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10/02/2009

coeurs de soleil

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Un peu  de soleil accroché sur les arbres, dans la trouée d'azur…

La route s'ensoleille entre ces murs fébriles.

Corpuscules  aériens agités par le vent, les haies odorantes jalonnent notre périple.

 

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09/02/2009

L'aille en eau

 

Vous souvenez-vous qu'en octobre dernier je vous faisais part de nos constations concrètes concernant le cycle de sécheresse que subissait la région? (note goutte à goutte ô combien du 7 octobre 2008)

Nous sommes retournés hier sur les mêmes lieux, à la recherche des mimosas qui devraient commencer à pointer leurs odorantes boules jaunes. Las!, l'arrière pays est encore vert, à peine ponctué de minuscules bourgeons. Après l'étroite route en lacets qui permet de franchir la chaîne, il faut redescendre sur Plan de la Tour et La Garde Freinet, sur   l'autre versant,exposé au sud et à l'influence maritime, pour voir éclater les parures attendues. Alors la symphonie des couleurs rutile, d'autant que les versants arrosés font briller  toute la gamme de verdure: chênes verts, pins parasols, sous bois de cistes et fougères, pour que ressortent mieux les grappes alourdies des mimosas.

La surprise concoctée ce soir, c'est plutôt le spectacle suivant, après les pluies excessives de la  semaine dernière.   et mettre ces clichés en regard de ceux d'octobre.

272236445.JPG à gauche, niveau d'octobre, ci dessous, torrent de février

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GéO sur le plateau en octobre, marcherait sur les eaux, il en est bien capable, si sa Dulcinée ne le rappelait vigoureusement aujourd'hui…

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03/02/2009

Lynda Lemay

Samedi soir,  c'était  encore Noël.

En compagnie de  Simone,  nous sommes allés à Marseille assister au concert de Lynda Lemay.

Si vous suivez un peu mes notes, vous n'avez pas été sans remarquer que j'éprouve  une  réelle admiration pour la demoiselle et son merveilleux franc-parler, sa faconde et sa spontanéité.  Mais c'était la première fois que nous assistions  en chair et en os, à un concert de l'Artiste. Et comme dirait la Ravie:

- C'est quand même mieux dans la vraie vie!.

- Et en plus, ajoute GéO, "qu'est-ce qu'elle est belle!"

Il est saisissant de constater combien son énergie est communicative. Le public lui est manifestement tout acquis, la salle du palais des Congrès pleine à craquer, les applaudissements généreux , en réponse à la fougue de notre troubadour, non pas en jupon, mais chat-bottée de cuissardes,  auréolée du voile de ses cheveux, déversant sa verve mélodieuse dans nos tympans.…Jusqu'à la limite de l'assourdissement. On peut noter  en effet une toute petite fausse note dans le réglage de la sonorisation, qui nuit parfois  à la clarté des paroles . Vous avouerez que c'est dommage, s'agissant d'une diseuse de textes tellement concis et imagés.

Lynda présente son dernier album, Allo c'est moi, mais nous avons retrouvé avec grand plaisir les titres qui ont forgé son univers,  de la mésaventure amoureuse illustrée par les inénarrables souliers verts aux abysses de la  tragédie traduite par Les Canards, que je ne peux écouter sans avoir mal aux tripes. Les nouveaux titres ne déparent pas cette galerie d'humanité, avec Juste un bébé, dont le regret flétrit cette femme vieillissante, trop vertueuse et trop raisonnable, la faiblesse amoureuse  ( Depuis tes doigts sur moi) , l'Amitié qui vaut amour       ( Mon Gérard), le lyrisme poétique du portrait  Bleu dessiné pour son pays, sans omettre le miroir de la dérision par lequel elle dépeint l'éternel des relations féminines/masculines: écoutez  le dard pour retrouver le piquant de la nature humaine, version humour et causticité, clin d'oeil aux bandes de dégonflées /dégonflantes des Lettres rouges. Inoubliable, bien sûr!

Si d'aventure vous repérez le passage de Lynda  Lemay dans votre sphère, n'hésitez surtout pas , elle vous accueillera comme si vous osiez lui rendre  visite, quoiqu'elle  prétende, elle vous servira en guise de petits gâteaux  son humour et sa tendresse, charme et sarcasme mêlés, un vrai Grand Moment à partager sans modération.

 

30/01/2009

retour

C’est arrivé tout à coup.
Les trottoirs de l’avenue luisaient après cette forte averse d’avril, et elle a remarqué les larmes étincelantes sur les timides bourgeons des platanes. Le temps de se formuler la beauté simple du phénomène, elle n’y a plus pensé.

Et puis, le même soir justement, en émergeant du RER, elle a longé comme d’habitude les grilles du Parc, fermées à cette heure crépusculaire. Elle a simplement entendu la phrase qui s’est formée dans sa tête, « qu’est-ce que ça sent bon, il doit y avoir déjà des lilas éclos, il faudra venir un moment ce week-end… », Et alors seulement elle a réalisé que l’air qu’elle respirait lui semblait léger et pétillant, comme une goulée d’oxygène capable de la saouler, ça l’a fait sourire et elle s’est dit que c’était vraiment une saison agréable.
Elle a repris sa marche lente pour remonter jusqu’à la maison.

Un peu plus tard, comme elle achevait de ranger la cuisine, Jérémy est entré dans la pièce, l’a observée un moment en silence; elle a senti son regard sur elle comme une source de lumière bienveillante. Son cœur a fait un petit bond dans sa poitrine, une légère bouffée rose lui est montée aux joues, elle a soufflé sur sa frange décidément trop longue pour chasser cette soudaine chaleur, et Jérémy a murmuré timidement :
- J’aime bien ton sourire, ce soir…
Elle s’est sentie émue par cette touche de tendresse, une réminiscence de bonheur révolu.

Elle aurait souhaité répondre, mais son mari avait déjà quitté la pièce.
Une inquiétude s’est fait jour, elle s’est dit « qu’est-ce que j’ai encore perdu ? » et puis elle a repris le cours de ses rangements.

Au moment de se coucher, comme toutes les nuits, elle est allée border Églantine et déposer un bisou de plume sur le front de sa fille, elle s’est arrêtée un moment, un voile de buée aux yeux, la gorge soudainement serrée par l’envie de la réveiller pour lui dire comme elle la trouve grande, belle, et si …Merveilleuse, tout bêtement. Elle s’est retirée sur la pointe des pieds, un sentiment d’inachevé pendu au cœur…

Quel gâchis, une éternité de grisaille l’a enserrée dans sa gangue.
Ça fait un bail qu'elle ne cherche plus la sortie …

***

Le ballon multicolore roule jusqu’à ses pieds, et dans ce petit matin encore un peu frisquet, elle a eu envie de shooter dedans, de la pointe de sa chaussure, mais elle l’a ramassé pour le tendre au petit garçon des voisins. Il ne faudrait pas que le ballon se dirige vers la rue et…

Ça y est, elle s’est à nouveau raidie dans son chagrin, le regard au-delà du perron de l’immeuble, elle s’apprête à retourner dans son asile intérieur, mais Tom, le petit Tommy des voisins, qui a l’âge que devrait atteindre aussi son fils, l’Ange perdu, la regarde et lui dit :
Tu sais, j’aimerais bien que tu joues au ballon avec moi 


Alors, elle baisse les yeux vers Tommy, admire les minuscules quenottes qui barreaudent son sourire épanoui, lève les yeux vers sa mère du bonhomme, à qui elle n’a plus adressé la parole depuis…si longtemps.
- Il fait beau, n’est-ce pas, même si le fond de l’air…
Elle s’en moque bien du fond de l’air, mais ce n’est plus la même chose.
Elle a vu la beauté de ce matin du monde, un enfant inconnu ou presque courir dans la fraîcheur étincelante de la matinée, et elle a pu penser à Lui en supportant les images juxtaposées.
Elle a compris qu’elle est en train de pardonner …

Il faudra encore du temps, c’est vrai, pour échapper à la  masse paralysante de la chape grise qui l'étouffe, alourdit ses gestes et comprime sa respiration, ce poids douloureux qui ancre son corps et son âme dans un néant sinistre. Elle perçoit cependant comme les prémices d'un éveil qui essaient de fissurer la gangue… Ça tient sans doute à un rien, des couleurs, des odeurs, des sourires et la chaleur des mains de Jérémy, mais ça pousse en elle…

Elle a compris qu'elle approche du bout du tunnel,

Elle vient d'entamer la lente remontée vers la Vraie Vie, celle où les émotions sont acceptables. Un jour, elle n'aura plus peur des photos, des regards, des sourires et des invitations… Un jour, elle regardera Églantine grandir sans ressentir cette pincée au coeur, semblable à une glaciation des sentiments.

Un jour…

La peau déchiquetée de son deuil tombera…

Bientôt.

Sa douleur s'évanouira imperceptiblement…

Elle revient.



26/01/2009

Ça coule de source…

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Le renouvellement des générations apporte fraîcheur et dynamisme à nos esprits formatés.
Sandrine a eu la gentillesse de m’adresser cette petite gourmandise, assortie des progrès culinaires de la petite dernière, Anaïs, dont vous n’avez peut-être pas oublié le sens du partage avec Copain, l’été dernier, anecdote filmée par une indiscrète caméra.
Pendant qu’Anaïs s’exerce en cuisine avec rigueur et enthousiasme, Mathis enrichit sa culture historique et développe sa pensée philosophique, au cours d’une conversation entre hommes…

- Papa : "Avant, il y a très longtemps, ce sont les rois qui habitaient les châteaux. Mais ce n'est plus le cas aujourd'hui."
- Mathis : "Pourquoi ?"
- Papa : "Tu sais, ils n'ont pas toujours eu de la chance"
- Mathis (4 ans et demi) : "Pourquoi, parce qu'ils n'ont pas eu la fève ?"

Je vous le disais, ça coule de source, il suffit de conserver l’ angle de vue adéquat…

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Conscience professionnelle, il faut payer de sa personne et ne pas servir n'importe quoi…

21/01/2009

Silence, tabou et cinéma

Comme beaucoup d’entre vous, sans doute, nous avons regardé hier soir le film qu’Amos Gitaï vient de consacrer au malaise des descendants de juifs tués par la Shoah, Plus tard tu comprendras…, qui sort aujourd’hui sur les écrans.
- Un film de plus sur les juifs, bon, bof, après l’excellent La liste de Schindler dimanche soir, la télé n’en finit pas de revenir sur un sujet porteur d’audience… Mémoire oui, mais attention au risque de rabâchage quand même … commence-t-on à soupirer in petto dans les chaumières.

En réalité, le film vu hier soir ouvre un débat différent, beaucoup plus large et touchant par l’universalité du malaise évoqué. Ce n’est plus la dénonciation d’un fait de guerre avéré, le Crime contre l’Humanité du génocide commis par les nazis, mais plutôt le combat d’un homme pour secouer un tabou familial concernant la disparition de ses grands-parents. Le nœud de l’intrigue n’est pas la découverte de la déportation du couple, mais le malaise pesant de l’occultation de ce malheur. En effet, le personnage principal n’a pas connu ses grands-parents, parce qu’il est né après leur arrestation. En revanche il a le souvenir précis d’être allé avec sa mère dans leur appartement qu’un mystérieux tour de passe-passe a déposé dans le patrimoine de ses autres grands-parents. Ce que l’enfant accepte comme un fait naturel vient heurter la conscience de l’homme parvenu à son âge mûr, d’autant que le contexte du procès de Klaus Barbie ravive la mémoire collective par la parole enfin donnée aux victimes.
À partir de ce moment, le fils joué par Hyppolite Girardot ressent une pression interne dont il ne pourrait se soulager que par la mise au grand jour des circonstances du drame, voire par la levée de l’ambiguïté relative au rôle des beaux-parents de sa mère. Telle est la thèse du film et nous suivons les efforts du fils pour obliger sa mère à expliquer, justifier, nommer le drame. À son questionnement angoissé, la mère (Jeanne Moreau,) oppose une fuite permanente qu’il ne parvient pas à casser, par respect pour sa douleur présumée, par crainte de ce qu’il pourrait être obligé de nommer.… Et tout le débat est là.
Quoi de plus douloureux en effet que le secret, le non-dit, le respect obligé du silence qui prend alors la forme d’une culpabilité. Ce qu’exprimait très justement et subtilement Simone Veil dans son autobiographie Une Vie, parue je crois en 2007.
Même quand le fond de l’affaire n’a rien de honteux, le fait d’en être le dépositaire confidentiel pèse d’un poids particulier qui peut devenir étouffant. Tous ceux qui ont vécu ce genre d’expérience se sentiront touchés par le film d’Amos Gitaï, comme ils ont pu l’être s’ils ont lu le témoignage de Jérôme Clément, que le film transpose.
La qualité essentielle du film repose sur cette quête. Je trouve intéressant que la mère parvienne à se délivrer d’une partie de son secret auprès de ses petits-enfants, les confrontant ainsi ex-abrupto à leurs racines, plutôt qu’à son fils tellement demandeur.
Les acteurs du film sont à leurs places, Jeanne Moreau incarne à merveille cette femme forte dans sa détermination, maîtresse d’un secret indispensable à la menée de sa vie. En ce qui concerne les autres comédiens, je suppose qu’Amos Gitaï a tenu à leur donner une distanciation qui entrave notre empathie. De même le parti pris de plans panoramiques très longs, balayant l’enfilade des pièces de l’appartement, tandis que nous entendons le fil d’une conversation en voix-off, ce décalage correspondant au jeu de Dominique Blanc, Emmanuelle Devos ou Hyppolite Girardot finit par lasser. Trop de naturel tue le naturel. Ou encore l’évocation de l’arrestation des réfugiés dans l’hôtel est infiniment trop longue, voire incongrue, inutile. Mais j’imagine que ces scènes devenaient nécessaires au cinéaste afin de donner corps et matière aux malaises des protagonistes. De la difficulté de monter l’indicible, d’imager l’intime et la souffrance psychologique.
Enfin la musique joue un rôle de premier plan et il me semble que ces notes soutenues transmettent alors mieux que les images l’émotion et la mémoire ciselée des événements.

19/01/2009

Le Mystère des Dieux

le mystère des Dieux205.jpg Voici donc le dernier volet de la trilogie de Bernard Werber sur les Dieux.
Pour mémoire, et afin que le déroulement reste clair pour tous, lecteur et futur lecteur, rappelons les trois étapes du cycle :
Nous les Dieux, paru en 2004
Le souffle des Dieux, paru en 2005
Le mystère des Dieux, paru en 2007

En réalité la trilogie appartient à un cycle plus vaste, puisque bon nombre des personnages que nous retrouvons sont déjà associés à la série des Thanatonautes, paru à partir de 1994. Certains, comme Aurélien, ont découvert et suivi l’auteur depuis leur pré-adolescence avec Les Fourmis (1991) et le Jour des Fourmis (1992). Enthousiasmé alors par l’aspect entomologiste de l’ouvrage, mon fils, âgé de 12 ans à l’époque, avait déposé le bouquin sur mon oreiller, assorti d’une recommandation impérative :
- Tiens, lis ça, c’est vachement intéressant. D’ailleurs, je vais d’abord t’faire passer un test
Sans plus attendre, il était revenu dans ma chambre, muni d’une boîte d’allumettes afin de faire plancher sa mère sur une construction géométrique où il fallait créer une figure composée de triangles juxtaposés avec un nombre restreint d’allumettes.
Vous vous étonnez de la digression ? Eh bien je crois que nous sommes ainsi au cœur du sujet, dans un univers à tiroirs qui peuvent s’explorer dans l’ordre ou bien en parfaite anarchie chronologique.
Le procédé narratif de Bernard Werber consiste à relier toutes ses histoires, par la thématique et par les destins successifs de ses créatures. Ainsi, d’un volume à l’autre, le lecteur retrouve ses repères, ce qui participe à la fois du rassurant et du familier, système récurrent dont nos esprits médusés sont friands. En outre, le principe veut que le lecteur attende impatiemment la suite, appâté par l’abîme mystérieux où les dernières pages de l’ouvrage précédent ont mené le héros … C’est malin, lectorat fidélisé, éditeur comblé je suppose. C’est dire que les aficionados de Bernard Werber ont pu suivre de loin les expérimentations du personnage principal, Michael Pinson.

Michael Pinson est donc passé du statut de mortel à celui d’immortel. Les lecteurs assidus de Bernard Werber ont suivi le personnage humain, donc mortel, en explorateur du monde des morts dans les Thanatonautes. Malgré son décès prématuré, les habitués ont retrouvé leur héros en apprenti ange, ce qui révèle la bonne nature du personnage, dans l’Empire des Anges, paru en 2000. Avec le cycle des Dieux, Michaël reçoit une jolie promotion et se rend dans la case…Olympe !
Le voici donc élève dieu, dans un Panthéon mythologique fortement inspiré de l’Antiquité hellène. Seul Zeus est difficile à fréquenter, mais Michaël est rapidement remarqué, à son corps défendant, par Aphrodite en personne. Pas très assidu aux cours d’Apothéose, Michaël a retrouvé ses amis du monde terrestre, dont Edmond Wells, Freddy Meyer et Raoul Razorbak, il doit par ailleurs composer avec de nouveaux venus pas vraiment incognito…Simone Signoret, Edith Piaf, Marilyn Monroe quand même… Bref, un joyeux méli-mélo assez fantaisiste de personnages tirés de l’histoire et des légendes du monde terrestre.
Au long des trois tomes cités en début d’article, Michaël et ses coreligionnaires vont pister les mystères de la dimension divine, tenter d’aborder au sommet de l’Olympe, pour découvrir ce qu’est l’essence même de la divinité et au-delà du Principe Créateur… Vaste question qu’il est hors de question de dévoiler, sous peine d’anéantir l’intérêt du feuilleton. Évidemment, pour avancer dans le récit, il faut accepter le principe de cette reconstruction, foin donc de vraisemblance et de rationalité, nous sommes dans La dimension werberienne par excellence, ce qui aboutit à un divertissement bon enfant comme le souligne l’Aurélien d’aujourd’hui, un rien désabusé malgré son amusement :
- En fait, c’est de la littérature pour adolescent, et encore, bien moins gore que beaucoup d’ouvrages étiquetés jeunesse.
Il n’empêche, comme il existe des chaînes de télévision, des films et des spectacles dédiés aux familles, pourquoi bouder le plaisir d’une lecture agréable, parfois piquante intellectuellement par une combinaison de petites notes techniques ou érudites émaillant le cours du récit. Je confesse que les extraits de L ‘Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu d’Edmond Wells, parodie de l’Encyclopédie, la grande, celle des Lumières, m’amusent et apportent un petit souffle particulier au récit. Sans se prendre la tête, ce genre romanesque offre donc de bons moments à partager avec vos ados.

Les trois volumes du cycle des Dieux parus chez Albin Michel.
Les ouvrages antérieurs sont disponibles en poche.

12/01/2009

déresponsabilisés!

Peut-être avez-vous noté ce message sur France Inter ces temps-ci :

« Attention, vague de froid…
Le froid fragilise les jeunes enfants et les personnes âgées…
Pensez à prendre des nouvelles de vos parents, grands-parents…

La voilà, la preuve flagrante que les Français sont traités comme des demeurés, des irresponsables, pas fichus de penser tout seuls à leurs proches ! Et ils laissent faire, les Français, bien contents qu’on pense à leur rappeler d’effectuer le b.a ba de la Vie, un geste ordinaire et banal, mais somme toute, une simple attention à l’Autre. Nous sommes décidément entrés dans le déclin de notre civilisation…
Cette déresponsabilisation totale de nos concitoyens rejoint et complète ces aberrations de plus en plus fréquentes depuis la décennie 90 du siècle dernier. Souvenez-vous de ces nouvelles surprenantes, comme la mise en examen d’un maire parce que des gamins désoeuvrés s’étaient blessés en jouant avec l’équipement sportif du stade de la commune, jusqu’à ce qu’un poteau cède et tue l’un d’entre eux par sa chute… Maire responsable et condamnable, mais les parents qui laissent leur progéniture errer sans but ? Ah ben non, pas les parents, ce sont des électeurs…
Et puis sont arrivés les procès » à l’américaine », contre le médecin fatigué par ses quarante patients/jour, l’infirmière sur exploitée qui assume trop d’heures à son poste, l’instituteur (ah çui-là, il est d’la race du bouc émissaire) qui n’arrive pas à se démultiplier pour surveiller individuellement chaque enfant en cours de récréation… On peut multiplier à l’infini les exemples. Au point que les candidatures deviennent rares parfois, pour endosser la fonction dans certaines communes…
En revanche, avoir exercé au plus haut degré de l’échelle sociale protège : la formule désormais célèbre : « responsables mais pas coupables… » permet à d’anciens ministres et secrétaires d’état de poursuivre leur bonhomme de chemin, alors que de sordides arrangements ont conduit au laisser-faire, pas vu pas pris… Et les scandaleux tours de passe-passe qui aboutissent à faire payer par nous tous, enfin surtout vous et moi, les bouchages des trous du Crédit Lyonnais, le remboursement des dettes d’ Hurluberlu 1er, menteur, tricheur, escroc sur les larges bords et provocateur de première classe.
On enregistre bien quelques protestations, de-ci, de là. Mais aucun mouvement construit n’a jamais vu le jour. Râleries éphémères et inutiles, comme des éructations de geyser mentaux qui ne servent même pas à réchauffer l’atmosphère. En attendant l’été prochain, où le service public diffusera un nouveau message :
« Attention canicule…
La chaleur entraîne de nombreux malaises chez les jeunes enfants et les vieillards.…
Pensez à téléphoner à vos vieux pour prendre de leur nouvelles… »