Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

26/01/2013

Zen attitude

 

orchidées, beauté, méditation, yoga

Pour la densité du blanc immaculé

Pour l'élaboration si parfaite des corolles

Pour le plaisir du partage

Et puis comme ça, pour rien,

Pour les deux heures de yoga

 que Jean nous a offertes 

avec sa  générosité désintéressée

et pour l'anniversaire d'Evelyne 

qui m'a adressé un si gentil message

je vous offre les demoiselles

qui éclairent ma demeure.

Bon week-end

orchidées, méditation, beauté, yoga, photos

orchidées, beauté, méditation, photo

 

20/01/2013

Alouette, gentille Alouette

Fuyons le ciel bas et lourd qui plombe nos week-ends…

En ce  dimanche d’humeur grise, je me suis  essayé à un  petit clin d’œil louchant vers la comédie conjugale ordinaire, histoire de chasser quelques scories atmosphériques. J’espère  que cette innocente saynète, taquinerie anodine, fera naître quelques sourires.

 

Alouette, gentille alouette,

Alouette, je te plumerais

  

Elle :  Bonsoir mon chéri ! Tu rentres bien tard,   heureusement que je n’ai rien mis à cuire. C’était encore très embouteillé ?

Lui :  Oh comme d’habitude, les travaux, la pluie, trop de voitures… Et puis, je suis parti tard, Mercier nous a appelé d’Australie, juste quand j’allais partir,   il a  encore failli oublier le décalage horaire, quel étourdi celui-là !

Elle : Je vois. Bon oublie le boulot maintenant. Tu n’aurais pas envie qu’on s’offre une petite sortie, nous deux ? Comme ça en amoureux ?

Lui : Ce soir ? C’est un peu tard …

Elle : Non, pas ce soir, tu arrives à peine. En fait, je pensais plutôt à une sortie programmée, un événement qui sortirait de l’ordinaire…

Lui : Ben tu sais, le soir, moi, ce qui me fait plaisir, c’est de me délasser, lâcher un peu prise, comme on dit… Ce qui serait chouette, tu vois, c’est que tu m’attendes avec un bon petit verre, qu’on discute un peu tous les deux, qu’on prenne le temps de souffler au lieu de passer à table immédiatement quand j’arrive.

Elle : Mmouiii, tu as raison, on faisait toujours ça, avant… Bon si tu veux, assieds-toi, que veux-tu que je te serve ? Whisky, bière, cocktail ?

Lui : Cocktail ? Pourquoi pas ? C’est drôle que tu proposes un cocktail… Tu as encore le shaker sous la main ? J’ai l’impression qu’on ne s’en est pas servi depuis …Ouh, des années

Elle : Des années en effet…

Lui : Ah !  Ça me fait plaisir que tu aies cette idée, j’apprécie, je t’assure, vraiment…

 

Elle : Vraiment ? Tant mieux…

            Tu sais en fait, je voulais te dire, hem… Oui, tiens, reprenons mon idée de sortie…

Lui : Hein, quelle sortie ?

Elle : Je te disais tout à l’heure que j’aimerais bien que nous allions un peu au théâtre…

Lui : Tu as dit ça ? Au théâtre, quelle drôle d’idée ? Il faut ressortir, s’habiller, reprendre la voiture… Trouver une place, oh la galère !

Elle : Mais non, il suffit de programmer à l’avance,   tu n’es pas obligé de revenir me chercher, on se donne rendez-vous sur place, ce serait marrant, non,

Lui

Elle : En tout cas, ça changerait un peu, tu disais toi-même tout à l’heure qu’on ne se parlait plus comme avant…

Lui : Justement, si on s’enferme dans une salle de cinéma ou de théâtre, on ne va pas se parler…

Elle :  Évidemment, on ne parle pas pendant le spectacle! Mais au moins, avant et après, on a un nouveau sujet de conversation … Écoute, j’ai trouvé un site où on peut acheter des places pas chères du tout… Et  tu sais finalement, on y a l’embarras du choix, des dates, des comédiens… Tiens regarde, j’ai mis le site en favori sur la tablette…Tu vois, là, sur la page d’accueil, Fabrice Luchini au théâtre Antoine …

Lui : Ouh à te voir excitée comme ça, toi, tu as une idée derrière la tête…  Je vais encore me faire avoir, moi… Bon, écoute,   je ne te dis pas non, mais là ce soir, je suis crevé, je n’ai pas envie de me fatiguer les yeux sur des écrans, j’ai eu ma part aujourd’hui. On en reparlera demain.

 

Elle : Demain, encore demain… Mais ce sera la même chose, demain ! tu seras encore fatigué, énervé, en retard, ou préoccupé, que sais-je ? Et moi, je passerai une soirée de plus à   t’écouter te plaindre, à  te servir à table sans que tu t’inquiètes de ce qu’a été la mienne de journée…

Lui : Oh non, ne commence pas avec ça ce soir, s’il te plaît !  On en a parlé des centaines de fois, ce n’est quand même pas ma faute si ton job ne te passionne pas ! Parce qu’au fond, tu veux que je te dise, tu m’en veux de m’investir et de tout faire pour réussir dans la boîte. J’en ai assez d’entendre tes reproches, alors que tu pourrais profiter du confort de notre situation !

Elle : Mais justement, qu’est-ce que tu appelles profiter ? Rentrer du boulot des heures avant toi, faire les courses, préparer le dîner, ranger, m’occuper des problèmes d’entretien et des factures, parce que tu n’as plus de temps pour nous, la maison et nos amis ? Mais j’ai envie de vivre comme tout le monde, moi, de me changer les idées, de profiter des spectacles qui existent, de me cultiver autrement qu’en lisant les critiques de Télérama ! Je veux être dedans,  dans la vraie vie, j’en ai marre de camper à la marge depuis mon salon et ma télé…

Lui : Tiens, à propos de télé, t’as regardé les infos ? Ils en sont où de la prise d’otages ?

Elle : L’otage ici, c’est moi ! Tiens, regarde-là ta fichue télé, je vais mettre le rôti au four, puisque tu as encore réussi à cramer la soirée…

 

Alouette, gentille Alouette,

 Qui sera qui plumé ce soir ?

 

 

 

19/01/2013

Kaléidoscope

Que vous dire, à vous, frères et sœurs

De l’ordre des Écrits ?

Avec des mots assis sur l’écho de nos enfances

Des phrases arrimées aux balises de nos vies

Chaque fragment de nos jours, 

Ceux garnis de pain blanc

Et ceux enfouis sous les cendres amères

Frappent également à la vitre des surprises bénies.

Ils s’accrochent à la mousse des nuages,

Sous le souffle du vent,

A travers l’amplitude des nuits

Dans la percée douloureuse du brouillard maladif

Comme une clameur, ils portent

Le nom de nos compagnons

Ils charrient le flot de nos orages.

 

 

Si ces mots jetés à la volée

Parviennent à briser 

Les murs  gris de l’ennui 

S’ils peuvent abreuver les bouches

Tordues sous le silence des bourreaux

Si chaque poème composé

De pierres, de sang et d’ombres glacées 

Réveille des bouffées d’Azur 

Allume des flambeaux d’étoiles

Alors, chaque main qui se tend 

Vers les prisons mutiques 

Chaque corps abandonné 

A sa solitude nue

Saura reconnaître sous la douceur d’une paume

La présence attentive de l’Autre

Il se relèvera maillon indéfectible

D’une humanité jamais rompue.

 

À quoi sert de LIRE ? 

À qui sert d’ÉCRIRE ? 

À ceux qui s'étonneront de retrouver des images piochéesaux creusets des poètes, en l'occurence Liberté de Paul Éluard, je ne me défendrai pas de plagiat, tant  je suis reconnaissante à mes sources. 

 

 

05/01/2013

2013, à vos souhaits!


                       
D’abord, toutes mes excuses à vous, fidèles souris- lectrices (et lecteurs, pour ceux qui m’en font la grâce).  Il est coutume de ne pas franchir le passage  subtil du  millésime sans  présenter vite et bien ses vœux.  Permettez-moi de rattraper mon retard, histoire de rester dans des délais décents. Toute rituelle qu’elle paraisse, cette activité n’en est pas moins lucide et sincère.

               

2013,voeux,souhaits,bien-être,transcendance,alexandre jollien,religions

   Qu'elle  vous soit une année aérienne, que vos  soucis s’y pointent à pas menus, que vos corps et vos âmes s’ébattent en harmonie, que vos proches s’épanouissent à loisirs, que vos bulles affectives soient rayonnantes et pétillantes…

Pour le reste, l’environnement, les contingences économiques, politiques, sociétales, nous  ferons forcément comme avant: le changement de date n’affectera pas nos réflexes d’adaptation, nous nous accommoderons des contraintes en maugréant, nous contournerons nos difficultés avec courage et discernement, n’est-il pas ?


Mais s’il est un souhait primordial que je brûle de vous adresser, c’est surtout celui que chacun connaisse la Joie de vivre, l’Enthousiasme des rencontres stimulantes, l’Émulation des partages complices, l’Émotion des créations artistiques, quelles qu’elles soient… Que 2013  flamboie d’étincelles vivaces et magiques, où se consument allègrement la morosité, les replis identitaires, les peurs du lendemain et les vertiges réactionnaires !

 

Voilà,  en l’état, les vœux pour lesquels il m’a fallu une semaine de réflexion !

 

2013, voeux, bonheur, bien-être, souhaits, Alexandre Jollien, transcendance

 

Et  qu’à l’image de mon ciel provençal, notre avenir s’immerge dans cet azur profond, que nos pensées nous y portent sans effort ni artifice, comme une respiration  à l’amplitude naturelle, poussée de croissance mentale, once de spiritualité qui ouvrent nos yeux vers le bien-être, que dis-je le BIEN ÊTRE. Être juste bien, là où on est, au moment où on arrive.

Ça paraît simple à écrire,   au déboulé d’une lettre amicale, mais c’est un art difficile après lequel nous courons  tous et toutes dès la sortie de l’enfance. Il faut atteindre une sacrée maturité pour parvenir à poser nos encombrants bagages éducatifs, normatifs, cognitifs… D’abord, il faut prendre conscience du piège, la volonté de bien faire, qui s’impose très vite comme nécessaire. Il faut l’événement déclencheur, accident de vie qui remet tout en cause, ou rencontre opportune par un cheminement hasardeux.  Parmi ces circonstances fortuites, je me suis arrêtée sur une  chronique d’Alexandre Jollien qui explique limpidement ce qu’il appelle notre goût de la transcendance :

« À quoi bon les religions, si elles ne nous élèvent pas !

(…)

Au lieu de prophétiser sur une religion idéale, je dois me souvenir que, si déjà les adeptes des différentes traditions réalisaient à fond un dixième des trésors que leur spiritualité recèle, le monde serait véritablement transfiguré. La religion rêvée, pour moi, c’est avant tout celle qui se pratique, ici et maintenant. Certes, l’être humain reste ce qu’il est, rarement il se transcende tout à fait.  Cependant, suivre  le Bouddha, imiter le Christ, écouter l’appel de Mahomet, pour ne parler que de ces trois guides, rendrait assurément les terriens plus libres, fraternels et joyeux.

Hâtons-nous de mettre la pratique au milieu du village. Il s’agit aussi à mes yeux (…) de réhabiliter le goût de la transcendance et du respect de ce qui nous dépasse. L’homme n’est pas le centre du monde malgré sa fâcheuse tendance à tout juger à l’aune de ses représentations.

Au cours de son développement, Jollien ajoute : Dieu déborde, et de loin,   nos catégories mentales. (…) Je rêve de religions qui respectent pleinement l’autre, qui éveillent aux fraternités. (…) Les religions pourraient devenir une école de vie et de solidarité. Et enseigner la valeur inconditionnelle de chaque être vivant, nous décentrer, nous déplacer de notre tendance congénitale à l’égocentrisme. La transcendance demeure un sommet inconnaissable.

En conclusion, le philosophe  nous invite à porter un regard  grand ouvert sur  nos réalités, «  à se dépasser dans la générosité, la contemplation et la vérité. Être religieux, en un sens, c’est se tenir proche du réel, renoncer à comprendre tout à fait, et s’émerveiller devant ce miracle quotidien : ouvrir chaque matin les yeux et regarder en face  et avec joie notre impuissance à résoudre le mystère. »

( Extrait d’une chronique du Monde des religions n° 55)

Sur ces mots  inspirés, je m’éclipse et retourne à mes lectures…

Bonne et heureuse  méditation à vous, merci de votre passage sur le gué de mes gouttes d’O.   

24/12/2012

Chantez hautbois, résonnez musette

 

Eh oui, dernière ligne droite…
Que ce Noël vous soit doux et agréable, profitez au mieux de ces temps de paix !
Bon réveillon et belles bulles…

joyeux noel, réveillon, famille, partage

 

 

Et quand  repu(e)s et  détendu(e)s, vous aurez rangé cotillons et santons, viendra le temps d'envisager la vérité en face!

 

joyeux Noël, famille, réveillon,

22/12/2012

La Soprano et le cinéma…

En cette période bénie où nous nous échinons à chercher comment faire plaisir à nos êtres chers, comment leur  procurer un moment de divertissement de qualité, j’ai envie de vous faire partager le clip youtube ci-dessous, qui vous donnera une bonne idée de l’enchantement que nous avons ressenti début décembre  en assistant au récital Michel Legrand Nathalie Dessay.

J’espère que ce petit aperçu saura vous convaincre.

http://www.youtube.com/watch?v=etZ7hHQPi6M

 

La cantatrice française ne cache pas le plaisir qu’elle éprouve à ouvrir  son répertoire à un genre tellement différent. Son public lyrique n’oubliera jamais la Lucia de Lamermoor qu’elle a incarnée   ni la fantaisie détonante de la fille du régiment, mais la reconversion de la Soprano vous surprendra : pas d’afféterie, pas de mélange des genres, mais un ton juste qui touche et m’a émue, notamment quand elle reprend le succès de Barbra Streisand dans Yentl. Mieux encore, elle s’affirme dans le répertoire de Nougaro avec une véhémence qui n’aurait pas déplu au Toulousain. Nathalie Dessay possède un réel charisme quant à sa présence sur scène, le duo s’amuse et charme le public, et ce soir--là, celui de Marseille n’a quitté l’Opéra qu’à regrets, après moult rappels honorés avec grâce et générosité.

05/12/2012

L'appétit de Mademoiselle Lê

Comme d’habitude, l’enfant s’est planté devant la fenêtre pour avaler le dernier gâteau de son goûter. Mademoiselle Lê ne s’en contrarie plus.  Il y a longtemps que Mademoiselle Lê ne lutte plus contre ce qu’elle ne peut changer.

Manu, son élève,   ne sera jamais musicienne. L’enseignante a honnêtement essayé d’expliquer le fait à ses parents, choisissant des mots  précautionneux pour ne pas  les peiner.   La révélation de l’inaptitude de leur fille ne les a pas froissés. Ils ont cependant insisté pour que le professeur persiste dans l’éducation à la pratique de  son Art.  Touchée par leur modestie candide, Mademoiselle Lê a accepté de poursuivre sa mission. Par reconnaissance, la fillette apporte  désormais quelques pâtisseries  provenant de  la boutique de ses parents.

Ce goûter imposé en prolongement des séances  l’a d’abord offusquée. Endurer le pilonnage des touches de son clavier par les maladresses enfantines, c’était déjà douloureux pour sa dignité d’ancienne virtuose!  Mais la colère de Mademoiselle Lê a fondu quand elle a compris le sens des remerciements parentaux. Conscients que leur voisine vit du fruit de ses études musicales, ils offrent en retour le meilleur de leurs talents : des religieuses, des Paris-brest  et des petits-fours  sortis tout chauds du fournil. 

 La bouche pleine et les mains constellées des miettes du mille-feuille qu’elle dévore avec  application, Manu ne quittent pas des yeux les mésanges charbonnières qui virevoltent inlassablement sur la terrasse près du petit refuge en bois. Les oiseaux ont déjà perçu l’imminence des premières gelées et sont revenus vers l’abri. Occasionnellement, Mademoiselle Lê s’octroie une pause pour admirer la chorégraphie harmonieuse qui régit leur conquête du territoire. Parfois, elle imagine quelques notes, joue  une suite d’arpèges illustrant leur manège. Les mésanges ont l’oreille plus musicale et attentive que  bien des humains…

— Chais pas, mais là ch’crois bien qu’elles zaiemeraient goûter aussi mon gâteau…

Et Manu pose sur la crémone ses doigts collants de crème et de sucre. Mademoiselle Lê réprime un frisson. Paradoxalement, la spontanéité maladroite de la fillette lui apparaît comme une revanche sur son propre parcours. Ses nuits sont encore habitées de  cauchemars remontés des limbes du passé: elle revit indéfiniment son apprentissage précoce du piano et la sévérité de l’éducation dans la Chine des années Mao, la terreur et la faim éprouvées pendant la longue période en exil pénitentiaire sous  le joug de la Révolution Culturelle. Et puis, à son arrivée en Europe, l’outrance des excès alimentaires pour effacer  les manques.  Elle a alors supporté des troubles de l’appétit déstabilisants jusqu’à l’abandon de la carrière de  soliste qui lui était promise.

Aujourd’hui, Mademoiselle Lê apprécie chaque jour de sa vie frugale.   Elle a trouvé son chemin de paix en acceptant les contradictions du monde. Sa solitude est comblée par son chat et les merveilles dont son minuscule jardin  lui offre la jouissance: les fleurs des plates-bandes, les jeux d’ombres et de lumière sous le tilleul, et les trilles des rossignols qui  font vibrer la chaleur des nuits d’été. Alors, les rêves oppressants se diluent parce que le chant de l’oiseau amoureux célèbre sa plus grande victoire sur les bourreaux d’hier. Privée  de nourriture mais aussi de partition et d’instrument, elle a  maintes fois vaincu la famine rendue plus pénible par l’inactivité nocturne : durant ses années d’interdits, elle s’endormait en jouant mentalement,  immobile sur sa paillasse, les morceaux difficiles que sa mémoire restituait fidèlement. Cette  musique  clandestine la nourrissait alors,   lui permettait d’oublier sa souffrance,   de surmonter ses manques. Elle avait cessé de dépérir comme ses compagnes.

Aujourd’hui, Il n’y a plus de Gardes Rouges pour l’empêcher de goûter à satiété Schumann et Brahms. Elle puise dans l’écoute et le travail de ces musiciens plus de vitalité que ne lui en procurent les repas ascétiques que seuls son estomac supporte.

Alors, Mademoiselle Lê regarde Manu éparpiller les miettes grasses du gâteau sur la terrasse. Elle lui tend la boîte de carton souillée de résidus chocolatés.

— Ne t’inquiète pas Manu, lui sourit-elle, ici chacun peut manger à sa faim…

 

 

 

 

27/11/2012

J'enrage de son absence

La semaine dernière, Catherine et moi nous sommes offert une petite escapade entre « filles »… Une petite journée à Aix, histoire de  cumuler les petits plaisirs typiquement féminins auxquels nos hommes ne cèdent qu’en contrepartie de soupirs à fendre l’âme.

La journée était ensoleillée, l’air très doux sur le Cours Mirabeau, on a commencé par le shopping. Ah, prendre le temps d’un essayage, pour voir, sans se dire qu’il faut faire vite parce que Monsieur attend devant les caisses! Bien entendu, le fait d’être décontracté  a suffit pour  que je craque sur une petite jupe que je n’aurais pas imaginer chercher…

Le second argument qui avait présidé à ce besoin d’entre nous  , c’était l’envie de voir un film qui parle à nos cœurs. Les maris, du moins les nôtres,  ont tendance à l’évitement dès que l’affiche annonce « sentiments ».  De plus, pour mon amie, voir un film français en Français était une vraie gâterie supplémentaire. Donc, entre Amours de Haneke et le dernier film de Sandrine Bonnaire, nous avons tranché.

 

À la séance de quatorze heures, nous étions peu nombreuses dans la salle, et justement, nous n’étions qu’entre femmes. C’est dire que ma théorie du sentiment repoussoir du public masculin n’est pas  si farfelue. Et pourtant ! Sandrine Bonnaire  aborde le thème du deuil sous de multiples aspects, elle sait confier à la caméra un regard intime sur les réactions individuelles. Tout le monde admet que le deuil le plus difficile à affronter est la mort d’un enfant, surtout s’il s’agit d’un petit enfant. Pourtant, elle prend le parti de nous montrer une mère ( excellente Alexandra Lamy dans un rôle à la hauteur de son talent) qui a su rebondir, refaire sa vie de couple et de mère.  Mais Jacques, lui, s’est perdu dans les brumes de son deuil. On comprend assez rapidement qu’il porte en plus la culpabilité de l’accident  fatal. Voilà un second aspect du deuil. La fuite au loin n’a évidemment pas comblé ce double deuil, et la mort de son père ramène Jacques en France. Il revient à William Hurt de porter la détresse de ce père que la perte du sien replonge dans la vivacité de son chagrin. Ce qui est bien vu, c’est qu’un  second deuil devient  le déclencheur qui ranime la détresse que l’on a fuie. La caméra dès lors ne quitte pratiquement pas le visage de l’acteur. Le spectateur suit le poids de cette infinie tristesse  qui travaille ce solitaire, de la maison paternelle qu’il faut vider, symbole de la perte par excellence, à la nostalgie qui le pousse à pister son ex-épouse. Sandrine Bonnaire  s’attache à montrer comment cet homme dénudé de ses amours va glisser lentement vers une addiction terrible en substituant  à l’image du petit garçon perdu un lien avec le nouvel enfant de son ex-femme. Cet  attachement devient d’autant plus fort qu’il est construit sur le secret. Cet enfouissement intérieur est révélé par la cave où Jacques s’enferme. Il devient ainsi un clandestin de la vie, et nous frémissons du risque où il entraîne le petit Paul, bientôt écartelé entre ses parents et ce personnage fantomatique qu’il entreprend de protéger…

Je ne vous en dirais pas davantage, de crainte de déflorer un film qui mérite vraiment de trouver son public.  Ne serait-ce que pour la performance de William Hurt, terriblement poignant, quand bien même  son personnage suscite une réaction de réprobation. Ce film fourmille de thèmes à débattre sur les différentes façons de surmonter nos manques et nos épreuves et montre  une fois de plus les multiples talents de Sandrine Bonnaire.  

 

 cinéma,j'enrage de son absence, Sandrine Bonnaire, William Hurt, le deuil