Mémoires de porc-épic
Auteur : Alain Mabanckou
Éditeur : Seuil
Année : 2006
Alain Mabanckou
Mémoires de porc-épic
J’ai commencé ce roman avec des lunettes dubitatrices. Je craignais l’utilisation d’un effet particulier et puis pour tout dire, quelques critiques peu enthousiastes lues ici et là m’avaient un peu prévenue. Ce qui prouve qu’on se laisse toujours manipuler, même et surtout « à l’insu de son plein gré. »
Et puis décidément non, ce récit s’avère frais et réjouissant, malgré le thème exploité : la spirale inéluctable du Mal, qui s’est emparée de l’âme de Kibandi…
Mais qui est Kibandi ?
L’astuce du récit est là, car le récit des méfaits de Kibandi est relaté par son double, le fameux porc-épic du titre, doué de parole à l’adresse des arbres et des éléments naturels.
Représentant la mauvaise conscience du personnage, notre porc-épic déverse ses angoisses en un flot ininterrompu de confidences-confessions adressé au Baobab, son refuge tutélaire en attente d’une mort aussi certaine que redoutée…
C’est ainsi que nous pénétrons dans le monde déconcertant d’un village en pleine savane, où le réel côtoie le surnaturel sans hiatus, avec une remarquable simplicité.
Inutile d’en dévoiler davantage, la teneur du récit ressemble à la divagation d’une libre conversation, où le narrateur revisite sa vie, outil de vengeance, arme fatale et remords mêlés. Le ton de la narration est remarquable, parfois essoufflant par le phrasé et la ponctuation, mais il finit par couler en nous de pages en pages comme autant d’étapes qui marquent la perte de la maîtrise du destin de ce couple étrange.
Note : 8/10
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