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10/02/2008

Béatitude

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Sieste-café à bord. Nous sommes restés au port, petit coup de paresse…
Le ciel d'azur profond enveloppe les mâts dénudés de sa douceur.
Quelques cris de mouettes, des bruits lointains de conversations dominicales sur le quai,
le babillage soudain d'un enfant que GéO invite à bord, tant le petit bonhomme paraît hardi.

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Une risée soudaine, le clapot s'accentue, tangage léger qui nous invite à l'assoupissement.
Relaxation, paupières fermées, respirer lentement et largement ce bonheur simple,
laisser filer nos pensées sur les plissements de l'onde…

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Dimanche de Béatitude…
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Nous sommes rentrés par la route des mimosas, de véritables murs éclatants
entre bord de mer et forêts d'or.
Circulation , retour à la Civilisation.

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02/02/2008

J'ai rendez-vous avec vous

Février qui s'ouvre est un mois magique.…
Fête des Lumières, la Chandeleur, annonce le régal des gourmands autant que les promesses d'un renouveau au bout du tunnel hivernal…
Viendront ensuite les artifices de la Saint Valentin, exploitation commerciale du fantasme qui nous habite tous: s'entendre déclamer l'amour que l'ON nous porte, l'amour que nous LUI portons.…
Je vous propose aujourd'hui une déclaration sincère et authentique
un aveu chaque jour renouvelé
une prière et une promesse de félicité.…



29/01/2008

Feuilles mortes…

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La colline où nous habitons culmine à 350 mètres.
C’est une colline à l’écart de la petite ville, toute de garrigue à l’origine, que les maisons ont progressivement colonisée, depuis un bon quart de siècle maintenant.
La terre est de roc, la végétation naturelle constituée de chênes, chênes verts pour la plupart, cistes et genêts, le sol couvert de touffes de thym sauvages, bataillant au milieu de gros cailloux. Quelques pins s’y exhibent aussi, dont on sent bien qu’ils n’en sont pas les habitants naturels, car on croise beaucoup d’entre eux malades ou réduits à l’état de squelettes desséchés, par manque d’eau ou par négligence, quand personne n’est passé pour les abattre après une de ces catastrophes naturelles propres à notre microclimat.
Et puis au milieu de cet amalgame, dans un désordre sans règle ni logique, quelques silhouettes majestueuses s’imposent. Ce sont des Chênes blancs, gigantesques, qui rappellent un peu l’arborescence des chênes du Nord, excepté la nature de leur feuillage.

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Notre jardin n’est pas un terrain apprêté, les jardiniers qui s’y sont succédé, nous compris, finissent par renoncer à domestiquer ce lopin coriace, où quelques poussières de terre dissimulent mal la densité du roc. L’outil le plus précieux ici est la barre à mine, puis viennent la serpette pour les lavandes, le sécateur et ses dérivés pour les tailles. En emménageant il y a dix ans, GéO a investi dans les camions qui livrent de la « bonne terre » et a répandu plusieurs mètres cubes de terre arable en vain. La terre s’est dissoute progressivement dans l’entrelacs de rochers plus ou moins gros, et la nature a repris ses droits. À mon tour, je me suis lancé quelques défis, des centaines de litres de terre de bruyère et quelques essais malencontreux plus tard… Je me contente d’observer les Iris en mai (eux poussent tout seul dans le calcaire), les lauriers roses tout l’été, les haies de Pyracanthas réchauffant le paysage d’hiver. Il fait trop froid pour les Mimosas qui ensoleillent la côte dès Janvier, trop sec pour les arbustes et les fleurs qui s’épanouissent un peu partout en France.
Le charme de notre jardin, c’est son sous-bois… Les chênes verts sont restés en place à la construction de la maison et occupent l’essentiel du terrain. Ils procurent une ombre agréable, leurs troncs frêles se divisent en petits groupes, mais dessous, rien ne pousse. À longueur d’année, les petites feuilles sèches, restées vertes, et les glands minuscules tombent sur le sol glabre ; il faut régulièrement ratisser pour contrer ces promesses de pousses à venir. Fastidieux mais simple.

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Sur ce terrain, nous avons aussi deux splendides Chênes blancs. L’un domine le sous-bois central, l’autre appartient au voisin et déborde largement sur notre allée. C’est celui-ci qui est cause de mon souci.
En s’étalant au-dessus de la haie, ce feuillu ne procure guère d’ombre, dans un passage où nous ne la recherchons pas. Mais il existe à ses pieds une petite plate-bande que GéO a protégée d’un grillage, évitant aux chats et aux chiens d’arroser les touffes de thym et autres timides asters qui se plaisent bien, accotés au mur mitoyen. C’est le point où tout se complique.
Car le chêne blanc, pour imposant qu’il soit, est un despote, qui perd son feuillage de Novembre à Avril. Et des feuilles, il en produit plus qu’il n’est décent. Il faut avoir vécu ailleurs puis ici pour comprendre que la tâche relève du mythe de Sisyphe. Chaque coup de vent, chaque pointe de gel provoque une chute partielle qui jonche l’allée et s’insinue sous le roncier de la plate-bande. Trois ou quatre grosses poubelles sont alors nécessaires pour retrouver un peu d’ordre… Jusqu’au petit coup de mistral suivant. Cette année, une exceptionnelle série de jours pluvieux a rompu les lancinantes périodes de vent d’ouest, et notre chêne s’est très vite défeuillé, pour mon contentement. J’allais
entrevoir la fin de la corvée. Que nenni ! Jugez plutôt sur pièce et regardez cette branche basse qui me nargue.

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En dépit des fureurs du Mistral et des pluies abondantes, les feuilles rousses et sèches, survivantes des gels matinaux vont continuer à s’accrocher ainsi jusqu’aux bourgeons d’Avril, où enfin elles cèderont la place aux pousses suivantes. Il me reviendra alors d’épouiller une nouvelle fois les thyms en fleurs, les lavandes et tous les épineux qui offrent un abri à la feuillée récalcitrante.

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28/01/2008

festival céleste

Pour faire pendant à l'album coucher de soleil en mer, voici quelques vues volées au spectacle qui nous a été offert hier soir.
Je sais à quel point il est rare de s'en régaler quand on habite en ville ou près des éclairages urbains, les halos des cités éteignent jusqu'au reflet de la lune… Ici, quand il m'arrive ( rarement) de me lever les nuits de pleine lune, la luminosité est telle que je cherche automatiquement l'interrupteur: " zut, j'ai encore oublié le spot du jardin!"



Pour les âmes sensibles, l'auteure tient à préciser qu'il ne s'agit pas d'un incendie.

02/01/2008

Bonne Année

En attendant d’avoir le temps de mettre au point les notes prévues, j’adresse à tous mes lecteurs potentiels un plein panier de Chaudoudoux, ces pensées positives et chaleureuses qui permettent d’accéder au BIEN-ÊTRE…

Que 2008 soit pour vous une période d’Harmonie et de progression, quel que soit le domaine choisi. Que les contingences et les aléas s’allègent du poids de nos épaules, et que les mesquineries et tracas divers cessent de confluer tous en même temps !

À propos des Chaudoudoux, ce n’est pas une de mes inventions, mais je me suis souvent appuyée sur ce symbole pour alléger quelques conflits de groupes. Avec les enfants, ça marche bien, c’est parfois nettement plus difficile avec les adultes évidemment, mais on peut toujours se l’appliquer à soi-même. Ainsi le Bonheur n’étant guère plus stockable que l’électricité, peut-on se créer à la demande un petit cocon de bien-être en s’obligeant à savourer le moment où la machine à laver accomplit son programme et celui où hautetfort publie la note frappée directement sans déconnecter « inopinément » ! Oui, je sais, il vaut mieux saisir sur Word et copier coller, mais… Je me suis encore fait avoir ce matin ! Bon, le monde est presque parfait…

Voici une petite anecdote pour s’en convaincre. J’ai travaillé autrefois avec une religieuse formidable, que je nomme ici Michelle. Cette femme, dotée d’une force de caractère très positive, avait toutefois commis la lourde bévue d’entrer dans une congrégation et éprouvait d’énormes difficultés à assumer la vie communautaire et la règle monastique. Au point qu’au bout de quelques années, elle est tombée sérieusement malade. Après moult tergiversations la supérieure de son ordre a fini par lui accorder le droit de vivre SEULE dans une chambre de bonne modeste, mais Michelle eut alors l’impression de vivre dans un palace. Nous évoquions donc de temps à autre les difficultés rencontrées dans nos existences mutuelles et Michelle racontait volontiers comment elle se mettait en condition de survivre à ses angoisses :
- J’aime porter mes sandales sans chaussettes, j’aime éplucher ces tonnes de pommes de terre, j’aime me lever à l’aube, j’aime …
À se répéter inlassablement la litanie des « j’aime », elle en avait fait une prière, un soutien qui l’accompagnait tout au long de sa « corvée » et elle pensait ainsi « tenir le coup ». Quand l’une de nous prononçait la formule « j’en ai marre de… », Michelle nous rappelait sa recette.

Voilà qui me conduit à formuler encore une pensée « Chaudoudou » pour Ingrid Betancourt et tous ceux et celles qui partagent de par le monde des conditions de contraintes physiques ou morales, souvent conjointes. Qu’au-delà de la compassion réelle mais inutile que nous ressentons, les actions menées soient enfin plus efficaces que les ego démesurés des politiciens, et que les familles qui vivent le cauchemar de l’attente puissent toucher réellement le bout du tunnel.

28/12/2007

Don du Sang

Nous vivons décidément dans un merveilleux pays.

Comme la plupart des Français moyens, Citoyens Appellation Solidarité Moyenne (ASM pour les accros aux sigles), nous avons prêté une oreille attentive aux campagnes récurrentes concernant les dons : don d’organes, en cas de grand malheur; don du sang, en cas fréquents de pénurie; dons de sous… De moins en moins, il devient lassant d’être ponctionné à tout bout de champ…

Bref, en payant récemment nos emplettes au supermarché local, je repère une petite pancarte placardée sur le montant de la caisse, avertissant d’une prochaine collecte de sang, ce vendredi 28 décembre. J’appartiens au groupe B-, groupe rare qui m’a valu d’être toujours bien accueillie dans les centres de collecte. Du moins jusqu’à aujourd’hui.

En fait, je me suis présentée deux fois au camion stationné sur le parking du centre commercial. Une première fois, en toute fin de matinée. Deux personnes assises à côté du réceptionniste patientent en remplissant les formulaires de renseignements habituels. D’autres volontaires engagés dans le sas derrière une petite cloison, attendent le médecin qui doit confirmer leur aptitude au prélèvement. Une forte odeur de café trop sucré flotte dans l’atmosphère confinée et le réceptionniste sourit vaguement en direction d’un responsable caché derrière mon dos. Me retournant, je découvre un homme en blouse blanche, dûment badgé « docteur », qui me regarde comme on observe un objet dont on envisage l’achat. Satisfait de son examen sans doute, il s’enquiert simplement :
- Vous êtes du coin ? Vous travaillez ici ?
- Non, non, je suis de passage, entre Nantes et Amsterdam, à cette heure-ci, je postule pour une pause-café…
- Ne le prenez pas mal, mais en fait, y’a beaucoup plus de monde que prévu, alors, comme il est bientôt midi, là les gens en ont bien pour une heure, le temps que je les vois, puis la prise de sang, ça fait trois quarts d’heure minimum. Pour vous, ça va pousser jusqu’à une heure…
J’ai conservé de mon éducation le complexe du dérangement. Enfants, nous étions systématiquement briefés avant chaque déplacement sur notre comportement :
- Vous ne parlez que si on vous adresse la parole, vous ne vous servez pas deux fois, vous ne vous faites pas remarquer…
Vous voyez le genre, il nous en est resté une vraie inhibition, une peur insurmontable de se montrer en surnombre, d’être importun, d'abuser… Et pourtant, nous nous soignons vigoureusement, faute de quoi, nous serions déjà engloutis dans l’épidémie d’égocentrisme ambiant. De sorte que par crainte de gêner, j’ai proposé de repasser dans l’après-midi, à la satisfaction manifeste de l’équipe.

Quinze heures trente, voilà qui nous paraît raisonnable pour opérer le retour. En effet, à part une jolie jeune femme qui papote avec le nouveau réceptionniste, personne n’encombre l’espace étroit du camion. À la teneur des propos échangés, j’en comprends aussitôt la raison. Le jeune homme explique à la gentille membre du personnel à ses côtés qu’il ne veut que des O.
- Le reste, c’est du gâchis, on en a trop.
Sceptique, je me glisse dans la conversation.
- Attendez, vous êtes en train de dire que vous avez trop de sang ? Mais j’appartiens à un groupe rare, il me semble qu’il est nécessaire de donner …
- Oh vous savez, on se complique plus comme ça. Maintenant, on prend du O, ça va pour tout le monde. Autrement, il faut trier, et ce n’est jamais le bon groupe qu’on a en réserve… Alors pour simplifier, on prend les O, les + et les -, et puis on est tranquille, parce que le sang, ça se périme, ça nous oblige à jeter… D’autant que ce matin, l’équipe a eu trop de monde, ils n’en pouvaient plus, on est au top des réserves, alors ça sert à rien de vous en prendre pour le jeter dans quelques mois.

Frustrée, je suis sortie de ce camion FRUSTRÉE !

Sans doute, j’admets que le public ignore les difficultés de gestion d’une denrée qu’on nous dit rare et précieuse. Mais les coûteuses campagnes d’appel aux dons ne devraient-elles pas faire état de la restriction énoncée par le courageux jeune homme du camion ?

17/12/2007

Ma Crèche

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Samedi matin, j’ai monté ma crèche.
Seule dans la maison, je me suis décidée à passer à l’action… La mi-décembre est arrivée et nous n’avons commencé aucun préparatif, honte à nous !
Pourtant, les listes des petits-enfants de GéO sont complètes, voilà une jolie motivation…
Manque encore quelques souhaits de proches, manque aussi les nôtres. Que pourrions-nous bien désirer pour Noël ? Nous sommes ensemble, nous sommes heureux, nos enfants semblent tous bien se porter, et mieux que ça… Il y a du Bonheur dans l’air, et ça, c’est Le Cadeau.
Pourtant, côté magasin, rien ne vient. … Aucune envie particulière de rouler nos bosses dans les rayons surchargés, et mes doigts ne décident pas davantage de pianoter vers les pages des sites spécialisés. Panne de Noël. C’est certainement la première fois que ça m’arrive…
Et justement, ce matin en feuilletant l’un de nos multiples magazines hebdomadaires, il me saute aux yeux que la chronique de Philippe Mérieux, vilipendant les dépenses superficielles et inutiles de la période, voisine, par un bien curieux hasard, avec la page des cadeaux recommandés ! Bizarre cynisme de la part de la rédaction, c’est marrant… Bon, ces journalistes ont une bonne excuse, certains articles plébiscités sont produits sous le label « commerce équitable », ouf, ça justifie la dépense…
Parce que cette dépense, elle est incontournable…
Essayez, pour voir, de vous dire que vous n’allez rien offrir à votre cher et tendre ou aux prunelles de vos yeux… Vous tenez cinq secondes, puis vous les imaginez les mains vides au moment de se souhaiter Bon Noël, et là, franchement, non, ça ne le fait pas…, Et oui, nous irons remplir notre hotte, demain…

Ce samedi matin aurait dû être neigeux, il n’est que pluvieux, ce qui tient déjà du miracle, enfin, plutôt du phénoménal…
Décidée à mettre tous les atouts de concentration et d’allégresse de mon côté, j’installe dans la chaîne les CD qui me tentent : Orphée et Eurydice, oratorio génial de Monsieur Gluck, œuvre subtile et dynamique, ( tiens- tiens , je sens revenir une petite période baroque …) servie dans ma version par Shirley Verret, Judith Raskin et Anna Moffo, excusez du peu… Ce n’est certes pas récent, mais quelles voix !
L’ouverture tonitrue dans le séjour tandis que je découpe les rubans adhésifs qui ferment ma boîte… Je dispose délicatement les sujets retrouvés sur la grande table et installe sur le confiturier le support en bois que GéO a assemblé, voilà quelques années. Le papier qui sert de décor est encore impeccable, l’opération en est simplifiée. Me reste à aller chercher ma Provende de mousse et petits morceaux de végétation pour planter mon décor. Sous la pluie, c’est moins charmant, certes, mais encapuchonnée sous ma doudoune et munie du sécateur et d’une pelle plate, me voilà le cœur léger dans le jardin… J’ai abandonné Orphée à son deuil, mais qu’importe, je ferai marche arrière sur le programmateur… Ce moment de cueillette procure un contentement puéril, une vraie bouffée de fraîcheur retrouvée… Il est là, ce sens de Noël qui me manquait tant ! Ces préparatifs réactivent des émotions oubliées depuis que nos noëls sont devenus des fêtes d’adultes…
GéO est résolument athée, méfiant en diable de toute incursion du religieux dans sa vie. La dimension spirituelle de Noël n’existe définitivement pas dans sa sphère. De plus, depuis que nous préparons des festivités ensemble, j’ai remarqué qu’il se prête sans enthousiasme à la chasse aux cadeaux, exprimant souvent une désaffection qui va bien au-delà d’une simple phobie shopping assez masculine… . Pour ma part, j’ai conservé malgré les aléas cette vivifiante envie que quelque part, quelque chose de BEAU et BON nous accompagne et nous attire. Une croyance enfantine mais structurante, fortifiante comme des vitamines spirituelles, un phare pour traverser les orages et dépasser les mesquineries et emmerdements de la vie ordinaire. Notre différence de vue n’empêche nullement GéO de participer à la réalisation technique de ma mise en scène, je crois même qu’il s’en amuse.

Revenons à nos Santons. Ma récolte est propice, j’ai détaché dans le sous-bois de petits pavés de mousse drue, brillante et chatoyante. Reconstruire comme une mosaïque mes parterres de verdure s’annonce facile. Quelques rameaux de thuyas ramassés après la taille de la semaine passée, une extrémité de branche prélevée sur un olivier figureront une forêt, à tout le moins des bosquets, fichés dans la terre dont j’ai empli deux verres à liqueur. L’Amour, par la tonicité de Judith Raskin encourage Orphée à chercher son Eurydice jusqu'aux enfers , je me laisse transporter par l’éternité de cette quête… Voilà, Noël arrive sur ces harmonies retentissantes, et mon humeur s’illumine à cette résonance…
Reste la mise en scène de mes personnages : J’ai limité ma scène à treize Santons, plus trois moutons, un lapin, le bœuf et l’âne, ces derniers comptant presque pour des personnes…
À cet instant, je m’amuse comme une gamine dans une maison de poupée et mon divertissement me ramène à ces fantaisies déistes qui font le nid d’une littérature imaginative. Je décide de l’ordre de mes figurines emblématiques que sont les Santons provençaux… Je tire les ficelles d’une mini-société que j’organise en fonction de critères capricieux.
Pour ce matin, je n’irai pas plus loin dans le destin des personnages… Je ne remodèlerai pas toute l’histoire…

Oui, ce matin, ma crèche m’a réconciliée avec l’esprit de Noël, loin des mélopées figées des cantiques, du rythme alourdi d’un rituel sectaire, détachée du cérémonial mercantile racoleur et vain des magasins.
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01/12/2007

L'évier de la Saint jamais

La Saint Jamais existe, si si, c’était cette semaine!

Depuis mon arrivée dans la maison, voilà un petit paquet d’années maintenant, ce malheureux évier nous a procuré bien du tracas… Une fêlure d’abord sur l’égouttoir, rejointe par une seconde faille parallèle bien plus longue et large… Mais ces blessures n’étaient rien du tout, en regard du goutte-à-goutte persistant produit par le robinet… Un robinet vieillissant, au chrome terni, manifestement digne de bénéficier de sa retraite, ayant assuré son service depuis des lustres, quelques décennies plus tôt, comment savoir ?

Mais vous connaissez mon GéO. Pas question de céder si facilement aux sirènes de la nouveauté quand son génie peut encore soutirer un restant d’effort à un objet. Malgré les remarques inquiètes de nos visiteurs, qui, à tour de rôle, ont compati et exprimé leurs conseils judicieux :
- Dis donc, tu ne devrais peut-être pas poser ta cocotte chaude sur l’égouttoir…
- Pourquoi tu ne fermes jamais ton robinet d’eau froide ?
Parfois, croyant bien faire, l’invité se chargeait de visser lui-même la poignée concernée. Et GéO de rappeler alors fermement son axiome premier :
- IL NE FAUT JAMAIS FORCER !!!
Avant d’expliquer, plus ou moins patiemment, à force, que « oui, le joint a été changé, mais c’est le siège de la tête du robinet qui est fendu… Je l’ai déjà réparé au moins dix fois, vingt fois, trente fois… »
Chaque fois, le goutte à goutte se faisait plus insistant, passant de la larme isolée, émettant un tintement presque suave dans la chaleur des après-midi torrides de Provence, au rythme obsédant du métronome, tic-tic, tic-tic, tic-tic-tic, de plus en plus rapide, montant crescendo, jusqu’au filet continu, nous reprenions la même antienne :
- Dès que les invités seront partis, je changerai les joints, je réparerai le siège du robinet d’eau froide, je déboucherai les canalisations (ah oui, ça aussi c’est un problème quand on est nombreux !), je réparerai…
Parfois, la liste varie… Et puis il y a toujours les réparations qui ne peuvent pas attendre comme le support de la bâche de piscine, ou les tuyaux crevés, n’est-ce pas, mais chaque chose en son temps, patience…
Bref, été après été, et la ronde des saisons apportant son lot d’occupations et de plaisirs, l’évier, devenu par la force des choses MON évier, a vu son état s’aggraver…

Août 2007 a été bien chargé en visites successives, et forcément, nous avons beaucoup demandé aux installations de la maison pour faire face à une surcharge réelle des utilisateurs. Nous avons même établi fin août un décompte provisoire des nuitées, petits-déjeuners et repas servis, et nous arrivions à des nombres à 3 chiffres, un vrai tournis! La cuisine tient le premier rôle dans ce tourbillon et forcément, mon évier…a trinqué et souffert comme jamais.
De sorte que j’ai résolu de fermer tout simplement le robinet d’arrêt au fond du meuble évier, à chaque utilisation, économie d’eau oblige. Mais imaginez simplement la gymnastique occasionnée, dix, vingt, trente fois par jour, fléchir les genoux, ouvrir la porte du meuble, reculer d’un pas, accentuer le fléchissement jusqu ’à l’accroupissement, lancer le bras droit (pas le bon pour moi), à l’aveuglette jusqu’à la manette en bas le long des tuyaux, ramener la tige à l’horizontale et … Forcer sur les quadriceps pour engager la remontée. Bon encore, comme ça, je le raconte positif, style entraînement sportif, histoire de lutter contre l’ostéoporose, « il faut bouger, dans votre cas, Madame… » Mais à la longue, la répétition de l’effort en efface le charme.

Donc, dès Octobre, rendus à notre intimité, nous avons pris LA DÉCISION.
En Novembre, nous avons couru les magasins de bricolage, de Toulon à Plan de Campagne, pour finir par trouver à Saint Max, au point de départ, un évier adéquat, et…Ô luxe, un robinet mitigeur à douchette !
Un matin, je suis réveillée par l’arrivée du petit café rituel que le premier levé apporte à l’autre… Mais, ouvrant difficilement les yeux car je sens bien que je n’ai pas eu mon compte de sommeil, je constate qu’il fait encore nuit noire, six heures du mat, un café crème et l’angoissante question perce le brouillard de mon retour à la vie consciente :
- Tu sais, je crois que ça ne va pas marcher pour Ton robinet…
Je mugis : - Quoi ? Quel Robinet ?
Mon tendre GéO prend le temps de positionner l’anse de ma tasse sur le plateau, avant de m’expliquer calmement :
- Oui, quand je dors, tu sais, il y a toujours une partie de mon cerveau qui travaille aux problèmes à résoudre… Et d’un coup, je me suis rendu compte que nous n’avions pas vérifié que le bec verseur devait tourner pour alimenter les deux bacs de l’évier. Chez Marie- Geneviève, il n’y a qu’un bac, donc ça ne va pas marcher chez nous.
CQFD…
- Mais si, il tourne, le robinet de Marie-Geneviève, je m’en suis servie, ça tourne très bien !
-T ‘es sûre ?
Vous le croyez si vous voulez, mais nous sommes retournés dans le magasin pour vérifier…


Le chantier a débuté lundi matin.
La semaine précédente, Géo avait méthodiquement percé l’évier dans son atelier, préparé les écoulements, monté le robinet tournant, et par agrandissement photocopié de la notice de montage, effectué toutes les mises en place possibles. Les emplacements de la tuyauterie sous le meuble ont été photographiés puis les clichés travaillés sur le Mac pour calculer les longueurs et préparer les coupes…
Plus moyen de tergiverser, il faut attaquer … Le démontage de l’appareil s’est déroulé plus aisément que nous l’avions craint et nous étions assez contents de nous : pas un seul carreau du plan cassé…
Bonne arpète, je me suis attelée au nettoyage des carreaux à récupérer, et cela m’a tenue en haleine jusqu’au mardi après-midi, où j’ai lâchement abandonné GéO pour courir à l’Opéra de Marseille. Je l’ai bien mérité, le décrassage aigu des vingt-six carreaux concernés effectué à la pince, au petit marteau, à l’huile de coude, j’en ai quelques crampes au biceps, mais nous sommes heureux de travailler ensemble. GéO siffle à son habitude, je chantonne l’ouverture de Tannhauser dans ma tête, le travail avance sans problème.
Au moment de préparer mon escapade musicale, GéO revient du garage avec un plein carton de carreaux tout neufs ! Eh oui, il y a des jours comme ça, on se demande pourquoi les choses se présentent toujours en chronologie inversée…Il n’y a vraiment rien de plus réconfortant au monde, après un tel déploiement de patience et de minutie…
À mon retour, mercredi midi, le décor a bien changé dans la cuisine. Les carreaux, neufs et vieux alternés, sont collés, jointés, l’évier en place, il ne manque que les raccords. Mais il est plus urgent de fêter nos retrouvailles autour d’un bon plateau d’huîtres …
Quelques heures plus tard, et les dernières contorsions sous le meuble, nous sommes à même d’admirer l’œuvre dans son intégralité !
Oyez donc, parents et amis, qui projetez déjà votre prochain séjour, inutile de bourrer vos bagages de joints ou de seaux pour récupérer l’eau perdue, nous sommes définitivement entrés dans l’ère moderne de l’évier entier et du robinet dompté…



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