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12/10/2008

Venimeuses

Ou encore:
"Ce que Carla doit endurer!"*


Longtemps sourde muette et aveugle à ce si puissant ressort humain, j'ai attendu ma cinquième décennie pour m'y frotter le cuir…Et alors là, je vais vous dire: ça pique, ça racle, ça mord et ça brûle. En un mot ça agace et ça détruit.
Oh les situations sont multiples! J'ai caressé un temps l'envie tenace d'en dresser un répertoire, une suite de "Caractères" en belles Lettres, celle-ci avec ses amitiés inventées, celle-là avec l'inventaire de ses vacheries distillées au compte-gouttes,parfois par personnes interposées, celui-là encore avec ses envies et sa mauvaise foi, toutes les remarques hypocrites et les ficelles coupe-jarret.
Et puis à quoi bon tomber dans le piège de leur accorder tant d'importance, à ses faux dévots de l'amitié, à ces pissent-vinaigre familiaux, à ces despotes racornis sur un rêve d'allégeance, fondé sur qui, sur quoi?
Tout est prétexte aux jaloux: une amitié qui se crée sous leurs yeux, quelques kilos de moins sur les hanches qui pèsent sur le coeur en face, quelques compliments trop publics, un meuble en héritage ou même un malheur dont on parle et un Bonheur qu'on reconstruit, crime suprême!… La palette est vaste, infinie pourrait-on dire, et presque personne n'y échappe.
Alors sans règlement de compte particulier mais dans le but bien défini de jeter la coupe au loin et de me débarrasser des scories de ces jalousies larvées qui grouillent sous nos pavés, je me suis amusée un brin et bois la lie: je confie mon délire à la toile, si ça vous amuse, c'est parfait mais éphémère, , si ça vous lasse, fuyez, ça ne vous rattrapera pas…

De tous les fléaux de l’Humanité
Le plus écoeurant, Ce Virus infâme
Logé au coeur, il pourrit les âmes
Tare les fratries, gâte les amitiés
Se joue de nos amours, ficelle nos peines
De ses recettes "Querelles pleines."

Sur son chemin, muni de deux outils
Bien aiguisés, parés et apprêtés,
Il darde ses aiguillons, ses flèches
Empoisonnées comme des pointes sèches
Au plus profond des liens régentés
Par la tyrannie de Haine ressentie.

Dès le berceau on l’a vue réagir
À la bile du nouveau- né, son fiel
Ajouté, débordant sur ses frères
Son haleine surie, ses jeux pervers
Instituant leur devoir potentiel
« À la Petit’ vous devez obéir!»

Calomnie et Zizanie pour amies
Elle s’entoure d’une volée d’ennemies
Aveuglées de médisances choisies
Bonnes paroles, mensonges à demi
Elle sème à tous vents, message trahi
Vérités arrangées, Amour banni.

D’une voix forte, parfois, elle aboie :
Ses franches remontrances ouvrent grand
Le débat, la mesure du désarroi
Elle s’épanche, déverse ses émois,
Réclame Attention et Dévouement,
Compassion, Profession de Foi…

Méfiance pour sa victime émue !
Elle ne suit qu’une règle, qu’une loi
Sur les Humains, elle a jeté sa glue
Sous Pardon ni Pitié elle ne ploie
Calomnie et Zizanie pour amies
Sur le Monde règne La Jalousie.


*Rassurez-vous, je n'établis aucun parallèle entre ma petite personne et la superbe jeune femme qui parade sur les unes des magazines, merci à elle de ne pas se froisser du clin d'oeil …

08/10/2008

Un air d'automne


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Elle a l'air bien tentante, toute propre , à s'offrir ainsi sans pudeur à l'objectif.
Jusqu'au 20 Septembre, GéO s'est offert son bain quotidien, l'eau se dégustant encore à 25°, soutenus il est vrai par le système de chauffage maison, vous vous souvenez?
Je confesse que ma petite nature frileuse renonce aux joies du bain de pieds un peu plus tôt…
Approchez-vous un peu plus près du coin, là, vous voyez ce qui nous motive?
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Aidée par la fraîcheur nocturne,la température est descendue au point de départ, nous avons bouclé l'été et ses délices. Il faut se résigner…


Ouverte en Avril cette année, les premiers baigneurs se sont montrés hardis dès dix-huit degrés.
Pour notre part, nous sommes assez satisfaits de nos cinq mois de baignade, Copain a pris goût au sauvetage de la baballe, il a même souvent résolu de la jeter lui-même dans le bassin, quand les versatiles humains se lassaient de l'exercice…
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Un air d'automne est arrivé.
Transats et fauteuils sont rangés à l'abri du Poulous.
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Aujourd'hui, la douche divine contredit mes propos d'hier…
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Décidément, l'automne réussit son entrée .
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Il ne reste à Copain que le sous-bois pour y traîner ses dernières conquêtes…
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07/10/2008

goutte à goutte ô combien …

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Constat du jour dans un petit coin de la contrée que nous surveillons avec un intérêt tout particulier.
Il existe entre collines et mer une petite vallée particulière, peu fréquentée, à l’abri des regards car la route qui y mène est étroite et sinueuse, et pour tout dire, pas vraiment bien indiquée.

Nous l’avons découverte au hasard de nos vagabondages et ce matin, sur la route de Sainte Maxime, le ciel zébré et l’inspiration du moment nous ont poussés à bifurquer vers cette oasis.

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En vue du pont passerelle que nous avons baptisé le pont de Madison, il suffit de rater le virage et nous stationnons en contrebas, le long d’un curieux plateau rocheux micassé. Au soleil, la plate-forme étincelle. De l’autre côté du lit de la rivière, les ruines d’un moulin témoignent d’une opulence révolue, nous les avons maintes fois parcourues avec respect…

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Le site habituellement verdoyant est marqué à l’ouest par une retenue barrant tout le front de la rivière, créant un joli débord qui ruisselle sur la plate- forme et alimente une fosse profonde , juste à l’endroit où le moulin fut jadis bâti et nourri du courant ainsi renforcé. Cette eau affleurante use la roche et lui permet de lustrer ses pépites dans les rayons du soleil, d’où l’attrait irrésistible de cet endroit.
Mais aujourd’hui, le spectacle est désolant.
Le plateau nous offre son aridité brutale. Il ne reste rien de cette splendeur, sinon ce plateau nu, de rares bouquets d’herbes blanchies, les mousses brunies accrochées à la roche.
Ici GéO contemple le barrage asséché, rempart inutile veillant sur le lit tari.

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La fosse naturelle devant l’ancien moulin s’est vidée de l’essentiel de son eau. Il suffit de regarder les rochers de la faille pour retrouver le niveau habituel des eaux. Plus loin sur le plateau, quelques bois flottés se sont échoués lors du dernier orage, il y a déjà bien trop longtemps.

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Une plage est apparue, avant que l’Aille ne reprenne son cours minuscule, réduit à l’état de gué .
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Quelques anfractuosités des roches ont conservé un semblant de flaques.
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Et là, petit miracle du jour, la princesse du marais a pointé le bout de son nez… Regardez, c’est cadeau !

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06/10/2008

Entre les murs

Attendu depuis le prestigieux palmarès de Cannes 2008 , Entre les murs qualifié d »’amazing film » par Sean Penn lui-même, le film de Laurent Cantet connaît donc un beau succès et c’est tant mieux.

J’étais pour ma part assez curieuse de découvrir enfin l’opus abondamment commenté et critiqué depuis mai dernier. Où n’a-t-on pas lu des débats contradictoires à son propos ? Aussi, fidèles à nos habitudes, nous nous sommes offert une toile mardi dernier, à l’heure où nombre d’entre vous travaillent encore tandis que d’autres s’activent à la préparation du dîner.

La salle n’était pas bondée, le public plutôt trentenaire, quelques couples nettement plus grisonnants, les familles se pressaient plutôt dans la salle voisine où les attendait Wall-e.

De Laurent Cantet, nous avions revu la semaine précédente Ressources Humaines, magnifiquement interprété par Jalil Lespert et une grande brochette de comédiens amateurs, remarquablement véridiques dans l’interprétation de rôles proches de leur propres destins. Nous ne sommes donc pas surpris par le long plan séquence du petit café que le prof Bégaudeau/Marin s’accorde avant d’entrer dans la fosse aux lions. La présentation des profs et la description des rituels de prérentrée constituent une introduction rapide des personnages qui auront à participer au dénouement de la crise finale, une mise en place efficace. Laurent Cantet cerne toujours la sobriété pour décrire un milieu, l’usine dans Ressources Humaines, ici le collège et ses trois axes, lieux où l’action s’enracine, se noue, se dramatise ou se dégonfle : la classe, la salle des profs, la cour de récréation.

Les vues de la classe sont situées à hauteur de regard, gros plans de visages , professeur comme élèves sont filmés de manière serrée : les mimiques faciales, les éclairs de tension dans les yeux, la revendication provocante des regards et des attitudes, les stratégies du professeur pour recentrer l'intérêt de ses élèves sur l'apprentissage, rien n’échappe à la caméra et donc à notre ressenti.
En salle des professeurs, les plans s'élargissent davantage, laissant aux personnages la latitude de leurs mouvements, leurs entrées et sorties, leurs participations volontaristes aux incidents et anecdotes de la vie courante. Ce n’est qu’au moment d’une crise, ras le bol du "prof de techno" chahuté par ses 4ème 3, que le plan se resserre sur l’expression de sa frustration et de sa révolte face à l’inanité de ses efforts. Ouverture de l'objectif, recul sur ses collègues qui se figent, assistant muets à la scène, concernés, touchés, solidaires mais tout aussi impuissants à résoudre cette éternelle lutte quotidienne, où il suffit d’un rien pour faire déraper un équilibre fragile. Ce jeu d'opposition plans serrés contre plans larges traduit à merveille les contradictions des émotions dont se forge le quotidien : plan rapproché sur le visage de la personne qui rapporte l'arrestation d'une mère d'élève sans papiers, élargissement sur la collègue qui rebondit en annonçant sa grossesse. Émoi et lutte sociale contre joie et construction individuelle, va et vient vital. Et quand le soir venu, le professeur arpente d’interminables couloirs déserts, la caméra suit son cheminement solitaire dans ce labyrinthe où se devine toute sa lutte intérieure contre le découragement.
La cour de récréation est pratiquement toujours filmée du dessus, de sorte qu’on y voit les élèves se déplacer comme des pions sur un échiquier très encombré. Les groupes se côtoient, se heurtent, s’éloignent ou se resserrent comme les boules d’un flipper. Le spectateur perçoit alors avec acuité combien cette étrange chorégraphie traduit les épisodes successifs de nombreux drames et d'intrigues sans concessions. C’est là que les tensions peuvent atteindre leur apogée ou se diluer comme un château de sable sous l’effet de la marée montante.

Le thème du film ne repose pas sur un scénario compliqué, c’est une fiction qui reconstitue l’essentiel de la vie d’une classe d’adolescents dans un collège. Chronique synthétique d'une année en quatrième, dans un collège parisien presque banal. Pas question de milieu privilégié ou porteur, mais pas la Zep non plus, nous fait-on remarquer d’emblée. N’empêche que les visages des élèves constituent une jolie mosaïque et leurs propos s’enveloppent d’accents faubouriens plus ensoleillés que nordiques. C’est le reflet de la société qui vit dehors, dans la ville, mais le huis clos du collège en révèle et exacerbe les difficultés.
Ce sera donc une sorte de constat sociétal, cette classe devenant un laboratoire permettant d’observer les débats des élèves face aux apprentissages. Fascinant, n’est-ce pas, la patience du professeur de français obligé de reprendre à nouveau l’étude des conjugaisons, de rectifier inlassablement la syntaxe la plus élémentaire, de débroussailler l’énigme des mots inconnus pour donner un sens au texte lu sans enthousiasme. Travail de Sisyphe, et ce n’est là qu’un mince aspect des tâches à assumer face au groupe d’adolescents. Car ceux-là vivent d'abord des conflits entre eux, des frictions familiales qui transpercent ces fameux murs et parasitent leur accès aux apprentissages. Je ne peux m’empêcher de faire ici référence au chapitre de Pennac relatif à « l’enfant pelure d’oignon » (chap. 10 de Chagrin d’école). C’est tellement évident, surtout quand on assiste en aparté à la réunion de parents et leur cortège de bonne et mauvaise foi. Soumis à tant de tensions, l’élève se rebelle et l’ado qu’il devient ne supporte plus cette montagne de contradictions qui le submerge comme une immense vague. Au lieu de sentir le soutien de son professeur, Khoumba perçoit un acharnement contre elle, au lieu d’exprimer ses difficultés familiales Souleymane s’enferre dans une provocation sans limites. Même la sage Julie se range aux côtés de la bagarreuse Esméralda, en adhésion avec le groupe, soucieuse de ne pas écorner la solidarité du corps social de la classe. Et survient forcément l’insolence de trop, la provocation ultime qui « tombe mal », moins facile à gérer ce jour-là et s’enclenche une spirale de violence où tous les protagonistes perdent prise.

Pour GéO, le film est négatif car il aboutit à un constat d’échec. Pour moi, c’est un formidable miroir du Travail et du Métier de Prof. Quelques applaudissements en fin de séance témoignent du reflet fidèle à la réalité vécue par nombre d’entre eux. Même si je n’ai pas été confrontée à des cas aussi extrêmes, j’ai reconnu des chapitres entiers de ma vie professionnelle et leurs conséquences. Un cocktail détonnant de fébrilité et d’abnégation, de volontarisme et d’écoute, de sensibilité et de rigueur, une pensée de tête chercheuse pour comprendre la situation et proposer des solutions, jamais de remède miracle mais pas ou peu d’abandon…
Je voudrais que les spectateurs du film savourent ce document comme un chef d'œuvre, car il y a le réel talent de Laurent Cantet à dresser ce tableau d’un fait social. La direction des comédiens improvisés subjugue par la véracité de leur jeu, la mise en scène colle aux joutes présentées et leur confère une valeur symbolique.Toutes ces qualités justifient amplement l'octroi de la Palme d'Or au printemps dernier.
Mais j’aimerais que les spectateurs perçoivent également dans leurs entrailles comme dans leur esprit cette volonté ténue et obstinée d’une profession parfois décriée et mal- aimée, qu’il ne faudrait pas trop dévaloriser car ils vont finir par devenir rares, nos profs. Quant à l'échec de notre système scolaire, il est latent, probant, mais il est évident que la solution ne réside pas entre les murs. C'est bien en amont, dans notre société que s'est forgé l'abandon de la rigueur et de la cohérence éducative qui donnaient une structure mentale à la majorité de notre progéniture. Ce n'est pas tant l'insolence des élèves actuels qu'il convient évidemment de blâmer. C'est le constat des échecs successifs des rustines collées ici et là par la succession de ministres plus désireux de marquer de leur nom un pouvoir éphémère, que d'analyser les causes des malaises et d'envisager l'adoption de mesures fondamentales et ( sûrement) impopulaires. Démagogie des dernières décennies du XXème siècle, angélisme et défaitisme ont sapé les fondations de l'Éducation Nationale et assis les professeurs sur des piedestaux en sable. Ah! Ségolène qui transforme les maternelles en crèches gratuites… Ah! les profs toujours coupables d'autoritarisme et sanctionnés à tort et à travers par les tribunaux auxquels on a recours comme si c'était une démarche banale… Ah! les devoirs et les leçons supprimés parce que les parents rentrent trop tard à la maison… Ah! les admissions au baccalauréat prédéfinies par quota pour caser les jeunes en faculté,faire la place aux suivants et prolonger la dépendance des néo-bacheliers plutôt que leur garantir un niveau d'étude valorisant… Jusqu'où va-t-on tirer sur cette corde-là, casser par négligence et manque d'audace les générations montantes qui ne ressentent plus de respect pour le Savoir de leurs mentors mais ne voient dans leur présence obligée à l'École que le lieu d'un entraînement aux luttes existentielles.
Bref, voilà le débat auquel il conviendrait de participer plutôt que de s'insurger contre la part de l'affect dans la pédagogie de François Bégaudeau. Et à tous ceux qui comme lui ont conscience d'exercer un métier humain et charismatique, pour qui les élèves sont d'abord des Êtres Humains à part entière, je tire ma révérence et leur dis "chapeau bas! "

24/09/2008

Duo baladeur

En ce début d’automne, nous avons repris la bonne habitude des balades dans la colline.
Zuko retrouve avec bonheur les chemins dont il identifie toutes les odeurs, semant en retour de délicieuses pastilles à sa façon pour marquer son passage et saluer les habitants du site, invisibles à nos regards trop humains.

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Notre Copain découvre enfin le monde hors les murs.
Nous avions commencé les premières expériences de promenade cet été, mais il restait lié de près à la démarche de sa maîtresse (ou du maître) par le frein inattendu de la laisse. Puisqu’il a compris assez rapidement l’essentiel des ordres - halte, assis, pas bouger, au pied - il a gagné le droit de sonder les bas-côtés sans entrave.

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Comme lors des jeux dans le jardin, Copain imite son aîné en tout et, libéré de sa laisse, il se colle si bien contre Zuko qu’il a trouvé un jour le moyen de s’accrocher à lui par les maillons des deux colliers… Il nous a fallu un peu d’astuce et beaucoup de patience pour les séparer. Dans cet immense terrain de jeux que représente la colline derrière la maison, Copain tricote de ses courtes pattes pour suivre le rythme trottinant de Zuko, et truffe rivée au sol, il reproduit le même itinéraire serpentin, des touffes de thym aux herbes folles qui subsistent encore après trois mois de sécheresse.

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Regardons-les s’éloigner de concert, profitant de cette liberté très conditionnelle pour humer et répertorier toute la palette des saveurs de la garrigue…

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Le retour à la maison est toujours joyeux, Copain nous remercie avec effusion, sautant à nos cous, abandonnant sur nos vêtements de longues traces poussiéreuses. Nous cultivons le look rural, il faut s’y faire.

Voici encore la dernière astuce du charmeur : depuis qu’il s’est empêtré dans les fils des ordinateurs, il se sent moins bienvenu dans notre antre. De toutes les manières, il ne peut plus sauter sur nos fauteuils pour partager nos postures intellectuelles. Du coup, il reste souvent au rez-de-chaussée, tandis que Zuko monte la garde sur le palier. Le voilà qui m’attend au pied de l’escalier et m’offre sa tendresse d’un coup de rein approprié, obtenant derechef une halte- câlin prolongée…

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21/09/2008

Manif à saint Max

Ce samedi 20 septembre, ce n'est pas seulement l'anniversaire d'Aurélien, c'est aussi le jour où Saint Max s'est défendu…
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Le mot d'ordre qui a réuni sur la place Malherbe de si nombreux citoyens était bien visible sur toutes ces banderoles.


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Deux heures durant, nous avons envahi les rues sinueuses de notre petite bourgade et bloqué l'artère principale avec ce serpent humain tonitruant, guidé par quelques machines agricoles. En effet, si la plupart des villageois s'insurgent contre les nuisances prévisibles ,visuelles et auditives, ( voir à ce sujet le site: http://lemechanttgvpaca.free.fr/index.htm ),
les agriculteurs et viticulteurs luttent pour la pérennité de leurs exploitations.

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Sans doute n'étaient-ils pas trop mécontents de constater qu'une large partie de la population de Saint Max les soutient et les accompagne dans ce défi contre un marché sans doute déjà conclu.

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savoureuse alliance du look et de l'ordre!

Les villes situées sur le probable parcours de la LGV s'unissent pour exprimer leur mécontentement, et rendez-vous est fixé dimanche 28 septembre au péage autoroutier de la Barque, près d'Aix en Provence , dès 8 heures du matin, pour poursuivre et renforcer ce mouvement de protestation.

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18/09/2008

Formation professionnelle et plus si affinité…

… Je venais alors de décider de plaquer la fac de lettres pour tenter de gagner notre vie, car il me semblait, au bout de quatre années bien remplies de lecture, analyses et critiques de toutes sortes que j’avais fait le tour du problème et que je commençais à tourner à vide. À ma décharge, en ces années de retombées soixante-huitardes, l’esprit de modernité de certains TP favorisait bigrement le nombrilisme et l’incantation littéraire, et nous, les étudiants, en arrivions à transcrire nos enthousiasmes en construction de schémas mathématiques. Je me souviens de dessins de spirales gigantesques censées transmettre le suc et le sel des œuvres dont on nous soumettait la dissection. Ce nouveau jeu architectural paraît amusant la première fois, surtout si l’œuvre s’y prête bien, comme les pièces de B.Brecht, mais appliqués systématiquement au théâtre baroque de Calderon aussi bien qu’à la rigueur de Faulkner, il en ressortait rapidement une vacuité intellectuelle qui me donnait la nausée…
Comme Hilaire, mon compagnon, semblait décidé à s’accrocher enfin à ses études d’architecture, j’avais saisi cet excellent prétexte pour m’éloigner un peu de mes élucubrations : j’allais assurer notre subsistance en m’immisçant dans le mystérieux monde du travail… Hilaire en avait été tellement ému que le soir même, il me demandait en mariage !


… Mars 1974, un coup d’œil au Figaro, une belle lettre manuscrite adressée à la société basée au Nord de Paris, trois jours plus tard, un appel téléphonique pour fixer un rendez-vous au siège dès le lendemain, et me voilà embauchée comme Hôtesse de vente dans un luxueux magasin exposition sur une des places les plus commerçantes du huitième arrondissement parisien. C’était alors aussi simple que cela, et nous étions une jolie flopée de jeunes femmes, toutes issues du circuit estudiantin, à recevoir la grâce de débuter dans un secteur d’activité sans aucun lien avec les études accomplies, et de gagner alors des salaires très confortables pour l’époque. À nos yeux innocents apparaissait un mot jusqu’alors inconnu, les primes. Nous étions récompensées de nos aimables sourires commerciaux par des rallonges salariales qui ajoutaient trois à quatre mensualités à nos enveloppes annuelles. Autre temps, autres mœurs, autres conditions de travail, mais tout n’y était pas si rose, ma curiosité allait être bien sollicitée…

L’escadron d’hôtesses de vente dépendait de LA directrice du magasin, seule habilitée à contacter directement le triumvirat directorial de Saint Ouen. L’organisation de la société reposait sur ces deux mondes totalement hermétiques l’un à l’autre, côté extra-muros, les directeurs et l’usine où fourmillaient plusieurs centaines d’ouvriers, sans compter les implantations provinciales chargées de la fabrication des grosses pièces, fontes et céramiques lourdes. Côté Paris so chic, nous étions les privilégiées, versions soft de geishas occidentales, dont les compétences devaient se limiter à présenter joliment les productions maison aux professionnels du bâtiment et aux particuliers venus achever la décoration de leur nouveau home, dépensant une fortune en porte-serviettes et armoires de toilette fabriquées en Italie. Architectes, plombiers, artistes populaires comme Monsieur et Madame tout le monde, notre show room ne désemplissait pas et le chiffre d’affaires justifiait les largesses dont nous bénéficions.
Celle que nous appellerons Janyce représentait donc la hiérarchie, l’ordre et le savoir faire de ce petit Eden, vitrine luxueuse d’un travail en amont très pénible. Elle avait déterminé que nous devions toutes porter des tenues identiques, pour lesquelles elle avait obtenu un budget. Chaque soir, elle choisissait dans la garde-robe les vêtements que nous aurions sur le dos le lendemain. Tenues strictes, à l’élégance sobre, souvent achetées Aux Trois Quartiers, rayon confection dames, mais aussi dans les diverses boutiques rue de Rome ou aux alentours. Tout un monde à découvrir pour mes tendres années provinciales.



Janyce possédait une très forte personnalité, qu’elle avait le don d’imposer d’abord en cultivant son apparence. De taille moyenne, elle tirait parti de ce qu’elle se reprochait au premier chef : sa très courte chevelure totalement grise, ondulations virant moutonnement dès que les petites racines dépassaient le centimètre, elle s’efforçait donc de conserver cette auréole argentée au plus près de son crâne. Ce choix esthétique, rarissime à l’époque, attirait le regard sur les traits de son visage, de carnation très claire. De beaux yeux noisette qu’elle avait la sagesse de maquiller modérément, juste un brossage de ricils pour allonger ses cils sans les épaissir, une pointe de blush pour rehausser de larges pommettes et distraire l’observation de son nez brutalement cassé en pointe retroussée. Ses lèvres épaisses et charnues portaient la responsabilité de conférer à l’ensemble l’attrait agressif de son rouge à lèvres, assorti à la laque de ses ongles.
Le magasin d’exposition recélant de très nombreux miroirs, la plupart en pied, Janyce déambulait toute la journée dans cette galerie des glaces, interrompant l’espionnage aiguisé de son aréopage commercial pour dessiner sa silhouette devant son reflet, caressant son buste ou ses fesses sans la moindre pudeur, que des clients ou le personnel s’étonnent de ses gestes ne troublant pas le moins du monde la satisfaction intense qu’elle semblait en retirer. Elle répétait à l’envi que « les femmes de quarante ans ont décidément bien de la chance d’être aussi épanouies de nos jours », ce qui renvoyait ses jeunes employées au rayon des gamines peu dégourdies. En réalité, sans être choquées, nous étions tout de même plus qu’étonnées, voire ébahies de ces auto caresses incongrues, elle s’offrait ainsi comme l’objet préféré de nos commentaires privés. Certaines remarques de Janyce, de retour des réunions à l’usine nous sidéraient cependant, dépassant manifestement le cadre d’une conversation de bureau.
Ainsi, un soir, alors que j’avais été désignée pour faire la caisse de la journée, attribution qui était dévolue aux « préférées », j’effectuais mon décompte et les vérifications usuelles des factures établies, toutes mes collègues réunies autour de moi, les conversations de fin de journée allaient leur train… Janyce, qui aimait bien concentrer l’intérêt du groupe, avait attendu un moment que les remarques anodines ordinaires aient été balayées dans le courant des propos et que je sois libérée de ma tâche, pour relancer l’intérêt de l’auditoire. Notoirement célibataire et sans enfant, Janyce était censée attendre un mystérieux amant qui passait la prendre chaque soir après notre départ, l’identité du personnage anonyme étant volontairement ambiguë, avec cet art consommé qui consistait à gaffer suffisamment pour nous inciter à supposer qu’il s’agissait d’un des directeurs du triumvirat … Mais tant de fausses dissimulations théâtrales nous auraient laissées de marbre si…
Toutes les opérations du pomponnage vespéral accomplies, cils langoureusement brossés et lèvres ensanglantées Diorissima, Janyce contemplait son auditoire longuement, posément. Ses yeux illuminés par avance du plaisir de nous communiquer sa fierté et son savoir faire, elle dardait sur chacune de ces tendres jeunes filles un regard pétillant, fascinant, établissant un silence attentif sur la petite assemblée. Quand enfin l’attention fut manifeste, Janyce entama son récit :
- Vous vous souvenez que j’étais au Siège ce matin, pour le bilan, mais comme Bernard a traîné sur la livraison à la comtesse de P…, évidemment, nous sommes arrivés en retard. Vous savez comme j’ai horreur de ça…
Assentiment muet de l’aréopage, rôdé à la technique de cour…
- Donc, ces messieurs étaient tous assis autour de la table, j’ai vu que Chr…, enfin, Monsieur Baldrezeck, m’avait réservé la chaise à côté de lui, et comme je m’apprêtais à me glisser discrètement à ma place, Monsieur Père, qui préside encore, a voulu me rendre hommage. Il s’est interrompu brutalement et a ordonné : « Messieurs, je vous en prie, levez-vous et rendez hommage à notre grande Dame ! » Oui oui, il a bien dit Grande Dame, alors vous pensez si j’étais embarrassée, Monsieur Père a toujours eu la réputation d’être très galant, il paraît même que, bon enfin passons, sa femme en a vu de toutes les couleurs, la pauvre, mais elle était si anodine, si ordinaire, qu’il devait se sentir bien seul le pauvre! Bon, revenons à nos moutons, donc vous imaginez comme je suis gênée, je vous l’ai dit, et je m’avance en baissant les yeux… Mais au moment où je baisse les paupières, ils sont tous déjà debout, forcément mon regard descend sur leurs silhouettes, et là, vous n’allez pas me croire, mais sur la tête de ma mère, je me rends compte qu’ils sont tous au garde à vous ! »
Pour lever toute ambiguïté, au cas où ses oies blanches resteraient définitivement trop innocentes, elle joignit ses deux mains griffues de rouge sur son bas-ventre et les arrondit afin de mieux mimer la bosse traîtresse.…
Mon dernier sujet de maîtrise, en fac, reposait sur la notion de personnage dans les romans d’Henry Miller, autant dire que je m’étais saturée de littérature érotico-pornographique, fort appréciée par Vulcain puisqu’il m’avait délivré du Tropique du Cancer en dévorant littéralement le bouquin dans sa cachette au fond du matelas éventré. Les hallucinations érotiques de notre directrice me renvoyaient à mon sujet, et l’insatisfaction de ce travail inachevé. Mes collègues n’étaient certes pas plus intéressées que moi par les développements de notre narratrice, mais Janyce étant LA directrice et le sous-entendu habile de son intimité avec le directeur commercial nous incitait à une réserve prudente, qu’elle mit sans aucun doute sur le compte d’une jalousie dissimulée de jeunes filles naïves rêvant de se confronter à son destin de femme fatale…

Au fil du temps, Janyce s’autorisait à manifester un intérêt particulier pour l’une ou l’autre de « ses protégées ». Elle adoptait un comportement de favoritisme flagrant, ordonnant de quitter l’entretien en cours pour l’accompagner prendre un café au comptoir de l’épicerie fine qui jouxtait le magasin, ou courir essayer les prochains modèles de pantalon qui complèterait la garde-robe. C’était gênant, mais peu au courant de nos recours, nous supportions plus ou moins patiemment, sans que ces accès de favoritisme ne dérange d’ailleurs plus que ça le bon esprit d’équipe qui s’était installé dès le départ. Nous savions que la préférée du moment subissait les quatre volontés de notre despote, et plaignions celle qui s’y collait. À la maison, je m’étais étonnée devant Hilaire du caractère maternel de certaines démonstrations affectueuses de Janyce, cette manie de nous prendre par la taille devant nos clients, ou de poser son bras sur nos épaules, de renifler dans notre cou, de s’inquiéter de notre température en posant sa main sur nos fronts, nos cous… Il avait éclaté de rire, et sans prendre le temps de s’expliquer sur cet accès d’hilarité, il avait changé de sujet…
Janyce, de son côté, très curieuse de nos vies, adorait que nous abondions en anecdotes diverses sur nos débuts de couples, nos joies et nos petites déconvenues sur la vie à deux. Apprenant qu’Hilaire déjeunait pratiquement tous les midis avec sa mère au lieu d’assister aux cours des Beaux Arts, elle ne se gênait nullement pour m’aider à comprendre que c’était là un comportement infantile et peu rigoureux pour l’obtention de son diplôme, qui, à ses yeux, devrait me permettre de devenir une femme au foyer, mère de famille choyée. C’était l’image de mon avenir qu’elle dressait ainsi, peu préoccupée de mes dénégations. Je bénéficiais des conseils extraconjugaux de notre mentor es relations amoureuses…Et elle connaissait son sujet, la bougresse.

Par une fin d’après-midi comme une autre, où Janyce s’était montrée particulièrement maternelle à mon égard, elle m’invita à descendre avec elle dans la cave attenante au bureau, à la recherche d’un produit particulier qui ne pouvait se trouver que là, dans ce débarras souterrain où personne n’accédait, sauf peut-être la femme de ménage et le livreur dépanneur à tout faire, que Janyce traitait comme un esclave. Brave homme, Bernard soupirait, nous adressait un petit clin d’œil et prolongeait à loisir ses livraisons, histoire de souffler un peu dès que les caprices de sa patronne bousculaient sa bonhomie et son flegme naturels au-delà de la limite acceptable par son bon sens. Lui avait ce recours, nous pas, mais nous étions assez nombreuses pour éluder les manœuvres du tyran local. Cet après-midi-là, j’étais donc la favorite, elle me suivait partout, m’emmenant prendre trois pauses café à côté pendant que mes collègues s’activaient d’un client à l’autre, bien contente en leur for intérieur que l’attention de la drôlesse se focalise sur ma personne.
J’acceptais ses lubies en songeant que le sort désignerait une autre favorite le lendemain. Cette fois, nous allions descendre dans le réduit obscur, minablement éclairé d’une ampoule faiblarde, si sale qu’on s’y prenait à deux fois pour vérifier qu’elle était bien allumée. Je me demandais bien ce qui motivait l'excitation enfantine dont Janyce faisait preuve en recherchant le fameux objet, mais en habituée de ses humeurs bizarres, je m’accommodais de la péripétie. Jusqu’au moment où les mains de Janyce enlacèrent ma taille, et remontant le long de mon torse, s’arrêtèrent sur mes seins et les pressèrent avec une telle avidité qu’il n’y avait place pour aucun malentendu !
Nos réactions sont plus souvent liées à l’instinct qu’à notre éducation. Je n’eus pas de pensée ou de calcul, ne serait-ce qu’un milliardième de seconde. Je la repoussai vivement, en hurlant, et je remontai le plus rapidement possible, sans me soucier de savoir si elle avait conservé son équilibre sur ces marches étroites et poussiéreuses…

La suite fut moins drôle… Janyce se montra nettement moins maternelle, certes. Nos relations étaient entrées dans l’ère glaciaire, jusqu’à mon mariage auquel elle avait tenu à assister, allez savoir pourquoi. Sa hargne avait cependant connu une accalmie au moment des décès de mes parents, survenu au cours de l’année suivante. Puis avec le temps, le naturel avait repris le dessus, j’avais réintégré le régime commun, ni plus ni moins favorite que mes compagnes.
Ce qui s’avère radicalement différent de l’époque actuelle, c’est que je m’étais gardée de colporter mon aventure, qu’il ne m’était pas venu à l’idée de parler de harcèlement ou de plainte, discrétion qui ne serait plus de mise dans le contexte actuel.
À l’annonce de ma grossesse, le comportement de Janyce était à nouveau devenu très hostile. Malgré les sempiternels constats d’épanouissement personnel dont elle rebattait nos oreilles tout en caressant son buste, « ah la femme de quarante ans… » , Elle qui n’avait pas eu d’enfant supportait mal les promesses de vie que l’une après l’autre nous avions arborées. Sans ostentation, la solidarité de l’équipe m’avait soulagée des incessantes corvées dont elle m’assaillait, mais j’ai clos sans regret aucun cette étrange expérience. Il m’arrive toutefois de repenser à Janyce et à sa dictature aussi réelle que feutrée à l’abri de privilèges obscurs et de l’ignorance passive des subissantes. Je me demande comment elle a pu franchir la décennie suivante, les inévitables écueils du temps, les confrontations avec d’autres jeunesses plus effrontées, plus coutumières du combat social que nous ne l’avons été. Les temps ont changé, les mentalités aussi, nous nous imaginions libres alors, mais il a fallu aussi quelques combats et plusieurs décennies pour que les idées et les réalités convergent. Dire que Janyce ne pourrait plus régner sous les projecteurs de sa vitrine, dans sa bulle de verre étouffante, je n’en suis pas certaine, ce serait, c’est sans doute moins facile.
Quand les victimes se rebiffent, les prédateurs s’adaptent…

14/09/2008

Vide Grenier

Ce matin, c’était vide grenier, dans le quartier de Régalette

AH Ah, depuis qu’on en parle, il fallait bien se décider. Alors voilà, c’est fait.
Trier les objets dont on peut manifestement se passer, ce n’est pas si difficile après tout, une fois que l’envie d’en finir avec la cohorte des « ça-peut-toujours-servir, ça-me-vient-de- ma- marraine-quand-même, un- temps,- c’était-à-la-mode, il-est-bien-pratique-ce- sac-là », tout est devenu « à quoi bon s’encombrer encore avec cette lampe pigeon, je-ne les relirai jamais ces bouquins, un plat à poisson long comme un jour sans pain,ça ne sert à rien, on ne cuisine plus comme ça, les marmites en cuivre, c’est bien joli, mais s’il faut les astiquer toutes les semaines, bonjour ! », etc, etc

Donc, nous voilà résolus à vider les placards du poulous, les étagères du garage atelier, les rayonnages boursouflés du bureau. GéO a vidé et nettoyé la remorque, confectionné à sa manière une sorte de comptoir présentoir, et de bon matin, sans plus d’état d’âme, les objets rebutés ont été chargés, embarqués, menés au pré.
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Dans la lumière du petit matin, il fait encore frisquet, guère plus de 14° quand nous nous installons, mais les participants ont le cœur à l’ouvrage, les stands se montent à l’aide d’un petit coup de main, entre voisins, Henri et Brigitte annoncent que le café est prêt, l’affaire semble bien partie…

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Les affaires démarrent en trombe ! Au bout de dix minutes, les deux clairons, les petites lampes-pigeon ont trouvé de nouveaux propriétaires, mais très vite aussi, le flot des visiteurs se raréfie… On chipote, on passe, on annonce qu’on reviendra… Avec amusement, je me glisse dans le rôle de la vendeuse qui attend l’improbable acheteur, avec un doute pourtant :
Quel est le juste prix de cet objet, de ce bouquin, de ces chaussures portées trois fois à tout casser… Le juste prix, c’est celui qui fait que la personne en face aura envie de s’en saisir, de le tourner et retourner, d’ouvrir une page au hasard et entamer la lecture d’un paragraphe…
Ce matin, aucun des outils antiques, varlopes et serre-joint n’a été caressé du moindre regard, mais l’après midi, il en est parti quatre en un tour de main, super braderie en sus !

Les narines chatouillées par la fumée du barbecue, c’est encore Henri qui s’y colle, il est déjà midi. Le terrain de Régalette se vide des visiteurs qui se rendent au sacro-saint repas dominical. Pour une fois, nous pique-niquons saucisses, merguez, tarte pâtissière et café, dans la bonne humeur, bavardages entre commensaux, c’est bon enfant, mais le soleil commence à darder de méchants rayons brûlants sur nos têtes. Croyez-vous que nos mines sont enflammées ce soir comme au premier soleil de Mai ?

Rompus aussi par cette journée au grand air, nous n’aurons peut-être pas fait fortune, mais l’expérience était amusante.
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