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24/03/2009

Gran Torino

Depuis un bon moment, nous avions oublié   d’honorer nos lundis ou mardis-ciné. Et puis en réalisant que c’était à nouveau le printemps du cinéma, nous nous sommes dit que c’était trop bête !
Chacun à son ordi, nous divaguons dans la longue liste des films que nous n’avons pas vus… Évidemment, nos goûts sont un peu différents, voire divergents. GéO aime les films virils, il faut que ça bouge, avec une réelle prédilection pour les promesses de castagne, et les dialogues percutants, style Audiard. À défaut,   une réalisation musclée, des personnages toniques et battants, et surtout une histoire fondée sur une morale positive. Le mal-être, l’ambiguïté , les fins entre-deux eaux, cette manie nouvelle d’abandonner le récit sur une lancée indéterminée, où le spectateur devra se prendre en main pour achever le parcours de personnages à la dérive, non, trois fois non,   GéO n’accepte pas le genre de scénario qui tend à démoraliser son public. C’est un réflexe de survie, la vie est une affaire dont la fin est tellement triste qu’on ne peut pas laisser la porte ouverte au défaitisme.

De mon côté, je furète à la recherche d’histoires sensibles.  Ce qui m’intéresse, c’est qu’on me parle de la vraie vie des vraies gens, de vous et de moi, de nos parcours et de nos accidents, nos bosses, nos cicatrices. Nos enthousiasmes aussi, bien sûr, les pourquoi et les comment, les chemins de traverse et la petite touche cachée, au fond de la cour, de la chambre, accrochée au bout de cœur et qui fera  rebondir.  Si l’intrigue s’appuie sur un fait de société, si elle permet de percevoir une réalité qui n’est pas la mienne, si elle dévoile l’âme et les ressorts de mes "co-humains", qu’ils habitent Brive-la-Gaillarde ou la Tanzanie, le Brésil ou le Bush australien, l’Afrique du Sud ou la Finlande…Du moment qu’il est question de mes frères  humains, de leurs rapports et leurs défis, il suffit ensuite que l’histoire soit bien contée, la mise en  scène cohérente, le scénario vraisemblable, les dialogues travaillés avec un minimum de  psychologie… Que les images ravissent mon  sens de l’esthétisme et ma curiosité, que la musique accompagne et valorise les émotions… Je ne suis pas vraiment une spectatrice difficile…

Et le gagnant a été… Gran Torino, de et avec Clint Eastwood.
D’abord, parce que GéO est un inconditionnel de Clint Eastwood, que j’apprécie mieux depuis ses réalisations plus récentes comme  Mystic River et   Million dollars baby, que dans les productions des années 70-80, mais il faut reconnaître que ce vieux jeune homme a la pêche et dispose surtout d’un talent appréciable dans l’art de dévider la pelote du récit… 
Seconde raison, tout aussi valable : sur l’échelle des étoiles d’Allociné, spectateurs et critiques ont administré généreusement 4 étoiles…Les critiques, on se méfie, les spectateurs, ça rassure.

De Gran Torino, qui est conçu comme un thriller, il ne faut pas dévoiler toute l’affaire. Mais on peut situer le thème dans la grande tradition des rencontres entre personnages que tout oppose…Et que des événements  involontaires associent pour  transformer leur point de vue. Le grognon de service, interprété par  Clint soi-même, veuf misanthrope, aigri, insupportable et cracheur invétéré, invective ses voisins, famille d’émigrés asiatiques, représentée par ses deux adolescents, joués par  Bee Vang et Ahney Her. Ce qui devient plus original et sensible au fil de la narration, c’est le parcours  d’initiateur que choisit le personnage acariâtre et la forme de sa rédemption. Les poncifs sur l’Américain moyen, macho, bagarreur, raciste, râleur, le constat des communautés noyautées par les gangs, les difficultés de communication inter générationnelle, émaillent le propos et laissent sourdre une vision amère de la société. On le sait,   Clint Eastwood appartient à la génération des créateurs américains qui portent un regard rétrospectif critique sur les comportements de la société à laquelle ils appartiennent. Il n’ignore pas qu’une majeure partie des films auxquels il a participé a contribué à créer cette image de conquérants insupportables, dominateurs et violents. Cette brutalité dont Cronenberg dénonçait   les effets incontournables dans son excellent History of violence, et qui est distillée partout, dans les livres bien sûr, mais surtout dans les « divertissements » : films, séries télévisées, musique, exposition picturale, débats... 

Gran Torino raconte donc aussi une histoire de violence, une montée des atrocités dans les rues "dépolicées" d’une cité du mid west, et les différentes issues entrevues par les personnages pour casser la domination de la sauvagerie. Pour forcer le message, point n’est besoin d’être trop moralisateur, et Eastwood  sait parfaitement que l’angélisme nuirait à son propos. Il se sert donc des armes qu’il connaît bien pour étayer sa démonstration, et la peaufine à merveille avec son dénouement… Que vous ne pourrez apprécier qu’en assistant à la projection…
À noter encore la partition musicale d’un certain Kyle Eastwood… Le cinéma devient décidément une affaire de famille sur tous les continents…

À propos, savez-vous à quoi fait référence le titre du film ?

Comme je suis bonne fille, je vous donne quelques indices…

Songez aux attributs de la virilité dans la mythologie hollywoodienne:  le pistolet, la cigarette, le cheval au galop et/ou…

Je ne vous  le donnerais pas  en mille, mais je sais qu’Aurel avait la réponse…

16/03/2009

la photo

La photo  s' est affichée sur l’écran de l’ordinateur portable.

Elle occupe le centre de la fenêtre scintillante, mais ses dimensions plus restreintes libèrent des pixels inutilisés qui constituent un écrin noir. Comme un bijou, le cliché est mis en valeur grâce à cet effet de contraste. Impossible de déterminer si l’effet est volontaire ou si ce sont des contraintes techniques qui participent à la mise en écran, similaire à une mise en scène préméditée.

La tonalité majeure de l'image est émise par une nuance verdâtre, couleur d’algue, et  un léger  flou, que l' on pourrait qualifier « d’artistique ». Il n’est pas certain cependant que l’opérateur ait  réellement voulu créer un effet. Ce sont plutôt les rideaux de la fenêtre qui sont restés fermés, formant un écran contre la lumière de ce  début de matinée. Ils n’ont pas eu l’idée ou l’envie de convier la clarté dans l’intimité de la scène.

Les dimensions réduites de la photographie, l’écran noir encadrant largement le cliché, la touche aqueuse de l’image, confèrent à la reproduction un aspect de tableau ancien, plutôt école flamande du XVIIe, Vermeer ou Van Dyck.…Pourtant, à l’inverse d’un portrait de commande, où le sujet est en représentation, les personnages qui composent le centre du tableau ne semblent pas préoccupés par l’impression qu’ils offrent d’eux-mêmes. Ils ne posent pas, même s’ils regardent tous deux l’objectif. Ils se tiennent très proches l’un de l’autre, leurs bustes manifestement dévêtus chastement  cadrés au-dessus du renflement   de la poitrine de la jeune femme. Ses longs cheveux noirs cèleraient de toute façon son anatomie aux regards irrespectueux, dans le cas inenvisageable où leur portrait tomberait sous  des yeux intrus. Leurs proportions sont parfaites, harmonieuses, une impression de perfection instantanée émane de leurs sourires juvéniles et de la détente abandonnée de leurs regards.

Lui se tient à gauche, de face mais  très légèrement ouvert vers elle, par une légère torsion qui montre l’attache robuste et délicate du cou et de la tête. Une ombre de sommeil traîne encore dans ses iris dorés, son sourire ouvert à demi laisse deviner une plénitude accomplie, un bonheur intérieur accepté, résolu.  Elle a incliné un peu la tête vers lui, mais pointe son menton volontaire vers l’objectif et sa petite bouche aux lèvres rondes et charnues exprime dans la retenue de son sourire une pointe  de malice. Ses yeux étirés  brillent d’un éclat provocant, elle n’a plus sommeil, elle revendique l'aboutissement du moment … Son visage tout entier dit qu’elle est heureuse, de ce sentiment profond et viscéral ressenti par la communion de deux corps, de deux êtres, de deux âmes.  Ces deux-là viennent de  se trouver, de vivre un grand moment, ils ont voulu fixer pour eux seuls la réalité de leur émerveillement amoureux avant que l’appel du jour  ne le disperse.

La photo pourrait être indiscrète.
Elle traduit la chaleur de leurs peaux qui se touchent et ne veulent pas rompre ce contact.
Elle transmet la sensualité et la force du désir qui les a fait vibrer et rouler entre leurs draps comme des galets sous le ressac.
Elle conserve pour les jours à venir, pour les années à traverser, pour étayer leurs joies et balayer leurs peines, la marque indélébile de cette tempête sensuelle qui vient de les révéler l’un à l’autre.
Elle sera peut-être leur phare dans le brouillard des avatars, leur lumière dans la succession des tourbillons qui vont fondre sur leurs vies.
Qui d’elle ou de lui a pensé en premier à fixer le cliché ?
Ils sont si jeunes encore, mais savent déjà que les moments sublimes sont volatiles et qu’il faut bien s’arrimer à leurs reflets pour durer.
Car on vit mieux dans son corps et sa tête, quand le bonheur s’incarne en une image…Avec la grâce et la beauté de leur certitude intime, de celle que les médisants et les pervers, ceux qui n’aiment pas voir leurs semblables épanouis, ne  pourront ni  abîmer, ni voler .
Pris ainsi sur le vif, ils sont  si beaux dans leur bonheur tout neuf !

12/03/2009

Paradoxes

Paradoxes
Des images qu’il ne faut parfois pas croire…
Des circonstances curieuses qui nous permettent de vivre des situations improbables…

À regarder les photos ci-dessous,   où pensez-vous qu’elles ont été prises ?

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- En Bretagne, c’est certain, tu as dû attendre une éclaircie, répondront avec certitude quelques langues  acérées… Mais non, mais non, je vous donne d’autres indices…

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Les palmiers giflés par le vent, se détachant sur le ciel lumineux des jours venteux, c’était dimanche  dernier, à Sanary. La plage était recouverte d’une épaisse couche de varech, le ressac assombri par les suspensions en décomposition, une puissante odeur de mer évoquant les côtes d’un océan plus mouvant.

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Je vous avais prévenus, il y a des images qui font semblant, il ne faut pas toujours s’y fier…

Celui qui était bel et bien là, en revanche, c’est notre Aurel, et c’est lui qui souligne le prochain paradoxe.
- Dis donc, si tu parles de nous sur ton blog,   « ils » vont pas croire que t’étais-là ! Toi, d’habitude, t’es plutôt  belles fleurs et petits oiseaux… Ben oui, la nature et les animaux, ça va  trancher sur tes sujets habituels


En effet,   loin des escapades dans les collines et de la chasse aux espèces rares,   Aurélien nous a invité dimanche à un divertissement qui le passionne. Il nous a emmenés assister aux  séances d’essais de voitures de compétition, différentes catégories confondues. Le circuit Paul Ricard, au Castellet, organisait la première confrontation publique de réglages et Aurel n’aurait manqué ça pour rien au monde. Il m’a même attendri par son enthousiasme manifesté :
- Vous allez écouter les bruits des moteurs, c’est incroyable ces vibrations différentes et particulières
Je suis sidérée et dois avouer ma perplexité : c’est un fait, une Porsche ne fait pas le bruit d’une Corvette, pas plus que le son de la Lola Aston Martin, la vedette attendue de la journée, ne produit le son d’un autre monstre de la même catégorie. Pour ma part, jusqu’à ce jour, j’ai  eu tendance à identifier une voiture par sa couleur, comme il est fréquent chez les citoyennes de ma catégorie, honte à moi et à mes semblables… Aurélien ayant réservé nos entrées depuis Paris, nous voici donc partis de bon matin, ce dimanche, armés tous trois comme de véritables paparazzi. GéO à la caméra, Aurélien branché sur son Konica, votre narratrice indissociable de son Fuji…

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Les tribunes  étaient dressées face aux stand de réglages et ravitaillement, dans la ligne droite après la série de courbes de Bendor,  du village et  du virage du Pont, ce dernier très fermé , obligeant les voitures à ralentir fortement. Les moteurs  ronronnaient crescendo sur la piste, avant de disparaître dans la perspective infinie de la piste, à notre gauche, vers la Verrière. Les spectateurs profitant des passages à l’enchaînement des trois  virages, sur le côté est, puis l’accélération franche sur la portion de droite bordée par le public, avant de disparaître sur l’essentiel de la boucle. Seuls, les feulements différenciés des machines permettaient aux aficionados de déterminer :-  C’est la Subaru, c’est la … Etc.

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Au-delà de la piste, les spectateurs avaient également pleine vue sur les stands de réglages. Inutile de préciser que le ballet méticuleusement réglé des mécaniciens présentait également un  attrait incontournable pour le public, surtout quand une des voitures vedette s'y arrêtait!!! À suivre  les conférences inaudibles qui s'y tenaient, chacun dans les tribunes imaginait les remarques, les ordres, les hypothèses envisagées…
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Un grand merci enfin à l'Auberge du Camp du Castellet, pour la générosité de son entrecôte et l'amabilité de son accueil… Les fervents de compétition automobile y sont reconnus et gâtés à tel point qu'aucun de nous trois n'a pu dîner, malgré la balade nez au vent qui a suivi.
Notre reporter en chef a commis sa vidéo sur You tube, http://www.youtube.com/watch?v=7p78tU-zfK0&feature=em...

Vos reporters en action:
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11/03/2009

Verdon sous le vent

La visite d’Aurélien nous a ravis, comme toujours, d’autant que les nouvelles sont bonnes et chaleureuses. Vendredi dernier, le soleil s’est mis de la partie, malgré le vent coupant, glacial, l’envie nous est venue de prolonger l’album photos du Haut Var, au sud du département des Hautes-Alpes.
Passant par Quinson au-dessus des gorges, nous avons coupé ensuite la trajectoire de la rivière tumultueuse après Saint Laurent du Verdon.  Le  minuscule petit village  possède tout de même son château, austère demeure carrée à deux  étages, flanquée sur  ses angles de quatre tourelles, fermée par un portail aussi impressionnant qu’inutile, au vu des restes anéantis de la clôture. N’importe, le village semblait endormi, replié sur lui-même comme un gros chat attendant la douceur du printemps à venir pour reprendre un peu d’animation.

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Nous sommes alors descendus vers Artignosc, au nom évocateur de mousquetaire plus que d’oliviers, et c’est là que nous  avons franchi à nouveau le Verdon. Les gorges se sont élargies et laissent filer l’eau verte entre les parois abruptes.

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Réfrigérés par la bise, nous  ne nous sommes guère attardés, gagnant un plus au nord Baudinard et le panorama dégagé qui s'offre à la sortie du village. J'ai connu Baudinard il y a presque quarante ans maintenant,et c'est le village du haut var qui me semble avoir le plus changé. La municipalité a retroussé ses manches et éclaté son budget pour polir ses vieilles pierres, encadrer la circulation sur la grand-rue, aménager deux parkings à chaque extrémité de la commune. Confort, calme et sécurité sont maintenant les atouts du village qui a toujours regretté de ne pas tremper ses pieds dans le Lac de Sainte Croix tout proche. Dans les années 70, il fallait tout entreprendre pour profiter de la manne touristique que d'autres sites recevaient comme un don du ciel. Bauduen, Sainte Croix, Les Salles se sont retrouvés sur les berges de la retenue créée par l'édification du barrage EDF sur le Verdon, les habitants de Baudinard ont regardé comme une injustice les camping et les auberges qui ont fleuri à neuf kilomètres! Du coup, le village est devenu "mignon" comme une carte postale, mais il a perdu son caractère de village de montagne, avec ses maisons hautes serrées les unes contre les autres pour se protéger du vent glacial, ses ruelles pentues et mystérieuses, où les habitants à l'année se gardaient de répondre aux interjections joyeuses des rares estivants de l'époque. De nos jours, la municipalité subventionne les initiatives qui attirent les touristes et elle a  contribué à l'ouverture des deux restaurants qui accueillent gentiment et agréablement les affamés en balade.

C'est d'un des parkings aménagés que j'ai capté  ces photos de crépuscule que j’ai plaisir à vous offrir:


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Voilà l'instant merveilleux où le crépuscule nous a cueillis. Les nuages ont d'abord filtré la luminescence du soleil, les couleurs se sont enchantées, rose, orange, violacées, le festival s'est très rapidement illuminé avant de sombrer derrière la barrière de la Sainte Baume, au loin. Et cette sainte Baume qui veille sur Saint Max, s'achève brutalement au bout d'un à-pic gigantesque, caractéristique du Mont Aurélien, justement…

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04/03/2009

Haut Var, suite sans fin…

Aujourd'hui la Provence s'est à nouveau réveillée sous  un ciel d'averses...
Je profite donc de ce repli  hibernatoire pour ouvrir vos écrans à ces quelques images du  paysage de Haute Provence... Celle de Giono et  de ses rudes paysans, celle dont les estivants  ne profitent jamais puisqu'ils parcourent ces hauts plateaux quand les températures moyennes flirtent avec la barre symbolique du 30°C.

Sur les voies qui mènent aux défilés du Verdon, le musardeur peut emprunter divers parcours, qui offriront  tous des points communs : les routes serpentines, les villages en haut des pitons, signalés par les campaniles ferronnés et leurs places cernées de Platanes, dénudés encore à cette période. Et puis, au détour d'un virage, on débouche sur un plateau, l'horizon s'ouvre brutalement sur la barrière montagneuse, et son panachage de nuages et de neige.
Au débouché de Montmeyan, par exemple, le spectacle est toujours aussi étonnant. On a beau savoir que le fond du décor est à soixante ou quatre-vingts kilomètres, on a toujours envie de tendre la main pour caresser les cristaux qui luisent là-haut. Ensuite, que l'on monte sur Quinson ou que l'on choisisse le ruban droit d'asphalte qui mène par Régusse, on sait qu'on va perdre de vue quelques instants la trame rocheuse, mais les dinosaures pierreux guettent notre avancée et nous rattrapons rapidement leurs silhouettes endormies, figées contre le bord du cadre.

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Parfois, le maquis dévoile de nouvelles coiffures, brossées par l'âpreté du vent, tandis que les roches dénudées filent à la poursuite du saupoudrage neigeux bravant l'évaporation.

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Le cirque entrevu avant l'arrivée aux Salles

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Nous redescendons alors vers le lac de Sainte Croix,sur la  berge sud-est, dans sa poche extrême vers Aiguines et décidons d'une halte aux Salles du Verdon, territoire ancestral de transhumance, comme en témoignent ces moutons de pierre, déposés là en hommage à un style de vie qui ne veut pas disparaître, et que la  lente réflexion des hommes parviendra peut-être à maintenir, malgré les mouches, les odeurs, les ralentissements du trafic...

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Admirez le soleil dorant ces croupes familières

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Et le niveau du lac,étonnamment haut pour les habitués des berges  en basses eaux :

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Tandis que, gardien d'un troupeau intemporel,   GéO médite sur le frémissement des risées, quelques voiliers s'aventurent...

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Je me suis laissé rattraper par le monde moderne,

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Sur la route du retour, les évolutions  d'un drôle d'oiseau captent notre attention

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Nous bifurquons alors vers Valensol, et je   vous laisse sur ces images sidérantes,

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02/03/2009

Aups, nez en l'air et truffes dans l'assiette…

Le mois de Février est un mois chargé d’émotions successives, c’est Notre mois.
Entre l’anniversaire de GéO et le mirifique week-end que je vous ai conté hier, nous avons eu la joie de recevoir Anita, Christophe et leurs trois muses adorables. Quel plaisir d’assister à l’éclosion des jeunes pousses en les retrouvant ainsi de loin en loin…

Satisfait de retrouver notre calme après les ardeurs dépensées en rituels festifs, GéO a concocté pour ma journée, jeudi dernier, un petit raid au pays de la truffe. Chez nous, en Provence (notez ici l’apparition insidieuse d’un nous cocardier…), Le Marché aux truffes, c’est à  AUPS qu’il se trouve. Les pépites noires s’échangent encore à prix d’or de Novembre à Février sur la place de la collégiale Saint Pancrace, la seule église de France,   à ma connaissance qui porte toujours sur son frontispice la devise LIBERTÉ ÉGALITÉ FRATERNITÉ. … Témoignage insolite du vécu régional, aux rapports complexes entre laïcité et patrimoine religieux, l’inscription de la devise nationale a été apposée en 1905, lors de l’application de la loi de séparation des biens de l’Église et de l’état. Un siècle plus tard, ne voyons-nous pas ressurgir le débat, élargi à d’autres influences religieuses certes, mais toujours aussi vivace et viscéral.
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Panorama à la sortie d'Aups : ne dirait-on pas un paysage toscan ?

 

Aups demeure une magnifique petite cité du Haut Var. Au-dessus de  Barjols et ses multiples fontaines, le pays du Verdon est parsemé  de villages haut perchés, où persistent les vestiges de périodes anciennes.  L’Histoire reste  écrite dans les pierres, comme dans beaucoup de provinces. Nous nous sommes amusés à dénombrer quelque treize tours, campanile et clochers visibles depuis la route de Régusse  d’où l’on surplombe une bonne partie du site.   Après une halte gustative à L’Aiguière, minuscule restaurant dont la spécialité est, bien entendu,   la brouillade aux truffes, fort généreuse en pépites savoureuses, nous avons parcouru un moment les rues tortueuses du centre, avant de reprendre la voiture, profitant de l’ensoleillement pour fixer sur nos objectifs quelques vues du panorama.

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Petit coup d'oeil sur la façade du fameux Couvent des Ursulines, qui abrite de nos jours le musée de peinture  Simon Segal,

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et le jardin  du prieuré qui recèle encore le tombeau des ducs de Blacas.

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Prises au hasard de notre promenade, voici encore  quelques vues de la ville qui témoignent du pittoresque de la bourgade : le lavoir, la demeure bourgeoise et son cadran solaire, très coloré.

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Le lavoir

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Les rues et passages

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Quand on sait combien l’eau est précieuse dans ce beau pays, le lavoir, la fontaine accolée et sa place représentaient sans nul doute le lieu des rencontres obligées de toutes les activités.

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28/02/2009

La Fête…Surprise!


Vient enfin le moment où tout a été consommé,
Les événements espérés, accomplis, ont intégré la Réalité
Vécus en toute plénitude, savourés à la valeur de l’Instant Présent,
Il m’appartient enfin de les transformer en souvenirs vivants.
Et livrer  enfin à ces  pages virtuelles le récit véridique de cet épisode festif.

Genèse de la fête.

Au début, quelques remarques, en sourdine, ont  distillé  une complainte imprécise.
- Mais j’ai plus vingt ans, tu comprends…,
- Tu ne t'en rends pas  vraiment compte, mais j’ai bientôt soixante-dix ans !
- C’est que je vais avoir soixante-dix ans, quand même !

Nous étions  encore dans le bel automne; l’hiver et son incontournable anniversaire semblaient bien lointains, mais le saupoudrage des petites observations m’a alarmée. Il semblait bien que mon Homme, sans vouloir l’avouer le moins du monde,   subissait le syndrome du passage à la décennie suivante. Évidemment, GéO n’est pas Benjamin Button, et pour lui comme pour la grande majorité du genre humain, les années déposent subrepticement de petits fardeaux, en apparence anodins. Seulement l’addition se compte un beau jour en fatigue plus rapide, en  pondération des enthousiasmes quotidiens, en sagesse annoncée qui ressemble au  masque d’une distanciation imminente à la marche du monde… 
De toute évidence, c’est à ce moment qu’il faut lutter, ne pas lâcher prise, s’accrocher à la manche du Grand Patron qui établit le cours de nos heures et l’obliger à regarder ailleurs…
J’ai réglé ma petite pendule à projets sur le 17 février et j’ai vagabondé intérieurement à la recherche de solutions pour aider GéO à sauter par-dessus l’échéance, à tourner la décennie, pour reprendre la savoureuse expression de notre ami Hans.

Consultée la première,Caroline, sa fille, a bien reçu l’ idée d’une visite surprise. La consultation du calendrier a débouché sur la date du week-end dernier, afin que son frère nous rejoigne avec ses enfants pendant le petit créneau des vacances communes aux deux zones… Voilà pour la structure…
Me restaient les contingences habituelles :  comment loger tout ce beau monde, en plein hiver, sans le secours du Pool House ? … Mais la providence fait bien les choses, ça s’est résolu en un parfait chassé-croisé, l’occupation des lits façon bannette chaude, comme dans les sous-marins, paraît-il… Même si j’ai un sacré don pour me ficher sur le dos  des défis  et des contraintes, je dois reconnaître que ma petite étoile perso a toujours été d’un grand secours pour trouver des portes de sortie, parfois réduites aux  trous de souris, mais Géo n’y a vu que du feu.…Jusqu’à l'instant où j’ai lâché la bourde fatale, ça va de soi… Sur ce point, j’ai bien envie de vous laisser un peu languir, on va feuilletonner…



Un cadeau bien mérité.


Un second fil rouge m’a semblé également judicieux, connaissant mon GéO sur le bout des doigts… et des orteils, sachons rester pudique. Pourquoi ne pas transformer  l’inévitable bilan décennal en partage d’un miroir biographique? GéO se montre, à juste titre, très fier de son parcours personnel autant que  professionnel. Bâtir une petite plate-forme pour poser tous les jalons d’une existence bien remplie, riche d’anecdotes piquantes et passionnantes, mêler textes brefs (si, si, je peux) et photos évocatrices… J’étais certaine que ça pouvait le faire, autrement mieux qu’un ixième gadget commercial…
Seulement voilà,   je suis mariée, appareillée, avec l’Homme le plus envahissant de la planète… Même mes séjours aux toilettes sont repérés d’un tonitruant  « T’es où ? » auquel je me suis habituée, je crois même que cette sollicitude affirmée jusque dans mes retranchements hygiéniques a contribué à étancher ma soif d’amour… Enfin, ces détails à vous confiés pour souligner l’ampleur du défi : dans ces conditions, fouiner dans le carton de photos anciennes, prélever les clichés significatifs, élaborer ma maquette, mes commentaires, imprimer et relier ces quelque trente pages… Nos deux bureaux étant  face à face, imaginez les stratégies fines construites à l’emporte-pièce pour  l’empêcher de contourner les meubles, venir jeter un simple coup d’œil sur mon écran, histoire « de déposer juste  un chaste bisou » sur mes lèvres ou ma nuque, évidemment, … retenir les élans de tendresse qui le conduisent à apporter sa contribution, indispensable et  salutaire assurément, à mes modestes entreprises. Que d’inquiétudes et de culpabilité refoulée pour mon apparent détachement !
Convenons-en tout net : GéO a été une fois encore, en tous points, FORMIDABLE !!!
De ces catastrophes pressenties, il n’y en a eu aucune! Surprenant, mais véridique.
GéO a accepté héroïquement de descendre seul faire quelques courses au village, il s’est bien parfois  impatienté de mes descentes trop tardives du bureau en début de soirée, mais il a prolongé stoïquement ses plages de lecture, bien content au fond de résorber  le retard du décryptage des cinq ou six magazines hebdomadaires auxquels il est abonné. Il y a bien eu quelques moments chauds, où j’ai fourré hâtivement les clichés  dénonciateurs sur mes genoux, sous le sous-main, quitte à ramasser les pièces  tombées dès qu’il avait tourné le dos. Au cours de cette redoutable épreuve, ma Providence s’est appelée Tournoi des six Nations. Deux fois quatre-vingts minutes de parfaite tranquillité pour alterner plongée dans les archives, scanner et mise en page ! Comme c’était « cool » !
N’empêche, le 16 au soir, avant 20 heures, j’ai achevé la reliure et les petits rubans, empaqueté mon chef-d’oeuvre  sur le lutrin de salon acheté pour l’occasion, et descendu le résultat de ma machination sans avoir  trahi mes desseins. Ouf…

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Revenons une petite fois encore à la fête, ou plutôt à sa préparation : Arrive le moment où il faut bien justifier les quantités considérables de nourriture dont je projette l’achat et la transformation culinaire, je  me résous à dresser un tableau succint des réjouissances prochaines, en conservant tout de même l’essentiel du secret. Me voici donc, la maligne, justifiant  la comparaison des deux foies gras puis l’entrée de poisson, avant le plat de résistance. Et GéO de remarquer, puis d’insister franchement :
- Mais enfin, avec deux foies gras, pourquoi veux-tu à tout prix préparer du saumon, si on est quatre à déjeuner !!!
Tant et si bien qu’est arrivé le moment où, stress et fatigue sans doute, j’ai lâché inconsidérément :
- Mais c’est pour ton petit-f…
Trop tard! GéO, qui n’est pas si bête, a terminé ma phrase :
- Ah mais mon petit-fils qui ne mange pas de viande, c’est Guillaume ! Si Guillaume est à table avec nous dimanche, c’est que ses parents sont là aussi… Donc, on attend les Strasbourgeois !
Eh oui, si jamais végétarien a enquiquiné son monde, c’est bien celui-là, qui m’a poussé à anéantir mes propres ruses !!!

N’empêche, la victoire m’est revenue quand Philippe est arrivé pour déjeuner le samedi ! Entre-temps, j’avais résisté bravement à tous les pièges, toutes les astuces, tous les « je prêche le faux… » …
S’il est vrai » qu’à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire », ma situation n’a pas été si Cornélienne après tout. Et la fête a laissé sur nos murs l’écho du Bonheur.

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17/02/2009

17 Février 2009

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Pourquoi croyez-vous que MON Copain s'entraîne ainsi???

Eh oui, il manifeste sa joie de picorer les restes du foie gras que je viens de concocter avec amour et goût du rique pour fêter dignement les SEPTANTE ANS  de GéO… Magnifique, non?

Je vous disais que ce chien a quelque chose d'Humain.

 

Quant à la surprise qui a dévoré tout mon temps libre et m'a empêché d'alimenter gouttesdo,

Voyez la tête de GéO ce matin, quand il a trouvé son paquet sur l'oreiller… Je suis comblée par les lumières qui allument ses mirettes!!!

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