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L'Enquête

L'Enquête

Auteur : Philippe Claudel

Éditeur : Stock

Année : 2010

Un singulier roman proposé par Philippe Claudel! Rendez-vous en terrain miné d’incongruités, le personnage de l’Enquêteur bascule hors de ses certitudes routinières dans un univers où les repères les plus usuels disparaissent les uns après les autres. Il y a du Godot et du Rhinocéros, de l’absurde et du surréalisme, subreptices relents de Beckett et de Ionesco dans l’aventure qui attend un homme pourtant bien ordinaire, où pour reprendre sa description « Tout chez lui était banal, du vêtement à l’expression (…) C’était en quelque sorte un être de l’évanouissement, sitôt vu, sitôt oublié. Sa personne était aussi inconsistante que le brouillard, les songes ou le souffle expiré par une bouche, et, en cela, il était semblable à des milliards d’êtres humains. »
Est-ce ce caractère anodin, cette image d’un clone d’humanité laminée par la soumission à un ordre des choses subi sans question ni rébellion, qui désigne l’Enquêteur pour affronter son pire cauchemar ?
Dès son arrivée dans la ville où il doit enquêter sur de mystérieux suicides commis par des employés de L’Entreprise, notre homme se confronte au désordre : personne ne l’attend à la sortie de la gare, le temps se dérobe et file sans prévenir, la localisation et l’entrée dans l’Entreprise ressemblent à un parcours labyrinthique, l’accueil à l’hôtel enfin déniché à grand peine donnerait envie de fuir si… Le froid, la faim, la fatigue n’érodaient peu à peu tous les signaux d’alarme.
Il n’est d’aucune utilité de révéler plus avant les multiples péripéties qui attendent l’Enquêteur. Un fil ténu pousse l’homme à tenir le coup pour remplir sa mission envers et contre tout, et là repose toute la morale de cette fable. Il y aura en effet un moment où l’agneau connaîtra la lucidité de la révolte, la colère justifiée par l’humiliation de l’inacceptable, et la surprise de constater les effets de ces minuscules victoires sur l’énorme machine broyeuse de volonté.
S’il m’est arrivée d’être un peu désarçonnée par ce Claudel de type différent, il m’est apparu ensuite que son Enquêteur n’est pas si loin de ses personnages : Ph Claudel aime à montrer comment le formalisme, le qu’en-dira-t-on, l’héritage social broient les uns et les autres et combien nous luttons pour briser les gangues du formatage. En ce sens l’Enquête est un pur produit Claudel, même si ce roman n’est pas le plus attachant.

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