Le médianoche amoureux
Auteur : Michel tournier
Éditeur : folio ( Denoël)
Année : août 1991
C’est par ce recueil de nouvelles assez inégales que je renoue avec un écrivain dont le souvenir repose sur le tourbillon qu’avait créé en son temps la lecture de son Vendredi ou les limbes du Pacifique. Combien de stations de métro loupées alors, sous l’emprise d’une véritable fascination pour ce texte fort et original.
Aujourd’hui, plusieurs décennies plus tard et sans risque aucun de rallonger mes trajets puisque je lis chez moi, je regrette mes impressions de l’époque. Est-ce Tournier ou est-ce la lectrice ? La magie a perdu son allant, quelque chose s’est défait dans la tension éprouvée alors.
Pourtant, je reconnais au fil des histoires une langue particulière, une intuition de l’ambigu, un angle spécifique et parfois poétique par lequel chaque narrateur mène le déroulement de l’histoire. Michel Tournier, toujours flirtant avec des situations équivoques, compose ici un recueil d’histoires fondées sur les souvenirs de différents narrateurs. L’unité de toutes ces nouvelles drepose sur le sentiment d’avoir manqué quelque chose, le regret d’être passé à côté de …
Pourtant, la première nouvelle, assez longue puisqu’elle comporte une quarantaine de pages, accroche immédiatement l’attention par sa facture originale et mouvante, autant que par le thème du mystère amoureux. Les amants taciturnes s’expriment à tour de rôle, LUI, ELLE, afin d’exposer la quintessence du rapport amoureux, ses fragilités et sa force intrinsèque qui échappe à toute résolution.
Les mousserons de la Toussaint sont l’occasion d’un retour sur lepassé où le narrateur découvre les destins surprenants et parfois sordides de ses compagnons d’enfance…
Mais dans ce catalogue inégal, une de mes préférées s’intitule Blandine ou la visite du père, que je vous laisserai découvrir intégralement, car l’histoire y est piquante et fort bien menée.
Entre fables et contes, les dernières histoires dénotent et donnent au recueil l’impression d’une compilation à l’emporte-pièce, comme s’il avait fallu ajouter là quelques pages pour faire bon poids. Comme si la traversée de la longue nuit consacrée au « médianoche », banquet nocturne ponctué d’histoires permettant de raviver l’amour ou d’en connaître le terme , était arrivée à son inexorable dénouement.
Mais si telle était l’intention de l’auteur, je regrette l’absence d’un lien plus sensible entre les différentes phases des récits.
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