13/04/2013
Chagall au musée du Luxembourg
Le retour du soleil donne des envies de lumières, de couleurs et d’audace. L'occasion de raconter hier à nos amis ma visite à Chagall au musée du Luxembourg le mois dernier nous donne envie de prolonger les bienfaits de cet enchantement. L’exposition parisienne est intitulée Une vie entre guerre et paix, et permet de prendre la mesure d’un destin chahuté par les turbulences de l’histoire. Nombre d’adolescents, trop jeunes pour les avoir vécus, peuvent ainsi comprendre combien le XXème siècle, si proche encore, a été une période historique mouvementée.
Mais Chagall l’exilé possède l’incroyable vertu de surmonter les horreurs vécues par le pouvoir de ses couleurs et de sa vision onirique. L’espace, dans ses œuvres, perd la lourdeur de la gravité. Les perspectives s’ouvrent autant horizontalement que verticalement, les plans se superposent et s’enroulent avec grâce.
Un des thèmes dominant célèbre toujours l’amour, et le moment précis du Mariage comme acmé du bonheur :
Le déroulement de l’exposition montre l’enracinement dans les origines, et la peinture devient une relation du vécu, une narration sublimée des horreurs du pogrom, à la symbolisation des racines :
Impossible de ne pas être touché par le syncrétisme spirituel que nombre d’œuvres mettent en évidence. Marc Chagall possédait une lucidité spirituelle qui lui a permis d’illustrer bien avant les Églises le rapprochement de nos symboles religieux :
Toutefois, évoquer Chagall sans nommer la puissance de sa palette, ce serait ignorer la rémanence des couleurs qui continuent d’enluminer notre vision bien longtemps après que l’on ait quitté les lieux. Les bleus, les rouges, les jaunes, la lumière étrange qui auréole les traits, contribuent à l’intensité des œuvres, même quand beaucoup d’entre elles ont été réalisées sur des récupérations de carton.
Paysage bleu
bouquet et cirque rouge
cantique des cantiques
Certes, de notre côté, nous attendons toujours avec impatience l’ouverture du Mucem, qui nous promet un panorama des arts méditerranéens. Cependant, Jocelyne et Jean Pierre ont mis dans leur poche à surprises une autre adresse qui méritera le détour, pour tous les heureux habitants de la région comme pour tous ceux qui s’apprêtent à la grande migration vers le Sud. Depuis le 8 mars dernier et jusqu’au 5 janvier 2014, les carrières de Lumières des Baux de Provence sont le cadre d’une exposition projection d’œuvres regroupées sous l’appellation « Monet, Renoir... Chagall. Voyages en Méditerranée ». La palette est bien plus large que le titre ne le laisse entendre: s’y côtoient , outre les maîtres cités, Vernet, Signac, Cross, Camoin, Derain, Vlaminck, Manguin, Valtat, Matisse, Bonnard et Dufy.
À bon entendeur…
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30/03/2013
La couleur des pages
Au livre ouvert de nos vies, nous tournons des pages blanches, feuilles vierges couvertes de caractères inattendus, à l’écriture sombre, noyée dans la couleur boueuse des crues. Avec l’âge, vient l’heure d’écrire des pages sages, ordonnées, où les mots se rangent sans frissons, lignes justifiées garantes de nos désirs pondérés. Éclaircies anarchiques, au fil du catalogue s’incrustent les paragraphes où s’ancre la mémoire du cœur, la plus belle et la plus indispensable de toutes nos fonctions vitales.
Il advient que Hasard, dieu malicieux, s’avise de bousculer nos certitudes engourdies. Il joue de vents contraires, bise d’hiver en plein juillet ou zéphyr langoureux sur nos mornes plaines, et tout à coup, nos horizons basculent, nos nuits s’éveillent, nos tracas baissent la garde. Ce sont alors des feuillets bleus, jaunes, roses , l’arc en ciel de nos amours, la palette irisée des moments heureux. Ces pages-là détiennent un pouvoir. Elles sont les piliers sur lesquels s’étaie le quotidien, elles préservent le capital émotionnel, elles cadencent la complainte des vieilles douleurs qui rythme dorénavant l’étrange état de ceux qui ont été.
Dans ma bulle affective, le dispensateur de ces bienfaits s’appelle Mathis. Son âge tendre déverse à tous moments une énergie sans faille, à l’instant d’ouvrir ses paupières jusqu’au moment de choisir l’histoire qui précède le coucher, cérémonie royale et sans façon qui mène à tour de rôle chacun de nous à son chevet.
Être Grand-mère ne saurait se résoudre à un statut, il faut encore rester à la hauteur de l’enjeu et courir ce marathon de longue haleine. La petite silhouette cahotante court sur le trottoir pentu de la ville. Le spectacle me réjouit autant qu’il mène au défi mon rythme cardiaque. Il ne s’agit pas de le laisser filer sur la chaussée ou d’attendre l’inévitable chute sur le bitume qui abîmerait sa dentition perlée. Pressé par mes appels, le fripon se retourne sans ralentir et la malice de son regard, hélas, n’a pas encore anticipé le trou entre les pavés. De ma besace , j’extirpe la panoplie du métier : mouchoir et consolation, ô bisous magiques.
À ce jour, Mathis est engagé dans la conquête du langage. Quelles merveilles partagées se nouent maintenant grâce à l’évocation des mots. La puissance du vocable, la vitalité du verbe, la volonté expressive des sons : « c’est moi qui fait… je suis le promier… attends je choisis… » sont désormais nos phrases clé, augurant toutes activités ou étapes de la journée.. Certes, certaines approximations fleurissent ici ou là, on n’attrape pas si facilement la complexités des consonnes qui se cognent dans le tunnel du larynx. Mais qui ne serait touché par sa volonté pour attraper au vol les distorsions incroyables de notre langage si bien formaté ? Et puis il y a le rire. Le rire tonitruant ou grelottant qui trahit le joyeux luron caché derrière le rideau ou sous un fauteuil. La joie à fleur de peau qui habille d’insouciance son tout jeune être. Comme on voudrait que la vie ne lui écrive que des pages multicolores!
17:35 Publié dans Blog, goutte à goutte, O de joie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : écriture, rêverie, grand-mère, transmission, joie du sourire de mathis | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
28/03/2013
Fanchette grand-mère
Dix jours en tête-à-tête avec Mathis, quoi de plus réjouissant ? La promesse d’un tel moment donne des ailes, vous le savez, ô vous mes fidèles-souris-discrètes qui partagez le statut délicieux et délicat d’aïeule… Malgré l’éloignement géographique, je n’entends pas céder une once de partage quand l’occasion se présente : les envies de soleil des parents représentent une aubaine, je ne me suis pas fait prier pour enfourcher mon beau destrier, en trois heures de TGV, me voilà prête à l’emploi…
Prête à l’emploi ?
Je vous entends sourire sous cape, la formule paraît cocasse, « tu es un être humain pourquoi diable vas-tu suggérer un mode d’emploi de la fonction ? »
Effectivement, dès mon arrivée, nous entreprenons avec les heureux vacanciers le tour de l’appartement et des différents repères indispensables, rangement du carnet de santé, adresses utiles, clés du local à poubelles, fonctionnement des différentes machines, à laver, à cuire, même la rutilante cafetière à expresso, café Longo, latte, avec ses fonctions filtres, rinçage et tutti quanti… Nous descendons au garage vérifier que je saurai ouvrir les portes, ma Douce y range sa voiture dans le bon sens pour mon confort et branche le sacro-saint Tom Tom, tant elle sait que je ne manquerai pas d’en avoir l’usage. Que peuvent-ils prévoir de plus pour planifier et faciliter le bon déroulement des vacances de Mathis et sa grand-mère ?
Impossible d’en douter, j’avais en main toutes les facilités de services.
En prime, notre programme de réjouissance comprenait le premier pestacle auquel Mathis allait assister. Audrey avait réservé des places pour une adaptation musicale du livre de la jungle, au théâtre du Temple. Représentation dimanche à 14 heures. Très bien, j’organise la matinée pour que Mathis déjeune de bonne heure, du plat qui le régale afin d’accélérer l’incontournable rituel jeu des repas, et foi de Doudie, bien avant l’horaire que je m’étais fixé, nous quittons l’appartement pour rejoindre en toute quiétude la capitale.
C’était évidemment bien trop tranquille.
Mon Mathis, docile et heureux, s’installe dans son siège sans attache, le temps que je gagne le jour de la rue. La voiture sagement rangée le long du trottoir, je ressors pour crocheter les attaches du harnais de siège bébé, selon l’usage. Et c’est là que ça se corse…
Vingt minutes plus tard, je suis toujours penchée sur le dispositif, tournant et retournant en tous sens les deux griffes métalliques qui doivent manifestement s’insérer l’une à l’autre avant de plonger ensemble dans la boucle qui remonte au niveau de l’entrejambe. Mon avance horaire a fondu, mais je m’efforce de rester aussi calme que possible, Mathis ne bouge pas, il est d’une patience merveilleuse, se contentant de ponctuer mes efforts de remarques compatissantes. À la fin, fort désappointée, je hèle un jeune homme armé d’une baguette de pain, manifestement en route pour le déjeuner dominical en famille. Sans vergogne pour ma blondeur, je laisse Fanchette exprimer son désarroi, et convainc facilement le jeune homme de s’intéresser au démoniaque système. Dix minutes plus tard, son caractère serviable jette l’éponge : —« Vous savez, je ne suis pas encore papa, alors je n’y connais rien… »
Que croyez-vous que fit Fanchette, en telle détresse ?
La priorité m’apparaissait clairement : pour rien au monde, je n’aurais privé Mathis du pestacle promis. Le trajet en métro s’annonçait beaucoup trop long, avec ses changements de lignes et le rythme du dimanche…
Quand il s’agit du sourire d’un petit, rien de tel qu’un taxi…
12:16 Publié dans Blog, goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : écriture, récit, anecdote grand-mère, siège bébé, piège | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
28/02/2013
À la pointe de la technologie…
Pour faire bref, je vous convie à jeter un petit coup d'oeil sur la vidéo en lien.
Cette présentation concise et illustrée d'un concept révolutionnaire vous apportera un réel confort pour meubler le prochain week-end neigeux…
Très bonne journée à toutes mes discrètes- souris- fidèles…
http://youtu.be/Q_uaI28LGJkhttp://youtu.be/Q_uaI28LGJk
11:41 Publié dans Blog, goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lecture, vidéo, défense des libraires | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
25/02/2013
Félicité canine
Il en est deux qui apprécient les péripéties du week-end.
Si les maîtres observent un frileux repli au coin du feu, les enfants de la maisonnée n'ont pas boudé leur plaisir.
Prestement, j'ai lâché mon balai pour saisir au vol ces instantanés, que je vous livre dans leur intégrité. Attention certaines images pourraient heurter la sensibilité des spectateurs, les responsables de la plate-forme Hautetfort tiennent à préciser qu'aucun des acteurs n'a été blessé, pas même dans son amour-propre.
Observation du terrain de jeux
Pas de pitié, la bataille est rude!
Match nul semble-t-il…
Tout est dit…
18:27 Publié dans Blog, goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : chronique de la vie ordinaire, chiens, animaux domestiques, neige, jeux | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
24/02/2013
Saint Max sur glace
Changement d’ambiance !
Riez, Amis Nordistes, gaussez-vous de la mauvaise foi qui nous pousse à arborer nos cieux d’azur avec tant d’arrogance!
Cette fois, nous sommes logés à la même enseigne que vous… Une journée à rester sous la couette hier. Sur notre colline, les habitants frileux n’ont même pas envisagé de dégager les voitures. Le blanc du ciel répandu sur terre, à hauteur d’yeux et bien plus haut que celle des malheureux passereaux :
Paysages de Provence
Où sont donc passé les clichés habituels?
Ce matin, le décor se modifie sous l’effet de la lumière, nos humeurs deviennent méditatives, c’est dimanche, on prend le temps d’admirer les vagues minuscules que le froid a saisi sur les rambardes, les fleurs de coton qui s'ouvrent sur les branches gelées du laurier .
Le plus heureux est toujours notre Copain !
Tandis que Guss cherche l’abri de la cuisine et l’exclusivité du coin radiateur, Copain exulte sous l’averse de flocons.
Le calme revenu, notre compagnon s’installe en vigie au bout de la terrasse. L’oreille gauche dressée, la droite plus nonchalante, Copain surveille le lever du soleil, l’amorce du dégel qui menace de le priver du tapis moelleux et de sa parure pointillée.
Passé la minute contemplative, me direz-vous, comment lutter contre le froid insidieux ? Cette semaine, nous avons rendu une visite courtoise à notre cinéma. Oui, oui, Saint Max possède depuis à peine plus d’un an une belle salle dédiée au cinématographe, sise dans notre Pôle Culturel. Dorénavant, salles de musique et de danse, médiathèque et hall d’exposition, le cœur de Saint Max bat cultivé, réjouissons-nous! Or donc, au milieu d’une programmation éclectique, notre écran blanc nous réserve quelques morceaux choisis.
Belle considération pour vous dire qu'après le magnifique Renoir sorti à l'automne, j’ai apprécié l’Alceste à bicyclette de Philippe Le Guay (réalisateur heureux des femmes du 6e), avec Fabrice Luchini et Lambert Wilson. Un scénario original et amusant, qui sied évidemment à la verve des acteurs. J’ai apprécié notamment la démonstration du travail des comédiens, avec la mise en perspective du comédien jouant au comédien, et l’ironie subtile du réalisateur soulignant le décalage entre le mode de vie autochtone et le parisianisme. Le Guay poursuit en fait la réflexion du film précédent, avec la patience d’un auteur qui peaufine son univers d’œuvre en œuvre. Et puis on ne peut que se régaler de la gourmandise sensuelle dont font preuve les deux personnages en s’emparant d’un des plus beaux textes de notre littérature. Les vers de Molière nous sont servis comme des mets précieux et résonnent à nos oreilles comme un appel aux sources. N’est-ce pas leur écho que guette ainsi mon Copain seul en son jardin?
18:15 Publié dans Blog, goutte à goutte, Sources | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chronique, écriture, photos neige, cinéma, alceste à bicyclette, philippe le guay, luchini, molière | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
17/02/2013
Chronique du jour…
Puisque nous fêtons aujourd'hui l'homme de la maison, celui qui se cache derrière les fontaines ou choisit l'ombre fugace des platanes hivernaux pour reposer son auguste stature:
Je m'en vais vous conter nos dernières pérégrinations en pays d’Aix, où j’ai traîné sans pitié vendredi mon compagnon de vie.
Il y avait en effet un moment que nous envisagions d’aller jeter un œil sur Aix la coquette, petite sœur de Marseille, qui s’est aussi jetée dans la fête.
Il était temps ! mais grâce au tonus de Simone, nous avons pu profiter du fameux parcours L’Art à l’endroit avant l’expiration de la manifestation. Nous apprîmes ainsi que les intempéries avaient déjà réduit maints dispositifs…
Magnifique journée sous un ciel d’azur, il suffit de musarder en ville nez en l’air et regard fureteur vers les jardins intérieurs pour découvrir les œuvres offertes . Petit côté chasse au trésor ludique, mais aussi moments délicats où l’architecture initiale n’est nullement dissimulée, elle sert souvent d’écrin aux implantations proposées de manière éphémère.
En voici quelques exemples, pêle-mêle…
Tout d'abord, cette composition en terre cuite de Huang Yong Ping, représentant la fameuse maison où Oussama Ben laden a été tué. Chacun sait qu'elle est aujourd'hui détruite, ce souvenir paraissait sans nul doute trop encombrant pour le gouvernement d'un pays assis entre deux alliances…
Huang Yong ping a donc imaginé le sort que la nature aurait su réserver à cet hâvre- mausolée livré à lui-même, comme l'ont été les temples Mayas ou Cambodgiens avant que les hommes modernes ne les réhabilitent: " La nature n'a pas l'intention de s'engager dans l'histoire des hommes. L'herbe fait son chemin, elle pousse où elle peut. Peut-être va-t-elle gagner, prendre le dessus sur tout."
Abbottabad, dans la cour de l'hôtel de Gallifet
Autre curiosité, cet ensemble vermillon de Xavier Veilhan qui accueille les visiteurs dans le patio de l'hôtel de ville. Pour l'anecdote, observez la composition de poluyréthane et polystyrène, dont l'accès est interdit au public après quelques expériences malheureuses; Vous étonnerez-vous que ce soit la seule photo que Géo a prise avec son beau portable-à-photographier?
Toutefois, les dames aussi peuvent y trouver leur content, comme on en jugera sur pièce:
Mais pour être tout à fait franche, mon adhésion pleine et entière à cet artiste anglais, Thomas Houseago, dont ce bronze majestueux trône sur la place de l'Université, en face du parvis de la cathédrale Saint Sauveur:
Cette femme assise aux deux visages est saisissante, d'autant que même sa silhouette coupée en 2 parties illustre une dualité, un déchirement intérieur, l' éclatement de la personne, de son identité, de sa destinée…
Du même artiste, nous cherchons la réalisation de tuf calcaire sertie par les joyaux de l'hôtel du mausolée Joseph Sec, un magnifique hôtel un peu excentré sur le boulevard Pasteur
Aix d'hier et d'aujourd'hui, promenade à temps perdu et retrouvé, la ville conserve son charme précieux.
Si j'en avais le temps, je vous conterais encore notre délicieuse rencontre à la cathédrale, avec une personne lumineuse comme sa passion pour la transmission de notre patrimoine théologique. Pour reprendre sa boutade, à quoi sert un livre où un guide qui se contente de faire remarquer que les huit colonnes du Baptistère sont en marbre, alors que seul un visiteur aveugle a besoin de ce sous-titrage! F plattz nous a séduit d'emblée parce qu'elle explique pourquoi ce nombre huit vient tout à coup bouleverser la mathématique divine, incarnant le passage par le baptême à une vie nouvelle, puisque renouvelée par le don du christ … ( référence aux 7 jours de la création dans l'Ancien testament )
Mais je ne veux pas déflorer sa démonstration si lumineuse et vous laisse en bonne compagnie pour achever dans la sérénité ce long dimanche hivernal…
19:48 Publié dans Blog, goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : aix en provence, l'art à l'endroit, photos d'aix, chronique des visites, thomas houseago, huang yong ping | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
09/02/2013
Ermitage de charme
Ohé mes discrètes-souris-fidèles, que je devine nordistes accablées par la succession de jours gris, pluvieux, neigeux et /ou verglacés …Les plaisirs de l’hiver vous ont jetées au fond du lit, maussades et bougonnes, dans les transes dépressives d’un manque sévère de lumière ?
Prêts à tous les sacrifices, nous nous sommes mis en quête d’un remède infaillible, apte à parer vos songes dominicaux d’attraits ensorcelés, chargés de reflets ensoleillés et d’odeurs du large.
J’ai déniché pour vous ce petit ermitage de charme, planté au bout d’une presqu’île habitée de flamants roses et de grenouilles…
Imaginez le petit café matinal face à la mer dans cette demeure accrochée à son rocher comme une opiniâtre arapède ?
Monsieur Vauban l’a imaginée pour vous, la grâce de son bon Souverain Louis l’a érigée pour vous, la miséricorde de l’Histoire l’a conservée pour vous…
D’innombrables tempêtes ont porté assaut à ce bras de terre qui se tend encore vers les Îles d’Or
Les tumultes du temps ont fini par avoir raison de la batterie du Pradeau installée dans les années 1630 pour protéger les passes entre le littoral et les îles :
À l’Est, Porquerolles si proche qu’il paraît possible de s’y rendre à la nage :
À l’Ouest, l’îlot du Grand Ribaud sous les feux du soleil.
Et quand il faut s’arracher à la contemplation hallucinante des jeux d’eau et de lumière,
Dame Nature si prodigue offre encore l’occasion d’émerveillements ordinaires : les étangs des Pesquiers, résidus des anciens salins, où s’ébattent flamants insouciants, canards, cygnes et grenouilles ( à ton intention chère Anne-marie, toujours si concernée :270 espèces d’oiseaux recensées) … Tous oublieux des intrusions humaines qui grignotent le marais.
L’harmonie de ce territoire tient à un prodige naturel qu’il est bon de rappeler à l’Homme, fichu animal qui s’imagine toujours doté du droit de domination sur la terre offerte. Il y a peu, à l’échelle géologique s’entend, Giens appartenait à la famille des îles d’Or : sœur de Port-Cros, du Levant et de Bagaud, jumelle de Porquerolles, elle s’ébattait indépendante d’un continent jaloux de leur audace. Ce sont deux fleuves ombrageux, le Gapeau et le Roubaud, descendant des collines chargés d’eaux orageuses et d’alluvions qui ont poussé vers l’insolente fugueuse leurs sédiments. Aidés des courants marins, ceux-ci se sont accumulés jusqu’à former l’isthme de 4 km qui relie l’île à Hyères. Le phénomène est rare, on parle ici de double tombolo, puisque ce sont en fait deux cordons littoraux parallèles qui enserrent une lagune. L’exploitation du sel a commencé dès le Xème siècle, mais les salins ont connu l’apogée de leur exploitation à partir de 1848. L’activité a définitivement cessé en 1996, la presqu’île est dorénavant propriété du conservatoire du littoral, chargé de veiller à l’équilibre du biotope. Belle histoire pour ensoleiller votre veillée hivernale…
18:56 Publié dans Blog, goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : presqu'île de giens, la tour fondue, carnet de campagne, protection du territoire, nature, oiseaux, îles d'or, hiver, soleil, écriture | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer