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Le tableau du Maître flamand

Le tableau du Maître flamand

Auteur : Arturo Pérez-Reverte

Éditeur : Poche

Année : 2007

Dans la catégorie thriller, ce roman-ci joue dans la catégorie « bijou fantaisie».
Vous aimez les casse-tête, les jeux de stratégie, les intrigues en miroir ?

Arturo Pérez Reverte semble bien être un Maître en la matière. Ce roman propose un divertissement bien ficelé, astucieusement monté où l’astuce, la finesse, l’esprit jouent le jeu bien davantage que l’hémoglobine ou de furieuses poursuites spectaculaires. Au demeurant, la psychologie des personnages n’est pas primordiale, on pourrait même accuser l’auteur de se contenter d’établir des personnages fonctionnels, chacun à sa manière investissant une pièce du jeu. Mais là, je ne saurais en dire davantage sans casser l’intrigue.

Il s’agit donc du sort d’une jeune femme, Julia, restauratrice en œuvre d’art, spécialisée dans la restauration de tableau. Julia relève à peine d’une déception sentimentale, fume tant de cigarettes au cours du roman que le lecteur est vite certain qu’elle est en danger, sinon de mourir à cause d’un tueur fou, au moins par un prochain cancer, prompt et foudroyant. Mais il est vrai que Pérez Reverte a écrit l’intrigue en 1990, les pouvoirs publics n’écrasaient pas encore les sujets addictés de culpabilité publicitaire. Cette parenthèse pour préciser que la description des états mentaux du personnage sont assez succints.
Au moment où démarre l’intrigue, Julia vient de recevoir,la restauration d’un magnifique tableau d’un maître flamand du XV ème siècle, Pieter Van Huys. Elle découvre alors qu’une mystérieuse inscription a été soigneusement graphiée puis cachée sous son propre travail par le peintre lui-même. « Qui a pris le cavalier », cette question renvoie immédiatement sur le sujet du tableau, minutieusement décrit par l’auteur. Il s’agit d’une partie d’échecs entre deux personnages au premier plan, tandis qu’une jeune femme habillée de deuil lit en fond de l’œuvre… La scène se reflète dans un miroir qui est peint à gauche, et le décor est complété par le sol représenté lui aussi en damier. Ce tableau, par ailleurs totalement inventé, est tellement attentivement décrit, qu’il apparaît être le personnage principal du roman. En regard, tous les caractères humains qui entourent Julia sont à peine brossés: l’antiquaire César, homosexuel raffiné qui s’est pris d’affection pour Julia et l’a quasiment élevée comme sa « princesse », l’amie Menchu, qui a fourni à Julia ce travail, image débilitante de la femme libérée sexuellement, alcool et cocaïne, son gigolo Max, tous les personnages secondaires qui gravitent autour de ce tableau sont caricaturaux et c’est bien dommage. De sorte que l’intérêt de l’intrigue repose uniquement sur cette fameuse partie d’échecs et le jeu de correspondance qui s’établit.
Impossible d’en dévoiler davantage. Si vous ne jouez pas aux échecs, il vous faut vous en remettre aux descriptions de la partie engagée et accepter les règles décrites. Heureusement, quelques tableaux aident à visualiser le cours de la partie… Mais il est possible que l’aspect technique vous rebute, d’autant que les qualités du roman reposent en fait sur la description du tableau, Pérez-Reverte est bien documenté sur l’école des primitifs flamands, car le tableau semble réel, et le jeu d’échecs…
Bien peu donc pour en faire un grand roman, même policier. La littérature « noire » est assez riche d’œuvres fouillées, pour que ce roman d’Arturo Pérez-Reverte n’apparaisse que comme un bon divertissement , idéal sur la plage ou dans le train…

Publié dans Sources Vives | Lien permanent