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21/05/2013

Rien ne se perd…

 Si mes gouttes d'o se font rares, rien à voir avec la météo.

Mes neurones n'ont pas atteint la vacance absolue engendrant le graphisme linéaire d'encéphalogramme atone, mais l'enchaînement des émotions de ces derniers jours a asséché mon inspiration.

Aujourd'hui, les choses rentrent dans l'ordre: GéO retrouve progressivement sa vitalité, nous respirons, bientôt cette mésaventure médicale ne sera plus qu'un mauvais souvenir. Ce sont nos larrons à 4 pattes qui seront ravis quand ils auront à nouveau la permission de sauter sur les genoux du maître!

Celui-ci ne s'est d'ailleurs pas vraiment inquiété, dès lors  qu'il a eu la preuve que ses toutous étaient bien nourris.

En témoignent les vidéos, Mathis s'entraîne déjà à l'accomplissement des rites…

 



25/02/2013

Félicité canine

Il en est deux qui apprécient les péripéties du week-end.

Si les maîtres observent un frileux repli au coin du feu, les enfants de la maisonnée n'ont pas boudé leur plaisir.

Prestement, j'ai lâché mon balai pour saisir au vol ces instantanés, que je vous livre dans leur intégrité. Attention certaines images pourraient heurter la sensibilité des spectateurs, les responsables de la plate-forme Hautetfort tiennent à préciser qu'aucun des acteurs n'a été blessé, pas même dans son amour-propre.

 

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Observation du terrain de jeux

 

 

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Pas de pitié, la bataille est rude!

 

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Match nul semble-t-il…

 

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Tout est dit…

11/02/2012

Contre mauvaise fortune

Puisque la  fée Neigeuse m'a privée hier de la distribution des Prix au Moulin des Contes, je ferai bon coeur  contre ce  sort mauvais .

 

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Pendant que nous regardions le ciel se déverser en pointillés floconneux, j'ai essayé de capter les efforts des mésanges SDF venues se réconforter à notre soupe populaire:

 

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Les clichés ne sont pas bons, mais c'est vraiment difficile de saisir l'instant sans bouger.

Il en est deux qui  ne nous prêtent aucune attention, tant ils s'égaient dans la poudreuse: Copain et Guss s'amusent comme des fous… Bataille de boules de neige avec le maître

 

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05/11/2011

Déluge et petit peuple…

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C'est vrai qu'ici c'est le déluge…

Depuis dix ans que je suis installée sur ce bout de colline, je n'avais jamais affronté une telle douche céleste…

Bourrasques et trombes d'eau depuis trois jours pleins, les chemins n'y résistent pas, les vignes de la plaine sont ennoyées, la piscine déborde régulièrement, …et nous affrontons vaille que vaille les mille et une malices du vilain  lutin de la maison : plomberie défaillante, velux fuyant, séjour ruisselant…Et chauffage lymphatique jusqu'à l'éclipse. Cette semaine restera marquée par les pannes en chaîne… À tel point que GéO ne s'énerve même plus…

 

Il en est deux toutefois qui  apprécient la situation… 

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18/05/2011

Pas si facile…

Pas si facile, la piscine…

Il y a des familles où la pratique du sport va de soi…
Chez nous, le rapport à l’eau est primordial.
La réouverture de la piscine comble d’aise notre Copain. Mes souris-fidèles auront  sans doute  souvenance de son plaisir manifesté dès le premier contact avec l’onde bleue du bassin. Privé de baignade quand la saison estivale s’évanouit, notre petit poilu-noiraud part en quête de compensation : sous les averses les plus diluviennes ou glacées,   rien ne peut empêcher Copain de  patauger avec délectation,   de se crotter le poil à loisirs,  de s’enterrer des pattes aux oreilles dans la gadoue. Ce chien de race indéterminée bénéficie d’une nature amphibie qui atteste qu’il n’est pas né pour le désert.
À la longue, j’ai observé la rapidité du séchage de son pelage, pourtant fourni et long … Malgré les sauts qu’il affectionne et la durée des baignades, l’eau ne pénètre jamais l’épaisseur de la toison. Comme les canards, dont il est peut-être parent malgré les apparences, Copain ne mouille que la superficie de sa fourrure.

À l’inverse, Guss le chien roux porte une robe rase. « Tant mieux, ai-je pensé mesquinement,  moins de poils à balayer … » Depuis son arrivée en décembre dernier, Guss a beaucoup grandi, il dépasse Copain depuis lurette, et son bon appétit aidant, le voilà membre de la confrérie des plus de 30 kilos . C’est dire que ses câlins impétueux s’avèrent parfois encombrants. D’autant qu’il habite mal  les volumes de son corps, ses gestes restent d’une maladresse que le Maître juge touchante malgré les ravages … sur les pantalons blancs des visiteurs.  Mais si Copain est à l’aise avec l’eau, qu’elle stagne au sol ou tombe du ciel, Guss réinvestit  précautionneusement l’abri de la maison à la moindre goutte. En de nombreux points, nous constatons des ressemblances comportementales avec Zuko, qu’il n’a pourtant pas connu.  Nous attendions donc avec une  certaine impatience les réactions de notre second pensionnaire quand viendrait la saison des jeux d’eau.

***



Ce sont nos voisins qui vont apprécier l’été et les séances de piscine à l’heure canine…
 Ainsi quand je m’offre une petite séance longueurs, Copain s’installe habituellement sur la marche moyenne, le corps immergé en grande partie, il se rafraîchit tranquillement en attendant que la maîtresse achève ses aller et retour. Certes, il apprécie moins la trempette statique et préfère les séances « va-chercher-le-joujou », mais son bon fond le rend patient aux caprices des humains.

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 Guss s’avère d’une nature moins confiante. GéO le pense inquiet pour moi. Du moins le maître  a tiré cette conclusion  en observant l’acharnement  que manifeste notre nouveau compagnon  à suivre mes parcours  depuis la margelle du bassin. Ce sont ses commentaires qui, à la longue, risquent de devenir gênant pour la sérénité de nos relations avec le voisinage. Maintenant qu’il a atteint une taille respectable, sa voix a acquis une puissance grave qui déborde des frontières de notre jardin.  Que faire ? Mes invectives "tais-toi, moins fort, doucement" proférées dans l'effort  demeurent sans effet, on s’en doute.


Alors GéO est passé en phase professeur.
Professeur de plaisir natatoire… Géo aime bien.
Chaque été, un petit-fils, un petit- neveu,   une amie aquaphobe,  un chien de passage deviennent l’espace d’une visite les élèves appliqués profitant des leçons d’un mentor avisé. Cet été, ce sera trop tôt pour Mathis, j’ai déjà posé les limites à l’exercice.  Mais Guss est à point pour devenir le premier bénéficiaire  de la saison.


Ce n’est pas si facile…
Guss avance une patte…et la retire. Malgré les 28° affichés, il semble penser «  c’est trop froid… »
GéO appelle patiemment, il montre le joujou, il tapote la surface de l’eau avec l’objet de toutes les convoitises canines… Rien n’y fait.
GéO lance le joujou… Que Copain va chercher sans hésitations et ramène triomphalement au maître, sous le nez du Guss fort dépité. Car Guss est un dominant, et sur la bonne vieille terre ferme, Copain ne fait plus le poids depuis des mois. Mais quand le terrain de jeu devient mou, fuyant, et frais comme la surface de la piscine, les rôles s’inversent.

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Reste à Guss la surveillance acharnée racontée plus haut : suivre les évolutions du nageur avec force commentaires acrimonieux… Dont nos voisins profiteront sans vergogne !
L’été 2011 s’annonce jappant Waf Waf !!

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Tout de même,   à force, ce qui devait arriver s’est produit : le faux-pas …Et notre lascar s’est retrouvé au milieu de  la bassine…Enfin, de la piscine. De toute urgence, il a fallu l’aider à se sortir de là, car le but de la manœuvre, c’est bien sûr de lui apprendre l’usage des trois marches.
 

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Vient heureusement l’heure de la réconciliation…

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08/05/2011

Aux beaux jours qui se profilent…

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Vous en rêvez ?
Nous l’avons fait pour vous !!!
Aujourd’hui 8 Mai, nous fêtons la victoire en piscinant… N’est-ce pas aussi chantant, aussi dansant, aussi claironnant  que les défilés de nos édiles et des fanfares municipales ?
N’allez pas croire que je dis ça pour me vanter …

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Quitte à refroidir votre franche admiration à l’égard de mon héroïsme, il me faut reconnaître que la patience est une vertu payante. Aujourd’hui, l’eau atteint 25°4 à l’heure de l’apéro.  En toute franchise,   nos vacanciers d’Avril ont été nettement plus bravaches. Outre Alexandre et Caroline que vous avez admirés dans leurs performances, Antoine et Arthur se sont carrément baignés sous les averses diluviennes de la  dernière semaine d’Avril. Heureusement que Copain les a accompagnés pour leur tenir  bien chaud sous la douche céleste ! J’espère que le ciel vendômois ne les a pas retrouvés enrhumés et dispensés de rentrée scolaire…

D’une allusion à l’autre, je ne saurai manquer de rassurer les admirateurs de notre Petit Peuple…
Après les frasques de Dé-strouk-tor en son temps, Copain a trouvé son maître ! Même si, devenu fataliste  GéO s’emporte  nettement moins, du coup le voisinage nous félicite régulièrement d’avoir déniché un chiot plus calme que ne l’était son prédécesseur… Que nenni !

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Ce serait mentir de laisser une telle réputation auréoler le pelage chatoyant de Guss.
Il nous arrive souvent de regretter un nom de baptême gentiment clownesque… En l’occurrence  GULLDOZER paraît mieux approprié.

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Et si d’aventure au détour d’une allée, ils vous paraissent si sages, ce n’est que l’illusion d’une pause: ces deux-là savent le poids des mimiques, le choc des photos… Ni vu ni connu je t’embrouille d’une bonne léchouille, je me fais pardonner… Si bien que le Maître oublie l’objet de sa vindicte…

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Quelle vie de chien


Dernière nouvelle du printemps provençal…Les chênes ont profité des orages pour nous offrir ces grappes de fleurs du plus bel effet…photographique. Gare au pollen jaune qui va  incessamment se propager au moindre souffle, envahir nos bronches  et  brûler nos yeux, se déposer en abondance sur les meubles de jardin, les voitures, la bâche de la piscine…
Que la Nature est belle, chantait le poète…

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12/11/2008

Champignons…

L’automne ici s’installe posément, il s’octroie des étapes, dresse son décor à touches furtives. Les jaunes timides des plants de vignes ont achevé de virer au roux alors même que les ceps se dénudaient. Le mûrier platane sur la pelouse pleure encore son feuillage, à larmes comptées, sans ardeur. Les brouillards matinaux ne sont porteurs d’aucune gelée, et si GéO a rentré nos monstrueuses plantes d’intérieur avant son départ pour la Seine et Marne, aucune urgence ne gâte la floraison du Datura au bout de la piscine. Mais sous un bouquet de chêne vert, j’ai trouvé hier un bolet tout rond, chamois au pied veiné et ventru, qui me faisait de l’œil. Du coup, nous sommes partis en chasse dans la colline.

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Mais il est difficile de partir en promenade sans nos deux pensionnaires.
Nous voici donc sortis du sentier pour visiter un peu le maquis qui s’étend derrière les maisons, sans pousser notre exploration trop loin car les chasseurs locaux observent une curieuse coutume : ils font entendre leurs armes dans le couvert le matin de très bonne heure, respectent la trêve de la sieste, puis ils reviennent à l’heure des vêpres, quand les enfants quittent l’école et que le jour commence à décliner. Il y a là une logique qui m’échappe, mais le fait est récurrent et nous surveillons nos chiens du coin de l’œil tout en fouillant du regard, entre les pieds des cistes, le sol tapissé de feuilles mortes et de bouquets de thym.

Alors que quelques spécimens de bolets ballottent déjà dans mon pochon, nous sommes avertis d’une rencontre imminente par le tintinnabulement de clochettes qui semble monter vers nous. Copain et Zuco tournent autour des maîtres depuis le début de la balade, plus préoccupés de nous garder groupés et de humer profondément les touffes de plantes sauvages qui leur racontent sans aucun doute bien des nouvelles du maquis. Le temps de réaliser que les grelots appartiennent sans doute à d’autres chiens baladeurs, voilà deux superbes lévriers afghans qui franchissent le sommet du sentier et descendent élégamment dans notre direction. Immédiatement, nous poussons chacun notre cri de ralliement :
- Zuco, aux pieds! crie GéO
- Copain ici ! crie ma voix…
Que croyez- vous qu’il arrive alors?
Zuco, docile, entreprend tout de suite un demi-tour sur sa trajectoire… Et Copain, victime brutale d’un accès de surdité, se laisse emporter par sa curiosité, apparemment bien indifférent à mon autorité naturelle. Le sifflement impératif du maître ne produit pas davantage d’effet sur son désir de sociabilité…
- Allons saluer ces nouveaux amis, se dit-il, peu soucieux de répondre à nos appels.
Dans l’autre camp, les réflexions ont certainement la même nature, car les deux échalas aux pelisses immaculées exécutent un démarrage immédiat parfaitement synchronisé. Copain est impressionné, il infléchit instantanément sa course et prend momentanément la tête du train, objectif FUIR. En un éclair, les trois canidés ont disparu de notre champ de vision, nous laissant pantois devant le maître joggeur un peu lent pour ses chiens turbos.

Le joggeur s’excuse, il n’imaginait pas…Nos appels restent vains évidemment, il faut donc suivre le convoi, malgré notre retard avéré. GéO reste en arrière-garde, accompagné du fidèle Zuco … Toujours armée de mon pochon à champignons, j’embraie sur les traces du coureur de maquis et nous remontons le sentier en suivant la direction approximative du premier convoi. Le Joggeur se montre plus véloce, il accélère et me laisse rapidement en arrière. Au débouché de la fourche, il m’attend toutefois pour me signifier qu’il a entrevu une ombre noire sur le chemin de gauche et qu’il pense que c’est mon ratier. Ses champions ont poursuivi vers la plaine qui rejoint le versant de Seillon, droit devant. Ouf, Copain le malin a réussi sa diversion et bifurquant vers les maisons et le parcours habituel qu’il connaît bien.
D’ailleurs, je remonte cette allée depuis quelques secondes à peine quand j’entrevois au loin la petite boule noire qui galope ventre à terre dans ma direction… Il a eu si peur qu’il me saute dans les bras, et passe le reste de la promenade à sauter sur mon ventre, implorant du regard la protection de l’embrassade maternelle. Je ne sais qui a eu le plus peur de nous deux, mais je crois bien que notre Copain a reçu hier une petite vaccination anti-fuite…

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19/11/2007

En marge

Nos quatre hommes sont restés seuls autour de la table et leur conversation a perdu son éclat, elle s’étire comme la dernière miette de ce repas dominical.
Leurs femmes ont déjà emporté les assiettes à la cuisine, par la porte parviennent les bruits de vaisselle, d’eau coulant à gros jet, de rires et d’apostrophes joyeuses… Les verres sont restés sur la table, et la bouteille s’incline pour l'ultime tournée vers leurs bords tendus… Ah, que les hommes repus aiment ce moment de flottement d’après festin… Une nonchalance satisfaite les gagne, légère ivresse née autant du copieux repas que de la satisfaction du repos hebdomadaire mérité. Dans cette ambiance détendue, chacun d’eux s’installe à sa façon dans son contentement.
Le plus âgé, Pierre, jeune chef d’entreprise trentenaire, aussi vif que mince, impatient et un brin autoritaire d’ordinaire, se laisse aller contre le haut dossier de sa chaise, et croise les bras sur sa poitrine, maîtrisant encore la conversation de ses plaisanteries caustiques. Il ne lâchera pas cet art obstiné de la taquinerie qui établit sa prédominance sur la tribu rassemblée.
Luc, son cousin, s’installe en maître de maison. Il s’est spontanément assis en bout de table, à la place qu’occupait son père jusqu’à son décès. La maison n’abrite plus d’Anciens, mais la génération montante s’applique à préserver les rites. Cette propriété de famille est appelée à devenir sienne très bientôt, il y a déjà installé en guise de garde-robe ses outils de bricolage bidouillés ou achetés à grands efforts budgétaires. Il sert le vin sérieusement, pourvoit au ravitaillement de la cave, mais derrière la barre impérieuse de ses sourcils, qu’on ne s’y trompe pas, il tient ses stocks. Pensez, le Morgon coule à flot en ces jours de festivités hivernales. Luc se sait investi d’une obligation morale à être l’Héritier, le fils de…, même si le rôle est déjà très lourd à endosser. De sorte que l’apostrophe « Mais c’est complètement con… » est devenue la phrase-clef de ses prises de parole, histoire de poser son autorité de médecin récemment diplômé.
Son cadet de dix ans, Laurent, se bat pour intégrer le cénacle et se sentir adoubé. Démarche malaisée s’il en est. Ce fossé d’une décade à l’entrée en âge mûr est la pire des barricades. Dans trente ans, son aîné le courtisera, mais il l’ignore encore et pour l’heure, il déguste le vin avec application et gourmandise, parle en forçant sa voix, que Dame Nature lui a donné un peu frêle à son goût. Il aimerait donner son avis, vanter ses choix, parvient à amuser de réparties fines ses interlocuteurs, mais perçoit bien que ses efforts lui permettent juste de rester à la marge.
Le dernier de la tablée, Daniel, s’est légèrement éloigné de la table. Il a reculé sa chaise d’un pas, a croisé les jambes et arrondi son dos. Rien dans son attitude ne traduit le volontarisme des trois autres. Il a pivoté sur l’axe de sa chaise et son bras gauche repose sur le haut du dossier, tandis que la main droite porte régulièrement à sa bouche la cigarette brune qu’il savoure sans retenue. À chaque inspiration, il ferme à demi son regard de chat, inspire profondément, marque un temps d’arrêt, et relâche enfin la fumée d’un souffle long. Il a incliné la tête, comme pour mieux écouter sa petite voix intérieure, en réalité il est resté attentif aux propos de Pierre et de Luc. En réponse aux anecdotes farfelues qui émaillent la conversation, un petit rire secoue son apparente inertie, et il rejette alors la tête en arrière, déglutissant avant de souffler vers le plafond la dernière bouffée ingérée.
. Comme les femmes reviennent enfin avec le café et disposent le service devant les verres à peine vides, il s’adresse gentiment à la plus proche :
- Elles ont besoin d’un coup de main, les madames ?


L’arrivée du sombre breuvage marque la fin de l’épisode languide. La pause sacrée du déjeuner a été bien respectée, retour aux projets et aux emplois du temps obligés d’un dimanche à la campagne.
Tandis que Luc et Pierre dressent leur plan d’attaque pour rendre leur matériel de plongée plus performant l’année prochaine, arranger la vanne du compresseur ou renforcer l’axe du barbecue, Laurent se joint à l’assemblée féminine pour entretenir l’immense jardin ou défaire les lourds rideaux qu’il faudra porter chez le teinturier dans la semaine… Et ce café longtemps attendu est avalé trop fort, trop chaud, trop sucré, trop rapidement.
De café, Daniel n’en veut point, il préfèrerait un petit verre de chartreuse, puis une longue, longue sieste pour clore cette journée de repos, méditant peut-être sur la félicité du paresseux, la jouissance du Grand Nonchalant , le loisir de l’oisif.





Sylviane est retournée en cuisine, et tandis que les convives se lèvent bruyamment, elle réapparaît, s’adressant au chien de la maison, sagement allongé sur son tapis, au coin de la cheminée. Jupiter, joli braque français, n’attendait que ce signal pour manifester sa joie. Il n’est de festin humain qui ne comprenne sa part de récompense. L’os du gigot, encore bien pourvu de chair rouge et sanguinolente, brandi à bout de bras, Sylviane prétend mener l’animal jusqu’à la porte de la terrasse pour lui donner enfin son dû.
Daniel s’anime soudain à cette scène familière. Le voilà debout, il attrape lestement le manche convoité et sans plus de façons, s’accroupit à quatre pattes sur le tapis du chien. Avec force grimaces, il se cale l’os entre ses mâchoires grandes ouvertes! Le chien connaît le jeu, il est déjà en position identique, croupe en l’air et pattes avant aplaties au sol. Il jappe, deux ou trois fois en guise d’avertissement, pour bien montrer qu’il entre en scène. Toujours à terre, Daniel tourne, revient, provoque son compagnon, et notre Jupiter, les yeux complètement exorbités, saute autour de l’adversaire, le contourne à la recherche d’une bonne prise. Mais l’homme est trop vif, l’animal laisse échapper un gémissement de convoitise, puis un jappement bref, il saute enfin sur ses pattes arrière, peut-être pour intéresser les spectateurs à sa cause, car le cercle s’est resserré autour des deux joueurs. Les rires et les commentaires s’entremêlent, quelques conseils retentissent.
- Attention Daniel, ce n’est qu’un chien, ne l’excite pas trop...
Mais Daniel connaît son affaire… Tournant, virant, grognant à l’instar de Jupiter, il ne perd pas le contrôle de la situation et adopte les variantes nécessaires. Le voilà sur le dos, membres recroquevillés en l’air, il n’a pas lâché sa proie, il roule à nouveau sur le tapis, et le chien suit le mouvement, mieux, il imite son concurrent. Le voilà à son tour ventre offert, dos au tapis, orientant sa tête pour suivre du regard les déplacements de l’ennemi… Le jeu se poursuit encore quelques minutes quand Daniel décide d’accorder le point : reprenant la pose à quatre pattes, il fait glisser l’os sur le côté et offre l’autre extrémité à la gueule du chien… Jupiter ne se fait pas prier, il s’aplatit instinctivement sur le sol face à son rival et les voilà tous deux attelés par la gueule au même trophée.
Quelle complicité jubilatoire, dans le calme revenu, on entend le raclement des dents sur l’os, le craquement sec de la matière brisée par les molaires du chien, Daniel a conservé la posture, et maintient sa portion, jusqu’à la fatigue. Le jeu se calme ainsi peu à peu, mais jamais l’animal n’a manifesté la moindre agressivité, ni abusé de sa force. Quand l’homme lâche enfin le morceau sous les exclamations du public, Jupiter satisfait signale son contentement par le balancement du moignon qui lui sert de queue. Se relevant enfin et massant ses reins endoloris par la gymnastique canine, Daniel lâche enfin ses premiers mots :
- Ouf, faudrait pas que j’oublie ma sieste avec tout ça, moi !