24/04/2010
La casquette du Capitaine…
…fait-elle le marin ?
La question mérite d’être posée en considérant le choc des photos qui alimentent le petit reportage ci-dessous. Vous allez constater sans peine que nos compères ont le pied marin et l’humeur loup de mer…
La connaissance du métier et la sagesse du Seul Maître à bord descendent sur eux par la coiffe :
Admirez la dextérité des pilotes
Même si Bastien préfère jouer le rôle de la vedette incognito…
Il est clair qu’il s’applique à tenir le bon cap…
La tournée en bateau prend des airs de virée entre hommes, on se la joue marin aguerri!
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18/04/2010
Comment j'habite mon jeans…
Parmi les textes fondateurs de ma relation aux mots, il y a eu une dictée.
Non, non, ne riez pas. J’imagine d’ici votre petite moue ambiguë, genre « eh oui la pauvrette, rien d’étonnant, que pouvait-elle faire d’autre … ». J’assume !
Tandis que notre institutrice dictait le passage en question, et que mes camarades frémissaient d’ardeur sur les accords retors, j’écrivais, inconsciente des pièges orthographiques, impatiente de construire sur le lignage de mon cahier la scène dictée. Je m’émerveillais de la forme de cet extrait (Knock de Jules Romain si ma mémoire ne me trompe…) Je peinais à retenir mon hilarité et mon admiration à la découverte de l’enchaînement magique qui permettait au narrateur de distiller au fil de ces quelques phrases l’anecdote succulente jusqu’à la chute finale. En un mot, il me semble que sans le savoir, j’étais tombée en amour avec la narration, et je m’en souviens encore aujourd’hui comme d’un moment fort…
Je ne saurais vous faire languir plus avant, et je serais fort aise si une de mes souris lecteur/lectrice, malgré sa discrétion accoutumée, venait à me corriger au cas vraisemblable où ma référence ne serait pas juste…
Cet extrait relatait le cas d’un enfant présenté au médecin de famille par ses parents fort inquiets, à la suite d’une faiblesse soudaine frappant les jambes du bambin. Depuis le matin, celui-ci se révélait incapable de faire un pas et tenait debout à grand peine. Les parents redoutaient une terrible maladie invalidante. Le bon docteur examinait alors consciencieusement le petit patient avant de le rendre à ses parents, leur conseillant simplement à l’avenir de veiller à vêtir leur chérubin en n’enfilant qu’un membre par jambe de pyjama.
Si l’anecdote me revient ainsi en mémoire, c’est qu’il y a des semaines comme ça où il vaut mieux rire de ses propres errements… Il m’arrive parfois de me surprendre et surtout in petto de m’affoler en constatant comment mes propres neurones peuvent décréter une grève surprise, sans préavis, aux effets ravageurs ! Ce qui est certain, c’est que GéO contemple sa blonde avec l’indulgence attendrie dont on honore les premiers pas de son petit, ou les maladresses d’un jeune chiot.
Aloïs serait-il revenu à la charge? Le syndrome de sénilité effleure les extrémités de mes synapses et je redoute la montée en mayonnaise des connexions qui s’emmêlent les pinceaux sous mon dôme crânien… Brrr…
Jugez plutôt : Jeudi dernier, je me suis rendu en ville en fin de matinée, afin de procéder à quelques courses urgentes, dont l’expédition d’un paquet pour Aurel. Il faisait déjà doux, je n’avais enfilé qu’une veste légère, démunie de poches, hélas ! Ma tournée commençait donc par la poste, et pour gagner du temps, j’avais entrepris de fouiller parmi les présentoirs de prospectus pour remplir le formulaire colissimo. Gênée par la lanière du sac à main qui pesait sur l’épaule droite, et mon trousseau de clefs que je gardais en main faute de poches à cette fichue veste, je me suis délestée de mes charges sur la table… Mon tour arriva enfin, je me présentai à la préposée, effectuai la transmission de mon paquet, toute contente de m’en tirer sans trop de retard. Je repris mes pérégrinations boutiquières ; il était midi largement sonné quand je sortis de la pharmacie et me dirigeai vers la voiture… Chemin faisant, par habitude, je cherchais mes clefs dans les poches de ma veste… Point de poches, pas de clefs. Mes mains descendirent vers mes hanches pour vérifier si je ne les avais pas glissées dans mon jeans, mais, dans le même temps, ma tête me rappela que le week-end dernier ayant été festif, les deux kilos gagnés à faire la fête tiraient suffisamment sur le vêtement pour que je n’y glisse une charge supplémentaire. Logiquement, je savais que je n’y avais pas mis mes clefs puisque je me souvenais m’être tenu fugacement le raisonnement. D’où le fait, ça me revint alors très clairement, que je les avais déposées sur la table du bureau de poste !
Immédiatement, je rebroussai chemin, pour constater évidemment que le rideau de fer était baissé. Que faire? Remonter à pied, version sportive et sympathique, mais contrariante pour enchaîner le déjeuner avant le rendez-vous de l’après-midi. Je me résignai donc à appeler mon cher GéO à la rescousse…
Après déjeuner, le voilà bien obligé de me descendre à nouveau, munie derechef du double de mes clefs de voiture. Nous passâmes d’abord à la poste, où personne n’avait vu l’objet de mes préoccupations… Des quatre guichets, je n’obtins que des dénégations, compatissantes certes, mais guère réconfortantes. Pourtant, j’étais certaine maintenant que c’était là que je les avais abandonnées, j’étais capable de me projeter très distinctement le film de l’enchaînement de mes gestes… Déçue et intriguée, je me rendis néanmoins chez la coiffeuse qui m’attendait. Le temps de procéder aux soins de mes cheveux, Stella écouta attentivement ma mésaventure, et avec elle, tout le salon commenta les désagréments d’un tel oubli, et surtout l’égarement de celui ou celle qui avait indubitablement pris les maudites clefs !
Libérée par ma Figarelle préférée, je recommençai mon petit circuit du matin à l’envers : la pharmacie…la poste… Chaque fois, mon histoire retenait l’attention. Même la femme de ménage du service public me promit de regarder à deux fois en passant sa serpillière. Je poussai jusqu’à la mairie et de là, la police municipale. Pas l’ombre d’un semblant de trousseau à l’horizon ! Je savais bien que ce n’était pas si catastrophique, pas de repère d’adresse ou d’immatriculation sur les clés, et j’avais le double en poche cette fois pour remonter la voiture. Mais je pestai, je marronnai, je me gourmandai comme vous pouvez l’imaginer.
La force de l’habitude l’emporte décidément sur la réalité des faits.
En vue de l’endroit où m’attendait la fidèle Saxo, ma main plongea toute seule dans la poche de mon pantalon pour en extraire ma clef de secours. Sauf que mes doigts reconnurent la forme du boîtier de commande à distance… Les bonnes clefs étaient bel et bien au fond de la poche du jeans depuis le début…
Comment ai-je pu tâter dix fois au moins mes hanches sans sentir l’intrus ? Comment ai-je pu m’asseoir et me relever plus de vingt fois sans être incommodée par les pièces de métal coincées contre mon aine ? Je n’habite plus mon pantalon, et ce constat ouvre une sacrée boîte de Pandore… Vais-je continuer à me faire confiance ? Déjà, dimanche, j’avais oublié nos billets d’accès au Castellet… Heureusement qu’Aurel était parti en avant, ma bévue ne l’a pas privé du départ. Aloïs, Aloïs, mon vieil ennemi est de retour… Mes Colombines savent combien je me contrarie d’héberger un tel squatter. GéO me promet le fauteuil 110, vieille blague héritée du temps où nous rendions visite à Mamie, mais derrière les taquineries veille une angoisse ancienne, que je ne suis certainement pas seule à redouter. À quoi bon vieillir, si l’Avenir me promet des courses-poursuites en fauteuil roulant, le long des coursives d’un hospice hanté d’amnésiques ? Il faudra que je me surveille…
En attendant, j’ai offert à mon GéO une source de mises en boîte maison, qui m’habillera bien pour la saison chaude…Et les suivantes!
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15/03/2010
Les Colombes de l'Amitié
Petit retour attendri sur le groupe d’où est née la note précédente : L’Amitié n’est pas un don qui tombe du ciel comme une pluie printanière, encore que… Comme tous les sentiments, elle a besoin qu’un ensemble de paramètres soient réunis, que les échanges soient réciproques et l’intérêt mutuel…
Or il se trouve que la dernière école où j’ai pratiqué possède cette singularité étrange :
Aussi loin que remonte la mémoire des plus anciennes, le groupe des « instits » a toujours constitué une unité amicale, conviviale, joyeuse, animée d’une volonté de réussite collective.
Grâce soit rendue à cette page de ma vie. Mon arrivée dans notre petite école au cours des années 90, chargée d’un bagage familial plutôt pesant, mais motivée par une furieuse envie de m’y caler pour construire quelque chose de différent. Quoi, je l’ignorais, je savais juste ce dont je ne voulais plus. Dès le mois de juin précédent mon ralliement à la cause Sainte Colombe, l’accueil de l’équipe en poste s’est révélé extraordinairement chaleureux. Premier contact aux cafés croissants rituels du samedi matin, alors encore en vigueur, puis à la session de formation continue, à Nogent, où les conversations en délire avec Anne-Marie ont renforcé mon enthousiasme…
Est-ce dû à l’école, à l’histoire spécifique de ce petit îlot autonome dans une petite ville qui navigue entre campagne et grande banlieue ? Toujours est-il que de mémoire « d’instits », cette franche solidarité y a toujours régné. J’apprends avec bonheur que l’entente des « nouvelles » semble largement aussi patente. … Neuf ans après mon départ, le rappel des Colombines lors de nos retours est toujours aussi vivace, le rassemblement rayonnant du bonheur de passer quelques heures ensemble.
2010
Anita l’a défini très justement : Sainte Colombe nous unit par la Bienveillance qui éclaire les regards. Bienveillance constatée comme il se doit à l’égard des enfants qui nous sont confiés, et comme il faut bien s’aimer soi-même pour aimer autrui, Bienveillance fondatrice de l’esprit d’équipe. Les Colombines cultivent le don de l’Amitié, elles acceptent l’Autre comme elle est, et la somme de toutes les différences crée une harmonie spontanée où chaque personnalité s’épanouit sans fard et sans retenue : l’humour distancié d’Éliane, la fraîcheur d’Anita, la fantaisie d’Anne-Marie, les éclats de rire de la blonde Sylvie, la patience de Laurence, la discrète vigilance d’Alice, la pétulance de Brigitte… Tout cela mixés parfois aux accents décontractés d’Éric, le surveillant général, plutôt en charge du collège, mais toujours disponible pour nous dépanner. Et puis, ce rite bien particulier qui n’appartient qu’à notre brune Sylvie : chaque matin, elle se tient dans la cour, à l’endroit où les rangs sont en cours de formation…Naturellement, elle n’est jamais seule, parents, élèves ou collègues l’entourent déjà. À la manière d’un chef d’orchestre qui maîtrise à merveille sa partition, elle suspend la conversation en cours afin d’adresser un Bonjour particulier et quasi solennel à chaque nouvelle arrivante. Elle seule sait instiller dans ce seul mot, Bonjour, un message inscrit en filigrane qui se personnalise dès qu’il est propulsé dans l’air, et se charge instantanément d’informations précises et pertinentes. Ce bonjour ferme et courtois sonne comme: « Je te souhaite une bonne journée ! – Où en es-tu ? -As-tu bien dormi ? - Ta soirée d’hier a-t-elle été bonne ? - Tes soucis avec tes enfants sont-ils gérables ? - Comment te portes-tu, Toi ? »
On n’échappe pas à la vigilance d’une telle amie : alors, si d'aventure, votre fiston de 16 ans est ressorti pendant la nuit et que vous l’avez attendu avec angoisse, si les factures arrivées au courrier de la veille vous donne des sueurs froides, si la voiture menace ruine et que la voisine renverse les poubelles dans la rue, si vous sortez de votre nuit chiffonnée par un mauvais sommeil, vous confessez le tout dans le minuscule espace-temps de ce bonjour devant les rangs à demi formés.
Un échange de regards, un bonjour attentif, un sourire bienveillant, la plus faible d’entre nous sait qu’au premier moment libre, elle trouvera dans la présence des autres le réconfort nécessaire…
Combien de café-récré ont donné lieu à de petits complots bienveillants pour venir en aide à telle ou telle que menaçait une détresse passagère ou un souci profond ?
Face à cette cohésion, nombreux sont les parents qui s’en félicitent, certains que les enfants bénéficient de cette entente jamais rivale, si volontiers complémentaire. Et si là comme ailleurs le monde n’est pas parfait, les solutions-miracle pas plus inspirées par les mânes de notre sainte patronne que par le saint-esprit, au moins puis-je assurer sans mentir que chaque enfant confié y a trouvé sa place le regard bienveillant de nos Colombes de l’amitié.
19:25 Publié dans O de joie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : écriture, récit, souvenirs, journal | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
08/03/2010
Perles d’O pour courant d’amitié
Nous avons tous nos Palmarès Personnels qui valent au Panthéon de nos modestes existences autant que les médailles olympiques rudement gagnées ou les statuettes en bronze doré attribuées lors de cérémonies rutilantes de paillettes, de glamour et de discours mûrement préparés.
Nos Oscars personnels, nous les forgeons à l’aulne de nos Grands Moments, et cette année, au faste d’Hollywood, je prends le risque d’opposer la Félicité d’une soirée à Santeny.
Avez-vous remarqué comme les mauvaises nouvelles circulent plus rapidement que les informations agréables ? À suivre au jour le jour les journaux télévisés, la presse écrite ou la radio, le buzz se fait autour des catastrophes naturelles, des décès, des disparitions et des difficultés économiques et sociales.
Loin d’ignorer que nous vivons dans un monde cruel, je préfère quant à moi exposer les meilleurs échos qui fleurissent le cours de nos existences.
- And the winner is ?…
Notre périple de la semaine dernière recélait donc des trésors de joie de vivre. En la matière, dès que j’ai découvert que notre programme comprenait une halte chez Éliane et André, je savais qu’il y avait encore de la convivialité dans l’air, des retrouvailles et des fous- rire en perspectives.
Et la surprise de découvrir quelles seraient les comparses présentes au rendez-vous…Car GéO peut se montrer peu disert, et observer une grève de la mémoire à discrétion, malgré mes subtiles tentatives d’investigation… J’ai compris vendredi que nous passerions par Brie, ce qui me paraissait une halte à minima, pèlerinage obligé de nos escapades parisiennes … Cette fois, On m’avait prévenu que je devais garder mes initiatives au frigo.
Et de fait, Elles étaient presque toutes là, malgré les vacances de février, prêtes à entonner d’une seule voix l’Alléluia sacré des amitiés :
Pour la circonstance pourtant, les ruses avaient vaincu mes supputations : Anne-Marie m’ayant assuré la veille qu’elle se consacrait justement à son fils lors de son passage exceptionnel en France, Laurence m’ayant convaincue du séjour chez sa mère à Golfe-Juan…
La tablée était riche pourtant de toutes ces présences amicales, que pour la circonstance je sors de l’anonymat et jette en pâture à la une des gouttesdo.
Ni Annick, ni Christelle et Marc n’échapperont aux éclaboussures de joie et à l’expression de ma reconnaissance pour leur présence chaleureuse. Quant aux instigateurs, André, Éliane et GéO, ils ne perdent rien pour attendre, comme on dit ici, ils s’en accampent ! Cependant qu'à mon tour je pérore et m’escrime à remercier :
19:24 Publié dans O de joie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : récit, écriture, amitié, partage | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
05/03/2010
L' Ange
Notre voyage- surprise de cette fin février s’est révélé une fois encore un retour aux sources du cœur : Le complot mené par Nouchette et GéO n’a peut-être pas pris la forme imaginée initialement par les compères, mais comme il s’agit d’une histoire d’Ange, il a bien fallu s’adapter aux conditions nouvelles.
Notre Ange se porte bien. Il s’est fait tirer le portrait en multiples exemplaires; déjà photogénique, il multiplie les poses à l’envi, mais conserve jalousement son mystère.
À une certaine manière d’exiger le repos de sa mère, je le soupçonne de veiller déjà sur ses parents… À tout le moins, Nouchette ne risque pas de commettre des excès de table, ni de bricolage…À moins d’établir son campement dans le coin toilettes fleuri du nouvel appartement…
J’adore l’idée que ma fille vit en co-location intra-utérine.
Cette pensée éveille une foule de souvenirs, de sensations plénières entre euphorie exaltée et malaises diffus. Des bouffées de plénitude béate alternant avec ces spasmes vomitifs du petit matin, le dégoût soudain de certains mets succédant à une tenace fringale. Nous avons toutes connu ce sentiment décalé de n’être plus tout à fait l’unique Maître de notre corps, cette l’obligation de se plier à des règlements intérieurs où l’on n’a pas son mot à dire… Vaille que vaille, semaine après semaine, l’Ange établit son nid, creuse sa place au sein du ventre accueillant, pousse ce qui le gêne et commence à ériger une rotondité à peine perceptible sur la silhouette de sa génitrice. Comment expliquer ce sentiment de fierté à regarder ainsi évoluer celle qui reste ma Douce, et qui m’apparaît en songe comme l’Enfant Révélé qu’elle fut à mes yeux émerveillés?
Ces deux-là ont encore six mois pour s’accoutumer à la solidarité physiologique, puis il leur faudra apprendre la séparation organique… Avant l’ultime moment de la confrontation face-à- trois-faces. Parce que le Père a aussi son mot à dire, son envie de protection, d’intervention, sa projection personnelle ; qu’attend un futur Papa quand il assiste, médusé et impuissant aux nausées de sa bien-aimée transformée d’un coup en marmotte revendiquant d’habiter jour et nuit sous la couette ? Il s’attendrit sûrement devant les métamorphoses, simultanément patient et curieux, attentif aux angoisses qui pointent et aux étapes incontournables. La séance photo de la première échographie représente la première entrée en contact, un rendez-vous concret où l’Ange revêt d’un coup une existence propre, il a un physique, certes encore un peu flou, des attitudes, des sursauts marqués quand la technicienne blasée secoue son antre.
Effets paradoxaux du progrès, cette surveillance vidéo lui vole son intimité : elle anticipe considérablement la prise de contact, elle répond à des questionnements qu’elle a suscités : Le squelette est vérifié, les doigts décomptés, le crâne examiné, les membres inspectés, les mesures normalisées. Dans la nuit des temps, les femmes enceintes n’avaient aucun moyen de contrôle sur le mystère de la Vie auquel elles participaient, souvent involontairement. Cette formidable avancée technologique ouvre l’affreuse boîte de Pandore du perfectionnement.
Que ma Douce vive sa grossesse sereinement me paraît une finalité nécessaire et suffisante pour préparer de beaux jours à cet Ange qui vient à nous. Je n’ai pas de meilleur vœu à formuler pour accompagner mon enfant parvenu à l’étape même de notre première rencontre.
Une si belle aventure…
19:31 Publié dans O de joie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : récit, nouvelle, journal, écriture, grossesse, naissance, échographie, joie, bébé | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
08/01/2010
Misère et acquisition ménagères
Toute grande joie se mérite d'un revers.
L'adage se partage: qui n'a jamais entendu ces quelques mots, au détour d'un café- confidence, autour de la table de la cuisine : « C'est trop beau pour durer, un si grand bonheur, ça se paie... »
Mon Bonheur à moi durant la période de Noël, c'était la présence des enfants* à la maison.
Quinze jours en famille, comme au bon vieux temps!
Quel cadeau...
Le revers, consenti et constaté sans surprise dès leur départ, s'est manifesté par le débordement de la panière à linge... Mais au su de ma disponibilité, pas de panique, Saint Équipement Ménager, dans sa grande mansuétude, allait m'aider à résoudre le problème. Aussi aisément qu'un plissement de nez chez ma sorcière bien-aimée, les machines et moi allions venir à bout de la lingerie d'Augias made in St Max. En trois jours, j'aurai vite trié et engouffré dans les machines les draps, nappes et serviettes de toilette dont la masse expansive menaçait la panière d'explosion. Chacun avait eu beau tasser qui sa paire de draps, qui les nappes des trois réveillons, au bout du compte, le linge comprimé dans le carcan de la corbeille augmentait de volume au fur et à mesure ...
Audrey et Seb nous ayant quitté les derniers samedi soir, c'est dimanche matin que je me suis vaillamment activé à la première fournée... Las, au mi-temps du programme, la machine commence à éructer sévèrement, par spasmes violents, elle lâche une série de « Klang » synchronisés à la rotation du tambour, ce qui me fait dresser poils et cheveux et se traduit chez GéO par un intempestif :
- Qu'est-ce qu'il y a dans Ta machine ?
Mais avant que j'explicite le bon usage que mon indubitable savoir faire ménager applique sur le matériel à disposition, le noir envahit brutalement nos écrans... Le disjoncteur a saturé...
Remise en marche, réglage des pendules et re-clac !
Le diagnostique n'est pas très compliqué. La fautive est rapidement identifiée... Sournoise, la perturbatrice me laisse en rade au pire moment, tambour rempli de linge imprégné d'eau savonneuse, grisâtre, pégueuse : l'expression locale décrit la sensation pénible que donne un produit qui refuse de quitter vos mains, même sous le flux du robinet ouvert...
Ô joie des pannes du dimanche matin...
Ô solitude de la ménagère accablée par la vision miséreuse de la lessiveuse…
Tandis que GéO s'attelle derechef à détecter l'origine du problème, je sais que je n'aurai d'autre solution qu'une équipée solitaire à la laverie municipale. ... À l'heure où d'autres songent à dorer les amuse-gueule, à dresser le couvert de fête, à sonner le rassemblement festif du régal dominical, me voilà partie en expédition de rattrapage dans la cahute installée au Rond Point à la sortie de la ville, soulagée pour lors que ma nichée ait déjà déserté...
J'ai la surprise agréable d'y partager le sort de deux concitoyens. Un quinquagénaire célibataire souffrant du même abandon que moi, essaie de résorber son retard pour préparer sa semaine... C'est grâce à lui que je m'initie au mode d'emploi des machines alignées dans la cabane de verre. Le brave homme me propose même généreusement une dose de lessive dont je n'ai pas songé à me munir... Nous entamons une intéressante conversation consacrée aux mérites respectifs des équipements individuels comparés aux matériels collectifs, quand nos regards s'attardent sur le carrelage jonché de poils de chiens, de cheveux, de poussière et de résidus poudreux... Encourageant.
Survient alors notre troisième comparse, qui s'apprête à sortir d'un immense sèche-linge les deux couettes qu'elle lui avait confiées. Naturellement solidaire, je me propose pour l'aider à plier les pièces conséquentes en évitant de les laisser traîner sur le sol crasseux. Bien nous en prend, car l'opération qui consiste à tendre la couette avant pliage permet de repérer sur le tissu d'énormes taches brunes, dont la couleur et la consistance ne peuvent évoquer que le pire...
En fait, l'exploration de la machine par la lingère affolée ramène au jour des emballages individuels de...chocolat! Mous et presque vidés de leur contenu par la chaleur du séchage, les petits paquets vomissent encore un surcroît de boue brunâtre. Quelle bonne blague a été concoctée là par d'anonymes farceurs, peu gourmands ou saturés de friandise!
Glosons, glosons... N'empêche: cette misère ménagère aura enrichi considérablement mon champ d' expériences d'une activité encore inédite.
Et comme tout problème trouve sa solution, en guise de lot de consolation, GéO et sa moitié ménagère ( oui, oui, c'est moi) sommes fiers de vous annoncer l'arrivée et l'activité intensive de la dernière acquisition du ménage!
Vive l'an neuf et son lot de surprises...
* Qui va me jeter la pierre? Sans ambiguïté et lucidement assumé: tout trentenaires qu'ils sont, mes Audréliens seront toujours les enfants…
Quand bien même leurs chemins de vie se complexifient et empruntent des itinéraires éloignés du nid,(n'ai-je pas la première choisi l'exil conjugal et méridional) tendresse et vigilance restent inscrites au programme de mes gènes… Amen
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31/10/2009
L'envers du décor…
Depuis Le Plan de la Tour, la descente sur Sainte Maxime s’effectue rapidement. Nous profitons d’abord du paysage en cinémascope, capté depuis la hauteur, largement ouvert sur le miroitement de la baie. Le coteau est ponctué de somptueuses villas et autres maisons coquettes, desservies par la route étroite qui traverse le massif des Maures.
La traversée du Plan de La tour est encore agréable, à cette saison, quelques touristes traînent aux terrasses des deux cafés encore ouverts. L' Aïoli, le restaurant du centre ville, a fermé et sa terrasse déserte annonce l’automne plus sûrement que les frondaisons des platanes.
Jusque-là, rien n’annonce le constat qui s’impose dès que, au niveau du hameau Les Mûres, nous rejoignons la DN 98 qui longe toute la côte nord de la baie. La route est défoncée en plusieurs endroits et les barrières de sécurité le disputent aux engins de chantier affairés à la remise en état de l’asphalte… La circulation s’organise en sens alternés, ce qui ne facilite guère la sortie des entreprises à midi. Mais qu’importe, difficile de ne pas remarquer les magasins aux vitrines maculées, les stockages de caravanes sens dessus dessous, les esplanades bourbeuses où s’étendent ordinairement les entreprises, le long des ruisseaux souvent à sec… Les roseaux couchés, les sacs de plastique éventrés flottent au vent dans les branchages, à deux mètres de hauteur… Témoins désolants du désastre renouvelé.
À échanger avec nos connaissances de Sainte Maxime, tous sont effondrés par cette double catastrophe « dont il vaut mieux ne pas parler »… Traduire, ne pas prendre le risque de dissuader les touristes belges et nordistes de venir profiter des derniers rayons de l’automne flamboyant. Car sous l’azur retrouvé, on peine à croire qu’il y a moins d’une semaine, le ciel s’est déversé là avec une pareille violence…
Un mois avait à peine suffi à panser les plaies*, nettoyer les rez de chaussée envasés, dégager les véhicules chamboulés, traînés sur des centaines de mètres… Acheter de nouveaux réfrigérateur, lave-linge, équipement électroménager et matériel indispensables aux activités professionnelles autant que domestiques…
Pourquoi tant de haine de la part de cieux d'ordinaire plus riants ?
D’aucuns murmurent déjà que les travaux de la route du col, la D 25, n’y sont pas pour rien.
On suppose que les grosses buses installées pour drainer les pentes des Maures et éviter l’arrachement de la chaussée nouvellement élargie ont accentué la densité des ruissellements. Les eaux furieuses ont convergé sur les mêmes barrages sauvages organisés par les amoncellements de détritus divers, débris végétaux, carcasses de voitures, d'électro-ménager et autres gravats balancés au petit bonheur au fond des ravins.…
Ainsi, grands travaux et négligence humaine conjuguent leurs efforts pour faire payer le prix fort à la communauté qui s’est établie là où les terrains sont les moins chers : l’ancien marécage herbeux, devenu zone d’activité …
À observer la carte hydrographique, il est aisé de constater combien la région est arrosée de multiples petits torrents côtiers, le plus souvent complètement taris, mais rapidement en crue dès que les orages éclatent.
Les assurances honoreront-elles leurs engagements une seconde fois ?
Les pouvoirs publics reconnaîtront-ils leur part de responsabilité dans l’aménagement de la région ?
Les citoyens qui se délestent si volontiers de leurs encombrants percevront-ils leurs responsabilités individuelles ?
Questions pour le moment sans réponses, mais il faudra bien que des mesures soient envisagées et réalisées avant une troisième vague de pluie… Nous ne sommes qu’en début d’automne.
Sur la mer flottent encore des débris végétaux charriés par les flots déchaînés du Préconil. On peut distinguer la traînée boueuse du courant se mêlant à la mer turquoise… Je vous épargne la purée végétale flottant sur les eaux stagnantes du port, mais vous convie à découvrir une nouvelle île dérivante à proximité, îlot d’arbres arrachés à la terre. On ne peine plus à imaginer les obstacles encombrant les eaux de la baie…
Pour aller plus loin sur ce sujet, voici le lien avec le site sur les risques de crues dans le Var.
http://www.var.pref.gouv.fr/ddrm/spip.php?article65#
Comme je ne souhaite pas influencer votre week-end de Toussaint par un point de vue trop pessimiste, haut les cœurs, je vous laisse sur l’image d'un pont tendu entre ciel et terre, entre territoire et spiritualité, un nuancier de baumes dispensé par le Grand Bienfaiteur…
Après le Pluie…Vient le temps des émerveillements.
15:58 Publié dans Courant d'O | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : récit, écriture, environnement, nature, sainte maxime, hydrographie, var | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
29/10/2009
Retour aux sources
Je vous ai parfois invités à cette promenade au long d’un site charmant, ancien moulin abandonné, ruines ouvertes sur ce plateau micacé, étincelant au soleil.
(notes goutte à goutte ô combien du 7 -10-2008 http://gouttesdo.hautetfort.com/trackback/1833806
et l’Aille en eau du 9-02-09 http://gouttesdo.hautetfort.com/trackback/2041356 ).
Je vous proposais alors de comparer les états du lieu, en des circonstances fort différentes.
Lundi dernier, l’envie nous est revenue de prendre le pouls de la vallée. La route qui nous y mène est fort étroite et sinueuse, mais elle offre des points de vue remarquables. Il n’est toutefois pas recommandé de s’arrêter aussi souvent que l’on voudrait, tant la visibilité est réduite entre deux virages et certains résidants locaux conduisent sur cette route en propriétaires…
Après les pluies diluviennes de la semaine dernière, la végétation s’ébroue et prend ses aises sur les talus. À notre surprise, les bruyères se sont épanouies et tapissent à leur tour les pentes de leurs hampes serrées en un élégant camaïeu.
Le pont qui enjambe notre site favori se décèle à peine dans cette verdure foisonnante, alors qu’il offrait l’an passé sa carcasse décharnée à tous les regards.
Sans atteindre le niveau des crues de février dernier, l’eau se déverse ici à pleins bouillons. Vous pouvez juger du débit intense, mais le malaise naît de cette vilaine mousse incongrue qui tapisse le bassin. Qu’a bien pu ramasser en amont l’onde innocente qui s’exprime et se libère par ces bulles douteuses ?
Qui oserait imaginer la vie aquatique sous la pellicule savonneuse ?
L’eau dévale ici avec force, déjà…
Tandis que je me lance à la recherche des rainettes, je sais qu’elles prospèrent dans les trous et qu’il faut s’armer de patience pour déceler leurs présences, trahies parfois par un saut si rapide que l’œil n’est pas certain de le capter. Le bonheur de saisir leurs reflets en photo est encore plus rare…
Si d’aventure vous cherchez un havre isolé pour abriter vos méditations, accueillir une douce rêverie, songez en ces lieux à refaire le monde et nettoyer la planète…
Voici le palais des courants d’air, voûte céleste et eau courante non garanties à l’année…
18:33 Publié dans goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : récit, écriture, eau, balade, pollution, provence | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer