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14/11/2012

Les mots plumes

J’aurais voulu que mes mots plumes

Dressent  remparts contre les brumes.

La parole est caprice,

Fenêtre ouverte sur  cicatrices

Nourries d’anciennes amertumes.

Mots  parfois traitres à nos  pensées,

Sitôt lâchés,  maladroits messagers,

Échappant  à la source qui les voulait légers.

Dans l’espace  où ils voyagent

À mesure qu’ils tracent leur sillage

Les mots se chargent de mirages.

Ils arrivent vocables d'orages.

Soulevant  des vagues oppressantes

 Tu plies sous les  déferlantes   

 Et tu cries ta rage.

Les mots perdus tombent comme plomb

La communication se rompt

Un silence  hostile érige à la place

Une  frontière   tenace

Contre laquelle tout  se fracasse.

 

Les mots plumes se sont évadés

Emportés dans la tempête

Ils n’ont  pas opposé de résistance

Les vents  d’Automne soufflent en tous sens.

D’autres mots s’échapperont de l’enclume

Clairs et doux, ils chasseront la rancune

 Vêtus d’une dentelle d’écume

Ces mots aériens se poseront comme une plume

Effaçant d’un trait  les blessures importunes.

 

10/11/2012

Sous les étoiles de Néoules

 

Sous les étoiles de Néoules

Vous doutez-vous qu’il y a foule ?

La nuit d’ici ouvre la voie aux rêves

Qu’ Émile le conteur cueille sans trêve.

Ce soir,  il offre à l’auditoire sa chanson brève

 

Mais la nuit, la nuit noire de Néoules

N’est pas fille servile au conteur malhabile

Largant  son récit  au hasard versatile

 

 

« Sur le miroir glacé du lac, Camille pêche les comètes

              Qui s’y reflètent, vacillantes sous les risées nocturnes.

            À la pointe de la nuit, il accroche les lucioles célestes.

            Dans sa sacoche de brume, il amasse sa  parure d’étoiles.

 

  Camille destine sa pêche joaillière

            À Ludivine la Mutine,

             La gamine orpheline a touché son cœur solitaire.

             L’infante réfugiée au faîte d’une ruine fantasmée

             Par la grâce de songes patiemment semés

            A   campé la tour crénelée

   elle enjolive  son destin imaginaire.

 

   Autrefois, l‘homme logeait aux marges du village.

  Il ne songeait jamais  à la douceur  des mots anodins.

  Mais l’innocence  insolente a   chassé son  chagrin.

  La force de l’enfance a consolé ses larmes.

  Ludivine la Mutine dessine à force de charme 

 Sur les joues burinées  l’offrande souriante de doux  présages.

 

 

Mais l'héroïne s’ennuie en attendant son pêcheur de lune.

À force de guet  sur la margelle  fictive

Elle s’endort en oubliant sa veillée attentive.

Le pêcheur s’obstine à sa quête  de fortune

Aux éclats si fragiles que le point du jour assassine.

Là-haut, sur son parapet futile

Ludivine assoupie   frissonne et vacille

Son corps flexible tremble et penche vers l’infortune… »

 

 

—Émile, réveille-toi, romps là tes bavardages

            Alarme ton ami Camille

Car le sort est cruel pour la Mutine en péril

 

Oh la nuit, la nuit noire de Néoules

N’est pas tranquille pour les rêveurs puérils,

Insensibles aux  dangers des rêves abandonnés

 

             Captive de ses songes, Ludivine bascule dans le vide.

 La chute de l’Infante provoque un choc brutal

 Dans l’assemblée pétrifiée. La foule se presse  avide

Autour du petit corps éclaté, privé de souffle vital…

 

— Qu’as-tu donc en tête, sinistre conteur,

 Colporteur d’horreur ?

Repoussant  vivement les participants  impuissants,

Anéantis par le sort fatal de leur princesse endormie

Et l’absence coupable  de son  pêcheur  d’astres luisants,

Sur ce cri, la Gitane a surgi au milieu du public ébahi.

Sa longue silhouette se dresse auréolée de  jupons

Virevoltants, flammes de voiles vives  comme un blason.

 

Estella,  Estella, la foule murmure,

Estella diseuse de bonne aventure 

— Enfin, elle est revenue.  Que n’est-elle plus tôt survenue!

À défaut d’autres blâmes, la bohémienne magicienne

Se penche au sol et ramasse la poupée de chiffons.

En gestes tendres et précis,  elle caresse le pantin, restitue sa tenue

Le pose alangui sur  son cœur,  et  lance à l’adresse du conteur confondu

— Allons, Émile, faut-il encore  répéter ce message qui t’oblige

À éviter les cimes,  les marionnettes sont sujettes au vertige!

 

Oh la nuit, la nuit noire de Néoules

N’est pas limpide pour les rêveurs puérils,

Insensibles aux  dangers des rêves malmenés

Sous le firmament étincelant des étés étoilés.

 

 

 PS: Ce petit conte concocté pour l'atelier de Néoules, j'en ai remanié la chute, grâce à l'astuce de Christophe. Ce qui  m' a paru amusant, c'est l'attitude face à notre propre texte, où le regard collectif nous engage à modifier l'angle de vue. Comme la plupart des assistants, je crois, notre fin improvisée est bien meilleure que l'originale, simplement parce qu'alors, nous avions du recul par rapport au travail initial. 

 

04/11/2012

L'homme qui offre la joie

 

L'homme- joie figure en haut de ma PAL, depuis la rentrée, comme une gourmandise promise.

Malheureusement pour moi, le soir du passage de Bobin à la Grande Librairie, j'étais occupée ailleurs. Je viens de découvrir ce passage à l'adresse ci-dessous, et la possibilité de partage. Je tente donc la passation technique, qui sait, ce sera peut-être votre cadeau de cette soirée dominicale?

http://www.youtube.com/watch?NR=1&feature=endscreen&a...

 

13/10/2012

"Damien" autour du monde

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 Gérard Janichon

Édition Transboréal, collection sillages.

Réédition 2010

Première parution 1998

ISBN : 978-2-913955-86-8

 

 

 

Envie de vous évader un peu de la grisaille ambiante, des embouteillages routiers, des perspectives misérabilistes dont on nous rebat les oreilles ? Ménagez-vous alors un bon moment car l’embarquement sur  le « Damien » est un voyage au long cours : « 55 000 milles de défis aux océans » selon le sous-titre que Gérard Janichon a donné à son récit. Sans compter les 50 pages d’appendices techniques qui ne manquent pas d’intérêt une fois que l’on s’est accroché aux aventures du binôme, le récit de Janichon s’étale sur 609 pages … Le temps ne compte pas quand on aime !

 

En réalité, l’entreprise n’est pas récente et cette troisième édition nous offre l’occasion de remonter dans le temps, pour constater in petto que malgré les avancées technologiques qui ont marqué les quarante  années qui nous séparent de leur départ mythique, le décalage  entre les partants et les restants n’a rien perdu de son acuité, de sa véracité. C’est pourquoi Gérard Janichon ajoute en guise de  post-face ces vers de Paul Fort :

 Ils ont choisi la mer,

Ils ne reviendront plus.

Et même s’ils reviennent,

Les reconnaîtrez-vous ?

La mer les a marqués

Avant de vous les rendre.

C’est l’aveu final qui conclut effectivement la relation de ce voyage extraordinaire.

Et l’on mesurera d’abord la teneur du défi en suivant l’élaboration du projet : Ces copains grenoblois n’étaient pas prédisposés à se retrouver en équipage sur les mers du monde, entre les deux pôles ! Mais les rêves poussent certains avec une force insoupçonnable. Les garçons ont conçu  leur dessein au cours de leurs années lycée, et c’est planche par planche qu’ils ont conquis à la sueur de  petits boulots annexes le droit de réaliser l’épopée. Il leur a fallu quelques années pour fabriquer leur voilier, grâce à certaines amitiés gagnées par la ténacité du trio de départ.  Ils se sont donné des contraintes de raison, ont étudié la faisabilité (l’affreux vocable), ont cherché maints et maints soutiens, ont osé innover, ont beaucoup lu, et se sont quand même entraîné entre la Rochelle et les îles vendéennes à la maîtrise des manœuvres.

Vint le jour J.  Je n’ambitionne pas de vous rapporter leur périple par le menu… C’est autrement captivant de suivre ces aventures par les mots de celui qui les a vécus. Mais une fois embarqués vers le Spitzberg et les premières glaces, attendez-vous à partager les veilles des quarts solitaires sous les aurores boréales, à découvrir l’hospitalité des gens de mer et les rencontres hasardeuses.  Étonnez-vous des difficultés de navigation lors de la remontée de l’Amazone, constatez les bienfaits du rhum qui coule abondamment à bord et surtout, sautez de joie et de soulagement quand les deux rescapés du Cap Horn sortent enfin du chavirage au large de la Géorgie du Sud, territoire hostile dont je n’avais même pas idée avant de plonger dans les péripéties de ce tour du monde.  

Voilà un récit de voyage qui ne sent pas l’esbroufe et l’appel des caméras. L’édition est agrémentée de cartes « à main levée » et de quelques  photos au centre de l’ouvrage, comme une respiration entre les deux hémisphères, le temps de reprendre souffle par cette escale visuelle.

Bonne lecture et bon vent…   

12/10/2012

Petit Pommier

Ce matin-là, en ouvrant ma pomme du petit-déjeuner, j’ai découvert un petit phénomène.

Au centre du demi-fruit dont la chair crème démentait le rouge gourmand de sa peau, un pépin brun reposait dans son écrin.

Ce petit grain de rien vivait là sa vie autonome, insensible à la mort promise de son cocon.

Ce pépin minuscule affichait un dard insolent, une mignarde flèche de vie, une volonté résolue de vaincre la fin promise du fruit.

Je me suis ému de cette ténacité. 

Je me suis promis de lui donner une chance.

GéO a souri, il a levé un coin sarcastique à la commissure de ses lèvres et émit les réserves ironiques de circonstance.

Néanmoins, dans la demi-heure qui suivit, GéO portait en ma cuisine un petit pot empli d’une terre fraîche et humide.

Ainsi sont les hommes.

 

 

Deux semaines ont passé si vite que la terre n’a pas séché.

Un filet d’herbe s’est installé, trop maigre pour être chassé.

Ce matin, surprise.

À l’abri du ventre gris de la potée, mon pépin a travaillé, bourgeonné, enflé.

À la clarté incertaine du jour, une  tendre pousse sort de sa chemise,

Une preuve de sa volontaire entreprise.

Le voilà installé, prêt à tenter l’aventure.

 

Dans la chaleur bienveillante  de la maison, je vais le garder pour l’hiver.

Quand la belle saison reviendra, c’est aux doigts de Mathis qu’il retournera à la terre.

                       

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23/09/2012

Dresde

Retour de Dresde, nos yeux encore habités des contrastes visuels qu’offre la cité.

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Clair obscur baroque, ces silhouettes en contre-jour résument un des aspects qui frappent tout d’abord quand on aborde la ville.

 Et puis rapidement, la notion d’espace, la respiration élargie par la voie majestueuse que trace l’Elbe au couchant  chasse l’impression statique en noir et blanc qui nous a surpris.

 

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au débouché de la rue Taschen Berg et du palais Zwinger

Dresde, Allemagne, saxe, architecture, carnet de voyage l’esplanade du Semperoper

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Cour intérieure du palais Zwinger

                                 

À notre regard  formaté par les  espaces urbains étroits et encombrés, les rues semblent désertes  et silencieuses, étrangères à la cohue des métropoles.

 

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Cette première journée s’achève sur la révélation de la chaleur véritable qui a fait grandir cette ville doublement royale…

Perspective sur la Frauenkirche au couchant: 

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31/08/2012

Mathis la malice

D'accord, d'accord, les gouttesdo se font rares en ce moment… Vous avez sans doute deviné que je les abreuve à ma source favorite!

Ce temps de partage avec les nôtres est sans pareil et ne souffre d'aucune distraction! 

Je ne manquerai pas de revenir sur tous ces épisodes,  en attendant, je tente d'apaiser votre soif de quelques clichés furtifs.

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Cette dernière semaine d'août, toute notre attention est évidemment concentrée sur la personne de Mathis…

Lequel ne s'embarrasse d'aucun scrupule pour tournebouler la tête de sa Doudie autant que de Papyrache. (Contraction  étonnante de Papy Gérard,  que l'intéressé  apprécie comme vous le devinez… Les enfants n'ont-ils pas le génie de l'à-propos?)

 

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Il y a deux jours, nous partagions tous trois une agréable partie de ballon sur la plage de la piscine. Tout se déroule à merveille, quand le ballon a la mauvaise idée de fuir devant les pieds de notre Mathis et de rouler jusque sur les restes d'une pelouse qui fut jadis une plate-bande herbue. Mathis s'arrête net à la frontière de ce nouvel espace.

— Eh bien Mathis, va le chercher, ce ballon!

— Non, pas Mathis, non, veux pas

— Écoute Mathis, tu es tout près, tu peux marcher sur "l'herbe"

—  Non, peux pas, j'ai des petits pieds…

Comme quoi, Mathis aux petits pieds est dispensé de fouler les herbes sèches…



12/08/2012

Pluie d'étoiles…

Ce soir, notre ciel sera couvert.

Pourtant les nuits d'été en Provence ont une magie bien particulière.

Hiver glacial au vent d'Ouest frisquet ou obscurité douce et vibrante comme les nuits d'août,

Nous vivons nuitamment le nez en l'air, le regard accroché aux milliards d'étincelles  clignotant au fond du noir absolu.

Hier soir, le départ des invités nous a rendu à notre calme méditatif.

Au bord de la piscine, nous nous sommes allongés un moment, repos suprême, à peine  troublé par un petit clapot dû au système d'aspiration, souligné par le léger frémissement des insectes  voltigeant dans l'obscurité.

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Si le chien ne déclenche pas l'allumage intempestif, la nuit nous est offerte, dans toute  la profondeur de son écrin; Les étoiles s'allument lentement, elles s'installent comme des choristes pendant les répétitions.

Et puis commence le spectacle.

La danse céleste se manifeste.

Il faut rester en alerte, les comètes surgissent de nulle part et se perdent brusquement dans le néant;  c'est toujours une surprise, fugace,furtive,  magnifique. 

 Au début, on dénombre, une à gauche, là à droite. Et celle -ci, tu l'as vue?

Satisfait de son compte, GéO est allé se coucher.

Et moi, je suis restée encore un moment dans cette paix incroyable, à bénéficier de ce gala silencieux et chaleureux, ces petits signes de l'univers qui nous envoient juste quelques clins d'oeil.

Et je pense qu'à quelques centaines de kilomètres, Christine, Max, André et tout le groupe rêvent et reposent sous les mêmes étoiles…

Ils sont en Espagne déjà, et je pense fort à eux et à tous ceux qui se surpassent, tout le temps, parce qu'il n'y a pas de choix, il faut vivre ce qui nous est donné.

 

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