21/03/2013
Fenêtre ouverte sur la journée de "ces arts"
Pour la troisième année , Serge Casoetto organise une manifestation multiculturelle dont le point d'orgue aura lieu le 28 septembre prochain. Ci-dessous, vous trouverez l'affiche du projet et le lien du site, si d'aventure les muses vous soufflaient la bonne inspiration…
Les plus fidèles de mes discrètes souris lectrices se souviendront de ma joie en septembre dernier quand la trop longue nuit de Firmin y a été consacrée… Mais la manifestation ne s'arrête pas au seul prix littéraire. Conteur, poète , calligraphe, danseurs, chorégraphes, joaillier peintres,… offriront en outre leur savoir faire au cours d'atelier…
Un petit tour sur le site de Serge vous permettra d'en comprendre le fonctionnement et vous donnera, qui sait, envie d'y participer, quel que soit votre mode d'expression favori. La fête promet d'être belle!
Pour tous renseignements sur le projet et pour mieux connaître l'oeuvre de Serge casoetto, suivre le lien ci-dessous…
http://www.serge-casoetto.com/actualites.php
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28/02/2013
À la pointe de la technologie…
Pour faire bref, je vous convie à jeter un petit coup d'oeil sur la vidéo en lien.
Cette présentation concise et illustrée d'un concept révolutionnaire vous apportera un réel confort pour meubler le prochain week-end neigeux…
Très bonne journée à toutes mes discrètes- souris- fidèles…
http://youtu.be/Q_uaI28LGJkhttp://youtu.be/Q_uaI28LGJk
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25/02/2013
Félicité canine
Il en est deux qui apprécient les péripéties du week-end.
Si les maîtres observent un frileux repli au coin du feu, les enfants de la maisonnée n'ont pas boudé leur plaisir.
Prestement, j'ai lâché mon balai pour saisir au vol ces instantanés, que je vous livre dans leur intégrité. Attention certaines images pourraient heurter la sensibilité des spectateurs, les responsables de la plate-forme Hautetfort tiennent à préciser qu'aucun des acteurs n'a été blessé, pas même dans son amour-propre.
Observation du terrain de jeux
Pas de pitié, la bataille est rude!
Match nul semble-t-il…
Tout est dit…
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24/02/2013
Saint Max sur glace
Changement d’ambiance !
Riez, Amis Nordistes, gaussez-vous de la mauvaise foi qui nous pousse à arborer nos cieux d’azur avec tant d’arrogance!
Cette fois, nous sommes logés à la même enseigne que vous… Une journée à rester sous la couette hier. Sur notre colline, les habitants frileux n’ont même pas envisagé de dégager les voitures. Le blanc du ciel répandu sur terre, à hauteur d’yeux et bien plus haut que celle des malheureux passereaux :
Paysages de Provence
Où sont donc passé les clichés habituels?
Ce matin, le décor se modifie sous l’effet de la lumière, nos humeurs deviennent méditatives, c’est dimanche, on prend le temps d’admirer les vagues minuscules que le froid a saisi sur les rambardes, les fleurs de coton qui s'ouvrent sur les branches gelées du laurier .
Le plus heureux est toujours notre Copain !
Tandis que Guss cherche l’abri de la cuisine et l’exclusivité du coin radiateur, Copain exulte sous l’averse de flocons.
Le calme revenu, notre compagnon s’installe en vigie au bout de la terrasse. L’oreille gauche dressée, la droite plus nonchalante, Copain surveille le lever du soleil, l’amorce du dégel qui menace de le priver du tapis moelleux et de sa parure pointillée.
Passé la minute contemplative, me direz-vous, comment lutter contre le froid insidieux ? Cette semaine, nous avons rendu une visite courtoise à notre cinéma. Oui, oui, Saint Max possède depuis à peine plus d’un an une belle salle dédiée au cinématographe, sise dans notre Pôle Culturel. Dorénavant, salles de musique et de danse, médiathèque et hall d’exposition, le cœur de Saint Max bat cultivé, réjouissons-nous! Or donc, au milieu d’une programmation éclectique, notre écran blanc nous réserve quelques morceaux choisis.
Belle considération pour vous dire qu'après le magnifique Renoir sorti à l'automne, j’ai apprécié l’Alceste à bicyclette de Philippe Le Guay (réalisateur heureux des femmes du 6e), avec Fabrice Luchini et Lambert Wilson. Un scénario original et amusant, qui sied évidemment à la verve des acteurs. J’ai apprécié notamment la démonstration du travail des comédiens, avec la mise en perspective du comédien jouant au comédien, et l’ironie subtile du réalisateur soulignant le décalage entre le mode de vie autochtone et le parisianisme. Le Guay poursuit en fait la réflexion du film précédent, avec la patience d’un auteur qui peaufine son univers d’œuvre en œuvre. Et puis on ne peut que se régaler de la gourmandise sensuelle dont font preuve les deux personnages en s’emparant d’un des plus beaux textes de notre littérature. Les vers de Molière nous sont servis comme des mets précieux et résonnent à nos oreilles comme un appel aux sources. N’est-ce pas leur écho que guette ainsi mon Copain seul en son jardin?
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23/02/2013
L'inespérée
L’inespérée, comme le titre du dernier des 11 textes qui composent ce recueil. N’allez pas en déduire que le lecteur s’ennuie, loin de là. Christian Bobin entretient une conversation intime et aérienne avec les lecteurs qui ouvrent leurs cœurs à l’ami. Les mots fraient ici, comme dans toutes ses œuvres, un sillon subtil que vous empruntez à votre tour, comme il vous convient. Jamais vous n’ouvrez un volume signé de ce poète pour combler un moment de désoeuvrement. Il en va de Bobin comme de Schubert, ce sont des enchanteurs du cœur, que l’on invite pour la couleur de l’âme dont il propose le partage. Si donc vous cherchez paillettes et dépaysement, passez votre chemin…
Or, si votre humeur est à l’écoute, vous entrez à mots de velours dans le murmure des confidences que l’auteur livre au fil des pages, comme autant de lettres adressées à l’Ami, celui ou celle qui comprend les nuances des émotions et la fragilité des aveux.
« La beauté, madame, n’a d’autre cœur que le vôtre, glisse –t-il dans sa lettre à la lumière qui traînait dans les rues du Creusot…, Nous ne cherchons tous qu’une seule chose dans cette vie : être comblé par elle— recevoir le baiser d’une lumière sur notre cœur gris, connaître la douceur d’un amour sans déclin. » ( Pages 11-12 de l’édition Folio.)
Le second texte, le mal, commence par une longue diatribe contre la télévision et son « règne en vertu d’une attirance éternelle vers le bas, vers le noir du temps.(…) On appelle ça une fenêtre sur le monde, mais c’est, plus qu’une fenêtre, le monde en son bloc, les détritus du monde versés à chaque seconde sur la moquette du salon. (…) Alors qu’est-ce qu’il faut faire avec la vieille gorgée d’images, torchée de sous ? Rien. Il ne faut rien faire. Elle est là, de plus en plus folle, malade à l’idée qu’un jour elle pourrait ne plus séduire »…
La traversée des images nous convie à poser notre regard sur la profondeur de nos motivations : « Vous arrivez là comme vous arrivez partout, avec l’impatience de repartir bientôt. C’est une infirmité que vous avez de ne pouvoir envisager un voyage autrement que comme un détour pour aller de chez vous à chez vous.(…)Vous n’avez jamais deviné vers quoi pouvaient aller les phrases écrites, l’encre répandue comme du parfum sur la chair de papier blanc. C’est pour parler de ça que vous alliez en Haute-Savoie, voir cet écrivain que vous aimez sans encore l’avoir rencontré. Et bien sûr les choses se passent autrement que prévu »…( Page 31)
Permettez-moi une halte prolongée sur ce texte, car bien sûr, voilà qu’il me parle du fond des choses : « Comment c’est, un écrivain, dans votre tête : étrange à dire, mais ce n’est pas d’abord lié à l’écriture. Un écrivain c’est quelqu’un qui se bat avec l’ange de sa solitude et de sa vérité. Une lutte confuse, sans nette conclusion.(…) Il vous est arrivé de rencontrer des personnes bouleversées par leur propre parole. Leur conversation irradiait une intelligence vraie, non convenue, et quand ces gens entreprenaient d’écrire, plus rien : comme si la peur de mal écrire et la croyance qu’il y a des règles leur faisaient perdre d’un seul coup toute vérité personnelle. Ces gens, vous les reconnaissez comme d’authentiques écrivains. Ce n’est pas l’encre qui fait l’écriture, c’est la voix, la vérité solitaire de la voix, l’hémorragie de vérité au ventre de la voix. » (Page 33)
De ces vérités personnelles et structurantes, il est question encore dans l’approche de l’innocence du thé sans thé et d’une fête sur les hauteurs. Bobin débusque toujours la part des faux-semblants et de l’ajustement nécessaire propre à ceux que ne guident aucun intérêt. Il a, pour décrire ces rencontres inattendues, des images ciselées inoubliables : « Elle parle et vous écoutez ce gravier d’étoiles crissant dedans sa voix. » L’auteur ne se dédit pas quand il poursuit sa réflexion dans j’espère que mon cœur tiendra sans craquelure : « « Parler de peinture, ce n’est pas comme parler de littérature. C’est beaucoup plus intéressant. Parler de peinture c’est très vite en finir avec la parole, très vite revenir au silence. Un peintre c’est quelqu’un qui essuie la vitre entre le monde et nous avec de la lumière, avec un chiffon de lumière imbibé de silence. » ( Page 63)
Observer et transcrire en poète n’empêche pas d’exercer son regard avec lucidité. Christian Bobin se fait plus incisif dès lors qu’il se penche sur le sort éphémère de l’amour, ou plutôt des amours communes auxquelles nous nous accrochons : « dans les histoires d’amour, il n’y a que des histoires, jamais d’amour. Si je regarde autour de moi, qu’est-ce que je vois : des morts ou des blessés. Des couples qui prennent leur retraite à trente ans ou qui font carrière dans la souffrance.( Page 83 la retraite à trente ans)
Alors, au bout du compte, arrive cette déclaration d’amour à l’Inespérée, à la présence plus forte que tous les éloignements : « Cela fait bien longtemps que je ne sors plus sans toi. Je t’emporte dans la plus simple cachette qui soit : je te cache dans ma joie comme une lettre en plein soleil. » La nature de l’amour réside dans une quête d’absolu, où il s’avère que « les mots sont en retard sur nos vies. Tu as toujours été en avance sur ce que j’espérais de toi. Tu as depuis toujours été l’inespérée. » Nous pouvons enfin comprendre la nature de la révélation, qui tient plus à l’aimant qu’à l’aimé : « L’enfer c’est cette vie quand nous ne l’aimons plus. Une vie sans amour est une vie abandonnée, bien plus abandonné qu’un mort. » (Page 115)
L’écriture de Christian Bobin n’est jamais docte. S’il touche à nos émotions, ce n’est pas par souci d’esthétisme, ses flèches sont décochées pour mettre à jour nos vérités profondes, que l’on se cache parfois par pudeur de soi ou peur des autres, peur du jugement ou de n’être pas à la hauteur… Le plus beau cadeau qu’un tel écrivain offre à son public ne se niche-t--il pas dans le pari de son authenticité ?
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17/02/2013
Chronique du jour…
Puisque nous fêtons aujourd'hui l'homme de la maison, celui qui se cache derrière les fontaines ou choisit l'ombre fugace des platanes hivernaux pour reposer son auguste stature:
Je m'en vais vous conter nos dernières pérégrinations en pays d’Aix, où j’ai traîné sans pitié vendredi mon compagnon de vie.
Il y avait en effet un moment que nous envisagions d’aller jeter un œil sur Aix la coquette, petite sœur de Marseille, qui s’est aussi jetée dans la fête.
Il était temps ! mais grâce au tonus de Simone, nous avons pu profiter du fameux parcours L’Art à l’endroit avant l’expiration de la manifestation. Nous apprîmes ainsi que les intempéries avaient déjà réduit maints dispositifs…
Magnifique journée sous un ciel d’azur, il suffit de musarder en ville nez en l’air et regard fureteur vers les jardins intérieurs pour découvrir les œuvres offertes . Petit côté chasse au trésor ludique, mais aussi moments délicats où l’architecture initiale n’est nullement dissimulée, elle sert souvent d’écrin aux implantations proposées de manière éphémère.
En voici quelques exemples, pêle-mêle…
Tout d'abord, cette composition en terre cuite de Huang Yong Ping, représentant la fameuse maison où Oussama Ben laden a été tué. Chacun sait qu'elle est aujourd'hui détruite, ce souvenir paraissait sans nul doute trop encombrant pour le gouvernement d'un pays assis entre deux alliances…
Huang Yong ping a donc imaginé le sort que la nature aurait su réserver à cet hâvre- mausolée livré à lui-même, comme l'ont été les temples Mayas ou Cambodgiens avant que les hommes modernes ne les réhabilitent: " La nature n'a pas l'intention de s'engager dans l'histoire des hommes. L'herbe fait son chemin, elle pousse où elle peut. Peut-être va-t-elle gagner, prendre le dessus sur tout."
Abbottabad, dans la cour de l'hôtel de Gallifet
Autre curiosité, cet ensemble vermillon de Xavier Veilhan qui accueille les visiteurs dans le patio de l'hôtel de ville. Pour l'anecdote, observez la composition de poluyréthane et polystyrène, dont l'accès est interdit au public après quelques expériences malheureuses; Vous étonnerez-vous que ce soit la seule photo que Géo a prise avec son beau portable-à-photographier?
Toutefois, les dames aussi peuvent y trouver leur content, comme on en jugera sur pièce:
Mais pour être tout à fait franche, mon adhésion pleine et entière à cet artiste anglais, Thomas Houseago, dont ce bronze majestueux trône sur la place de l'Université, en face du parvis de la cathédrale Saint Sauveur:
Cette femme assise aux deux visages est saisissante, d'autant que même sa silhouette coupée en 2 parties illustre une dualité, un déchirement intérieur, l' éclatement de la personne, de son identité, de sa destinée…
Du même artiste, nous cherchons la réalisation de tuf calcaire sertie par les joyaux de l'hôtel du mausolée Joseph Sec, un magnifique hôtel un peu excentré sur le boulevard Pasteur
Aix d'hier et d'aujourd'hui, promenade à temps perdu et retrouvé, la ville conserve son charme précieux.
Si j'en avais le temps, je vous conterais encore notre délicieuse rencontre à la cathédrale, avec une personne lumineuse comme sa passion pour la transmission de notre patrimoine théologique. Pour reprendre sa boutade, à quoi sert un livre où un guide qui se contente de faire remarquer que les huit colonnes du Baptistère sont en marbre, alors que seul un visiteur aveugle a besoin de ce sous-titrage! F plattz nous a séduit d'emblée parce qu'elle explique pourquoi ce nombre huit vient tout à coup bouleverser la mathématique divine, incarnant le passage par le baptême à une vie nouvelle, puisque renouvelée par le don du christ … ( référence aux 7 jours de la création dans l'Ancien testament )
Mais je ne veux pas déflorer sa démonstration si lumineuse et vous laisse en bonne compagnie pour achever dans la sérénité ce long dimanche hivernal…
19:48 Publié dans Blog, goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : aix en provence, l'art à l'endroit, photos d'aix, chronique des visites, thomas houseago, huang yong ping | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
11/02/2013
La guérison du monde
Frédéric Lenoir
Fayard (Janvier 2013)
ISBN : 978-2-213-66134-6
Écrivain de l’Optimisme, Frédéric Lenoir ?
Assurément, ce philosophe expert de la transcendance, œuvre depuis longtemps pour aider ses congénères à s’ouvrir à l’autre et accepter la part du religieux dans nos cultures.
Ses ouvrages antérieurs autant que la direction du Monde des Religions ont fondé son message de tolérance et de compréhension des aspirations de l’Homme à dépasser son quotidien.
Cette fois, Frédéric Lenoir prend un pari plus pragmatique. La proposition de son dernier titre engage un pronostic et une démarche. Est-ce dire que l’auteur entend nous livrer un protocole de médications propres à sortir nos sociétés du marasme où nous pensons patauger ?
Pour ce faire, en pédagogue avisé, Frédéric Lenoir dresse un tableau exhaustif des différents malaises recensés par la lecture des événements qui se bousculent au fil de l’actualité. Il donne à voir combien toutes les crises qui bouleversent nos existences sont liées, et ne sont en fin de compte que les multiples aspects d’un désaccord systémique entre l’Homme et la planète.
L’analyse devient limpide en suivant la logique de l’auteur, qui rappelle comment depuis les débuts de l’humanité, l’homme s’est adapté physiquement et mentalement aux conditions de son existence et de sa survie. Ce détour par la préhistoire et ce qu’il appelle la « révolution néolithique » ne paraît pas superflue, tant à lire ces lignes, ce raisonnement légitime la perception de nos recherches identitaires. La pertinence de la démarche s’illustre par le paradigme des « frontières » : au cours de son évolution, l’homme s’est délimité différentes frontières, celles qu’il définit comme verticales, positionnements individuels d’une connexion au monde qui le dépasse, mais dans lequel il se sent intégré. Puis avec l’aisance du progrès matériel, ce sont des frontières horizontales, la conquête de nouveaux territoires, le sens de la domination sur autrui qui le guide. Aujourd’hui, nous n’avons plus guère de perspectives d’expansion territoriale, mais nos besoins de puissance ne se sont pas pour autant atténués. D’où la quête d’un Ego civilisationnel, alibi collectif justifiant la course aveugle au « toujours plus ». Si l’Occident a réussi à imposer ses valeurs consuméristes, que nombres de pays émergents se sont également appropriés, cela ne suffit nullement à résoudre les problèmes que ce mode de vie engendre, dont les crises économiques, financières, écologiques, politiques et sociétales analysées en début d’ouvrage.
Frédéric Lenoir souligne à ce propos un aspect sociétal de l’argument des religions. Lui qui ne peut être suspect d’irrespect à l’égard des courants spirituels qui transcendent toutes les traditions, émet l’idée que le prosélytisme religieux sert plus souvent une volonté de domination qu’un réel élan idéaliste. ( référence aux évangélistes télégéniques autant qu’aux islamistes radicaux, sans oubli des terreurs de L’inquisition.) La mondialisation des idées sert plus la propagande que l’élévation des débats.
Reste donc à définir ce qui pourrait réellement permettre la guérison de nos plaies et le dépassement d’une société où l’injustice sociale et le repli individualiste ont remplacé les batailles de grands idéaux des siècles passés. Avant que ne s’achève le pillage inconsidéré de notre planète, il appartient à chacun de nous, autant qu’aux états que nous légitimons, de réinvestir une conduite autonome et responsable. « Pour que le mode guérisse, il nous faut ainsi passer de la logique quantitative dominante à une logique qualitative encore marginale. » (page 303). En cessant de se considérer comme victimes impuissantes de situations avérées, Frédéric Lenoir nous enjoint de nous « transformer (nous)—même » , de revenir à un nécessaire rééquilibrage entre nos vérités intérieures et les buts fixés par la société. L’auteur s’appuie sur la dualité de nos facultés et nous enjoint d’ouvrir notre mental à nos ressentis autant qu’à nos réalisations. « Pour s’épanouir, l’être humain a autant besoin d’intériorité que d’extériorité, de méditation que d’action, de se connaître lui-même que d’aller à la rencontre des autres. » (Page 292)
Citant les exemples de contemporains à l’œuvre comme Pierre Rabhi et son expérience d’autonomisation , Frédéric Lenoir prône un essor de l’individu global, aussi attentif à son bien-être physique dans un monde débarrassé des substrats qui l’empoisonnent que sa quiétude intellectuelle et mentale par le développement et le respect de sa dimension intime. Page 231, il nous renvoie à la perception de l’Homo universalis de la Renaissance, par lequel « l’homme affirme sa liberté dans la conscience qu’il a du fait qu’il contient en lui tout l’univers. Il est microcosmos.(…) de ce point de vue, la liberté équivaut à la prise de conscience du caractère relationnel de l’identité humaine . (…) Dans le cosmos, tout est relié, les choses visibles aux réalités invisibles, des couleurs aux étoiles, des plantes aux organes du corps, des métaux aux humeurs et aux saisons. » C’est par une hiérarchisation individuelle de ses valeurs que l’homme pourra conquérir à nouveau l’harmonie première indispensable à la sortie des impasses où notre inconséquence nous conduit depuis trop longtemps.
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09/02/2013
Ermitage de charme
Ohé mes discrètes-souris-fidèles, que je devine nordistes accablées par la succession de jours gris, pluvieux, neigeux et /ou verglacés …Les plaisirs de l’hiver vous ont jetées au fond du lit, maussades et bougonnes, dans les transes dépressives d’un manque sévère de lumière ?
Prêts à tous les sacrifices, nous nous sommes mis en quête d’un remède infaillible, apte à parer vos songes dominicaux d’attraits ensorcelés, chargés de reflets ensoleillés et d’odeurs du large.
J’ai déniché pour vous ce petit ermitage de charme, planté au bout d’une presqu’île habitée de flamants roses et de grenouilles…
Imaginez le petit café matinal face à la mer dans cette demeure accrochée à son rocher comme une opiniâtre arapède ?
Monsieur Vauban l’a imaginée pour vous, la grâce de son bon Souverain Louis l’a érigée pour vous, la miséricorde de l’Histoire l’a conservée pour vous…
D’innombrables tempêtes ont porté assaut à ce bras de terre qui se tend encore vers les Îles d’Or
Les tumultes du temps ont fini par avoir raison de la batterie du Pradeau installée dans les années 1630 pour protéger les passes entre le littoral et les îles :
À l’Est, Porquerolles si proche qu’il paraît possible de s’y rendre à la nage :
À l’Ouest, l’îlot du Grand Ribaud sous les feux du soleil.
Et quand il faut s’arracher à la contemplation hallucinante des jeux d’eau et de lumière,
Dame Nature si prodigue offre encore l’occasion d’émerveillements ordinaires : les étangs des Pesquiers, résidus des anciens salins, où s’ébattent flamants insouciants, canards, cygnes et grenouilles ( à ton intention chère Anne-marie, toujours si concernée :270 espèces d’oiseaux recensées) … Tous oublieux des intrusions humaines qui grignotent le marais.
L’harmonie de ce territoire tient à un prodige naturel qu’il est bon de rappeler à l’Homme, fichu animal qui s’imagine toujours doté du droit de domination sur la terre offerte. Il y a peu, à l’échelle géologique s’entend, Giens appartenait à la famille des îles d’Or : sœur de Port-Cros, du Levant et de Bagaud, jumelle de Porquerolles, elle s’ébattait indépendante d’un continent jaloux de leur audace. Ce sont deux fleuves ombrageux, le Gapeau et le Roubaud, descendant des collines chargés d’eaux orageuses et d’alluvions qui ont poussé vers l’insolente fugueuse leurs sédiments. Aidés des courants marins, ceux-ci se sont accumulés jusqu’à former l’isthme de 4 km qui relie l’île à Hyères. Le phénomène est rare, on parle ici de double tombolo, puisque ce sont en fait deux cordons littoraux parallèles qui enserrent une lagune. L’exploitation du sel a commencé dès le Xème siècle, mais les salins ont connu l’apogée de leur exploitation à partir de 1848. L’activité a définitivement cessé en 1996, la presqu’île est dorénavant propriété du conservatoire du littoral, chargé de veiller à l’équilibre du biotope. Belle histoire pour ensoleiller votre veillée hivernale…
18:56 Publié dans Blog, goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : presqu'île de giens, la tour fondue, carnet de campagne, protection du territoire, nature, oiseaux, îles d'or, hiver, soleil, écriture | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer