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24/12/2012

Chantez hautbois, résonnez musette

 

Eh oui, dernière ligne droite…
Que ce Noël vous soit doux et agréable, profitez au mieux de ces temps de paix !
Bon réveillon et belles bulles…

joyeux noel, réveillon, famille, partage

 

 

Et quand  repu(e)s et  détendu(e)s, vous aurez rangé cotillons et santons, viendra le temps d'envisager la vérité en face!

 

joyeux Noël, famille, réveillon,

16/12/2011

Pause tendresse

Il y a du Noël dans l’air…

Des nuits étoilées grelottantes, ouvertes aux souffles du vent

Luttant  contre les soirs trop courts des rues chamarrées de lumières, 

Mille détails anodins s’enrobent d’un parfum d’Avent

Camelots frigorifiés sur les trottoirs des cités

Passants pressés aux mains empaquetées.

 

Avant que la fête ne  commence, 

Puisqu' Outre Rhin nous sommes en partance

J’ai hâté les préparatifs et l’ordonnance de  la maisonnée

Avant de clore nos valises, j’ai  dressé les lits des invités

Quitte à faire jaser, peluches au garde à vous et  joujoux parés

Pour qu’à notre retour nos convives se délassent .

 

Alors à tous qui passez parfois quelques minutes ici

Ne déduisez pas  de mon silence un abandon de glace

Je garde encore certains trésors  au fond de mon nid

Dans mes bagages, j’ai rangé quelques promesses de délicatesse

Mais j’ai gardé  au logis  une pleine pochette  d’Allégresse

Je vous dédie cette pause tendresse.

 

 

11/12/2011

Conte à rebours

 Noël, famille, préparatif fête, crèche

 

 Le compte à rebours est déjà enclenché pour beaucoup d'entre nous…

 N'empêche, même dans notre campagne, nos chiens apprécient la balade comme cadeau, quand il s'agit de vadrouiller dans la colline pour y chercher la mousse douillette qui accueillera nos santons.

 Rituels de Noël,  les préparatifs affinent nos envies et tournent nos coeurs vers cette attente toujours renouvelée. Ce n'est même plus le symbole religieux qui nous étonne, la sacralisation de Noël s'accroche davantage à l'idée que cette fois, la fête sera complète, l'harmonie au rendez-vous de nos espoirs, la crise reléguée à  notre foie et nos soucis digestifs… 

Les laideurs et les angoisses de nos actualités vont devoir se faire la malle, partout alentour il n'est question que de festins, de mets savoureux, de surprises affectueuses et de plaisirs délicats offerts sans retenue ni décompte mesquin.

 On voudrait tous incarner non pas cet  enfant démuni, promesse d’un monde nouveau,   mais le tout puissant Père Noël pour effacer le temps d’un conte les déboires d’un quotidien plombé.

Plus d’enfants contraints à naître dans la misère, à la merci de la première bronchiolite passant  dans l’atmosphère. Plus de malades qui n’auraient pour tout horizon qu’un lit d’hôpital et une guirlande de pilules, plus d’errants sans toits ni repas, plus de haine jetée au visage de celui ou celle qu’on a adoré. Dans les bons contes de Noël, les diabétiques peuvent s’empiffrer de crottes en chocolat sans que leur insuline réagisse, les dissensions familiales s’évaporent comme neige au soleil, nos tirelires ne désemplissent plus, … Et les méchants se repentent de leurs mauvaises actions. Voyez, cette année, de Durban à Bruxelles, la hotte du bon-papa Noël s’est emplie de Promesses. Soyez rassurées, fidèles souris-lectrices, cette année s’achèvera sur un fantastique feu d’artifice de serments et d’engagements , c’est juré, c’est promis, c’est certain, Ils ont compris, Ils ont décidé de nous apporter la solution, il ne leur manque que notre confiance…

Les promesses n’engageant que ceux qui veulent bien y croire, dormez bonnes gens, dormez sur vos deux oreilles, dormez dans la  douceur ouatée, le temps  que s’écoule ce Conte à dormir debout.

 

 

 

 

12/12/2010

Ode de Noël

Si j’avais un talent,                                                                            
Un art solitaire et gratuit                                                                   
Je voudrais qu’il  soit celui                                                               
D'inventer des mots étonnants.                           

Des mots pour tout te  dire …                                                         
Des mots bout à bout qui touchent                                                 
Des mots gais qui n’écorchent pas                                                 
Des mots  assagis pour ouvrir                                                        
Tes yeux et ton sourire                                                                   
Des mots qui effacent                                                                     
Les vilaines traces                                                                          
Des blessures nées d’escarmouches.                                            

 Lors, il suffirait que mon talent                                                       
Sache accrocher ces belles pépites                                              
Sous la voûte du ciel,  au sommet des sapins.                              
Ces guirlandes de mots chanteraient                                             
Le plaisir des menues fêtes quotidiennes,                                     
La  félicité d’ échanges sans contraintes,                                      
Elles enchanteraient nos étreintes.                                                
Elles pareraient nos vies d’étoiles insolites.                                   


Si j’avais le talent d’un poète                                                          
Le don prodigieux d’embraser la planète                                       
De phrases réjouissantes et vives                                                 
Tu t’émerveillerais  des Noëls qui arrivent…                                  



Si j’avais ce talent                                                                            
Je t’habillerais aux couleurs de  mes rêves                                     
Tu vivrais dans cet éternel ravissement                                           
Ton avenir gravé  d’une unique trêve.                                              

24/12/2009

Joyeux Noël

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Un Joyeux Noël à tous

Des moments merveilleux dePartage,

de Convivialité,

De Lumière et d'Espoirs pour tous ceux qui en ont besoin

Et ceux qui ne le savent pas…

Noël n'est pas une fin en soi,

Mais une nécessité  cultuelle

et culturelle de ressourcement…

 

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24/12/2008

Voeux de Noël

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En montant ma crèche cette année, j’ai installé comme souvent le Ravi au plus près de la Sainte Famille , illustration des Béatitudes au degré zéro. Du « laissez venir à moi les petits enfants » au « Bienheureux les Pauvres d’Esprit »… Cette activité témoigne qu’il me reste un résidu d’enfance, ou de naïveté, si vous préférez. N’empêche, à l’opposé du matérialisme pragmatique confinant presque à l’athéisme militant que GéO préconise, il m’est impossible de ne pas me sentir impliquée dans une quête d’harmonie, un désir d’aboutissement de l’Humain en une reconnaissance des valeurs évangéliques… Je dis bien évangélique, retour à la case Évangile, bien loin du cheminement torturé des Églises. Elles se sont tellement perdues à la conquête du pouvoir sur nos sociétés qu’il ne reste plus à attendre qu’un Grand Soir de Ménage, ni plus ni moins radical que celui qui reconsidérerait la classe politique ou les milieux financiers…Ouh lala ! Quelle philosophie pour un Noël…
Donc se pose ce soir la question de la frontière entre Foi et Crédulité, Dogmatisme et Manipulation. L’histoire de l’humanité, ses avancées et ses retours à l’âge de la Barbarie, est tellement lisible à travers le prisme des abus, qu’il est difficile aujourd’hui d’élever nos générations à venir dans l’optique d’une vraie générosité… Des retraites à préserver aux acquis sociaux, l’homme reste un loup pour l’homme, chacun pour soi et Dieu , ma foi, pour ceux qui s’en contentent…
Je me garderai de gloser plus avant ce soir, d’ailleurs je n’en ai pas le temps puisque GéO s’active à son tour en cuisine…
Cependant, en vous souhaitant à tous un Joyeux Noël, un Vrai grand moment de Bonheur, que vous soyez seul ou entouré de ceux qui vous sont chers, je me remémore juste ce vœux, ce chant d’allégresse :
« Paix sur terre aux hommes de bonne volonté »
Mais crédiou , elle est passée où, la Bonne Volonté ?

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13/12/2008

Mot d'ordre: Noël !!!

Décembre, tout le monde le sait, c’est le dernier mois de l’année.
Une année entière qui s’achève, ça appelle au bilan. Mais on n’a pas le temps, pas encore : On a d’abord un grand moment à préparer, un temps fort comme on disait à l’école en préparant les fêtes et les célébrations. Et chaque année, on recommence, on y pense à l’avance, on calcule, on compte, on réfléchit, on prend des résolutions aussitôt balayées d’un coup de cœur.
Non, c’est Noël quand même !
On va marquer le coup…

Avez-vous remarqué comme nos messageries ont enflé ces temps-ci ?
Des mails qui s’étirent en une liste interminable, surgissent de nulle part, émanant de sociétés dont on ne soupçonne même pas l’existence, qui tout à coup s’annoncent à votre intention avec familiarité, en utilisant tout de suite le petit nom, comme si on avait gardé les vaches ensemble :
Quelques exemples parmi les centaines qui envahissent mon écran ces temps-ci:

De : "Stefanie de Culture Quiz" <"Stefanie deCultureQuiz"@bp06.net>
Date : 11 décembre 2008 12:47:06 HNEC
À : odechollet@orange.fr
Objet : Odile, le nouveau thème est arrivé !

Là encore, il s’agit de jouer et sans blague, ça fait plaisir, un nouveau thème !

De : "Fabuleos via Noe-Noa"
Date : 10 décembre 2008 16:48:37 HNEC
À : odechollet@wanadoo.fr
Objet : ODILE, Faites des économies sur vos achats de Noël

Sympa, cette fois, faire des économies, surtout par les temps qui courent, mais elle calcule mal, Fabuleos, elle veut que j’économise en dépensant mes sous chez elle… À la rigueur, va pour, mais je n’ai vraiment pas besoin de tout ce qu’elle propose…

De : Dr Pierre Ricaud
Date : 10 décembre 2008 14:40:01 HNEC
À : odechollet@wanadoo.fr
Objet : Odile, ce soin vous est offert. Valeur 85 euros.

C’est cadeau, d’accord, mais seulement si j’achète pour trois fois plus, dommage !

De : Grand Jeu Superbonplan
Date : 10 décembre 2008 12:26:30 HNEC
À : Odile Chollet
Objet : Odile, 6 offres gratuites pour vous

Là, on commence à fatiguer un peu, non ? C’est prenant d’ouvrir tant et tant d’offres, GéO me rappelle à l’ordre pour le déjeuner…


De : " Aurélie de BienManger.com"
Date : 10 décembre 2008 11:54:37 HNEC
À : odechollet@wanadoo.fr
Objet : Odile, des idées gourmandes pour Noël

Eh nous y voici, au cœur du sujet, tous ces courriels qui débordent de la boîte à courrier, c’est à cause de NOËL !
Comme si tout à coup, crise ou pas crise, toutes nos pensées, nos activités, nos communications ne répondaient plus qu’à un seul et même mot d’ordre :
Dépenser, dépenser, DÉPENSER, DÉ-PEN-SER !!!

Et là, je dis : » STOP ! »

NOËL, d’abord, ce ne devrait pas être la fête du commerce…
NOËL, ça ne devrait pas être cette abondance de luxe, de bouffe, d’énergies dispersées, de courses effrénées…
NOËL, ça ne devrait pas motiver cette contrainte qui nous oblige à bousculer nos habitudes, nos modes de vie, à exploser nos budgets, à emprunter pour acheter les jouets à la mode, les gadgets high tec incontournables, à ingurgiter des tonnes de produits étiquetés Luxus alors que toutes les enquêtes soulignent que ce sont des produits quelconques, pas meilleurs en tout cas que les produits discount.
NOËL, ça ne devrait pas être cette vaste arnaque commerciale, cette surenchère scandaleuse qui repose sur une USURPATION.


Quand j’étais petite fille, (et revoilà le refrain du bon vieux temps, l’Eden des anciens, hum, hum), quand j’étais donc une petite fille, la seconde d’une fratrie de quatre enfants, nos Noëls commençaient vraiment le 24 décembre dans l’après-midi. Plus tôt, mes parents n’avaient pas le temps… Encore que, mais, non… je vous le confierai peut-être plus tard.
Donc, dans l’après-midi du 24 et pas avant, notre père apportait à la maison un sapin tout fraîchement coupé, qui sentait bon la résine, une odeur presque mentholée, piquante et sucrée.
On l’installait dans un coin de la salle à manger exceptionnellement ouverte pour l’occasion, car par économie de chauffage, toutes les pièces de la ferme n’étaient pas couramment occupées.
Et tandis que nous étions tous quatre convoqués à la décoration de l’arbre magique, en utilisant les mêmes boules, guirlandes et bougies que les années précédentes, mes parents s’enfermaient dans la cuisine, où ils préparaient… Non, où Maman préparait le dîner fin, dont Papa était allé quérir les ingrédients dans la matinée, comme un rite immuable et secret, à eux deux réservé.
Nous restions en famille, ce qui n’était pas si usuel, car ma sœur aînée, puis moi, puis mon frère, nous avions assez tôt été pensionnaires et donc le rassemblement des vacances présentait en soi une fête, une halte de paradis retrouvé, que chaque rentrée dissipait à nouveau.
Voilà pour moi ce que devrait encore être l’esprit de Noël.
Un retour à la source intérieure favorisée par l’obscurité du solstice, ces longues nuits d’hiver que nous pourrions mettre à profit pour se retrouver, descendre en soi-même sans faux-semblant ni jugement, juste pour retrouver la petite musique originelle de nos instincts vitaux.
Donner à Noël une intimité festive, un échange de présents symboliques, comme l’orange et le chocolat que nous disposions au coin de la cheminée pour remercier le Père Noël de ses cadeaux gratuits.
Car je milite volontiers pour préserver quand même Le Grand Mensonge, qui reste une des meilleures inventions de notre société, mais qui s’est trouvé trop vite détourné. Le Père Noël s’apparente aux mythes fondateurs, représentation individuelle et collective d’un aspect essentiel des relations humaines : l’Amour dans son concept de gratuité, à l’expression manifeste et discrète à la fois, simple et redondante. Une manière de don à ceux que l’on intègre comme siens, sans impliquer le retour du merci obligatoire et formel. Ce joli petit mot qui fonctionne alors comme un miroir réfléchissant : « je dois te donner comme tu m’as apporté ». Que devient-il, ce Père Noël sublime, quand les parents et grands-parents emmènent les enfants dans les cirques des grands magasins, afin que leurs petits aiguisent leurs appétits de possédants ?

Et encore, je vous épargne la signification religieuse, l’humilité du dépouillement légendaire du nouveau-né, le sens spirituel originel de cette tradition. Pourtant, avec ses cohortes de mal logés et de SDF, notre société ne nous offre-t-elle pas à longueur d’année le spectacle infiniment sordide de crèches vivantes définitivement ignorées par les Rois Mages? Ce Mage qui réside dans les ors de la République, drapé des oripeaux flamboyants du pouvoir, inaccessible aux besoins des petits, des sans-grade et sans économies.

Vous voyez que nous sommes loin de cette recherche d'une oasis de Paix et d'Harmonie, ce retour à la source intérieure que l'obscurité des nuits du solstice devrait favoriser. Une festivité de l'intime, du méditatif, n'excluant ni solidarité ni joie, bien au contraire.
Par quel cheminement progressiste sommes-nous arrivés à l'exubérance commerciale des Noëls actuels?
Ce n'est pas si récent, en effet, je me souviens des réflexions échangées avec ma belle-mère devant les montagnes de cadeaux que l'Oncle Jimmy, désigné Père Noël de l'année, distribuait à notre nichée d'alors. C'était il y a presque trente ans, et nous avions honte de la somme approximative que nos évaluations atteignaient.
Et cependant, qui ne fête pas Noël de cette façon dispendieuse , dans notre civilisation occidentale?
En dehors de quelques intello-récalcitrants, dont j'ai connu au moins une famille , tous les milieux participent au Grand Rendez-Vous de la dépense, même ceux qui n'ont aucune raison de fêter l'avènement de l'enfant-Dieu: familles agnostiques ou athées, juives ou musulmanes.…Puisque Noël n'est plus une fête spirituelle.

Mes parents, pourtant, nous ont donné cette éducation religieuse a minima qui est le lot de beaucoup d’enfants de ma génération: catéchisme obligatoire, baptême, communion privée puis solennelle avec grande fête de famille, et messe du dimanche incontournable, mais sans eux. Eux, ils étaient occupés, et c’était vrai : une ferme avec des animaux, ça occupe sept jours sur sept, pas le temps d’aller à la messe…
Néanmoins, le curé passait prendre le café, parfois même l’apéritif pour recevoir le denier du culte, et il était invité de facto aux fêtes solennelles. Nous avions parfaitement compris qu’entre mes parents et ce vieux Monsieur le Doyen qui puait la cigarette froide, il y avait une relation respectueuse et presque affectueuse : ils les avaient vus grandir, les appelait Jean et Janine, les avait mariés tout de suite après la guerre…Nos baptêmes, nos présences au catéchisme allaient de soi et je n’imagine pas que l’éloignement réel de l’Église que ressentaient mes parents ait pu altérer leurs relations. Jamais d’ailleurs mes parents n’ont tenu de propos moqueurs ou négatifs sur le fond de l’évangile. Comme beaucoup de jeunes au sortir de la guerre, ils s'étaient dépouillés d'une religiosité naïve et conformiste, ils en voulaient à la société lâche des Bien Pensants et Grenouilles de bénitier qui fréquentaient la paroisse et « dégoisaient » sur le parvis à la sortie de la Grand-Messe dominicale. D’où l’interdiction que nous avions de nous y attarder, il fallait rentrer tout de suite après l ‘ » Ite, missa est » prononcé et nos cartes de présence signées. Sinon, gare, soupçon de délit de commérage, ah ah !, ça, c’était grave!

Revenons donc à nos Santons, ou plutôt à tout ce qui n’est pas dans l’air du temps.
Certes, il y a encore de nombreux catholiques, pratiquants ou non, qui vivent leur Noël pour la fête religieuse qu’elle est.
Mais autour de nous, existe-t-il encore une petite motivation d’harmonie et de monde meilleur ? Une envie de partage et simplement le désir de marquer une pause et de jeter un œil humble sur nos arrangements personnels…
Une façon de se dire, en ouvrant les portes de nos maisons aux invités, que les compromis quotidiens, les agacements ponctuels, les difficultés redoutées ou les renoncements imposés ne sont pas si graves, pas si définitifs, pas si irréversibles et que le cours de nos vies s’embellit de la souplesse adoptée face aux événements. Ne pas tout avoir, ne pas tout posséder, et surtout jamais l’Autre, ne pas lutter indéfiniment pour imposer sa volonté ou jauger son propre bonheur à l’aulne des images imposées à tous les coins de rue. Ne pas se sentir humilié parce qu’on a moins, prêter moins d’attrait aux strass et aux paillettes, ne pas dévaloriser son quotidien…

Allez, c’est promis, demain je nettoie ma boîte mail de toutes ces fausses promesses de cadeaux, de ces gains fictifs, de ces loteries attrape-nigaud…
Alors, elle est pas belle la vie ?

02/01/2008

Trêves de Noël

Les invités sont arrivés au compte-goutte, dans l’après-midi pour la plupart, mais Jacqueline était déjà en cuisine depuis l’avant-veille. Elle n’avait requis l’aide que d’une seule des convives, sa sœur Martine, comme au temps de leur jeunesse. Ce n’était pas leur premier Noël commun, mais il y avait quand même un lustre que l’événement ne s’était pas produit. Pour ces jeunes sexagénaires, cette réunion de famille avait pris des allures de connivence après des années de distanciation. L’idée en était née simplement au cours de l’automne, à cause du décès d’une grand-tante un peu oubliée, qui les avait involontairement réunies en disparaissant définitivement de leur paysage familial.


Leurs enfants respectifs avaient accepté l’idée de ce grand Noël après quelques tergiversations avec les compagnons et conjoints ; mais justement, la rareté de la chose l’avait emporté sur les habitudes d’indépendance. Et puis les cousins s’étaient perdus de vue et s’amusaient déjà à l’idée de découvrir leur progéniture mutuelle. La commande au père Noël avaient vite pris des proportions inquiétantes jusqu’à une série d’appels téléphoniques, relayé par les aller-retour d’emails, et les budgets-cadeaux avaient retrouvé des plafonds moins exorbitants … Sauf pour Jacqueline, qui tenait à recevoir tout le monde « sur un pied d’égalité » et avait un peu triché avec son compte en banque, sacrifiant contre ses habitudes à l’idée d’un emprunt « revolving »…
- Après tout, on ne vit qu’une fois, je saurai bien m’en remettre en évitant les soldes de janvier.


Un menu enfant, un apéritif prolongé pour mener à l’heure H, l’ouverture des huîtres réservée aux maris de Martine et Jacqueline, Pierre et André. Martine apportera le saumon fumé « de chez mon traiteur, tu verras, il est formidable ! » et Jacqueline confectionnera la farce de la dinde dès vendredi.
« Avec le cognac et le réfrigérateur, ça ne craint rien… », Voilà la teneur de la dizaine d’appels téléphoniques entre les deux sœurs, qui ne se contactaient plus que pour leurs anniversaires et la bonne année.

Le grand jour est arrivé, la nervosité qu’elle a essayée d’éviter se manifeste quand même. Son fils Fabien et Sabine sont arrivés les premiers, sitôt la sieste du bébé achevée. Elle leur a réservé la chambre du rez-de-chaussée, puisque son petit-fils sera le plus jeune représentant de la nouvelle génération, les parents auront un accès direct pour surveiller leur bébé de trois mois. À peine sont-ils installés qu’arrivent Martine et Pierre. Le déchargement de la voiture est leur principal souci, mais André et Fabien devraient aider. Seulement Fabien se débat avec l’ouverture du lit pliant et ne se montre pas assez rapidement disponible. Martine ne peut retenir une remarque d’impatience devant « les jeunes qui sont de plus en plus perso ». Jacqueline s’en contrarie un brin, son fils « n’est encore qu’un tout jeune papa, il faut du temps pour se roder tout de même », mais Pierre et André se sont débrouillés pour entreposer les victuailles dans le sous-sol assez frais et le sujet retombe comme un soufflé.
Jacqueline en profite pour proposer à sa soeur le tour du propriétaire, en commençant par la chambre des jeunes, de sorte que Sabine pourra finir de s’installer tranquillement, on sait qu’avec son nourrisson, elle n’aura guère de répit entre deux biberons.
À l’étage, le palier débouche sur un long couloir qui dessert une série impressionnante de portes.
- Tu vois, je vous ai installés dans la chambre en face de la nôtre, tout près de la salle de bain. Il y a aussi la salle de douche au bout du couloir, et dans la chambre du fond, André a installé des matelas par terre, avec les deux lits de camps, c’est le dortoir pour tous les petits-enfants. Pour les couples, Delphine garde sa chambre avec Rodrigo, à côté de la vôtre. La porte en face, ce sera la chambre de Corinne et David, comme ça ils pourront intervenir au dortoir des gosses si c’est nécessaire, après tout ils auront leurs trois garçons près d’eux et enfin, Julien dans ma lingerie, que j’ai arrangée avec le canapé-lit, il est le seul célibataire, alors je pense que ça lui ira… En ce qui concerne les petites-filles, Amélie et Sarah n’ont qu’un an d’écart, elles se partageront le grand lit de la chambre des enfants… Ouf, qu’en penses-tu ?

- Ma foi, je suis surtout impressionnée par les dimensions de ta maison, c’est presque un château… Attends, je compte, ça te fait combien de chambres en tout ? Une en bas, la vôtre, la nôtre, celle de ta fille, le dortoir, cinq ah oui j’oublie encore celle que tu donnes à Corinne et David, plus ta lingerie comme tu dis, ça fait sept, tu fais comment pour le ménage ?
Jacqueline est un peu gênée, elle n’a pas prévu la réaction de sa sœur et s’en veut de provoquer un peu de jalousie, là où elle souhaite juste être accueillante. Mais c’est fait…


Dans le séjour, règne une certaine agitation autour du sapin. À leur tour sont arrivés justement Corinne, la fille de Martine et Pierre, accompagnée de son mari David et leurs trois garçons, François, Philippe et un petit dernier Olivier. Déjà passablement excités encore qu’un peu intimidés, ils se familiarisent avec les lieux en passant d’une pièce à l’autre, le salon où trône un majestueux sapin décoré et une crèche sur le buffet, la salle à manger où le couvert a été mis dès le matin, la cuisine, séparée par une vaste entrée assez sombre. Ils se sont faits tancer déjà deux ou trois fois parce qu’ »il ne faut pas crier près de la chambre du bébé », mais d’un tour à l’autre, ils oublient la consigne. Sabine commence à maugréer contre ce manque d’éducation, mais elle happe du regard le froncement de sourcil de sa belle-mère et se reprend à temps. C’est vrai, il faut y mettre chacun du sien, elle se l’est promis, mais elle aurait préféré un Noël plus calme pour se reposer enfin…


Retour à la cuisine : les petits-fours salés sont près à être réchauffés, Corinne propose son aide pour terminer les petits canapés , ce qui ne l’empêche nullement de repousser lestement ses trois lascars dont les doigts chapardent quelques amandes à chaque nouveau passage. Ses remarques sont proférées avec patience, presque mécaniquement. Sabine, à la recherche d’un coin d’évier pour nettoyer son biberon de dix-huit heures, s’amuse de la régularité mécanique des « non, Olivier, ça suffit François, j’ai dit non, Philippe… » proférés à nouveau dans l’autre sens cinq minutes plus tard… Ultérieurement, Sabine confiera à Fabien, son compagnon :
- C’est comme un déclic, je me suis vue à sa place dans quelques années, et je te jure, je me suis mis un post-it dans la cervelle : faut être plus efficace, sinon, on devient chèvre !

Enfin Julien, fils aîné de Martine, se présente avec sa fille Amélie, qu’il a dû passer chercher chez sa mère. Celle-ci a consenti à laisser Amélie profiter de ce réveillon extraordinaire. Elle-même a très peu connu l’oncle et la tante de son ex-mari, mais elle a convenu que ces retrouvailles valaient la peine, et puis, elle emmène Amélie en vacances dès le surlendemain, c’est bien pour la petite de fêter Noël avec son père… Julien se dit surtout heureux de revoir ses cousins, son divorce est encore récent, un grand Noël lui permet de flouter un peu le vague à l’âme qui n’est pas bien loin derrière les « hello, comment ça va, t’as pas changé… » de circonstance. Il espère aussi que sa mère sera assez accaparée pour oublier de faire peser sur lui ses regards de biche navrée, qui n’arrangent rien du tout, et aggravent plutôt la lourdeur de son cœur… Justement, c’est bien, sa soeur Corinne prend en main son installation à l’étage, André organise discrètement la descente des cadeaux de la voiture jusqu’au sous-sol et Amélie rejoint rapidement ses cousins déjà bien familiarisés. Elle découvre les lieux et fine mouche du haut de ses treize ans, commence à chercher où peuvent se cacher les paquets attendus… Évidemment, les garçons se joignent à la chasse, le circuit salon-salle-à- manger-cuisine reprend du service.

De fait, en cuisine, Jacqueline et Martine commencent à s’inquiéter, non pour la dinde qui rôtit à merveille, four baissé, il suffit qu’elle cuise à cœur maintenant, sans dessécher. Un grand tablier blanc jusqu’aux chevilles, Jacqueline tire à demi la grille qui supporte l’énorme plat et arrose régulièrement la bête monstrueuse dont la peau roussie gondole et éclate comme un chewing-gum soufflé. Ce qui rend Martine bien nerveuse après ses petits-enfants invariablement présents lors de l’opération.
- Allez jouer ailleurs vous quatre…
- Mais qu’est-ce qu’ils font quand même, Delphine et Rodrigo ? Il ne travaillait pas aujourd’hui je crois, Delphine m’a parlé de RTT pour tous les deux, je n’ai pas confondu. Enfin, c’est peut-être la circulation, quand même, je vais demander à André de les appeler sur leur portable…
C’est la troisième fois qu’André appelle sa fille, mais la messagerie accueille invariablement son questionnement.

Alors que les deux sœurs se sont résolues à commencer l’apéritif au salon, tant l’énervement des enfants grandit, la sonnette retentit enfin !
- La circulation bien sûr, comment traverser le carrefour Pompadour à cette heure-ci ! Le portable ? Oh, la batterie comme toujours, dès qu’on en a besoin, elle ne tient plus la charge. J’avais dit à Rodrigo de me le changer, mais il n’a pas eu le temps, moi non plus d’ailleurs.
- Enfin, vous êtes là, je crois qu’on peut commencer, comme vous connaissez la maison, vous vous installerez plus tard… Enzo, Sarah, venez vite faire la connaissance de vos petits cousins…


Pierre et André s’attellent donc enfin au service du champagne, bouchons qui sautent simultanément et flûtes inclinées vers les goulots pour éviter les pertes.
Martine s’inquiète :
- Et le Champomi, tu te souviens où les bouteilles ont été rangées ? Tu ne les a pas laissées dans la voiture au moins ?
Sa voix un peu aiguë est noyée dans le brouhaha général, les enfants se précipitent davantage sur les canapés et les petits-fours brûlants, qu’ils recrachent vivement dans une serviette parce qu’ils se sont brûlés.
Corinne et Delphine, tout à la joie de se retrouver après ces quelques années, ont perdu un peu la vigilance habituelle et semblent indifférentes aux verres vides de leurs enfants. Martine est donc repartie en cuisine, où elle tourne et vire sur elle-même sans mettre la main sur les précieuses boissons. C’est Fabien, de passage vers la chambre du bébé qui lui sauve la mise en lui montrant le réduit frais où sont entreposés généralement les bouteilles d’eau minérale et les sodas.
- Excuse-moi, je me sens un peu bête, je ne connais pas encore tous vos rangements…
- C’est rien ma petite tantine, ne t’affole pas, la fête ne fait que commencer, on a la nuit devant nous…
- Mais pas les enfants tout de même, il faudra bien les coucher…
- Tout de suite après les cadeaux ? Ah là, je te souhaite bien du courage si tu t’attaches à un tel programme… Ce soir, je crois qu’ils prendront leurs quartiers libres…

Avant la deuxième tournée d’apéritif, et pendant que les femmes de la maisonnée attirent les enfants sur la terrasse pour guetter la comète du Père Noël, jeu auquel même les préados se prêtent, tous les pères organisent la chaîne pour remonter les innombrables paquets du sous-sol et les installer autour du sapin. Il faut faire vite, les autres vont avoir froid dehors, et on attend encore André qui a un peu de mal à enfiler la houppelande défraîchie par les années de service. Père Noël, c’est un métier, il faut faire attention aux divers accessoires et la barbe de coton commence à s’effilocher sérieusement.
- J’avais pourtant rappelé à Jacqueline qu’il fallait arranger ça, mais elle s’est lancée dans tellement de choses à la fois, c’est bien d’elle, ce genre d …
- Oh, ça ne fait rien, papa, vous y êtes ? Ils s’impatientent dehors, souffle Delphine, venue aux nouvelles.
- Bon, ça ira, tu peux les faire rentrer.

S’ensuit un bon moment de tumulte, des Waous, des chouettes, des ça y est, je l’ai mon jeu, des bravos, des encore pour moi ? des t’as vu, ils ont l’air contents, non ? Ah dis donc, ça vaut le coup.…
L’excitation des enfants emporte d’un coup toutes les préoccupations, les tensions entre Delphine et Rodrigo et leur dispute au cours du trajet, la perspective de chômage qui guette David et le mine pour sa famille nombreuse, l’insupportable partage de sa fille unique pour Julien, la peur du lendemain non-maîtrisable pour Martine à l’orée de sa retraite…
- Mais, Fabien, je ne t’ai pas vu filmer ? Oh zut, je comptais sur toi…
- Mais enfin maman, j’avais Théo dans les bras…
- Tu pouvais laisser Sabine s’en occuper.… Oh, c’est bête cette histoire, je voulais quand même conserver un souvenir de tout ça…
- C’est pas grave, ma tantine Jacotte, je vous passerai nos photos numériques, avec un joli montage, c’est aussi bien qu’un film…
- Oui, mais… Merci Corinne, c’est gentil à toi.
Pour un peu, Jacqueline sentait une grosse boule dans sa gorge, et ses yeux mouillés, résultat de tant d’efforts et d’énervement pour parfaire ce moment magique.
- Pourquoi faut-il qu’il y ait toujours un petit raté qui gêne l’accomplissement absolu du rêve ?


Pendant que les enfants découvrent leurs jeux respectifs, et ne peuvent s’empêcher de regarder avec envie ceux des cousins, les deux grands-mères profitent d’un petit répit. Les jeunes pères, Julien, David, Rodrigo coupent les emballages, montent les pièces détachées, disposent les piles dans les logements prévus. Delphine et Corinne rattrapent leurs discussions perdues en ramassant les papiers et les emballages. André et Pierre se sont appropriés la cuisine pour l’ouverture des coquillages. Ils sont assez contents de se retrouver, d’établir à nouveau la complicité qu’ils partageaient quand leurs femmes se voyaient plus souvent. Ils n’ont jamais souhaité s’immiscer dans les mouvements d’humeur, les petites rivalités fraternelles que leur point de vue masculin range dans la catégorie "broutilles". D’ailleurs, leurs préoccupations passent plus par la case « combien de litres au cent » ou « tu t’en sors avec ton comptable ? » que par ces sempiternelles comparaisons des exploits de la progéniture…

C’est alors qu’explosent les premiers pleurs. Au milieu des nouveaux jouets, Olivier a marché sur la télécommande de la voiture d’Enzo, et c’est le premier drame… L’un pleure parce qu’il est tombé sur le derrière, l’autre parce qu’il croit son jouet abîmé.


C’est le signal qu’il est temps de penser au repas. Les enfants regroupés sur une table à part, pour laisser aux adultes le loisir de se consacrer à leur propre plaisir. Le service se répartit facilement, les bras ne manquent pas. Quand enfin, Jacqueline s’assoit à sa place, tous ses invités installés, son regard croise à l’autre bout de la table celui d’André, et elle se sent brutalement saisie d’une insurmontable émotion, gratitude mêlée d’angoisse. À nouveau, la vilaine boule s’installe dans sa gorge, ses yeux s’humectent. Elle se domine de son mieux, mais son trouble n’a échappé ni à André, ni à Fabien.
- Eh bien maman, qu’est-ce qui t’arrive ?
- Ce n’est rien, c’est que je suis si heureuse de vous voir tous ici ce soir… Je voudrais qu’on en garde un souvenir extraordinaire, qu’on ne puisse pas oublier cette soirée.…
Malgré le concert de protestations qui s’ensuit, elle ajoute dans son for intérieur : parce qu’avec ce qui nous attend en janvier, la visite à l’hôpital prévue pour la prostate d’André, qui peut dire ce qui nous est réservé?
Mais André justement est bien tranquille, il sait que sa femme aura la force de repousser encore ce gros souci. Ce soir, la priorité est de profiter de la fête, la maladie que le couple n’a pas divulguée restera éloignée de cette parenthèse.
Levant son verre plein de liquide ambré, il propose un toast à la tablée, le regard illuminé de tendresse vrillé dans les yeux de Jacqueline :
- Eh bien, buvons à la Joie qui nous réchauffe et au bonheur de vous réunir, Buvons à la trêve de Noël !

C’est le moment que choisit Enzo le finaud, pour lancer sa remarque :
- Vous avez vu, je crois que le Père Noël, il a mal aux pieds! Il a fait comme Papy, il avait les mêmes chaussons… Y va sûrement se faire gronder par sa femme en rentrant …
Ce qui prouve que toutes les trêves ne sont que des îlots éphémères de Paix, même dans les hautes sphères du Bonheur.