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05/03/2010

L' Ange



Notre voyage- surprise de cette fin février s’est révélé une fois encore un retour aux sources du cœur : Le complot mené par Nouchette et GéO n’a peut-être pas pris la forme imaginée initialement par les compères, mais comme il s’agit d’une histoire d’Ange, il a bien fallu s’adapter aux conditions nouvelles.

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Notre Ange se porte bien. Il s’est fait tirer le portrait en multiples exemplaires; déjà photogénique, il multiplie les poses à l’envi,   mais conserve jalousement son mystère.
À  une certaine manière d’exiger le repos de sa mère,    je le soupçonne de veiller déjà sur ses parents… À tout le moins, Nouchette ne risque pas de commettre des excès de table, ni de bricolage…À moins d’établir son campement dans le coin toilettes  fleuri du   nouvel appartement…


J’adore l’idée que ma fille vit en co-location intra-utérine.


Cette pensée éveille une foule de souvenirs, de sensations plénières entre  euphorie exaltée et malaises diffus. Des bouffées de plénitude béate alternant avec ces spasmes vomitifs du petit matin, le dégoût soudain de certains mets succédant à une tenace fringale. Nous avons toutes connu ce sentiment décalé de n’être plus tout à fait l’unique Maître de notre corps, cette  l’obligation de se plier à des règlements intérieurs où l’on n’a pas son mot à dire… Vaille que vaille,   semaine après semaine, l’Ange établit son nid, creuse sa place au sein du ventre accueillant, pousse ce qui le gêne et commence à ériger une rotondité à peine perceptible sur la silhouette de sa génitrice. Comment expliquer ce sentiment de fierté à regarder ainsi évoluer celle qui reste ma Douce, et qui m’apparaît en songe comme l’Enfant Révélé qu’elle fut à mes yeux émerveillés?


Ces deux-là ont encore six mois pour s’accoutumer à la solidarité physiologique, puis il leur faudra apprendre la séparation organique… Avant l’ultime moment de la confrontation face-à- trois-faces.  Parce que le Père a aussi son mot à dire, son envie de protection, d’intervention, sa projection personnelle ; qu’attend un futur Papa quand il assiste, médusé et impuissant aux nausées de sa bien-aimée transformée d’un coup en marmotte revendiquant d’habiter  jour et nuit sous la couette ?  Il s’attendrit sûrement devant les métamorphoses, simultanément patient et curieux, attentif aux angoisses qui pointent et aux étapes incontournables. La séance photo de la première échographie représente la première entrée en contact,   un rendez-vous concret où l’Ange revêt d’un coup une existence propre, il a un physique,   certes encore un peu flou, des attitudes, des sursauts marqués quand la technicienne blasée secoue son antre.


Effets paradoxaux du progrès, cette surveillance vidéo lui vole son intimité : elle anticipe considérablement la prise de contact, elle répond à des questionnements  qu’elle a suscités : Le squelette est vérifié, les doigts décomptés, le crâne examiné, les membres inspectés, les mesures normalisées. Dans la nuit des temps, les femmes enceintes n’avaient aucun moyen de contrôle sur le mystère de la Vie auquel elles participaient, souvent involontairement. Cette formidable  avancée technologique ouvre l’affreuse boîte de Pandore du perfectionnement.
Que ma Douce vive sa grossesse sereinement me paraît une finalité nécessaire et suffisante pour préparer de beaux jours à cet Ange qui vient à nous. Je n’ai pas de meilleur vœu à formuler pour accompagner mon enfant parvenu  à l’étape même de notre première rencontre.


Une si belle aventure…

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22/02/2010

Lecture passion et lecture partage

Début janvier, je vous faisais part des perspectives de collaboration sur le site  Le Hangar.

Question indiscrète: êtes-vous allés voir là-bas comme ça marche bien? Oh pas à cause de moi, bêtas que vous êtes, à vouloir me faire rougir ainsi… Non, le site est dynamique et fécond grâce à l'équipe réunie autour d'Hazel et de Novembre, les co-fondateurs. Ils ont fédéré une belle équipe de rapporteurs actifs dont les sujets se révèlent variés. Si les notes de lecture prédominent largement, vous pouvez découvrir des articles de fond sur les arts musicaux, graphiques et photographiques…Et cerise sur le gâteau, à l'heure où les poncifs sur la lecture et les jeunes ont entériné  les classiques  inaccessibles à la jeunesse, vous prendrez une bolée de littérature  comme au bon vieux temps en visitant le Hangar: Villiers de l'Isle-Adam, Maupassant, Mauriac et  Aragon, mais aussi des poètes  moins fréquents comme Mahammed Kaïr-Eddine. Les sujets sont ouverts à toutes formes et tous types d'expressions …

 

Et puisque le sujet de ce soir me porte à parler plaisir de lire, avez-vous remarqué le lien avec Lecture/Ecriture ?

Ce site est incroyablement fourni en fiches de lecture, en auteurs, en textes. Depuis janvier, Sibylline a la gentillesse d'y héberger aussi quelques-unes de mes fiches, mais n'hésitez pas à aller y jeter un oeil: le nombre de références est quasiment illimité. Et les fiches des lecteurs-lectrices sérieuses et documentées. Un guide incontournable pour choisir…

 

11/02/2010

Mandela et Invictus

11 février 1990 - 11 février 2010: Encore un anniversaire, encore un coup de promotion pour un événement que nous avons déjà oublié! Parmi les dates symboliques que l’Histoire nous demande de retenir,   le  hasard d’une soirée cinéma permet de mettre en lumière un événement que nos mémoires ne devraient pas laisser dans l’ombre. Un homme  est parvenu à faire bouger les lignes du racisme, et même sans sombrer dans l’hagiographie, il est bon de regarder, plutôt deux fois qu’une, les histoires qui  remontent le moral et corrigent l’habituelle attirance pour les erreurs et les drames humains.

Il y a tout juste vingt ans, Rolihlahla « Nelson » Mandela sortait de prison.

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Après Mystic River (2003), Million dollars Baby ( 2004), Gran Torino (2008), nous sommes allés voir le dernier opus de Clint Eastwood, Invictus.

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Cette fois, le réalisateur s’intéresse à un mythe, heureusement toujours vivant. Et il a bien raison.
En se reportant à la libération de Nelson Mandela, le 11 février 1990, il oppose dans un saisissant face à face des gosses noirs du township qui s’égaient avec un ballon de foot sur un terrain vague pelé aux joueurs de rugby, tous blancs, entraînés par un coach rugueux et plein de morgue, sur la pelouse qui s’étale de l’autre côté de la route. Le temps du passage du convoi, les joueurs des deux sports s’arrêtent et se font face, séparés par les deux minces grillages et la chaussée en guise de no man’s land.

Cette séquence suffit à introduire le fond du problème.

Quatre  ans plus tard, Nelson Mandela est élu Président de l’Afrique du Sud, en remplacement du conservateur  Frederick de Klerk.  La population noire exulte dans tous les foyers des bidonvilles; dans leurs belles villas, les blancs  se résignent en se raidissant, prêts à reprendre au plus vite les rênes d’un Pays dont ils prédisent l’Apocalypse.
Exemple personnalisé par  la famille  de François Pienaar, le capitaine de l’équipe nationale de rugby, les Springboks, qui sont loin de se présenter au mieux de leur forme.
De l’autre côté, nous découvrons en suivant ses deux gardes du corps, un président nouvellement élu, sportif et volontaire, sans peur et sans reproche, prêt à investir ses nouvelles  fonctions.
Dans ce  pays écartelé par la haine raciale, les années d’injustice et de ségrégation, la peur des vengeances et le désir de revanche, comment un homme déjà vieillissant, fatigué par des années de prison et de mauvais traitements,   va-t-il parvenir à mener son projet au-dessus des rancoeurs pour  créer un sentiment d’unité nationale ?

Le mythe Mandela, c’est  l’homme qui, dès 1944, a tenté d’appliquer les méthodes de Gandhi, l’apôtre de la non-violence. Les faits d’armes, Mandela en a tant souffert. Vingt-sept années de prison auraient dû le broyer à jamais. Or le génie de cet homme, par ailleurs cultivé et juriste de formation, est d’avoir observé ses geôliers en apprenant à réfréner sa haine pour les comprendre. Il a réalisé  justement, qu’on obtient plus d’un homme en lui transmettant l’image de la reconnaissance  de ses qualités qu’en lui opposant sa haine, fut-elle juste. Parce que le mandat de Mandela coïncide avec la saison de rugby,   le sport préféré des Afrikaners déçus, et que son entourage clanique refuse de s’y intéresser, le nouvel homme d’état repense le problème de l’intégration à l’envers. Ce ne sont plus les noirs démunis qu’il faut séduire et convaincre à l’effort national. Ce sont les descendants des Boers, les blancs récemment dépossédés du pouvoir et repliés sur leurs craintes qu’il décide de ramener aux intérêts communs. Comment ? En partant du cas particulier pour extrapoler sur la nation. La coupe du monde prévue de longue date doit justement se dérouler en Afrique du Sud et offre au génie politique de Mandela une occasion extraordinaire de fédérer le peuple autour d’un même élan.

L’idée est intéressante. Le talent de Clint Eastwood est à la hauteur de l’enjeu. Il ne s’agit pas de dresser un portrait hagiographique de l’homme, même si l’on sent bien que l’ex dirty Harry tient à défendre les valeurs de droiture, courage et virilité, comme dans tous les films qui composent son œuvre. Mais parfois les idées simples sont porteuses d’idéaux régénérateurs et cela fait du bien. D’autant que le réalisateur sait instiller quelques remarques  rapides et subtiles pour indiquer qu’il ne cherche pas à sanctifier son personnage : ses démêlés familiaux sont évoqués et non explicités. Quelques images brèves suffisent à évoquer un dilemme non résolu avec sa famille, un  non-dit suffisant pour admettre que l’homme porte des zones d’ombre intimes, mais que le propos ne s’y arrêtera pas. En revanche, si comme GéO, vous êtes amateurs de rugby, vous serez bluffés par les images de match qui projettent le spectateur directement sur la pelouse, sous la mêlée, dans le pack… Je n’en sors pas plus à jour avec les règles compliquées de ce sport, mais j’ai admiré réellement cette façon de filmer au plus près l’action.

Mention doit être faite du jeu et de la présence de Morgan Freeman, dont le talent ne cesse de m’épater à travers sa filmographie flamboyante. Sans maquillage extravagant, l’acteur a modifié sa stature et sa démarche, de telle sorte qu’il m’est arrivé de penser :
- Mais c’est le vrai ?
D’autant qu’habilement quelques images du véritable Mandela apparaissent en début et toute fin du film…

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Matt Damon y compose également un François Pienaar dépassé par la médiocrité ambiante, qui saura écouter et reprendre à son compte les conseils reçus, avant de communiquer enfin à son équipe l’élan vital pour changer l’ordre des choses.
Alors se pose l’inévitable question :  peut-on produire de grandes œuvres avec de bons sentiments ? Ce sujet  récurent  qui a troublé tant de lycéens pourrait être illustré par ce film. Certes, ce n’est pas le chef d’œuvre définitif du cinéma, l’équivalent d’un Cimino ou d’un Coppola,   mais Invictus a le mérite de déverser dans nos salles une grande bouffée d’idéalisme dont le monde actuel a bien besoin.  Conseil pour illuminer vos soirées de déprime préélectorale* : Courrez donc éblouir vos pupilles du message d’intelligence politique et humaine que l’ami Clint vous a concocté.

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* Eh oui, il va bien falloir y re-aller, aux urnes, et vous voyez beaucoup, vous, de Super Héros tout propres sur eux à propulser dans nos Conseils Régionaux ???

02/02/2010

ΩCÉANS…

Voilà un moment que je n’ai partagé avec vous nos découvertes cinématographiques.
Comme beaucoup en décembre, nous avons été émerveillés par Avatar, mais le succès du film est tel que je n’ai éprouvé aucune urgence à vous encourager, vous faites probablement déjà partis et de loin de ceux qui se sont rendu à la grâce des créatures de James Cameron.

Ce lundi, nous avons plutôt choisi de partir admirer d’autres bêtes, toutes aussi superbes, mais nettement moins virtuelles : nous sommes allés visionner le film de Jacques Perrin et Jacques  Cluzeau : ΩCÉANS.


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En réponse à notre attente, les images sont extraordinaires, émouvantes, étonnantes. La bande-annonce tient ses promesses… Le commentaire, très sobre, porté par la voix de Jacques Perrin, exprime simplement les intentions des réalisateurs :  en rappelant que l’ΩCÉAN reste le berceau de la Vie, les deux Jacques nous  convient à nous émerveiller des multiples formes que revêt l’aventure vitale : le film s’ouvre sur les varans des Galapagos, et nous embarque autour du globe dans une collecte d’images infinie.  Toutefois, le message ne se cantonne pas à une exploration béate : à travers le regard étonné et intrigué d’un enfant, (Lancelot Perrin), nous sommes amenés à considérer longuement la masse mouvante de la mer. Ce mouvement incessant s’amplifie de séquences consacrées à la force des vagues, à la montée tempétueuse des flots, en pleine mer, sur les rivages côtiers de falaises heurtées par un ressac  tumultueux, sur les creux démesurés qu’affrontent les bateaux de pêche et de secours… Nous pénétrons alors avec l’œil de la caméra sous la surface, pour jouir d’images tour à tour agitées ou apaisées de dauphins, de Dugong, d’otaries, léopard des mers,   espèces rares ou animaux mythiques, dont les images s’enchevêtrent sans liens… Des Calamars géants nous passons aux boules de chinchards sans logique apparente, si ce n’est le fil conducteur rappelé discrètement de temps à autre : la nature est maîtresse de l’organisation de la Vie, elle ne connaît ni conscience ni cruauté autres que la nécessité de maintenir sa propre existence, équilibre précaire qui joue depuis des millions d’années, bien avant l’apparition de l’homme… Inévitablement, la troisième partie du film nous confronte à l’action de l’Homme, des déchets humains constituant de véritables îles d’ordures larguées partout sur nos rivages et pis encore, jusqu’au fond des abysses, dans les coins les plus reculés, où des créatures quasi inconnues n’ont jamais  vu l’homme, mais côtoient les déchets de sacs plastique, poussés là par le hasard des courants.
L’œuvre est poétique, le regard se veut plus réaliste. La leçon écologiste s’inscrit de fait, parce qu’il n’y a plus moyen d’être aveugle.
Néanmoins, nous sommes sortis de la salle un tantinet désarçonnés : cette suite d’images merveilleuses récoltées aux quatre coins de la planète pourraient être un peu plus explicite. Le spectateur moyen ne peut résister à l’envie de recaler les espèces découvertes avec un minimum de renseignements géographiques auxquels les prédécesseurs de J Perrin et J Cluzeau  nous ont habitués : les films de Cousteau, les documentaires du National Géographic, les  films diffusés par la Cinq et Odyssée… Bref, en sortant de la séance, chacun se jette sur son atlas, son quid, Internet… Et justement, j’ai trouvé le site suivant :
http://oceans-lefilm.com/ qui vous permettra je l’espère de répondre à toutes ces questions : par exemple la première  interrogation qui nous a titillé durant notre dîner au retour : quelles différences entre lamantin et dugong ? Allez, un petit effort, vous gagnerez le droit de revoir les images…

http://www.futura-sciences.com/galerie_photos

 

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29/01/2010

Le Nid

D'abord, tu ne sais pas  où te conduis le courant violent qui t’entraîne.
Tu coules en aveugle le long des parois chaudes et humides.
Tu pénètres en conquérant pressé, ou en intrus intimidé
Dans cet antre inconnu où tu te sens pourtant déjà attendu.
Il te manque une part de toi-même. Tu l’ignores, mais tu guettes…

Tu guettes, comme le miroir attend son modèle,
Comme le jour poursuit la nuit, comme la soif désire l’onde tiède.

Tu n’existes que dans l’Ignorance Magnifique.
Tu t’y loves, tout te paraît alors si tranquille.
La chambre t’enveloppe d’obscurité chaleureuse
Tu roules sur toi-même au sein du magma prodigieux.

Tu roules à l’infini comme une bille ivre
Tu roules et t’enroules dans la paroi mouvante…

Dès lors tu épouses l’enveloppe voluptueuse
Qui t’appelle et t’attache en son sein
Un flux  bienfaisant s’infiltre et te traverse
Déversant en  rythme voluptueux l’Énergie vitale.

L’Énergie t’aspire et te respire comme un souffle
Cette cadence déjà résonne comme  la vibration initiale.

Sans hâte, sans crainte, sans doute, tu abreuves tes forces
Tu frémis et te gonfles à chaque vague.
Il n’est pas temps encore pour toi de compter
Tu viens juste de trouver l’arrangement sublime
Au fond de ton nid, tu t’es offert la Vie.


22/01/2010

Chimène

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Chimène avait du coeur,
qu'elle a distribué avec  ardeur
si volontiers donné à sa maîtresse
qu'aujourd'hui Simone est en détresse.


Une grande  pensée pour mon amie
Ce vide soudain,  erreur de la vie
Chimène a accompli sa destinée
Entre tes bras, son souffle a décliné.

Chimène avait du coeur
Une robe  soyeuse, un regard d'or
Un sillage d' élégante prestance.
Votre duo douillet, belle constance…

Fidélité, Amitié, Tendresse
Années  partagées en franche liesse
Compagne innocente des abandons
Chimène restera un très beau don.

11/01/2010

Graphisme

Un paysage de neige, une immense page blanche

Mais une page blanche que nous répugnons à salir de nos empreintes.

 

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Hier, je me suis appliquée à mettre mes pas dans mes traces précédentes, évitant le plus possible d'abimer la couverture immaculée…

Les oiseaux affolés se pressent sous les boules de graisse et de graines qui pendent aux branches du mûrier…

Chemin faisant, je suis tombée en arrêt sur ces motifs gracieux :

 

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Photo0356.jpg Et sur la piscine, je me suis attardée à contempler les incrustations sous  glace…

 

 

 

 

 

 

Étrange lumière hivernale qui  joue encore de ses feux.

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08/01/2010

Misère et acquisition ménagères

Toute grande joie  se mérite d'un revers.
L'adage se partage: qui n'a jamais entendu ces quelques mots, au détour d'un café- confidence, autour de la table de la cuisine : «  C'est trop beau pour durer, un si grand bonheur, ça se paie... »

Mon Bonheur à moi durant la période de Noël, c'était  la présence des enfants* à la maison.
Quinze jours en famille, comme au bon vieux temps!

Quel cadeau...

Le revers, consenti et  constaté sans surprise dès leur départ,   s'est manifesté par le débordement de la panière à linge... Mais au su de ma disponibilité, pas de panique, Saint Équipement Ménager, dans sa grande mansuétude, allait m'aider à résoudre le problème. Aussi aisément qu'un plissement de nez chez ma sorcière bien-aimée, les machines et moi allions venir à bout de la lingerie d'Augias made in St Max. En trois jours, j'aurai vite trié et  engouffré dans les machines les draps, nappes et serviettes de toilette dont la masse expansive menaçait la panière d'explosion. Chacun avait eu beau tasser  qui sa paire de draps,   qui les nappes des trois  réveillons, au bout du compte, le linge comprimé dans le carcan  de la corbeille augmentait de volume au fur et à mesure ...

Audrey et Seb nous ayant quitté les derniers samedi soir, c'est dimanche matin que je me suis vaillamment activé à la première fournée... Las, au mi-temps du programme, la machine commence à éructer sévèrement, par spasmes violents, elle lâche une série de « Klang » synchronisés à la rotation du  tambour, ce qui me fait dresser  poils et  cheveux et se traduit chez GéO par un intempestif :
- Qu'est-ce qu'il y a dans Ta machine ?

Mais avant que j'explicite le bon usage que mon indubitable savoir faire ménager applique sur le matériel à disposition, le noir envahit brutalement nos écrans...  Le disjoncteur  a saturé...
Remise en marche, réglage des pendules et re-clac !
Le diagnostique n'est pas très compliqué. La fautive est  rapidement identifiée... Sournoise,    la  perturbatrice me laisse en rade au pire moment, tambour rempli de linge imprégné d'eau savonneuse, grisâtre, pégueuse :  l'expression locale  décrit la sensation pénible que donne un produit qui refuse de quitter vos mains, même sous le flux du robinet ouvert...

Ô joie des pannes du dimanche matin...

Ô solitude de la ménagère accablée par la  vision miséreuse  de la lessiveuse…



Tandis que GéO s'attelle derechef à détecter l'origine du problème, je sais que je n'aurai d'autre solution qu'une équipée solitaire à la laverie municipale. ... À l'heure où d'autres songent à dorer les amuse-gueule, à dresser le couvert de fête, à sonner le rassemblement festif du régal dominical, me voilà partie en expédition de rattrapage dans la cahute installée au Rond Point à la sortie de la ville, soulagée pour lors que ma nichée ait déjà déserté...

J'ai la surprise agréable d'y partager le sort de deux concitoyens. Un quinquagénaire célibataire souffrant du même abandon que moi, essaie de résorber son retard pour préparer sa semaine... C'est grâce à lui que je m'initie au mode d'emploi des machines alignées dans la cabane de verre. Le brave homme me propose même généreusement une dose de lessive dont je n'ai pas songé à me munir... Nous entamons une intéressante conversation consacrée aux mérites respectifs des équipements individuels comparés aux matériels collectifs, quand nos regards s'attardent sur le carrelage jonché de poils de chiens, de cheveux, de poussière et de résidus poudreux... Encourageant.
Survient alors notre troisième comparse, qui s'apprête à sortir d'un immense sèche-linge les deux couettes qu'elle lui avait confiées. Naturellement solidaire, je me propose pour l'aider à plier les pièces conséquentes en évitant de les laisser traîner sur le sol crasseux. Bien nous en prend, car l'opération qui consiste à tendre la couette avant pliage permet de repérer sur le tissu d'énormes taches brunes, dont la couleur et la consistance ne peuvent évoquer que le pire...
En fait, l'exploration de la machine par la lingère affolée ramène au jour des emballages individuels de...chocolat! Mous et presque vidés de leur contenu par la chaleur du séchage, les petits paquets vomissent encore un surcroît de boue brunâtre. Quelle bonne blague a été concoctée là par d'anonymes farceurs, peu gourmands ou saturés de friandise!

Glosons, glosons... N'empêche: cette misère ménagère aura enrichi  considérablement mon champ d' expériences d'une activité encore inédite.
Et comme tout problème trouve sa solution, en guise de lot de consolation, GéO et sa moitié ménagère ( oui, oui, c'est moi) sommes fiers de vous annoncer l'arrivée et l'activité intensive de la dernière acquisition du ménage!
Vive l'an neuf et son lot de surprises...

 

* Qui va me jeter la pierre? Sans ambiguïté et  lucidement assumé: tout trentenaires qu'ils sont, mes Audréliens seront toujours les enfants

Quand bien même leurs chemins de vie se complexifient et empruntent  des itinéraires  éloignés du nid,(n'ai-je pas la première choisi l'exil conjugal et méridional) tendresse et vigilance restent inscrites au programme de mes gènes… Amen