Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

17/10/2009

Derniers éclats de l'été


DSCF3036.JPG


Cette semaine, le retour de la froidure matinale a eu raison  de nos résolutions.
Même le Poulous intègre sa fonction automnale, moins d’une semaine après avoir été le théâtre d’une dernière manifestation estivale :

DSCF3038.JPG
DSCF5387.JPG
DSCF5391.JPG


Dans  l’instant, il reprend vaillamment son aspect d’abri  pour un bric à brac figé, mobilier de jardin devenu inutile,
alors que le gîte résonne encore des rires  du dernier week-end, et du branle-bas issu de nos hésitations sur l’opportunité d’installer les tables dans le sous-bois à l’abri du soleil, ou plutôt dans le pool house à l’abri du vent. Nous avons  finalement opté pour la terrasse derrière la piscine, et parié sur d’éventuelles baignades dans une eau que GéO était parvenu à maintenir à 24°.

DSCF3033-2.jpg


En une procession festive, nos invités montent à l’assaut de la scène des réjouissances, où Hans attend en embuscade le début des agapes qu’il a minutieusement préparées avec nous.

DSCF3031.JPG

 

DSCF5318.JPG
DSCF5311.JPG

En cette occasion,GéO, Grand Jouisseur devant l'Éternel, tend la main à Hannelore pour franchir allègrement les rives de la Septantaine. Notre quatuor amical a  décidé d'unir nos forces pour d'introniser la  récipiendaire en nos murs, sur les pavés de Saint Max.

DSCF5326.JPG

 

DSCF5316.JPG
PICT0010.JPG



Après tant d’efforts gustatifs et d'échanges confiés à oreilles portantes,
Vient le temps des libations et du repos, une pause étirée sous la caresse du soleil et la douceur des nectars…

DSCF5345.JPG
PICT0016.JPG
PICT0021.JPG



Tandis qu'Hannelore et moi  prenons quelques instants pour savourer nos succès culinaires, GéO ne néglige aucun effort pour abreuver tant de gosiers en attente…

DSCF5350.JPG
PICT0023.JPG



 








Image 1.png
Image 2.png
Image 3.png
Grâce aux encouragements de la foule, la résistance du bouchon commence à céder…
Image 4.png




 

 

 

 

 

 

Image 5.png

Ouf c’est gagné! Enfin presque…
Car pour la trilogie pain, vin, boursin, l'équilibre reste incertain…

DSCF5370.JPG



En attendant la remise des prix, les bons élèves se dissipent.

 

DSCF5386.JPG



Moments solennels s’il en est :

DSCF5392.JPG

Image 7.png
Image 8.png


Hannelore et Gérard au fait de leur gloire septantisée !


Et comme toujours, il y en a un qui n’a rien perdu  de la fête… Même si, en matière de liquide, GéO et son Copain n'ont définitivement pas les mêmes goûts…

DSCF5398.JPG
Image 9.png


25/09/2009

Romance normande

Orages dehors, soleil dans la maison


Tandis qu’ils s’éloignent de notre maisonnée, et roulent vers la Normandie et ses perturbations météorologiques habituelles, nos hôtes du week-end ont laissé du soleil en pagaille dans nos cœurs.

Pourtant, comment imaginer un tel déluge  pour décor?
D’accord, les mauvais esprits auront tôt fait de soutenir qu’ils sont habitués, eux,   aux averses et aux bourrasques… Mais justement,  les vacanciers normands cherchent … le dépaysement, la chaleur, la luminosité riante du Midi, les marchés colorés de notre contrée. Inutile de faire 1200km au bas mot, pour affronter colère divine et orages diluviens.
Là, disons le tout net, c’était raté.

En arrivant, Michèle annonçait pourtant  la couleur : « on aimerait bien faire un petit tour au bateau… »
Parlons –en! Dans le même temps, le Préconil sortait de son lit pour répandre les flots boueux dont il s’était chargé tout au long de cette longue semaine d’intempéries. Il faut bien comprendre qu’ici, après cet été chaud et sec, les eaux ruissellent sans pénétrer la terre compacte des collines. En bout de course, les petits fleuves côtiers se délestent d’un fardeau encombrant, branches d’arbres, roseaux, bambous,   et déchets multiples que les habitants laissent à l’abandon dans la nature… Je suis certaine qu’en naviguant dans la baie ces jours-ci, il devient difficile d’éviter  bois flottés et poubelles de plastique, qui ponctuent la grande bleue de leurs épaves dérivantes.

 Dans la maison,nous étions bien au chaud et au sec, à attendre que recommence la romance. Même le petit peuple à quatre pattes occupait la cuisine, Zuko s'ébrouant comme à l'accoutumée dès qu'une goutte atteint la pointe noire de son museau, Copain ravi de s'ébattre sous et dans l'eau, au désespoir  de la maîtresse qui n'en finit plus d'essuyer les traces de ses passages… 

Vous souvenez-vous de cette rencontre charmante, entre GéO et la dulcinée de ses seize ans ?*
J’avais confiance dans la bonne étoile, et le feeling intuitif et spontané de cette soirée de juin.
Nos nouveaux amis se sont manifestés et nous venons de vivre un week-end enchanteur.

bande des 4.jpg



Sans vous raconter par le menu ces trois jours illuminés, je me bornerai à souligner la qualité des rencontres purement gratuites. Personne n’attend rien de personne, sinon le charme de se découvrir. Michèle et GéO savent tous deux qu’ils ne sont plus les adolescents timides qui s’étaient épanchés l’un envers l’autre en rêvant leur amour. À l’autre bout du parcours, ce n’est pas la renaissance d’un sentiment nostalgique qui crée l’intérêt  de la découverte. C’est plutôt la perception du caractère exceptionnel de ces retrouvailles, au-delà du temps et des péripéties des existences. Cinquante-deux ans de vie, c’est long et lourd, ça nettoie les timidités et déshabille les illusions. Mais ça prépare aux bilans, aux comparaisons, à la pesée des caractères et à l’épuration des idées prêtes-à-penser. Finalement, cette parenthèse de retour dans le temps n’en est pas un. Comme une surprise de vie, ce n’est pas le passé qui construit une image statique et convenue. C’est la spontanéité des humains qui bâtit une relation complice. Nous nous sommes sentis en famille, réunis autour de la table de la cuisine pour un verre d’amitié pendant que le repas se préparait dans les rires et les plaisanteries. GéO et Dominique se sont complu à échanger leurs secrets de bricoleurs,   Michèle et moi avons ratissé les allées de la complicité féminine. Tous les quatre, nous  avons dévoré la teneur et la saveur  de la connivence instaurée. On s’en est longuement félicité !

rosé de l'amitié.jpg
Proverbe du mois:
Pluie de Provence…Goulée de l'amitié
* voir amours d'antan , publié le 31/08/09

02/09/2009

Copain chien amphibie

Dans la catégorie Bête de Gévaudan, portrait du jour :

DSCF2962.JPG





Honte à moi sur toute la ligne, durant l’été, j’ai omis de vous tenir au courant des frasques du  Destrouk’tor noiraud. Toujours débordant d’affection envers quiconque passe à portée de ses démonstrations  intempestives, il adore fourrer sa truffe frémissante dans les conduits de nos oreilles. Et puisque nos organes de l’ouïe l’inspirent, il lance ensuite de petits souffles derrière le lobe de nos oreilles, remonte enfin vers les commissures de nos lèvres en une bonne série de léchouilles tendres… Ainsi débarbouillés, il ne nous reste plus qu’à l’accompagner au bain pour le rituel  joujou-piscine, autre variante du joujou-jardin qui finit par lasser …

Depuis l’an dernier, les joujoux ont changé de corps. Finies les baballes en mousse ou en latex. Un grand nombre de balles de tennis ont rendu l’âme en quelques secondes, GéO a résolu de passer au produit de grande résistance, et dont le renouvellement ne nous coûte rien : bouteille de Salvetat et de Vichy font parfaitement l’affaire. Avant de rejoindre la poubelle de tri, elles ont droit désormais à un détour par la case joujou, le recyclage, c’est économique et écolo…

Cet après-midi, donc, séance piscine selon le rituel établi :

Après quelques plongeons au milieu du bassin pour récupérer l’objet lancé, voici une petite séquence photo concernant les intenses activités du chien et de son maître.
Vous constaterez sans peine que Copain est parfaitement amphibie et pratique sans fatigue l’art de l’apnée:

DSCF2977.JPG
DSCF2981.JPG
DSCF2983.JPG




DSCF2982.JPG
DSCF2987.JPG
DSCF2987.JPG



Promis, juré, il ne se fera plus avoir !

DSCF2989.JPG

31/08/2009

Amours d'antan

Hasard et coïncidences parsèment souvent nos cheminements de petits cailloux blancs que l’on a toujours plaisir à ressasser, aromates exotiques  de notre quotidien. L’anecdote véridique que je m’en vais vous rapporter appartient à ces moments savoureux.

Au printemps dernier, j’avais imaginé de compléter notre périple parisien d’une petite escapade normande. Je proposai les pêcheries de Saint Pair sur Mer, GéO sauta sur l’occasion pour  revenir sur les pas de ses vacances adolescentes et s’enquit aussitôt d’un hébergement à Port en Bessin. Affinant sa recherche, il zooma alors sur le village voisin de Commes le Bouffay et parmi les trois ou quatre adresses apparues sur son écran, choisit au hasard:  pouf pouf ce sera toi… Il opta pour les charmes de la maison tenue par une dénommée Michèle Vincent.

En matière d’organisation, la règle d’or préconisée par GéO reste "qu’il faut être précis et rigoureux. Sinon, ce n’est pas la peine"…

La conversation commercialement engagée,  les dates fixées et les tarifs débattus, GéO en arriva enfin aux détails pratiques et s’enquit auprès de son interlocutrice :
-  Mais vous êtes où exactement dans Commes ?
Une  demi-pause valant 2 temps, puis la voix féminine enchaîna :
-  Vous connaissez bien le village?
-  Ah oui, j’y venais souvent adolescent…
-  Alors vous êtes Le Gérard Chollet que je connais ?
À son tour GéO marqua une pause, double soupir
- Peut-être, Commes c’est tout petit…
Son naturel peu timide reprit vite le dessus.
- Si vous étiez  à Commes ou au Bouffay dans les années cinquante, vous devez vous souvenir de notre groupe… Nous  y sommes venus à plusieurs reprises, en vélo depuis Paris…

GéO avait déjà entrepris  la narration au long cours des expéditions vélocipédiques de ces années glorieuses, quand il perçut le commentaire ténu de l’hôtelière:
- Je suis la sœur de l’épicière…

…Séquence émotion…

De part et d’autre de la ligne téléphonique, on pausa, on soupira, sostenuto, on inspira…avant d’entonner mezza voce :
- …La sœur de Madame Pain ?… Gilberte ?
- Ouiii, Gilberte…( pianissimo)
GéO avait déjà repris ses esprits, il avait retrouvé sa sonorité habituelle:
- Ah ah, c’est pas croyable, vous vous souvenez de nous ? Mais j’aurais pas deviné, à votre nom…
- C’est que …Gilberte, j’aime pas… J’ai jamais aimé mon prénom, alors j’ai pris celui de mon mari…
- Voilà pourquoi j’ai appelé par hasard, Michèle Vincent, je ne pouvais pas deviner…
- Moi, je n’ai pas reconnu votre voix, mais le nom et le prénom, là, ça m’a intriguée… Mais avant d’être certaine…
- Eh oui, ça fait combien… dans les cinquante ans, plus même, on est déjà en 2009 !
- On ne va pas compter maintenant, mais je crois bien qu’on aura du mal à se reconnaître !

Sur le coup, GéO était tellement enthousiaste qu’il fut tenté de programmer la semaine entière à Commes le Bouffay ! C’est qu’effectivement la surprise était de taille et  l’émotion s’appréciait à la valeur du souvenir…
Gilberte avait été l’objet des tendres pensées qui avaient occupé son esprit et contribué à développer son talent épistolaire pendant une bonne année, entre les étés 1956 et 1957, avant Annie et le service militaire, c’est dire à l’âge tendre et formateur  des idylles clandestines…

GéO narre volontiers ses apprentissages, professionnels ou affectifs. Cette période de fin d’adolescence, en particulier, sonne souvent dans ses souvenirs comme un moment intense de sa formation : l’école Dorian où il a côtoyé les professeurs qui lui ont appris méthode et débrouillardise,  où il a rencontré Jean-Claude, celui-là même qui nous honore toujours de son amitié,  malgré le temps et les aléas, ce Jean Claude qui a partagé mille et une aventures,  dont les inoubliables équipées dans les falaises de Commes le Bouffay… Ce soir-là,  les bouffées de nostalgie bienheureuse emplissaient son regard et sa voix quand il commentait :
- Tu te rends compte, Gilberte, qui m’apportait les camemberts avancés pour les copains en échange de nos caresses, oh bien pudiques, nos amours de l’époque… On  n’allait pas bien loin dans nos explorations érotiques, tu penses, on avait bien trop peur, on était encore timides et pas très sûrs de nous…
Et puis, quand on s’est revu après avoir fantasmé sur l’Amour en s’écrivant pendant toute une année, on s’est retrouvé face à face, et on s’est senti  tout bêtes, sans reconnaître en l’autre l’idéal qu’on s’était réciproquement créé…
Quand même, moi, j’étais déçu quand j’ai compris qu’elle me fuyait, et je suis revenu seul aux vacances d’hiver suivantes, pour comprendre et la reconquérir… Et je peux dire qu’elle m’a fait du chagrin, quand elle a refusé de descendre de la chambre où elle travaillait alors pour me rencontrer et m’expliquer… Oui, en un sens, Gilberte est ma première histoire d’amour, avec son beau côté… et mon premier chagrin d’amour !

***

 

 

PICT0112.JPG
PICT0127.JPG



Nous nous sommes donc rendus sur la côte normande en Juin dernier, de Deauville à Port en Bessin, nous avons longé les plages du débarquement quelques jours après la visite historique de Barack Obama… Une pause rapide à Arromanches, une seconde halte plus minutieuse aux canons de Longue, et GéO trépigne un tantinet, expliquant malgré son impatience comment les garçons du groupe exploraient le site, entassaient du matériel dans les restes cadenassés des  anciens bunkers abandonnés, ignorants du danger représenté par les tonnes de munitions encore enterrées sous le béton dévasté et la falaise. Nous avons  arpenté la prairie surplombant la mer, savourant le temps magnifique, les couleurs rehaussées du paysage, l’espace offert à nos regards… Mais GéO nous presse…
- C’est là, tout près, on y est…
Nous  avons garé la voiture sur le parking aménagé, à côté d’un accès à la plage en contrebas. GéO nous emmène d’abord vers le coin précis de la falaise où ils établissaient leur campement. Nous avons  apprécié religieusement le souvenir ému et précis de notre mentor, et je pressens qu’il s’octroie un suspense intérieur particulier…
Notre pèlerinage se poursuit devant l’ancienne maison des Jaillet, la famille d’accueil qui avait d’abord reçu GéO et Daniel en vacances enfantines, dans l’après-guerre où les escapades familiales n’étaient pas encore fréquentes, au regard des moyens et des modes de vie de l’époque.

 

PICT0139.JPG
Le paradis
PICT0142.JPG

Le campement

PICT0150.JPG
La source, alors potable…

 


Nous abordons enfin les bâtiments où se tenait la fameuse épicerie…
Un portail blanc clôt la courette. En face, une aile à deux étages, longée par une galerie, est desservie par un escalier extérieur. Les rambardes sont repeintes de neuf, l’apparence du site est coquette, pimpante. Sur la droite, le bâtiment de retour ferme l’ensemble, et GéO traduit :
- Cette aile, c’était là l’épicerie-bar-tabac, qui faisait quasiment office de tout. Mais c’est drôlement restauré, dis donc, ils ont fait un sacré boulot. T’aurais vu l’allure d’avant…
Effectivement, l’endroit respire la réhabilitation, le neuf, l’aménagement… Mais il est désert. À nos coups de sonnettes, nos appels, nos tentatives  pour entrer…Personne ne répond.
- C’est bizarre quand même… Ils doivent bien nous attendre, surtout qu’on n’est plus anonymes !

Pour passer le temps, Marie-Geneviève et moi entamons une nouvelle balade de quelques pas dans le village désert. Manifestement, ce n’est pas l’heure de pointe dans ces rues aux maisons fleuries mais vides d’activité. Tout est silencieux, fermé, endormi. GéO s’est décidé à faire le tour des bâtiments de l’ancienne épicerie et tout à coup son rire sonore retentit comme un signal de victoire. L’air vespéral nous apporte l’écho d’exclamations  féminines ponctuées d’hilarité. Nous rebroussons donc chemin et découvrons enfin la maîtresse des lieux aux côtés de son ancien amoureux.

Un sourire épanoui éclaire son visage. Ses yeux bleus lumineux croisent les miens avec naturel et spontanéité,  elle offre l’éclat de sa  figure ouverte encadrée de cheveux mi-longs, parfaitement coiffés. Un magnifique top décolleté rose fushia, rehaussé d’un collier harmonieusement assorti, dessine une silhouette élégante. La personne est avenante et les présentations sont bienveillantes.
Nous engageons un début de conversation banal, voyage bien déroulé et beau temps,  quand notre hôtesse interrompt brusquement son propos :
- Oh, je vois que vous avez de bonnes têtes, vous n’êtes pas coincés, alors je me lance.  Avec Dominique mon compagnon, on s’est dit : s’ils ont l’air un peu serrés, comme ça ( elle grimace une mimique en dessinant un arrondi serré avec ses lèvres) on dit rien, ils se débrouillent. Mais s’ils ont l’air sympa, ce serait bien de les inviter à dîner dans le jardin, puisqu’il fait beau !
Alors, ça vous dit ?
L’invitation est spontanée, comme on le voit, sans chichi.
Ce n’est pas pour nous déplaire!


Nous voilà installés dans le jardin, soirée de plein air inaugurale sous ce ciel normand. Nous dégustons sans façon des rillettes de maquereaux, un barbecue du même met, une salade copieuse… Le poisson a été pêché le matin même par Dominique, qui en bon gars du coin, accompagne ses copains pêcheurs sur leurs embarcations. Un régal, dans la bonne humeur et l’émotion.
Place d’abord aux souvenirs communs… Nous écoutons, attendris, jusqu’à ce que la dame lâche un commentaire incongru :
- En fait, je sortais avec toi, c’était bien, mais je lorgnais aussi sur ton copain !
Éclat de rire général, l’ego de Géo est peut-être un poil écorné, mais il s’en sort plutôt bien , avec une jolie pirouette à sa façon . Et puis, à cinquante-deux ans d’écart, il y a prescription…
Le soleil couché, un petit frais s’étend sur le jardin et comme j’enfile mon troisième pull, promise à une silhouette de bibendum, Michèle propose de servir café et pousse-café dans la maison. La conversation s’y poursuit à l’aise, nous suivons les péripéties des parcours de chacun et celui de Michèle n’est pas le moins intéressant. Comme nous tous, la chienne de vie ne lui a pas épargné beaucoup d’épreuves, et la Dame a dû batailler et reprendre son ouvrage plus souvent qu’à son tour…
Le temps passe si vite que nous n’avons pas réalisé l’avancée de la soirée quand Michèle s’écrie :
- Et si on ouvrait une bouteille de champagne ?
- Là, maintenant, mais il est minuit passé, on devrait aller se coucher

- Ben justement, il est minuit, c’est pas formidable cette soirée qu’on est en train de vivre ? Avec Michel, mon mari, quand on commençait l’amour,   et que c’était bien, on ouvrait toujours une bouteille, et là, ça devenait
Il n’en faut pas plus pour convaincre GéO… Les yeux de Michèle sont explicites, le plaisir de ces retrouvailles vaut largement d’être arrosé du divin breuvage, d’autant qu’il n’y aura pas de contrôle routier sur la route de nos chambres…

La générosité de cette femme, son entregent, son affabilité non feinte, la fraîcheur de cette découverte, en un mot, je dirais que cette soirée à été l’une des plus réussies de notre été, qui n’en a pourtant point manqué, comme il se doit. Bien sûr, on s’est promis de se revoir, les adresses ont été échangées et nous espérons bien que le téléphone nous apportera bientôt la promesse du passage de nos hôtes. 


Cinquante-deux ans après…
Ça donne à penser…
Et si… Si elle était descendue de la chambre, en novembre 1957…
Si… Si la vie ne lui avait pas repris son mari  aussi stupidement…
Si… Gilberte-Michèle n’était pas revenue habiter un hameau où rien ne l’appelait…
Si je n’avais pas eu envie d’aller traîner à Saint Pair…
Si…
Que d’opportunités qui ne tiennent qu’à un tout petit  si…

 

PICT0159.JPG

 

27/08/2009

Il court, il court, l'été 2009…

PICT0045.JPG



Des news de Bali où s’égaient Audrey et Seb, et on se régale de cet accompagnement visuel de nos  êtres chers sur la planète… Auparavant, on attendait plus ou moins les cartes postales, toujours délivrées quinze jours après le retour des vacanciers et leurs récits de vive voix. Aujourd’hui, on se voit moins, on vit loin les uns des autres, mais Google nous relie et éclaire les horizons lointains. À l’heure où je leur réponds, je constate que l’Indonésie est plongée dans la nuit, je découvre le style colonial des chambres d’hôtel, les moustiquaires moussantes autour des lits, la luxuriance des sites nommés sur le journal mailé, je me promène au fil de la souris sur les routes qui , du Nord au Sud de l’île, traversent les rizières… Du voyage dans mon fauteuil, l’esprit dans les étoiles…

image003.jpg

Tirtagangga

main_villa.jpg

hotel Apa Kabar


Étoiles que nous avons bien guettées  ici à saint Max, en compagnie d’Aurel et Jing. Les cieux d’août propices au passage des comètes, il est pourtant dommage que la clarté lunaire en ait parfois gêné l’observation. Mais la saveur des nuits commencées sur les transats autour de la piscine, dans l’obscurité du fond du jardin, après l’ultime bain nocturne,  à siroter l’Absacker de rosé ou une infusion digestive! La spontanéité de Jing, sa fraîcheur et sa joie de vivre, la sérénité de mon Aurel, leur bonheur évident dans cette parenthèse estivale ont paré leur séjour de souvenirs chaleureux et rieurs, comme un été d’Enfance Retrouvée, une insouciance originelle qu’on voudrait ne plus oublier.

PICT0008.JPG


Illustration par l’Aïolli des familles que personne n’a boudé, entre la journée à Cap Taillat où j’ai repéré un poulpe joueur, et la balade en vélorail que nos tourtereaux ont voulu découvrir à leur tour. Un orage  plus tard, il a bien fallu se résoudre à rendre nos jeunes à leur vie parisienne, mais nos murs sont encore empreints de leur présence charmante.

PICT0035.JPG
PICT0062.JPG


Ces effets de grêlons sur le jardin précipitamment abandonné pour rappeler que ce bel été assoiffe notre terre. Le jardin est devenu un réservoir de poussière sèche que les chiens soulèvent dans leurs jeux, pellicule terreuse qui recouvre les voitures, les plantes ternies par la déshydratation.  Aujourd'hui comme hier, Saint Max a été ignoré de la douche divine  et GéO ne sera pas dispensé d’arrosage demain…Mais avec le départ de Marie-Geneviève ce matin, on sent bien que l’été court à sa fin. Ce n’est pas encore visible, à part quelques rares feuilles jaunies dissimulées dans les ramures,  mais la tombée du jour se fait  plus rapide, le rafraîchissement  de l’aube oblige les dormeurs à remonter la couverture jetée au pied du lit, un petit je-ne-sais-quoi qui annonce que les vacanciers vont s’effacer de nos paysages… et nous laisser  leurs traces abandonnées comme ce cadavre de Murène que nous avons découvert à Taillat, gisant mollement dans un trou de la passe rocheuse où j’ai mené mon excursion.

PICT0011.JPG
PICT0009.JPG

07/08/2009

Nuit étoilée

Une magnifique  nuit étoilée, dans la chaleur enveloppante de ce 5 août 2009, dévolue à l'écoute émerveillée d'une prestation brillantissime.

Ce sont deux étoiles qui s'installent aux claviers des pianos , et tirent des instruments embrassés des volutes musicales éblouissantes.

Martha Argerich et Nelson Freire se jouent des difficultés des oeuvres choisies.

Au milieu du parc du château de Florans, la scène installée sur un plan d'eau dresse un décor mirifique. Alentour, les platanes séculaires et les séquoïas gigantesques déterminent un rempart naturel de verdure. Les visiteurs se délassent à l'ombre afin de mieux se préparer à la soirée sublime qu'ils attendent.

 

La première pièce du répertoire est un opus de Johannes Brahms, "variations sur un thème de Haydn". Les premières notes disputent l'espace sonore à l'armée de cigales qui stridulent encore dans la chaleur de ce début de soirée. Le jour est à peine tombé, le ciel prend lentement des couleurs d'azur foncé, les papillons s'affolent dans le rayonnement des projecteurs, et les auditeurs attentifs se détendent à mesure que s'atténue la chaleur. Haydn versus cigales, on pourrait s'imaginer parasité par le rythme des insectes, mais l'oreille s'habitue rapidement et l'amalgame improbable s' accepte finalement. D'autant  que les deux virtuoses enchaînent le programme avec les danses symphoniques de Serge Rachmaninov, arrangées pour deux pianos. L'oeuvre est complexe, riche de sonorités résolument modernes, et le public se laisse envahir par l'extrême brillance de l'interprétation. Cette première partie s'achève sous les bravos enthousiastes et déjà le public manifeste sa gratitude .

 

L'atmosphère se rafraîchit à peine tandis que nous arpentons les allées majestueuses du parc durant l'entracte. Simone trouve son bonheur en se procurant un enregistrement de Beethoven et Schuman à prix d'amis, qu'elle se promet de faire dédicacer à la fin du spectacle.

 

La seconde partie s'ouvre avec le concertino pour deux pianos de Dimitri Chostakovitch que j'ai beaucoup apprécié. Je me promets de chercher l'oeuvre pour l'écouter à nouveau à mon rythme. Le grand rondo en la majeur de Schubert me déçoit un peu.  Mais Franz Schubert n'est décidément pas le compositeur des démonstrations extravagantes. Il est le musicien de l'âme, celui qui murmure à nos oreilles son infinie compassion, sa joie intime, ses partages feutrés des émotions aussi vives que secrètes. Mon Schubert s'accommode mal d'une brillance Litztiennes, et je le reconnais mal dans cette version trop clinquante. En revanche, la Valse de Maurice Ravel achève brillamment la prestation.

 

Le duo Martha Argerich et  Nelson Freire  fonctionne avec humour et légèreté, comme si la tendresse qui les unit déterminait l'harmonie des touchés, la grâce des échanges, comme une suite de clins d'oeil complices qui enrobent les difficultés inouïes des oeuvres interprêtées. La magie opère et nous sommes sous le charme, il me semble que cette superbe soirée est passée en un éclair, le temps nécessaire aux comètes pour illuminer le ciel de nos nuits provençales.

Un  moment sacré, le souvenir d' une nuit étoilée de musique et d' amitié.

 

Photo0309.jpg
Photo0312.jpg

19/07/2009

Accueil en chambres…

Nos petites escapades de Juin ont été l'occasion d'expérimenter l'hébergement en chambres d'hôtes.

Cette nouvelle formule d'hôtellerie rencontre un succès réel, l'accueil y est généralement plus chaleureux et personnalisé que dans les hôtels abordables par nos bourses, et les rencontres qu'on peut y faire sont  autant de portes ouvertes à l'imprévu...

Ce fut le cas à La clé des songes, à Courpalay ( seine et marne), où l'accueil de Clément Saadia nous a ravis. Dans sa demeure  de charme, installée dans un ancien corps de ferme, le couple a aménagé quelques chambres aux noms fleuris, dont les fenêtres donnent sur un immense jardin, prolongé par un parc arboré. À soixante-dix kilomètres de Paris, entre Disneyland et Provins, l'attrait de cette halte réside dans le calme et le confort  d'un agencement élégant, tirant parti des vieilles pierres, de l'espace des hauts murs, de la décoration mêlant sobriété et tradition. Dans la cuisine jouxtant la salle où sont servis les petits-déjeuners, le visiteur curieux peut jeter un œil sur les nombreux livres de cuisine qui allèchent les gourmands. Le site respire et inspire les moments douillets et conviviaux, confitures- maison et lecture au coin du feu... Car dans la décoration des lieux ont été inclus les livres qui ont réjoui les hôtes de la maisonnée, petits détails qui invitent au partage.
Notre hôte officiant justement comme premier magistrat de la commune au mariage d'Olivia et Nicolas, il n'en a pas fallu davantage pour que la conversation se noue. Et que croyez-vous qu'il en est  ressorti ? Donnant-donnant, nous avons goûté les spécialités de la maison, il est convenu que je prépare les foies gras pour leur prochain passage dans notre région, en août sans doute...

La clé des songes
7 à 8 cour Durand
Le Grand Bréau
77540 Courpalay
http://www.lacledessonges.com

Nos découvertes précieuses ne se limitent pas à la Seine et Marne.
Notre petite évasion en Normandie a donné lieu à d'autres aventures, d'un aloi fort différent.
Gardons pour la bonne bouche les retrouvailles de GéO et de sa bonne amie d'antan, l'épisode mérite une note particulière. Restons plutôt dans notre catalogue d'appréciation de la qualité d'accueil en chambres d'hôtes et les pratiques des uns contrecarrant les us des autres, comme vous pourrez en juger.

Retour sur nos  destinations respectives : GéO préparant notre passage à Port en Bessin, je me suis mise en quête d'un gîte à Saint Pair sur Mer, dans la baie du Mont Saint Michel, haut lieu de mes vacances enfantines! Un écart de près de cinq décennies a effacé mes repères, mieux vaut me fier à la publication des adresses  sur le site de l'office du tourisme à Saint Pair sur mer. Après un tour d'horizon complet, j'arrête mon choix sur la foi de la description présentée sur le site  http://www.normandie-chambreshotes.com/


La page d'accueil y est très claire, intitulée  informations pratiques, sous titrée Saint Pair sur Mer, illustrée d' une photo  lumineuse de coucher de soleil, suivie de quelques lignes  de texte situant la localité. Puis la présentation des chambres se résume à trois photos, baptisée poétiquement chambre 1, chambres 2 et 3.
Reprise du texte concernant la situation géographique, précisant que la maison est à 250 m de la plage, que la vue sur mer des chambres est imprenable, s'ensuivent les coordonnées téléphoniques et l'adresse de la maison.
En cliquant sur la note « plan d'accès », on peut trouver alors deux cartes graphiques, l'une situe Saint Pair par rapport à la presqu'île du Cotentin, la seconde consiste en un plan d'accès du Chemin Lang. 
Voilà qui paraît assez tentant.  J'imprime derechef  toutes les pages du site afin de les présenter à mon cher et tendre époux,  certaine de la qualité de mon exploration et des correspondances avec mes critères de choix, pour l'internaute , disons, amateur- éclairée que je me flatte d'être. Si, si, pas de sourire en coin, mon jeune neveu Hervé m'a même  flattée à propos de mon habileté remarquable et remarquée à saisir des données sur mon téléphone tactile ! « À presque 60 balais », il paraît que c'est impressionnant pour ce jeune homme de 22 ans, né donc à l'ère informatique !!!.
Pardonnez la longue description détaillée du site, vous allez comprendre que le suivi des opérations n'est pas si anodin.

Je finalise donc ma réservation par téléphone. Dans un premier temps, l'homme répond à ma demande en proposant deux chambres attenantes, « communicantes si on veut », mais parfaitement indépendantes, pour un prix forfaitaire de 80 €, petits-déjeuners en sus. Nous sommes hors saison, cela me paraît raisonnable, mais j'insiste sur le fait que les chambres  doivent être indépendantes, ce que mon interlocuteur confirme. Il n'omet pas de me demander la moitié de la somme à titre d'arrhes. J'obtempère par courrier, prenant la précaution de rappeler dans ma missive que ma réservation est destinée à un couple et un adulte, donc que nos chambres doivent être indépendantes. Le brave homme, un peu hésitant, me rappelle dans la soirée pour préciser qu'il nous attend bien pour la nuit du 23 juin mais qu'il serait souhaitable que nous quittions nos chambres  avant 9h30 le lendemain, ce à quoi je ne vois pas d'inconvénient. Toutefois, au cours de cette conversation,  je propose, si notre passage pose problème, de trouver un autre hébergement, mon chèque d'arrhes n'étant pas encore posté.
- Oh non, se récrie-t-il, dans la mesure où vous aurez quitté les chambres avant dix heures, nous n'avons pas de souci.

PICT0172.JPG
PICT0167.JPG



Quand nous arrivons enfin à Saint Pair, le mardi après-midi, l'homme m'avait rappelé en route pour s'assurer que nous n'avions pas changé d'itinéraire. Mon chèque d'arrhes ayant été encaissé, cette inquiétude nous a amusés. En fait, l'adresse s'est avérée difficile à trouver. Le Chemin Lang est devenue  une rue  bordée de  villas cossues qui n'existaient pas dans mon souvenir. Elle se situe au sud de la localité, au niveau des rochers de Saint Gaud, seule partie rocheuse sur la longue plage qui borde Saint Pair. Le problème est qu'en descendant le chemin, puis en le remontant, nous n'arrivons pas à situer la maison où nous nous savons attendus. Mieux, toutes les villas portent  soit un numéro soit  un de ces petits noms  porte bonheur, genre « Abri côtier » comme  dans mon souvenir attendri, mais pas de n° 335 en vue ! Au 3ème passage, enfin, je me décide à aborder une femme en train de bricoler dans sa courette.
- Mais c'est ici, vous y êtes ! me répond-t-elle, en agitant son pinceau couvert de peinture blanche à fleur de mon nez.

Le temps de garer la voiture, notre bricoleuse est prête à nous guider dans les lieux. Une petite porte sur le côté de la façade permet  un accès indépendant  à l'étage, grâce à un escalier aux marches ripolinées immaculées; au bout du couloir prolongeant  les derniers degrés, nous accédons sur la droite à une porte qui ouvre sur la première chambre. Dans une harmonie décorative identique à la cage d'escalier, tout est blanc. Les murs, le sol, les meubles, les rideaux, le garde-fou du balcon perceptible à travers la double porte-fenêtre. Au royaume immaculé... Sur le mur de gauche, une porte et un saut de deux petites marches desservent en contrebas la salle de bain, assez vaste, baignoire, pour ameublement, malle et casiers en  osier peints en ...blanc. L'ensemble est très coquet, un peu english kitsch, parfaitement adapté à l'ambiance côte normande, qui conserve  encore, entre nous soit dit, certain  caractère  d' ancienne colonie victorienne...
Je félicite la personne pour l'harmonie des lieux, puis  nous nous enquerrons de la seconde chambre, et le tableau idyllique se gâte...
- Elle est là, désigne  sobrement la propriétaire des lieux en désignant de la main une pièce située sur la gauche.

Nous entrons dans la chambre et découvrons bien sûr un aménagement identique.  Toutefois, une remarque s'impose immédiatement : cette pièce ne dispose que d'un accès, la première chambre ! Le défaut saute aux yeux et Marie- Geneviève murmure à mon oreille :
- Mais je ne vais quand même pas m'installer là, si je dois me lever cette nuit, je n'ai pas envie de vous déranger !

Avisée de notre désaccord, l'hôtesse proteste mollement et consent  à préparer la troisième chambre, qui se trouve au bout du couloir, contigüe aux deux autres. Elle dispose d'une salle de bain privée ... en rez de chaussée. Rien d'idéal comme confort, certes, mais moins ennuyeux que de partager l'espace d'une suite, avec une seule entrée.
Comme nous nous apprêtons à descendre enfin sur l'estran qui se dégage à vue d'œil, le mari de notre hôtesse toque à la porte de la chambre où nous nous changeons. Il m'aborde de front, apparemment très agacé :
- Cette chambre, vous l'avez bien vue sur internet, non ?
- Évidemment, nous en avons discuté...

- Alors, vous avez bien vu comment c'était disposé, y'a rien à en redire.
Et sans me laisser le temps de rétorquer quoi que ce soit, il enchaîne :
- La chambre que vous avez demandée à ma femme, c'est plus cher !
Au ton utilisé, je ressens une réelle contrariété et je me dis in petto que la dame doit être souffrante, ou qu'il y a un souci majeur dans cette demeure... Mais nous sommes tous les trois d'avis que Marie- Geneviève n'étant ni notre enfant ni notre chaperon, elle a bien mérité autant que nous l'intimité à part entière  d'une chambre indépendante.

PICT0173.JPG
PICT0176.JPG



La balade sur l'estran, « le-sable-mouillé » de mon enfance ,  est agréable,  la visite de Granville et le dîner à l'Astérie sur le port nous apportent la détente attendue, nous sommes ravis du spectacle de la côte quand  nous réintégrons nos chambres.  Mais une nouvelle surprise nous attend : l'indispensable halte aux toilettes cache encore un piège dans cette maison au confort décidément particulier : le petit coin  l'est vraiment, petit, et  caché presque en haut de l'escalier, peu après le tournant qui débouche sur le couloir. La porte s'ouvre sur la largeur de trois degrés et le bouton d'électricité  est caché à l'intérieur des toilettes. On devine que nos visites nocturnes, bien naturelles, seront casse-cou. Il y a fort à craindre, dans la contrée, pour  la santé des cols de fémur et autres fractures du tibia ! Encore heureux si la digestion des fruits de mer se déroule sans effets déliquescents ! Inutile de préciser que l'endroit est en partage pour  les six usagers potentiels des trois chambres, en admettant que la maison fasse le plein! 
Comme nous sommes de vrais petits veinards, la nuit se déroule sans drame, si ce n'est ce matelas cotonneux qui me garantit une houle incertaine à chaque retournement de GéO. Bonne nature tout de même,  nous jouissons du petit déjeuner sur le balcon-avec-vue-sur-mer.   En bouclant les bagages, il me revient  alors que j'avais conservé le dossier imprimé de mes recherches et GéO en parcourt les feuillets : effectivement, rien ne prête à penser que les lieux sont intriqués de la sorte.

PICT0191.JPG
PICT0204.JPG




Nous descendons régler la note, qu 'après tout nous avons résolu de ne pas contester, quoique... Dans la minuscule entrée  qui dessert  l'escalier et la salle de bain de la chambre 1,  la note nous attend, posée dans un cendrier sur une table. Comme GéO commence à rédiger le chèque, j'entreprends de faire remarquer courtoisement à notre hôtesse l'inadaptation des lieux, l'état du matelas et en particulier  l'accès acrobatique aux  WC. À peine ai-je achevé ma première phrase, pourtant enrobée de précautions oratoires, que la dame monte sur ses grands chevaux :
- Mais pourquoi vous m'agressez comme ça, lance-t-elle sur un ton tragique, sa voix rauque hérissée d'effets suraigus.
- Madame, je ne vous agresse pas, j'use de mon droit de client pour signaler...
- Si, vous m'agressez, d'abord !
Et voilà les sanglots longs, les trémolos tragiques, la trace humide de larmes montantes  comme la marée, qui éclairent son regard de biche traquée...
Ah, je suis cool, ce petit voyage aux sources me réjouit, je n'ai vraiment pas l'humeur atrabilaire, mais la réponse héroïco-scénique de ma Sarah Bernard Normande m'agace un poil, je l'avoue, d'autant que j'entends ma discrète belle-soeur commenter  derrière moi :
- Ah ben non, tu n'es pas agressive, tu t'exprimes, c'est pas pareil.
Là-dessus  GéO, qui achevait de rédiger le chèque global sans interférer dans notre propos,  notre GéO donc, lâche son stylo et intervient de sa voix si mélodieuse,  si douce et  apaisante que connaissent  bien tous ceux qui le pratiquent :
- On vous agresse pas, on vous dit quand même que les lieux ne correspondent pas à la description qu'on a vu sur votre site.
- Ah mais si ! bondit l'aubergiste, toute requinquée, voyez-vous même...
Elle pousse derechef la porte de communication avec son logement, où nous découvrons le coin ordinateur,  écran allumé connecté justement sur le site,  à la page description des chambres... 
GéO a l'esprit vif. Il vient en outre de relire les pages du dossier que j'avais imprimées, le double de la lettre de confirmation. En un quart de tour, il s'aperçoit qu'effectivement de subtiles différences  modifient l'aspect du site.  GéO peut être coulant, mais il a une Sainte Horreur d'avoir le sentiment qu'on cherche à le rouler... Là, la pauvre dame a tout faux, pour le coup.
- Mais vous l'avez modifié votre site, depuis la visite de ma femme...
- Mais non, monsieur, regardez, il a toujours été comme ça ! D'ailleurs, c'est pas moi qui l'ai fait, j'y connais rien en informatique...

- Mais si, il est modifié, vous allez voir, nous allons comparer avec le dossier qu'a imprimé mon épouse. Odile, t'as le dossier ?
Comme je tends les pages à consulter, elle les repousse d'un coup, sans y jeter le moindre regard, avant de recommencer l'antienne matinale :
- Et puis d'abord, vous m'agressez ...
Avouons que l'organe vocal de GéO peut sonner un peu rogue, surtout dans ces circonstances, mais ce n'est rien encore par rapport à ce qu'il peut donner quand on titille sa patience plus que de raison. L'innocente croit l'avoir au sentiment, et redouble  ses trémolos languissants, mais en face, GéO triomphe par la puissance du rugissement.
Il commence par reprendre le dossier, et le lit à voix haute, date et précision de bas de page incluses.
- Là en date du 2 juin, page 1 sur 2 , puis page 2 sur 2.  Vous sur le site, vous nous montrez trois pages maintenant...
- Mais c'est votre femme qui n'a pas cliqué sur les photos...
- Ah oui, vous n'y connaissez rien, mais vous savez que ma femme n'a pas cliqué où il faut ! Et la photo de la page d'accueil qui n'est plus la même, c'est ma femme peut-être ?
- Mais oui, elle a dû modifier, je sais pas moi, et puis vous m'attaquez chez moi, c'est pas juste.
- D'abord je ne vous attaque pas, je remarque que vous avez modifié des informations et ça s'appelle de la mauvaise foi...
Le ton continue de grimper vers les sommets himalayens du désaccord, quand, au mot « mauvaise foi » lâché par l'ire de GéO, notre hôtelière s'effondre de plus belle, arguant de sa faiblesse féminine et de son innocence. C'est bien plus qu'il n'en faut , GéO rompt d'un coup l'escarmouche d'un superbe :
- Et faites pas votre Ségolène, à pleurnicher quand vous êtes prise en défaut !

Une chose est sûre, pour cette fois, nous ne nous sommes pas fait d'amis à Saint Pair sur mer !

PICT0192.JPG

10/06/2009

Drôles de machines…

PICT0014.JPG

 

PICT0024.JPG


En cette période d’écologie triomphante, je  suis fière de vous présenter un prototype de véhicule garanti sans pollution !
D’une simplicité digne des cerveaux les plus ingénieux, ce mode de locomotion ne nécessite même pas le concours de forces extérieures : pas d’aléas météorologiques à redouter… pas d’incantations aux dieux Éole,  Neptune, ou Jupiter, le Grand Maître des nuages…
Il vous faudra quand même donner de vous-mêmes, voyageurs en quête d’aventures, car faute d’énergie naturelle,  chimique et polluante, il faudra puiser  au sein de votre volonté  la source qui endurcit les mollets…
Ah, il arrive parfois que l’on cède à la facilité, à la tentation de relâcher l’effort à quelques mètres du but…

PICT0017.JPG


Dautres gardent le cap droit devant, et se réjouissent  manifestement de l’effort…

PICT0022.JPG
PICT0021.JPG

 

PICT0018.JPG
PICT0019.JPG


Quand surgit du fond du paysage une équipe à l’allure menaçante…

PICT0024.JPG



Les renforts sont alors bienvenus, chacun prête à tour de rôle la force de ses mollets…

PICT0026.JPG
PICT0030.JPG
PICT0044.JPG


Nos engins volent au-dessus des voies à grande circulation…grâce à la force conjuguée des équipiers.

PICT0041.JPG
PICT0043.JPG
PICT0040.JPG



La halte est bienvenue , d’autant que les cieux justement se chargent de menaces.

PICT0038.JPG


Au retour, nos compères affichent des mines réjouies pendant que leurs esclaves affrontent la longue remontée

PICT0047.JPG

PICT0048.JPG


Ce qui n’empêche personne de renoncer à admirer le paysage depuis le versant de la sainte Baume. C’est un point de vue rare,  normalement inaccessible, sur Saint Maximin . :

PICT0056.JPG
PICT0058.JPG
PICT0060.JPG


Les voies peu exploitées offrent  un terrain de conquête aux pousses de toutes sortes : cistes, genêts, conifères…
Les talus se parent de lilas d’Espagne et de pois de senteurs, mais aussi, à la grande joie des disciples de Pierre, de colonies entières d’orchis pyramidaux et autres variétés que nous avons tout le temps d’identifier ( ! !!)…

PICT0052.JPG

 

PICT0045.JPG

Étrange confrontation…

 


Ces drôles de machines sur rails effectuent le parcours Pourcieux- Saint Maximin, mues par la force des mollets. Association du pédalo et de la draisine, ces engins permettent des balades originales en couple ou en famille.  C’est un moyen sympa et écologique de visiter la contrée, que Josiane a eu la bonne idée de dénicher pour organiser une balade hors des sentiers battus. L’association vélorails de France a développé un réseau de parcours récréatifs, utilisant les portions de voies de chemin de fer désaffectées.
Répartis presque partout sauf dans l’extrême quart Sud Ouest,  les différents site sont consultables sur http://www.velorailsdefrance.com, vous pouvez également consulter l’article wikipédia à l’adresse suivante :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cyclo-draisine