22/08/2010
De la fiction à la réalité…
Parmi les découvertes littéraires de l’hiver passé, j’ai éprouvé un réel plaisir à la lecture de la double vie d’Anna Song de Minh Tran Huy, (cf note ci-contre ou ci-dessous).
Outre la personnalité réelle de l’auteure, son habileté reconnue à manipuler et jouer des mots pour composer sa propre musique, le sujet du roman signalait une inspiration originale et singulière.
Singulière ?
Pas si sûr.
Sans dévaloriser le moins du monde la créativité de Min Tran Huy, il est piquant de réaliser que son personnage a bel et bien vécu à nos côtés, une existence de chair et de douleurs, d'efforts et d'espoirs, de joie, d’amour et de frustrations.
L’Anna Song créée par Min Tran Huy est le clone romanesque d’une pianiste méconnue, à la gloire aussi éphémère que son destin. Mais sous la tristesse et le désenchantement d’un tel parcours, sourd le romantisme absolu d’un amour transcendant, magnifiant jusqu’au génie les dons de l’épouse adorée.
Eh oui, ami lecteur, notre XXIème siècle débutant recèle encore la nostalgie du Romantisme le plus pur, le plus inventif et… le plus cynique qui soit .
Anna Song s’appelait dans la réalité Joyce Hatto. Comme son alias, elle fut d’abord une musicienne promise à un avenir brillant, puis une soliste négligée de la critique, abandonnée au seuil de la gloire. Les élus sont si peu nombreux, Joyce n’a pas trouvé sa place. Alors, quand la maladie sournoise l’a enserrée entre ses griffes cancéreuses, son chevalier servant, William Barrington-Coupe, époux toujours ébloui, a décidé de donner le coup de pouce refusé par le destin.
À lui seul, à l’abri de son studio personnel, il a confectionné une discographie étourdissante comme un enchanteur malaxe ses mixtures à l’aide de vieux grimoires.
Les ingrédients de cette magie musicale ? Les productions antérieures de confrères rayonnants des feux du succès.
Les formules ésotériques ? La clef technologique du mixage, un peu de ce pianiste russe ici, une larme de ce virtuose italien là, un ralentissement léger, imperceptible du rythme pour apporter une touche plus sensible, plus féminine à ce phrasé de Brahms, de Chopin ou de Scarlatti.
Car William n’a pas fait dans le mesquin ! Sa belle méritait la possession et la jouissance du répertoire musical mondial. Foin des complexes et des retenues pudiques. Joyce Hatto, galvanisée par l’imminence de sa propre mort , ne pouvait rien céder à la fatigue et à la maladie. En plus de ses dons artistiques, sa volonté et sa puissance de travail l’ont portée jusqu’aux Champs-Élysées de l'Interprétation, aux portes de l’Olympe des Virtuoses.
Une légende vivante que Wiliam Barrington-Coupe a brillamment vendue, exactement comme l’a relaté Min Tran Huy. L’intrigue aurait pu parfaitement réussir, si…la Fée Technologie n’avait fait œuvre de justice, balançant le glaive d’abord en faveur du mari épris (…et commercialement opportuniste) avant de retourner le sort… En 2007, un auditeur conquis n’a-t-il pas eu l’idée malheureuse d’intégrer l’un des CD à sa discothèque itunes…Pour découvrir avec une surprise sans égale que l’odieux logiciel reconnaissait implacablement l’interprétation d’un hongrois, Laszlo Simon, pianiste jouissant d’une renommée encore confidentielle .
Surpris, notre mélomane a aussitôt entamé d’autres recherches comparatives…et fait voler en éclat une si belle histoire…
Que son modèle ait réellement existé n’enlève évidemment rien au talent de Min Tran Huy. Un écrivain bénéficie à mon sens de toutes les sources d’inspiration à sa disposition. Son talent réside dans l'art de traiter le fait. Mais que la réalité du destin de son modèle soit aussi romanesque ( au sens littéraire) que celui du personnage créé me laisse songeuse…
Combien nos vies semblent ordinaires, banales, en comparaison.
En matière de création littéraire, l’excès d’événements, la concomitance de faits dans les fictions sont acceptés comme moyens nécessaires de renforcement de l’intrigue, de la portée du message. Pour une fois, il me semble bien que la vie se moque ironiquement des efforts d’imagination de nos pauvres forçats écrivains…
Pour aller plus loin, voir l'article du nouvel Obs en date du 29 Juillet 2010 dans la série consacrée aux grands mystificateurs ou encore sur classicsnews.com du 1er mars 2007
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05/08/2010
Sur l'onde, côté Verdon
Au sommaire de cet été qui s’annonce perturbé par la triste nouvelle relatée précédemment, soutenons notre moral en considérant les moments agréables qui s’offrent en contrepoint.
La visite de nos Strasbourgeois, la semaine dernière, pour commencer…
Les temps changent, la nichée n’est plus si nombreuse, les deux « grands », Guillaume et Manu volent de leurs propres ailes, du moins pendant les vacances…
Malgré l’expression de Gerd, la situation n’est pas si terrible… En dépit du vent et du jeu dans la direction, Caroline contrôle!
Sa fille aux commandes, GéO apprécie, comme il se doit !
père et fils embarqué…
Origine du dicton: « fierrot comme un Alex !…
…Qui saura bien à son tour mener de main de Capitaine notre esquif dans le sens du courant.
Le sujet du jour nous ramène à une jolie balade en bateau électrique sur le Verdon, entre les lacs de Quinson et d’Esparron.
Depuis la création de la retenue par le barrage de Sainte-Croix, ces petits lacs annexes offrent un espace loisirs aquatiques en toute écologie : ne sont acceptées sur les flots que les embarcations propulsées par le vent, les bras ou les moteurs électriques.
Résultats, un tourisme nautique bon enfant et sportif permet de profiter des gorges du Verdon en toute liberté…Dans un environnement à couper le souffle :
Au rythme paresseux du moteur électrique, notre embarcation parcourt les 7 à 8 kilomètres du défilé en quelques deux heures et demie, ce qui laisse largement le temps d'admirer le paysage, d'apprécier le vol majestueux des rapaces qui ont reconquis le Parc naturel du Verdon, d'échanger des propos aimables avec d'autres équipages croisant sur les mêmes eaux…voire encore venir en aide à d'infortunés pagayeurs pour vider leur canoë submergé… Une véritable croisière aventureuse!
L’histoire du site est particulièrement riche.
N’oublions pas que Quinson abrite, outre son lac, ses restos et le plus grand musée préhistorique d’Europe, les basses gorges du Verdon, impressionnantes par leur caractère abrupt et sauvage ; Même malmenée par le vent comme ce jour-là, la nature verdoyante a colonisé les flancs escarpés; le défilé recèle d’autres surprises, comme ces grottes fameuses que nous avons tout loisir d’observer. Elles ont servi d’habitat, l’une d’entre-elles affiche toujours fièrement sa façade empierrée.
À fleur d’eau, ou en altitude :
Revenons aux humeurs de notre famille Canards : comme ces infatigables nageurs, la faim nous gagne, une halte déjeuner s’impose.
Naturellement GéO a bien prévu une glacière de boissons, eaux pour tous les goûts, rosé et p’tit blanc de la cave Saint Jean, l’échantillonnage des boissons est complet, mais les vivres consistants ( Maître mot chez nos Alsaciens!!!) viennent à faire cruellement défaut ! Vaillamment, On essaie de consoler la troupe et de lui donner du courage en évoquant le dîner de la veille et surtout les agapes prévues le lendemain, il n’en demeure pas moins que… Les restaurants promis à Esparron jouent à cache-cache! Au bord de l’eau, il ne faut pas songer à se sustenter, pas le moindre établissement en odeur de collation.
- Si si, ils sont en haut, nous crie gentiment le préposé aux appontages.
Il est deux heures, la faim a creusé de grands trous, que dis-je, des abîmes, dans nos estomacs, nos jambes manquent de force devant les sentes pentues qui mènent à ce qui nous semble le cœur de la civilisation. Nos déceptions enflent à mesure que nos ventres gargouillent, réclamant d’urgence même un quignon, quand Caroline nous sauve la mise en dénichant le villageois compatissant qui a l'amabilité de nous mettre sur la bonne voie… Miracle, même à Esparron, le service se déroule non-stop dans la petite cité qui, sur son piton rocheux, n’est endormie qu’en apparence …
15:48 Publié dans Blog, goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : journal, écriture, famille, verdon, provence, quinson, esparron | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
02/08/2010
On dit que c'est la vie…
Une si belle image du Bonheur devrait protéger.
Comme un Talisman
l’attente prend figure d’Accomplissement.
Cette photo fixe un moment parfait.
Elle parle à l’Enfant qui a déjà pris place
Elle distille dans sa lumière tant de promesses…
Et pourtant…
Une telle sérénité bousculée en quelques instants…
La vie arrive estompée par une étoile filante
Un chagrin soudain qui atteint ceux qu’on aime
Un abîme incommensurable détruit la chaîne
Pour Seb et sa famille, l’Absence a désormais un visage.
Loin du drame, nous les rejoignons sans cesse par la pensée.
J’aurais aimé que mon petit-fils soit bercé par ses deux grand-mères
Une alternative de tendresse dont ont jadis été privés mes propres enfants…
Une vie s’en va, une vie arrive,
Famille orpheline à la croisée des destins
Si l’on pouvait retenir dans nos mains,
Nos bras, nos corps, le Bonheur enlacé
Comme une icône enchantée.
Cette Photo est la propriété de Nicolas Riou (Juillet 2010)
12:08 Publié dans Blog, Larmes d'O | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photo, journal, récit, poésie, joie et peine | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
18/07/2010
Doigts de pieds en éventail
Allez savoir pourquoi mes pensées estivales imposent l’image d’orteils largement écartés, frémissant doucement sous la caresse de l’air brûlant, au bout de la chaise longue, s’émoustillant de plaisir dans les reflets étincelants de la piscine…
Cette partie de notre corps que sa fonction enserre habituellement dans les chausses contemporaines, bottes, souliers ou pantoufles, profitons, profitons des ardeurs de saison pour la réhabiliter, la soigner, la pomponner, l’exposer à nos regards et notre sollicitude.
C’est qu’il en faut des soins pour entretenir et ménager nos appuis.
Avec le temps, nos tendres arpions ont souffert mille tortures, hauts talons, formes étroites ou trop larges, bouts pointus, frottements du talon… Ah comme les pieds féminins portent plus que tout autre membre les marques ostensibles du diktat de la mode. Et quand se manifestent les stigmates des souffrances infligées, il est trop tard, les élégantes de jadis doivent considérer comme biens acquis les bosses disgracieuses qui déforment la ligne du coup de pied…
Résignation de la maturité, le prix à payer pour tant de petits pas pressés, des trottoirs urbains aux planchers des magasins et des bureaux, des bitumes de cours de récréation au parquet des musées, des chaussons de danse aux chaussures de ski et les kyrielles de traitements négligents au fil des années à l'égard de si petits fragments d’os et de muscles.
Pensée du jour : Apprendre à s’aimer comme on est, et comme on devient.
Considération estivale qui ne saurait nous distraire de l’admiration inconditionnelle pour les éclats du monde alentour captés au fil des balades. La semaine dernière, excursion gastronomique et qualitative avec Marie-Geneviève sur le plateau de Valensole où les lavandes n’étaient pas encore coupées… Chatoiement des couleurs, ce sont de véritables tableaux que recueille notre regard: une mer mauve qui se noie au rivage des frondaisons.
L’été allonge les soirées à peine rafraîchies succédant à l’incandescence de la journée, scandée de haltes autour des refuges ombragés. Quand arrive enfin le ravissement de la voûte étoilée clignotant sur les bains de nuit d’avant sommeil, nous attendons avidement les courants d’air nocturnes peinant à caresser nos corps fatigués. Nous sommes entrés brutalement dans l’ère des mouvements ralentis, des efforts comptés, des bouffées humides qui transforment nos visages en fontaines éplorées. Alors, nos yeux cherchent les promesses de fraîcheur et nous nous plongeons dans les couleurs du lac, la turquoise des eaux de Sainte Croix, la transparence de l’onde chargée d’espoir de sensation comme d’une renaissance…
Sa majesté l’Été est de retour et nos orteils libérés se parent de couleurs …
Pourquoi donc ne pas entamer une collection de pieds ?
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28/06/2010
Les chaussures italiennes
Les Chaussures italiennes
Henning Mankel
Seuil Octobre 2009
ISBN : 978-2-02-094465-6
Des chaussures qui ne livreront le sens de leur existence énigmatique qu'à la méditation des événements savamment contés: où il apparaît que toute vie mérite réflexion et correction, tant que subsiste une once de bonne volonté au fond du coeur de l'Homme.
Le cours d’une vie bascule à la suite d’une erreur, qu’il est parfois très difficile d’accepter ou d’assumer. C’est le cas de Fredrik Welin, chirurgien renommé, qui a rompu net sa carrière à la suite d’« une faute » … Cet homme brisé, qui a choisi pour punition la solitude d’un
ermitage sur l’île héritée de ses grands-parents, est le narrateur d’une longue confession. Au cours de ce voyage intérieur sur les rives de sa vie, il s’efforce de remettre en place et de recoudre ensemble les pièces du puzzle intime négligées au cours de son parcours.
Fredrik Welin se reconnaît comme un vieil ours de soixante-dix ans reclus sur une île offerte aux tempêtes et aux rigueurs des vents de la mer. « J’ai organisé ma maison comme une forteresse imprenable, sur cet îlot dont j’ai hérité. Quand je grimpe en haut du rocher qui est derrière la maison, je vois la mer. Il n’y a rien d’autre, de ce côté, à part des îlots, de gros cailloux en réalité, dont le dos noir et luisant hérisse à peine la surface de l’eau ou la couverture de glace. Si je me retourne, sur mon rocher, je vois l’archipel intérieur, qui est nettement plus dense. Mais nulle part je n’aperçois d’autre maison que la mienne.
Bien entendu, ce n’est pas ainsi que j’avais imaginé les choses.
Cet endroit était censé devenir ma maison de campagne. Pas cette espèce d’ultime bastion où je vis reclus. Chaque matin, après m’être trempé dans mon trou – ou l’été, dans la mer-, je m’interroge. Comment ai-je pu en arriver là ?
Je sais ce qui est arrivé. J’ai commis une faute. Et j’ai refusé d’en assumer les conséquences. Si j’avais su ce que je sais aujourd’hui, qu’aurai-je fait ? Aucune idée. Mais une chose est sûre : je ne serais pas forcé de rester ici comme un prisonnier du bout du bout de l’archipel. » ( Extrait p 14)
Avant de découvrir qu’il n’est pas aussi prisonnier qu’il se l’imagine, Fredrik Welin va devoir affronter le regard des êtres qu’il a blessés au cours de sa vie. Ce retour aux sources représente un parcours inimaginable et insurmontable pour cet homme aigri et sauvage, qui s’inflige une immersion quotidienne dans les eaux glacés comme un rituel exorcisant sa solitude autant que ses erreurs.
Très rapidement, nous suivons Fredrik sur les fondements de sa vie, son rapport à un père réservé mais généreux, sa revanche sur la modestie de sa condition de serveur, le voyage quasi initiatique qui les a menés tous deux à une baignade mystique dans les eaux sombres d’un lac forestier, l’été de ses quinze ans. Il n’omet pas de restituer le malaise que lui a procuré dans sa jeunesse la dépression permanente de sa mère, dont les larmes au goût sucré ont inondé son enfance et scellé une méfiance viscérale envers l’univers féminin.
Le seul et dernier contact de Fredrik Welin avec le reste du monde s’établit au cours des visites régulières de Jansson, le facteur- coursier qui lui apporte son rare courrier et l’approvisionnement commandé. Jansson est un original hypocondriaque, les deux hommes entretiennent un curieux rapport de force.
Jusqu’au jour où surgit une silhouette inattendue, sur la glace derrière le rocher. Une vieille femme accrochée à son déambulateur, déposée sur la banquise comme par enchantement. Il s’avère qu’il s’agit d’un fantôme du passé de Fredrik, son amour de jeunesse lâchement abandonné au profit des ambitions carriéristes de l’étudiant qu’il était alors. Culpabilité et sentiment refoulés lui sautent au visage, tandis qu’il lui porte secours et l’héberge malgré lui dans sa demeure rustique, la pièce abandonnée à une immense fourmilière. Harriett a accompli ce périlleux voyage pour l’obliger à tenir une promesse faite au temps de leurs amours, mais bien sûr, ce caprice de moribonde recèle des détours inattendus qui vont permettre au vieux misanthrope de reprendre pas à pas les traces d’une vie éludée …
Il faut suivre le périple du vieux couple reconstitué sur les terres froides du pays, car pour tenir sa promesse, Fredrik accepte de l’emmener sur les lieux de son initiation adolescente. Dans le froid, l’aventure s’avère périlleuse, mais Harriett tient le coup, s’accroche remarquablement au fil ténu de sa vie en déliquescence, moralement soutenue par l’alcool autant que par un objectif secret. Piégé, Fredrik découvre enfin qu’il possède plus de racines qu’il ne le supposait. Seconde révolution de son existence, les faits l’obligent à revoir encore une fois sa ligne de conduite.
Inutile d’en raconter davantage sans déflorer les péripéties de ce roman à la fois intimiste et plus optimiste qu’il n’y paraît. En se retournant sur son passé et ses propres erreurs, l’homme découvre qu’il a en main les atouts pour réparer… Encore faut-il savoir le reconnaître, l’accepter, et se bousculer soi-même pour accepter la part de l’autre, rude combat pour la fierté de l’ermite volontaire :
« - Combien de temps comptes-tu être partie ? Si tu ne reviens pas, je veux que tu embarques ta caravane. Elle n’a rien à faire sur mon île.
- Pourquoi te mets-tu en colère ?
- Je suis triste parce que tu t’en vas et que tu ne vas sans doute pas revenir.
Elle s’est levée brutalement.
- Moi, a-t-elle dit, je ne suis pas comme toi. Moi, je reviens. Et en plus, je te préviens avant de m’en aller. (…) » Extrait page 289
Si la rédemption de Fredrik passe par de surprenantes relations féminines, celles qu’il a fuies toute sa vie, l’univers que décrit Henning Mankell n’est ni tendre ni compassionnel. Les femmes rencontrées sont des battantes, des blessées en lutte contre l’ordre d’une société injuste. L’auteur ne s’apitoie pas sur les faiblesses et les désarrois, il décrit les états d’âme comme des faits, non des jugements. Ses personnages se battent parfois avec maladresse, une rudesse qui touche le lecteur et leur donne du relief et de la véracité.
18:47 Publié dans Blog, Livre, Sources | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lecture, littérature suédoise, henning mankelroman psychologique | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
27/06/2010
Pêle-mêle
« Hum, depuis l’échouage du voilier, la plume de gouttesdo ne s’est guère mouillée ! »
Petit rappel à l’ordre matinal de GéO qui, comme les plus fidèles d’entre vous ( si, si les stats disent qu’il y en a !) s’enquiert de temps à autre d’une éventuelle nouveauté. En consultant les dates, je dois bien me rendre à l’évidence. Plus d’un mois depuis la dernière note, ça n’affiche pas la vaillance des jours inspirés ! Me serais-je échouée avec le voilier sur les plages de l’inspiration ?
Ce n’est pourtant pas la plume de gouttesdo qui sèche lamentablement devant le clavier. Ce sont les événements de notre petite vie tranquille qui se bousculent allègrement et nous propulsent dans le mouvement général. Rassurez-vous bien vite, petites souris lectrices, pas de déprime avachie sur le divan du foot national. Les misères du ballon rond m’indiffèrent profondément…
Histoire de rattraper ma désertion épistolaire, je me lance derechef à la poursuite du temps passé en vous exposant pêle-mêle les éclats de soleil qui ont enrichi ces dernières semaines :
D’abord, le Grand Album pour célébrer à la fois l’anniversaire de ma Douce et la venue prochaine du BB, premier de sa génération dans les deux familles. D’où mon idée, en dénichant parmi les trésors de la Java de Julie un album d’apparence cahier sous la IIIème République…
Quelques échanges de mails et des recherches complices promptement menées
m’ont permis de récolter assez de clichés anciens pour préparer mon album selon la thématique de l’accueil : chaque membre de la famille aura sa page réservant une comparaison avec notre nouveau venu. Lequel s’appelle encore M comme Mystère, car si l’Ange est sexué, Il n’est pas encore prénommé… Suspense !
Les heures passées sur ce projet ont été largement récompensées par l’émotion et la joie de nos futurs parents.
Mon travail n’était pas même achevé lorsqu’Audrey et Seb sont arrivés. Quelques séances matinales de rattrapage afin de terminer clandestinement, et le grand jour a sonné !
Séjour riche d’émotions et de bonheur. Il y a plus de deux ans, j’ouvrais Gouttesdo sur le plaisir subtil et la joie de fêter les anniversaires des deux amies au cours d’un week-end escapade à Porquerolles. Cette année, le même événement les réunit autour de la piscine, appliquées cette fois encore à la même tâche : protéger, abriter, nourrir et laisser pousser leurs habitants respectifs, bref, en un mot, elles couvent !
La maison est devenue halte-pouponnière quand Stéphanie et son ami nous ont rejoint : mêmes silhouettes étrangement dissymétriques, même ralentissement de la démarche, même langueur du canapé aux transats autour de la piscine…
Du coup, les conversations relativement monopolisées sur les événements heureusement prévus pour Septembre, mon grade nouvellement acquis nécessite concrétisation… Nous avons vécu de grandes retrouvailles avec les aiguilles à tricoter; rassurez-vous, je garde le résultat pour moi!
***
Enchaînons plutôt avec l’apparition fugace d’Yvonne de Gallais…
Impression trompeuse car la forêt alentour ceint la clairière du Mesnil Théribus, dans l’Oise. Et les agapes ont libéré autour du Punch les saveurs martiniquaises dans l’ambiance des danses antillaises.-
Du Grand Meaulnes au charmes coloniaux de plantations outre-mer, un véritable dépaysement sous un soleil tempéré…
***
D’une fête à l’autre, il nous a fallu rentrer bien vite pour préparer la suivante : le partage de mes sixties avec nos émigrés Montmeyannais… Nouvelle variation de rires et d’insouciance le temps d’oublier les inondations catastrophiques du début de semaine…
Prendre le temps de se retrouver, de reprendre le fil de nos jours…Dans l’attente imminente des prochains visiteurs.
Cette fois, l’été s’installe pour de bon…
Ce bouquet destiné aux heureux récipiendaires du jour : Marie-Jeanne, Philippe et Jean Claude, tous trois accédant ce jour à l’année supérieure, Hourra pour eux !
13:14 Publié dans goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : journal, nouvelles, mariage, anniversaire, vie de famille | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
16/05/2010
Échoué…
Impatiences et désagréments de ce printemps, décidément .
Pas de baignades encore, malgré le système de chauffage-piscine, inopérant sous le ciel couvert, bouillonnant d'orages …
Depuis deux jours, cependant, le soleil a recouvré quelques ardeurs…tempérées par un vent d’ouest glacé. Attentif malgré tout, GéO note ce matin 20,6° sous la bâche à bulles… Le vent a peu d’incidence sur les galettes de tuyaux noirs qui chauffent l’eau, à même le toit du Poulousse.
Plus significatif encore, nos balades en mer sont au point mort. Hormis la sortie avec Philippe et ses enfants, les conditions météo ne sont guère motivantes.
Ce beau Ketch drossé sur les écueils attire les regards.
S’il repose alangui sur les hauts fonds bordant le cap des Sardinaux, la manœuvre n’a pas été volontaire, on s’en doute. À l’est de Sainte Maxime, cette pointe rocheuse sépare les plages de la Madrague de celle de la Nartelle et constitue, côté mer, un territoire poissonneux, très fréquenté par les plongeurs et les pêcheurs. Le revers est qu’il reste extrêmement dangereux pour la navigation, comme en témoigne le cliché Google, où les écueils se devinent à l’oeil nu, même vu du ciel.
Nous y naviguons quelquefois, quand GéO est d’humeur pêcheuse… Mais nous connaissons la carte des hauts fonds et les multiples écueils qui saillent à peine de la surface. Parfois, c’est une simple crête d’écume qui signale la présence du rocher… Il s’agit donc de rester vigilant, surtout quand le bateau flotte en dérive. La moindre risée pousse la coque proéminente et le bateau glisse rapidement sans que l’effet soit perceptible autrement que par l’observation incessante des points de repères.
Dans le cas de ce voilier qui doit bien faire 26 mètres, nous ne pouvons que supposer qu’il mouillait bien plus loin, sa quille lui interdit d’approcher trop près. L’équipage a-il été surpris par le coup de vent ? Défaut de vigilance, manœuvre trop risquée, méconnaissance du relief côtier, la leçon est rude.
Au port, ce week-end de l’Ascension marque le retour d’une intense activité : tous les plaisanciers fourbissent leurs équipements, les ponts ruissellent sous les balais brosses et les jets d’eau, les cales ouvertes exposent les moteurs gras et noirs… Je regarde avec circonspection le carré du Leyla, les équipets recouverts de la crasse grasse de l’hiver… Eh oui, malgré ce vent glacial qui fait mal aux oreilles, il va bien falloir retrousser nos manches et nous lancer dans l’astiquage. À force de faire comme si, le beau temps finira bien par nous rattraper!
12:50 Publié dans goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : écriture, sainte maxime, journal, échouage, bateaux, plaisanciers | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
07/05/2010
La chaleur de la voix
Aux creux de nos oreilles mélomanes, Patricia Petibon n'est plus une inconnue, sa voix chaude et profonde nous a enchantés l'année passée à l'écoute de son album Amoureuse.
Puisque ce week-end s'annonce encore frisquet et humide, je vous propose un vrai rayon de soleil musical, grâce à ces deux extraits du nouvel album, tout récent, intitulé Rosso*, et vous constaterez facilement qu'il est d'une tonalité flamboyante et généreuse. D'ailleurs Télérama, par la voix de Gilles Macassar n'a pu résister à la comparaison entre la magnifique chevelure de la Soprano et le timbre de sa voix…C'est dire!:
" Ses ornements vocaux sont bouclés comme son opulente chevelure".
Si Télérama l'ose…
Je vous invite à écouter tout d'abord Laschia ch'io piangia Extrait du Rinaldo de Haendael, tellement célèbre que vous pouvez caller ici sans peine votre diapason personnel:
Cette plage 4 vous a ravi?
Laissez- vous tenter par la première, et son interprétation vive et joyeuse, clin d'oeil destiné à dépoussiérer les airs baroques de leur côté institutionnalisé depuis William Christie et Nikolaus Harnoncourt… N'ayez pas peur, amusez-vous autant que notre interprète!
Quando Voglio extrait de Jules César en Égypte de Sartorio
Dans son article cité plus haut, G. Macassar conclut: " …Rarement les lamentos haendéliens ( Almerina dans Rinaldo ou de Cléopâtre dans Jules César en Égypte) ont été mouillés de larmes musicales aussi pures et aussi fraîches, ni chargés d'un chagrin mélodique aussi nu et palpitant. Les instrumentistes d'Andrea Marcon sont mieux que de simples soutiens musicaux: de véritables partenaires de théâtre."
Je n'aurai pas su mieux dire.
Bon week-end.
*CD: Deutsche Grammophon, Italian baroque arias, patricia Petibon Orchestra venice Baroque sous la direction d' Andrea Marcon .
19:26 Publié dans Sources | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : patricia petibon, musique baroque, chant, soprano, voix | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer