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L'enfant de Noé

L'enfant de Noé

Auteur : Éric Emmanuel Schmitt

Éditeur : le livre de poche

Année : 2004

Encore un petit régal, cet ouvrage en apparence si simple, sur un thème que l’on pense rebattu, tant les téléfilms ont usé la corde de notre sentimentalisme : Les enfants, les Juifs, la guerre, et le Bon Samaritain.
Et bien, par la grâce de l’écriture d’Eric Emmanuel Schmitt, je me suis rafraîchi l’âme, en suivant la narration de ce drôle de petit bonhomme de sept ans, dont l’instinct refuse de subir l’Histoire. Il y a, dans l’univers mental de l’auteur, une volonté anti-dépressive qui forge des personnages forts, au-dessus des événements, alors même qu’ils se retrouvent au creux de la vague. Il y a aussi de l’humour, chez Monsieur Schmitt, qui baptise son abbé, censément obéissant à la hiérarchie de l’Église, le Père Pons, que le petit héros entend d’abord « l’abbé Ponce », comme la pierre qui récure, puis comme ce Pilate qui s’est défaussé…Il y a même de l’audace, quand l’auteur imagine l’échange croisé des cultures, plus que des religions d’ailleurs, et de la générosité malicieuse à inventer certains personnages secondaires.
La narration se déroule linéairement, de ce soir de 1942 en Belgique, où le petit Joseph est confié, ou plutôt abandonné par ses parents à une comtesse fort impressionnante, qui saura trouver une échappatoire pour son petit hôte face au danger latent de l’occupation nazie.
Le ton du discours reste frais, dégageant le zeste de naïveté qui traduit l’enfance, sans trahir le propos. Il ne s’agit pas de la guerre en dentelles, même si l’enfant ne comprend pas la teneur des événements. Les adultes autour de Joseph connaissent les risques encourus, les faits sont graves, mais l’abbé accepte de prendre le risque d’assumer la vérité, et mieux que cela, de charger Joseph d’un destin unique : il initie son protégé, initialement sans pratique cultuelle, à sa culture religieuse pour permettre que se perpétue l’histoire d’un peuple en perdition. Le pari est osé, mais c’est là que réside toute la foi en l’humanité que nous transmet, d’Oscar et la dame rose à l’enfant de Noé en passant par Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran un homme sensible et un auteur accompli.

Publié dans Sources Vives | Lien permanent