28/05/2011
Immuable ?
Près d’un an déjà que nous n’avions pointé le museau du Leyla dans les eaux de l’anse de Taillat.
Le cap lance sa presqu’île suffisamment loin dans la mer pour nous offrir un véritable mur de retranchement, contre les vents et les courants.
Surtout, cette muraille rocheuse abrite un échantillonnage pertinent de la flore et la faune méditerranéennes.
Ce jeudi, la mer parfaitement plate nous invitait au repos total…
Un calme absolu régnait sur les eaux tranquilles.
Mêmes les cigales, résidentes habituelles de la péninsule , n’étaient pas encore à poste. Les paresseuses attendent la proclamation de l’été pour s’afficher, elles ne se fient pas aux premières sensations de chaleur estivale, ce sont des prudentes qui ne s’éveillent en quête d’épousailles qu’en accord avec leur calendrier biologique.
… Aucune stridulation pour accompagner le contrepoint du clapot contre la coque.
D’autant que nous étions à peu près seuls au monde. Dans quelques semaines, ce calme sera inconcevable, il faudra slalomer entre les embarcations de toutes tailles et de tous types, s’accommoder des cris perçants des baigneurs excités, s’habituer aux relents mêlés des crèmes anti UV et des pique-nique à toute heure…
Pour l’heure, GéO et moi jouissons de notre chère solitude…
Le bateau à peine ancré, GéO a déjà piqué une tête, m’intimant de le suivre sans délai. Que nenni, vous me savez précautionneuse de ma chère petite peau… Je veux savoir à quelle sauce je risque de m’assaisonner… Ma foi à 24°, les eaux de la baignade méritent une petite visite…
Sauf qu’au moment de glisser mon corps brûlant dans l’onde fraîche et azurée du site, je remarque quelques petits corps manifestement étrangers qui flottent au gré du courant. Des morceaux sans identité précise se laissent mollement pousser vers le rivage, à deux cents mètres de notre mouillage…
J’ai déjà un pied à l’eau mais je le remonte promptement. Et du plat-bord, je ne peux que contempler la dérive de ces déchets, écoeurée de constater qu’une fois de plus, la mer n’est pas, aux yeux de certains, la Matrice de vie. Nos contemporains lui ont définitivement dévolu la fonction de poubelle à ciel ouvert. Toute la journée, par intermittence, nous allons regarder ces déchets de caisse noire dériver mollement au gré des courants.
Et pourtant, est-il possible et raisonnable de naviguer sans être conscient de la beauté et de la fragilité de la mer ?
Est-il possible et raisonnable de négliger l’équilibre des éléments ?
Immuables, telles nous apparaissent chaque année nos retrouvailles avec les paysages que nous affectionnons .
Roches immuables, permanence de la mer mouvante et nourricière, régularité des mouvements de marées, cycle éternel de l’eau…Mais pour combien de temps encore ?
Combien de générations après nous pourrons encore profiter innocemment de ça ?
17:46 Publié dans Courant d'O | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écriture, poésie, mer, faune flore, pollution | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
29/10/2009
Retour aux sources
Je vous ai parfois invités à cette promenade au long d’un site charmant, ancien moulin abandonné, ruines ouvertes sur ce plateau micacé, étincelant au soleil.
(notes goutte à goutte ô combien du 7 -10-2008 http://gouttesdo.hautetfort.com/trackback/1833806
et l’Aille en eau du 9-02-09 http://gouttesdo.hautetfort.com/trackback/2041356 ).
Je vous proposais alors de comparer les états du lieu, en des circonstances fort différentes.
Lundi dernier, l’envie nous est revenue de prendre le pouls de la vallée. La route qui nous y mène est fort étroite et sinueuse, mais elle offre des points de vue remarquables. Il n’est toutefois pas recommandé de s’arrêter aussi souvent que l’on voudrait, tant la visibilité est réduite entre deux virages et certains résidants locaux conduisent sur cette route en propriétaires…
Après les pluies diluviennes de la semaine dernière, la végétation s’ébroue et prend ses aises sur les talus. À notre surprise, les bruyères se sont épanouies et tapissent à leur tour les pentes de leurs hampes serrées en un élégant camaïeu.
Le pont qui enjambe notre site favori se décèle à peine dans cette verdure foisonnante, alors qu’il offrait l’an passé sa carcasse décharnée à tous les regards.
Sans atteindre le niveau des crues de février dernier, l’eau se déverse ici à pleins bouillons. Vous pouvez juger du débit intense, mais le malaise naît de cette vilaine mousse incongrue qui tapisse le bassin. Qu’a bien pu ramasser en amont l’onde innocente qui s’exprime et se libère par ces bulles douteuses ?
Qui oserait imaginer la vie aquatique sous la pellicule savonneuse ?
L’eau dévale ici avec force, déjà…
Tandis que je me lance à la recherche des rainettes, je sais qu’elles prospèrent dans les trous et qu’il faut s’armer de patience pour déceler leurs présences, trahies parfois par un saut si rapide que l’œil n’est pas certain de le capter. Le bonheur de saisir leurs reflets en photo est encore plus rare…
Si d’aventure vous cherchez un havre isolé pour abriter vos méditations, accueillir une douce rêverie, songez en ces lieux à refaire le monde et nettoyer la planète…
Voici le palais des courants d’air, voûte céleste et eau courante non garanties à l’année…
18:33 Publié dans goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : récit, écriture, eau, balade, pollution, provence | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer