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Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi

Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi

Auteur : Katherine Pancol

Éditeur : Albin Michel

Année : 2010

Dernier volet en date de la saga débutée en 2006 avec les yeux jaunes des crocodiles, ce troisième opus au titre animalier ravira les lecteurs attachés à l’univers de la famille Cortès. Après les perturbantes péripéties de la valse lente des tortues, où Katherine Pancol s’amusait à flirter avec le polar en fourvoyant Joséphine et sa famille dans les griffes d’assassins psychopathes, nous accompagnons avec davantage de bonheur notre médiéviste favorite en quête d’inspiration littéraire et d’Amour mérité.
Autour de Joséphine et de ses filles, nous retrouvons les personnages familiers, hormis Iris, évidemment. Le mari d’Iris, Philippe, a choisi l’exil définitif à Londres pour se remettre plutôt bien de la disparition de sa femme. Il y attend, avec une patience toute masculine (on se comprend, les filles ?) sa belle-sœur toujours sous le choc des événements précédents, paralysée par sa culpabilité injustifiée … La confiance de Joséphine est enterrée au dernier sous-sol, ses relations sentimentales en mode marche arrière. Mais les Amours contrariées ne sont pas réservées à ces deux-là. Shirley, l’amie fidèle à la royale ascendance, entre à nouveau en scène pour y vivre la déchirure d’une mère entre un nouvel amour régénérant et un fils conquérant son autonomie. Le roman s’ancre dès lors sur les deux rives du Channel, au rythme de l’Eurostar. Car Hortense poursuit sa scolarité et ses coûteuses ambitions dans la capitale britannique, plus déterminée que jamais à Réussir sa carrière, quel qu’en soit parfois le prix.
De son côté, à Paris, Zoé grandit et se livre aux jeux des amours adolescentes, contrariées par la distance et moult aléas… Cette fois, K Pancol renonce aux assassins pour mieux s’investir dans les multiples facettes des jeux amoureux, auquel même Junior, l’improbable fils de Josiane et Marcel Grobz, n’échappe pas. Les intrigues sentimentales s’entremêlent, se répondent, se juxtaposent, emberlificotent les protagonistes dans d’insolubles problèmes que le lecteur se prend parfois à vouloir résoudre en secouant le cocotier, non mais !

À l’aise dans le petit monde qu’elle a créé, Katherine Pancol nous promène d’une figure à l’autre, zoomant également sur Gary, le fils de Shirley, qui pour sympathique qu’il était apparu dès le 1er volume, était demeuré au rang des utilités. À ce stade, le jeune homme prend son destin en main, ce qui le conduit à voyager, rencontrer son père, choisir l’amitié des écureuils pour consoler ses peines… Tantôt, elle réactive avec délectation la méchanceté de l’horrible Henriette, récupère un Chaval amolli qu’on avait oublié après les turpitudes du premier ouvrage. Joséphine nous touche toujours par sa candeur et son désir d’harmonie, même si l’empathie nous gagne quand enfin elle se montre un brin personnelle, mais Hortense et sa détermination viscérale et furibonde, Henriette et sa méchanceté avaricieuse et rancunière nous régalent. Nul doute que Katherine Pancol s’amuse à développer les affres de la jalousie, de l’ambition, du désir de conquête et de pouvoir. Le déroulement des fils qui tiennent les intrigues s’avère jouissif pour l’auteure autant que pour ses lecteurs.
En revanche, j’apprécie moins le personnage de Junior, le bébé prodige de Josiane et Marcel. La pétulance de la mère s’étiole à servir de faire-valoir à cette figure clownesque du génie. Il me semble que la caricature fauche la subtile revanche apportée par la complétude du bonheur de ce couple sans malice. J’avais déjà ressenti et souligné une maladresse quand Henriette fréquentait l’envoûteuse dans la valse lente ; je reconnais que mon enthousiasme pour le troisième opus est tempéré là encore. Sans doute Katherine Pancol construit-elle ce pendant malfaisant afin de contrebalancer l’esprit de romance qui baigne l’ensemble de ce tome. À vouloir éviter de s’enliser dans le roman sentimental, dit littérature de gare, l’histoire s’englue alors sur la planche savonneuse d’une caricature grotesque. Il est difficile de mélanger burlesque et sentiment, la mayonnaise de l’humour ne monte pas vraiment. Dommage, mais une fois de plus, l’exercice des suites montre ses limites.
Je m’étais pourtant beaucoup régalé l’été dernier à suivre les péripéties créatrices de Madame Pancol sur la rubrique blablablog de son site , et j’y passe toujours régulièrement, profiter de sa conversation charmante et pertinente… Que je ne saurais trop vous engager à fréquenter à votre aise.


Katherine Pancol

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