11/05/2009
Berli-balade (1)
Nous voici de retour de notre escapade à Berlin.
La capitale berlinoise s’étend sur quelque 891 km2, c’est dire que les habitués des capitales comme Paris, Londres ou Rome peuvent y perdre leurs habitudes pédestres. L’élément qui surprend d’emblée le visiteur est certainement l’espace…
L'ensemble de l'agglomération est vaste, il n'est pas possible d'identifier un véritable centre-ville, on parlera plutôt de quartiers juxtaposés, en raison de la géographie, certes, mais aussi et surtout de l'histoire. Berlin n'est pas une capitale historique bâtie au fil des millénaires. Elle apparaît d'abord comme la ville du Prince Électeur de Brandebourg jusqu'à la seconde moitié du XIXème siècle. Elle est le berceau de Frédéric II, le Prince éclairé du XVIIIème siècle, ami et protecteur de Voltaire et de nombreux artistes et philosophes, bâtisseur du château de Sans Souci à Potsdam, réformateur innovant en bien des domaines. Ses héritiers et successeurs n'ont cessé d'embellir la ville et ses alentours, mais il est vrai que l'avènement d'une Nation Allemande dans les tourbillons historiques et artistiques du siècle des Romantiques a considérablement modifié la physionomie de la ville. L'architecte qui a mené la plupart des grands travaux se nomme Karl Friedrich Schinkel, dont on peut encore admirer en autres le Schaupielhaus (théâtre érigé entre 1818 et 1821) de la GendarmenMarkt.
L’aéroport de Tegel où nous avons atterri n’est qu’à 8 km du Tier Garten et du Kurfüstendamm où nous avions rendez-vous avec nos amis. La grande avenue majestueuse nous permet d’emblée de mesurer les distances à la mode locale. Imaginez nos Champs -Élysées, doublez les trottoirs en largeur, séparez les chaussées par un terre-plein… Nous reviendrons le soir flâner devant les vitrines et parcourir le fameux Ka De We, pour y dîner dans un espace immense réservé aux gastronomes…français.
Cette prestigieuse perspective a été tirée au cordeau sur 3,5 km d’ouest en est à la fin du XIXème siècle, quand Bismarck a entrepris l’urbanisation rationelle de la capitale prussienne, à l’instar de notre Baron Hausmann. À son extrémité Est, Le Ku’damm s’incurve légèrement pour devenir Kleist strasse. À ce carrefour gigantesque, nous découvrons les ruines de la Kaiser Wilhem Gedächtniskirche, l’église du souvenir de Guillaume 1er, achevé en 1865 et ravagée en 1943 par les bombardements alliés. Il en reste une tour, surnommée la Dent creuse, flanquée de deux bâtiments récents. L’un d’entre eux est un temple protestant aux offices quotidiens ouverts à tous, afin de proposer un temps de ressourcement aux habitants et travailleurs du secteur. De magnifiques vitraux aux tonalités bleu profond, dit bleu de Chartres créent une atmosphère éthérée propre au recueillement. De la tour annexe, tout en béton brut, s’échappent deux fois par jour les envolées des carillons en remplacement de ceux qui sonnaient au sommet de la Kaiser Wilhem Gedächtniskirche. En pénétrant dans cette ruine ouverte aux quatre vents, nous sommes sidérés de découvrir les mosaïques qui perdurent :
Mais d’autres séquelles des meurtrissures de la ville cueillent immédiatement les visiteurs : les réminiscences du tristement célèbre mur demeurent notamment le long de la Spree, en secteur Sud-Est , afin que nul n’oublie le sort sinistre de cette cité écartelée depuis 1945.
À d’autres endroits, nous découvrirons un spectacle bien plus poignant, où le béton n’a pas été exalté par les taggueurs venus du monde entier après la chute du mur. Des blocs entamés par les pioches, on en découvre le maillage métallique de la structure sous-jacente, les trous évoquent irrémédiablement les fantasmes d’évasion que tant d’hommes et de femmes ont pu nourrir de l’été 1963 au 9 novembre 1989 : vingt-six ans de désespoir, de séparations dramatiques pour de nombreuses familles. Notre amie Hannelore, berlinoise d’origine, en témoigne, elle qui a vécu le drame en direct.
Sur les traces de l’histoire, le dynamisme des chantiers qui s’érigent un peu partout, manifeste la volonté de la cité de combler les vides spatiaux et mentaux laissés par les déchirures.
Prises depuis la Fernseheturm, observez ces clichés qui donnent à mon sens une idée des perspectives de la ville :
Malgré la brume, on perçoit bien ici les larges trouées des avenues et la verdure omniprésente.
Au presque premier plan, à droite, l’opéra.
le réseau de transport, U bahn, S bahn, l’équivalent de notre métro et du RER, les bus et tramways constituent un réseau dense qui permet aux berlinois d’être moins « accro »à la voiture ; nous n’avons pas eu l’impression d’une circulation étranglée par les embarras parisiens ou… marseillais !
189 Le deutscher Dom, la cathédrale .
l’Hôtel de ville rouge et l’Église Saint Nicolas
Un bel exemple de la diversité du paysage urbain : au fond, la masse végétale du Tier Garten, au centre, vous découvrez le Reichstag, ses façades reconstruites
et sa structure interne de verre et de béton, couronnée du dôme de verre impressionnant. En face du Reichstag, sur l’autre rive rive de la Spree, s’étend le bâtiment ultra moderne de la chancellerie, modèle d’architecture intégrée, harmonieux et élégant.
Ce jour là, Angela Merkel recevait une délégation japonaise, et nous avons assisté au décorum de l'arrivée, depuis les vitres du Reichstag, juste en face…
Devant le Reichstag, la masse vertigineuse d’un immeuble de verre occulte les restaurations des constructions plus anciennes. Un slogan couvre les murs de la cité et les panneaux publicitaires, je le rapporte car il traduit assez justement je crois, l’état d’adaptation du panorama.
« Berlin wird nie Berlin bleiben ». Littéralement :Berlin ne restera jamais Berlin, comprenez : Berlin ne cessera jamais d’évoluer.
Panoramas urbains
Oranienbourgstrasse,la grande synagogue, perspective ouverte.
La spree sous ses 176 ponts représente une artère capitale. Voie de circulation, promenade aérée, écrin à de nombreuses réalisations artistiques, comme les hommes moléculaires incarnant la Réunification et l’alliance des efforts communs.
À l’atmosphère irradiant de ces vues aériennes, vous aurez compris que nous n’avons guère eu chaud ! Hormis, grâces soient rendues à Qui de droit, le jour de notre croisière sur la Spree, nous avons reçu plus de douches gratuites que de coups de soleil !
19:47 Publié dans O de joie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : berlin, récit de voyage, allemagne | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
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