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07/05/2010

La chaleur de la voix

Aux creux de nos  oreilles mélomanes, Patricia Petibon n'est plus une inconnue, sa voix chaude et profonde nous a enchantés l'année passée à l'écoute de  son album Amoureuse.

Puisque ce week-end s'annonce encore frisquet et humide, je vous propose un vrai rayon de soleil musical, grâce à ces deux extraits du nouvel album, tout récent, intitulé Rosso*, et vous constaterez facilement qu'il est d'une tonalité flamboyante et généreuse. D'ailleurs Télérama, par la voix de Gilles Macassar n'a pu résister à la comparaison entre la magnifique chevelure de la Soprano et le timbre de sa voix…C'est dire!:

" Ses ornements vocaux sont bouclés comme son opulente chevelure".

Si Télérama l'ose…

 

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Je vous invite à écouter tout d'abord Laschia ch'io piangia Extrait du Rinaldo de Haendael, tellement célèbre  que vous pouvez caller ici sans peine votre diapason personnel:


podcast

Cette plage  4 vous a ravi?

Laissez- vous tenter par la première, et son interprétation vive et joyeuse, clin d'oeil destiné à  dépoussiérer les airs baroques de leur côté institutionnalisé depuis William Christie et Nikolaus Harnoncourt… N'ayez pas peur, amusez-vous autant que notre interprète!

Quando Voglio extrait de Jules César en Égypte de Sartorio


podcast

 

Dans son article cité plus haut, G. Macassar conclut: " …Rarement les lamentos haendéliens ( Almerina dans Rinaldo ou de Cléopâtre dans Jules César en Égypte) ont été mouillés de larmes musicales aussi pures et aussi fraîches, ni chargés d'un chagrin mélodique aussi nu et palpitant. Les instrumentistes d'Andrea Marcon sont mieux que de simples soutiens musicaux: de véritables partenaires de théâtre."

Je n'aurai pas su mieux dire.

Bon week-end.

 

 

*CD: Deutsche Grammophon, Italian baroque arias, patricia Petibon Orchestra venice Baroque sous la direction d'  Andrea Marcon .

 

 

01/04/2010

Érik Johannson




snurrtrappa.jpg Grand merci à Annick,  j’ai pêché ce matin dans ma boîte mail un diaporama d’ Érik Johannson.
Intriguée et amusée par le talent de ce photographe créateur, je vous propose ce soir ceux des clichés dont l’univers me paraît le plus intéressant…

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Le rêve et le fantasme qui s’en dégagent m’ont séduite

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Petit clin d’œil aux maîtres de l’illusion, Escher ou Magritte.

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Parfois, l’inventivité se teinte d’humour

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…  Un zeste  de provocation  :

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Évidemment, ces clichés sont obtenus par  trucages numériques, mais l’inspiration onirique qui anime ce jeune photographe suédois  mérite qu’on s’y arrête,non ?…

L’ensemble des images est disponible  sur le site
http://www.alltelleringet.com/


Vous aurez constaté sans peine que je ne maîtrise pas les formats de clichés, une bonne pratique de mauvaise foi voudrait que je prétende " c'est pour mieux vous allécher, mes enfants"… je ne saurais trop vous conseiller d’aller y jeter un coup d’œil, si vous n’avez pas la chance de recevoir par courriel le diaporama qui continue de circuler…

 

27/03/2010

Donner de la Voix…

Partage et complicité, deux piliers de l'Amitié qui tissent mon lien avec Simone.

Petit hommage à la curiosité et l'ouverture d'esprit de mon amie, puisque c'est à elle que je dois cette rencontre musicale que j'aimerais bien vous communiquer aujourd'hui.


podcast

* Grieg, la chanson de Solvieg, Karen Vourc'h soprano, Susan Manoff au piano


Depuis son retour à Marseille, Simone fréquente assidument l'Opéra, et s'applique comme elle le fait en tous domaines, à  se pénétrer de l'essence de l'art… Convertie à la musique lyrique, elle ne rate pas une occasion de tirer profit des opportunités offertes: Grâce à son abonnement annuel à l'opéra, elle suit l'ensemble de la programmation, ce qui lui a permis quelques savoureuses découvertes… En l'occurence, la programmation de La sainte de Bleeker Street, de Gian Carlo Menotti, représentée à Marseille en février lui a permis de repérer la  très jeune Soprano dont la voix accompagne cette note.

Enchantée par la découverte de l'artiste, Simone s'est procuré le CD dont j'extrais quelques moments, afin de contribuer à mon tour à faire connaître cette voix qui m'a également touchée. J'espère exciter votre curiosité et votre envie de découvrir plus avant Karen Vourc'h, jeune soprano franco-norvégienne.


podcast
**Jean Sibelius, Roses noires, ( Svarta Rosor), Karen Vourc'h, Susan Manoff


Pour composer le CD qui me sert de support, elle a choisi justement de revenir à sa source en interprétant en norvégien les chansons  de Grieg, de Sibelius, auxquelles elle adjoint quelques mélodies de Debussy où elle exerce avec subtilité les richesses des sonorités de son timbre… À vous de juger sur pièce, grâce à ces quelques extraits …


podcast

***Claude Debussy, beau soir, karen Vourc'h et Susan Manoff


 

photo412.jpg Karen Vourc'h a été élue Révélation artiste lyrique lors des Victoires de la musique     classique en 2009.

Ancienne normalienne en Physique, elle a commencé sa formation de chant à Zurich, et sa jeune carrière est jalonnée de quelques récompenses prestigieuses… Elle s'est déjà produite dans le rôle de Pamina de la Flûte enchantée, et d'autres grands rôles mozartiens, mais aussi  dans la Quatrième symphonie de Mahler… À bon entendeur!

 

***extraits du CD  Tll Solveig chez APARTÉ little Tribecca


Site officiel de Karen Vourc'h: http://www.karenvourch.com/


 


23/03/2010

Rossini à Marseille

Ce vendredi de la mi-mars, soirée « filles » en compagnie de  Simone… La programmation choisie pour la circonstance promet d’être brillante, puisque l’Opéra de Marseille présente une œuvre très peu connue de Gioacchino Rossini : le Voyage à Reims, ou si  l’on préfère en VO :  Il Viaggio a Reims o sia L’Albergo del Giglio d’oro.

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L’Opéra de Marseille se situe derrière le vieux port, en symétrie de la Bourse par  rapport à la Canebière. La perspective  de la rue de Beauvau qui débouche sur l’esplanade Ernest Rayer offre un cadre serré au  péristyle qui constitue le dernier vestige du bâtiment initial. Érigé peu avant la Révolution française,  inauguré le 31 octobre 1787,  l’œuvre de l’architecte Joachim Bénard, a brûlé presque entièrement le  13 novembre 1919. Au cours d’une répétition de l’Africaine, de Giacomo Meyerbeer, l’incendie se propagea si rapidement que la quasi-totalité du bâtiment fut détruite. Seules, la colonnade du péristyle  à l’extérieur, la majorité des murs-maitre et, fait exceptionnel, la frise d’Antoine Bourdelle qui encadre la scène ont résisté aux flammes.
Les travaux de restauration ont nécessité trois années,   et c’est  Gaston Castel qui signe cette reconstruction. L’inauguration a lieu le 3 décembre 1924, et Marseille s’enorgueillit d’être la seconde ville de province, après Bordeaux, bénéficiant d’un Opéra. Toutefois, la gestion de ce lieu prestigieux ne revient à la municipalité qu’après la seconde guerre mondiale.

C’est donc dans un théâtre à l’italienne, chaleureux et d’une bonne qualité auditive que nous avons assisté au Voyage à Reims. Œuvre curieuse en vérité, ni Opéra ni oratorio, le sujet de ce voyage obéit aux règles d’une œuvre de commande.

« Plus que la quintessence de l’opéra rossinien, Le Voyage à Reims en est une excroissance caricaturale. Tout pour le chant, rien pour la dramaturgie: tel est ce tribut payé à la gloire du bel canto. Avec quatorze premiers rôles et seulement quatre seconds, il représente un casse-tête pour les directeurs artistiques, doublé d’un gouffre pour les argentiers. » Telle est la définition qu’en livre en 2002 Stéphane Villemin à propos de la création de l’œuvre à Toronto.( http://www.scena.org/nav/send.asp?id=17012&lan=1)


Le livret de Luigi Balocchi, inspiré de la Corinne de Germaine de Staël, a été confié au jeune Rossini pour exalter la Restauration. L’œuvre est créée à Paris, au Théâtre Italien le 19 juin 1825.  L’argument en est très mince, dénué de toute dramaturgie, ce qui permet de comparer l’œuvre à  « un opéra cabaret d’actualité », ce qui définit assez bien  la revue constituée par ce spectacle :
Dans le décor d’un hôtel de Plombières, luxueuse station thermale en vogue en ce début de XIXème siècle, les habitués se réjouissent de l’opportunité de rejoindre Reims où doit avoir  lieu le sacre de Charles X, le roi de la Restauration de la monarchie française. Cette petite société très cosmopolite est constituée de Coquettes et de leurs prétendants, guère plus sérieux que leurs belles. L’art de Rossini tient tout entier dans la succession d’airs remarquables qui permettent à chacun des rôles d’exprimer l’essence de l'Art Lyrique. Je n’entrerai pas dans les subtilités des scènes de séduction et de jalousie qui se répondent avec le charme de la musique, vous aurez compris que c’est d’un intérêt limité. En revanche, nous avons été charmées toutes deux par la mise en scène délurée, un tantinet insolente qui souligne le côté superficiel de l’argument en lui conférant un ton déjanté, proche de l’humour de notre époque.
Les costumes évoquant plutôt les années folles, le décalage créé établit une distance suffisante pour que le zèle flatteur de l’œuvre initiale se délite dans la comédie ambiante.
Le soir où nous avons assisté à la représentation, les rôles principaux étaient tenus par Hye Myung Kang , remarquable dans le rôle de la poétesse Corinna, à mon sens la plus belle partition, Elizabeth Bailey incarnant la comtesse de Folleville, ainsi qu’Oxana Shilova en Madame Cortese. Quant à Kleopatra Papatheologou, elle nous a ravies dans le rôle de La Marchesa Meliba, ce rôle de soprano profond était magnifiquement tenu par la tessiture pleine et riche de cette jeune chanteuse. Dans l’ensemble une distribution sans faute, même si je ne m’attarde pas sur les rôles masculins, la soirée n’a souffert d’aucune faiblesse, et le public a littéralement ovationné l’ensemble de la troupe. Ce qui me paraît très encourageant pour les jeunes chanteurs qui embrassent une carrière ardue, où le chemin de la reconnaissance est particulièrement âpre, alors que le travail de la voix  est exigeant et l’accès aux distributions   un parcours du combattant incessant. Pour cette tournée, c’est le CFPL (centre français de promotion lyrique) qui essaie de mettre en place une filière de reconnaissance et de distribution, afin de faciliter la construction de carrière à de jeunes chanteurs. La ville de Marseille organise également un concours afin de promouvoir les talents en éveil…
Aux Bordelais maintenant  de profiter en cette fin mars de ce  savoureux programme.

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Aux amateurs éclairés qui souhaiteraient approfondir l'analyse de l'oeuvre, je recommande le lien suivant:

11/02/2010

Mandela et Invictus

11 février 1990 - 11 février 2010: Encore un anniversaire, encore un coup de promotion pour un événement que nous avons déjà oublié! Parmi les dates symboliques que l’Histoire nous demande de retenir,   le  hasard d’une soirée cinéma permet de mettre en lumière un événement que nos mémoires ne devraient pas laisser dans l’ombre. Un homme  est parvenu à faire bouger les lignes du racisme, et même sans sombrer dans l’hagiographie, il est bon de regarder, plutôt deux fois qu’une, les histoires qui  remontent le moral et corrigent l’habituelle attirance pour les erreurs et les drames humains.

Il y a tout juste vingt ans, Rolihlahla « Nelson » Mandela sortait de prison.

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Après Mystic River (2003), Million dollars Baby ( 2004), Gran Torino (2008), nous sommes allés voir le dernier opus de Clint Eastwood, Invictus.

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Cette fois, le réalisateur s’intéresse à un mythe, heureusement toujours vivant. Et il a bien raison.
En se reportant à la libération de Nelson Mandela, le 11 février 1990, il oppose dans un saisissant face à face des gosses noirs du township qui s’égaient avec un ballon de foot sur un terrain vague pelé aux joueurs de rugby, tous blancs, entraînés par un coach rugueux et plein de morgue, sur la pelouse qui s’étale de l’autre côté de la route. Le temps du passage du convoi, les joueurs des deux sports s’arrêtent et se font face, séparés par les deux minces grillages et la chaussée en guise de no man’s land.

Cette séquence suffit à introduire le fond du problème.

Quatre  ans plus tard, Nelson Mandela est élu Président de l’Afrique du Sud, en remplacement du conservateur  Frederick de Klerk.  La population noire exulte dans tous les foyers des bidonvilles; dans leurs belles villas, les blancs  se résignent en se raidissant, prêts à reprendre au plus vite les rênes d’un Pays dont ils prédisent l’Apocalypse.
Exemple personnalisé par  la famille  de François Pienaar, le capitaine de l’équipe nationale de rugby, les Springboks, qui sont loin de se présenter au mieux de leur forme.
De l’autre côté, nous découvrons en suivant ses deux gardes du corps, un président nouvellement élu, sportif et volontaire, sans peur et sans reproche, prêt à investir ses nouvelles  fonctions.
Dans ce  pays écartelé par la haine raciale, les années d’injustice et de ségrégation, la peur des vengeances et le désir de revanche, comment un homme déjà vieillissant, fatigué par des années de prison et de mauvais traitements,   va-t-il parvenir à mener son projet au-dessus des rancoeurs pour  créer un sentiment d’unité nationale ?

Le mythe Mandela, c’est  l’homme qui, dès 1944, a tenté d’appliquer les méthodes de Gandhi, l’apôtre de la non-violence. Les faits d’armes, Mandela en a tant souffert. Vingt-sept années de prison auraient dû le broyer à jamais. Or le génie de cet homme, par ailleurs cultivé et juriste de formation, est d’avoir observé ses geôliers en apprenant à réfréner sa haine pour les comprendre. Il a réalisé  justement, qu’on obtient plus d’un homme en lui transmettant l’image de la reconnaissance  de ses qualités qu’en lui opposant sa haine, fut-elle juste. Parce que le mandat de Mandela coïncide avec la saison de rugby,   le sport préféré des Afrikaners déçus, et que son entourage clanique refuse de s’y intéresser, le nouvel homme d’état repense le problème de l’intégration à l’envers. Ce ne sont plus les noirs démunis qu’il faut séduire et convaincre à l’effort national. Ce sont les descendants des Boers, les blancs récemment dépossédés du pouvoir et repliés sur leurs craintes qu’il décide de ramener aux intérêts communs. Comment ? En partant du cas particulier pour extrapoler sur la nation. La coupe du monde prévue de longue date doit justement se dérouler en Afrique du Sud et offre au génie politique de Mandela une occasion extraordinaire de fédérer le peuple autour d’un même élan.

L’idée est intéressante. Le talent de Clint Eastwood est à la hauteur de l’enjeu. Il ne s’agit pas de dresser un portrait hagiographique de l’homme, même si l’on sent bien que l’ex dirty Harry tient à défendre les valeurs de droiture, courage et virilité, comme dans tous les films qui composent son œuvre. Mais parfois les idées simples sont porteuses d’idéaux régénérateurs et cela fait du bien. D’autant que le réalisateur sait instiller quelques remarques  rapides et subtiles pour indiquer qu’il ne cherche pas à sanctifier son personnage : ses démêlés familiaux sont évoqués et non explicités. Quelques images brèves suffisent à évoquer un dilemme non résolu avec sa famille, un  non-dit suffisant pour admettre que l’homme porte des zones d’ombre intimes, mais que le propos ne s’y arrêtera pas. En revanche, si comme GéO, vous êtes amateurs de rugby, vous serez bluffés par les images de match qui projettent le spectateur directement sur la pelouse, sous la mêlée, dans le pack… Je n’en sors pas plus à jour avec les règles compliquées de ce sport, mais j’ai admiré réellement cette façon de filmer au plus près l’action.

Mention doit être faite du jeu et de la présence de Morgan Freeman, dont le talent ne cesse de m’épater à travers sa filmographie flamboyante. Sans maquillage extravagant, l’acteur a modifié sa stature et sa démarche, de telle sorte qu’il m’est arrivé de penser :
- Mais c’est le vrai ?
D’autant qu’habilement quelques images du véritable Mandela apparaissent en début et toute fin du film…

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Matt Damon y compose également un François Pienaar dépassé par la médiocrité ambiante, qui saura écouter et reprendre à son compte les conseils reçus, avant de communiquer enfin à son équipe l’élan vital pour changer l’ordre des choses.
Alors se pose l’inévitable question :  peut-on produire de grandes œuvres avec de bons sentiments ? Ce sujet  récurent  qui a troublé tant de lycéens pourrait être illustré par ce film. Certes, ce n’est pas le chef d’œuvre définitif du cinéma, l’équivalent d’un Cimino ou d’un Coppola,   mais Invictus a le mérite de déverser dans nos salles une grande bouffée d’idéalisme dont le monde actuel a bien besoin.  Conseil pour illuminer vos soirées de déprime préélectorale* : Courrez donc éblouir vos pupilles du message d’intelligence politique et humaine que l’ami Clint vous a concocté.

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* Eh oui, il va bien falloir y re-aller, aux urnes, et vous voyez beaucoup, vous, de Super Héros tout propres sur eux à propulser dans nos Conseils Régionaux ???

02/02/2010

ΩCÉANS…

Voilà un moment que je n’ai partagé avec vous nos découvertes cinématographiques.
Comme beaucoup en décembre, nous avons été émerveillés par Avatar, mais le succès du film est tel que je n’ai éprouvé aucune urgence à vous encourager, vous faites probablement déjà partis et de loin de ceux qui se sont rendu à la grâce des créatures de James Cameron.

Ce lundi, nous avons plutôt choisi de partir admirer d’autres bêtes, toutes aussi superbes, mais nettement moins virtuelles : nous sommes allés visionner le film de Jacques Perrin et Jacques  Cluzeau : ΩCÉANS.


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En réponse à notre attente, les images sont extraordinaires, émouvantes, étonnantes. La bande-annonce tient ses promesses… Le commentaire, très sobre, porté par la voix de Jacques Perrin, exprime simplement les intentions des réalisateurs :  en rappelant que l’ΩCÉAN reste le berceau de la Vie, les deux Jacques nous  convient à nous émerveiller des multiples formes que revêt l’aventure vitale : le film s’ouvre sur les varans des Galapagos, et nous embarque autour du globe dans une collecte d’images infinie.  Toutefois, le message ne se cantonne pas à une exploration béate : à travers le regard étonné et intrigué d’un enfant, (Lancelot Perrin), nous sommes amenés à considérer longuement la masse mouvante de la mer. Ce mouvement incessant s’amplifie de séquences consacrées à la force des vagues, à la montée tempétueuse des flots, en pleine mer, sur les rivages côtiers de falaises heurtées par un ressac  tumultueux, sur les creux démesurés qu’affrontent les bateaux de pêche et de secours… Nous pénétrons alors avec l’œil de la caméra sous la surface, pour jouir d’images tour à tour agitées ou apaisées de dauphins, de Dugong, d’otaries, léopard des mers,   espèces rares ou animaux mythiques, dont les images s’enchevêtrent sans liens… Des Calamars géants nous passons aux boules de chinchards sans logique apparente, si ce n’est le fil conducteur rappelé discrètement de temps à autre : la nature est maîtresse de l’organisation de la Vie, elle ne connaît ni conscience ni cruauté autres que la nécessité de maintenir sa propre existence, équilibre précaire qui joue depuis des millions d’années, bien avant l’apparition de l’homme… Inévitablement, la troisième partie du film nous confronte à l’action de l’Homme, des déchets humains constituant de véritables îles d’ordures larguées partout sur nos rivages et pis encore, jusqu’au fond des abysses, dans les coins les plus reculés, où des créatures quasi inconnues n’ont jamais  vu l’homme, mais côtoient les déchets de sacs plastique, poussés là par le hasard des courants.
L’œuvre est poétique, le regard se veut plus réaliste. La leçon écologiste s’inscrit de fait, parce qu’il n’y a plus moyen d’être aveugle.
Néanmoins, nous sommes sortis de la salle un tantinet désarçonnés : cette suite d’images merveilleuses récoltées aux quatre coins de la planète pourraient être un peu plus explicite. Le spectateur moyen ne peut résister à l’envie de recaler les espèces découvertes avec un minimum de renseignements géographiques auxquels les prédécesseurs de J Perrin et J Cluzeau  nous ont habitués : les films de Cousteau, les documentaires du National Géographic, les  films diffusés par la Cinq et Odyssée… Bref, en sortant de la séance, chacun se jette sur son atlas, son quid, Internet… Et justement, j’ai trouvé le site suivant :
http://oceans-lefilm.com/ qui vous permettra je l’espère de répondre à toutes ces questions : par exemple la première  interrogation qui nous a titillé durant notre dîner au retour : quelles différences entre lamantin et dugong ? Allez, un petit effort, vous gagnerez le droit de revoir les images…

http://www.futura-sciences.com/galerie_photos

 

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22/11/2009

Cinéma: Le concert

Un petit coup de blues en  ce dimanche grisou de novembre ?
Quand le ciel est si bas et l’humidité de l’air si dense qu’on pourrait toucher les gouttes en suspension, il nous reste deux choix : rester sous la couette, surtout si l’on y est en bonne compagnie, ou aller chercher du réconfort et du rêve sur la toile…du cinéma.
Pour notre part, nous avons testé mardi dernier Le Concert, de Radu Mihaileanu, alléchés par les divers conseils de  Simone et d'Annick. Et nous avons passé une excellente soirée…Donc, ce programme convient parfaitement bien à l’ambiance brumaire de cet automne.



Une fois encore, Radu Mihaileanu s’attache à un sujet qu’il connaît du plus intime de sa vie, puisqu’il est lui-même  fils d’un journaliste juif et communiste, victime des camps durant la seconde guerre mondiale. Imprégné sans nul doute des leçons paternelles,  Radu, né en Roumanie en 1958,  a fui en 1980 de régime Ceaucescu. Un passage en Israël nourrira ses inspirations futures, mais c’est en France qu’il se forme aux arts cinématographiques, en suivant les cours de l’IDHEC. Son premier long-métrage s’intitule Trahir (1993) et met en scène les démêlés d’un poète roumain avec le régime stalinien… Son second long-métrage, Train de Vie,   a eu l’heurt d’être très remarqué, aussi bien  à Venise qu’au festival de Sundance, (l’académie du cinéma fondée notamment par Robert Redford, à l’opposé des critères d’Hollywood,). Dorénavant reconnu comme cinéaste auteur, Radu Mihaileanu a encore créé un opus touchant et délicat  avec Va, vis et deviens en 2006. Ces films témoignent d’une habileté à se servir d’une émotion retenue, teintée  d’un humour au second degré, mélange d’autodérision et de cocasserie.

Le concert se situe au premier chef dans la veine franchement comique. La charge du système soviétique rappelle les meilleurs moments du dictateur de Charlie Chaplin…Mais dans le dernier tiers de l’histoire, nous dérivons insensiblement vers l’émotionnel et le film s’achève entre ses deux versants, rire et émotion, de sorte qu’il apparaît comme inclassable. Comédie émotive ou mélo humoristique ? Ni l’un ni l’autre sans doute, mais l’ensemble constitue une  œuvre grand public  qui mérite amplement le succès déjà inscrit à son palmarès. Dès sa sortie la semaine dernière, il était en tête  des sorties de la semaine. 

Andrei Filipov  ( Aleksei Guskov, excellent !) est une des innombrables victimes de la censure des années Brejnev, ère de glace du communisme russe.  Ayant refusé d’abandonner ses musiciens juifs,   ce chef d’orchestre  a été interdit d’exercice et doit gagner misérablement sa vie en qualité d’homme de ménage dans le théâtre même où il a été déchu. Humiliation suprême, lui dont la vie est faite de musique, doit nettoyer les lieux où d’autres exercent leurs talents. Un hasard lui permet un jour de subtiliser une invitation émanant  du Châtelet, à Paris, où il a joué du temps de sa splendeur…  La comédie est en marche, avec ses invraisemblances qu’il faut accepter de bon cœur, comme le code fondamental de la comédie. Nous entrons dans le registre du farfelu, avec ses critères : l’amitié inconditionnelle des compagnons d’infortune, les coups de gueule, la dénonciation du système des apparatchiks, qui paient les figurants pour faire foule, aussi bien pour grossir les pseudos manifestations que pour établir la notoriété au cours des mariages… Entre en scène alors une cohorte d’individus plus débrouillards et sans scrupules les uns que les autres, du pointilleux censeur, corrompu comme les autres, aux « roms » haut en couleurs, trafiquants en tout genre et musiciens instinctifs… La comédie s’envole vers une intrigue totalement  fantasmatique, que la mise en scène colorée et mouvementée entraîne dans une sorte de musicothérapie par le rire. Au passage, tout le monde en prend pour son grade: le système soviétique épinglé par tous les bouts : administration désuète et inefficace, double casquette des petits chefs, système économique déstructuré, grandes et petites affaires se résolvant grâce à l’article 22, celui qui dit :" dém… merde-toi, oh pardon, aide-toi et le ciel…fera de son mieux… " Mêmes les caractères caricaturaux des juifs y sont repris à la sauce Rabbi Jacob cette fois.  Apparaît enfin le personnage pur de cette histoire, la violoniste française Anne Marie Jaquet, interprétée par Mélanie Laurent, qui prête à son personnage sa frêle silhouette gracile. À partir du lien supposé entre la musicienne française et le chef d’orchestre déchu, le spectateur entrevoit une nouvelle dimension à cette comédie digne de Gérard Oury. Je me garderai de vous en dire davantage afin de laisser  le champ libre à votre imagination … Sachez seulement que le courant émotionnel  ne prend pas brutalement le relais sur la comédie loufoque mais s’intègre progressivement au récit, sans rompre la farce. Sortez vos mouchoirs pour éponger vos larmes de rire mêlées aux larmes  d’attendrissement et laissez-vous embobiner par cet énorme canular. En ces temps moroses où même le sport a perdu son lustre et sa noblesse, il est recommandé de s’octroyer une large rasade de franche rigolade incluant l’autodérision en dose homéopathique "slavatrice".
Un dernier mot pour signaler les interprètes du film, tous plus heureux les uns que les autres d’endosser leurs personnages, de François Berléand à Lionel Abelanski, sans oublier Miou Miou égale à elle-même, même si son rôle paraît plus anecdotique.

19/10/2009

Millénium 2 La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette

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Titre du tome 2 : la fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une d’allumette.
Clin d'oeil du romancier, Stieg Larsson affectionne les titres longs qui fonctionnent comme un résumé  de l'énigme, support à la mémorisation de l'intrigue, mais dont le sens véritable ne se conquiert que par la lecture de l'ouvrage.
Ce titre, dont l'illustration est  introduite dès le prologue, s’ éclaire par le démêlage du canevas, dans le dernier tiers de l’ouvrage.

Nous retrouvons avec plaisir les personnages déjà brossés dans le premier volume de la saga, mais nous comprenons assez rapidement que, cette fois, la lumière se posera davantage sur le destin de Lisbeth Salander. Non que Stieg Larsson néglige son double fictif, Mickaël Blomkvist, mais à l’instar du réglage des lumières dans un spectacle, les spots s’attardent d’entrée de jeu sur les tribulations de la jeune femme. Il est nécessaire à mon sens d’avoir lu le premier tome pour mesurer et apprécier les informations significatives que la lecture des premiers chapitres  installe dans la construction de l’intrigue.
Car l’art de Stieg Larsson se  dévoile ici : en fondant  le déroulement de l’intrigue sur la construction chronologique  à l’identique du premier volume, l’auteur établit un parallélisme permanent entre les activités des antagonistes, sans que pour autant ceux-ci se rencontrent. Stieg Larsson prend un plaisir certain, et nous aussi à la lecture, à jalonner les chemins de chausse-trappe et de chassé-croisé qui perturbent évidemment la résolution des  énigmes. Les personnages se cherchent ou se fuient, comme dans la vraie vie, et aucune circonstance facile ne vient solutionner le problème.   Certes, l’auteur tire les ficelles de l’intrigue, mais  il se refuse à tous compromis trop commodes pour tirer les épingles de ces jeux dangereux. Nous sommes dans le domaine de l’extrême : extrême cruauté des « néfastes », ce que l’on comprend dès le prologue, la haine attise les cendres de la violence ; extrêmes emportements de caractère des personnages, extrême corruption des institutions, extrême ironie des destins… Le ton appartient bien à notre littérature contemporaine, ainsi que et le traitement noir de l’action, caractérisé d’une manière générale sous le vocable anglo-américain « thriller », ce qui englobe complots au sein de l'état, malversations et guerre intestine des services de police, chizophrénie diverse des antagonistes…  . Il n’est donc pas surprenant que la trilogie se transpose au cinéma. De là à se demander si l’auteur n’a pas écrit avec un arrière-plan cinématographique sous le clavier…


Dans ce genre littéraire, il est donc interdit de révéler les aboutissants de l’intrigue. Tout juste peut-on rappeler que Lisbeth Salander est une drôle de jeune femme, traumatisée depuis   que "tout le Mal est arrivé " , c’est-à-dire depuis le début de son adolescence. Les séquelles de ce mystère persistant ont forgé une personnalité rebelle et méfiante jusqu’à la paranoïa, dont elle tire grand profit par une intelligence hors norme des réseaux informatiques. La solitude restant sa meilleure amie, notre Lisbeth se présente  le plus souvent comme un oiseau de nuit. Elle développe également une fâcheuse tendance à fuir ses amis, et rumine ses vengeances avec une obstination qui n’a d’égales que la cruauté et la barbarie de ses adversaires. Je vous l’ai dit, nous entrons dans un univers extrême, qui ne se situe pas très loin de celui des jeux électroniques. Mais nous n’avançons pas dans l’intrigue à l’aide d’un Joy stick ou des manettes d’une console. Nous progressons dans l’écheveau méticuleusement agencé par un créateur de mots et de phrases, qui confère à son héroïne, si violente et « incontrôlable «  qu’elle paraisse, une fragilité mâtinée d’obstination. Lisbeth n’est pas une icône stylisée par sa représentation pixellisée, elle vit, frémit, cogite et redoute, se culpabilise et  s’obstine, se met au défi comme elle se protège du risque d’aimer et d’être aimée. Complexe, la fille !

Son alter ego, Mickaël Blomkvist, ne l’est pas moins, même si la structure masculine de son personnage en dessine des contours plus carrés. Traumatisé, « Super-Bomkvist » l’est aussi, dans une moindre mesure. Il est plutôt resté désabusé par l’expérience vécue l’année précédente,   dans le tome 1, et dont le lecteur doit être déjà au fait. Réintégré à la rédaction du magazine Millénium, dont il est le co-concepteur, Mickaël se languit de Lisbeth dont il a perdu la trace, sans parvenir pour autant à se passer de ses deux maîtresses favorites. Là encore, mieux vaut suivre les épisodes d’un livre à l’autre…Habile, n’est-ce pas, pour obliger le lectorat à enfiler la trilogie! Et remarquable pour trahir les a priori  sexo-machistes de l’auteur… 
Alors que Lisbeth construit une toile d’araignée pour garantir son anonymat total et sa transparence  sociale intégrale, Mickaël se trouve brutalement confronté à l' assassinat d’un collaborateur du magazine et de sa compagne. La police s’orientant manifestement sur de fausses pistes, focalisant sur Lisbeth en coupable sanguinaire, le journaliste n’a d’autres solutions que de s’investir de son côté dans une enquête aussi difficile et surprenante que celle qui lui a permis de retrouver la nièce du magnat de l’industrie dans l’épisode précédent.
À vous de vous y coller si vous souhaitez connaître les démêlés  de Mickaël et les circonstances qui le conduiront à retrouver la trace de Lisbeth… La voie est rude, les méchants nombreux et très fourbes, la société suédoise peu flattée par le tableau de ses incuries, mais il pointe dans toute cette amertume quelques remarques assez universelles sur l’état de nos sociétés et le désenchantement de nos démocraties, bien qu’à l’évidence, le propos de Stieg Larsson n’est pas à l’étude politico-sociétale. Encore que…

Millénium épisode 2 ne déçoit pas le lecteur en attente de dépaysement mélodramatique de style polar. J’ai souligné le caractère éminemment contemporain du traitement policier d’aujourd’hui. Tous les ingrédients de la noirceur millénariste sont en place pour construire un suspense haletant et une mise en situation tellement « extraordinaire » que nul ne peut  s’y projeter. En ce sens, le lecteur en quête de distraction  palpitante y trouvera son compte. L’amateur de cruauté virtuelle également. L’amoureux de l’exotisme de proximité sera ravi. Le lecteur exclusif de littérature tournera le nez et  affectera de dédaigner ce genre mineur… Mais combien pariez-vous qu’il en glissera un exemplaire au fond de son sac à l’occasion d’un week-end brumeux à la campagne ?