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12/11/2008

Champignons…

L’automne ici s’installe posément, il s’octroie des étapes, dresse son décor à touches furtives. Les jaunes timides des plants de vignes ont achevé de virer au roux alors même que les ceps se dénudaient. Le mûrier platane sur la pelouse pleure encore son feuillage, à larmes comptées, sans ardeur. Les brouillards matinaux ne sont porteurs d’aucune gelée, et si GéO a rentré nos monstrueuses plantes d’intérieur avant son départ pour la Seine et Marne, aucune urgence ne gâte la floraison du Datura au bout de la piscine. Mais sous un bouquet de chêne vert, j’ai trouvé hier un bolet tout rond, chamois au pied veiné et ventru, qui me faisait de l’œil. Du coup, nous sommes partis en chasse dans la colline.

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Mais il est difficile de partir en promenade sans nos deux pensionnaires.
Nous voici donc sortis du sentier pour visiter un peu le maquis qui s’étend derrière les maisons, sans pousser notre exploration trop loin car les chasseurs locaux observent une curieuse coutume : ils font entendre leurs armes dans le couvert le matin de très bonne heure, respectent la trêve de la sieste, puis ils reviennent à l’heure des vêpres, quand les enfants quittent l’école et que le jour commence à décliner. Il y a là une logique qui m’échappe, mais le fait est récurrent et nous surveillons nos chiens du coin de l’œil tout en fouillant du regard, entre les pieds des cistes, le sol tapissé de feuilles mortes et de bouquets de thym.

Alors que quelques spécimens de bolets ballottent déjà dans mon pochon, nous sommes avertis d’une rencontre imminente par le tintinnabulement de clochettes qui semble monter vers nous. Copain et Zuco tournent autour des maîtres depuis le début de la balade, plus préoccupés de nous garder groupés et de humer profondément les touffes de plantes sauvages qui leur racontent sans aucun doute bien des nouvelles du maquis. Le temps de réaliser que les grelots appartiennent sans doute à d’autres chiens baladeurs, voilà deux superbes lévriers afghans qui franchissent le sommet du sentier et descendent élégamment dans notre direction. Immédiatement, nous poussons chacun notre cri de ralliement :
- Zuco, aux pieds! crie GéO
- Copain ici ! crie ma voix…
Que croyez- vous qu’il arrive alors?
Zuco, docile, entreprend tout de suite un demi-tour sur sa trajectoire… Et Copain, victime brutale d’un accès de surdité, se laisse emporter par sa curiosité, apparemment bien indifférent à mon autorité naturelle. Le sifflement impératif du maître ne produit pas davantage d’effet sur son désir de sociabilité…
- Allons saluer ces nouveaux amis, se dit-il, peu soucieux de répondre à nos appels.
Dans l’autre camp, les réflexions ont certainement la même nature, car les deux échalas aux pelisses immaculées exécutent un démarrage immédiat parfaitement synchronisé. Copain est impressionné, il infléchit instantanément sa course et prend momentanément la tête du train, objectif FUIR. En un éclair, les trois canidés ont disparu de notre champ de vision, nous laissant pantois devant le maître joggeur un peu lent pour ses chiens turbos.

Le joggeur s’excuse, il n’imaginait pas…Nos appels restent vains évidemment, il faut donc suivre le convoi, malgré notre retard avéré. GéO reste en arrière-garde, accompagné du fidèle Zuco … Toujours armée de mon pochon à champignons, j’embraie sur les traces du coureur de maquis et nous remontons le sentier en suivant la direction approximative du premier convoi. Le Joggeur se montre plus véloce, il accélère et me laisse rapidement en arrière. Au débouché de la fourche, il m’attend toutefois pour me signifier qu’il a entrevu une ombre noire sur le chemin de gauche et qu’il pense que c’est mon ratier. Ses champions ont poursuivi vers la plaine qui rejoint le versant de Seillon, droit devant. Ouf, Copain le malin a réussi sa diversion et bifurquant vers les maisons et le parcours habituel qu’il connaît bien.
D’ailleurs, je remonte cette allée depuis quelques secondes à peine quand j’entrevois au loin la petite boule noire qui galope ventre à terre dans ma direction… Il a eu si peur qu’il me saute dans les bras, et passe le reste de la promenade à sauter sur mon ventre, implorant du regard la protection de l’embrassade maternelle. Je ne sais qui a eu le plus peur de nous deux, mais je crois bien que notre Copain a reçu hier une petite vaccination anti-fuite…

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