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08/01/2010

Misère et acquisition ménagères

Toute grande joie  se mérite d'un revers.
L'adage se partage: qui n'a jamais entendu ces quelques mots, au détour d'un café- confidence, autour de la table de la cuisine : «  C'est trop beau pour durer, un si grand bonheur, ça se paie... »

Mon Bonheur à moi durant la période de Noël, c'était  la présence des enfants* à la maison.
Quinze jours en famille, comme au bon vieux temps!

Quel cadeau...

Le revers, consenti et  constaté sans surprise dès leur départ,   s'est manifesté par le débordement de la panière à linge... Mais au su de ma disponibilité, pas de panique, Saint Équipement Ménager, dans sa grande mansuétude, allait m'aider à résoudre le problème. Aussi aisément qu'un plissement de nez chez ma sorcière bien-aimée, les machines et moi allions venir à bout de la lingerie d'Augias made in St Max. En trois jours, j'aurai vite trié et  engouffré dans les machines les draps, nappes et serviettes de toilette dont la masse expansive menaçait la panière d'explosion. Chacun avait eu beau tasser  qui sa paire de draps,   qui les nappes des trois  réveillons, au bout du compte, le linge comprimé dans le carcan  de la corbeille augmentait de volume au fur et à mesure ...

Audrey et Seb nous ayant quitté les derniers samedi soir, c'est dimanche matin que je me suis vaillamment activé à la première fournée... Las, au mi-temps du programme, la machine commence à éructer sévèrement, par spasmes violents, elle lâche une série de « Klang » synchronisés à la rotation du  tambour, ce qui me fait dresser  poils et  cheveux et se traduit chez GéO par un intempestif :
- Qu'est-ce qu'il y a dans Ta machine ?

Mais avant que j'explicite le bon usage que mon indubitable savoir faire ménager applique sur le matériel à disposition, le noir envahit brutalement nos écrans...  Le disjoncteur  a saturé...
Remise en marche, réglage des pendules et re-clac !
Le diagnostique n'est pas très compliqué. La fautive est  rapidement identifiée... Sournoise,    la  perturbatrice me laisse en rade au pire moment, tambour rempli de linge imprégné d'eau savonneuse, grisâtre, pégueuse :  l'expression locale  décrit la sensation pénible que donne un produit qui refuse de quitter vos mains, même sous le flux du robinet ouvert...

Ô joie des pannes du dimanche matin...

Ô solitude de la ménagère accablée par la  vision miséreuse  de la lessiveuse…



Tandis que GéO s'attelle derechef à détecter l'origine du problème, je sais que je n'aurai d'autre solution qu'une équipée solitaire à la laverie municipale. ... À l'heure où d'autres songent à dorer les amuse-gueule, à dresser le couvert de fête, à sonner le rassemblement festif du régal dominical, me voilà partie en expédition de rattrapage dans la cahute installée au Rond Point à la sortie de la ville, soulagée pour lors que ma nichée ait déjà déserté...

J'ai la surprise agréable d'y partager le sort de deux concitoyens. Un quinquagénaire célibataire souffrant du même abandon que moi, essaie de résorber son retard pour préparer sa semaine... C'est grâce à lui que je m'initie au mode d'emploi des machines alignées dans la cabane de verre. Le brave homme me propose même généreusement une dose de lessive dont je n'ai pas songé à me munir... Nous entamons une intéressante conversation consacrée aux mérites respectifs des équipements individuels comparés aux matériels collectifs, quand nos regards s'attardent sur le carrelage jonché de poils de chiens, de cheveux, de poussière et de résidus poudreux... Encourageant.
Survient alors notre troisième comparse, qui s'apprête à sortir d'un immense sèche-linge les deux couettes qu'elle lui avait confiées. Naturellement solidaire, je me propose pour l'aider à plier les pièces conséquentes en évitant de les laisser traîner sur le sol crasseux. Bien nous en prend, car l'opération qui consiste à tendre la couette avant pliage permet de repérer sur le tissu d'énormes taches brunes, dont la couleur et la consistance ne peuvent évoquer que le pire...
En fait, l'exploration de la machine par la lingère affolée ramène au jour des emballages individuels de...chocolat! Mous et presque vidés de leur contenu par la chaleur du séchage, les petits paquets vomissent encore un surcroît de boue brunâtre. Quelle bonne blague a été concoctée là par d'anonymes farceurs, peu gourmands ou saturés de friandise!

Glosons, glosons... N'empêche: cette misère ménagère aura enrichi  considérablement mon champ d' expériences d'une activité encore inédite.
Et comme tout problème trouve sa solution, en guise de lot de consolation, GéO et sa moitié ménagère ( oui, oui, c'est moi) sommes fiers de vous annoncer l'arrivée et l'activité intensive de la dernière acquisition du ménage!
Vive l'an neuf et son lot de surprises...

 

* Qui va me jeter la pierre? Sans ambiguïté et  lucidement assumé: tout trentenaires qu'ils sont, mes Audréliens seront toujours les enfants

Quand bien même leurs chemins de vie se complexifient et empruntent  des itinéraires  éloignés du nid,(n'ai-je pas la première choisi l'exil conjugal et méridional) tendresse et vigilance restent inscrites au programme de mes gènes… Amen

 

01/12/2007

L'évier de la Saint jamais

La Saint Jamais existe, si si, c’était cette semaine!

Depuis mon arrivée dans la maison, voilà un petit paquet d’années maintenant, ce malheureux évier nous a procuré bien du tracas… Une fêlure d’abord sur l’égouttoir, rejointe par une seconde faille parallèle bien plus longue et large… Mais ces blessures n’étaient rien du tout, en regard du goutte-à-goutte persistant produit par le robinet… Un robinet vieillissant, au chrome terni, manifestement digne de bénéficier de sa retraite, ayant assuré son service depuis des lustres, quelques décennies plus tôt, comment savoir ?

Mais vous connaissez mon GéO. Pas question de céder si facilement aux sirènes de la nouveauté quand son génie peut encore soutirer un restant d’effort à un objet. Malgré les remarques inquiètes de nos visiteurs, qui, à tour de rôle, ont compati et exprimé leurs conseils judicieux :
- Dis donc, tu ne devrais peut-être pas poser ta cocotte chaude sur l’égouttoir…
- Pourquoi tu ne fermes jamais ton robinet d’eau froide ?
Parfois, croyant bien faire, l’invité se chargeait de visser lui-même la poignée concernée. Et GéO de rappeler alors fermement son axiome premier :
- IL NE FAUT JAMAIS FORCER !!!
Avant d’expliquer, plus ou moins patiemment, à force, que « oui, le joint a été changé, mais c’est le siège de la tête du robinet qui est fendu… Je l’ai déjà réparé au moins dix fois, vingt fois, trente fois… »
Chaque fois, le goutte à goutte se faisait plus insistant, passant de la larme isolée, émettant un tintement presque suave dans la chaleur des après-midi torrides de Provence, au rythme obsédant du métronome, tic-tic, tic-tic, tic-tic-tic, de plus en plus rapide, montant crescendo, jusqu’au filet continu, nous reprenions la même antienne :
- Dès que les invités seront partis, je changerai les joints, je réparerai le siège du robinet d’eau froide, je déboucherai les canalisations (ah oui, ça aussi c’est un problème quand on est nombreux !), je réparerai…
Parfois, la liste varie… Et puis il y a toujours les réparations qui ne peuvent pas attendre comme le support de la bâche de piscine, ou les tuyaux crevés, n’est-ce pas, mais chaque chose en son temps, patience…
Bref, été après été, et la ronde des saisons apportant son lot d’occupations et de plaisirs, l’évier, devenu par la force des choses MON évier, a vu son état s’aggraver…

Août 2007 a été bien chargé en visites successives, et forcément, nous avons beaucoup demandé aux installations de la maison pour faire face à une surcharge réelle des utilisateurs. Nous avons même établi fin août un décompte provisoire des nuitées, petits-déjeuners et repas servis, et nous arrivions à des nombres à 3 chiffres, un vrai tournis! La cuisine tient le premier rôle dans ce tourbillon et forcément, mon évier…a trinqué et souffert comme jamais.
De sorte que j’ai résolu de fermer tout simplement le robinet d’arrêt au fond du meuble évier, à chaque utilisation, économie d’eau oblige. Mais imaginez simplement la gymnastique occasionnée, dix, vingt, trente fois par jour, fléchir les genoux, ouvrir la porte du meuble, reculer d’un pas, accentuer le fléchissement jusqu ’à l’accroupissement, lancer le bras droit (pas le bon pour moi), à l’aveuglette jusqu’à la manette en bas le long des tuyaux, ramener la tige à l’horizontale et … Forcer sur les quadriceps pour engager la remontée. Bon encore, comme ça, je le raconte positif, style entraînement sportif, histoire de lutter contre l’ostéoporose, « il faut bouger, dans votre cas, Madame… » Mais à la longue, la répétition de l’effort en efface le charme.

Donc, dès Octobre, rendus à notre intimité, nous avons pris LA DÉCISION.
En Novembre, nous avons couru les magasins de bricolage, de Toulon à Plan de Campagne, pour finir par trouver à Saint Max, au point de départ, un évier adéquat, et…Ô luxe, un robinet mitigeur à douchette !
Un matin, je suis réveillée par l’arrivée du petit café rituel que le premier levé apporte à l’autre… Mais, ouvrant difficilement les yeux car je sens bien que je n’ai pas eu mon compte de sommeil, je constate qu’il fait encore nuit noire, six heures du mat, un café crème et l’angoissante question perce le brouillard de mon retour à la vie consciente :
- Tu sais, je crois que ça ne va pas marcher pour Ton robinet…
Je mugis : - Quoi ? Quel Robinet ?
Mon tendre GéO prend le temps de positionner l’anse de ma tasse sur le plateau, avant de m’expliquer calmement :
- Oui, quand je dors, tu sais, il y a toujours une partie de mon cerveau qui travaille aux problèmes à résoudre… Et d’un coup, je me suis rendu compte que nous n’avions pas vérifié que le bec verseur devait tourner pour alimenter les deux bacs de l’évier. Chez Marie- Geneviève, il n’y a qu’un bac, donc ça ne va pas marcher chez nous.
CQFD…
- Mais si, il tourne, le robinet de Marie-Geneviève, je m’en suis servie, ça tourne très bien !
-T ‘es sûre ?
Vous le croyez si vous voulez, mais nous sommes retournés dans le magasin pour vérifier…


Le chantier a débuté lundi matin.
La semaine précédente, Géo avait méthodiquement percé l’évier dans son atelier, préparé les écoulements, monté le robinet tournant, et par agrandissement photocopié de la notice de montage, effectué toutes les mises en place possibles. Les emplacements de la tuyauterie sous le meuble ont été photographiés puis les clichés travaillés sur le Mac pour calculer les longueurs et préparer les coupes…
Plus moyen de tergiverser, il faut attaquer … Le démontage de l’appareil s’est déroulé plus aisément que nous l’avions craint et nous étions assez contents de nous : pas un seul carreau du plan cassé…
Bonne arpète, je me suis attelée au nettoyage des carreaux à récupérer, et cela m’a tenue en haleine jusqu’au mardi après-midi, où j’ai lâchement abandonné GéO pour courir à l’Opéra de Marseille. Je l’ai bien mérité, le décrassage aigu des vingt-six carreaux concernés effectué à la pince, au petit marteau, à l’huile de coude, j’en ai quelques crampes au biceps, mais nous sommes heureux de travailler ensemble. GéO siffle à son habitude, je chantonne l’ouverture de Tannhauser dans ma tête, le travail avance sans problème.
Au moment de préparer mon escapade musicale, GéO revient du garage avec un plein carton de carreaux tout neufs ! Eh oui, il y a des jours comme ça, on se demande pourquoi les choses se présentent toujours en chronologie inversée…Il n’y a vraiment rien de plus réconfortant au monde, après un tel déploiement de patience et de minutie…
À mon retour, mercredi midi, le décor a bien changé dans la cuisine. Les carreaux, neufs et vieux alternés, sont collés, jointés, l’évier en place, il ne manque que les raccords. Mais il est plus urgent de fêter nos retrouvailles autour d’un bon plateau d’huîtres …
Quelques heures plus tard, et les dernières contorsions sous le meuble, nous sommes à même d’admirer l’œuvre dans son intégralité !
Oyez donc, parents et amis, qui projetez déjà votre prochain séjour, inutile de bourrer vos bagages de joints ou de seaux pour récupérer l’eau perdue, nous sommes définitivement entrés dans l’ère moderne de l’évier entier et du robinet dompté…



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