09/06/2009
une goutte dans un océan
Courte saynète inspirée à GéO par le long, long fleuve des exégèses concernant le scrutin de dimanche dernier:
Notre élégante Madonne pénètre ce matin dans le bureau tant convoité de sa rivale. Inspirée par des forces célestes, elle se prosterne devant sa Patronne, la Mère Amptoire, et lui adresse d'une voix implorante cette prière:
--Pardon, Pardon, Pars donc…
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24/11/2008
Soeurs ennemies
Sœurs d’un même lit, élevées sous la même Autorité, Delphine et Marinette ont pourtant toujours été si dissemblables.
L’une est sèche comme un sac d’os, et son sourire expose ses larges dents.
L’autre présente ses rondeurs pour mieux cacher sous son apparente faconde l’autoritarisme de ses aboiements.
L’une vomit tous les soirs la bile dans laquelle macèrent ses violents désirs de conquête.
L’autre déverse tout à trac le flot ininterrompu de ses ordres dominateurs que le sac de ses bajoues ne peut retenir.
L’une ressemble à un lévrier élégant, sa course rapide se veut démonstrative, elle minaude et prend des poses. Elle s’applique au paraître.
L’autre ne connaît que la bataille frontale, elle charge tête baissée pour abattre l’ennemi en force, jonche son chemin de bris et de peurs. Jamais elle ne regarde en arrière.
L’une se fait lumière, étoile, étincelle de son regard, élabore de langoureuses danses. Elle pare son discours de larmes coupantes comme des diamants pour celer ses blessures stratégiques…
L’autre bouscule les acquis, sème des certitudes arrogantes, s’entoure de mercenaires aguerris, détermine les champs de bataille vastes comme les mornes plaines d’où elle contrôle les avances ennemies. Les mines qu’elle y pose sont jalonnées, les chausse-trappes dissimulées dans les labours réguliers explosent à intervalles programmés, ses soldats sont disciplinés ou jetés…
Delphine travaille son image, soigne les costumes et les décors avec une intuition artistique, vêtements chastement affriolants, voile de cheveux libres encadrant l’ovale si pur de son visage, doux regard languissant de l’agneau qu’on exécute au soir du Martyre, elle renaît en Phoenix incandescent sous un casque ondulé et flamboyant, Jehanne de Province illuminée par sa mission sacrée.
Marinette attend son heure depuis des décennies, elle a bâti de ses mains les contreforts de son pouvoir, n’a jamais cédé aux doutes, à la peur, aux hésitations dont elle ignore même la sensation. Née l’aînée, elle revendique sa prééminence, refuse les tergiversations, les compromissions et la reddition. Elle cogne et ne pleure pas, et si d’aventure elle accuse les coups, c’est en s’ébrouant, râlant, grognant et hurlant, sa rage se décuple et la précipite dans un nouvel affrontement.
Mais que convoitent-elles donc, les deux sœurs qui s’affrontent maintenant dans ce combat des chefs ?
Pour qui, pour quoi affûtent-elles leurs armes et décomptent-elles leurs troupes, ces deux filles d’un même père ?
Pour Lui, justement, pour se revendiquer de son lit, de son sang, de son héritage…
Pour reprendre un flambeau dont elles devinent qu’il vacille si fort que la chute n’est pas loin.
Pour Lui qui n’a pas eu le fils qu’il espérait, celui pour lequel il a construit son royaume, son entreprise, sa raison de vivre.
Pour ce fils, qui devait naître Marin, aventurier au long cours, découvreur d’ères nouvelles et chevalier des Temps Promis, et qui à cause de ce sexe fendu, n’a été que Marinette.
Quand le second bébé attendu s’est révélé fille encore, il a haussé les épaules, dépecé de son espoir, défait de son attachement à une descendance sans mâle.
Alors, au soir descendu sur la maison, Il regardait ses deux filles attablées aux devoirs sur la table familiale. Pendant que la mère s’activait en silence, il occupait son fauteuil au bout de la longue table et les observait à leurs tâches, affectant de réfléchir et de s’occuper de ses affaires.
Marinette avachie en boule sur ses livres et ses cahiers chiffonnait bien vite ses affaires et emballait les leçons avec précipitation. Delphine, assise droite comme un i, le cou tendu, étalait complaisamment les articles qu’elle sortait du cartable, occupait tout l’espace disponible et un peu plus, lançait ensuite quelques regards, couleurs de miel et de lavande, dans sa direction. Puis elle susurrait les rimes de la poésie du moment, poussait insidieusement vers lui ses cahiers couverts de dessins savamment nuancés, soignait son écriture et s’efforçait de l’empêcher d’ignorer son application. À l’issue de ce manège, elle récoltait sa peine en s’installant à ses côtés, mine de rien et attendait son approbation, sa récompense, l’attention qu’il accordait enfin à la diablesse qui l’avait si bien séduit.
Entre-temps, Marinette avait de longtemps déserté l’étude, jeté en vrac les ustensiles d’école dans son sac et s’était éclipsée loin de la cuisine et des corvées domestiques. Quand, au décès de sa femme qu’il a vécu comme une trahison, les filles ont dû prendre les rênes de la maison, Delphine dressait le couvert à sa manière, pleine de grâce et de délicatesse, servait les repas avec componction, mais ne parvenait jamais à tremper ses mains blanches dans l’eau grasse de la vaisselle. Sans qu’on puisse déceler l’astuce, elle n’était jamais là au bon moment pour effectuer les corvées les plus triviales et laissait à son aînée les tâches les moins valorisantes. Bonne fille, Marinette a mis du temps avant de comprendre l’astuce qui valait à sa sœur le surnom de princesse et à elle …aucun de ces petits mots doux.
Oh, il sait lui reconnaître du courage et de l’allant, à cette aînée robuste et pugnace. De ses maraudes enfantines, elle a rapporté plus de gnons et d’écorchures, d’accrocs aux manches et de genoux écharpés que deux douzaines de garçons normalement constitués. Mais elle est fille, femme maintenant, et depuis longtemps, elle traîne dans son sillage un Benoît si benêt que c’est à lui qu’il revient d’aller chercher les enfants à la sortie de l’école avant de s’épanouir dans les allées des supermarchés… Le Père ne le dirait pour rien au monde, mais il méprise son gendre trop accommodant. Il préfère calquer son dédain sur celui de Marinette et affecte souvent d’oublier son prénom. Quant aux petits-enfants, qu’ils fassent leurs preuves et on verra toujours de quel côté la balance est tombée.
Marinette a occupé la place de l’Héritier, il le reconnaît bien volontiers, elle endosse avec dynamisme et volonté tous les aspects de ce métier difficile, elle sait mener les hommes et les machines, traquer les feignants et les lâches, pousser l’effort jusqu’à l’accomplissement final du travail, et même au-delà. Il lui reconnaît même de la justesse dans ses ambitions, mais se garde bien de le lui dire… Au fond de lui, dans un petit recoin de son esprit, il sait, de cette certitude innée qui régit les lignées, qu’elle guette son faux-pas pour prendre la tête de l’entreprise. Alors, il fait mine de ne pas le savoir, et chaque jour il se bat pour repousser sa défaite, ou du moins compliquer sa conquête…
Demain pourtant, il lui faudra choisir…
Marinette ou Delphine.
Car Delphine est revenue. Du bout du monde, des villes enfiévrées et polluées, elle a rapporté des gadgets, des idées saugrenues et surtout une insatiable ambition. Oublié le mari bellâtre qui s’est dissous dans la mêlée comme un comprimé d’Alka Selzer dans un verre d’eau à la clôture d’une soirée trop festive. Delphine a digéré cette page de sa vie, quelques autres aussi sans doute, elle ne s’est pas étendue sur les possibles désastres d’arrière-garde. De savantes mines ponctuées de silences éloquents ont suffit pour dresser le constat, raconter ce qui ne méritait pas de l’être, évanouir les protagonistes déchus et revenir à l’objet de sa première conquête.
Le Père a succombé à ses charmes, à son savoir être « catamiaule », il n’est pas dupe pourtant. Mais elle est si belle et tellement volontaire, elle aussi. Delphine a appris les langues étrangères, elle pratique surtout le langage-du-cœur, celui qui fait fondre les résistances et retourne les adversaires… Sauf que…Cette fois, Delphine s’est créé un ennemi solide. Marinette, qui ne trouvait rien à redire quand sa petite sœur envahissait la table des devoirs ou les genoux paternels, Marinette regimbe à l’idée de partager l’avenir avec sa cadette.
Et la guerre s’est engagée…
Avec ses escarmouches feutrées au début, de plus en plus hargneuses au fur et à mesure que se rapproche l’échéance.
Les camps ont changé de fidèles, plusieurs fois. Les armes ont été échangées, Marinette a appris l’usage saignant des mots qui blessent, des phrases qui empoisonnent… Delphine a combattu pied à pied, s’imprégnant des chiffres et des formules gagnantes, reproduisant les gestes professionnels qui font illusion, réparant ses gaffes d’un sourire de Madone ou d’une larme de comète…
Plus qu’un jour à tenir, pour les deux héroïnes, le dénouement est proche, tout proche.
Mais Le Père ne sait pas trancher, lui qui n’a jamais connu la pitié, il ne peut s’imposer ce dilemme effrayant, contre-nature. S’il choisit la lumineuse Delphine, il sait qu’il se trahit et commet une irrémédiable injustice. Mais le monde serait lourd sans la grâce de son étoile, même s’il doute qu’elle sache prendre la barre et mener l’exploitation de son trésor à bon port.
S’il choisit Marinette, il endosse un état de fait, il assume la suite naturelle, elle connaît vraiment le métier, mais elle fera sans étincelles, sans imagination, sans génie. Travail propre, mais terne. Au crépuscule de sa vie, le Père soupire après les embrasements, les illuminations qu’il a refusées toute sa vie, les douceurs qu’il n’a accordées qu’avec tant de parcimonie…
Demain il faudra bien en finir…
Et si la vie après tout se chargeait de ce coup du sort ?
S’il disparaissait comme ça, tout à coup, sans rien dire, en laissant les deux femmes s’affronter ?
Non, quand on est Le Père, on ne quitte pas la scène sans panache, on ne renonce pas à laisser Sa Marque, Son Enseigne. L’une ou l’autre, il faudra bien qu’elle pérennise Son Oeuvre, qu’elle accomplisse le dessin auquel il a tant sacrifié.
Demain, dans quelques heures, à l’autre bout de la nuit qui s’avance…
16:42 Publié dans Conte-gouttes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écriture, récit, rivalité, politique, héritage, machisme | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
07/03/2008
Poli…tic ou poli…toc ?
Voilà, c’est reparti pour un ou deux tours, médias, boîtes à lettres, on nous rebat les oreilles de belles paroles.
J’imagine que la plupart d’entre vous réagissent comme nous : saturés de belles promesses auxquelles nous n’arrivons même plus à faire adhérer la plus petite parcelle de la confiance qui pourrait encore subsister au-dedans de notre cœur…
Et pourtant, il va bien falloir s’y coller, ne serait-ce que pour éviter l’auto-accusation de lâcheté et d’irresponsabilité face au « devoir du citoyen ». Tout en sachant que chacun de nos votes n’est qu’une goutte d’eau noyée dans l’océan des bonnes intentions et des promesses jamais tenues. Juste une goutte d’eau, tiens tiens, comme ce blog, profitons-en…
Aussi, ce matin, nous nous sommes bravement attelé à la tâche.
GéO a repris dans le courrier de la semaine les jolies maquettes des candidats, que nous avions parcourus plus ou moins consciencieusement à leur arrivée, et nous avons cherché quelques repères sur lesquels accrocher les maillons de la décision à prendre…
Il semble logique de commencer par le programme…La question est assez comique pour que je garde ce paragraphe pour la bonne bouche.
Pour Saint Max et ses quelques 12 500 habitants, nous comptons cinq listes de candidatures. Sur chacune, trente-trois noms, dont systématiquement 16 femmes, parité respectée à l’unité près. Petit détail amusant, l’élaboration des 5 listes a été conçue en alternant systématiquement un homme/une femme, de manière à mettre cette parité en évidence. C’est tellement régulier et systématique, 17 hommes, 16 femmes, qu’un petit quelque chose cloche… L’esprit de parité pourrait accepter par exemple 15/18, ou bien une femme justement en tête de liste, ce serait naturel en fonction des opinions ou des compétences, mais non, nous avons bien 5 listes semblables, menées par un représentant masculin et 16 colistières réparties du n°2 au n°32. Marrant, mais guère déterminant…
Armons- nous maintenant de feutres fluos et cherchons un peu plus avant : L’un des candidats écrit en conclusion de son exposé de programme : « Conscient de l’ampleur de la tâche, si vous me faites confiance, je suspendrai mon activité professionnelle pour six ans, afin de me consacrer exclusivement à la mise en œuvre de ce projet. » GéO tilte sur ce paragraphe. Lui qui a été PDG des deux sociétés qu’il a successivement créées, il a adhéré à la CGPME, et il lui en reste l’idée qu’il est difficile et hasardeux de briguer un mandat public en restant pleinement disponible pour mener à bien son rôle dans l’entreprise. Souvent, en regard des « sacrifices « consentis par les élus de tous bords qui justifient leurs mirobolants émoluments par le risque professionnel de leur mise en disponibilité, alors même que bien souvent leur statut de fonctionnaire permet de retomber sur ses pieds sans risque majeur… Ce serait le cas de notre candidat, qui se définit comme enseignant.
Nous nous amusons donc à relever les professions des différents postulants et là, nous restons toujours aussi perplexes : aucune profession mentionnée sur la liste « officielle PS », ni âge, ni adresse. En revanche, la liste sortante est très complète, nous y comptons justement une majorité de cadres EDF, retraités, fonctionnaires, deux agriculteurs, c’est bien le moins dans cette région et surtout, surtout, le patronyme du « patron local », celui qui a détenu le poste pendant tant de mandats que personne n’a plus souvenirs d’avant lui. À ce moment, je l’avoue, je bloque. Je ne comprends pas que notre système autorise des personnes, voire des familles à détenir les clés d’une cité ou d’une région pendant plus de deux mandats consécutifs. Quand arriverons-nous enfin à bannir cette pratique ? Ces maires élus et réélus sur quatre, cinq mandats, voire davantage, finissent par régner et le système de collusion s’installe naturellement puisque l’objectif devient alors : durer et garantir la pérennité.… Devinez où va mon regard…
Encore une remarque intéressante sur les objectifs nationaux énoncés par les Grands Partis : quelle débandade ! Même dans une grosse bourgade comme Saint Max, le PS présente deux listes différentes, l’une se revendique « PS officielle », mais s’est constituée sur un panachage PS (10)/ Modem/ sans étiquettes, l’autre s’annonce « de gauche, écologique et solidaire, » formée de 12 membres PS auxquels se sont joints un vert, une gauche alternative, un PCF, complétée de candidats sans étiquettes. Et au fait, qu’est-ce qui compte dans la menée d’une municipalité, l’étiquette (du prix à payer au Gourou) ou le projet pour gérer la cité ?
Nous en arrivons donc au programme, qui devrait être l’essentiel, et que nous avons cherché en vain dans tous les prospectus distribués. Une jolie parade de langue de bois, style » nous allons engager une politique dynamique visant à attirer des entreprises génératrices d’emplois, sans sacrifier l’espace rural… » Pas un mot pour expliquer comment résoudre le paradoxe… Rassurez-vous, je me garde de tous les citer, sur ce point, nous en sommes à jouer Bonnet-Blanc contre Blanc-Bonnet, tous s’engagent à réduire les impôts, à mettre en valeur le patrimoine culturel de notre belle cité, à nous promettre des parkings, ( privés donc payants), des logements, un cinéma… La Belle Vie en somme…
Faut-il croire que tout ce qui brille est d’Or ? Poli…tique ou poli…toc ?
18:16 Publié dans Courant d'O | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, élections, municipalité, opinions, choix, écrire, nouvelle | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer