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Les Années

Les Années

Auteur : Annie Ernaux

Éditeur : Gallimard ( nrf)

Année : 2008

Dans la catégorie Mémoires, cet ouvrage d’Annie Ernaux représente un objet hybride. Il ne s’agit pas d’une narration personnelle, d’exposant sur la place publique les faits et gestes de l’intime ou la suite d’événements cruciaux qui entraînent les choix décisifs d’un destin particulier.
À travers sa manière de revisiter le temps vécu, Annie Ernaux nous propose plutôt de reprendre une goulée d’air du temps pour tous ceux qui ont vécu la même période.
La pertinence du propos s’appuie sur la description rapide de photographies extirpées d’un album personnel, ancrant la réflexion presque anthropologique sur les détails révélateurs du milieu social, de l’époque, des étapes franchies : vêtements, décors, attitudes, le regard de l’écrivaine scrute les faits bruts imprimés sur le papier glacé et laisse remonter des impressions qui lui permettent de dresser le portrait moral des décennies de l’immédiat après guerre jusqu’à nos jours. Ce procédé ouvre aux lecteurs l’alternative de l’identification par l’appropriation de faits identiques, ce qui touchera ceux qui ont sensiblement le même âge, appartiennent à la même génération, et qui retrouveront peu ou prou des brides de leurs propres souvenirs.
Cette posture face à la réalité du vécu m’a intéressée et m’est apparue rassurante : Par l’exergue du récit, « nous n’avons que notre histoire et elle n’est pas à nous » (citation de José Ortega y Gasset), il apparaît que ce qui compte finalement, n’est pas de ressasser telle ou telle péripéties de notre parcours, mais de s’ancrer dans la marche lente et collective de l’Histoire. Nous sommes l’Histoire qui s’est écrite au fil de nos jours, sans culpabilité ou responsabilité autres que celles de ne pas être dupes de nos illusions, de nos combats justes ou vains, de la manière dont nous assumons nos cheminements. Oui, je me suis sentie apaisée par la vision dépassionnée de nos existences transmises par Annie Ernaux.

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