02/08/2012
L'Anniversaire de Christine…
Ce 2 Août, Christine fête …Non, vous n’y êtes pas…Les années, elle s’en fiche, Christine !
Avec Max, sa famille et les copains d’André, leur cœur est si chaud.
Christine a chaussé ses bottes de sept lieues
Avec son courage et sa rage de vivre, elle est partie ce matin sur les chemins.
De Néoules à Madrid, le périple des Copains d’André, c’est une aventure magnifique.
Vous pouvez en suivre les détails ici http://www.lescopainsdandre.fr/
ou sur la page facebook de Christine, qui transmettra les détails du voyage.
Moi, ce sera mon feuilleton de ce mois d’Août, parce que le courage de cette famille tranquille et discrète m’épate et me réconforte, et que leur aventure vaut bien celles des Champions Olympiques.
À l’origine du projet, l’association Mon p’tit loup, parrainée par Pierre Perret, promettait d’emmener André et un autre ami handicapé. Pour diverses raisons, celui-ci n’ a pas pu continuer, mais… Christine et Max, un moment découragés, se sont décidés à le faire tout seuls, sans subventions, sans publicité, sans aide, si ce n’est l’accueil chaleureux de quelques communes, comme Tourves tout à l’heure, ou les cités étapes que vous retrouverez sur la page de Christine : https://www.facebook.com/famillemartinmax?type=ad&st1...
Je ne doute pas de votre intérêt pour cet exploit. N’hésitez pas à les encourager !!!
Bonne route à Christine, Max et André et tous ceux qui les accompagnent.
15:44 Publié dans Blog, goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : les copains d'andré, périple néoules madrid, défi familial | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
29/07/2012
Juillettistes
Les jours s’évaporent dans la chaleur qui plombe la région.
Le soleil inonde les collines, les jardins, les maisons.
Depuis deux mois, les passants choisissent le côté ombre aux terrasses des cafés,
Et le passage étroit des trottoirs à l’abri des rayons qui dardent.
Nos strasbourgeois étaient si heureux au bord de la piscine,
Ils se sont plus souvent détendus sous l’ombrage du Tamaris.
La jeunesse rayonne et la tendresse illumine les regards :
Nos Juillettistes achèvent leur périple en Toscane et regagnent leurs pénates, repus de splendeurs visuelles autant que de dégustations gastronomiques, à en croire les nouvelles .
Du Bonheur en réserve pour les mois à venir…
Il m’arrive de ressentir trop pesant cet excès de chaleur .
Mais l’annonce d’une visite lève derechef le fardeau,
La maison offre une fraîcheur relative, mais sous le toit du Poulous ,
Au bord de l’eau, les moments heureux se succèdent encore, ponctués de rires et de nouvelles…
Merci aux amis de nous pousser à sortir de nos coquilles.
Une si jolie mamie
Ah, les premiers ébats de la nouvelle génération!
On ne s'en lasse pas, rien que pour le plaisir de Yaël, Oskar, Henry, Mathis… je pardonne à GéO les 30° passés de l'eau du bain, c'est dire!
Évidemment, tous nos invités ont droit d'assister aux bains de Copain et de Guss. Les derniers en date, Denis et Laurent ont regardé avec un amusement effaré la destruction du joujou ( une bouteile d'eau en plastique) en quelques minutes et … 30 plongeons de Copain qui développe des astuces pour contrer la force de Guss.
Dégoulinants, nos deux compères s'ébrouent à l'envi près ( beaucoup trop !) des convives hilares, et imposent leurs caresses mouillées à qui ne sait pas les repousser dans la zone hors d'eau!
C'est l'été, il fait chaud…
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16/07/2012
Les feux de l'été
On y est ! Le week-end du 14 Juillet marque le début de l’Été, le vrai…
Quelques soient les préoccupations des uns ou des autres, la mi Juillet ouvre une période particulière: mêmes les besogneux qui repoussent à d’autres temps leurs vacances ont à l’esprit le changement qui s’est organisé le temps d’un samedi migratoire : les rues des villes se sont vidées d’une partie des véhicules, les rames des transports en commun offrent des sièges vides, et du coup l’humeur des travailleurs s’allège…
Mais a contrario, ce sont nos côtes qui se sont retrouvées tout à coup envahies d’une foule pressée de profiter du soleil et de la chaleur.
Cassis
Alors les municipalités s’organisent pour amuser les vacanciers. Ici, les jouteurs de cassis s’exercent encore une fois dans la lumière de cette fin d’après-midi.
Et les feux d’artifice du 14 Juillet fêtent autant la Nation que l’éclosion soudaine de la manne estivale.
la ville dans l’obscurité attend l’explosion des lumières et des pétarades qui vont résonner dans le port. Les hauts parleurs diffusent la musique pour attirer les touristes hors des restaurants et terrasses fraîchement investies.
Nous avons la chance d'être conviés au spectacle par Catherine et Kim qui nous offrent l'hospitalité d'une soirée exceptionnelle.
Après le dîner agréable qui permet de profiter longuement de la vue magnifique sur la cité et la muraille gigantesque du Cap Canaille, nous nous installons sur le balcon qui domine le port. Le spectacle commence, la magie opère…
L’ambiance ne serait pas parfaite sans les retrouvailles musicales.
Hier, c’était pique-nique Jazz au château de Bernes, superbe domaine vinicole des environs de Lorgues. Dégustation des rosés gouleyants et des rouges fruités assortis d’un buffet tout à fait honorable. L’orchestre des Ticco’s jazz abreuve aussi nos oreilles des rythmes New Orleans, un duo de batteurs fait le bœuf, quelques convives craquent et se mêlent aux musiciens pour une participation vocale ou au bandjo, sous l’immense chapiteau la fête est décontractée, chaleureuse, et le vent n’y change rien.
L’été 2012 est bien là, oyez oyez, nobles voyageurs saisonniers, la belle Provence a revêtu ses atours estivaux pour mieux vous séduire…
19:43 Publié dans Blog, goutte à goutte, Larmes d'O, Loisirs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : feux d'artifice, vacances, 14 juillet, provence, festival jazz, musique | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
08/07/2012
À tire d'aile…
Toutes les belles histoires s’achèvent.
Avez-vous remarqué comme parfois ce sont les plus touchantes, parce qu’elles parlent à nos vécus, qui sont aussi celles qui nous laissent un vague sentiment d’incomplétude… On voudrait claironner une autre FIN comme une victoire sur l’adversité, la maladresse, la fatalité. Mais le vilain petit diable du début se manifeste à nouveau, et cette fois, la bonne volonté de l’Homme est mise en défaut…
Dernier épisode de notre feuilleton « oisillons ». Jean-Claude relate l’envolée finale, que nous aurions aimé triomphale. Mais cette fin qui n’entre pas dans la morale des contes de fée nous permet d’imaginer que les survivants se sont adaptés, que la liberté trouvée est le début d’une belle aventure où l’Homme n’a pas sa place, que le monde des oiseaux se passe de notre sollicitude après tout et que leur gratitude ne s’exprime pas en requêtes à notre portée.
J’aime à penser que les survivants se sont trouvé une tribu accueillante, qu’ils s’amusent quelque part pas si loin du refuge humain et que parfois ils guettent leur sauveur à travers le feuillage, invisibles et gracieux, ils savourent cet été rétif, leur première saison si pleine de découvertes…
« Je reprends: mercredi matin 4 juillet,
Je disais 4 présents, ils picorent mais moins candidats pour le repas au bout de la baguette, une ou deux becquées puis ils s'écartent dans le feuillage. Ils voient le soleil matinal et ont visiblement envie d'escapade.
Je suis pressé par mes devoirs de charpentier, aussi je ne prête pas une attention particulière pour le plus petit généralement réservé et plus craintif, il se tient comme à son habitude près du sol, se glisse sous les herbes et boude le déjeuner.
Dans la journée personne au gîte,ni le matin, ni le soir, les explorations n'ont pas permis de déceler leur présence. Soudain en scrutant les abords je découvre le plus déplumé gisant dans l'herbe juste à la sortie du buisson. Consternation et triste fin.
Je suis dubitatif sur ce qui a pu advenir de ses frères qui sont partis vivaces de ce lieu, le premier lâché seul puis des autres...
Ai-je bien administré le bon traitement à ces oisillons? Leur remise en liberté était-elle trop hâtive? Je me pose un tas de questions aussi vaines qu'inutiles, j'interroge encore les arbres pour entrevoir leur présence, une chose m'est certaine c'est que j'aurai un regard plus attendri sur ces petites mésanges qui nous sont si familières tout au long de l'hiver lorsqu'elles fréquentent notre mangeoire.
Ce matin une vingtaine de petites mésanges toutes semblables faisaient tapage dans les arbres proches de la maison, j'aime à croire que les nôtres faisaient partie du sabbat, l'histoire finit ainsi un peu mieux.
Pour la vidéo il faut patienter un peu. »
Un grand merci à Jean Claude et Josiane pour cette belle histoire…
12:21 Publié dans À l'encre de …, Blog, goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : oisillons, sauvetage, apprentissage, envolée, fin d'histoire | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
05/07/2012
Feuilleton oisillons…
À Châteauneuf, l’aventure de nos petits héros emplumés se poursuit. Jean-Claude s’est pris au jeu, et transmet fidèlement le journal de bord des progrès accomplis par la nichée.
Il narre ces épisodes avec une fierté toute paternelle, et ses mots traduisent à merveille la relation vigilante du maître aux élèves, attentif à la hiérarchie des étapes nécessaires et aux dangers potentiels, autant qu’à la stimulation au départ, ce qui reste, somme toute, la finalité de toute éducation.
N’allez pas penser que je paresse en me défaussant sur le reportage de notre ami… Je suis certaine que vous êtes nombreux, amateurs de moments rares où l’homme ne se gonfle pas d’une simili puissance, mais se contente de mettre ses talents au service d’une Nature défaillante.
Samedi 30 juin
Noémie était venue voir le lâcher des candidats suivants pour le grand espace, malheureusement les vols d'essai n'ont pas reçu l'agrément des autorités.
Il a donc fallu remettre tout le petit monde au panier. Néanmoins ces séjours hors du nid ont dégourdi la nichée qui devient plus agitée.
un candidat aux tests de vol en salle; refusé car pas assez volontaire
Dimanche 1er juillet
Le matin gavage, nous sommes de sortie donc pas de vol.
Lundi 2 juillet
Une journée riche en évènements.
L'espace devient trop exigu et les oiseaux ne sont manifestement pas à l'aise donc nous procédons à la libération d'abord des deux plus vaillants. Ils sont habitués à être manipulés, (à cause du changement de nid pour nettoyage) et ne manifestent aucune crainte. Le premier s'envole vers le cotonéaster, buisson qui leur servira d'abri, le second est moins habile en vol, il faudra le déposer sur une branche. Évidemment il y a un grand moment de surprise et d'observation pour ce contact soudain avec la nature, la joie qui suit se fait vite sentir.
Les trois suivants sont les plus timides ils rejoignent leurs frères dans le gîte à 11 heures toute la tribu est rassemblée et découvre l'espace et les perchoirs.
À 12 heures, un brave goûte aux caresses du vent et a atteint l'acacia proche de quelques mètres. Nous les abandonnons à leur sort.
test en intérieur
Au cours de l'après-midi nous avons récupéré un voyageur à la dérive dans la cuisine, un autre dans le garage, lieu des essais.
Nous avons aménagé l'espace du nid habituel avec provisions dans l'espoir d'un retour pour une nuit en sécurité. Vers 19 heures, pari gagné, 4 sont à l'appel et crient famine.
Une bonne becquée paraît indispensable, aussi sont-ils rassasiés jusqu'à 20 heures avec force piaillements.
Quelle journée! 20h30 tous les 5 sont prêts pour la nuit
le gîte.
Mardi 3 juillet
7 heures, l'appétit est féroce et les cris sonores ! Toujours 5 occupants qui sont restaurés en fonction de la demande.
12 heures : plus personne au logement, une brève recherche et au son des piaillements, j'en retrouve 3 perchés dans un boulot. Un peu de viande, ils sautent sur la baguette qui me sert de long bec, (ils m'appellent d'ailleurs "papa-long-bec") pas effarouchés, même beaucoup trop familiers. Je dépose la nourriture sur la branche où ils se perchent afin de les habituer à se servir seul.
Devinette: où se cache-t-il?
Dans la soirée Josiane en a récupéré deux dans le pommier. Quatre sont présents à l'appel et sautent effrontément sur la baguette et sur moi afin d'être servi plus vite.
Ce matin mercredi 4 juillet
Toujours 4 présents, ils picorent leur déjeuner sur les branches, ils sont servis.
J'ai surtout pris des clips vidéo qui illustreront ces notes.
Toutes mes excuses pour le différé de la retranscription du reportage reçu hier mercredi, mais nos invités autour de la piscine ont requis ma présence.Que voulez-vous l’été impose ses priorités!
18:26 Publié dans À l'encre de …, Blog, goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : oisillons, envol, lâcher, apprentissage | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
01/07/2012
Envol
In extenso, ou presque, les nouvelles du jour concernant nos oisillons:
Hier vendredi,
11:53 Publié dans À l'encre de …, Blog, goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : oisillons, sauvetage, journal, apprentissage | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
27/06/2012
La sentinelle du quai H
La gare Saint Charles reflète la lumière de Marseille tout autant que l’exubérance et la disparité de ses habitants. Les barrières Vigipirate et la rénovation de la salle des pas perdus ne suffisent pas à interdire l’accès aux quais. Difficile de résister au plaisir d’accueillir parents et amis à la descente des trains. Ce jour-là j’avais en outre une bonne raison, puisque j’attendais mon neveu handicapé par une jambe plâtrée. Je m’étais ainsi glissée jusqu’à l’ultime repère, correspondant à la dernière voiture du convoi selon sa réservation.
Au bout du quai H, en attente du TGV de 18 heures 34, l’affluence ne cessait d’enfler. Parents âgés, adolescentes regroupées autour d’un téléphone high-tech, leurs rires explosifs à l’adresse des garçons solitaires assis sur le dossier des bancs publics, coiffés de capuches aussi sombres que leurs regards. J’observais une fillette d’à peine quatre ans. Elle courait de plus en plus près des voies, et malgré moi, il me venait une furieuse envie de la rattraper avant sa chute prévisible. Je cherchais des yeux sa mère. Celle-ci, accaparée par un monologue téléphonique, rappelait nonchalamment sa fille de temps à autre. Nullement impressionnée, l’enfant tournait et virait toujours plus rapidement, à la limite de l’équilibre. Dans son élan, elle vint heurter une femme, immobile au bout du quai depuis fort longtemps. Au milieu du tableau mouvant de l’assistance, je ne lui avais prêté d’abord aucune attention. Elle semblait s’être fondue dans ce paysage de fond de gare, à la limite de la jetée de béton. Derrière elle, il n’y avait plus que les voies étincelantes dans le soleil de fin de journée, des stries métalliques qui semblaient filer vers le cirque de collines blanches cernant la ville.
L’impassibilité de cette femme avait éveillé ma curiosité. Elle aurait dû se pencher vers l’enfant en pleurs après sa chute, ou bien manifester l’irritation d’avoir été bousculée. Mais elle était restée figée, indifférente au petit drame à ses pieds. Grande et mince, elle portait une tenue à l’élégance désuète. Sa coiffure aux cheveux argentés parfaitement mis en plis achevait de composer une allure démodée. Un détail toutefois détonnait curieusement dans cet ensemble, une touche excentrique inattendue constituée par une paire de lunettes de soleil, typique d’un modèle fameux associé aux aviateurs et aux pilotes sportifs.
Je m’étais approchée la première pour relever la petite victime en larmes. Je me confrontai alors à son visage sans regard. Dans le miroir glacé des verres foncés se reflétaient à l’infini les perspectives fuyantes des voies ferrées, ponctuées de poteaux verticaux portant les câbles électriques, un paysage fumé et barreaudé. Je n’avais pas pu lui adresser la parole.
Le temps de relever l’enfant, sa mère arrivait à notre hauteur.
Cette femme solitaire ne m’avait pas plus regardée qu’elle n’avait paru remarquer la scène dont elle était pourtant un élément déterminant.
Quelque temps plus tard, j’étais invitée à dîner chez de bons amis, en compagnie d’un autre convive, journaliste et marseillais cocardier. Cet ami d’enfance, Charles–je-sais-tout, a toujours assumé sans rougir le travers à l’origine de son surnom. Ce soir-là, la conversation s’était orientée sur la visite de mon neveu éclopé et je mentionnai l’incident de la gare. Mue par l’envie d’un bon mot, je qualifiai la vieille dame immobile de « sentinelle endormie »; plaisamment, je répétai « la sentinelle du quai H », quand Charles m’interrompit bruyamment:
— Mais c’est exactement ce qu’elle est!
Son intervention ne pouvait pas me surprendre. Par pur réflexe, je répliquai vertement:
— Comment peux-tu le savoir? Dans une ville comme la nôtre, les personnes âgées et élégantes ne manquent pas…
— Oui, mais une femme au style vintage années 60 et portant des Ray ban datant de 1937, figure-toi que sur ton quai de gare, ce ne peut être que Jeanne Flammerge!
Charles triomphait. Notre curiosité était assez éveillée, rien ne pouvait plus brider le plaisir de notre conteur :
— C’est une figure bien connue ici, tu sais! Maintenant, elle doit être septuagénaire, au moins. De toute sa vie, elle n’a jamais quitté Marseille, ni même sa maison natale. Personne n’est lié à la ville mieux qu’elle …
Satisfait de son effet, Charles savourait son café à petites gorgées. Malgré moi, j’étais prête à le supplier de continuer, mais le bavard n’avait nul besoin de stimulation.
— Pour mieux vous faire comprendre qui est Jeanne, il faut remonter à loin, bien loin. En fait, aux premiers mois de l’année 1944, la zone libre n’existait plus depuis Novembre 42, les conditions de vie étaient devenues nettement plus difficiles! Je tiens l’histoire de mon grand-père, un ami de la famille du docteur Flammerge, alors les détails… Début Avril 44 donc, le docteur et son épouse ont été arrêtés, le même jour mais pas ensemble : des histoires de soins aux résistants et de cachette pour les transfuges, que sais-je! Jeanne n’était encore qu’un bébé, je dirais dans les deux ou trois ans. La famille comptait aussi une aînée nettement plus âgée, Josette, qui avait alors presque seize ans. Au bout de deux mois, elle a fini par savoir que ses parents, comme d’autres prisonniers, étaient partis en convoi vers le Nord, mais les informations restaient imprécises. Je vous rappelle que ça commençait à « barder » sérieusement depuis le printemps, ici comme ailleurs. Josette s’était occupée de sa sœur comme une véritable petite maman. Mais à l’été, toujours sans nouvelles, elle s’est impatientée. Elle a confié Jeanne à leurs grands-parents.
Charles jouissait manifestement de la tension de l’auditoire. Il ménagea une courte pause avant de reprendre son récit.
— Alors notre Josette est allée à la gare, flanquée de la grand-mère paternelle et de la petite. Elles l’ont accompagnée jusqu’au seul train en partance pour Paris, où la malheureuse pensait retrouver la trace de ses parents. Pourquoi les grands-parents ne l’ont-ils pas retenue? On était en Juillet. Depuis le débarquement sur la côte Normande, les alliés bombardaient sans relâche tous les points stratégiques: les usines, les casernes, les routes. Cette nuit-là, la gare de Juvisy, en banlieue parisienne, a été soufflée, ravagée par un déluge de bombes. On n’a plus jamais eu de nouvelles de Josette. De sorte que les premiers et derniers souvenirs de famille de Jeanne se situent à Saint Charles…
Les huit convives gardèrent le silence un moment. L’histoire paraissait aussi tragique qu’absurde. Comme s’il avait deviné le cours de nos réflexions, Charles poursuivit :
— Aucun de nous n’a vécu cette période, c’est difficile à réaliser. Mais de nombreux drames identiques ont eu lieu. Les grands-parents ont élevé la gamine. Jeanne a suivi son chemin. Elle est devenue une avocate réputée. Mais elle est restée célibataire et n’a pas quitté la maison de la rue Sainte Famille. Après sa retraite, quelque chose a changé. Trop de solitude sans doute. Jeanne a commencé à fréquenter la gare, toujours en fin d’après-midi.
— Admettons, mais pourquoi s’affuble-t-elle de telles lunettes? Pourquoi cet accessoire particulier? Son regard inaccessible, c’est… Comme un miroir sans tain qui l’empêche de voir le monde réel.
— Sans doute. Ces lunettes appartenaient aux pilotes anglais que les Flammerge ont dû héberger rue Sainte Famille. Elles seraient devenues une sorte de talisman qui permet à Jeanne de voir au-delà du bout des rails. C’est ainsi qu’elle guette le retour de sa famille. Elle est la sentinelle du passé et tant qu’elle attendra, elle protégera les victimes de l’oubli.
Je suis revenue quelquefois attendre des proches au train de 18 heures 34.
Au bout du quai H, la longue silhouette immobile guettait inlassablement le retour improbable de ses voyageurs. Tournant le dos à la foule, insensible au joyeux brouhaha, la sentinelle du quai H assurait fidèlement sa faction.
Jusqu’à ce jour où, jetant mon coup d’œil coutumier vers le fond de la gare, l’agitation inhabituelle et les uniformes du SAMU m’ont alertée d’une appréhension inquiétante. Mêlée aux curieux, j’ai attendu le passage des secouristes. Sur la civière guidée par une équipe d’urgentistes, ma sentinelle gisait, inerte. Elle avait perdu ses lunettes, et je découvrais enfin ses traits à nu, les paupières closes sur un visage couleur de cendres. Un rideau de plomb tiré sur la veille de la sentinelle.
Sa quête était interrompue, pour combien de temps ?
Instantanément, j’ai compris l’ampleur du désastre.
Ce n’est pas seulement le départ de Jeanne qu’il nous faut redouter.
Qui, dorénavant, viendra accueillir les fantômes de l’Histoire?
© cette nouvelle, présentée au concours d'Orgon, n'est pas libre de droit.
Merci de me contacter avant toute copie, même partielle.
10:31 Publié dans Blog, Conte-gouttes | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : écriture, nouvelle, concours orgon | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
18/06/2012
Sérénade pour Papi
Toi plus moi
Plus ceux qui le veulent
Plus lui plus elle
Et tous ceux qui sont seuls
Allez venez et entrez dans la danse
Allez venez, laissez faire l’insouciance
( Axel pour son Papi le 14/06/2012)
Quel accueil chaleureux à Conches !
Du comité de bienvenue à la décoration personnalisée des sous- verres, avec nos prénoms encadrés par de charmants dessins, nous sommes restés sous le charme de cette soirée. N’en déplaise aux mauvaises langues, nous avons même pris l’apéritif dans le jardin, ce qui prouve que s’il pleut tous les jours dans cette partie de la Douce France, il ne pleut pas tout le temps, nuance !
À tout le moins, il y avait du soleil dans les cœurs, et des trésors gustatifs dans nos assiettes ! De quoi oublier les fatigues du voyage et les couinements de mes vertèbres…
Malicieux et heureux!!!
Bastien, désormais gourmet
Début de soirée estival en Seine et Marne, qui l'eut cru?
Mona et Philippe ont orchestré la soirée avec maestria, tandis que Bastien et Axel ont joué leur partition avec brio, nous conviant un instant dans leur intimité. Ces échanges spontanés sont d’autant plus réjouissants que la distance géographique les rendent rares.
Nous quittons nos Seine-et-Marnais sur des projets de vacances qui ne sauraient tarder à prendre forme.
La compagnie de ce guerrier de papier, largement armé pour lutter contre "le temps qui nous languit", saura préserver notre patience.
17:18 Publié dans Blog, goutte à goutte, O de joie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : famille, philippe, bastien, axel, soirées de seine et marne | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer