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07/04/2009

Rencontre



Dans notre vaste monde, il est des rencontres qui ressemblent à des petits clins d'yeux lancés de là-haut. Il  ne faut  pas omettre de  les considérer comme autant de cadeaux éphémères et hasardeux... En voici un petit exemple, bijou enchâssé sur la monture d'une agréable journée ensoleillée.

Samedi dernier, nous sommes allés accompagner Simone à la découverte du lieu de vacances obligées pour sa chatte vieillissante,   Chimène.
La compagne de mon amie subit les vilenies de sa maladie et devient aveugle.
Évidemment, il existe un traitement pour aider Chimène, sinon à recouvrer la vue, du moins à atténuer cette évolution angoissante.  En constatant le handicap  nouveau dont souffre  sa chatte, Simone était prête à renoncer à notre escapade berlinoise prévue début Mai,    jusqu'à ce que des amis communs lui confient l'adresse d'une chatterie exemplaire. Restait à tenter l'exploration des lieux, pour déterminer si Chimène y trouverait bon accueil et Simone paix de l'âme en la confiant à la propriétaire. L'événement crée aussi l'occasion d'une nouvelle tribulation dans l'arrière pays varois.

Varages est accroché en haut d'un piton, au bord de larges falaises percées de sources qui cascadent joyeusement vers le vallon étroit, en contrebas. Au fond, quelques maisons ouvrières cernées de jardinets ombragés, une bicoque de garde-barrière délabrée, la route traversière croise la voie ferrée abandonnée qui  fuit vers un tunnel sombre, puis  le col rebondit aussitôt en massif montagneux. La route  depuis Saint Maximin monte lentement, mais au débouché  en bas de la bourgade, elle adopte un tracé  abrupt et ce sont deux ou trois lacets fermés qui permettent de monter à l'assaut de la petite cité.

Nous voici parvenus à la périphérie de l'agglomération. Négligeant l'accès au centre, nous bifurquons alors en direction de Rians, avant d'emprunter une petite route secondaire enjambant un pont de pierre étroit. Nous poursuivons sur trois kilomètres, selon les indications que Simone a retenues;  la voie se rétrécit encore, le bitume disparaît,   la terre ravinée par les  récentes pluies a redessiné le relief, creusé de profondes ornières, ménagé des nids d'autruches qui pourraient y vivre en colonies. Force est de reconnaître l'utilité qu'aurait ici un véhicule tout terrain. Un dernier virage démasque le bout du chemin, marqué en son centre par une barrière ajourée, manifestement symbolique puisqu'elle n'est entourée d'aucune clôture. Nous sommes arrivés au bout du monde.

Le bout du monde est habité.
Une femme nous attend devant sa porte virtuelle ouverte sur la nature.
Le visage avenant aux traits fermes, le sourire ouvert et le regard droit, elle se présente avec une simplicité naturelle dès que Simone se fait reconnaître.
Cette femme est habitée d'une passion : elle voue son énergie au bien-être des chats, et entreprend la visite de son royaume, tout en contant  sobrement son parcours. Après une vie professionnelle animée dans le secteur des voyages, elle confie avoir choisi de renoncer  aux bruits et à l'agitation vaine de la société. Elle a  cherché longuement avant de dénicher son terrain étagé qui plonge vers un val perdu, camouflé derrière les chêneraies truffières, où les habitations voisines dressent encore quelques pans de mur pierreux enserrant des ronces impénétrables. À moins d'investir un îlot perdu en plein Pacifique, et encore... Je me demande s'il peut exister en Provence un autre lieu plus secret, plus en marge de la société...
Serait-elle misanthrope, notre interlocutrice ?

Je ne peux m'empêcher de détailler son visage fort et harmonieux, dénué de tous fards... En quoi d'ailleurs sa beauté intérieure en aurait-elle besoin ?
Au cours de la conversation, qu'elle anime sans effort,   peu curieuse manifestement de nous cerner, notre hôtesse dévoile ses motivations et ses ambitions : offrir à ses pensionnaires un lieu d'accueil provisoire chaleureux, sécurisant, bénéfique. Que ses hôtes  félidés récupèrent en ses terres le bienfait que nous autres, les pédibus migrants, recherchons dans les centres thalassos et autres clubs dévolus à notre vacance.

L'aménagement des lieux est explicite sur le site référencé :http://www.chatterie-du-louquier.fr , je me garderais donc de redondance, mais vous engage fortement à le visiter si par hasard votre Félix adoré vous plonge dans des affres similaires à ceux auxquels  Simone vient d'échapper. En effet, les lots réservés aux chats sont tellement sécurisés, soignés, pensés en termes d'accueil... La chatterie a un an et demi d'existence, et son premier été a été bien rempli. Je souhaite à notre pasionaria es chats le succès de son entreprise, car ce n'est manifestement pas l'appât du gain qui sous-tend son entreprise, mais plutôt une philosophie de vie qui me touche.

Après la visite guidée des « chambres d'hôtes », 40m2 par lot,   dont un chalet de 6 m2, aménagé et chauffé en hiver,   arboré et grillagé même en plafond  par sécurité, Gabriella poursuit son exposé en nous invitant à prendre place sur sa terrasse dominant le fond du vallon et son poulailler. Elle  nous explique comment elle a rénové la ruine qui résistait encore sur son terrain  et est devenue une fermette accotée au versant, prolongée par une immense véranda en demi-cercle, véritable QG de l'exploitation, car confie-t-elle avec gourmandise, « dès que je peux m'arrêter pour reprendre ma lecture, tous les animaux de la maison peuvent me voir et savoir que je suis prête à intervenir s'il en est besoin. » 
Gabriella, se reconnaît la maîtresse d'une bonne douzaine de chats,   qui vaquent à leurs occupations librement  et  nous reconnaissent manifestement comme amies, porteuses indiscrètes des odeurs et phéromones de notre petit peuple évidemment. Mais le pendant de sa passion féline est la lecture assidue, jouissance volée au temps, intériorité creusée en son intimité, compensation assumée à l'isolement. À l'écoute de la confidence, je tressaille et mon amie éclate de son joyeux rire en m'adressant un clin d'œil lumineux. Et nous nous découvrons encore un autre point commun : Si les besoins d'un vétérinaire deviennent évidents, Gabriella quitte son domaine perdu et descend jusqu'à Saint Max pour confier son protégé aux soins attentifs de Lydie Pinori, notre vétérinaire, dont je n'ai pas encore eu l'occasion de vous conter les mérites! À mi-chemin, la clinique vétérinaire de Barjols, ou les praticiens de Rians, pourraient faire l'affaire en lui épargnant un kilométrage considérable. Gabriella se reconnaît plus d'affinité et de confiance dans le charisme animalier de Lydie, dont la réputation a dépassé les limites du canton depuis lurette.

GéO a profité de tout ce temps pour lier amitié avec les  deux chiennes du logis, outre les douze chats déjà cités, dont Colette, aux yeux verts jade et robe lustrée de jais. J'ai droit aux courtoisies de Tibby, aux charmes siamois, regard lavande et truffe rose, silhouette élancée, membres déliés, articulations fines ...

Au delà du périmètre immédiat, les canards s'ébattent dans le pré où réside sans nul doute le Bonheur, et les oies montent la garde. Combien d'autres représentants de l'Arche de Noé sont-ils encore éparpillés dans cet Eden?

L'après-midi s'avance, Gabriella demeure intarissable, même en nous raccompagnant à la voiture. Simone est totalement rassurée, Chimène coulera sûrement une semaine de rêve, bichonnée par une bonne fée.

24/03/2009

Gran Torino

Depuis un bon moment, nous avions oublié   d’honorer nos lundis ou mardis-ciné. Et puis en réalisant que c’était à nouveau le printemps du cinéma, nous nous sommes dit que c’était trop bête !
Chacun à son ordi, nous divaguons dans la longue liste des films que nous n’avons pas vus… Évidemment, nos goûts sont un peu différents, voire divergents. GéO aime les films virils, il faut que ça bouge, avec une réelle prédilection pour les promesses de castagne, et les dialogues percutants, style Audiard. À défaut,   une réalisation musclée, des personnages toniques et battants, et surtout une histoire fondée sur une morale positive. Le mal-être, l’ambiguïté , les fins entre-deux eaux, cette manie nouvelle d’abandonner le récit sur une lancée indéterminée, où le spectateur devra se prendre en main pour achever le parcours de personnages à la dérive, non, trois fois non,   GéO n’accepte pas le genre de scénario qui tend à démoraliser son public. C’est un réflexe de survie, la vie est une affaire dont la fin est tellement triste qu’on ne peut pas laisser la porte ouverte au défaitisme.

De mon côté, je furète à la recherche d’histoires sensibles.  Ce qui m’intéresse, c’est qu’on me parle de la vraie vie des vraies gens, de vous et de moi, de nos parcours et de nos accidents, nos bosses, nos cicatrices. Nos enthousiasmes aussi, bien sûr, les pourquoi et les comment, les chemins de traverse et la petite touche cachée, au fond de la cour, de la chambre, accrochée au bout de cœur et qui fera  rebondir.  Si l’intrigue s’appuie sur un fait de société, si elle permet de percevoir une réalité qui n’est pas la mienne, si elle dévoile l’âme et les ressorts de mes "co-humains", qu’ils habitent Brive-la-Gaillarde ou la Tanzanie, le Brésil ou le Bush australien, l’Afrique du Sud ou la Finlande…Du moment qu’il est question de mes frères  humains, de leurs rapports et leurs défis, il suffit ensuite que l’histoire soit bien contée, la mise en  scène cohérente, le scénario vraisemblable, les dialogues travaillés avec un minimum de  psychologie… Que les images ravissent mon  sens de l’esthétisme et ma curiosité, que la musique accompagne et valorise les émotions… Je ne suis pas vraiment une spectatrice difficile…

Et le gagnant a été… Gran Torino, de et avec Clint Eastwood.
D’abord, parce que GéO est un inconditionnel de Clint Eastwood, que j’apprécie mieux depuis ses réalisations plus récentes comme  Mystic River et   Million dollars baby, que dans les productions des années 70-80, mais il faut reconnaître que ce vieux jeune homme a la pêche et dispose surtout d’un talent appréciable dans l’art de dévider la pelote du récit… 
Seconde raison, tout aussi valable : sur l’échelle des étoiles d’Allociné, spectateurs et critiques ont administré généreusement 4 étoiles…Les critiques, on se méfie, les spectateurs, ça rassure.

De Gran Torino, qui est conçu comme un thriller, il ne faut pas dévoiler toute l’affaire. Mais on peut situer le thème dans la grande tradition des rencontres entre personnages que tout oppose…Et que des événements  involontaires associent pour  transformer leur point de vue. Le grognon de service, interprété par  Clint soi-même, veuf misanthrope, aigri, insupportable et cracheur invétéré, invective ses voisins, famille d’émigrés asiatiques, représentée par ses deux adolescents, joués par  Bee Vang et Ahney Her. Ce qui devient plus original et sensible au fil de la narration, c’est le parcours  d’initiateur que choisit le personnage acariâtre et la forme de sa rédemption. Les poncifs sur l’Américain moyen, macho, bagarreur, raciste, râleur, le constat des communautés noyautées par les gangs, les difficultés de communication inter générationnelle, émaillent le propos et laissent sourdre une vision amère de la société. On le sait,   Clint Eastwood appartient à la génération des créateurs américains qui portent un regard rétrospectif critique sur les comportements de la société à laquelle ils appartiennent. Il n’ignore pas qu’une majeure partie des films auxquels il a participé a contribué à créer cette image de conquérants insupportables, dominateurs et violents. Cette brutalité dont Cronenberg dénonçait   les effets incontournables dans son excellent History of violence, et qui est distillée partout, dans les livres bien sûr, mais surtout dans les « divertissements » : films, séries télévisées, musique, exposition picturale, débats... 

Gran Torino raconte donc aussi une histoire de violence, une montée des atrocités dans les rues "dépolicées" d’une cité du mid west, et les différentes issues entrevues par les personnages pour casser la domination de la sauvagerie. Pour forcer le message, point n’est besoin d’être trop moralisateur, et Eastwood  sait parfaitement que l’angélisme nuirait à son propos. Il se sert donc des armes qu’il connaît bien pour étayer sa démonstration, et la peaufine à merveille avec son dénouement… Que vous ne pourrez apprécier qu’en assistant à la projection…
À noter encore la partition musicale d’un certain Kyle Eastwood… Le cinéma devient décidément une affaire de famille sur tous les continents…

À propos, savez-vous à quoi fait référence le titre du film ?

Comme je suis bonne fille, je vous donne quelques indices…

Songez aux attributs de la virilité dans la mythologie hollywoodienne:  le pistolet, la cigarette, le cheval au galop et/ou…

Je ne vous  le donnerais pas  en mille, mais je sais qu’Aurel avait la réponse…

12/03/2009

Paradoxes

Paradoxes
Des images qu’il ne faut parfois pas croire…
Des circonstances curieuses qui nous permettent de vivre des situations improbables…

À regarder les photos ci-dessous,   où pensez-vous qu’elles ont été prises ?

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- En Bretagne, c’est certain, tu as dû attendre une éclaircie, répondront avec certitude quelques langues  acérées… Mais non, mais non, je vous donne d’autres indices…

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Les palmiers giflés par le vent, se détachant sur le ciel lumineux des jours venteux, c’était dimanche  dernier, à Sanary. La plage était recouverte d’une épaisse couche de varech, le ressac assombri par les suspensions en décomposition, une puissante odeur de mer évoquant les côtes d’un océan plus mouvant.

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Je vous avais prévenus, il y a des images qui font semblant, il ne faut pas toujours s’y fier…

Celui qui était bel et bien là, en revanche, c’est notre Aurel, et c’est lui qui souligne le prochain paradoxe.
- Dis donc, si tu parles de nous sur ton blog,   « ils » vont pas croire que t’étais-là ! Toi, d’habitude, t’es plutôt  belles fleurs et petits oiseaux… Ben oui, la nature et les animaux, ça va  trancher sur tes sujets habituels


En effet,   loin des escapades dans les collines et de la chasse aux espèces rares,   Aurélien nous a invité dimanche à un divertissement qui le passionne. Il nous a emmenés assister aux  séances d’essais de voitures de compétition, différentes catégories confondues. Le circuit Paul Ricard, au Castellet, organisait la première confrontation publique de réglages et Aurel n’aurait manqué ça pour rien au monde. Il m’a même attendri par son enthousiasme manifesté :
- Vous allez écouter les bruits des moteurs, c’est incroyable ces vibrations différentes et particulières
Je suis sidérée et dois avouer ma perplexité : c’est un fait, une Porsche ne fait pas le bruit d’une Corvette, pas plus que le son de la Lola Aston Martin, la vedette attendue de la journée, ne produit le son d’un autre monstre de la même catégorie. Pour ma part, jusqu’à ce jour, j’ai  eu tendance à identifier une voiture par sa couleur, comme il est fréquent chez les citoyennes de ma catégorie, honte à moi et à mes semblables… Aurélien ayant réservé nos entrées depuis Paris, nous voici donc partis de bon matin, ce dimanche, armés tous trois comme de véritables paparazzi. GéO à la caméra, Aurélien branché sur son Konica, votre narratrice indissociable de son Fuji…

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Les tribunes  étaient dressées face aux stand de réglages et ravitaillement, dans la ligne droite après la série de courbes de Bendor,  du village et  du virage du Pont, ce dernier très fermé , obligeant les voitures à ralentir fortement. Les moteurs  ronronnaient crescendo sur la piste, avant de disparaître dans la perspective infinie de la piste, à notre gauche, vers la Verrière. Les spectateurs profitant des passages à l’enchaînement des trois  virages, sur le côté est, puis l’accélération franche sur la portion de droite bordée par le public, avant de disparaître sur l’essentiel de la boucle. Seuls, les feulements différenciés des machines permettaient aux aficionados de déterminer :-  C’est la Subaru, c’est la … Etc.

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Au-delà de la piste, les spectateurs avaient également pleine vue sur les stands de réglages. Inutile de préciser que le ballet méticuleusement réglé des mécaniciens présentait également un  attrait incontournable pour le public, surtout quand une des voitures vedette s'y arrêtait!!! À suivre  les conférences inaudibles qui s'y tenaient, chacun dans les tribunes imaginait les remarques, les ordres, les hypothèses envisagées…
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Un grand merci enfin à l'Auberge du Camp du Castellet, pour la générosité de son entrecôte et l'amabilité de son accueil… Les fervents de compétition automobile y sont reconnus et gâtés à tel point qu'aucun de nous trois n'a pu dîner, malgré la balade nez au vent qui a suivi.
Notre reporter en chef a commis sa vidéo sur You tube, http://www.youtube.com/watch?v=7p78tU-zfK0&feature=em...

Vos reporters en action:
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11/03/2009

Verdon sous le vent

La visite d’Aurélien nous a ravis, comme toujours, d’autant que les nouvelles sont bonnes et chaleureuses. Vendredi dernier, le soleil s’est mis de la partie, malgré le vent coupant, glacial, l’envie nous est venue de prolonger l’album photos du Haut Var, au sud du département des Hautes-Alpes.
Passant par Quinson au-dessus des gorges, nous avons coupé ensuite la trajectoire de la rivière tumultueuse après Saint Laurent du Verdon.  Le  minuscule petit village  possède tout de même son château, austère demeure carrée à deux  étages, flanquée sur  ses angles de quatre tourelles, fermée par un portail aussi impressionnant qu’inutile, au vu des restes anéantis de la clôture. N’importe, le village semblait endormi, replié sur lui-même comme un gros chat attendant la douceur du printemps à venir pour reprendre un peu d’animation.

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Nous sommes alors descendus vers Artignosc, au nom évocateur de mousquetaire plus que d’oliviers, et c’est là que nous  avons franchi à nouveau le Verdon. Les gorges se sont élargies et laissent filer l’eau verte entre les parois abruptes.

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Réfrigérés par la bise, nous  ne nous sommes guère attardés, gagnant un plus au nord Baudinard et le panorama dégagé qui s'offre à la sortie du village. J'ai connu Baudinard il y a presque quarante ans maintenant,et c'est le village du haut var qui me semble avoir le plus changé. La municipalité a retroussé ses manches et éclaté son budget pour polir ses vieilles pierres, encadrer la circulation sur la grand-rue, aménager deux parkings à chaque extrémité de la commune. Confort, calme et sécurité sont maintenant les atouts du village qui a toujours regretté de ne pas tremper ses pieds dans le Lac de Sainte Croix tout proche. Dans les années 70, il fallait tout entreprendre pour profiter de la manne touristique que d'autres sites recevaient comme un don du ciel. Bauduen, Sainte Croix, Les Salles se sont retrouvés sur les berges de la retenue créée par l'édification du barrage EDF sur le Verdon, les habitants de Baudinard ont regardé comme une injustice les camping et les auberges qui ont fleuri à neuf kilomètres! Du coup, le village est devenu "mignon" comme une carte postale, mais il a perdu son caractère de village de montagne, avec ses maisons hautes serrées les unes contre les autres pour se protéger du vent glacial, ses ruelles pentues et mystérieuses, où les habitants à l'année se gardaient de répondre aux interjections joyeuses des rares estivants de l'époque. De nos jours, la municipalité subventionne les initiatives qui attirent les touristes et elle a  contribué à l'ouverture des deux restaurants qui accueillent gentiment et agréablement les affamés en balade.

C'est d'un des parkings aménagés que j'ai capté  ces photos de crépuscule que j’ai plaisir à vous offrir:


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Voilà l'instant merveilleux où le crépuscule nous a cueillis. Les nuages ont d'abord filtré la luminescence du soleil, les couleurs se sont enchantées, rose, orange, violacées, le festival s'est très rapidement illuminé avant de sombrer derrière la barrière de la Sainte Baume, au loin. Et cette sainte Baume qui veille sur Saint Max, s'achève brutalement au bout d'un à-pic gigantesque, caractéristique du Mont Aurélien, justement…

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28/02/2009

La Fête…Surprise!


Vient enfin le moment où tout a été consommé,
Les événements espérés, accomplis, ont intégré la Réalité
Vécus en toute plénitude, savourés à la valeur de l’Instant Présent,
Il m’appartient enfin de les transformer en souvenirs vivants.
Et livrer  enfin à ces  pages virtuelles le récit véridique de cet épisode festif.

Genèse de la fête.

Au début, quelques remarques, en sourdine, ont  distillé  une complainte imprécise.
- Mais j’ai plus vingt ans, tu comprends…,
- Tu ne t'en rends pas  vraiment compte, mais j’ai bientôt soixante-dix ans !
- C’est que je vais avoir soixante-dix ans, quand même !

Nous étions  encore dans le bel automne; l’hiver et son incontournable anniversaire semblaient bien lointains, mais le saupoudrage des petites observations m’a alarmée. Il semblait bien que mon Homme, sans vouloir l’avouer le moins du monde,   subissait le syndrome du passage à la décennie suivante. Évidemment, GéO n’est pas Benjamin Button, et pour lui comme pour la grande majorité du genre humain, les années déposent subrepticement de petits fardeaux, en apparence anodins. Seulement l’addition se compte un beau jour en fatigue plus rapide, en  pondération des enthousiasmes quotidiens, en sagesse annoncée qui ressemble au  masque d’une distanciation imminente à la marche du monde… 
De toute évidence, c’est à ce moment qu’il faut lutter, ne pas lâcher prise, s’accrocher à la manche du Grand Patron qui établit le cours de nos heures et l’obliger à regarder ailleurs…
J’ai réglé ma petite pendule à projets sur le 17 février et j’ai vagabondé intérieurement à la recherche de solutions pour aider GéO à sauter par-dessus l’échéance, à tourner la décennie, pour reprendre la savoureuse expression de notre ami Hans.

Consultée la première,Caroline, sa fille, a bien reçu l’ idée d’une visite surprise. La consultation du calendrier a débouché sur la date du week-end dernier, afin que son frère nous rejoigne avec ses enfants pendant le petit créneau des vacances communes aux deux zones… Voilà pour la structure…
Me restaient les contingences habituelles :  comment loger tout ce beau monde, en plein hiver, sans le secours du Pool House ? … Mais la providence fait bien les choses, ça s’est résolu en un parfait chassé-croisé, l’occupation des lits façon bannette chaude, comme dans les sous-marins, paraît-il… Même si j’ai un sacré don pour me ficher sur le dos  des défis  et des contraintes, je dois reconnaître que ma petite étoile perso a toujours été d’un grand secours pour trouver des portes de sortie, parfois réduites aux  trous de souris, mais Géo n’y a vu que du feu.…Jusqu’à l'instant où j’ai lâché la bourde fatale, ça va de soi… Sur ce point, j’ai bien envie de vous laisser un peu languir, on va feuilletonner…



Un cadeau bien mérité.


Un second fil rouge m’a semblé également judicieux, connaissant mon GéO sur le bout des doigts… et des orteils, sachons rester pudique. Pourquoi ne pas transformer  l’inévitable bilan décennal en partage d’un miroir biographique? GéO se montre, à juste titre, très fier de son parcours personnel autant que  professionnel. Bâtir une petite plate-forme pour poser tous les jalons d’une existence bien remplie, riche d’anecdotes piquantes et passionnantes, mêler textes brefs (si, si, je peux) et photos évocatrices… J’étais certaine que ça pouvait le faire, autrement mieux qu’un ixième gadget commercial…
Seulement voilà,   je suis mariée, appareillée, avec l’Homme le plus envahissant de la planète… Même mes séjours aux toilettes sont repérés d’un tonitruant  « T’es où ? » auquel je me suis habituée, je crois même que cette sollicitude affirmée jusque dans mes retranchements hygiéniques a contribué à étancher ma soif d’amour… Enfin, ces détails à vous confiés pour souligner l’ampleur du défi : dans ces conditions, fouiner dans le carton de photos anciennes, prélever les clichés significatifs, élaborer ma maquette, mes commentaires, imprimer et relier ces quelque trente pages… Nos deux bureaux étant  face à face, imaginez les stratégies fines construites à l’emporte-pièce pour  l’empêcher de contourner les meubles, venir jeter un simple coup d’œil sur mon écran, histoire « de déposer juste  un chaste bisou » sur mes lèvres ou ma nuque, évidemment, … retenir les élans de tendresse qui le conduisent à apporter sa contribution, indispensable et  salutaire assurément, à mes modestes entreprises. Que d’inquiétudes et de culpabilité refoulée pour mon apparent détachement !
Convenons-en tout net : GéO a été une fois encore, en tous points, FORMIDABLE !!!
De ces catastrophes pressenties, il n’y en a eu aucune! Surprenant, mais véridique.
GéO a accepté héroïquement de descendre seul faire quelques courses au village, il s’est bien parfois  impatienté de mes descentes trop tardives du bureau en début de soirée, mais il a prolongé stoïquement ses plages de lecture, bien content au fond de résorber  le retard du décryptage des cinq ou six magazines hebdomadaires auxquels il est abonné. Il y a bien eu quelques moments chauds, où j’ai fourré hâtivement les clichés  dénonciateurs sur mes genoux, sous le sous-main, quitte à ramasser les pièces  tombées dès qu’il avait tourné le dos. Au cours de cette redoutable épreuve, ma Providence s’est appelée Tournoi des six Nations. Deux fois quatre-vingts minutes de parfaite tranquillité pour alterner plongée dans les archives, scanner et mise en page ! Comme c’était « cool » !
N’empêche, le 16 au soir, avant 20 heures, j’ai achevé la reliure et les petits rubans, empaqueté mon chef-d’oeuvre  sur le lutrin de salon acheté pour l’occasion, et descendu le résultat de ma machination sans avoir  trahi mes desseins. Ouf…

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Revenons une petite fois encore à la fête, ou plutôt à sa préparation : Arrive le moment où il faut bien justifier les quantités considérables de nourriture dont je projette l’achat et la transformation culinaire, je  me résous à dresser un tableau succint des réjouissances prochaines, en conservant tout de même l’essentiel du secret. Me voici donc, la maligne, justifiant  la comparaison des deux foies gras puis l’entrée de poisson, avant le plat de résistance. Et GéO de remarquer, puis d’insister franchement :
- Mais enfin, avec deux foies gras, pourquoi veux-tu à tout prix préparer du saumon, si on est quatre à déjeuner !!!
Tant et si bien qu’est arrivé le moment où, stress et fatigue sans doute, j’ai lâché inconsidérément :
- Mais c’est pour ton petit-f…
Trop tard! GéO, qui n’est pas si bête, a terminé ma phrase :
- Ah mais mon petit-fils qui ne mange pas de viande, c’est Guillaume ! Si Guillaume est à table avec nous dimanche, c’est que ses parents sont là aussi… Donc, on attend les Strasbourgeois !
Eh oui, si jamais végétarien a enquiquiné son monde, c’est bien celui-là, qui m’a poussé à anéantir mes propres ruses !!!

N’empêche, la victoire m’est revenue quand Philippe est arrivé pour déjeuner le samedi ! Entre-temps, j’avais résisté bravement à tous les pièges, toutes les astuces, tous les « je prêche le faux… » …
S’il est vrai » qu’à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire », ma situation n’a pas été si Cornélienne après tout. Et la fête a laissé sur nos murs l’écho du Bonheur.

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11/01/2009

Récréation

Malgré les turbulences météo, l’actualité dramatique en Palestine et les sempiternelles mises en garde contre la crise ( loin de l’acception Coluche, et sa manière de prononcer LAA CRIIISE !suivi d’un borborygme difficile à imiter, approchant plus ou moins un MGUEUH) il me paraît essentiel de ne pas remiser de sitôt les douceurs des moments vécus pendant la bienvenue Trêve de confiseurs.
Dans notre cas, outre les échanges divers avec les amis et la famille nichée au loin, la journée avec Simone et Denis, les souvenirs chaleureux d’un Bon Moment en excellente compagnie… S’en est suivi le séjour d’Audrey et Sébastien, tendresse et retrouvaille, bonne humeur, cocooning, confidences et gâteries, sur fond musical jazz manouche : Thomas Dutronc, Renan Luce et la BO de Vicky Cristina Barcelona, décontractant, émoustillant, ludique .

Et puis, passées les agapes, le beau temps froid mais sec a permis les grandes balades dans la colline pour dégourdir autant nos digestions pesantes que les pattes du petit peuple. Chacun exerce ses talents, Seb inaugure la belle laisse toute neuve et s’entraîne drastiquement au « Pas Sauter ! ». Il y met du sien, prononce distinctement, s’applique à transmettre fermeté et constance dans ces deux petits mots, mais il faut bien avouer que le résultat demeure aléatoire. Reste alors à pratiquer l’art de l’esquive : effacer les épaules, pivoter la taille et glisser rapidement en arrière afin d’éviter la charge de la brigade légère, en l’occurrence l’expression de l’affection et de la reconnaissance de Copain. Le tout sans cesser d’afficher la détermination du Maître Chien qui ne s’en laisse pas conter…

Par contre, le « halte -assis- pas- bouger », ça marche nettement mieux. En témoignent ces photos, regardez comme Zuco et Copain sont attentifs :

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1,2, 3 Soleil
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08/01/2009

Dans le même bain…

Pour illustrer l'équité soudaine de Dame Providence décidant cette année de mouiller tout le monde dans le même bain.
Pour remonter le moral aux envieux des contrées souvent moins ensoleillées.
Pour s’amuser de quelques clichés insolites qui auraient mérité leur pesant de gros sel.
Malheureusement, trop occupée à bavarder avec Simone de nos flocons respectifs, je n’ai pas eu le doigt assez prompt sur le déclic pour fixer les hésitations de Copain face à l’étendue immaculée sur la terrasse hier matin.
Le malin y est allé d’une patte prudente, noire sur le coussin blanc, retrait circonspect, truffe rasante, humant l’odeur inconnue, hasardant une deuxième patte légère, puis prenant de l’assurance, il a osé se risquer sur la surface molle, avant de partir d’un trait à la remorque de Zuco, le connaisseur qui n’avait pas attendu.

À notre lever, l’épaisseur du manteau déjà tombé n’excédait pas 5 centimètres. La chute de neige était drue mais fine comme une pluie bretonne, déterminée, sans violence. GéO n’y a vu aucune raison pour renoncer à descendre au village chercher notre provende hebdomadaire. Nous voici donc au cœur du célèbre marché de Saint-Max, le rendez-vous du mercredi pour tous les chalands de la région, car il faut le préciser sans modestie, le marché de Saint Max est réputé pour la variété et la qualité des étals, des produits vraiment locaux, maraîchage et artisanat, aux productions plus vastes, mode, tissu, colifichets.
Deux petites vues de l’ambiance place malherbe, vous aurez tout compris…

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La patinoire tout juste démontée a laissé place à la .…pétaudière.

Sur le Mail Bonfils, normalement hospitalier aux marchands sur deux rangées, seule la camionnette du boucher chevalin patientait sous l’averse blanche. La place Malherbe, quant à elle, arène aux cinq travées, tout juste libérée de ses estrades enserrant la patinoire, offrait ce désolant panorama, deux parasols isolés, dont l’un abritait chichement quelques tee-shirt printaniers en prévision de beaux jours si lointains…


Mais le plus difficile restait à venir.
Rassuré par l’état de la route à la descente, GéO décide de compléter nos courses par un petit tour chez les commerçants habituels, afin de pallier les défections de nos approvisionneurs.
Le temps de passer chez Marie pour le pain et de prélever quelques fruits chez Provenç’halles, voilà que le ciel redouble d’efforts pour ensevelir la colline. Cette fois, ce sont de gros flocons tumultueux qui établissent un rideau blanc sautillant sous les balais de l’essuie-glace, et les doutes commencent à glisser quelques questionnements quant à notre équipement.
D’abord, GéO se veut rassurant :
- Toute ma vie, j’ai connu l’hiver des routes enneigées, j’en ai fait des kilomètres dans des conditions autrement difficiles!
Tant que nous sommes en plaine, aucun problème en effet, GéO conserve une allure régulière, évitant les à coups…
Arrive le carrefour de Régalette.
Nous prenons l’embranchement, la route moins fréquentée offre sur fond velouté, le rainurage des voitures qui nous ont précédés.
Passé le second virage, les rails deviennent moins précis, mais GéO commente sereinement :
- Tu vois, il suffit de conserver une petite accélération, sans forcer surtout, avec un peu de pêche en réserve sous la pédale, tu n’as rien à craindre, ça doit passer…
Sauf qu’au premier gendarme couché, les roues commencent à patiner, la direction semble hésiter, un coup à droite, un coup à gauche, ce petit obstacle de rien, dix centimètres de tôles posées à même le macadam, et GéO râle déjà contre ces ralentisseurs imbéciles qui nous compliquent l’existence. À peine ce passage franchi, la côte se fait plus franche, et la voiture renâcle. Comme un cheval affolé par les flaques d’eau, le Scenic hoquette, tergiverse, patine, creuse ses propres pièges dans l’épaisseur du manteau… GéO use sa pratique, insiste, feinte avec (l’animal) l’engin, recule pour se lancer à nouveau sur le tapis collant. Une fois, deux fois, il parvient à ses fins et nous gagnons cinquante, puis cent mètres. Nous sommes à la mi-pente de Régalette maintenant, je retiens ma respiration parce qu’avec les premières maisons, nous longeons aussi des bas-côtés plus creux. J’évalue déjà qu’à cette allure, nous ne heurterons pas violemment les poteaux, mais que la descente du véhicule sera acrobatique. Mais non, GéO tient habilement son volant, nous progressons toujours, vingt mètres de plus et le pré aux chevaux se profile sur la droite. Mais je n’ai guère le cœur à admirer ces beautés, d’ailleurs invisibles sous le déferlement tourbillonnant. Cette fois le Scénic glisse maladroitement vers la gauche, les roues mordent franchement ce qui d’ordinaire s’appelle le bas-côté. Nous n’avons même pas de pelle dans la voiture, quand deux silhouettes frêles apparaissent à notre rencontre. Dépêchée par GéO, j’aborde les deux adolescents qui me rassurent aussitôt, ils sont sortis pour venir à notre secours.
À nous trois, nous poussons la voiture, et cela permet à GéO de gagner à nouveau soixante mètres. Encore autant, et nous pourrions atteindre le méplat, où le véhicule trouverait peut-être moins de difficultés pour accrocher au sol. Hélas, GéO s’arrête pour m’embarquer, et il n’est plus possible de repartir… Après de nouveaux essais infructueux, et l’arrivée de deux autres voitures qui peinent à gagner le niveau où nous sommes stoppés, il faut se rendre à l’évidence : pas moyen d’aller plus loin, inutile d’envisager gagner le petit plateau, encore moins la pente de l’allée des mésanges, aujourd’hui, ce sera l’Impossible Everest du Rébubéou. Notre colline est imprenable en l’état. Reste à appeler le voisin Éric à la rescousse, avec son 4X4, il apparaît comme le blanc chevalier sauveur.

L’aventure est contée pour vous chanter que, Nord ou Sud, nous sommes tous logés à la même enseigne. Et encore ! le tracteur chargé du déneigement est passé sur notre colline à la tombée de la nuit. Le ciel avait déjà cessé de déverser sa nappe immaculée depuis quelques heures, mais le froid vif avait durci le tapis et GéO craignait que la voiture ne soit difficile à dégager. Pour ma part, je me voyais mal piloter la Saxo comme un bull en rodéo sur cette couverture glissante… Nous avons donc attendu ce matin pour récupérer la monture de GéO, fringante, sans bleus ni bosses.

Pendant ce temps, Copain s’est rudement bien acclimaté aux sensations nouvelles. Il faut reconnaître que sa robe en peluche lui est confortable et qu’il est mieux protégé que sa maîtresse en Damart ! L’épaisseur et la dureté de la couche neigeuse et glacée n’ont d’ailleurs pas découragé son sens des trouvailles, et ce matin encore, malgré sa nuit à l’intérieur, il est revenu fringant du pissou matinal, pattes noires et truffe terreuse, comme il se doit… Mais il a le regard tellement aimant !

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05/01/2009

Cendrillon des temps nouveaux…

Pour commencer en beauté l’année nouvelle, je me retire sur la pointe des pieds, et cède le clavier à ma Douce…
Nouchette, bravant sarcasmes et railleries, se dit prête à affronter vos sourires et autorise la publication de son aventure sous cette rubrique.
Au dire de GéO, Nouchette raconte aussi bien que sa mère…
Comment dès lors avoir le cœur de vous priver de l’affaire ?

Reportez-vous un poil en arrière, par ce froid matin du début décembre, dans l’atmosphère saturée du métro parisien, alors qu’une petite bruine glaciale a déjà ruiné votre brushing matinal et engourdi jusqu’à la moelle vos mains pourtant gantées et vos pieds chaussés pour affronter une journée de bureau…

Il était une fois une jeune femme en route pour le boulot.
Vêtue de son tailleur et de ses chaussures rouges, celle-ci allait d'un bon pas
(Puisqu'elle était en retard comme d'habitude).
Chemin faisant, elle descendit du RER à la Station Charles De Gaulle Étoile, et se dirigea prestement vers la ligne 2 du métro.
Patiemment elle guetta le train vert et blanc, puis à son arrivée, enjamba le marchepied d'un geste ample et souple, non sans se rendre compte que le pied droit s'en trouva tout à coup fort léger! Constatant soudain la disparition de sa chaussure rouge, la jeune femme bondit hors du wagon pour chercher des yeux son soulier sur les rails. Elle le vit, là, gisant tout proche du quai, face contre-terre. Penaude, elle chercha la borne d'urgence puis se précipita sur le bouton "appel du chef de gare":
- Allô?
- Allô!
- Bonjour, monsieur, j'ai perdu ma chaussure sur les rails de la ligne 2
- Ben je peux rien faire pour vous, je peux pas descendre là. Faut sortir M'dam.
- ben, faut sortir où? je peux pas marcher, j'ai pas de chaussures!
- Faut sortir là M'dam, moi je peux pas vous aider. Faut prendre Carnot.
- Je prends la sortie Carnot? Elle est loin!
- J'peux pas descendre, faut sortir M'dam!
Décontenancée par une telle sollicitude, la jeune femme haussa les épaules, commençant à cheminer (ou plutôt claudiquer) vers ladite sortie. Quelques kilomètres de couloirs plus tard... ( nous sommes dans la station plus longue de Paris), elle vit enfin poindre le guichet, et l'espoir de revoir un jour sa chaussure. Décidée à affronter cette péripétie avec humour et bonne humeur, elle attendit patiemment
que la longue file d'usagers n'ayant pas compris comment utiliser les automates distributeurs de tickets termine ses achats pour s'adresser enfin au guichetier avec un large sourire:
- " bonjour, vous allez rire, j'ai perdu ma chaussure sur
la ligne 2 du métro, direction Nat..."
- " Je vous arrête tout de suite M'dam, ici c'est le RER, j'peux pas vous aider!".
- "Non mais, à la borne d'urgence du métro.."
- "Mais ici c'est le RER m'dam, j'peux pas vous aider!".
Abandonnant toute bonne résolution, toutefois sans perdre son sang-froid, Audrey (ben qui d'autre?!) lâche enfin:
- " RER ou Métro, j'ai traversé toute la station pour venir jusqu'à vous, vous allez m'aider à récupérer ma chaussure!".
De mauvaise grâce, le guichetier fit appel à ses collaborateurs pour venir me chercher, et retraverser toute la station en sens inverse, en prenant bien soin de prendre tous les détours afin d'allonger la route au maximum.
Retour sur le quai du métro, quelques 20 bonnes minutes plus tard, et une terrible crampe aux orteils en prime, je récupérai enfin ma chaussure du crochet magique de mon sauveur.
Après auscultation de l'objet, je me résolus à enfiler de nouveau mon soulier, quand, relevant la tête, je me trouvais nez à nez avec... UN EX!

C'est, je crois, ce qu'on appelle une bonne journée.



Ma Cendrillon au pied d’airain a retrouvé chaussure et bonne humeur, après avoir jeté dans ma boîte mail sa mésaventure matinale… Nous en avons bien ri et j’avoue que je suis assez fière de son sens de l’auto-dérision, la meilleure arme à mon sens pour braver les aléas que nous réservent nos petits matins blêmes, conséquences de nuits trop brèves… Et puis, quand on a hérité d’une mère capable d’aller affronter sa journée de classe et les rendez-vous de parents d’élèves chaussée à la fois d’un mocassin noir et d’un escarpin bordeaux, peut-on affronter autrement l’adversité?