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08/09/2008

Oh les sales bêtes !!!

Ou comment vous aider à apprécier la reprise, les transports en commun, la grisaille et l’humidité, puisqu’elles envahissent nos côtes et refroidissent les ardeurs nautiques des baigneurs…

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Et côté jardin, me direz-vous ?
Des trous.
De gros trous que nous découvrons tous les matins, véritables pièges à entorse.
Quel est le Yéti qui sème ses empreintes en nos terres desséchées ?


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Bon, pour les racines de Bambou mises à nue, je ne dis rien, c'est tellement envahissant, le bambou, que l'allée est en train de sauter… Mais le réseau du goutte à goutte souffre aussi de l'opération évidemment.
Et la Sainte Patience de GéO , gravement éprouvée par la mise à sac systématique des loupiotes sensées éclairer les bordures des allées ?
Je le savais bien, que c'était une bêtise, cette petite boule noire… Mais il se montre tellement affectueux, le Joyeux Drille, avec la baballe à lancer, dix fois, cent fois, mille fois par soirée… Depuis le départ d'Aurélien, nous ne sommes plus que deux à essayer de le fatiguer un peu… Qu'il se repose un peu, nom d'un chien!

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15/07/2008

L'Homme au chapeau et à la carabine…

On dirait qu’il s’est caché sous l’ombre de l’arbre.
Ça doit faire plus d’une heure maintenant qu’il est tapi sur son vieux fauteuil, quasi immobile, le visage dissimulé sous la double pénombre du chapeau et du Mûrier.
Les jambes semi allongées devant son siège, les bras reposants sur les accoudoirs blancs qui tranchent sous le hâle prononcé de sa peau, le torse nu, luisant de sueur. Du haut de son corps, de sa tête, on ne perçoit que le tissu verdâtre du couvre-chef, posé là comme pour masquer son regard de chasseur.

John Wayne domestique, il adosse sur ce vieux siège sa silhouette massive, moins tassée par les ans que par sa volonté de marquer son ascendant sur ce bout de terre rongée de chaleur. Son immobilité dresse une barrière tacite entre les femmes qui s’agitent dans la maison et sa veille hiératique sous l’arbre unique de ce coin de jardin.
L’air s’alourdit encore à mesure que s’égrène le temps de cette matinée torride.
Quelques mouches bourdonnent autour de lui, il n’y prête aucune attention, pas même quand l’une d’elles se pose effrontément sur son coude et entreprend insolemment la descente de son avant-bras. Elle progresse vers sa main, légère, effleurante, chatouillante. Il attend la dernière limite de l’insupportable avant de lever brusquement son poignet, décollant son bras tout entier de l’engin qui barre sa poitrine ruisselante. Dans la pénombre du feuillage, éclaircie un bref instant par une brise ténue, la crosse en bois dévoile la teneur de l’objet qu’il berce ainsi silencieusement depuis si longtemps.

Calée par son genou droit et l’accoudoir du fauteuil, la carabine repose comme un enfant sur son torse, embrassée par ses mains jointes. S’est-t-il assoupi ainsi, comme une mère exténuée d’avoir bercé son bébé jusqu’à l’endormissement ? S’est-il seulement imprégné des souffles brûlants de l’été et des bruissements des insectes ? S’est-il plutôt retranché de la société des hommes et de leurs vaines occupations communes ?
L’homme est seul, immobile, silencieux, abandonné dans l’ombre feuillue à l’emprise de ses sombres desseins.
Car, si l’œil de l’observateur zoomait subrepticement sur la silhouette figée là-bas, une foule de détails à peine perceptibles trahiraient l’extrême tension du chasseur. Posté depuis le début de la matinée, il guette patiemment l’ennemi, attentif à ne pas trahir sa présence et la menace qu’il fait peser sur ceux qui nuisent à sa tranquillité.
Il s’est établi veilleur et gardien, défenseur du lieu et sa stratégie de sentinelle se fige dans l’attente de l’attaque.

Il a admis qu’il devra patienter longtemps, résister à l’impérieux besoin de se dégourdir, à la soif et à la chaleur, mais après ces dernières semaines d’attaques sournoises, de faits accomplis insidieux, de dégâts furtifs, il s’est levé déterminé à en finir une bonne fois pour toutes, quel qu’en soit le prix.
Et le voilà à son poste, sourd au chant des cigales, indifférent au léger clapotement de l’eau dans la piscine toute proche, inaccessible aux bavardages confus qui bruissent de la maison et rebelle aux appels l’invitant à se rafraîchir.

Dans cinq minutes, un quart d’heure tout au plus, il sait qu’elles reviendront, les sales bêtes, elle remonteront du haut de la colline et passeront par-dessus la cime des Rouvres, marqueront sans doute une halte dans la ramure du grand chêne blanc, derrière la haie de la piscine, puis en chœur, en duo charmeur, elles viseront leur étape suivante, l’antenne râteau qui trône encore sur le pignon, à l’aplomb de la terrasse, balançant avec mépris leur fiente dégoulinante sur le seuil de la cuisine.
Alors, et alors seulement, certain de punir les vraies coupables, il épaulera lentement son arme déjà chargée de cartouches au gros sel, il visera calmement, sûr de son bon droit, et si la chance est avec lui et ne brouille pas son regard perçant par une goutte de sueur traîtresse, il fera voler quelques plumes de leurs queues…

Les pies alarmées par cette attaque inattendue se passeront le mot, alerteront leurs escadrons multiples du danger de cette halte, et l’armée entière des dames noires s’exilera quelques jours, quelques semaines peut-être, laissant la place aux pigeons et tourterelles avides de les remplacer, jusqu’à ce que notre chasseur reprenne son poste et défende son territoire.
Dieu, que le combat de l’Homme et de la Nature est éternel!

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09/06/2008

Petit Peuple

Repliés souvent à la maison ou au bureau pour cause de pluies orageuses, nous poursuivons notre observation assidue de l’adaptation de Copain à son nouvel habitat.

Tout d’abord, à la demande de sa « mère « de naissance, nous l’avons descendu au marché mercredi dernier. Apprendre la marche en laisse à ce petit chiot d’à peine trois mois, c’est une sinécure! D’autant que ce jour-là, Saint Max s’est mis en habit d’été et les allées recèlent de très nombreux obstacles. Passants distraits par les marchandises, femmes en grande conversation stationnant au beau milieu des travées (c’est une grande spécialité ici, faire salon debout, sans entendre les « pardon » qui réclament le passage), autres chiens de compagnie, habitués du parcours mais toujours curieux de reconnaissance quand passe un museau inconnu. Notre chevrière s’est montrée émue de retrouver son « Copain » et nous avons constaté qu’il l’avait instantanément reconnue. Ils se sont fait une sacrée fête !

Zuko et Copain sont maintenant parfaitement habitués à coexister, il arrive même que le petit dorme carrément dans les pattes de l’aîné, partageant leur espace sans difficulté. Chacun d’eux a sa gamelle personnelle, une grande pour Zuko, celle de diamètre plus modeste a été dévolue à Copain. Croyez-vous que le » petit bout de zan » soit le moins du monde intimidé par la taille impressionnante de l’Ancien ? Quand je m’approche avec les restes de nos repas à répartir, Copain saute sur mes jambes, réclamant par moult bondissements et frétillements de la queue l’accès prioritaire au plat prometteur… Il me faut insister :
–Zuko d’abord, Zuko, viens …
Notre bon gros benêt, toujours tenté par ce qui s’avale, s’avance, mais à notre grand étonnement, les manifestations du désir de Copain le freinent, et il cède la place. Il me faut alors pousser carrément le petit de côté, et parfois GéO doit intervenir pour que Zuko revienne à la dégustation… Pendant ce temps, je fournis au petit fripon sa portion, avalée en plein vol, si rapidement que le vorace se retrouve le nez dans la grande gamelle alors même que Zuko y tire encore sa grande langue au nettoyage appliqué des moindres traces de sucs.

Gros-Mimi en revanche se montre d’un abord nettement plus réservé, voire encore très distant. Il nous est arrivé d’intervenir en entendant les grincements et crachotements peu amènes qu’elle profère contre l’inconscient diablotin. Un matin, nous entendons d’abord un « kaï, kaï » urgent de Copain, tandis que par la vitre de la porte de la cuisine, je vois la petite boule noire se faufiler entre Zuko et la porte, passage très étroit car le berger s’allonge habituellement sur ce seuil, au plus près du contact des maîtres. Intriguée, je m’approche, imaginant dans un premier temps que Zuko s’est défendu contre le harcèlement câlin de son compagnon. Que nenni ! À l’opposé de la terrasse, Gros-Mimi s’est dressée sur la desserte du barbecue, fixant les deux chiens sans la moindre aménité! C’est la première fois que j’observe un regard félin aussi pugnace. Elle vit plutôt placidement, indifférente à tous, sauf à son maître adoré et à Zuko, son frère de lait pratiquement, qui peut tout lui faire, en particulier de longues grosses liches sur le cul, en toute intimité et sans fausse pudeur… À cet instant, nous sommes loin de telles privautés, Gros-Mimi a arrondi son dos, gonflé ses poils déjà impressionnants au naturel, elle fixe méchamment la porte et les deux carpettes velues allongées devant. L’avertissement donné sans frais, oublieuse de sa remarquable corpulence, Mimi bondit sur le sol et entreprend une véritable marche d’assaut vers nos deux compères. Le spectacle est impressionnant : d’une patte à l’autre, le tonnelet tricolore roule à la suite de sa belle tête léonine, la queue redressée, les oreilles pointées en avant, le regard fixé tel un grappin sur la cible… Laquelle geint et contourne son protecteur au fur et à mesure de l’avancée, cherchant manifestement une voie de sortie plus sécurisante. Dans son affolement, il ne pense pas à nous derrière la vitre, mais envisage manifestement de gagner les marches et l’accès au jardin, où GéO a déjà assisté à une jolie course à l’échalote comme celle qui se prépare.
Ce qui nous sidère, c’est la stratégie manifeste des belligérants! Autant Zuko reste serein face à la charge qui se rapproche dangereusement,( il nous semble entendre le tambour rouler tandis que les zébrures du pelage ondulent vers l’objet de la vindicte), autant la « victime » s’affole et gémit, confrontée à deux nécessités urgentes : soit il s’enfonce sous les dalles de la terrasse et se cache sous le carrelage, soit il prend son envol et se propulse dans le jardin, loin des griffes et dents ennemies. Au lieu de ces miracles escomptés, ce sont les maîtres qui jouent aux dieux lares, protecteurs du plus faible et restaurateurs de la Pax Familiae. Il est temps, Copain affolé a uriné sous lui, et Zuko n’en manifeste aucune gêne. Dans l’histoire, il l’a joué neutre.


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Dimanche matin studieux au bureau, j’entreprends de remplir les papiers de suivi de ma commande Wonderkitch’ de la veille. Eh oui, comme je « travaille », il faut bien suivre le mouvement, autant m’en débarrasser le matin pour suivre allègrement une finale Nadal- Federer que j’escomptais plus combative… Installée à mon bureau, je trie et recompte chèques et bulletins de commande, quand le petit bout de museau noir se glisse entre mes jambes, tandis que mon fauteuil s’ébranle sous les efforts du coquin pour se hisser sur mes genoux. J’ai compris ce qui m’a séduit chez Copain, ce comportement complice et sans complexe, à parité avec l’humain, il appartient à l’espèce des communicants. Zuko possède aussi cet art de la conversation, de regards enamourés en liches soufflées à l’oreille, comme Vulcain et Cannelle. La plus exigeante, mais aussi la plus personnelle demeurant sans conteste Eurydice et ses causeries impossibles à interrompre, elle savait exprimer tout ce qu’elle avait sur le cœur sans nous laisser loisir de s’échapper…
Bref, voici mon Copain installé sur mes genoux et mettant son grain de sel dans mes papiers. Doux moment dont il faut profiter bien vite, car au rythme où il dévore ses portions et au vu des photos sur les sites consacrés au dogue du Tibet, ce ne sera pas jouable très longtemps…
Un dernier mot pour souligner comment l’éducation se transmet naturellement par l’imitation : Copain singe parfaitement les attitudes et postures de son aîné, et nous sommes toujours amusés de contempler les deux compagnons, Laurel et Hardy de la maisonnée, alignés dans la même attitude…
Rien ne décourageant notre curieux, par imitation sans doute, car pour l’appel de la nature, il est encore trop tôt, le voilà qui s’approche sans bruit de Gros-Mimi abandonnée sur la terrasse, et se met à lui appliquer le traitement de faveur emprunté à Zuko : profitant de la queue en panache de notre demoiselle, il entreprend ce que nous appellerons donc un nettoyage du fumet… La belle, habituée, se laisse faire, détendue, profitant de l’instant, …Jusqu’au moment où elle tourne la tête pour remercier son bienfaiteur. La réponse est rapide, instinctive : sa patte se détend et le polisson penaud se rétracte, non sans gémir sous l’effet du piquant de la griffe… Qui s’y frotte s’y pique, il n’est pas si aisé de s’installer en vainqueur dans le cœur de Gros-Mimi !


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http://wwwtibetanmastiff.fr/
http://site.voilà.fr/sectiondoguestibet/

http://wwwdokhyi.be

30/05/2008

Speedy (dé)confiture.…

Cette semaine, j’ai donc tenu ma première réunion pour Wonderkitch’ en solo !

Voilà un bon moment que je préparais mentalement ce passage à l’acte et m’impatientais de le VIVRE, exactement comme dans ma vie précédente j’anticipais dès le 20 août, nuits et jours, les rentrées scolaires et le moment où je me tiendrai au milieu du nouveau groupe d’élèves le matin de la rentrée. …
Ma nouvelle rentrée a eu lieu ce dernier mercredi de Mai, au milieu d’un groupe d’ « instit’ » justement, clin d’œil malicieux du cours des choses, qui montre une fois encore comment se créent des ponts reliant une page à l’autre de notre vie.

Évidemment, tout pont s’érige sur une structure, et le pilier qui tient la construction, c’est l’Amitié, qui porte aujourd’hui le prénom de Marie-b, amitié en sauts de puce d’une page de vie à une autre, d’épisodes en chapitres clos, nous nous sommes retrouvées l’année dernière à plus de huit cents kilomètres de notre point de départ. Je vous parlais de pont, celui-ci ressemble à un viaduc traversant la géographie physique et sentimentale de nos existences.

Me voici donc à Hyères, dans un quartier tranquille de la ville, accueillie à bras ouverts par la maîtresse de maison, organisatrice de la réunion par amitié pour sa collègue, qui le lui a demandé par amitié pour moi… Les piles du pont, les jambages à l’infini que nos petits dessinent…

J’ai préparé pour cet atelier deux recettes à réaliser ensemble afin de permettre à l’assistance de manipuler les ustensiles, en pensant au matériel intéressant à acheter pour mes clientes potentielles, aux recettes faciles et rapides pour femmes actives, aux outils fonctionnels et séduisants… Parmi ceux-ci, un mixer mécanique , baptisé Speedy par la multinationale, tient habituellement ses promesses de rapidité et de fiabilité… J’ai monté moi-même plusieurs crèmes chantilly à la maison en un tour de main, grâce à l’engin, d’un usage simplissime. Je suis donc certaine de mon effet, dans le déroulé de ma leçon, c’est le passage le plus probant et, sans aucun doute, petite Perrette débutante, je me réjouis à l’avance du régal offert à mon public, je prévois les conséquences concrètes de la dégustation sur les ventes…

Las, comme Perrette justement, c’est bien dans ma certitude sereine que se niche le caillou qui fait trébucher !
Ce jour-là, il règne sur toute la région un ciel orageux, bas, chaud, humide. La maîtresse de maison nous a installées sur la terrasse qui jouxte la cuisine. Par commodité, elle a sorti tous les ingrédients requis pour la recette du moelleux au chocolat, y compris la crème fleurette entière, à réserver pour la seconde phase de l’opération dégustation, dès que le gâteau sera cuit dans le four à micro-onde. J’ai bien repéré au cours de la démonstration ce petit pot suant sur la table, et tout en poursuivant la conversation, je me suis glissée dans la pièce attenante pour le remiser dans le réfrigérateur. Mais de fait, la cuisson du biscuit ne demandant que six minutes, nous passons rapidement à la phase sauce Chantilly …Et le flacon de fleurette est ressorti aussitôt…
Plusieurs convives se portent volontaires pour exécuter les rotations de la manivelle sur le fameux speedy, j’ai prévenu qu’une soixantaine de tours suffisait pour obtenir une crème fouettée ferme et aérée . Nous comptons allègrement la minute d’efforts accomplis, mais en soulevant le couvercle, les mines gourmandes se mâtinent de déception : la crème est encore liquide, onctueuse concédons-nous, mais son ruissellement sur les pales interdit de la considérer comme Vraie Chantilly.

Il en faut plus que ça pour désorienter des enseignantes, habituées à considérer que l’échec nourrit l’apprentissage ! Une seconde volontaire prend le relais sans plus de succès. Nous élaborons alors une stratégie de recherche, retenant l’hypothèse que le climat orageux et la chaleur lourde ont modifié la réaction des produits. Une première fois, nous introduisons le bol du Speedy dans le congélateur, cinq minutes, le temps de s’extasier sur le moule en silicone qui permet un démoulage parfait à chaud, sans usage de matières grasses : ah, la bonne conscience des gourmandes !
Le délai de congélation se révèle insuffisant pour rattraper la consistance désirée, malgré le redoublement d’énergie sur la manivelle, que je reprends à mon tour, après notre hôtesse… Cette fois, le chœur des profs décide une sanction de quinze minutes, que nous mettons à profit pour éplucher les légumes destinés à l’estouffade de concombre aux crevettes… Hum, à l’énoncé de la recette, notre imagination titillent nos papilles… Françoise, une des assistantes, manifestement connaisseuse et fan des produits Wonderkitch’, entonne la démonstration des qualités de la cocotte, du coupant inaltérable des couteaux, de l’efficacité du tranchoir à légumes… Je me reposerais presque, si mon petit ego ne se tourmentait du coulant de la sauce blanche !
Les légumes enfournés dans la cocotte-miracle, nous nous résignons à déguster notre excellent moelleux au chocolat sous son lit de crème couvrante…
C’est savoureux, délicieux, onctueux, crémeux, mais pas moussant, pas aérien, alors que nos palais étaient en droit d’accéder à la sensation du moelleux de la pâte fondant dans le nuage délicat de la crème, les deux matières s’enchevêtrant sous la pression combinée de la langue et du palais.
Me voilà fort déconfite, malgré l’intérêt que mes compagnes accordent aux catalogues et aux différents ustensiles que j’ai exposés dans le séjour.… L’après-midi tire à sa fin, chacune a fait son profit de l’expérience, j’empoche mes commandes, grandement satisfaite du succès de l’entreprise et de l’émulation dynamique dont je me suis abreuvée, mais derrière l’euphorie de la performance persiste la vision d’un nuage floconneux s’écrasant mollement dans l’assiette, dégoulinant sans la moindre élégance sur ma renommée culinaire à peine constituée…

13/03/2008

À cause d'un rêve

D’un geste sec, elle resserre la ceinture nouée de son imperméable, et reprend sa marche nerveuse dans le hall du terminal de Roissy.
Bien malgré elle, son regard cherche la pendule qui égrène les minutes avec une lenteur exaspérante. Devant la porte 32, elle attend l’heure d’embarquer comme un naufragé regarde flotter vers lui le radeau qui lui permettra de survivre…Plus qu’une grosse demi-heure avant de franchir cette porte de verre et ce sera définitif, irréversible… Enfin, elle veut le croire, et ne pense à rien d’autre.

Surtout pas aux jumelles qui ont DST de maths ce matin. Surtout pas à Loïc pour lequel elle n’a pas annulé le rendez-vous chez le dentiste pour demain. Elle ne sera pas là pour l’accompagner, mais…Ils se débrouilleront, ne pas y penser, ne pas envisager à leur place les solutions qu’ils auront à trouver. Ne plus laisser advenir ces pensées parasites qui ont gâché son rêve et sa vie. Sortir de son somnambulisme maternel, de cette vie formatée qui n’était pas destinée à être la sienne. Ne pas penser non plus à la réaction de Gautier quand il trouvera sa lettre, scotchée au miroir de leur salle de bain, derrière son verre à dents, pour qu’il soit bien le premier et le seul à lire son billet d’adieu. Elle n’a trouvé que cette idée pour éviter que les enfants découvrent avant leur père qu’elle les quitte…

Plus que vingt minutes… Ce n’est plus le moment de revenir sur le bilan, de peser encore tout ce qu’elle a fait pour eux, depuis tant d’années… Vingt ou quinze ans, ça dépend du point de départ qu’on se donne… Les années vécues avec ce qu’elle croyait être Son Bonheur, la rencontre de Gautier, leurs années amoureuses et insouciantes, l’annonce de la naissance des jumelles, Isabelle et Annabelle, l’épuisement des nuits écourtées par l’asthme d’Annabelle, les mercredis de courses entre kiné et cours de danse pour les petites fées de la maison, et, six ans plus tard, cette nouvelle grossesse involontaire qui a abouti à l’arrivée de Loïc, quand il a fallu recommencer à pouponner. Sur le moment, et pour être franche, jusqu’à ces trois derniers mois, jamais elle n’a trouvé que c’était trop… Fatigant, mais « je les aime tellement, ça me donne des ailes… ». Angoissant parfois, quand Annabelle cherchait sa respiration, des heures durant, elle la veillait, essuyant son front et chantonnant doucement à son oreille, pour la rassurer, lui montrer qu’elle accompagnait sa détresse respiratoire, jusqu’au moment où le médicament dégageait enfin les bronches congestionnées. Alors, son expression favorite quand on flattait sa constance au chevet de sa fille : « devant la maladie, il n’y a rien d’impossible, je me battrai jusqu’au bout pour la tirer de là ». Elle se sentait alors héroïque, et sincère…

Mais voilà, cette vie merveilleuse et accomplie, c’est comme une parenthèse dans son destin. Elle en a pris conscience brusquement, il y a trois mois, quand le Hasard lui a joué un de ces curieux tours qu’on ne comprend que lorsqu’il vous arrive à vous. Ce soir de novembre dernier donc, elle allait quitter la banque, quand elle a croisé le regard d’un client qui sortait du bureau de sa collègue Paula. Une brusque plongée en arrière, ce regard unique a fauché vingt ans de sa vie.
- Julien ?
- Ça alors, Fanny, que fais-tu là ?
- Tu vois, je sors de mon bureau…
- Tu travailles dans une banque, à présent ?

Pas moyen de se quitter si bêtement après ces retrouvailles improbables… Deux coups de fil pour différer son retour à la maison, l’un aux filles pour qu’elles s’occupent de Loïc, l’autre à Gautier pour lui expliquer qu’elle ne pouvait pas rentrer tout de suite, « je t’expliquerai en rentrant, tu verras, c’est une histoire inouïe… » Gautier s’était montré compréhensif, normal, dans un couple harmonieux, on se fait confiance, « je dînerai avec les enfants, amuse-toi bien. »
En fait, ce dîner n’avait pas été amusant. Beaucoup trop d’émotions et de nouvelles à digérer, à échanger, à rattraper.

Depuis leurs treize ans, Julien et Fanny, c’était l’histoire du groupe. Les inséparables, jusqu’à l’année du bac. Oh pas du tout un de ces épisodes d’amours adolescentes où on se la joue « pour toujours », embrassades mièvres et sexualité gauche… Julien et Fanny, c’était au-dessus de ces niaiseries, eux ils étaient frère et sœur, liés par la compréhension fusionnelle de leur vie et une pré science de leur destinée exceptionnelle, unique.… Ils pouvaient passer des soirées à l’écart du groupe, à programmer leur départ pour la Mongolie ou la remontée aux sources du Nil, comme Rimbaud, en moins maudits et plus utiles à la société, qui ne pourrait que les aduler et honorer leur courage… Et puis trois semaines avant le bac, le père de Julien était mort brutalement d’un infarctus, Julien avait passé les épreuves dans un brouillard mental qui l’isolait du reste du monde, et Fanny avait perdu sa place dans l’équipage. Julien était parti chez son frère à Grenoble pour l’été, il y était resté, avait fini par écrire de moins en moins, ne plus téléphoner du tout, et pour finir, Fanny s’était aperçu qu’entre-temps, elle avait platement obtenu son BTS de gestion, trouvé son poste à la banque, rencontré un Benoît qui avait duré deux ans, et Gautier s’était présenté, beau, brillant, battant, prêt pour l’enlever dans une spirale d’Amour …

Chavirée d’émotion, Fanny avale son troisième cocktails maison, dévorant des yeux Julien. Lui raconte bien ce qui lui est advenu : à Grenoble, il tournait en rond en suivant son cursus d’informaticien. Il ne voyait pas où ça le menait, et puis « je m’en fichais en peu, j’avais l’impression que ça ne m’apportait vraiment rien et je n’arrivais pas à m’imaginer en train de travailler. Ça mettait Éric en pétard, tu te souviens de mon frère ? Alors on s’engueulait régulièrement, même sa femme en avait marre… Un beau jour, je tombe sur un type qui partait en stage dans une ferme en Argentine. Je ne sais pas pourquoi, je l’ai suivi, comme ça sans réfléchir, j’avais un peu d’argent que maman m’avait donné sur l’assurance vie de Papa, j’ai cassé mon compte et j’ai pris mon billet d’avion… Les choses se sont enchaînées facilement : la ferme se situe à six cents kilomètres de Buenos- Aires, quand ils m’ont vu arriver, ma tête leur a plu, je ne sais pas, ils m’ont accepté, j’ai bossé là-bas, dur quand même, tu sais, fourche en main, j’ai appris à monter à cheval, au début, dur dur, jusqu’à huit heures en selle, j’étais fourbu, mort et brûlé dans l’entrejambe, je t’épargne les détails, mais c’était physique ! Tu te souviens, mon espagnol n’était pas des plus brillant, mais ça s’est vite arrangé… Et puis « le français » comme il m’appelle, s’est montré débrouillard, j’ai copiné avec un des fils du patron, ils m’ont envoyé en mission avec lui, parce que mon anglais était meilleur que le sien pour surveiller l’embarquement des containers de viande et voilà ce que je suis devenu, marchand de bidoche, j’en envoie partout, surtout en Europe, en Angleterre, notre plus gros client. Mais l’histoire de la vache folle passée, on recommence à traiter avec la France… C’est pour ça que j’étais à la banque, tout à l’heure…"

La soirée s’était déroulée comme un rêve, dans ce mélange touffu de récits entremêlés. Fanny serait bien incapable de décrire leur menu au restaurant, mais une remarque de Julien l’a brûlée au fer rouge et cette petite phrase, même pas méchante, n’a cessé de la tarauder jusqu’à ce qu’elle prenne sa décision… Comme il lui avait demandé d’un ton gourmand, : « alors, raconte-moi ce qui te rend le plus heureuse dans ta vie », elle avait commencé sa réponse en parlant des trois enfants, cherchant à formuler en conclusion une image concise et simple de cette harmonie familiale qu’elle tenait à bout de bras. Et Julien l’avait doucement interrompu avant qu’elle puisse achever son exposé d’une remarque prononcée si doucement, soulignée par son ineffable regard suave:
- Mais Fanny, je te demande de parler de Ton Bonheur, et tu me rends compte des notes de tes gosses au collège…
Sur le moment, Fanny avait rétorqué en riant :
- Si ça t’étonne, c’est que tu n’as pas d’enfant, autrement, tu saurais à quel point leur avenir prend la tête…


La soirée passée, impossible d’oublier ce qu’elle avait ressenti. Pas de désir amoureux pour Julien, qui s’était d’ailleurs bien empâté, n’était son regard noisette si doux, chaud, lumineux. Elle n’avait éprouvé aucune ambiguïté à raconter à Gautier la teneur de cette rencontre, et celui-ci avait proposé d’inviter Julien le samedi suivant. Malheureusement, le voyageur était prisonnier des rendez-vous fixés bien à l’avance et avait promis de les contacter quand il organiserait sa prochaine tournée européenne, dans six mois ou l’année prochaine au plus tard. La vie avait repris son cours habituel, apparemment.
C’est alors que ça avait commencé. Toutes les nuits, elle devait s’affronter à des rêves difficiles à décrypter, angoissants et délétères : elle était dans une grotte profonde et cherchait à sortir pour retrouver la lumière et le soleil, mais plus elle avançait, plus l’orifice de la grotte s’éloignait, ou rétrécissait au bout d’un tunnel interminable. Ou bien une rangée drue de stalagmites faisait écran entre elle et le soleil, et malgré ses efforts, elle ne parvenait pas à écarter les soldats de glace qui la tenaient prisonnière en deçà des rayons du soleil… Nuit après nuit, les mêmes scènes se reproduisaient sans qu’elle parvienne à surmonter l’épreuve et Fanny s’épuisait dans ces combats nocturnes. Au point de redouter le moment de se coucher, comme une enfant.
Jusqu’au jour où la Vérité avait éclaté, dans sa vie éveillée. Elle avait honte de ce qu’elle avait montré à Julien, de sa vie normalisée et banale, routinière, à l’opposé de tous leurs rêves, alors que lui, son alter ego, vivait une vie plus aventureuse, plus conforme aux lambeaux de leur rêve. Elle avait l’impression de l’avoir trahi, de s’être trahie elle-même. Elle avait beau se raisonner, se répéter que sa vie à elle était riche de tendresses et qu’elle était un pilier solide, que Gautier ne l’avait pas déçue, qu’il assumait son rôle de père avec humour et fermeté quand il le fallait, certes, ce n’était plus l’amant des premiers temps, mais la faute à qui ? Quand ils seraient seuls à nouveau, dans quelques années…
Mais comment penser à cette perspective : dans quelques années ? « C’est ta vie à toi qui fout le camp, tu as quarante-deux ans, et tu n’as rien fait pour TOI, depuis plus de vingt ans, tu réalises ? Tu as bien vu les yeux de Julien, il était déçu de toi…" Et la petite phrase tourne dans sa tête, tourne et tourne…

Vancouver… Dans Vancouver, il y a vent, et la mer.
C’est loin d’ici, et loin de l’Argentine.
Elle ne sait pas trop ce qu’elle va y faire, mais elle a cliqué sur le bouton et acheté son billet. Pour Vancouver, Canada. Après on verra. Julien l’a bien fait. On verra.
L’avion part en fin de matinée, c’est parfait, les enfants seront en cours, Gautier en pleine réunion, personne ne s’inquiétera d’elle, au bureau, elle a prévenu que Loïc avait une crise d’appendicite, « on l’opère dans la journée, je prends trois jours »… Après on verra, d’ailleurs y aura t il un après ?

L’appel grésille dans l’interphone pour la troisième fois. L’hôtesse derrière son guichet la regarde intensément… Elle est à trois pas de la porte, les autres passagers se sont présentés dans le hall et sont passés en file indienne derrière la porte d’embarquement, on ne distingue plus que le dos large d’un quinquagénaire presque obèse qui s’est engagé dans le tunnel d’accès à l’appareil. L’hôtesse tend le bras vers elle, sourire commercial affiché, « elle doit croire que j’ai peur »… Ne pas regarder la photo de famille cachée dans son portefeuille. Il sera temps de la sortir, de pleurer ou de la déchirer quand elle sera bouclée sur son fauteuil . Ses pieds pèsent des tonnes, elle est en sueur, mais elle s’arrache à elle-même, un pas, puis deux et elle franchit enfin la porte de verre, présente son billet … C’est trop tard pour les regrets.

06/03/2008

Le Mieux est l'ennemi du Bien

Surprise du jour, c’est pas raté !!!

Par cet hiver si doux, voilà un bon moment que les arbres fruitiers sont en fleurs dans notre belle vallée… Nous avons même dégusté les premières asperges produites par notre maraîcher local la semaine dernière. Le retour d’un froid relatif nous vaut bien l’inconvénient de ressortir les pulls, pas encore rangés au fond de l'armoire. Rien d’affolant en ce début Mars, néanmoins, certains producteurs de fruits ont manifestement redouté le regain des gelées matinales sur leur verger.

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Peut-être savez-vous qu’il existe un dispositif assez simple pour protéger les arbres en pleine floraison quand s’annonce un épisode glacial. Il consiste en une pulvérisation d’eau au moment du petit jour, l’écoulement continu du jet évitant la prise instantanée du gel sur les pétales, ou pire, sur les fruits en formation.

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Au réveil ce matin, la température sur la fenêtre de la cuisine avoisinait les 4°, ce qui représente un petit zéro au milieu du jardin. Nous sommes descendus un peu plus tard en ville, et la température extérieure affichée par l’ordinateur de bord s’élevait déjà à 6 °. Encore frisquet en milieu de matinée, mais le soleil voilé promettait de doubler la mise d’ici deux heures. Nous abordons donc la départementale qui mène au centre ville, quand mon regard se fige sur l’aspect spectral du verger que longe notre route. Le temps que j’interpelle mon chauffeur pour signaler cette étrangeté, nous étions passés. GéO, vous le savez, n’est jamais en retard pour s’informer et nous rebroussons chemin au premier rond-point, pour constater que je ne me suis pas trompée : une gangue de glace a saisi les branches des arbres au milieu du verger, formant des stalactites impressionnantes et destructrices…

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Vous pouvez le constater, les dégâts sont considérables, les branches cassées nombreuses, et comme je n’ai pris les photos qu’après notre retour, vers midi, entre-temps la température ambiante avait atteint alors les 10 ° et la fonte des glaçons était avancée. L’effet général est donc atténué, mais sans doute serez-vous comme nous atterrés pour ce malheureux arboriculteur, qui n’imaginait pas à quel point son dispositif déclencherait la catastrophe. Inutile de préciser que partout ailleurs, les arbres ont bonne mine et ont résisté sans difficulté au friselis du gel matinal.

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Eh oui, le progrès est parfois bien …redoutable, le Mieux est l’ennemi du Bien, merci à ma grand-mère de m’avoir enseigné ce début de sagesse…

04/03/2008

Alerte aux processionnaires !

Avec la douceur de ce début Mars, nos activités horticoles se réactivent. GéO a entrepris d’améliorer encore son chauffage de piscine, je reviendrai ailleurs sur ses astuces et leur mise en place.
Ce matin, il entrouvre brusquement la porte du bureau où j’essaie de mettre un peu d’ordre, et m’enjoint de descendre séance tenante :
- Lâche tout de suite ce que tu fais et suis-moi !
Faute d’explications complémentaires, je quitte derechef la pièce et suis mon guide, du rythme alerte et militaire qu’il m’impose, jusqu’au bord de la piscine. GéO stoppe d’un signe du bras notre avancée, et notre petit escadron tombe en arrêt sur un mince ruban ondulant sur le pavement. Issu de la plate-bande gazonnée qui borde la piscine, celui-ci se dirige manifestement vers la bâche bleue qui recouvre le bassin durant la morte-saison.

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En remontant la bande sinueuse vers sa source, nous découvrons au milieu de l’herbe maigre un amas grouillant tout à fait répugnant, réel danger mortel pour notre petit peuple. L’année dernière, la petite chienne de nos voisins a été sauvée de justesse par Lydie, la véto de St Max. Bambou n’avait pu résister à la tentation de jouer avec le serpent ondoyant qui traversait le terrain et fort heureusement Marie-Ange s’était immédiatement alerté en l’entendant gémir, bavant de la mousse. Depuis, nous y sommes attentifs et la première réaction de GéO a été d’enfermer Zuko sur la terrasse, afin de lui éviter pareille mésaventure.

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Comme on peut l’observer sur les photos, la chaîne produite par les processionnaires est exemplaire : elles se tiennent l’une à l’autre en alignement régulier et parfait, comme les maillons d’un collier, par un mince fil de soie qui les maintient en contact. Pour en savoir davantage sur les mœurs de ces redoutables visiteuses, et apprendre à s’en défendre, je vous convie à vous connecter sur le lien ci-après, qui me semble très clair et précis.
http://jpgallou.free.fr/chenilles.html.
JP Gallou recommande de détruire les œufs dès la ponte en fin d’été, ou les larves tant qu’elles colonisent les branches basses des pins qui les hébergent, ce qui est possible donc plus tôt en saison. À Saint Gilles la semaine dernière, nous avons trouvé un de ces nids sur la branche basse d’un petit pin, et Daniel, se munissant de pinces métalliques, a pu déloger le nid et le détruire dans la foulée. Ce matin, il n’est plus temps manifestement, et notre surprise n’est pas tant de contempler la colonne que de constater comment elles émergent de leur nid souterrain. Il faut porter un regard attentif sur le pourtour du monceau principal pour distinguer « l’accouchement » des chenilles, qui se créent chacune leur propre trou d’émergement. Comment s’est constitué le premier regroupement de centaines d’individus tel qu’il apparaît sur la photo, je ne sais pas. Mais je suis fascinée par le frémissement de la surface de terre, prélude à la sortie d’insectes beiges minuscules, ailés me semble-t-il et munis de pattes, qui se faufilent rapidement au milieu des brins de végétation, laissant surgir à leur place la chenille, en position verticale, qui s’extirpe en quelques convulsions, d'où me vient l'image d’accouchement . Une fois que l’insecte s'est hissé hors de son trou, impossible de distinguer l’orifice de sortie ! Voilà ce qui m’ébahit le plus, cette émergence ex-nihilo, disparition totale des traces. Si vous n’êtes pas miraculeusement présent au bon moment, rien ne pourra vous laisser deviner leur présence ; D’ailleurs, depuis combien de temps habitent-elles au bord de la piscine, elles aussi ? Si j’en crois JP Gallou, ce pourrait être un cas de colonisation clandestine à longue durée, et de penser que nous avons marché pieds nus sur ce gazon hirsute pendant tout l’été puis l’automne, alors qu’elles étaient peut-être tapies juste en dessous me fait frémir !

Impossible de laisser ces bestioles poursuivre leur chemin, quel que soit leur but, et les pulsions qui guident leur errance. Notre ami Hans a été l’an passé victime de leur pouvoir urticant, faute d’avoir porté des gants de jardin au moment du nettoyage de printemps. Il a souffert de démangeaisons et de brûlures conjonctives pendant plusieurs semaines, nous ne prendrons pas ce genre de risques. Comme GéO l’a déjà imaginée, notre solution passe par le feu. Impressionnant et barbare, mais efficace.
Au garage, GéO remplit une bouteille d’alcool, munie d’un bec de sa fabrication. Je confectionne une torche dans une feuille de papier journal, et nous nous préparons à allumer ce mini- bûcher expiateur. Sur le pavement autour de la piscine, la colonne s’enflamme très rapidement, et nous assistons, peu fiers, à l’agonie de nos ennemies qui se tortillent lamentablement sous l’effet des flammes. Implacable, GéO arrose le gros nœud qui continue de grossir de minute en minute : il y a là-dedans plus d’une centaine de ces chenilles qui, dans une immense cohue, s’apprêtent à rejoindre leurs congénères.

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Bourreaux méticuleux, nous entreprenons de ratisser et balayer le carnage, et c’est alors que nous constatons la poursuite de l’invasion. À mesure que nous nettoyons l’herbe de ces cadavres, les frémissements annonciateurs de nouvelles « naissances » reprennent et sur un périmètre élargi, les sentinelles émergent, ouvrant la voie à de nouvelles créatures boudinées dans leur robe larvaire. À cet instant, dans ce jardin méditerranéen à peine éveillé de son assoupissement hivernal, naît un sentiment complètement dissonant, une sorte de vécu « gore », l’attaque des processionnaires contre le monde résolument civilisé et policé de vos amis GéOde. Serons-nous vainqueurs des affreuses intruses ? Pour mettre fin à cet insoutenable suspens, rendez-vous dans les prochaines rubriques jardinages…

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14/02/2008

Vive le monde moderne !!!

Depuis hier, nous avons adopté un petit dernier…Enfin, dernier, on ne sait jamais, mais petit, il l’est. De ce fait, nous l’avons baptisé Petit Tom, normal non ? Pour simplifier dans l’intimité du foyer, nous l’appellerons Tom Tom.

Certains reconnaîtront que GéO a de la chance. Sa gracieuse Valentine (sourire en coin interdit !) lui a fait sa fête et son anniversaire, une pierre deux coups, car il fallait bien fêter dignement son entrée dans la dernière année de la sixième décennie ! Et oui, tout arrive…

Nous sommes allés quérir notre petit trésor dans sa crèche spécialisée, au milieu du dédale d’une extravagante cité dédiée au commerce, et une fois découvert le Tom de notre choix, nous l’avons emporté fiévreusement, trop pressés de faire connaissance, nous n’avons attendu ni le 14 ni le 17 de ce beau mois de février !

À peine réfugiés dans la voiture, il nous faut procéder à la réanimation de Tom sur l’allume-cigare… 3 à 4 essais sont nécessaires pour qu’un souffle de vie éclaire sa face d’un sourire de bienvenue. Nous nous empressons de lui signifier que nous sommes ses nouveaux parents et lui indiquons l’adresse de son foyer adoptif, ce qui donne lieu à quelques malentendus, problème générationnel sans doute. Comme je veux saisir « Allée Alphonse Daudet », voilà Tom qui caprice et insiste pour nous installer plutôt Allée des Aubépines à Pourcieux ! Certes, l’adresse est bucolique, je préfère cependant conserver notre écrivain épistolier, alors j’insiste et GéO s’inquiète :
- Attention, n’appuie pas trop fort sur l’écran…
De fait, nous sommes épatés par la quantité de données intégrées dans la mémoire de l’appareil. À partir du code postal, il a prédéfini tous les noms de rues commençant par A, et le seul hic repose sur l’attribution d’un même code regroupant plusieurs localités…
Poursuivant l’apprivoisement de notre nouvel ami, nous décidons de lui manifester notre confiance immédiate, et le prions de bien vouloir nous indiquer le chemin le plus rapide pour regagner nos pénates. Tom nous propose immédiatement quatre options, du plus rapide au moins coûteux, il démontre ainsi à quel point il est soucieux de nous plaire, de « nous arranger » comme on dit ici. Il apprécie les distances avant chaque changement de repères, prévient des courbes à venir, évalue le temps nécessaire avant de sortir la clef de ma poche, enregistre la vitesse à laquelle nous nous déplaçons en regard de celle qui est autorisée !
Devant tant de compétences, GéO ne peut résister et décide de mettre son savoir-faire en défaut. Malicieusement, il quitte l’autoroute pour s’engager sur la N 6 par Bouc-Bel-Air, puis bifurque encore vers Gardanne. Sur l’écran, la flèche bleue qui représente notre situation glisse instantanément de la grosse ligne rouge vers la petite courbe jaune et 2 secondes plus tard, Tom affiche à nouveau les paramètres qu’il veut bien porter à notre connaissance… Nous avons repéré qu’à tous moments, il est possible de lui demander où se trouve la prochaine station de carburants, le dentiste du coin, ou l’hôtel… Les indications inscrites à l’écran sont relayées par la douce voix d’une Juliette que nous avons choisie avant notre départ. Il s’agissait alors de trancher entre les mélodieux conseils diffusés par la voix franche de Jacques, ou le son cristallin émis par Catherine. Mais décidément, c’est Juliette qui lit les noms de rues avec le plus de clarté et GéO a tranché. Donc, Juliette intervient régulièrement, et prévient :
- Dans 500m, tournez à gauche.
GéO n’en fait rien et poursuit la même trajectoire, droit vers Trets…
Derechef, Tom modifie les indications visuelles, pendant que Juliette émet :
- Faites demi-tour dès que possible, puis tournez à droite…
Peine perdue, GéO a décidé de poursuivre sur la même trajectoire.
Imperturbable, Tom continue de dessiner notre chemin, mais Juliette nous boude quelque temps. Ce petit test prend fin dès que nous récupérons la N 7 après Trets. Entre-temps, GéO a testé une nouvelle fonction. Sur la portion de route qui, de la sortie de Trets permet de regagner la N 7, dénommée par Tom « route sans nom », GéO profite de la bonne visibilité pour pousser un peu la vitesse. Jusqu’à 94 Km/h, Tom est consentant, mais à partir de 95, il s’allume en rouge et émet un ding dong assez ferme que nous traduisons par « Fais gaffe ! »
Dernier test consacré à la découverte de notre compagnon : Le RADAR !
Tom ne nous a pas déçus, il a détecté sans faiblesse le piège et a produit un nouveau buzz d’alerte tout à fait identifiable. GéO semble ravi et votre servante itou.

Nous voici donc rentrés en bon ordre, contents de notre acquisition, quand mon portable sonne. C’est l’heure de Nouchette. Eh oui, elle est bien à l’autre bout des ondes, mais cette fois, elle nous soumet une situation qui illustre encore notre propos.
- Allo, maman, ça va moyen, moyen. Je suis à Helsinki et j’ai perdu ma carte bancaire.…
Effectivement, on connaît situation plus sereine …
- En fait, c'est un peu plus compliqué, je ne rentre pas tout de suite, je suis à l’aéroport en partance pour Riga…
En effet, pas super la perspective : ma fille chérie seule dans un aéroport perdu à la limite des glaces polaires, à dix minutes d’embarquer pour la Lettonie, pays charmant c’est sûr, sur les cartes postales, c’est comme si elle m’annonçait qu’elle dérive sur la banquise ! Alors sans argent…
- Arrête le film, Maman, Harrison Ford n’est pas disponible, tu peux me rendre service…
- Tout ce que tu veux, ma chérie…
La solution imaginée par Nouchette témoigne encore des merveilles du monde moderne : en un clic ou deux, depuis mon bureau, en pleine soirée, je peux adresser à Riga, au bureau de Western Union, les euros nécessaires et suffisants pour permettre à Nouchette de régler son hôtel et les taxis jusqu’à son retour Vendredi soir. Formidable ! Nous voici attelées à la connexion, moi au clavier, elle arpentant le hall sonore du bout du monde, toutes deux greffées à nos portables quand, sur le point de confirmer le transfert des espèces, j’entends :
- Oh miracle, je l’ai !
- Tu as quoi ?
- Ma carte, bien sûr, elle est là, dans la doublure de mon sac !
Le progrès est formidable, je le répète tous les jours, mais ma fille l’est bien davantage…