Les Yeux jaunes des crocodiles
Auteur : Katherine Pancol
Éditeur : Le livre de Poche
Année : 2007
Katherine Pancol
Les yeux jaunes des crocodiles
Quand, dès les premières pages, le lecteur pénètre dans un monde qu’il reconnaît.
Quand les personnages qui évoluent au cours de l’histoire ressemblent à ses propres ombres.
Quand l’approche des dernières pages déclenche un regret, comme la fin des vacances …
Alors le lecteur est comblé parce qu’il a rencontré un Vrai Roman.
Cela faisait bien longtemps que je lorgnais vers l’univers de Katherine Pancol, après l’avoir entendue chez Mireille Dumas, à la fin des années 80, au début peut-être de la décennie suivante. Mais à l’époque ma vie était si dérangeante, du moins pour moi, qu’il m’arrivait fréquemment de ne pas pousser certaines pulsions jusqu’à leur ultime ressort. Elle y participait, je crois, à un débat sur les relations compliquées avec les mères… En soi, cela ne saurait suffire à induire une identification, mais tout de même… La romancière s’y était montrée aussi réservée que pertinente dans l’exposition de sa difficulté, j’ai gardé la petite graine d’intérêt dans un recoin de neurones, et le temps l’a poussé en réserve.
Et puis mon amie Nucie m’offre le bouquin, version poche, comme il est agréable à manipuler, en me confiant de son ton résolu :
- Je ne te dis rien, tu vas juger par toi-même ( ce conseil martelé, c’est que Nucie se travaille pour devenir Sage) mais sache que j’ai failli louper plusieurs fois ma station de métro pendant que je lisais, c’est te dire…
Je connais assez Nucie pour affirmer ici qu’elle n’est pas complaisante, elle peut même se révéler bien plus critique que moi… tant j’ai tendance, je l’avoue, à développer toujours le même vieux complexe face aux écrivains qui publient, eux !
J’avais placé les Yeux jaunes… après quelques autres ouvrages tous très tentants certes, à la place de la gourmandise, celle qui se garde en dessert, tout en bas de ma pile. Après tout, je ne prends plus le métro depuis lurette, et ma seule contrainte face à un livre, c’est soirée libre pour nous deux ou maison ouverte aux invités…Lecture du soir abrégée…
Je ne sais comment l’ouvrage s’est retrouvé si rapidement dans mes mains. J’en avais sans doute bien envie.
Et j’ai plongé dans la vie de Jo, sa crise de couple, ses sempiternelles tergiversations, identification, sa punaise de sœur, là je me censure…Et les incidents, accidents, coups de cœur, coups au cœur, un univers qui colle. Les personnages sont denses, construits, sauf peut-être la trop bonne copine qui là, bon d’accord, il faut peut-être admettre une petite part de délire, même si ça devient facile… Les rebondissements s’enchaînent, on joue à qui gagne perd, le grisou fait place à l’éclaircie avec tact, pour que nous puissions adhérer…
Alors quand je vais passer demain le bouquin à ma fille, je lui dirai sans doute :
- Tiens, je ne te dis rien, mais je crois que tu vas te régaler…
Note : 10/10
Publié dans Sources Vives | Lien permanent