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09/02/2012

Instantané de notre campagne

Images de neige, de verglas, de campagne blanchie et de matin brumeux…

Le charme de l’hiver opère, les JT déversent le sujet à l’envi.

Deux  longues semaines  consacrées au feuilleton tempétueux

Allez-vous échapper à ce nouvel ennui ?

 

Nous on a le temps d’en profiter,

Les départs au petit matin blême nous sont épargnés.

France grelottante, petits plats du terroir et crêpes en soirée

Notre moral est dopé aux actualités.

 

Tandis  que nos chiens envahissent la cuisine,

Aux pieds de GéO qui dégustent ses magazines

Le jardin est livré à nos  derniers pensionnaires

Indifférents à la chaleur communautaire.

 

Les pies ne nous font pas souci,

Tourterelles et pigeons explorent  les abris

Le  paysage se fige,

L’attente  est frileuse, l’atmosphère venteuse,

Mon humeur boudeuse.

 

Devant nos fenêtres, de petites ombres fugaces s’évadent

Des usages de prudence,   folles elles s’offrent l’incartade, 

Se posent furtivement en quête de miettes

Subsistance conséquente  contre la disette

Silhouettes ébouriffées des rouges-gorges aux plastrons bouffis, 

Mésanges charbonnières arborant cravate noire sur livrée de jade.

 

Demain la neige annonce son retour

Menace de troubles à l’attente du jour

Rendez-vous soumis aux caprices du climat

Le  Moulin des Contes abandonné aux  frimas

Comment faire bonne figure à tant d’aléas ?

 

 

 

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28/12/2007

Don du Sang

Nous vivons décidément dans un merveilleux pays.

Comme la plupart des Français moyens, Citoyens Appellation Solidarité Moyenne (ASM pour les accros aux sigles), nous avons prêté une oreille attentive aux campagnes récurrentes concernant les dons : don d’organes, en cas de grand malheur; don du sang, en cas fréquents de pénurie; dons de sous… De moins en moins, il devient lassant d’être ponctionné à tout bout de champ…

Bref, en payant récemment nos emplettes au supermarché local, je repère une petite pancarte placardée sur le montant de la caisse, avertissant d’une prochaine collecte de sang, ce vendredi 28 décembre. J’appartiens au groupe B-, groupe rare qui m’a valu d’être toujours bien accueillie dans les centres de collecte. Du moins jusqu’à aujourd’hui.

En fait, je me suis présentée deux fois au camion stationné sur le parking du centre commercial. Une première fois, en toute fin de matinée. Deux personnes assises à côté du réceptionniste patientent en remplissant les formulaires de renseignements habituels. D’autres volontaires engagés dans le sas derrière une petite cloison, attendent le médecin qui doit confirmer leur aptitude au prélèvement. Une forte odeur de café trop sucré flotte dans l’atmosphère confinée et le réceptionniste sourit vaguement en direction d’un responsable caché derrière mon dos. Me retournant, je découvre un homme en blouse blanche, dûment badgé « docteur », qui me regarde comme on observe un objet dont on envisage l’achat. Satisfait de son examen sans doute, il s’enquiert simplement :
- Vous êtes du coin ? Vous travaillez ici ?
- Non, non, je suis de passage, entre Nantes et Amsterdam, à cette heure-ci, je postule pour une pause-café…
- Ne le prenez pas mal, mais en fait, y’a beaucoup plus de monde que prévu, alors, comme il est bientôt midi, là les gens en ont bien pour une heure, le temps que je les vois, puis la prise de sang, ça fait trois quarts d’heure minimum. Pour vous, ça va pousser jusqu’à une heure…
J’ai conservé de mon éducation le complexe du dérangement. Enfants, nous étions systématiquement briefés avant chaque déplacement sur notre comportement :
- Vous ne parlez que si on vous adresse la parole, vous ne vous servez pas deux fois, vous ne vous faites pas remarquer…
Vous voyez le genre, il nous en est resté une vraie inhibition, une peur insurmontable de se montrer en surnombre, d’être importun, d'abuser… Et pourtant, nous nous soignons vigoureusement, faute de quoi, nous serions déjà engloutis dans l’épidémie d’égocentrisme ambiant. De sorte que par crainte de gêner, j’ai proposé de repasser dans l’après-midi, à la satisfaction manifeste de l’équipe.

Quinze heures trente, voilà qui nous paraît raisonnable pour opérer le retour. En effet, à part une jolie jeune femme qui papote avec le nouveau réceptionniste, personne n’encombre l’espace étroit du camion. À la teneur des propos échangés, j’en comprends aussitôt la raison. Le jeune homme explique à la gentille membre du personnel à ses côtés qu’il ne veut que des O.
- Le reste, c’est du gâchis, on en a trop.
Sceptique, je me glisse dans la conversation.
- Attendez, vous êtes en train de dire que vous avez trop de sang ? Mais j’appartiens à un groupe rare, il me semble qu’il est nécessaire de donner …
- Oh vous savez, on se complique plus comme ça. Maintenant, on prend du O, ça va pour tout le monde. Autrement, il faut trier, et ce n’est jamais le bon groupe qu’on a en réserve… Alors pour simplifier, on prend les O, les + et les -, et puis on est tranquille, parce que le sang, ça se périme, ça nous oblige à jeter… D’autant que ce matin, l’équipe a eu trop de monde, ils n’en pouvaient plus, on est au top des réserves, alors ça sert à rien de vous en prendre pour le jeter dans quelques mois.

Frustrée, je suis sortie de ce camion FRUSTRÉE !

Sans doute, j’admets que le public ignore les difficultés de gestion d’une denrée qu’on nous dit rare et précieuse. Mais les coûteuses campagnes d’appel aux dons ne devraient-elles pas faire état de la restriction énoncée par le courageux jeune homme du camion ?