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Ida

Ida

Auteur : Irène Némirovsky

Éditeur : pocket

Voici en apparence, un petit livre, qui s’apparente très vite
à la catégorie des GRANDES ŒUVRES. Je n’avais encore jamais eu l’occasion de découvrir cette grande dame des Lettres, malgré le récent succès posthume de La Suite Française… Merci encore à John et Jean-Claude d’ouvrir ainsi mon univers…

Cette édition se compos de deux nouvelles ayant chacune pour héroïne une femme
de milieux et de destins très différents. Nous sommes d’entrée de jeux
interpellés par le déterminisme et la modernité de l’écriture. Cela pourrait aussi s’appeler "l’une combat et l’autre pas", mais le schéma est infiniment plus complexe et plus sensible. Pour ces récits achevés en 1932, combien de vies miroir se sont déroulées depuis ?
Mais l’extraordinaire force du récit tient surtout à la technique de l’écriture. Je vous l’avoue, je suis subjuguée, tout simplement…
Il me reste tout Irène Némirovsky à découvrir… Que de plaisir et d’émotion à venir !


La 1ère nouvelle Ida, montre le combat d'une star sur le retour pour se maintenir…Aux portes de ce qui pourrait être une retraite décente, Ida lutte pour perdurer en haut de l'affiche, bien qu'elle pressente le vertige de sa faillite. On découvre au fil de ce bref récit, qu'elle ne peut se relâcher, sous peine d'ouvrir les vannes de ses regrets et de ses échecs, plus profonds que sa vanité satisfaite de vedette du music-hall.

La seconde nouvelle , intitulée la comédie bourgeoise, m'a davantage impressionnée, par sa technique littéraire autant que par son thème. Écrite ou du moins achevée en 1932, elle est construite sur une série de plans cinématographiques, reliés par un fondu enchaîné, une route, un paysage, une valse jouée au piano, permettant de passer d'un tableau à l'autre, d'un âge à l'autre , d'un événement à l'autre sans rupture, sans chapitre, exactement comme coule une vie d'ennui, une vie offerte au courant d'une famille bourgeoise, sans histoire, pourrait-on dire. Or justement, une histoire, l'héroïne aurait pu en vivre une, bien à elle, dans l'intimité et l'exaltation enfin de son coeur et de sa chair. Mais la romance meurt dans l'oeuf, pour cause de devoir de famille…et la vie se poursuit, sans plus d'accident que le regret de ce qui n'a pas été… Cette nouvelle est admirable, écrite d'une manière très dominée, qui se voudrait neutre et cette distance traduit justement toute la fatalité d'une vie déjà écrite avant même que de se laisser vivre. Lucide et cynique, ce destin de femme emprisonnée dans sa famille comme dans une caste…

Note : 11/10

Publié dans Sources Vives | Lien permanent