Parfaits Cathares (2) (02/06/2009)

Le fil conducteur de notre voyage, l’indispensable curiosité stimulante, nous est venue au cours d’un séjour de Pierre et Mireille à Saint Max… Et si on se retrouvait à mi-chemin de nos villégiatures habituelles, en profitant de ces moments communs pour découvrir d’autres sites ?

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De Prat Barrat à Saint Max, le milieu est assez vite défini.  Le Roussillon, les Corbières, d’accord, en termes de dégustation, ça sonne bien le terroir … Le plaisir des yeux se nourrira des paysages accidentés des contreforts pyrénéens et les traces de l’histoire de cette contrée, porte obligée vers l’Espagne, terre nourricière des rebellions, des tourments historiques… Et puis ce tournant unique dans la Grande Histoire des religions, la seule Croisade interne dans un royaume encore mal constitué, trace indélébile de la conquête du pouvoir des âmes pour mieux régir les peuples.   L’idée nous semble bonne : nous allons dérouler le fil d’Ariane de la péripétie Cathare sur les terres Audoises. Comme d’habitude, c’est à Pierre qu’il échoit de préparer le terrain et de cadrer les excursions. Organiser  le périple et  enthousiasmer ses troupes, communiquer le plaisir de la découverte, rechercher le détail esthétique, fouiller du regard la nature pour y loger la petite merveille qui échappe aux pressés, ce sont les qualités intrinsèques à notre Artiste. Sans compter bien sûr la convivialité des partages sensuels, autour d’un met, d’une bonne bouteille … Là, nous nous rejoignons toujours !

Nous avons donc installé notre QG à Paziols. PICT0153.JPG
Au sud- ouest de Narbonne, comme on l’a vu hier. Dès le lendemain, nos premiers tours de roues nous mènent vers Aguilar, d’où nous découvrons des panoramas sublimes. L’épicière a prévenu Pierre:la nuit dernière, pendant que nous réchauffions nos gosiers auprès du feu de bois,   il a neigé sur le Canigou! Quelques arrêts-photos impératifs plus loin, nous explorons les ruines du site :

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Nous prolongeons encore plus au sud, dépassant Perpignan en "grandes pompes", nous filons vers  Banyuls : arrêt obligatoire à la cave, mais la déception est vive dans les rangs quand nous constatons la  solitude du bistrot perdu dans le village apparemment tétanisé… Du coup, nous filons jusqu’à Ceret, où nous avons déjà projeté une visite au musée d’art moderne
L’arrivée dans le village est plus sympathique : premier arrêt- cerises, autre spécialité de la commune. Elles sont bien appétissantes, les Burlat carminées, goûtées de suite, comme il se doit.
Seconde étape encore plus réussie : nous débusquons rapidement une charmante petite place bien fermée au souffle du vent violent de cette fin de matinée. La place des neuf jets abrite trois ou quatre restaurants qui mêlent quasiment leurs terrasses. Nous choisissons l’accueil de La Fontaine, au sourire lumineux de la patronne autant qu’au menu annoncé. Ce très bon moment est  pourtant presque gâché que par les éternuements impitoyables que les platanes nous infligent.

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Déambulant dans la petite cité, nous admirons quelques terrasses fleuries avant d’entreprendre la visite du  musée annoncé plus haut.

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Moment très intéressant : Ceret a offert sa villégiature à de nombreux artistes du XXème siècle , en particulier bien sûr Picasso, mais celui-ci répondait d’abord à l’invitation de collègues qui méritaient son estime : Manolo, Masson, Soutine entre autres. J’y découvre également avec ravissement et émotion "les gens du voyage" de Chagall, qui me touche particulièrement car il me rappelle une séance atelier découverte, avec mes petits CP à l’époque où nous travaillions avec le Musée en herbe*… . Une jolie collection d’une trentaine de toiles, esquisses, sculptures, céramiques, mérite le détour et l’intérêt des visiteurs pour  cette bâtisse claire en plein centre ville.

Quittant Céret presque à regret, nous mettons le cap sur Thuir, histoire de récupérer l’objectif Banyuls… La Maison Cusenier, institution traditionnelle et vénérable, permet aux visiteurs d’arpenter ses anciens quais et offre dégustation -vente dans l’antre de ses bâtiments séculaires. La famille Violet doit son empire à son  ancêtre, commerçant ambulant dans les années 1860. Il vendait autant d’épicerie que de mercerie et des coupons de tissus, répertoriés par lettres alphabétiques. La légende veut qu’il inventât en 1866 un breuvage mêlant le  vin de grenache à de nombreuses épices, cannelle, graines de sureau, fèves de cacao , Quinquina, café vert…La recette paraît  complexe et n’est probablement pas entièrement dévoilée. Mais elle fit mouche tout de suite, sous le nom de BYRRH, obtenu par la suite des coupons étalés devant le comptoir le jour du baptême! Le succès fut instantané, et tel que Monsieur Violet Père renonça au commerce saltimbanque pour fonder en 1873 sa fabrique,   devenue par la suite Maison Cusenier. Belle  et édifiante histoire d’une entreprise implantée dans le terroir… Mais en parcourant les hautes structures métalliques style Eiffel, le visiteur ne ressent aucune effervescence en ce vendredi après midi…


Notre route nous ramène encore sous le promontoire  de Queribus, fière ruine dominant le panorama. Celui-ci se déguste sur 360°, de la mer à l’Est  à Peyrepertuse en face, on repère Padern, Cucugnan tout proche, Aguilar, à nouveau… Et toujours le Canigou enneigé qui ne nous perd pas de vue, engoncé sous son chapeau scintillant dans le couchant. Enchanteur !

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Aussi incroyable que cela puisse paraître,  la visite de la citadelle de Queribus permet d'admirer encore l'architecture de ces forteresses d'altitude. Le visiteur se pose toujours l'inévitable question:  coment ont-ils pu élever ces bâtiments dans de telles conditions extrêmes? Notez ici le détail des clefs de voûtes gothiques:
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