01/04/2016
Fragments - 5
Fragment feu follet
Une enquête de l’inspecteur Finaud
— Voilà, Patron, les poches du mort… Va-t-en savoir ce qu’on lui a pris ! Ça ressemble à rien cet inventaire ! Pourquoi ce type se baladait avec un tel bazar ? L’est quand même pas mort pour une boule de poils noirs accroché à un porte-clef. Si… Vous croyez ? Et puis, tenez, pourquoi deux cartes de donneurs de sang, c’est insensé.… Non, c’est pas possible, vous y croyez vous à ce genre de … Un vampire, c’est ça… Y bouffait le sang des victimes rhésus négatif… Eh ben, si j’avais su tomber un jour sur un cas pareil !
— Creuse-toi les méninges, Super Poireau ! Où vas-tu chercher des conneries pareilles ! V’là plutôt un gars qui a pris le train pour monter à Paris … Chercher du fric : vu ce qui lui restait en poche, cinquante centimes d’euros, faut pas être Sherlock pour deviner qu’il avait besoin d’argent, et qu’il était prêt à tout pour en trouver. Tiens, regarde dans l’appareil photo, je te parie que tu vas découvrir quelques images bien dérangeantes. Ouais, je pencherais pour un maître chanteur, mais alors tu vois, du genre pas sûr de lui.
— Oh Commissaire Bourrel, comment vous faites pour déduire tout ça ? C’est vrai que vous êtes spychologue, hein, comme l’autre là, qu’on cite tout le temps comme modèle… Ah oui Maigret. Comme vous, y trouve tout sans rien faire… Euh , j’veux dire sans courir, sans trop sortir de son bureau, enfin, sans …
— Continue Watson, continue, tu patauges… Et en attendant, trouve-moi le mobile du crime et quelque chose qui nous permette au moins de l’identifier.
— Ben en tous cas, c’était pt’être un bricoleur, mais pas une lumière ! R’gardez ce matériel : une ampoule grillée, une douille arrachée, même pas de la même taille, une lampe de poche liliput, avec ça, il verra pas plus loin que le bout de son nez… Ah et puis j’ai trouvé ce qui vous a fait penser qu’il était pas du genre à rouler les mécaniques ! Y préférait s’en remettre au trèfle à quatre feuilles!
— Tu vois la preuve que les gris-gris, ça ne marche pas ! Rien ne remplace le travail… Et la lecture ! S’il avait su lire, il ne se serait pas empoisonné avec un tube de Ventoline!
09:30 Publié dans Conte-gouttes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écriture, nouvelle, couleurs des sentiments, vide-poche, pastiche, humour, farfelu | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
10/02/2016
Cuisine conjugale
Cuisine conjugale
Prends ce fusil, mon cher amant et aiguise ce couteau qui me fait défaut. En attendant ton retour après une journée de dur labeur, j’aime à dorer, braiser, rôtir cuissots et gigots. Je préfère les bons morceaux savamment découpés pour garnir le fond de mes poêlons.
Avant de dresser la table pour ton réconfort, j’aurai eu plaisir à établir un menu solide et consistant. Mélanger les saveurs et les textures, ajouter un peu d’épices et une pointe de liant pour adoucir sans alourdir, rechercher le juste équilibre et chasser les calories inutiles, mais respecter le mariage des fumets et le parfum des aromates, dénicher enfin le bon cru, breuvage idéal qui laissera éclater le bouquet de ses arômes lentement maturés.
Quand tu monteras d’un pas las la volée d’escaliers qui mène au logis, quand tu pousseras la porte en laissant derrière toi la fatigue des besognes accomplies, que mille effluves mijotés t’accueillent d’abord et te mènent par le nez jusqu’à mon antre et mes casseroles.
Sous tes paupières, une étincelle pétillera, tes narines frémiront, ta langue inventera le goût du plaisir à venir, tu lèveras vers la lumière les reflets ambrés ou dorés du vin tournoyant.
Silencieuse, je t’observerai tandis que tes forces renaîtront par la grâce de ce baptême culinaire. Tu accueilleras mon offrande sans dire un mot. Nous nous attablerons, nous dégusterons, nous donnerons à chaque bouchée du temps et de l’attention pour que dure ce repas, comme s’il était le dernier.
L’amour est curieux, le plaisir est jaloux, m’auras-tu alors pardonné mes erreurs et mes sautes d’humeur? Ce couteau aiguisé par tes soins, dissimulé maintenant sous ton oreiller, pourra-t-il rompre notre pacte avant que ne t’endorme pour l’éternité le poison versé au fond du caquelon ?
Voilà notre dernière nuit. Je le sais, tu le sais. Comme notre première fois, aime-moi.
14:38 Publié dans Conte-gouttes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écriture, nouvelle, texte bref, saint valentin, humour | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
10/03/2014
Mal-entendu
Par la grâce du clavier, partageons ce sketch de notre humoriste maison…
Donc ce matin je me lave les dents tranquillement dans la salle de bain quand Mathis entre.
Il me regarde attentivement et me dit: "Maman pourquoi tu te laves les dents?".
Je réponds " pour qu'elles choient propres".
— Han! tu laves la langue aussi? pourquoi tu laves la langue???
— Pour laver les jodeurs de la nuit...shhhh (aspiration du dentifrice qui fuit).
— Pour laver les odeurs de l'anus maman? c'est quoi l'anus?"
— NON! pour laver les odeurs de la nuit! shhh
— Mais c'est quoi l'anus!"
— Mathis, la nuit!"
— L'anus c'est la nuit?"
Et voilà comment un enfant de 3 ans 1/2 annonce fièrement à sa maîtresse le matin que sa maman se lave les dents pour laver l'odeur de l'anus... :)
Bonne journée!
17:17 Publié dans À l'encre de …, goutte à goutte, Source de jouvence | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mots d'enfants, malentendu, paroles, humour | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
08/01/2010
Misère et acquisition ménagères
Toute grande joie se mérite d'un revers.
L'adage se partage: qui n'a jamais entendu ces quelques mots, au détour d'un café- confidence, autour de la table de la cuisine : « C'est trop beau pour durer, un si grand bonheur, ça se paie... »
Mon Bonheur à moi durant la période de Noël, c'était la présence des enfants* à la maison.
Quinze jours en famille, comme au bon vieux temps!
Quel cadeau...
Le revers, consenti et constaté sans surprise dès leur départ, s'est manifesté par le débordement de la panière à linge... Mais au su de ma disponibilité, pas de panique, Saint Équipement Ménager, dans sa grande mansuétude, allait m'aider à résoudre le problème. Aussi aisément qu'un plissement de nez chez ma sorcière bien-aimée, les machines et moi allions venir à bout de la lingerie d'Augias made in St Max. En trois jours, j'aurai vite trié et engouffré dans les machines les draps, nappes et serviettes de toilette dont la masse expansive menaçait la panière d'explosion. Chacun avait eu beau tasser qui sa paire de draps, qui les nappes des trois réveillons, au bout du compte, le linge comprimé dans le carcan de la corbeille augmentait de volume au fur et à mesure ...
Audrey et Seb nous ayant quitté les derniers samedi soir, c'est dimanche matin que je me suis vaillamment activé à la première fournée... Las, au mi-temps du programme, la machine commence à éructer sévèrement, par spasmes violents, elle lâche une série de « Klang » synchronisés à la rotation du tambour, ce qui me fait dresser poils et cheveux et se traduit chez GéO par un intempestif :
- Qu'est-ce qu'il y a dans Ta machine ?
Mais avant que j'explicite le bon usage que mon indubitable savoir faire ménager applique sur le matériel à disposition, le noir envahit brutalement nos écrans... Le disjoncteur a saturé...
Remise en marche, réglage des pendules et re-clac !
Le diagnostique n'est pas très compliqué. La fautive est rapidement identifiée... Sournoise, la perturbatrice me laisse en rade au pire moment, tambour rempli de linge imprégné d'eau savonneuse, grisâtre, pégueuse : l'expression locale décrit la sensation pénible que donne un produit qui refuse de quitter vos mains, même sous le flux du robinet ouvert...
Ô joie des pannes du dimanche matin...
Ô solitude de la ménagère accablée par la vision miséreuse de la lessiveuse…
Tandis que GéO s'attelle derechef à détecter l'origine du problème, je sais que je n'aurai d'autre solution qu'une équipée solitaire à la laverie municipale. ... À l'heure où d'autres songent à dorer les amuse-gueule, à dresser le couvert de fête, à sonner le rassemblement festif du régal dominical, me voilà partie en expédition de rattrapage dans la cahute installée au Rond Point à la sortie de la ville, soulagée pour lors que ma nichée ait déjà déserté...
J'ai la surprise agréable d'y partager le sort de deux concitoyens. Un quinquagénaire célibataire souffrant du même abandon que moi, essaie de résorber son retard pour préparer sa semaine... C'est grâce à lui que je m'initie au mode d'emploi des machines alignées dans la cabane de verre. Le brave homme me propose même généreusement une dose de lessive dont je n'ai pas songé à me munir... Nous entamons une intéressante conversation consacrée aux mérites respectifs des équipements individuels comparés aux matériels collectifs, quand nos regards s'attardent sur le carrelage jonché de poils de chiens, de cheveux, de poussière et de résidus poudreux... Encourageant.
Survient alors notre troisième comparse, qui s'apprête à sortir d'un immense sèche-linge les deux couettes qu'elle lui avait confiées. Naturellement solidaire, je me propose pour l'aider à plier les pièces conséquentes en évitant de les laisser traîner sur le sol crasseux. Bien nous en prend, car l'opération qui consiste à tendre la couette avant pliage permet de repérer sur le tissu d'énormes taches brunes, dont la couleur et la consistance ne peuvent évoquer que le pire...
En fait, l'exploration de la machine par la lingère affolée ramène au jour des emballages individuels de...chocolat! Mous et presque vidés de leur contenu par la chaleur du séchage, les petits paquets vomissent encore un surcroît de boue brunâtre. Quelle bonne blague a été concoctée là par d'anonymes farceurs, peu gourmands ou saturés de friandise!
Glosons, glosons... N'empêche: cette misère ménagère aura enrichi considérablement mon champ d' expériences d'une activité encore inédite.
Et comme tout problème trouve sa solution, en guise de lot de consolation, GéO et sa moitié ménagère ( oui, oui, c'est moi) sommes fiers de vous annoncer l'arrivée et l'activité intensive de la dernière acquisition du ménage!
Vive l'an neuf et son lot de surprises...
* Qui va me jeter la pierre? Sans ambiguïté et lucidement assumé: tout trentenaires qu'ils sont, mes Audréliens seront toujours les enfants…
Quand bien même leurs chemins de vie se complexifient et empruntent des itinéraires éloignés du nid,(n'ai-je pas la première choisi l'exil conjugal et méridional) tendresse et vigilance restent inscrites au programme de mes gènes… Amen
19:29 Publié dans goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : récit, écriture, humour, maison | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
09/06/2009
une goutte dans un océan
Courte saynète inspirée à GéO par le long, long fleuve des exégèses concernant le scrutin de dimanche dernier:
Notre élégante Madonne pénètre ce matin dans le bureau tant convoité de sa rivale. Inspirée par des forces célestes, elle se prosterne devant sa Patronne, la Mère Amptoire, et lui adresse d'une voix implorante cette prière:
--Pardon, Pardon, Pars donc…
16:09 Publié dans goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : humour, politique, scrutin | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
05/01/2009
Cendrillon des temps nouveaux…
Pour commencer en beauté l’année nouvelle, je me retire sur la pointe des pieds, et cède le clavier à ma Douce…
Nouchette, bravant sarcasmes et railleries, se dit prête à affronter vos sourires et autorise la publication de son aventure sous cette rubrique.
Au dire de GéO, Nouchette raconte aussi bien que sa mère…
Comment dès lors avoir le cœur de vous priver de l’affaire ?
Reportez-vous un poil en arrière, par ce froid matin du début décembre, dans l’atmosphère saturée du métro parisien, alors qu’une petite bruine glaciale a déjà ruiné votre brushing matinal et engourdi jusqu’à la moelle vos mains pourtant gantées et vos pieds chaussés pour affronter une journée de bureau…
Il était une fois une jeune femme en route pour le boulot.
Vêtue de son tailleur et de ses chaussures rouges, celle-ci allait d'un bon pas
(Puisqu'elle était en retard comme d'habitude).
Chemin faisant, elle descendit du RER à la Station Charles De Gaulle Étoile, et se dirigea prestement vers la ligne 2 du métro.
Patiemment elle guetta le train vert et blanc, puis à son arrivée, enjamba le marchepied d'un geste ample et souple, non sans se rendre compte que le pied droit s'en trouva tout à coup fort léger! Constatant soudain la disparition de sa chaussure rouge, la jeune femme bondit hors du wagon pour chercher des yeux son soulier sur les rails. Elle le vit, là, gisant tout proche du quai, face contre-terre. Penaude, elle chercha la borne d'urgence puis se précipita sur le bouton "appel du chef de gare":
- Allô?
- Allô!
- Bonjour, monsieur, j'ai perdu ma chaussure sur les rails de la ligne 2
- Ben je peux rien faire pour vous, je peux pas descendre là. Faut sortir M'dam.
- ben, faut sortir où? je peux pas marcher, j'ai pas de chaussures!
- Faut sortir là M'dam, moi je peux pas vous aider. Faut prendre Carnot.
- Je prends la sortie Carnot? Elle est loin!
- J'peux pas descendre, faut sortir M'dam!
Décontenancée par une telle sollicitude, la jeune femme haussa les épaules, commençant à cheminer (ou plutôt claudiquer) vers ladite sortie. Quelques kilomètres de couloirs plus tard... ( nous sommes dans la station plus longue de Paris), elle vit enfin poindre le guichet, et l'espoir de revoir un jour sa chaussure. Décidée à affronter cette péripétie avec humour et bonne humeur, elle attendit patiemment
que la longue file d'usagers n'ayant pas compris comment utiliser les automates distributeurs de tickets termine ses achats pour s'adresser enfin au guichetier avec un large sourire:
- " bonjour, vous allez rire, j'ai perdu ma chaussure sur
la ligne 2 du métro, direction Nat..."
- " Je vous arrête tout de suite M'dam, ici c'est le RER, j'peux pas vous aider!".
- "Non mais, à la borne d'urgence du métro.."
- "Mais ici c'est le RER m'dam, j'peux pas vous aider!".
Abandonnant toute bonne résolution, toutefois sans perdre son sang-froid, Audrey (ben qui d'autre?!) lâche enfin:
- " RER ou Métro, j'ai traversé toute la station pour venir jusqu'à vous, vous allez m'aider à récupérer ma chaussure!".
De mauvaise grâce, le guichetier fit appel à ses collaborateurs pour venir me chercher, et retraverser toute la station en sens inverse, en prenant bien soin de prendre tous les détours afin d'allonger la route au maximum.
Retour sur le quai du métro, quelques 20 bonnes minutes plus tard, et une terrible crampe aux orteils en prime, je récupérai enfin ma chaussure du crochet magique de mon sauveur.
Après auscultation de l'objet, je me résolus à enfiler de nouveau mon soulier, quand, relevant la tête, je me trouvais nez à nez avec... UN EX!
C'est, je crois, ce qu'on appelle une bonne journée.
Ma Cendrillon au pied d’airain a retrouvé chaussure et bonne humeur, après avoir jeté dans ma boîte mail sa mésaventure matinale… Nous en avons bien ri et j’avoue que je suis assez fière de son sens de l’auto-dérision, la meilleure arme à mon sens pour braver les aléas que nous réservent nos petits matins blêmes, conséquences de nuits trop brèves… Et puis, quand on a hérité d’une mère capable d’aller affronter sa journée de classe et les rendez-vous de parents d’élèves chaussée à la fois d’un mocassin noir et d’un escarpin bordeaux, peut-on affronter autrement l’adversité?
19:06 Publié dans Conte-gouttes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écriture, récit, nouvelle, humour | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
09/11/2008
Fanchette au Bain…
Bien qu’elle ait franchi les multiples étapes de sa maturité, Fanchette a conservé quelques émois de fraîcheur naïve. Du moins c’est ainsi qu’elle préfère considérer les quelques inhibitions, résidu de timidité viscérale, que le cours des vicissitudes usuelles n’a pas réussi à gommer.
Voici donc notre quinquagénaire de passage à Paris, où elle a un rendez-vous. Fanchette a résolu de s’occuper d’elle-même en s’offrant Un Soin. Vous allez vous moquer, je vous imagine bien, caustiques comme vous savez l’être, devant votre écran, vous les actives trentenaires nourries de diversité citadine, les quadra vaccinées aux opportunités commerciales. Mais Fanchette, qui pourrait être votre mère, a dû houspiller ses habitudes pour quitter sa province lointaine et venir gaspiller quelques jours dans les remous de la grande cité, loin de ses collines verdoyantes et ensoleillées.
Elle a pourtant essayé de faire une valise légère, mais le sac à roulettes qui tire sur ses bras rend la descente des escalators un brin hasardeuse. Aussi elle se sent vite en nage, moite et rouge comme elle se déteste, mais elle se refuse à l’agacement et observe les visages renfrognés des voyageurs qui l’accompagnent sous terre. Elle se figure d’ailleurs un peu l’OVNI du wagon, sur cette rame nouvelle qui file entre la gare de Lyon et le cœur de la capitale. Il lui faut un moment pour reconnaître l’enchevêtrement des couloirs et des plans qui mènent aux différentes lignes. Quand enfin elle émerge sur la place Malesherbes, les nuages bas accrochés aux ramures des marronniers la surprennent. Comme si l’écran de ses lunettes était passé en 16/9ème, élargissant la perspective au détriment du ciel. À son insu, sa silhouette prend la mesure du couvercle et se tasse vers le trottoir. La marchande du kiosque à journaux n’est guère amène pour cette provinciale entravée qui n’achète rien et elle économise ses renseignements, se contentant d’un mouvement de tête pour orienter la quémandeuse dans la bonne direction.
- Sympa ce quartier soupire in petto notre voyageuse.
La porte de l’Hôtel Hilton se présente comme un majestueux carrousel qui se meut automatiquement dès qu’elle s’insinue sur le quart de cercle délimité par les vitres. Il lui semble qu’elle glisse jusqu’au centre du hall immense, poussée par une douce main invisible. Son regard embrasse la scène, ou plutôt les différents espaces, elle reconnaît le comptoir des concierges, un bureau discret en recoin, deux salons différents aux fauteuils confortables et chatoyants, rouges et mauves. Quelques panneaux indiquent différents services, rien ne l’aide pourtant à identifier le Spa qu’elle recherche. Toujours gênée par sa monstrueuse valise, elle finit par s’enquérir auprès d’un jeune homme tout de noir vêtu, qui s’éclipse derechef à la poursuite du renseignement. Quelques secondes plus tard, il est de retour et l’accompagne jusqu’aux ascenseurs, la libérant d’un aimable message de bonne journée.
Fanchette recouvre un peu d’assurance. Finalement, jusque-là, tout se présente bien : elle a même de l’avance, ce qui est confortable pour soulager un peu l’énervement de se sentir si mal à l’aise, ruisselante de nage dans son joli petit tailleur Morgan acheté presque tout exprès pour l’occasion. Poussant la porte battante d’une main, tirant la valise de l’autre, elle se présente en silhouette égyptienne aux employées qui l’attendent dans l‘entrée. Les deux jeunes femmes affichent un sourire identique, dans leur blouse jaune pâle. Aussi jolie et charmante l’une que l’autre, la blonde au type scandinave, la brune au physique asiatique, elles s’expriment toutes deux avec un fort accent, cochent sur un registre la ligne du rendez-vous. La brune, étiquetée Dorha, se lève et contourne le bureau pour s’emparer arbitrairement de la valise et guider la cliente intimidée vers un long couloir carrelé, ponctué de portes à hublots. Dans un français haché, elle explique à Fanchette que la porte du fond permet d’accéder au Jacuzzi et aux cabines sauna, s’inquiétant du port d’un maillot de bain que celle-ci est soulagée d’avoir glissé au dernier moment dans le vaste sac à main qui complète sa panoplie de voyageuse. Puis Dorha opère un savant demi-tour pour remonter jusqu’à une des portes latérales, marquée vestiaire 2, ouvrant sur une pièce divisée en trois secteurs : en face, un plan à double vasque séparées par un monticule de serviettes mousseuses, des flacons géants de produits, quelques étagères contenant du linge.
À droite, une entrée mène aux toilettes,aussi vastes qu’une salle de bain.
À gauche, le vestiaire porte bien son nom, évoquant les installations de n’importe quelle salle de gymnastique : un banc de bois latté séparant d’un côté deux douches fermées par des portes de verre, de l’autre des placards de consigne, emboîtés les uns aux autres, munis de leur serrure individuelle. Fanchette reçoit la clef de celui qui lui est dévolu, navrée de constater que sa valise n’y entrera pas. Tout juste pourra-t-elle y pousser son cabas-sac-à-main, en tassant un peu. Mais dans un tel endroit, qui viendrait voler quoi que ce soit ?
Restée seule, Fanchette entreprend de répondre aux consignes de Dorha, du moins à ce qu’elle en a compris, tant la prononciation de la jeune femme laisse place à une large interprétation. Elle n’a besoin que de quelques minutes pour enlever et ranger ses effets, arpenter trois fois l’espace, regarder les étiquettes des produits, s’inquiéter de prendre une douche, ce qui signifie quand même se glisser nue derrière ces portes transparentes. Le calme souverain de l’endroit, l’impression d’y avoir été oubliée l’emportent sur ses hésitations et Fanchette se décide d’un coup, appréciant le soulagement de se délester de ses sueurs inopportunes.
Dorha passe enfin la tête par la porte et manifeste son étonnement de ne pas avoir trouvé sa cliente dans les délices du Jacuzzi. Fanchette comprend qu’elle n’a pas suivi le protocole et s’en navre, mais Dorha la rassure, elle pourra profiter plus tard de ces services, et la voilà qui introduit Fanchette dans une nouvelle pièce très sombre. Au fond, derrière une rangée de bougies allumées, elle distingue une vasque sur un plan chargé également de flacons. À droite de la vasque, un meuble roulant porte également de nombreux pots et bouteilles de toutes tailles. Au centre de la chambre étroite s’étend une table rectangulaire, tendue de serviettes moelleuses. Un espace à été aménagé dans le plan de la table pour permettre le passage du nez comme le mime Dorha, que Fanchette commence à mieux comprendre… Tandis qu'elle s'habitue autant à la demi-obscurité qu'à la prononciation de la jeune femme, elle perçoit le paquet que lui tend la jolie masseuse : un string jetable, à enfiler avant de s’allonger sur la table centrale. À cet instant, Fanchette se sent très à l’aise, elle a complètement oublié toutes ses timidités et inhibitions qui l’ont si longtemps freinée. Elle se laisse tout simplement guider, décontractée, décidée à profiter au mieux du moment. Dorha opère en silence, après lui avoir proposé un produit odorant que Fanchette accepte bien volontiers. Quelque part dans le noir, des hauts parleurs diffusent de manière assourdie une musique exotique « japonisante », rythmée de sons aigus évoquant le choc de bambous, de mélopée lointaine à capella, de flûte de pan trahissant le souffle humain… Une torpeur maligne s’installe dans ses reins, et Fanchette se dit qu’elle doit réagir sous peine de sombrer dans une sieste incongrue, entre les mains de cette inconnue.
C’est ainsi que Fanchette apprend que Dorha est Balinaise, qu’elle vit en France depuis cinq ans mais que « c’est dur de s’habituer » malgré l’amour de son mari, parce que ce monde-ci est si différent : « pas beau toujours le ciel…, pas manger comme aime…, pas gentil se parler dans la rue, avec trop escaliers pour métro… «
Eh bien, Douce France, que fais-tu pour aider tes invitées à s’adapter ?
Dorha poursuit sa tâche, lentement, elle explore chaque parcelle du corps de Fanchette, roulant au fur et à mesure la vaste serviette qu’elle a disposée pour recouvrir le corps de sa patiente, ne parlant que pour répondre aux questions posées, à mi-voix, sans hésitation mais sans chercher à prolonger la conversation. Du cou aux fesses chaque centimètre de peau est enduit d’essence grasse et parfumée, palpé, roulé, caressé, recouvert… Puis la masseuse s’intéresse aux pieds, sépare les orteils, massant chacun d’eux, la plante des pieds, elle remonte ensuite le long des jambes, des cuisses, c’est délicieux, humm…, enfin, elle demande à Fanchette de se retourner afin d’entreprendre la face B… Les paupières lourdes, Fanchette accomplit la rotation demandée avec un effort, tant elle se sent éthérée, elle doit mobiliser sa volonté pour obéir à la demande courtoise de sa tortionnaire … À nouveau, les mains expertes entreprennent de parcourir l’étendue charnelle de ses mouvements relaxants, insistant sur les muscles autour du cou, frôlant habilement les seins d’un palper rapide et superficiel, chorégraphiant un ballet vaporeux sur son abdomen, reprenant comme une vieille antienne la friction du derme des cuisses… Cette fois, Fanchette se laisse manipuler sans vergogne, acceptant voluptueusement l’abandon qui la gagne…
Revenant à elle-même sur l’invitation de la sybaritique soigneuse, Fanchette saisit l’invitation pressante de Dorha à user du Sauna et des services annexes… Définitivement débarrassée de ses complexes, elle revêt alors le maillot de bain extirpé du bagage à main, grimaçant à la désagréable sensation provoquée par le collage du tissu sur sa peau encore huilée. Elle a bien eu un mouvement vers la douche cachée dans la salle de massage, mais Dorha l’a dissuadée en hochant sa gracieuse figure :
- Non, Sauna plus efficace sur peau avec essence…
- Ah bon.… Mais Fanchette se sent à nouveau poisseuse et le contact du peignoir que l’onguent plaque sur sa peau annule le bien-être antérieur.
La porte de la première cabine laisse filtrer plusieurs bruits de voix féminines. Fanchette, version glue, ne se sent plus l’humeur sociable et décide de se retrancher dans la seconde cabine au silence prometteur. Juste devant la porte d’accès, un cadre de bois délimite un plateau sur lequel de gros galets rougeoient. Latéralement, une banquette de lattes nues invite à s’asseoir tout près du foyer, tandis que le troisième mur de la petite cabine est occupé de deux autres couches en gradin. Pour le moment, Fanchette est ravie de sa solitude, d’autant que la chaleur intense qui émane des cailloux incandescents libère une abondante vague de sudation.
- Beurk, soupire notre exploratrice, c’était bien la peine, je suis en train de tartiner mon maillot avec cette mayonnaise !
Considérant l’épais silence qui colmate l’atmosphère du réduit, Fanchette se dit qu’elle quitterait bien ce voile de fibres acétates pour limiter la sensation de cuisson à l’huile. Ni une ni deux, je suis seule, ça peut gêner qui ? Hop !, elle fait glisser le maillot une pièce à ses pieds et se réinstalle sur la serviette- éponge dont elle a recouvert la banquette. Elle finit par s’allonger totalement, maugréant un peu contre la rudesse du support et l’absence de coussin pour caler sa tête.
C’est alors que son esprit la visualise dans sa position, telle qu’elle est couchée, nue, pubis à l’air et ventre offert, une alarme retentit dans sa tête :
- Il n’y a pas de loquet sur la porte, n’importe qui peut…
En un quart de tour, la voilà enveloppée dans l’éponge de sa couche, le maillot rejeté à côté. Il était temps ! À peine venait-elle de glisser le petit coin supérieur d’étoffe contre la peau de son sein droit que la porte s’ouvre brusquement et qu’entre un homme ruisselant de la tête aux pieds, à la nudité normalement protégée par un caleçon de bain…
Impossible pour Fanchette de rougir plus qu’elle ne l’est… Elle bafouille après un bonjour tremblotant :
- Euh, je ne savais pas, enfin, est-ce que cette cabine est réservée aux hommes ?
- Sorry, I don’t understand, répond courtoisement l’intrus.
- Oh yes, I mean, I did’ nt know that this cabin was reserved for men …
L’inconnu entreprend d’expliquer qu’à sa connaissance, il n’y a pas de distinction de sexes dans l’usage des saunas, avant de se lancer dans une suite de compliments sur la chance d’être française, « car votre civilisation repose sur une véritable histoire, alors que nous à Dubaï, nous ne sommes rien, que des bergers et des nomades sans passé ni architecture… »
Fanchette est tellement soulagée par la tournure de l’aventure qu’elle lutte désespérément contre le fou rire qui remonte de son ventre vers sa glotte et elle saisit à pleins rameaux la perche tendue pour s’extasier poliment et décemment à son tour sur les exploits des bâtisseurs modernes qui offrent à Dubaï une renommée internationale…
S’appliquer à choisir ses mots en anglais sauve la face de notre héroïne. De temps à autre, le fragile nœud de la serviette se relâche, et il lui faut une véritable maîtrise d’elle-même pour glisser les doigts dans l’épaisseur de l’éponge et resserrer le tissu félon sans perdre son interlocuteur des yeux et poursuivre cet échange diplomatique sur les valeurs respectives des deux civilisations. Le temps passe, Fanchette est enfermée dans l’antichambre de l’enfer depuis un bon moment, et ne voit plus très bien comment rompre là l’échange roboratif de courtoisies, afin d’effectuer une sortie digne sans dévoiler qu’elle ne porte rien sous sa serviette. Heureusement, le sort est indulgent pour elle en ce vendredi, et la porte s’ouvre à nouveau pour laisser entrer un second client du prestigieux hôtel. Le nouveau venu se glisse illico dans la conversation, lui vient de Dublin et la vieille Europe il connaît bien, il connaît également le monde arabe, fréquentant Riad et les Saoudiens…
- Ouf ! songe rapidement notre évadée campagnarde, voilà l’instant propice !
Ramassant promptement le petit chiffon de nylon noir qui gît au fond de la banquette, elle formule un petit discours d’évasion :
- Whew! It’s enough for me, I am very pleased to have met you. I hope you will enjoy your staying in Paris .…
Les mots ont à peine le temps de franchir ses lèvres qu’elle pousse déjà la porte fatale et rejoint l’atmosphère humide de la salle au jacuzzi. Les spasmes de rire nerveux qu’elle est parvenue à contenir retrouve le chemin de la sortie quand, hilare, elle se glisse dans la cabine de douche attenante.
Fanchette au bain… Fanchette se dévergonde… Fanchette l’exhibitionniste de l’hôtel Hilton a encore frappé… Fanchette à la conquête des mœurs de la Capitale, quelle expérience !!!
20:01 Publié dans Conte-gouttes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : récit, humour, nouvelles, écriture | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
30/05/2008
Speedy (dé)confiture.…
Cette semaine, j’ai donc tenu ma première réunion pour Wonderkitch’ en solo !
Voilà un bon moment que je préparais mentalement ce passage à l’acte et m’impatientais de le VIVRE, exactement comme dans ma vie précédente j’anticipais dès le 20 août, nuits et jours, les rentrées scolaires et le moment où je me tiendrai au milieu du nouveau groupe d’élèves le matin de la rentrée. …
Ma nouvelle rentrée a eu lieu ce dernier mercredi de Mai, au milieu d’un groupe d’ « instit’ » justement, clin d’œil malicieux du cours des choses, qui montre une fois encore comment se créent des ponts reliant une page à l’autre de notre vie.
Évidemment, tout pont s’érige sur une structure, et le pilier qui tient la construction, c’est l’Amitié, qui porte aujourd’hui le prénom de Marie-b, amitié en sauts de puce d’une page de vie à une autre, d’épisodes en chapitres clos, nous nous sommes retrouvées l’année dernière à plus de huit cents kilomètres de notre point de départ. Je vous parlais de pont, celui-ci ressemble à un viaduc traversant la géographie physique et sentimentale de nos existences.
Me voici donc à Hyères, dans un quartier tranquille de la ville, accueillie à bras ouverts par la maîtresse de maison, organisatrice de la réunion par amitié pour sa collègue, qui le lui a demandé par amitié pour moi… Les piles du pont, les jambages à l’infini que nos petits dessinent…
J’ai préparé pour cet atelier deux recettes à réaliser ensemble afin de permettre à l’assistance de manipuler les ustensiles, en pensant au matériel intéressant à acheter pour mes clientes potentielles, aux recettes faciles et rapides pour femmes actives, aux outils fonctionnels et séduisants… Parmi ceux-ci, un mixer mécanique , baptisé Speedy par la multinationale, tient habituellement ses promesses de rapidité et de fiabilité… J’ai monté moi-même plusieurs crèmes chantilly à la maison en un tour de main, grâce à l’engin, d’un usage simplissime. Je suis donc certaine de mon effet, dans le déroulé de ma leçon, c’est le passage le plus probant et, sans aucun doute, petite Perrette débutante, je me réjouis à l’avance du régal offert à mon public, je prévois les conséquences concrètes de la dégustation sur les ventes…
Las, comme Perrette justement, c’est bien dans ma certitude sereine que se niche le caillou qui fait trébucher !
Ce jour-là, il règne sur toute la région un ciel orageux, bas, chaud, humide. La maîtresse de maison nous a installées sur la terrasse qui jouxte la cuisine. Par commodité, elle a sorti tous les ingrédients requis pour la recette du moelleux au chocolat, y compris la crème fleurette entière, à réserver pour la seconde phase de l’opération dégustation, dès que le gâteau sera cuit dans le four à micro-onde. J’ai bien repéré au cours de la démonstration ce petit pot suant sur la table, et tout en poursuivant la conversation, je me suis glissée dans la pièce attenante pour le remiser dans le réfrigérateur. Mais de fait, la cuisson du biscuit ne demandant que six minutes, nous passons rapidement à la phase sauce Chantilly …Et le flacon de fleurette est ressorti aussitôt…
Plusieurs convives se portent volontaires pour exécuter les rotations de la manivelle sur le fameux speedy, j’ai prévenu qu’une soixantaine de tours suffisait pour obtenir une crème fouettée ferme et aérée . Nous comptons allègrement la minute d’efforts accomplis, mais en soulevant le couvercle, les mines gourmandes se mâtinent de déception : la crème est encore liquide, onctueuse concédons-nous, mais son ruissellement sur les pales interdit de la considérer comme Vraie Chantilly.
Il en faut plus que ça pour désorienter des enseignantes, habituées à considérer que l’échec nourrit l’apprentissage ! Une seconde volontaire prend le relais sans plus de succès. Nous élaborons alors une stratégie de recherche, retenant l’hypothèse que le climat orageux et la chaleur lourde ont modifié la réaction des produits. Une première fois, nous introduisons le bol du Speedy dans le congélateur, cinq minutes, le temps de s’extasier sur le moule en silicone qui permet un démoulage parfait à chaud, sans usage de matières grasses : ah, la bonne conscience des gourmandes !
Le délai de congélation se révèle insuffisant pour rattraper la consistance désirée, malgré le redoublement d’énergie sur la manivelle, que je reprends à mon tour, après notre hôtesse… Cette fois, le chœur des profs décide une sanction de quinze minutes, que nous mettons à profit pour éplucher les légumes destinés à l’estouffade de concombre aux crevettes… Hum, à l’énoncé de la recette, notre imagination titillent nos papilles… Françoise, une des assistantes, manifestement connaisseuse et fan des produits Wonderkitch’, entonne la démonstration des qualités de la cocotte, du coupant inaltérable des couteaux, de l’efficacité du tranchoir à légumes… Je me reposerais presque, si mon petit ego ne se tourmentait du coulant de la sauce blanche !
Les légumes enfournés dans la cocotte-miracle, nous nous résignons à déguster notre excellent moelleux au chocolat sous son lit de crème couvrante…
C’est savoureux, délicieux, onctueux, crémeux, mais pas moussant, pas aérien, alors que nos palais étaient en droit d’accéder à la sensation du moelleux de la pâte fondant dans le nuage délicat de la crème, les deux matières s’enchevêtrant sous la pression combinée de la langue et du palais.
Me voilà fort déconfite, malgré l’intérêt que mes compagnes accordent aux catalogues et aux différents ustensiles que j’ai exposés dans le séjour.… L’après-midi tire à sa fin, chacune a fait son profit de l’expérience, j’empoche mes commandes, grandement satisfaite du succès de l’entreprise et de l’émulation dynamique dont je me suis abreuvée, mais derrière l’euphorie de la performance persiste la vision d’un nuage floconneux s’écrasant mollement dans l’assiette, dégoulinant sans la moindre élégance sur ma renommée culinaire à peine constituée…
19:00 Publié dans goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : expérience professionnelle, humour, cuisine, amitié, journal, récit, écriture | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer