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Les hommes couleurs

Les hommes couleurs

Auteur : Cloé Korman

Éditeur : Le seuil

Année : 2010

Le premier roman de Cloé Korman lui a valu d’être distinguée immédiatement par le jury du livre Inter, après avoir reçu le prix Valery Larbaud. Rien d’étonnant me semble –t-il, parce qu’il possède un ton très particulier, un style narratif très personnel qui n’a pu manquer de mettre en lumière la jeune écrivaine. L’intrigue du roman se distingue également par son originalité. Le succès immédiat a récompensé ces qualités.
Pourtant, méfiante sans doute en raison de ce battage médiatique, j’ai laissé l’ouvrage décanter 3 ans dans la pile des livres en attente, avant que mon amie et co-lectrice Simone ne me demande de l’exhumer des fondations de la tourelle en papier.
Au premier abord, le style narratif est séduisant, les images, les chocs lexicaux, les détours structuraux brillent de tous leurs feux et nous embarquent dans le foisonnement culturel du lointain Mexique pour suivre une extraordinaire aventure humaine.

L’histoire nous emmène dans les années de l’immédiat après-guerre, quand Georges Bernache, français d’origine, rencontre sa future épouse Florence, elle-même native des USA. Tous deux également séduits par le pays, son Histoire ancienne et moderne, les vestiges des civilisations précédentes et sa nature luxuriante. De concert, le couple travaille pour le compte de la firme Pullman, aux travaux de création d’un réseau ferroviaire. Mais la découverte quasi simultanée de statues anciennes et d’un gisement de pétrole les incitent à ralentir le cours des forages, jusqu’à la convocation de Florence au siège de la société .
Au cours de cet entretien, un curieux marché se met en place et dès lors, la famille au grand complet est exilée dans le Nord de cet immense pays. Tournant le dos à la végétation exubérante de la capitale mexicaine, c’est aux portes du désert que les Bernache reprennent la création de leur entreprise de voirie souterra ine. Cette fois, il s’agit d’un oléoduc, car la recherche pétrolière justifie l’énorme chantier tentaculaire qui s’y développe, avec son flot d’ouvriers aux participations les plus diverses. Georges bataille pour garder autorité sur ses troupes, mais nul ne contrôle le renouvellement incessant des équipes, ni la productivité de ce que nous appellerions de nos jours les produits dérivés.
Malheureusement, les Bernache perdent successivement leurs deux enfants aînés, Nino d’abord, qui disparaît sans raison après être aller rechercher une balle de tennis égarée par ses frères, puis Suzanne, sa cadette. Les recherches intenses n’aboutissent pas, sinon à des pistes incertaines. Nino est-il mort, comme le laisserait penser le cadavre d’un jeune enfant retrouvé dans l’un des tunnels ? A-t-il pu passer la frontière et survivre de l’autre côté ?
Cloé Korman joue volontiers à ne rien expliciter. Aux lecteurs de se livrer aux hypothèses possibles. La seule certitude repose sur le constat que le temps ne joue pas en faveur des Bernache et de leur utopie.
Grâce au style de Cloé korman, le lecteur se régale de beaux moments empreints de poésie , mais la récurrence du procédé génère aussi une impression de système, et c’est dommage

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