27/07/2008
En attendant les enfants…
J’ai terminé hier soir un roman dont j’avais entamé la lecture sans enthousiasme, un peu par devoir, alors que c’était un achat coup de cœur, dans une station- service autoroutière, autant dire une rencontre de hasard.
Le titre m’avait accroché pour son clin d’œil à une situation familière : On attend les enfants.
Aujourd’hui je vis encore cette situation. On attend les enfants, c’est le constat commun aux exilés de leur progéniture, le signe particulier de nombreux cinquantenaires et plus, qui ont vu leurs rejetons adultes quitter le nid, fonder leur famille ou ancrer leur territoire aux antipodes. Ils se confrontent alors à l’éloignement géographique et affectif de ceux qui ont été leur principal moteur durant plusieurs décennies. D’étés en fêtes de Noël, ils goûtent cette attente particulière d’un rendez-vous affectif éloigné. Ce que ne peuvent ressentir les tribus groupées qui, de dimanches autour de la table familiale en substitutions de nourrice, n’ont pas l’occasion de se créer ces espaces imaginés d’affection. Comme l’absence, voulue ou subie, développe ce sens subtil de l’accompagnement mental, que l’un d’eux vive un grand moment ou se heurte à un tracas, nos neurones se mobilisent en sourdine pour soutenir et accompagner la situation. Et, parce qu’On sait fort bien qu’il faut les laisser vivre et assumer leur choix, On s’abstient de téléphoner tous les soirs, sauf en cas de crises graves avouées, On veille à ne pas s’introduire dans le mitan de leur intimité, On se garde d’imposer notre regard trop compatissant qui alourdirait encore le souci. De sorte que c’est la spontanéité du rapport qui pâtit de la discrétion volontaire de ce On qui voudrait si bien faire !
Au début du roman, c’est la forme de l’écriture, volontairement dépouillée et linéaire, qui m’a un peu gênée et justifié ce peu d’intérêt pour les deux ou trois premiers chapitres. Madeleine Chapsal s’emploie à créer un rapport intimiste, sans construire un journal, elle cherche à nous introduire dans le déroulement mental de son personnage. Il faut donc franchir ces premières pages pour apprécier le suc de ses pensées, et ressentir comme l’écoute d’une conversation intérieure ce souci de préserver le positif de toutes les situations alors que l’on frôle à chaque instant la fragilité des rapports humains, le risque de la mauvaise compréhension, la déception ouverte ou la défaillance de la vieillesse. Cette femme solitaire se bat contre elle-même en se forgeant un alibi fragile : elle s’occupe de son père âgé en projetant sur lui ses propres attentes. Ça, Madeleine Chapsal se garde de trop le montrer, mais l’évolution de son héroïne renverse heureusement la dérive : Margot comprend qu’elle doit se détacher de ses amarres hautes et basses, pour mener sa propre barque vers Son bonheur personnel, cheminement philosophique pour lequel elle a sous-titré son roman Une réflexion sur le bonheur.…
Voilà l’intérêt de ce livre, que je quitte comme on raccroche le téléphone après une longue conversation amicale entre ami(e)s. Il en reste un lien ténu mais persistant, qui accompagne notre humeur et donne le sentiment d’être en phase, compris par quelqu’un, là-bas, pas si loin, quelqu’un dont On attend le prochain appel, la visite annoncée, la note dans un blog, la bouteille à la mer qui trouvera son écho quelque part…
On attend notre Audrey et Sébastien, ce ciel lumineux et implacable traduit notre joie anticipée de les retrouver, sans inquiétude, dans la sérénité de cet après-midi estival. Ma grande hâte se niche dans l'imaginaire des jeux à partager avec Copain et de la sortie projetée en mer…
Références: On attend les enfants de Madeleine Chapsal, édité chez Arthème Fayard en 1991, nouvelle édition chez Succès du Livre éditions
17:34 Publié dans Sources | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : lecture, littérature, livres, seniors, écriture, famille, madeleine chapsal | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
15/07/2008
L'Homme au chapeau et à la carabine…
On dirait qu’il s’est caché sous l’ombre de l’arbre.
Ça doit faire plus d’une heure maintenant qu’il est tapi sur son vieux fauteuil, quasi immobile, le visage dissimulé sous la double pénombre du chapeau et du Mûrier.
Les jambes semi allongées devant son siège, les bras reposants sur les accoudoirs blancs qui tranchent sous le hâle prononcé de sa peau, le torse nu, luisant de sueur. Du haut de son corps, de sa tête, on ne perçoit que le tissu verdâtre du couvre-chef, posé là comme pour masquer son regard de chasseur.
John Wayne domestique, il adosse sur ce vieux siège sa silhouette massive, moins tassée par les ans que par sa volonté de marquer son ascendant sur ce bout de terre rongée de chaleur. Son immobilité dresse une barrière tacite entre les femmes qui s’agitent dans la maison et sa veille hiératique sous l’arbre unique de ce coin de jardin.
L’air s’alourdit encore à mesure que s’égrène le temps de cette matinée torride.
Quelques mouches bourdonnent autour de lui, il n’y prête aucune attention, pas même quand l’une d’elles se pose effrontément sur son coude et entreprend insolemment la descente de son avant-bras. Elle progresse vers sa main, légère, effleurante, chatouillante. Il attend la dernière limite de l’insupportable avant de lever brusquement son poignet, décollant son bras tout entier de l’engin qui barre sa poitrine ruisselante. Dans la pénombre du feuillage, éclaircie un bref instant par une brise ténue, la crosse en bois dévoile la teneur de l’objet qu’il berce ainsi silencieusement depuis si longtemps.
Calée par son genou droit et l’accoudoir du fauteuil, la carabine repose comme un enfant sur son torse, embrassée par ses mains jointes. S’est-t-il assoupi ainsi, comme une mère exténuée d’avoir bercé son bébé jusqu’à l’endormissement ? S’est-il seulement imprégné des souffles brûlants de l’été et des bruissements des insectes ? S’est-il plutôt retranché de la société des hommes et de leurs vaines occupations communes ?
L’homme est seul, immobile, silencieux, abandonné dans l’ombre feuillue à l’emprise de ses sombres desseins.
Car, si l’œil de l’observateur zoomait subrepticement sur la silhouette figée là-bas, une foule de détails à peine perceptibles trahiraient l’extrême tension du chasseur. Posté depuis le début de la matinée, il guette patiemment l’ennemi, attentif à ne pas trahir sa présence et la menace qu’il fait peser sur ceux qui nuisent à sa tranquillité.
Il s’est établi veilleur et gardien, défenseur du lieu et sa stratégie de sentinelle se fige dans l’attente de l’attaque.
Il a admis qu’il devra patienter longtemps, résister à l’impérieux besoin de se dégourdir, à la soif et à la chaleur, mais après ces dernières semaines d’attaques sournoises, de faits accomplis insidieux, de dégâts furtifs, il s’est levé déterminé à en finir une bonne fois pour toutes, quel qu’en soit le prix.
Et le voilà à son poste, sourd au chant des cigales, indifférent au léger clapotement de l’eau dans la piscine toute proche, inaccessible aux bavardages confus qui bruissent de la maison et rebelle aux appels l’invitant à se rafraîchir.
Dans cinq minutes, un quart d’heure tout au plus, il sait qu’elles reviendront, les sales bêtes, elle remonteront du haut de la colline et passeront par-dessus la cime des Rouvres, marqueront sans doute une halte dans la ramure du grand chêne blanc, derrière la haie de la piscine, puis en chœur, en duo charmeur, elles viseront leur étape suivante, l’antenne râteau qui trône encore sur le pignon, à l’aplomb de la terrasse, balançant avec mépris leur fiente dégoulinante sur le seuil de la cuisine.
Alors, et alors seulement, certain de punir les vraies coupables, il épaulera lentement son arme déjà chargée de cartouches au gros sel, il visera calmement, sûr de son bon droit, et si la chance est avec lui et ne brouille pas son regard perçant par une goutte de sueur traîtresse, il fera voler quelques plumes de leurs queues…
Les pies alarmées par cette attaque inattendue se passeront le mot, alerteront leurs escadrons multiples du danger de cette halte, et l’armée entière des dames noires s’exilera quelques jours, quelques semaines peut-être, laissant la place aux pigeons et tourterelles avides de les remplacer, jusqu’à ce que notre chasseur reprenne son poste et défende son territoire.
Dieu, que le combat de l’Homme et de la Nature est éternel!
16:55 Publié dans Conte-gouttes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : récit, écriture, nature, animaux | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
07/07/2008
Copain d'O
Pour fêter dignement et convivialement notre 7ème anniversaire de mariage, (eh oui! ça passe vite, d'autant que GéO ne manque jamais d'effectuer le compte à sa façon: sept ans chacun, ça fait quatorze !) je vous offre de partager un grand moment de notre passe-temps favori.
Les séquences ont été tournées sur une dizaine de jours, ce qui explique que la silhouette de copain évolue. Il grandit très vite, et alors qu'il s'est installé sur mes genoux pour visionner le résultat de la compression ce matin, je réalise qu'il tient à peine sur mon fauteuil, et qu'il va devoir abandonner cette posture pour les câlins-bureau. J'y gagnerai en aisance d'accès au clavier, soyons réalistes, ce que je vais perdre en moment chaudoudoux.
Il semble suivre ses propres aventures avec une attention soutenue. Décidément,nul n'échappe à son époque, même nos petits peuples s'accoutument à la télé-réalité ! Esclave de la caméra, Cabot comme pas deux, Copain inscrit son destin dans le courant du XXIème siècle.
Copain, descendu de mon fauteuil, s'est couché sur mes pieds, ce qui montre suffisamment la rancune qu'il nous voue.
Une remarque qui nous amuse sur son caractère manifestement tendre: il joue volontiers avec GéO, Père Nourricier s'il en est, mais dès que j'entre à mon tour dans l'eau, il se niche dans mes bras et liche abondamment mon visage. Se peut-il qu'il fasse un rapport entre l'eau et l'élément tendresse? Comme un enfant, il nous attribue un rôle différent, est-ce une réponse à nos comportements particuliers ou à nos natures homme et femme?
Avertissement aux spectateurs: Le film ci-dessous a été réalisé sans trucage ni barbarie, ceci pour rassurer les amis de B B et autres censeurs.
10:24 Publié dans goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : animaux, téléréalité, vidéo, eau, jeux, piscine | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
01/07/2008
Biscuits pour bébés
Dans la chaleur de cet été commençant,
à l'ombre des spots et du regard des parents,
naissent des amitiés solidaires et des partages compatissants.
Anaïs et Copain se sont bien compris et n'était la vigilance permanente des parents,
ils nous offrent subrepticement un exemple de partage où rien ne se perd…
12:45 Publié dans goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : été, amitiés, bébés, animaux domestiques, visites | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
30/06/2008
Prémices estivales…
L'été est arrivé brusquement, presque brutalement après le dernier orage précédant l'arrivée de Marie-Geneviève…
Avec ce séjour attendu, les festivités se sont tout à coup bousculées, comme si la chaleur avait attiré tout ce beau monde autour de la source de fraîcheur…
Le regard d'Anaïs pointe d'ailleurs l'appel à la piscine, ou au buffet, allez savoir, Anaïs ne recule jamais devant une bouchée , salé ou sucré, elle expérimente à plaisir tout ce qui se déguste.
Mathis ne dément pas son attrait pour l'eau et les engins, il est à son affaire dans l'élément liquide, même si son mentor affiche quelques signes de fatigue, rien ne lui fait peur, pas même de transformer une des chaises longues en plongeoir…
Les retrouvailles avec Marie-B sous les auspices d'une visite familiale, Marie et Inès n'ont pas boudé la piscine, nous non plus et la journée a passé bien trop vite à mon gré.
Et encore cet adorable petit Henry qui découvre avec ses parents et grands-parents les joies du grand bain associées aux plaisirs de la plage, à l'ombre. Zuko a volontiers cédé son poste d'observation, débordé par la foule dans et autour du bassin.
Marie-Geneviève est repartie hier, abandonnant dans son sillage une petite touche de nostalgie et beaucoup de bons moments, souvenirs et échanges profonds, plongeon du bateau (!) et découverte de La Calabrette, petit restaurant de Nans les Pins.
12:53 Publié dans goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chaleur, piscine, amitiés, chronique, écriture | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
26/06/2008
Torpeurs…
Que faire d'autre?
Les maîtres sont occupés, les visites se succèdent , il y a trop de monde pour nous …
Le perron du bureau offre un havre de calme
Quelques minutes volées où nous veillons sur la tranquillité des lieux…
Zuko prend tout de même quelques risques en accompagnant les maîtres au bord du bassin:
Copain réfléchit , teste…
La suite… il semble y prendre goût!
12:35 Publié dans goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : été, animaux, chaleur, sieste, copain | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
17/06/2008
or-chidées or not -chidées
Depuis que Pierre a tenté de nous apprendre à repérer les Merveilles de la Nature , nous nous exerçons à garder nos yeux ouverts, et le travail n’est pas mince !
Samedi dernier, nous voici donc en route pour aller dîner chez un ami, sur une route que nous n’avions pas empruntée depuis fort longtemps. L’itinéraire est sinueux, la voie étroite bordée de talus abrupts et luxuriants, après ce printemps exceptionnellement pluvieux. Les coquelicots fleurissent partout, les genêts mêlent leurs ors vifs au rouge et vert, quelques chardons et asters sauvages complètent la palette, c’est un régal, à cette heure vespérale où la lumière illumine le tableau.
Tout à coup, je repère un mauve nettement plus vif, et signale à GéO les bouquets mirifiques qui tapissent le talus. Il ralentit, observant sur cette petite route déserte le spectacle qui s’offre à nous.
Comme nous n’avions pas prévu l’appareil à portée de main, nous avons remis au lendemain les témoignages de ces découvertes, échafaudant entre-temps quelques hypothèses au vue des formes spécifiques de nos fleurs.
Nous sommes encore ignares, autant se servir d' outils modernes pour dégrossir le travail de repérage… Bien en prend à GéO, puisqu’en quelques clics avisés, il parvient à établir un tableau comparatif de nos découvertes.
La fleur colorée vivement et regroupées en grappes serrées :
la forme ensachée des pétales :
la tige particulière, ligneuse et lianescente, enserrée dans une gangue plate :
Foin de nos orchidées sauvages inconnues, espèce unique de ce biotope, découverte par GéOde, et que nous pourrions baptiser de nos délires !!!
Ces admirables bosquets qui bordent les talus de Bras et ses environs, et nous n’en n’avons repérés qu’à cet endroit pour le moment, ce sont certainement des pois de senteur, sauvages évidemment, mais parfaitement répertoriés, identifiés…et cultivables dans tous les jardins de France et de Navarre…
Et les véritables orchidées, me direz-vous, que deviennent-elles?
Notre petite dernière, la timide du fond du sous-bois, n'en finit pas de former sa hampe… La voici qui commence à peine à montrer son coeur et sa carnation, continuons de l'apprivoiser sans la déranger, si le dieu de nos canidés veut bien protéger sa faible constitution contre les jeux et les besoins de Copain
…
15:22 Publié dans goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : nature, orchidées, environnement, fleurs, écriture | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
09/06/2008
Petit Peuple
Repliés souvent à la maison ou au bureau pour cause de pluies orageuses, nous poursuivons notre observation assidue de l’adaptation de Copain à son nouvel habitat.
Tout d’abord, à la demande de sa « mère « de naissance, nous l’avons descendu au marché mercredi dernier. Apprendre la marche en laisse à ce petit chiot d’à peine trois mois, c’est une sinécure! D’autant que ce jour-là, Saint Max s’est mis en habit d’été et les allées recèlent de très nombreux obstacles. Passants distraits par les marchandises, femmes en grande conversation stationnant au beau milieu des travées (c’est une grande spécialité ici, faire salon debout, sans entendre les « pardon » qui réclament le passage), autres chiens de compagnie, habitués du parcours mais toujours curieux de reconnaissance quand passe un museau inconnu. Notre chevrière s’est montrée émue de retrouver son « Copain » et nous avons constaté qu’il l’avait instantanément reconnue. Ils se sont fait une sacrée fête !
Zuko et Copain sont maintenant parfaitement habitués à coexister, il arrive même que le petit dorme carrément dans les pattes de l’aîné, partageant leur espace sans difficulté. Chacun d’eux a sa gamelle personnelle, une grande pour Zuko, celle de diamètre plus modeste a été dévolue à Copain. Croyez-vous que le » petit bout de zan » soit le moins du monde intimidé par la taille impressionnante de l’Ancien ? Quand je m’approche avec les restes de nos repas à répartir, Copain saute sur mes jambes, réclamant par moult bondissements et frétillements de la queue l’accès prioritaire au plat prometteur… Il me faut insister :
–Zuko d’abord, Zuko, viens …
Notre bon gros benêt, toujours tenté par ce qui s’avale, s’avance, mais à notre grand étonnement, les manifestations du désir de Copain le freinent, et il cède la place. Il me faut alors pousser carrément le petit de côté, et parfois GéO doit intervenir pour que Zuko revienne à la dégustation… Pendant ce temps, je fournis au petit fripon sa portion, avalée en plein vol, si rapidement que le vorace se retrouve le nez dans la grande gamelle alors même que Zuko y tire encore sa grande langue au nettoyage appliqué des moindres traces de sucs.
Gros-Mimi en revanche se montre d’un abord nettement plus réservé, voire encore très distant. Il nous est arrivé d’intervenir en entendant les grincements et crachotements peu amènes qu’elle profère contre l’inconscient diablotin. Un matin, nous entendons d’abord un « kaï, kaï » urgent de Copain, tandis que par la vitre de la porte de la cuisine, je vois la petite boule noire se faufiler entre Zuko et la porte, passage très étroit car le berger s’allonge habituellement sur ce seuil, au plus près du contact des maîtres. Intriguée, je m’approche, imaginant dans un premier temps que Zuko s’est défendu contre le harcèlement câlin de son compagnon. Que nenni ! À l’opposé de la terrasse, Gros-Mimi s’est dressée sur la desserte du barbecue, fixant les deux chiens sans la moindre aménité! C’est la première fois que j’observe un regard félin aussi pugnace. Elle vit plutôt placidement, indifférente à tous, sauf à son maître adoré et à Zuko, son frère de lait pratiquement, qui peut tout lui faire, en particulier de longues grosses liches sur le cul, en toute intimité et sans fausse pudeur… À cet instant, nous sommes loin de telles privautés, Gros-Mimi a arrondi son dos, gonflé ses poils déjà impressionnants au naturel, elle fixe méchamment la porte et les deux carpettes velues allongées devant. L’avertissement donné sans frais, oublieuse de sa remarquable corpulence, Mimi bondit sur le sol et entreprend une véritable marche d’assaut vers nos deux compères. Le spectacle est impressionnant : d’une patte à l’autre, le tonnelet tricolore roule à la suite de sa belle tête léonine, la queue redressée, les oreilles pointées en avant, le regard fixé tel un grappin sur la cible… Laquelle geint et contourne son protecteur au fur et à mesure de l’avancée, cherchant manifestement une voie de sortie plus sécurisante. Dans son affolement, il ne pense pas à nous derrière la vitre, mais envisage manifestement de gagner les marches et l’accès au jardin, où GéO a déjà assisté à une jolie course à l’échalote comme celle qui se prépare.
Ce qui nous sidère, c’est la stratégie manifeste des belligérants! Autant Zuko reste serein face à la charge qui se rapproche dangereusement,( il nous semble entendre le tambour rouler tandis que les zébrures du pelage ondulent vers l’objet de la vindicte), autant la « victime » s’affole et gémit, confrontée à deux nécessités urgentes : soit il s’enfonce sous les dalles de la terrasse et se cache sous le carrelage, soit il prend son envol et se propulse dans le jardin, loin des griffes et dents ennemies. Au lieu de ces miracles escomptés, ce sont les maîtres qui jouent aux dieux lares, protecteurs du plus faible et restaurateurs de la Pax Familiae. Il est temps, Copain affolé a uriné sous lui, et Zuko n’en manifeste aucune gêne. Dans l’histoire, il l’a joué neutre.
Dimanche matin studieux au bureau, j’entreprends de remplir les papiers de suivi de ma commande Wonderkitch’ de la veille. Eh oui, comme je « travaille », il faut bien suivre le mouvement, autant m’en débarrasser le matin pour suivre allègrement une finale Nadal- Federer que j’escomptais plus combative… Installée à mon bureau, je trie et recompte chèques et bulletins de commande, quand le petit bout de museau noir se glisse entre mes jambes, tandis que mon fauteuil s’ébranle sous les efforts du coquin pour se hisser sur mes genoux. J’ai compris ce qui m’a séduit chez Copain, ce comportement complice et sans complexe, à parité avec l’humain, il appartient à l’espèce des communicants. Zuko possède aussi cet art de la conversation, de regards enamourés en liches soufflées à l’oreille, comme Vulcain et Cannelle. La plus exigeante, mais aussi la plus personnelle demeurant sans conteste Eurydice et ses causeries impossibles à interrompre, elle savait exprimer tout ce qu’elle avait sur le cœur sans nous laisser loisir de s’échapper…
Bref, voici mon Copain installé sur mes genoux et mettant son grain de sel dans mes papiers. Doux moment dont il faut profiter bien vite, car au rythme où il dévore ses portions et au vu des photos sur les sites consacrés au dogue du Tibet, ce ne sera pas jouable très longtemps…
Un dernier mot pour souligner comment l’éducation se transmet naturellement par l’imitation : Copain singe parfaitement les attitudes et postures de son aîné, et nous sommes toujours amusés de contempler les deux compagnons, Laurel et Hardy de la maisonnée, alignés dans la même attitude…
Rien ne décourageant notre curieux, par imitation sans doute, car pour l’appel de la nature, il est encore trop tôt, le voilà qui s’approche sans bruit de Gros-Mimi abandonnée sur la terrasse, et se met à lui appliquer le traitement de faveur emprunté à Zuko : profitant de la queue en panache de notre demoiselle, il entreprend ce que nous appellerons donc un nettoyage du fumet… La belle, habituée, se laisse faire, détendue, profitant de l’instant, …Jusqu’au moment où elle tourne la tête pour remercier son bienfaiteur. La réponse est rapide, instinctive : sa patte se détend et le polisson penaud se rétracte, non sans gémir sous l’effet du piquant de la griffe… Qui s’y frotte s’y pique, il n’est pas si aisé de s’installer en vainqueur dans le cœur de Gros-Mimi !
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