livre Inter et les libraires en 2004 avec L’Homme-sœur.

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