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10/06/2012

bestiaire ornithologique

En visite à la Capte sur la presqu’île de Giens, nous  sommes à l’aise pour un déjeuner les pieds dans l’eau. Sur la terrasse du studio, nous  nous sentons si proches de Porquerolles, il nous semble qu’il est possible de nager jusqu’aux écueils si caractéristiques des Mèdes qui protègent le flanc Nord-Est de l’île.

 

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Le vent pourtant nous incite à une prudence frileuse. Alors l’amusement viendra de l’observation « interactive » des oiseaux.

 Petits ces moineaux, certes mais pas bien sauvages… Quelques miettes éparpillées sur le sol autour de la table, et les voilà qui s’invitent sans façon.

 

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Facétieux, GéO se souvient alors d’un déjeuner au  mouillage devant la plage d’argent où quelques mouettes insatiables étaient venues hardiment décrocher les reliefs du poulet que nous  leur tendions à bout de doigts. L’idée lui vient de reproduire l’expérience :

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Mais celles-ci se méfient quelque peu des humains aux pieds plombés sur le sable. Elles nous redoutaient moins quand nous étions bercés sur notre embarcation soumise à la houle. Malgré sa patience proverbiale et  déjà légendée* — Rieurs attention, GéO peut-être susceptible parfois — les os des côtelettes  sont finalement déposés sur le pilier de la clôture.

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Quelques minutes  suffisent. Un, deux, puis en escadron, les volatiles marins commencent la ronde. Nous les devinons en ombres chinoises à travers la toile du parasol. Sans tarder, les mouettes piquent  effrontément sur les victuailles providentielles. Bientôt, je vais devoir déposer des munitions sur les piliers des terrasses voisines.

 

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Les plus malines ont vite compris qu’elles n’ont guère le temps de profiter de l’instant : mettre le couvert, servir posément, ces politesses ne sont pas de mise. Alors, elles se saisissent prestement du  met convoité et le déposent d’un coup d’aile sur le sable en contrebas. Quelques gouttes de mer pour assaisonner le morceau, quel délice !

 

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* S'il m'arrive d'en faire écho, je ne suis certes pas à l'origine d'une réputation familiale qui confine au mythe!!!

 

27/01/2012

Couleur hiver

Sainte Maxime sous un ciel plombé,   hier nous avons porté nos pas  jusqu’à la côte.  Rare ambiance d’hiver, un camaïeu de gris  engloutit  les reliefs du paysage, absorbe les sons, lisse la houle jusqu’à réduire la mer en un miroir statique.

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 Malgré les restaurants bondés, la ville est engourdie, figée sous l’effet d’un charme brumeux.

 

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Sur la jetée du port, les bateaux en hivernage ont laissé des trous, comme les dents de lait désertant un sourire d’enfant.

 

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Mais sous la gangue grise, il suffit de lever le nez.

 

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Au détour d’un virage, aux portes de la ville, les mimosas se parent, ils se pomponnent , prêts à déverser le soleil à pleines volées… Ils diffusent déjà  leur parfum dans l’atmosphère immobile. La profusion et la vitalité du printemps ne demandent qu’à éclater …

 

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04/06/2011

C'est l'histoire…

C'est l'histoire  est un jeu de créativité proposé dans le cadre de l' ACL.

Les lignes en vert constituent le point de départ d'une histoire. C'est  Galina qui a donc imaginé la situation que je me suis ensuite appliquée à dérouler… Lorsque nous nous sommes revues quinze jours plus tard, elle ignorait comment j'avais mené son affaire…

 

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Tempête à bord…

 

 

    C’est l’histoire de cette traversée et de son équipage sur le paquebot “Cambodge “. J’avais alors vingt-trois ans. Mes malles étaient entassées dans la cale parmi d’autres et inaccessibles. Je passais le plus clair de mon temps à visiter le paquebot avec ses couloirs, ses escaliers, ses écoutilles à n’en plus finir. Parfois même, je prenais des portes et des couloirs sans savoir où ils me mèneraient. Mais ce qui me plaisait le plus, c’était de me retrouver à la coupée du commandant.

    Là, j’observais la passerelle du paquebot s’étendant devant moi, se terminant en pointe, comme une flèche, faisant corps avec l’étendue de l’Océan.          

 

**

    Comme souvent, ce jour-là, je m’étais glissée dans la coupée, avec l’accord tacite et bienveillant des marins de quart. Depuis mon  poste d’observation, je réalisais peu à peu une certaine tension des hommes à leurs postes.

             Au loin, l’horizon s’assombrissait et devenait menaçant. Le commandant pris le message que lui tendait son personnel radio.

          - Nous allons rencontrer une tempête, assez forte, informez le personnel et l’équipage, lança-t-il.

         À peine avait-il donné ses ordres que  l’apparence des flots autour de nous s’était complètement modifiée. Du bleu profond auquel nous étions habitués, la mer avait viré au gris sombre, se creusant de plus en plus profondément, les crêtes  mouvantes et désordonnées  s’ornant de larges festons blancs.

    Semblant prendre conscience de ma présence pourtant discrète, le commandant m’ordonna de regagner les ponts inférieurs avec les autres passagers. Son ton était tellement déterminé que j’obtempérai sans répliquer.

 

    Il était d’ailleurs grand temps de se mettre à l’abri. En quittant le pont supérieur, j’eus le temps de regarder par les baies vitrées du grand salon. Je vis passer en un éclair ce que j’identifiais comme des matelas ou des couvertures de transats, que le personnel n’avait pas eu le temps de ramasser. »Profits et pertes » pensais-je en souriant. L’instant d’après, le navire plongea violemment dans un creux et je me retrouvais accroupie sur le sol, résolue à trouver rapidement un moyen de stabiliser ma posture.

 

***

 

    Nous étions assez nombreux  réunis dans le salon du pont moyen, où se déroulaient régulièrement les spectacles nocturnes proposés pour égayer les soirées à bord. À cette heure de la journée, il était habituellement désert, mais son décor cosy semblait tout à fait approprié pour éviter de penser au ciel subitement assombri, aux éclairs aveuglants qui se déchaînaient maintenant tout autour de notre paquebot. Comme moi, la plupart des passagers étaient résolus à faire confiance à notre capitaine et à l’équipage. Les histoires de croisières entendues ça et là faisaient suffisamment état de leurs expériences… Ils en avaient tous vu d’autres ! À l’abri de l’écrin aveugle que formait cette salle de spectacle, les passagers faisaient front avec patience.  La dépression semblait sérieuse et malgré sa taille respectable, notre navire était agité de soubresauts intempestifs. Le capitaine avait expliqué par l’intermédiaire du réseau de communication interne qu’il essayait de ne pas dérouter le navire mais qu’il devait manœuvrer au plus près pour prendre  les lames de trois quarts afin de maintenir la stabilité du bâtiment. Rassurés par ces commentaires, les voyageurs reclus plaisantaient,   forçant parfois la note, comme s’il s’agissait de sauver la face.    Peu à peu cependant, et malgré les collations proposées par le personnel dévoué, chacun se sentit gagner par un malaise désagréable, de plus en plus manifeste à la longue. Les conversations s’éteignirent au fil des heures.  Nous cherchions à suivre les mouvements du paquebot, persuadés qu’en acceptant  mentalement ces déplacements brutaux, nous échapperions à l’inévitable mal de mer qui s’annonçait de plus en plus dominateur… Hélas, nos efforts n’étaient pas également récompensés.

    Les haut-parleurs grésillèrent  enfin. Réconfortés, nous nous redressions déjà sur nos banquettes, quand la voix du Capitaine  requit notre attention :

    - Mesdames et Messieurs, la tempête que nous traversons actuellement risque de se prolonger toute la nuit…  Compte tenu des conditions particulières, ceux d’entre-vous qui le désirent pourront se restaurer d’un repas froid  au self- service du pont moyen, puis nous vous prions de regagner vos cabines le plus rapidement possible. En aucun cas vous n’êtes autorisés à sortir sur les ponts supérieurs. Merci de votre compréhension.

    Ce message eut pour effet d’accentuer le découragement qui guettait certains d’entre nous. Je vis en particulier le visage de ma voisine se froisser en une mimique trahissant son angoisse. En dépit de son âge mûr, elle semblait sur le point de pleurer comme une fillette éperdue.

 

****

 

    Au milieu de la déroute générale qui s’annonçait, j’entendis alors la voix claironnante de l’un des animateurs de nos soirées divertissantes… Son timbre nasillard et instable, comme s’il était en mue perpétuelle, était aisément reconnaissable. Accentuant le déséquilibre que le tangage du paquebot lui imposait, l’homme se dirigeait vers l’estrade arrondie réservée aux spectacles. Ses comparses habituels le rejoignirent à leur tour. Dans la confusion des heures précédentes, personne n’avait reconnu leurs silhouettes, mais leur intervention les sortaient de l’anonymat. L’un d’eux se mit au piano, et même si ses doigts n’attrapaient qu’une note sur trois, la mélodie endiablée qu’il semblait poursuivre dopa l’assistance. Sans réfléchir, je me mis à fredonner cette musique  qu’en temps habituel je n’apprécie qu’à dose homéopathique. Je n’étais pas la seule à réagir de cette façon. Les animateurs se mirent à frapper dans les mains, manœuvre pourtant risquée car il leur fallait surtout assurer leur position verticale ! Inévitablement, l’un d’entre eux perdit l’équilibre et se retrouva affalé devant la grand-mère prête à pleurer tout à l’heure. Ragaillardie, elle ne put s’empêcher d’éclater de rire et tenta de prêter main-forte au comédien étalé à ses pieds. Ce fut le début d’un sketch inattendu. Faisant mine d’aider son voisin, chacun endossa le rôle des dominos, et charivari du navire ou pas, voilà le salon envahi de clowns à quatre pattes, se livrant à des galipettes  involontaires ou provoquées, accompagnés d’un fond sonore délirant et tapageur.

    En quelques minutes, Angoisse et Impatience avaient cédé la place à l’hilarité et au défoulement enjoué.

     Confortés par ce succès, les animateurs enchaînèrent les numéros que  la tempête réinterprétait avec force remous. Ces saynètes déjà vues au cours des soirées précédentes paraissaient tout à coup nettement plus drôles, leur effet comique contaminant les assistants qui ne résistèrent pas tous à la tentation d’y ajouter un grain de sel de leur cru… Si bien que la salle était en effervescence depuis plus de deux heures, sans que quiconque ait prêté attention aux interventions diffusées depuis le poste de commandement.

 

     La nuit s’avançait cependant, et avec le point de l’aube, le vent perdit enfin de sa force. L’amplitude des lames s’amenuisait imperceptiblement, mais dans la salle peu s’en rendirent compte en temps réel. L’excitation générale avait permis d’occulter le désagrément des roulis et la crainte légitime devant les colères de la mer.

 

 

*****

 

     De mémoire de Capitaine, jamais une si longue traversée n’avait connu une ambiance pareille !

    Après un repos bien mérité, équipage et passagers se retrouvèrent à tous moments du périple comme les membres privilégiés d’une compagnie confraternelle. Il semblait difficile d’échapper à cette solidarité née de l’épreuve dominée ensemble.

             Alors que le début de la traversée m’avait apporté l’ivresse des espaces infinis dépourvus d’horizon, la volupté de remplir mes poumons d’air vif saturé d’embruns, d’emplir  mon esprit d’images et de sensations de liberté entre ciel et mer, voilà que le plus beau moment de ce voyage avait eu lieu dans le ventre aveugle  de ce paquebot, au même titre que mes valises entassées dans la soute. Quelle ironie !

      Au plus vif  de la tempête, le commandant et ses marins de quart, bien trop occupés à leur poste pour s’enquérir du confort des passagers, n’avaient pas eu connaissance de notre désobéissance à leur injonction de repli dans nos cabines. Ignorant la liesse qui nous avait unis, ils attribuaient cette atmosphère si  subtilement chaleureuse à notre soulagement et notre reconnaissance pour leur qualité de pilotage. Personne n’a  ensuite songé à les détromper.

    Voilà des années que j’ai accompli ce voyage qui devait changer ma vie à tout jamais… J’avais embarqué le cœur partagé entre le déchirement de quitter ce pays d’Asie qui m’avait vu grandir, et une insatiable curiosité pour l’Europe et ses promesses…

    S’il me fut donné un moyen de surmonter mon dilemme, c’est à cette tempête que je le dois. Car cette nuit-là, j’ai partagé un moment de solidarité inoubliable, et  j’ai souvent revu la petite grand-mère au bord des larmes… Car sous son regard bienveillant,   au milieu des heurts du tangage,  j’ai embrassé pour la première fois l’homme qui, bien des années plus tard, est devenu le père de mes enfants 

 

28/05/2011

Immuable ?

Près d’un an déjà  que nous n’avions pointé le museau du Leyla dans les eaux de l’anse de Taillat.
Le cap lance sa presqu’île suffisamment loin dans la mer pour nous offrir un véritable mur de retranchement, contre les vents et les  courants.
Surtout, cette muraille rocheuse abrite un échantillonnage  pertinent de la flore et la faune méditerranéennes.

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Ce jeudi, la mer parfaitement plate nous invitait au repos total…
Un calme absolu régnait sur les eaux tranquilles.
Mêmes les cigales, résidentes habituelles de la péninsule , n’étaient pas encore à poste. Les paresseuses attendent la proclamation de l’été pour  s’afficher, elles ne se fient pas aux premières sensations de chaleur estivale, ce sont des prudentes qui ne s’éveillent en quête d’épousailles qu’en accord avec leur calendrier biologique.
… Aucune stridulation pour accompagner le contrepoint du clapot contre la coque.

D’autant que nous étions à peu près seuls au monde. Dans quelques semaines, ce calme sera inconcevable, il faudra slalomer entre les embarcations de toutes tailles et de tous types,  s’accommoder des cris perçants des baigneurs excités,  s’habituer aux relents mêlés des crèmes anti UV et des pique-nique à toute heure…

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Pour l’heure, GéO et moi jouissons de notre chère solitude…
Le bateau à peine ancré, GéO a déjà piqué une tête, m’intimant de le suivre sans délai. Que nenni, vous me savez précautionneuse de ma chère petite peau… Je veux savoir à quelle sauce je risque de m’assaisonner… Ma foi à  24°, les eaux de la baignade méritent une petite visite…


Sauf qu’au moment de glisser mon corps brûlant dans l’onde fraîche et azurée du site, je remarque quelques petits corps manifestement étrangers qui flottent au gré du courant. Des morceaux sans identité précise se laissent mollement pousser vers le rivage, à deux  cents mètres de notre mouillage…
J’ai déjà un pied à l’eau mais je le remonte promptement. Et du plat-bord, je ne peux que contempler la dérive de ces déchets, écoeurée de constater qu’une fois de plus, la mer n’est pas, aux yeux de certains, la Matrice de vie. Nos contemporains lui ont définitivement dévolu la fonction de poubelle à ciel ouvert. Toute la journée, par intermittence, nous allons regarder ces déchets de caisse noire dériver mollement au gré des courants.

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Et pourtant, est-il possible et raisonnable de naviguer sans être conscient de la beauté et de la fragilité de la mer ?
Est-il possible et raisonnable de négliger l’équilibre des éléments ?
Immuables, telles nous apparaissent  chaque année nos retrouvailles avec les paysages que nous affectionnons .
Roches immuables, permanence de la mer mouvante et nourricière, régularité des mouvements de marées,  cycle éternel de l’eau…Mais pour combien de temps encore ?
Combien de générations après nous pourrons encore profiter innocemment de ça ?

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24/04/2010

La casquette du Capitaine…

fait-elle le marin ?

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La question mérite d’être posée  en considérant le choc des photos qui alimentent le petit reportage ci-dessous. Vous allez constater sans peine que nos compères ont le pied marin et l’humeur  loup de mer…

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La connaissance  du métier et la sagesse du  Seul Maître à bord descendent  sur eux par la coiffe :

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Admirez la dextérité des pilotes

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Même si Bastien préfère jouer le rôle de la vedette incognito…

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Il est clair qu’il s’applique à tenir le bon cap…

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La tournée en bateau  prend des airs de virée entre hommes, on se la joue  marin aguerri!

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04/10/2009

Voiles de Saint Tropez

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Mardi dernier, Septembre s'achevait sous la lumière translucide d'un soleil avalé par le rayonnement de la mer.
GéO avait justement décidé d'une sortie "bateau", histoire de ne pas gâcher les beaux jours dont nous avons la chance de profiter.
À peine sortis du port, nous sommes surpris par une flopée de voiles blanches qui cernent l'accès à Saint Tropez, sur le versant opposé de la baie. De loin, les triangles de nylon ainsi tendus semblent emmêlés, tandis que quelques embarcations plus imposantes croisent en tous sens. Les mouvements des bateaux sur le décor étincelant ressemblent à une chorégraphie silencieuse, malgré quelques ronronnements de moteurs, dont les nôtres. Car nous ne sommes pas les seuls  curieux à se glisser au plus près des vedettes du jours.
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Nous choisissons enfin de quitter la baie pour rejoindre notre point favori, histoire de déjeuner à l'aise après une baignade même rafraichie, quand le bang d'un canon retentit et nous constatons l'envol des voiles blanches… Comme un lâcher de colombes, les voiliers gagnent rapidement toute la largeur de la baie.
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Tandis que nous abandonnons  les voileux aux délices de la régate, nous sommes doublés par un aristocrate.
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Sous la surveillance de la sirène veillant au bon déroulement des opérations, les spis se gonflent au large.
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Une idée d'aventure et le frisson des manoeuvres obscures qui s'effectuent en une suite d'ordres mystérieux, la grâce de la glisse au gite, par les vertus inconnues de l'énergie céleste…  Un monde lumineux et silencieux, le rêve passe…

29/08/2008

Les Girelles d'Aurel

Un prodigieux souvenir du séjour d’Aurélien, et un cri de reconnaissance des belles royales, car leur intrusion dans notre monde civilisé est restée de courte durée…

Le séjour d’Aurel touchant à sa fin, GéO organise une sortie pêche, plaisir avorté la semaine précédente par un curieux mélange des genres…
Nous voici donc d’assez bonne heure à bord, météo prometteuse, vent mignard et soleil triomphant, que demander de plus ?

Ou plutôt, que demander de moins ?
Moins de houle, justement.
Car si le vent est quasi nul, en cet augustinien mardi, la Houle se sent vraiment de la partie : que nous longions les Cannebiers, ou les petites anses à haut fond qui conviennent bien habituellement à la dérive, impossible d’échapper au balancement permanent du bateau sous nos pieds. De sorte que les gestes des pêcheurs s’empêtrent dans les palangrottes, les hameçons valsent autour du fil de ligne, les hommes debout multiplient les petits pas pour rattraper la verticale qui fuit sous leurs pieds…Quelques tentatives pour conserver le bateau dans l’axe tournant du courant, rien n’y fait…

Pourtant, ça commence bien : dès le premier essai, Aurel sort de l’eau la première Girelle, robe de fête chatoyante, corail à reflets bleus et ors, la Royale est promptement installée dans le seau et nous quittons le site décidément trop dansant.

La deuxième se fait la belle, vivement, avant qu’Aurel ne lui enlève l’hameçon du bout des lèvres, elle s’est dégagée d’un ressaut vigoureux et a disparu dans les fonds trop bleus.

Quelques encablures plus loin, nous atteignons enfin l’abri de l’îlot à la sirène, pour l’occasion brise lame, garant d’une relative stabilité.
Espérant taquiner à son tour le fretin passager que signale le sonar, GéO décide de mouiller et nous tombons l’ancre sur les algues dix mètres en contrebas. C’est là que la troisième se laisse piteusement piéger par les attraits ondulant de l’appât empalé sur un crochet fatal. Quelques-unes de ses collègues étaient parvenu à brouter les redoutables dures arraisonnés aux trois pointes de la palangrotte, celle-ci, l’infortunée tête folle, s’est montrée trop gourmande et d’un magistral coup de glotte, elle a réussi à enfouir l’insolent asticot jusqu’aux tréfonds de sa gorge. Mal lui en a pris, notre valeureux pêcheur s’est armé de l’adéquat égorgeoir, et de tressautements du poisson dans sa main aux rétablissements malaisés de son équilibre, après quelques minutes de lutte,
cette fois, l’homme a vaincu !

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Score final : 2 à 1, mais les prisonnières ont recouvré la liberté du large et se serviront de leur mésaventure pour avertir leur progéniture, soyons- en sûrs…

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11/08/2008

Raie Pastenague

Ce jour de Juillet, la palanquée embarquée sur le Leyla est importante : nous sommes 9, en tout, embarqués sur le bateau de GéO, pique-nique, et matériel usuel : les flacons de protection solaire, les casquettes, les PMT* des invités, et même les croissants prévus par Gabrielle pour affronter les deux petites heures de navigation nécessaires pour atteindre notre havre.

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Le temps magnifique se prête à merveille à l’excursion. Sorti de la baie de Saint-Tropez, où il vaut mieux ne pas songer à flâner en cette période d’animation estivale, GéO a mis le cap sur Taillat, notre repaire habituel. Longeant d’abord longuement le Cap Saint-Tropez et ses mirifiques villas, puis l’interminable plage de Pampelonne aux eaux pratiquement désertes le matin, nous passons le phare de Camarat, haut perché sur son promontoire, admirant au passage quelques demeures dissimulées dans l’épaisseur de la végétation, avant d’atteindre enfin l’anse de Taillat. Abordée par l’Est la presqu’île s’avance franchement dans la mer, rattachée à la côte par un minuscule petit isthme de sable qui en constitue la plage. Les touristes courageux y accèdent à pied, les chanceux dont nous sommes accostent par mer et choisissent, selon le sens de la houle, de mouiller à l’abrupt de la falaise Est ou en contrebas du flanc Ouest, plus vert, résidence des cigales qui stridulent tant que dure le jour.

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Notre premier mouillage aurait pu être idyllique, mer turquoise et menthe à l’eau, en fonction des fonds où alternent sable, algues et rochers. Le Leyla s’approche aisément à moins de 100 m de la côte, nous avons encore 6 à 8 mètres de fond, ce qui est amplement suffisant pour la sécurité. L’eau est magnifiquement transparente, on peut suivre le cheminement serpentin des Saupes qui glissent sous nos pieds. Ce sont des poissons argentés, dont la forme s’apparente aux Sars ou aux dorades plus connues des gourmands, et qui s’en distinguent par une belle barre noire à la naissance de la queue. En revanche, je n’ai encore rencontré personne qui en vante les qualités gustatives. Ce sont des bêtes malignes qu’on n’attrape pas facilement à la ligne, comme si elles devinaient le piège tendu, alors qu’elles ne se font pas prier ordinairement pour partager les reliefs du pique-nique qui les attirent.

Mais voilà, passé le premier bain, alors que nous dressons la table pour le déjeuner, nous percevons « le malaise des sillages », maladie spécifique de la saison. La houle produite par les autres bateaux, les gros navires et les yachts de luxe qui passent au large ou les bateaux de plaisance, plus modestes qui passent trop rapidement près des côtes (nombreux sont les pilotes amateurs qui ignorent les règles de navigation limitant la vitesse des engins à moins de 300 mètres de la côte!). Ce jour-là, le vent sud-est garde les embarcations parallèles à la côte et nous prenons les vagues de sillage par le travers. De tous les aléas de la houle, celui-ci est le moins agréable, qui soulève le bateau d’abord sur un côté et le fait rouler au faîte de son ondulation pour le déposer sur l’autre flanc. La plupart de temps, ce sont d’ailleurs plusieurs vagues qui se succèdent, et ce petit manège devient vite fatigant, car les passagers sont obligés non seulement de veiller à leur propre équilibre, mais encore à l’heure du repas, l’exercice se complique puisqu’il s’agit d’éviter de laisser tomber verres, couverts, assiettes et … leurs contenus. Allez savoir pourquoi, la houle avant-arrière se contrôle mieux, la houle arrière –avant est championne pour déclencher le fameux mal de mer. Dans ce dernier cas, il n’y a plus que GéO pour conserver sourire et appétit. Ce petit cours des aléas pique-nique établi, GéO décide de nous mettre à l’abri des turpitudes sillages, d’autant que Lucas a rencontré une charmante méduse rose, une seule, mais les cloques sur son abdomen et la zébrure de sa main atténuent les envies des baigneurs. Qu’importe, j’ai la recette miracle, quelques massages des brûlures par le vinaigre, Lucas retrouve le sourire. Une demi-heure plus tard, les marques et la douleur s’estompent**.

Nous traversons donc l’anse et GéO choisit un mouillage à portée du Cap Lardier, où le bateau sera moins sensible aux fameux sillages. La table est rapidement réorganisée et nous déjeunons sans souci, sous le regard intéressé d’un grosse mouette, prête à happer sélectivement les miettes que tous s’amusent à lui lancer. Bastien se montre le plus habile, et nous établissons le menu de l’invité-surprise. Elle apprécie peu la tomate, se régale de pain, de pâté de thon, de charcuterie… Au fond, elle partage le régime GéO, plus protéines animales que fibres et sels minéraux, ce qui atteste de l’instinct de survie de notre capitaine, il peut s’adapter à la vie sauvage, je vous le dis !!!


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Vient enfin le moment de chausser les palmes !
Chacun s’équipe, les prévoyants ont emporté leur matériel, nous collectionnons dans un coffre 2 ou 3 paires de palmes, quelques masques et tubas qui ont grandement besoin de prendre l’eau de temps à autre.
Luc se mue en chef de palanquée, suivent Gabrielle et Bastien, Lucas ne tarde pas à se remettre à l’eau, prudent au début, Adrien emboîte le sillage. Pendant que nous nous équipons à notre tour, Luc signale un passage intéressant. Le message se transmet, déformé par les tubas, ce qui donne :
- Hommm, un-un ai, .ite, à ouu
La traduction active nos mises à l’eau comme il se doit !
Nous palmons avec énergie pour rejoindre le groupe formé un peu plus loin, à l’aplomb d’un espace sablonneux. Il faut quand même quelques explications et repères pour que nous distinguions enfin une forme blanche identique au décor blanc, forme dont les flancs battent comme des ailes, par un mouvement ondulant, levant une poussière de sable quand elle frôle le fond, ce qui attire le regard. Nous nous regroupons un moment pour suivre la danse, mais elle finit par se perdre et disparaît. Je suis assez contente, car c’est la première fois que je vois une raie. Luc et Gabrielle, très habitués des plongées dans les mers exotiques, ont reconnu l’espèce et la nomment. Pour eux il s’agit dune raie pastenague, et j’essaie de coincer l’information dans un petit coin de ma tête… J’essaie, comme toujours…


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Audrey est aussi satisfaite que moi de la nouveauté, nous nous réjouissons en outre de renouer avec ses petites expéditions qui ont émaillé les vacances familiales de son enfance, surtout à l’époque de Cadaquès.

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Puis la palanquée se dirige vers la côte, protégée par son abord rocheux, labyrinthe idéal pour observer les girelles, les sarans, les oursins qu’on évitera de toucher. Au retour, nouvelle entrevue avec une raie, bien repérée par Sébastien cette fois. Le spectacle s’anime car la demoiselle ondulante semble jouer avec des soles. Trois d’entre elles se positionnent en triangle comme une escorte, tandis que la raie survole une quatrième sole, la dépassant, puis lui cédant la priorité, avant de la recouvrir à nouveau de son corps, ondulant toujours avec cette grâce de Sylphide en représentation. Nous sommes sidérés par cette impression de jeu concerté. Sébastien plonge à plusieurs reprises vers le groupe, mais elles ne se laissent pas rattraper et poursuivent leur manège un poil plus loin, restant hors d’atteinte, sans fuir cependant.
Nous regagnons enfin le plat-bord et je m’empresse de raconter à GéO, resté à bord par sécurité, nos dernières découvertes. Forte de mon savoir tout neuf, j’éprouve une hésitation avant de citer le nom de notre compagne d’aventure :
- Alors, ce genre de raie, toute blanche, assez ronde, avec une queue nettement plus foncée, pas très longue, tu vois, grande comme ça…, la queue comme ça… ( précision à la mano, ça s’entend), je crois que Luc a dit que c’était une raie Pastagas
Éclat de rire généralisé !
- Ah là, tu vas te faire une réputation, on entend bien ton besoin, même si c’est un peu tôt ! Tu vis dans la région depuis trop longtemps, ça déforme ta comprenette ou ça projette tes envies…


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* PMT , jargon des habitués du sous l’eau : comprendre Palmes Masque Tuba, trio de base.
** Une véritable astuce quand on est loin des côtes et du pharmacien. Évidemment, il faut penser à mettre une petite bouteille de vinaigre dans le sac de plage, mais sur le bateau, c’est plus simple, j’en ai toujours dans l’équipet de la cuisine, et c’est vraiment efficace !
NB : ne jamais rincer une brûlure de méduse à l’eau douce, ça propage au contraire le principe urticant …
Pour les piqûres de vive, qui sont horriblement douloureuses également, on regrettera le temps des fumeurs : approcher au plus près de la plaie une source de chaleur comme une cigarette, à défaut une flamme de briquet, chauffe le venin et le contre.

*** renseignements sur Wikipédia,
http://fr.wikipedia.org/wiki/Raie

sur le danger de vouloir toucher cette faune qui n’a pas besoin de l’homme :
http://www.somednat.org/site/spip.php?article18

Pour les photos et l’exploration :
http://www.ocearium-croisic.fr/pages/3-oceans/le-tunnel/la-raie-pastenague.php

http://www.linternaute.com/mer-voile/diaporama/plongee-egypte/1.shtml