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07/06/2009

Parfaits Cathares (4)

Petite intrusion au parfum d'enfance…


Et puisque nous sommes toujours à Cucugnan, profitons-en pour goûter encore un peu à cette savoureuse langue d’Oc, qui chante si bien à l’oreille et dans le cœur….
Au milieu du dix-neuvième  siècle, quelques poètes et écrivains méridionaux décidèrent de réagir au parisianisme (déjà) ambiant, et  fondèrent un cercle culturel centré sur la mise à l’honneur des textes , souvent transmis jusqu’alors selon la tradition orale… Parmi ceux-ci, tout le monde connaît  le nom de Frédéric Mistral qui définit ainsi les membres du Félibrige :  « Félibre, poète provençal de la seconde moitié du dix-neuvième siècle, littérateur de langue d'Oc, membre du Félibrige ».

Parmi ses élus, Alphonse Daudet en est resté l'écrivain le plus célèbre . Par ses Lettres de mon moulin,  des milliers de lecteurs ont frémi, souri, applaudi  au fil de ses histoires simples relatant les émotions naturelles des gens du midi. Qui d’entre vous ne se souvient avec béatitude de l’installation au moulin, du secret de Maître Cornille, des Vieux,  des trois messes basses et surtout, surtout, du Curé de Cucugnan…Nous y voilà et je m’émeus à ressortir ces souvenirs chantants…

Néanmoins, et malgré la reconnaissance que je lui voue pour m’avoir sensibilisé  très  jeune à l’ivresse du beau parler, force est de reconnaître que Daudet était surtout habile à se parer d’un bien reçu en héritage. Car ces histoires appartiennent au patrimoine régionnal. En ce qui concerne le sermon du fameux curé, la tradition l’attribue à Joseph Roumanille, qui le premier mit en forme écrite ce récit narré aux veillées et fêtes locales. Puis son acolyte Achille Mir cuisine à son tour un conte truculent et savoureux, enrobant ses personnages de nouvelles finesses psychologiques,  rehaussant ainsi les effets comiques. Il écrit  Lou Sermou dal Curat de Cucugna en langue d’Oc, ce qui ne nous est guère accessible. D’où l’intérêt de la traduction d’Alphonse Daudet, qui a su populariser le sujet.
En ce début de vingt et unième siècle, la ville de Cucugnan s’est proposée de remettre à l’honneur les célébrités locales et c’est à Henri Gougaud, digne héritier de cette veine de Conteurs qu’il a été demandé de procéder à une adaptation offerte à tous les publics.
Nous avons donc assisté, grâce à la ténacité de notre Mireille, à un savoureux moment, rien que pour nous, en ce dimanche matin:  dans une minuscule salle de spectacle, une scène, quelques projections d’illustrations délicieuses sur les murs, une machinerie simple  offrent un support visuel charmant et efficace au texte dit par notre traducteur moderne. Henri Gougaud a travaillé  son texte de manière à respecter la poésie et la finesse de l’original. J’ai pu me procurer l’édition bilingue et je vous en propose  quelques lignes afin de mieux vous allécher, si d’aventure…, et je pense à toi , Lina, qui envisage d' aller traîner tes guêtres prochainement dans le coin…


«   Monsieur l’abbé Marty, curé de Cucugnan,
Était bon comme le bon pain,
Et tout le monde l’adorait.

Quand un paroissien récoltait
Au jardin, au champ, quelque bonne chose,
Vite, vite un présent à Monsieur le Curé !

(……………………………………………………)

Et pourtant l’excellent curé
Tant chéri, tant honoré
De son petit troupeau
Avait son âme tourmentée.

Croyez que ce n’est pas sans raison,
Car le dimanche, à son sermon
Peu de fidèles assistaient,
Et les plus exacts y ronflaient.  


Le pauvre abbé, la larme à l’œil,
Disait souvent à son bedeau,
Homme rustre, qui avait fait la guerre :
«  Ce serait le paradis sur terre,
Cucugnan, si mon troupeau
Était un tantinet plus dévot !

Mais tu le vois, brave Baptiste,
Ce serait péché de faire la quête,
Car il ne  nous vient qu’une poignée de gens
Mal habillés, tout indigents.

Le confessionnal se vermoule ;
Araignées, rats, y font ripaille,
Et les Pâques passent vite
Sans voir s’agenouiller une tête grise. »
……………………

La parabole se déroule sur ces vers libres comme une régalade. Au son de la voix chaleureuse, à peine rocailleuse de Henri Gougaud, la déconfiture du bon curé se métamorphose en une ruse généreuse. Impossible de rester indifférent au spectacle de l’enfer et des paroissiens rôtis, notre bon curé gagne son paradis… Et nous sortons de cette lecture tout ragaillardis.

06/06/2009

Parfaits Cathares (3)

Ce Samedi, notre cheminement emprunte des noms de rébus, aux consonances étranges, d’un autre temps, d’une  autre terre. Nous entrons en plein cœur du Pays Cathare, au centre de notre projet, sous l’éclairage de l’ouvrage de T. Zayek, jeune historien qui publie sa thèse, quasiment à compte d’auteur, aux Éditions des  Corbières, et que nous avons rencontré  brièvement sur le marché de Narbonne. Il a intitulé son fascicule Le Catharisme, Une Église médiévale, sous titré origines, essor et persécution.


Voilà de quoi nous familiariser avec cette page de l’histoire et dévider le fil mental de nos pérégrinations. T. Zayek nous propose une analyse synthétique du développement et de l’imprégnation de l’idéologie cathare, issue du catholicisme et de son expansion autant spirituelle que politique au Moyen-âge. Ce Moyen-âge, qui est tout, sauf « moyen », pour répondre à une appellation fallacieuse, correspondant évidemment au regard des historiens du XIXème siècle. Les mille années que nous avons pris l’habitude de regrouper sous ce titre réducteur, ont vu se succéder tant d’événements, tant de barbarie, de guerres, de prises de pouvoir, d’abus, de crimes légitimés par des institutions en perpétuel devenir,  elles ne peuvent pas constituer une page globale de l’humanité.
Le Catharisme naît vers l’an mil, au milieu du dit « moyen-âge », à partir d’influences Bogomiles, originaires  des confins orientaux de l’Europe. Cette philosophie du catholicisme fait son nid sur l’évolution des mentalités, entre idéaux religieux, rejet des excès ostensibles de l’Église de Rome et prémices d’un polissage social par l’émergence de codes culturels, le fameux Trobar, ensemble de raffinements poétiques, de « tendances » dirait-on aujourd’hui, prescripteur du « fin amor »véhiculé notamment  par les troubadours. Il faudra bien deux siècles pour que cette marque de l’évolution s’ancre dans la société médiévale, d’abord parce qu’elle ne peut concerner qu’une part restreinte de la population d’alors, les nobles privilégiés, de par son mode de transmission, et parce qu’il y a des frontières difficiles à franchir  entre les champs de bataille et les cours des seigneuries médiévales.

C’est donc au cœur du Pays d’Oc que le catharisme trouve une source de jouvence et de croissance. La géopolitique renseigne bien sur les paramètres qui peuvent aider à la rencontre de « dissidences ». Nous sommes en contrée d’Oc, en un pays étranger au Royaume de France encore bien restreint, fragile, à la langue  peu familière, à la réalité difficilement tangible. Impossible d’imaginer appartenir à un ensemble fort et uni. On a été soumis depuis des siècles à tant d’autres dominateurs, venus brutalement, évincés tout aussi soudainement : les Wisigoths, les Andalous,  même les Toulousains, ces « cousins » pourrait-on dire, dont on se défie quand même, car les tutelles pèsent.  Les villages, autour des bastions multiples de la contrée, sont isolés. Les communications ne sont guère faciles et très bien protégées dans ce pays accidenté. D’un pic rocheux à l’autre, on voit bien comment les défenses, les surveillances se sont multipliées : il suffit de se positionner comme ce soir à Queribus, pour convenir que les hommes de Peyrepertuse, à 4 km de là à vol d'oiseau, ne perdaient rien des mouvements, entrées et sorties de sa sœur jumelle. On voit bien ce réseau étroit de garnisons nichées  au fait des promontoires disséminés sur tout le territoire. On comprend bien aussi le repli sur soi quand on songe aux difficultés extrêmes pour accéder à de telles éminences, sous un soleil de plomb, au milieu d’un maquis végétal parfois impénétrable.  L’Homme s’est bien battu pour y établir son art de vivre et apprivoiser les versants abrupts des  aiguilles rocheuses, mais il est aisé d’imaginer combien le combat fut ardu, long, pénible.
Petite illustration de l'accès à  Peyrepertuse PICT0220.JPG

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et des voies de communication :

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Depuis la forteresse de  Queribus, les contreforts de Peyrepertuse et une idée du panorama.

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D’Aguilar où l’on retrouve le sommet immaculé du Canigou qui nous tient en garde

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à Padern,

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localité installée au confluent du Verdouble et du Torgan, en contrebas des ruines ci-dessus, nous gagnons enfin Villerouge-Terménès, dernière étape de la matinée.
Une cité typique, que tout visiteur reconnaîtra comme emblématique. De son église ceinte du cimetière, au château qui se profile sur son tertre :

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Nous déambulons dans les ruelles d’un calme monacal avant d’accéder à l’intérieur du château, dont l’état de restauration est édifiant. La visite, qui se poursuit  à l’aide d’audioguide, est justement axée sur l’esprit de résistance des cathares, elle est en outre illustrée, sous forme de films vidéos,  par la vie , l’arrestation, puis le procès de Bélibaste, paysan converti, Parfait irréductible, martyr emblématique d’une cause perdue par forfaiture.

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Il n'est bonne compagnie qui ne se quitte. Laissons à Villerouge-Terménès les spectres d'autrefois, et songeons un peu aux réalités. Il s'agit de reprendre des forces et nous savons que la côte de boeuf achetée la veille nous attend au gîte. Il faut bien aussi goûter au Byrrh, préparer le barbecue, profiter de la terrasse aménagée… Hummm, vous êtes autorisés à imaginer…

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Partir en vacances avec Pierre, c'est s'exposer à ne pas connaître de vacance…Je veux dire, ces moments de bien-être lascif, où vous abandonnez votre corps repu et votre esprit comblé au bienfaisant engourdissement d'une sieste… Secouons-nous, on n'est pas là pour s'amuser… D'autant que Mireille a une idée en tête, et quand ma délicieuse Fille de L'Erdre poursuit sa quête …
Nous quittons à nouveau le camp de base, après une étape à la cave locale, pour regagner le territoire de Cucugnan.
Au pied de Queribus, à un jet de pierre en contrebas, gît le village célébré par les poètes du félibrige.
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N'allez pas croire qu'il n'est dépositaire obligé que de son moulin, en ce village réside plus d'un attrait:
D'abord, LE moulin, vous l'attendiez un peu quand même?
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Ces ailes qui tournent au souffle de la Tramontane moulinent à nouveau pour fournir le pétrin du village. Les grosses miches joufflues et dorées sont vendues à deux pas de ce parvis où  l'on imagine sans peine les culs blancs des lapins détalant au petit jour, quand le poète entrebaille la porte vénérable de son refuge…
Mais Cucugnan recèle encore une autre histoire mirifique que je viens vous conter avant de refermer cette grande page catalane…
Figurez-vous que la petite église qui hébergea le fameux curé Marty possède un trésor au moins aussi savoureux: une statue de Vierge enceinte, eh oui, une représentation de l'Immaculée Conception portant en enseigne un ventre rebondi. Oh, la statue n'est pas bien grande, mais son image inconvenante gênait fort Monsieur le Curé, dans les pudibondes années 1930. Il demanda alors à son supérieur, l'évêque de Narbonne, de bien vouloir soustraire ses ouailles à cette représentation par trop vulgaire du mystère de la naissance de notre Seigneur. Le supérieur du bon curé y consentit sans peine et la Vierge  fut retirée. Las! les affres de la guerre n'allaient pas tarder à s'abattre sur le pays et les Cucugnannais en souffrirent ici comme les autres. Alors, ils se souvinrent de la Bonne Mère qui leur avait toujours apporté protection!  En un bel ensemble,ils demandèrent  sa réintégration dans la paroisse. Ce qui finit par leur être accordé en 1945. Ils  se réjouirent à n'en pas douter, mais pas bégueules, acceptèrent de prêter leur protectrice pour une exposition quelques années plus tard, en 1953 . Se produisit alors une vraie catastrophe: la Vierge fut volée!!!
Toutefois, la Sainte, quoique vierge enceinte,  ne s'en est pas laissé conter, ou compter, car les voleurs, soucieux de monnayer leur forfait, imaginèrent cacher leur recel dans la consigne de la gare de Lille…En attendant que cessent les recherches et l'émoi causé par une telle disparition. Or voilà qu'à la suite d'un malentendu tout à fait anodin, la consigne fut ouverte …et la vierge de Cucugnan installée à nouveau dans ses murs d'origine…

 

02/06/2009

Parfaits Cathares (2)

Le fil conducteur de notre voyage, l’indispensable curiosité stimulante, nous est venue au cours d’un séjour de Pierre et Mireille à Saint Max… Et si on se retrouvait à mi-chemin de nos villégiatures habituelles, en profitant de ces moments communs pour découvrir d’autres sites ?

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De Prat Barrat à Saint Max, le milieu est assez vite défini.  Le Roussillon, les Corbières, d’accord, en termes de dégustation, ça sonne bien le terroir … Le plaisir des yeux se nourrira des paysages accidentés des contreforts pyrénéens et les traces de l’histoire de cette contrée, porte obligée vers l’Espagne, terre nourricière des rebellions, des tourments historiques… Et puis ce tournant unique dans la Grande Histoire des religions, la seule Croisade interne dans un royaume encore mal constitué, trace indélébile de la conquête du pouvoir des âmes pour mieux régir les peuples.   L’idée nous semble bonne : nous allons dérouler le fil d’Ariane de la péripétie Cathare sur les terres Audoises. Comme d’habitude, c’est à Pierre qu’il échoit de préparer le terrain et de cadrer les excursions. Organiser  le périple et  enthousiasmer ses troupes, communiquer le plaisir de la découverte, rechercher le détail esthétique, fouiller du regard la nature pour y loger la petite merveille qui échappe aux pressés, ce sont les qualités intrinsèques à notre Artiste. Sans compter bien sûr la convivialité des partages sensuels, autour d’un met, d’une bonne bouteille … Là, nous nous rejoignons toujours !

Nous avons donc installé notre QG à Paziols. PICT0153.JPG
Au sud- ouest de Narbonne, comme on l’a vu hier. Dès le lendemain, nos premiers tours de roues nous mènent vers Aguilar, d’où nous découvrons des panoramas sublimes. L’épicière a prévenu Pierre:la nuit dernière, pendant que nous réchauffions nos gosiers auprès du feu de bois,   il a neigé sur le Canigou! Quelques arrêts-photos impératifs plus loin, nous explorons les ruines du site :

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Nous prolongeons encore plus au sud, dépassant Perpignan en "grandes pompes", nous filons vers  Banyuls : arrêt obligatoire à la cave, mais la déception est vive dans les rangs quand nous constatons la  solitude du bistrot perdu dans le village apparemment tétanisé… Du coup, nous filons jusqu’à Ceret, où nous avons déjà projeté une visite au musée d’art moderne
L’arrivée dans le village est plus sympathique : premier arrêt- cerises, autre spécialité de la commune. Elles sont bien appétissantes, les Burlat carminées, goûtées de suite, comme il se doit.
Seconde étape encore plus réussie : nous débusquons rapidement une charmante petite place bien fermée au souffle du vent violent de cette fin de matinée. La place des neuf jets abrite trois ou quatre restaurants qui mêlent quasiment leurs terrasses. Nous choisissons l’accueil de La Fontaine, au sourire lumineux de la patronne autant qu’au menu annoncé. Ce très bon moment est  pourtant presque gâché que par les éternuements impitoyables que les platanes nous infligent.

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Déambulant dans la petite cité, nous admirons quelques terrasses fleuries avant d’entreprendre la visite du  musée annoncé plus haut.

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Moment très intéressant : Ceret a offert sa villégiature à de nombreux artistes du XXème siècle , en particulier bien sûr Picasso, mais celui-ci répondait d’abord à l’invitation de collègues qui méritaient son estime : Manolo, Masson, Soutine entre autres. J’y découvre également avec ravissement et émotion "les gens du voyage" de Chagall, qui me touche particulièrement car il me rappelle une séance atelier découverte, avec mes petits CP à l’époque où nous travaillions avec le Musée en herbe*… . Une jolie collection d’une trentaine de toiles, esquisses, sculptures, céramiques, mérite le détour et l’intérêt des visiteurs pour  cette bâtisse claire en plein centre ville.

Quittant Céret presque à regret, nous mettons le cap sur Thuir, histoire de récupérer l’objectif Banyuls… La Maison Cusenier, institution traditionnelle et vénérable, permet aux visiteurs d’arpenter ses anciens quais et offre dégustation -vente dans l’antre de ses bâtiments séculaires. La famille Violet doit son empire à son  ancêtre, commerçant ambulant dans les années 1860. Il vendait autant d’épicerie que de mercerie et des coupons de tissus, répertoriés par lettres alphabétiques. La légende veut qu’il inventât en 1866 un breuvage mêlant le  vin de grenache à de nombreuses épices, cannelle, graines de sureau, fèves de cacao , Quinquina, café vert…La recette paraît  complexe et n’est probablement pas entièrement dévoilée. Mais elle fit mouche tout de suite, sous le nom de BYRRH, obtenu par la suite des coupons étalés devant le comptoir le jour du baptême! Le succès fut instantané, et tel que Monsieur Violet Père renonça au commerce saltimbanque pour fonder en 1873 sa fabrique,   devenue par la suite Maison Cusenier. Belle  et édifiante histoire d’une entreprise implantée dans le terroir… Mais en parcourant les hautes structures métalliques style Eiffel, le visiteur ne ressent aucune effervescence en ce vendredi après midi…


Notre route nous ramène encore sous le promontoire  de Queribus, fière ruine dominant le panorama. Celui-ci se déguste sur 360°, de la mer à l’Est  à Peyrepertuse en face, on repère Padern, Cucugnan tout proche, Aguilar, à nouveau… Et toujours le Canigou enneigé qui ne nous perd pas de vue, engoncé sous son chapeau scintillant dans le couchant. Enchanteur !

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Aussi incroyable que cela puisse paraître,  la visite de la citadelle de Queribus permet d'admirer encore l'architecture de ces forteresses d'altitude. Le visiteur se pose toujours l'inévitable question:  coment ont-ils pu élever ces bâtiments dans de telles conditions extrêmes? Notez ici le détail des clefs de voûtes gothiques:
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31/05/2009

Parfaits Cathares

Un dimanche au calme, il est temps de revenir sur notre excursion en Pays Cathare.
Ce riche mois de Mai ne peut s’achever sans que je revienne épiloguer  sur cet autre épisode de Joie… Quoi de mieux en effet que ces moments de découvertes et de partage avec des amis de cœur ?
Ce jeudi-là, nous avions rendez-vous pour déjeuner avec Pierre et Mireille à Narbonne.
Nous avons donc fait halte à l’Estagnole, à côté des halles de style Baltard, datées de janvier 1901, qui abritent un grand marché au cœur de la cité, à deux pas des berges aménagées du canal de la Robine.
Selon l'adage: en mai, ce qui te plaît est la mise au frais, nous nous sommes offert un tour de la cité sous la pluie. Après avoir longé le marché  sur l’autre rive du canal, nous avons découvert les trésors de la ville sous un ciel encombré. 
Notre arrivée sur la place de la Mairie est l’occasion d'une première plongée en histoire : Narbonne est une localité ancienne marquée de sceaux divers, de l’antique Capitale de la Gaule Narbonnaise à la vicomté  moyenâgeuse, elle a connu  l’occupation musulmane et andalouse du VIII ème siècle, comme elle a subi les invasions wisigothes et l’annexion au royaume de Toulouse.
Dans le quadrilatère formé place de la mairie par les bâtiments des Dames de France, aux réminiscences  toutes zoliennes, et l’ancien Palais de l’Archevêché, qui abrite maintenant l’hôtel de ville, ce sont les plaques commémoratives des combats de 1907, par lesquels les viticulteurs ont chèrement défendu leur statut, qui nous ramènent bien sûr à une actualité pas si lointaine. Petit clin d’œil incursif vers l’Antiquité avec la résurgence de la Via Domitia, puis nous obliquons à droite dans les rues qui enserrent la cathédrale Saint Just  et saint Pasteur ( XIII ème-XIV ème siècles). Rattrapés par la violence de l’averse, nous nous réfugions dans le cloître avant d’accéder à l’intérieur de la nef. L’édifice n’a jamais pu être achevé, en raison des turbulences de l’Histoire, mais on en devine les dimensions initialement prévues et on reste confondus par l’ambition des projets architecturaux… Ce qui réveille nos impressions de Sienne, il y a tout juste trois ans, quand Pierre nous guidait déjà dans les terres toscanes qu’il aime et connaît si bien…

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Sous ce ciel sans indulgence, nous nous aventurons jusqu’à Fontfroide, qui dépend encore du territoire de la commune Narbonnaise. Sainte Marie de Fontfroide attire les esthètes et les quêteurs de spiritualité depuis toujours ; bâtie à partir de 1093, elle est d’abord régie par la règle  bénédictine, avant d’être incorporée au mouvement cistercien à partir du milieu du XIIe siècle. La puissance des bâtiments, les dimensions du domaine évoquent la richesse de sa destinée. En constante rénovation, l’abbaye est de nos jours ouverte aux visiteurs accompagnés de guide, mais les jardins se visitent seuls. Les bâtiments conventuels ont été aménagés pour s’inscrire dans l’économie locale, avec plate-forme commerciale, restauration et vente de vins.

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Les clichés en témoignent, les cieux pleuraient ce jour-là sur les chagrins des vieilles pierres. Trempés jusqu’à l’os, nos explorations ont tourné court, jusqu’à la découverte du gîte que Pierre avait réservé à Paziols.… À première vue, une toute petite commune nichée dans les contreforts des Pyrénées, sous la garde bienveillante du Canigou. À l’extrémité du village nous attendait une maison de village toute en pierres, au portail de bois  fleurant bon la grange rénovée. Passé le sas fourre-tout, nous découvrons un séjour cuisine accueillant, clair, spacieux et, cerise sur le gâteau après les averses subies, un coin-âtre bienveillant.… Sans oublier la bouteille d’accueil déposée près de la porte, pour mieux nous inciter à déposer nos bagages et réchauffer nos cœurs… Lesquels cœurs étaient   prêts pour la fête, sans plus de façon, nous avons dressé le couvert, sorti nos verres  en cristal de Colle di Val d’Elsa ,  souvenir prodigieux de l’équipée toscane… Le feu crépitant dans le dos, le breuvage sucré oscillant dans sa coupe, nous portons un premier toast au succès des retrouvailles…

 

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19/05/2009

Prendre de la Hauteur

Pas le temps de défaire les valises, il faut garder en mémoire toutes les images sublimes et la hauteur de vue à laquelle il est si simple d'accéder dans ce pays-frontière.

Je ne parle pas de frontières géo- politiques, mais de limites  spatio-temporelles, de ces portes qui ouvrent le passage vers des contrées où le présent n'importe plus tant que ça…

On peut s'imaginer en plein vol comme à Queribus, au milieu des vautours qui font la ronde dans le ciel…

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On peut se reconnaître dans la vigilance des sentinelles gardant pour l'éternité les forteresses qui habillent les pitons rocheux, abrupts, réputés inexpugnables… Et qui veillent encore sur les contreforts pyrénéens.

Demain je vous raconterai sans doute notre périple .

Aujourd'hui, je déverse le décor  de vos paniers à rêves.

 

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13/05/2009

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Les six plaies de Berlin

Berlin reste de par le vaste monde l’exemple typique de la ville fascinante.
Tout citoyen un peu curieux, en Europe ou au-delà des mers, vous confiera, à un moment ou à un autre, avoir l’envie et l’intention d’aller palper le pouls de la Capitale Allemande. Car personne n’imagine plus Berlin en simple métropole régionale, 1ère cité du royaume de Prusse, ville de résidence du Prince Électeur de Brandeburg. Ces rôles que la cité a pourtant parfaitement assumés du Moyen-âge  jusqu’à l’avènement du Reich de Guillaume 1er.
Mais ce n’est pas la ville impériale qui attire les visiteurs.
Si Berlin accueille en son sein tant de touristes qui la parcourent et la scrutent, c’est qu’elle incarne ce qu’on appelle désormais la Résilience. Cité emblématique d’une page d’Histoire néfaste et honnie, bien plus que Munich qui s’est pourtant davantage illustrée au démarrage de l’idéologie nazie, Berlin s’est relevée de ses cendres, et fourmille de vie, de projets. Comment imaginer maintenant la ville détruite à plus de 80% ?  Pourtant, il me semble que subsistent les six plaies qui stigmatisent à jamais ces lieux de mémoire, et ces cicatrices évidentes sont volontairement exposées au regard comme autant de remèdes préventifs contre la contagion barbare.

En dehors des centres d’attraction touristique classique, en marge des attraits d’une cité vivante et conviviale, que le Sony Center illustre parfaitement, Berlin est marquée de stigmates que son art de vivre n’élude pas.

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Je me suis amusée à saisir sur la  photo ci-dessous le parcours logistique qui mène d’une antique Traban à la dernière- née d’une gamme automobile étrangère. Quel sens de l’humour a conduit le pilote de la vieille pétaradante à lui offrir l’ombre de son affriolante cadette ?

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Ce que j’identifie comme les  six plaies de Berlin réside dans les sites marqués du sceau de l’Histoire du XXème siècle, que nul visiteur, et sans doute nul habitant de la grande ville ne peut ignorer.

À l’instar de la fameuse Porte de Brandebourg, Arc de triomphe insolent soulignant justement l’impossibilité de franchissement, pendant trois décennies…

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Aujourd’hui, la foule s’y presse, malgré l’averse glaciale, il convient d’user ses pas sur ses dalles jadis interdites.

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Image 4.pngÀ deux pas  de l’arche impériale, l’esplanade dessine une allée jalonnée de plaques d’ardoise dressées verticalement sur le pavement, comme autant de disques gravés à la mémoire des 96 députés communistes assassinés en 1933, à la suite de l’incendie du Reichstag. L’histoire colle à la peau des trottoirs de Berlin, plus sûrement et définitivement que ce crachin humide et froid tombant sur les épaules des piétons.

Peu de documents l’attestent, mais il est pratiquement avéré que les SS sont à l’origine de cet incendie, attribué immédiatement aux malheureux représentants du parti Spartacus, premières  victimes des horreurs perpétrées au nom de l’Ordre.
Cette portion congrue de tunnel est préservée dans le sous-sol du Reichstag, pour attester justement de cette page sinistre des débuts prometteurs du nazisme…

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Impossible de quitter ce quartier Est, contiguë des marches du pouvoir sans prendre le temps du recueillement. Le champ de stèles érigées à la mémoire des Juifs européens victimes du nazisme, Holocaust Denkmal für die ermordeten Juden Europas.
Je passerai sur la petite histoire des scandales et tergiversations qui ont conduit à l’actuelle représentation de ce symbole, pour m’attarder davantage sur le sens et le courage des autorités fédérales et municipales. Il s’élèvera toujours des voix pour arguer que c’était bien la moindre des choses, mais ne voit –on pas ici et là, dans bien d’autres lieux des occultations assez hypocrites des horreurs de la guerre. Il serait tentant de représenter « feutré-artistique ». Mais sous les fenêtres de la Chancellerie et du Reichstag, ce champ de 10 073m2, plus d’un hectare en plein espace urbain, comporte 2711 stèles de béton gris, dénuées d’inscription. Le sol de ce champ a été vallonné de sorte que des vagues de pavement amplifient le relief de ce cimetière sans dépouille.

PICT0084.JPGEn arrière plan du mémorial,  à droite le quadrille qui surmonte la porte de Brandebourg, à gauche le dôme du reichstag.

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Les allées perpendiculaires, que les visiteurs arpentent silencieusement. De temps à autre, une unique rose rouge, déposée là sans commentaire, atteste l'acuité du souvenir…

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Le mémorial est partie intégrante du quartier…




Plus légère, la quatrième de ces plaies n’en suggère pas moins de douloureux souvenirs à ceux qui se sont confrontés là aux larmes des adieux.
Check Point  Charlie et son célèbre panneau sur la Friedrichstrasse.

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Aujourd’hui, les faux militaires anglais, américains, français se relaient pour mimer les sentinelles qui réglementaient le point de passage.

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La cinquième plaie non refermée est d’une discrétion toute remarquable, dans sa représentation comme dans sa lecture. Il s’agit d’une simple dalle de verre, transparente, posée au centre de la  Opernplatz…, à l’endroit précis où eut lieu l’autodafé de la nuit du 10 Mai 1933. Sous la dalle  carrée de 4X4m se tient une pièce à peine plus large. À la lumière de la nuit, j’y vois un sol blanc immaculé, sans objet.  Les quatre parois sont également blanches, toutes recouvertes de rayonnages de même teinte ; ce n’est pas une absence de coloration, c’est un blanc absolu, sidéral, infini, celui du vide laissé par la culture assassinée. L’effet est saisissant, il ne peut se rendre en photographie, mais l’empreinte visuelle de ce vide s’imprime à jamais dans la conscience.

La sixième plaie, je vous  l’ai déjà présentée dans ma première note : elle est  concrétisée par Le Mur, die Mauer, qui clôt ma boucle puisque j’ai commencé ce récit de voyage par les vues des peintures qui le décorent .

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Les Berlinois ont choisi de vivre avec ces stigmates exposées à leur vue quotidienne. Cette ville qui résume à elle seule les ravages d’un XXème siècle violent et sauvage, elle qui a vu le combat des principales idéologies du monde moderne, elle est devenue le garde-fou des démocraties, le miroir ostensible  que le devoir de mémoire impose pour établir une veille sur le monde libre. Mais ce courage de lucidité pèse du poids de la culpabilité et il faudra bien un jour que les générations qui grandissent soient exonérés des comptes de leurs grands-parents, de leurs aïeux.
Alors en attendant, ils vivent, travaillent, se rencontrent, bougent et font bouger leur ville.
Les restaurants sont nombreux, les magasins très divers, les quartiers exposent leurs particularités sans complexe. La vie culturelle s’y affirme dense.


Notre ami  avait repéré la représentation de l’Opéra de Puccini, Madame  Butterfly.
En confiance, notre petit groupe se rend au Komische Oper, Behrenstrasse, après une dégustation des  fameuses  Currywurst présentées s’il vous plaît sous cloche d’argent !

Imaginez nos attentes, nous sommes douze amis installés en rang d’oignons, déjà  concentrés sur le sort de la célèbre Geïsha abandonnée, quand le lever de rideau nous convie dans un véritable Bordel, sous la férule d’un maquereaux houspillant ses pensionnaires trop peu zélées, mégotant les charmes de ses protégées auprès des clients… Las, la vulgarité, la provocation de la mise en scène dénaturent la poésie  du Japon de Puccini… d’autant qu’à notre grande surprise, le livret est chanté en version allemande, ce qu’aucun d’entre nous n’avait imaginé. Du coup, les libertés de mise en scène prises par l’adaptateur nous déroutent encore davantage. À l’entracte, nous nous  retrouvons presque penauds au foyer, partagés entre humour et interpellation… La curiosité l’emporte, nous y sommes, nous allons y rester, d’autant que Madame Butterfly ( Soojin Moon) a une voix splendide. Mais Simone m’adresse un regard inquiet : nous ne sommes même plus tout à fait certaines que la partition n’ait pas été arrangée comme l’est le livret… Soupçons…

À la reprise, le décor ne nous interpelle plus, les costumes outranciers et les postures érotiques ont perdu leur nouveauté, la musique peut enfin s’emparer de nos esprits… L’interprétation dramatique se densifie, le charme opère.  Le dernier acte nous transporte à la hauteur des transes de notre héroïne, malgré une vision un peu sanglante : parmi les innovations surprenantes, le meurtre , sur scène, de l’enfant né de sa liaison avec Pinkerton ( Timothy Richards, très bien lui aussi).
Nous sommes comblées : Angelika me sert dans ses bras pour exprimer son contentement de partager notre émotion. Dehors il fait très doux, et nous prolongeons avec bonheur nos derniers Absacker à l’ Operncafé, sous la lumière de la lune, Unter den Linden

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12/05/2009

Berli-balade (2)

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Le théâtre conçu par Schinkel, sur la Gendarmenmarkt.

 

Nous voici familiarisés avec le panorama.  Comme au cinéma,  zoomons sur des objectifs plus spécifiques ; je vous convie maintenant à  l’exposition de deux bâtiments particuliers.

L’opportunité de la visite du Reichstag, sous la conduite éclairée d’un député, c’est l’occasion de pénétrer dans l’antre du système… Nous avons bénéficié de cette chance grâce à l’un de nos amis, et c’est conscient de cet avantage que notre petit groupe a parcouru les longues allées claires du bâtiment. Extérieurement, le Reichstag, entièrement détruit par les bombes alliées,  a été reconstruit selon une inspiration originale, sous la menée de Norman Foster, l’architecte britannique : les murs d’enceinte ont  été rebâtis selon le modèle initial de Paul Wallot( 1884-1894), tandis que l’intérieur du bâtiment s’articule sur des volumes lumineux, rationnels, ergonomiques.
De l’immense Hall au dôme de verre, nous progressons dans un univers posé, stylé, où s’affairent les fonctionnaires et les élus au Bundestag. Les députés allemands n’ont réinvesti la Capitale fédérale que depuis dix ans maintenant,en 1999, au terme de longues discussions autour de la répartition des charges ministérielles : comment Bonn, centre administratif de la RFA aurait-elle pu survivre à l’abandon total des institutions ?

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Exemple des salles d’assemblée destinées aux groupes parlementaires :

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Voici maintenant la salle plénière du  Bundestag, sous son dôme de verre : nous arrivons à point nommé pour profiter des dernières explications qu’un guide francophone délivre à un groupe de lycéens français. Chouette ! Nous apprenons ainsi le rôle de cette colonne en forme de cône inversé, ornée de miroirs. Il s’agit d’une colonne d’air qui permet un rafraîchissement permanent de l’atmosphère, il arrive même que les flocons de neige s’immiscent dans le forum ! Les miroirs quant à eux apportent une clarté maximale aux débatteurs, qui n’ont pas ainsi l’excuse de leurs homologues français pour siester indûment aux frais des contribuables… Toutefois leur orientation se modifie en fonction de la course de l’astre solaire : il ne s’agirait pas d’aveugler ces hommes et ces femmes chargés d’entrevoir la Sagesse des Lois…

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Le public a accès à la coupole, par le jeu d’une longue montée en spirale. De leur siège, les élus de la Nation peuvent suivre le cheminement des visiteurs, ce qui, dans l’esprit du concepteur, leur permet de ne jamais perdre de vue qu’ils ne travaillent pas pour eux-mêmes mais pour le peuple dont une part représentative défile sous leurs yeux. Ironie ou humour, jolie métaphore de la transparence démocratique… Chacun apprécie en fonction de son expérience !

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Vue panoramique depuis la promenade sous la coupole, sous  la pluie …

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Quittons les sphères du pouvoir.

Je vous propose un grand plongeon dans le passé. Oublions le monde d’aujourd’hui et celui d’hier. Par le truchement de la visite suivante, je vous garantis un joli coup de cœur pour une autre cité, ou plutôt d’autres cités merveilleuses et disparues…

La Museuminsel est une île,située à proximité du Reichstag, qui offre  l’originalité de réunir quatre grands musées, ce qui lui confère le statut de pôle culturel. Nous disposions malheureusement de peu de temps, et Hans, notre Gentil Organisateur sur le marathon du jour, avait choisi   de nous entrouvrir aux trésors du Pergamon Museum. Grand merci à lui pour cette découverte !

Les premières salles sont consacrées aux reconstitutions de la ville de Pergame,  ancienne cité de l'actuelle Turquie, près d’Izmir. Les fouilles entreprises à partir de 1878 ont permis la mise à jour de monuments exceptionnels par leur beauté et leur volume.

Sous la haute verrière conçue spécialement pour les accueillir, les gigantesques colonnes antiques (datation 2nd siècle avant JC) se  dressent , évocation d’une réalité où les hommes devaient se sentir bien petits…

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L’autel de Pergame et son esplanade géante, aux fresques magnifiant les combats des dieux contre les Géants. Ces détails impressionnent , malgré les manques, la force des mouvements et des traits créent une imagerie mythologique vivante.

 

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La surprise du jour nous cueille comme nous quittons la salle consacrée à  la porte de Millet. Le temps de franchir le seuil de la salle suivante, nous pénétrons sous les arches gigantissimes des remparts de Babylone. Jamais encore je n’avais été confrontée à ces représentations.
Leur beauté est saisissante, et l’état de conservation de ces briques émaillées sidère. Observez ces détails de la frise circulaire et admirez l’intensité des bleus… Je serais bien restée quelques heures à m’imprégner de ces merveilles.

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Nous ne voulions toutefois pas quitter les lieux sans jeter un petit œil sur les collections Assyriennes : Sphinx, statuaire de basalte.… Ce département d’Antiquité présente tant de richesses… Si, d’aventure vous en avez la possibilité, il faut consacrer une journée entière à ce seul endroit.

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11/05/2009

Berli-balade (1)

Nous voici de retour de notre escapade à Berlin.

La capitale berlinoise s’étend sur quelque 891 km2, c’est dire que les habitués des capitales comme Paris, Londres ou Rome peuvent y perdre leurs habitudes pédestres. L’élément qui surprend d’emblée le visiteur est certainement l’espace…

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L'ensemble de l'agglomération est vaste,  il n'est pas possible d'identifier un véritable centre-ville, on parlera plutôt de quartiers juxtaposés, en raison de la géographie, certes, mais aussi et surtout de l'histoire. Berlin n'est pas une capitale historique bâtie au fil des millénaires. Elle apparaît d'abord comme la ville du Prince Électeur de Brandebourg jusqu'à la seconde moitié du XIXème siècle. Elle est le berceau de Frédéric II, le Prince éclairé du XVIIIème siècle, ami  et protecteur de Voltaire et de nombreux artistes et philosophes, bâtisseur du château de Sans Souci à Potsdam, réformateur innovant en bien des domaines. Ses héritiers et successeurs n'ont cessé d'embellir la ville et ses alentours, mais il est vrai que l'avènement d'une Nation Allemande dans les tourbillons historiques et artistiques du siècle des Romantiques a considérablement modifié la physionomie de la ville. L'architecte qui a mené la plupart des grands travaux se nomme Karl Friedrich  Schinkel, dont on peut encore admirer en autres le Schaupielhaus (théâtre érigé entre 1818 et 1821) de la GendarmenMarkt.

L’aéroport de Tegel où nous avons atterri n’est qu’à 8 km du Tier Garten et du Kurfüstendamm où nous avions rendez-vous avec nos amis. La grande avenue majestueuse nous permet d’emblée de mesurer les distances à la mode locale. Imaginez nos Champs -Élysées, doublez les trottoirs en largeur, séparez les chaussées par un terre-plein… Nous reviendrons le soir flâner devant les vitrines et parcourir le fameux Ka De We, pour y dîner dans un espace immense réservé aux gastronomes…français.
Cette prestigieuse perspective a été   tirée au cordeau sur 3,5 km d’ouest en est à la fin du XIXème siècle, quand Bismarck a entrepris l’urbanisation rationelle de la capitale prussienne, à l’instar de notre Baron Hausmann. À son extrémité Est,  Le Ku’damm s’incurve légèrement pour devenir Kleist strasse. À ce carrefour gigantesque, nous découvrons les ruines de la Kaiser Wilhem Gedächtniskirche, l’église du souvenir de Guillaume 1er, achevé en 1865 et ravagée en 1943 par les bombardements alliés. Il en reste une tour, surnommée la Dent creuse, flanquée de deux bâtiments récents. L’un d’entre eux est un temple protestant aux offices quotidiens ouverts à tous, afin de proposer un temps de ressourcement aux habitants et travailleurs du secteur. De magnifiques vitraux aux tonalités bleu profond,  dit bleu de Chartres créent une atmosphère éthérée propre au recueillement. De la tour annexe, tout en béton brut, s’échappent deux fois par jour les envolées des carillons en remplacement de ceux qui sonnaient au sommet de la Kaiser Wilhem Gedächtniskirche. En pénétrant dans cette ruine ouverte aux quatre vents, nous sommes sidérés de découvrir les  mosaïques qui perdurent :

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Mais d’autres séquelles des meurtrissures de la ville cueillent immédiatement les visiteurs : les réminiscences du  tristement célèbre mur demeurent notamment le long de la Spree, en secteur Sud-Est , afin que nul n’oublie le sort sinistre de cette cité écartelée depuis 1945.

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À d’autres endroits, nous découvrirons un spectacle bien plus poignant, où le béton n’a pas été exalté par les taggueurs  venus du monde entier après la chute du mur. Des blocs entamés par les pioches, on en découvre le maillage métallique de la structure sous-jacente, les trous évoquent irrémédiablement les fantasmes d’évasion que tant d’hommes et de femmes ont pu nourrir de l’été  1963 au 9 novembre 1989 : vingt-six ans de désespoir, de séparations dramatiques pour de nombreuses familles. Notre amie  Hannelore, berlinoise d’origine, en témoigne, elle qui a vécu le drame en direct.  

PICT0198.JPGSur les traces de l’histoire, le dynamisme des chantiers qui s’érigent un peu partout, manifeste la volonté de la cité de combler les vides spatiaux et mentaux laissés par les déchirures.


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Prises depuis la Fernseheturm, observez ces clichés qui donnent à mon sens une idée des perspectives de la ville :

PICT0182.JPG Malgré la brume, on perçoit bien ici les larges trouées des avenues et la verdure omniprésente.

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Au presque premier plan, à droite, l’opéra.

PICT0184.JPGle réseau de transport, U bahn, S bahn, l’équivalent de notre métro et du RER, les bus et tramways constituent un réseau dense qui permet aux berlinois d’être moins « accro »à la voiture ; nous n’avons pas eu l’impression d’une circulation étranglée par les embarras parisiens ou… marseillais !

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189 Le deutscher Dom, la cathédrale .

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l’Hôtel de ville rouge et l’Église Saint Nicolas

 

 

 

 

Un bel exemple de la diversité du paysage urbain : au fond, la masse végétale du Tier Garten, au centre, vous découvrez le Reichstag, ses façades reconstruites

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et sa structure interne de verre et de béton, couronnée du dôme de verre impressionnant. En face du Reichstag, sur l’autre rive rive de la Spree, s’étend le bâtiment ultra moderne de la chancellerie, modèle d’architecture intégrée, harmonieux et élégant.

 

 

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Ce jour là, Angela Merkel recevait une délégation japonaise, et nous avons assisté au décorum de l'arrivée, depuis les vitres du Reichstag, juste en face…

Devant le Reichstag, la masse vertigineuse d’un immeuble de verre occulte les restaurations des constructions plus anciennes. Un slogan couvre les murs de la cité et les panneaux publicitaires, je le rapporte car il traduit assez justement je crois, l’état d’adaptation du panorama.
« Berlin wird nie Berlin bleiben ».  Littéralement :Berlin ne restera jamais Berlin, comprenez :  Berlin ne cessera jamais d’évoluer.

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Panoramas urbains

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Oranienbourgstrasse,la grande synagogue, perspective ouverte.

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La spree sous ses 176 ponts représente une artère capitale. Voie de circulation, promenade aérée, écrin à de nombreuses réalisations artistiques, comme les hommes moléculaires incarnant la Réunification et l’alliance des efforts communs.

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À l’atmosphère irradiant de ces vues aériennes, vous aurez compris que nous n’avons guère eu chaud ! Hormis, grâces soient rendues à Qui de droit, le jour de notre croisière sur la Spree, nous avons reçu plus de douches  gratuites que de coups de soleil !