27/06/2010
Pêle-mêle
« Hum, depuis l’échouage du voilier, la plume de gouttesdo ne s’est guère mouillée ! »
Petit rappel à l’ordre matinal de GéO qui, comme les plus fidèles d’entre vous ( si, si les stats disent qu’il y en a !) s’enquiert de temps à autre d’une éventuelle nouveauté. En consultant les dates, je dois bien me rendre à l’évidence. Plus d’un mois depuis la dernière note, ça n’affiche pas la vaillance des jours inspirés ! Me serais-je échouée avec le voilier sur les plages de l’inspiration ?
Ce n’est pourtant pas la plume de gouttesdo qui sèche lamentablement devant le clavier. Ce sont les événements de notre petite vie tranquille qui se bousculent allègrement et nous propulsent dans le mouvement général. Rassurez-vous bien vite, petites souris lectrices, pas de déprime avachie sur le divan du foot national. Les misères du ballon rond m’indiffèrent profondément…
Histoire de rattraper ma désertion épistolaire, je me lance derechef à la poursuite du temps passé en vous exposant pêle-mêle les éclats de soleil qui ont enrichi ces dernières semaines :
D’abord, le Grand Album pour célébrer à la fois l’anniversaire de ma Douce et la venue prochaine du BB, premier de sa génération dans les deux familles. D’où mon idée, en dénichant parmi les trésors de la Java de Julie un album d’apparence cahier sous la IIIème République…
Quelques échanges de mails et des recherches complices promptement menées
m’ont permis de récolter assez de clichés anciens pour préparer mon album selon la thématique de l’accueil : chaque membre de la famille aura sa page réservant une comparaison avec notre nouveau venu. Lequel s’appelle encore M comme Mystère, car si l’Ange est sexué, Il n’est pas encore prénommé… Suspense !
Les heures passées sur ce projet ont été largement récompensées par l’émotion et la joie de nos futurs parents.
Mon travail n’était pas même achevé lorsqu’Audrey et Seb sont arrivés. Quelques séances matinales de rattrapage afin de terminer clandestinement, et le grand jour a sonné !
Séjour riche d’émotions et de bonheur. Il y a plus de deux ans, j’ouvrais Gouttesdo sur le plaisir subtil et la joie de fêter les anniversaires des deux amies au cours d’un week-end escapade à Porquerolles. Cette année, le même événement les réunit autour de la piscine, appliquées cette fois encore à la même tâche : protéger, abriter, nourrir et laisser pousser leurs habitants respectifs, bref, en un mot, elles couvent !
La maison est devenue halte-pouponnière quand Stéphanie et son ami nous ont rejoint : mêmes silhouettes étrangement dissymétriques, même ralentissement de la démarche, même langueur du canapé aux transats autour de la piscine…
Du coup, les conversations relativement monopolisées sur les événements heureusement prévus pour Septembre, mon grade nouvellement acquis nécessite concrétisation… Nous avons vécu de grandes retrouvailles avec les aiguilles à tricoter; rassurez-vous, je garde le résultat pour moi!
***
Enchaînons plutôt avec l’apparition fugace d’Yvonne de Gallais…
Impression trompeuse car la forêt alentour ceint la clairière du Mesnil Théribus, dans l’Oise. Et les agapes ont libéré autour du Punch les saveurs martiniquaises dans l’ambiance des danses antillaises.-
Du Grand Meaulnes au charmes coloniaux de plantations outre-mer, un véritable dépaysement sous un soleil tempéré…
***
D’une fête à l’autre, il nous a fallu rentrer bien vite pour préparer la suivante : le partage de mes sixties avec nos émigrés Montmeyannais… Nouvelle variation de rires et d’insouciance le temps d’oublier les inondations catastrophiques du début de semaine…
Prendre le temps de se retrouver, de reprendre le fil de nos jours…Dans l’attente imminente des prochains visiteurs.
Cette fois, l’été s’installe pour de bon…
Ce bouquet destiné aux heureux récipiendaires du jour : Marie-Jeanne, Philippe et Jean Claude, tous trois accédant ce jour à l’année supérieure, Hourra pour eux !
13:14 Publié dans goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : journal, nouvelles, mariage, anniversaire, vie de famille | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
16/05/2010
Échoué…
Impatiences et désagréments de ce printemps, décidément .
Pas de baignades encore, malgré le système de chauffage-piscine, inopérant sous le ciel couvert, bouillonnant d'orages …
Depuis deux jours, cependant, le soleil a recouvré quelques ardeurs…tempérées par un vent d’ouest glacé. Attentif malgré tout, GéO note ce matin 20,6° sous la bâche à bulles… Le vent a peu d’incidence sur les galettes de tuyaux noirs qui chauffent l’eau, à même le toit du Poulousse.
Plus significatif encore, nos balades en mer sont au point mort. Hormis la sortie avec Philippe et ses enfants, les conditions météo ne sont guère motivantes.
Ce beau Ketch drossé sur les écueils attire les regards.
S’il repose alangui sur les hauts fonds bordant le cap des Sardinaux, la manœuvre n’a pas été volontaire, on s’en doute. À l’est de Sainte Maxime, cette pointe rocheuse sépare les plages de la Madrague de celle de la Nartelle et constitue, côté mer, un territoire poissonneux, très fréquenté par les plongeurs et les pêcheurs. Le revers est qu’il reste extrêmement dangereux pour la navigation, comme en témoigne le cliché Google, où les écueils se devinent à l’oeil nu, même vu du ciel.
Nous y naviguons quelquefois, quand GéO est d’humeur pêcheuse… Mais nous connaissons la carte des hauts fonds et les multiples écueils qui saillent à peine de la surface. Parfois, c’est une simple crête d’écume qui signale la présence du rocher… Il s’agit donc de rester vigilant, surtout quand le bateau flotte en dérive. La moindre risée pousse la coque proéminente et le bateau glisse rapidement sans que l’effet soit perceptible autrement que par l’observation incessante des points de repères.
Dans le cas de ce voilier qui doit bien faire 26 mètres, nous ne pouvons que supposer qu’il mouillait bien plus loin, sa quille lui interdit d’approcher trop près. L’équipage a-il été surpris par le coup de vent ? Défaut de vigilance, manœuvre trop risquée, méconnaissance du relief côtier, la leçon est rude.
Au port, ce week-end de l’Ascension marque le retour d’une intense activité : tous les plaisanciers fourbissent leurs équipements, les ponts ruissellent sous les balais brosses et les jets d’eau, les cales ouvertes exposent les moteurs gras et noirs… Je regarde avec circonspection le carré du Leyla, les équipets recouverts de la crasse grasse de l’hiver… Eh oui, malgré ce vent glacial qui fait mal aux oreilles, il va bien falloir retrousser nos manches et nous lancer dans l’astiquage. À force de faire comme si, le beau temps finira bien par nous rattraper!
12:50 Publié dans goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : écriture, sainte maxime, journal, échouage, bateaux, plaisanciers | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
05/05/2010
Saints Glacés…
Lieux communs de saison abondent…
Ce matin, GéO s'est investi dans une petite enquête de fond, histoire de remettre à jour le dicton préféré de bien des jardiniers. Comme il a éclairé ma lanterne, je vous transmets in extenso* le fruit de sa recherche, cela vous permettra de patienter, petites cigales alanguies qui attendez les prochains rayons du soleil pour chanter…
16:17 Publié dans goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nature, climat, jardin, journal | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
04/05/2010
Envie d'y croire…
La météo a beau nous servir la soupe à la grimace et nous renvoyer piteusement sous nos pulls d’hiver, pas question de renoncer à l’idée que nous sommes au printemps !
À force de le répéter, ça finira bien par arriver.
Les preuves en images : la piscine est ouverte depuis près de trois semaines :
Les enfants, qui n’ont pas plus froid aux pieds qu’aux yeux, en ont profité pendant les vacances d’Avril (cf. scoop du jour ). GéO n’a pas voulu être en reste : dès la semaine suivante, malgré un petit 21°, il a profité d'un rayon impertinent pour tester puis il n’a eu de cesse de m’inciter à l’imiter à mon retour du cours de Gym… Mais alors là, à moins de 26°, il aurait fallu que je sois tombée sur la tête…
Je garde une réserve prudente pour la saison chaude !
Les températures progressent régulièrement, à la grande satisfaction du maître des lieux : le 29 avril, les mesures prises trois à quatre fois par jour affichaient un généreux 23,6°…Jamais égalé depuis… Heureusement pour elle, notre téméraire Simone s’est offert les frissons d’un aller et retour express afin de clore ses exploits forestiers. Les intempéries du week-end ont bouleversé les plans : aujourd’hui, le thermomètre plafonne à 18,9°… Autant dire que je laisse ma place aux grenouilles pour un moment encore!
La semaine dernière pourtant, Simone s’est bien échauffée en attaquant pour nous la jungle qui a gagné dans le coin derrière l’étendoir… Armée de la débroussailleuse récupérée chez ses anciens voisins, la voilà menaçant les défenses de la Belle au Bois Dormant. L’entreprise est de taille, mais Simone excelle dans l'art du jardinage méthode Attila… Après la débroussailleuse, elle a attaqué les souches à la pioche. Malgré les mises en garde de GéO (ô souvenir du tuyau crevé par l’outil ravageur !), Simone s’acharne, le roncier sera vaincu! Restent sur cet espace dégagé quelques arbustes fleuris qui soupirent d’aise. Merci à l’entreprenante amie de nous avoir apporté son aide et son dynamisme sans faille…
19:19 Publié dans goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : écriture, journal, printemps, météo, piscine | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
01/05/2010
Glissement sémantique
"Papy est très très vieux, mais il est déjà en forme!"
Cette remarque pertinente émane d'Axel (7 ans). Évidemment, GéO a moyennement apprécié le redoublement du premier adverbe, l'usage du second nous a laissé perplexes et amusés… S'agissant des formes de "Papy dodu" le déjà sonne avec évidence… Quant à la reconnaissance de son évidente bonne santé, nous en sommes ravis, voire fiers. GéO est naturellement heureux de constater qu'il bénéficie des conditions idéales pour profiter des beaux jours qui coulent; tandis que je tire une légitime fierté de cette forme maintenue malgré une lutte de tous les repas contre l'afflux du vilain cholestérol… Une bataille jamais gagnée à coups sûrs, tant GéO a manqué dans sa jeunesse!
Même si l’on s’efforce de respecter à peu près les règles du Français usuel, force est de reconnaître que la langue évolue plus vite encore que glisse le poids des ans sur le cours de nos vies.
J’en tiens un exemple tout récent, dont je me suis un peu amusée et j’espère que l’anecdote vous distraira un bref instant de vos soucis éventuels.
Au cours d’entretiens chaleureux et informels avec un quadra de nos proches, un mot est revenu fréquemment dans les conversations, vocable auquel je n’ai prêté attention que par la récurrence de son usage et le glissement sémantique qui m’est alors apparu.
Enfant du baby-boom, j’ai reçu en ma période d’éducation l’usage du verbe calculer dans son contexte mathématique, et naturellement son maniement arithmétique.
Pour moi, calculer s’utilise forcément sur des nombres, sur lesquels s’appliquent les opérations fondamentales d’ajout, de retrait, de multiplication ou de division. La science algébrique nous a ouvert l’esprit sur l’art subtil des formules condensant les différentes phases de ces procédés ; même en introduisant alors au milieu de ces nombres la compagnie de lettres isolées, jouant plus ou moins les intruses incognito, porteuses des variations pudiques des valeurs recherchées, nos opérations mathématiques respectent le sens initial absolu du mot CALCULER.
La vie cependant se charge de nous faire évoluer.
Vint forcément pour ma petite personne, comme pour l’ensemble de mes congénères, le temps des maturités et des réflexions philosophiques sur la valeur de nos existences. Le cœur et la peau frictionnés jusqu’au sang par l’expérience, il me fallut bien admettre l’usage du CALCUL sur nos sentiments et sur nos sens. En la matière, il est vrai, j’ai intimement fréquenté un Maître-Calculateur qui sut ajouter, retrancher ou amputer tout simplement la linéarité de mon cheminement. J’appris ainsi douloureusement le second sens, ou si l’on préfère le second degré de la flexibilité lexicale.
Cette fois cependant, moins impliquée dans l’affaire, j’écoutais notre interlocuteur utiliser le mot dans une formulation un peu différente. Sans reproduire ici le contenu du propos, je reprends les termes de nos conversations pour éclairer le sens de ma remarque. Dans l’expression « cette personne, j’la calcule plus du tout… » J’ai entendu: je ne comprends plus le comportement de ladite personne, correct ?
Mais peut-être fallait-il entendre : "je ne peux plus la supporter dans mon voisinage", car le contexte permettait d’admettre aussi cette hypothèse.
Troisième version envisageable : « oui, mais cette solution-là, j’la calcule pas, parce que… » Ce qui cette fois nous mit sur la piste de " je ne veux pas envisager cette manière de m’en sortir…"
Je remarquai bientôt que calculer, dans l’approximation de ces acceptions, me renvoyait systématiquement à une traduction de refus, de rejet, d’exclusion, de négation. Par le biais de ce traitement numérique,serait-ce alors une manière de positiver dans le langage les sentiments ou les raisonnements qui nous désobligent ou nous contrarient ? La langue est vivante, elle évolue et suit au plus près sans doute nos battements de coeur et nos pulsions vitales. Nos vies se complexifient tellement qu’il est possible qu’un usage polysémique de notre vocabulaire s’impose pour éviter l’expression trop crue de nos désarrois…
19:40 Publié dans Courant d'O | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écriture, réflexions sémantiques, journal, champ lexical | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
24/04/2010
La casquette du Capitaine…
…fait-elle le marin ?
La question mérite d’être posée en considérant le choc des photos qui alimentent le petit reportage ci-dessous. Vous allez constater sans peine que nos compères ont le pied marin et l’humeur loup de mer…
La connaissance du métier et la sagesse du Seul Maître à bord descendent sur eux par la coiffe :
Admirez la dextérité des pilotes
Même si Bastien préfère jouer le rôle de la vedette incognito…
Il est clair qu’il s’applique à tenir le bon cap…
La tournée en bateau prend des airs de virée entre hommes, on se la joue marin aguerri!
16:07 Publié dans goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : récit, journal, photos, famille, bateau, mer | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
22/04/2010
Scoop du jour
Images de plaisir familial: les petits-enfants de GéO se livrent aux joies de la piscine avec les chiens de la maison… Jeux de vacances me direz-vous, quoi de plus banal, pas matière à scoop?
Sauf que…
S’il semble y avoir de l’hésitation dans l’air… C’est que le défi n’est pas mince.
Pas fous, les adultes se gardent de fanfaronner. Seuls les enfants trépignent depuis le matin, que dis-je depuis la veille au soir, où tâtant jusqu’au coude l’onde cachée sous la bâche à bulles, ils ont pris la mesure des degrés gagnés grâce au système de chauffage inventé par leur grand-père. Deux degrés de plus depuis le matin, c’est la promesse arrachée à leur père, à force d’insistance …
N’empêche, ils ont gagné la médaille du courage, car à leur mimique expressive, vous pouvez déduire combien l’exploit mérite assurément que j’en fasse ici la relation, afin d’en assurer authenticité et pérennité. Avant ce jour, seul Jens, avait ouvert la voie, il y a déjà deux à trois ans. Loin de nous l’envie de lui ôter le moindre mérite, mais Jens bénéficie d’un avantage inné : il est Danois et son enfance a été baignée dans les eaux qui bordent sa contrée natale…
Chose promise, chose due, l’adage reste d’actualité, nos deux champions ont tant et si bien défendu leur cause que Philippe s’est résolu à sortir les maillots de bain. Les voilà à pied d'œuvre, et le premier contact suscite quand même un moment de réflexion :
Et du courage, il leur en a fallu une bonne dose, assaisonnée d’une mesure d’inconscience, malgré nos mises en garde. Car sous ce soleil radieux d'Avril, l’eau n’atteint que 16,5°! Il faut préciser que la piscine n'est ouverte que depuis vendredi dernier, j'y reviendrai. Sous l’œil admiratif d’Axel, notre téméraire Bastien se lance le premier dans l’aventure, bien décidé à montrer qu’il détient un mental de champion :
Heureusement, l’épreuve est de courte durée, et comme on dit, l’important ne réside pas dans le temps, c’est la détermination qui compte !!!
D’ailleurs, Bastien renouvelle l’exploit à moult reprises…
Quant au cadet, point n’est besoin de l’encourager davantage. Axel n’a pas vraiment le caractère méditatif, l’action l’intéresse nettement plus que la réflexion et l’évaluation des risques. Résolu, il prend son élan et … Je vous laisse apprécier la suite de l’opération grâce à cette rafale de clichés saisie par Philippe :
18:42 Publié dans goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : écriture, journal, famille, piscine | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
18/04/2010
Comment j'habite mon jeans…
Parmi les textes fondateurs de ma relation aux mots, il y a eu une dictée.
Non, non, ne riez pas. J’imagine d’ici votre petite moue ambiguë, genre « eh oui la pauvrette, rien d’étonnant, que pouvait-elle faire d’autre … ». J’assume !
Tandis que notre institutrice dictait le passage en question, et que mes camarades frémissaient d’ardeur sur les accords retors, j’écrivais, inconsciente des pièges orthographiques, impatiente de construire sur le lignage de mon cahier la scène dictée. Je m’émerveillais de la forme de cet extrait (Knock de Jules Romain si ma mémoire ne me trompe…) Je peinais à retenir mon hilarité et mon admiration à la découverte de l’enchaînement magique qui permettait au narrateur de distiller au fil de ces quelques phrases l’anecdote succulente jusqu’à la chute finale. En un mot, il me semble que sans le savoir, j’étais tombée en amour avec la narration, et je m’en souviens encore aujourd’hui comme d’un moment fort…
Je ne saurais vous faire languir plus avant, et je serais fort aise si une de mes souris lecteur/lectrice, malgré sa discrétion accoutumée, venait à me corriger au cas vraisemblable où ma référence ne serait pas juste…
Cet extrait relatait le cas d’un enfant présenté au médecin de famille par ses parents fort inquiets, à la suite d’une faiblesse soudaine frappant les jambes du bambin. Depuis le matin, celui-ci se révélait incapable de faire un pas et tenait debout à grand peine. Les parents redoutaient une terrible maladie invalidante. Le bon docteur examinait alors consciencieusement le petit patient avant de le rendre à ses parents, leur conseillant simplement à l’avenir de veiller à vêtir leur chérubin en n’enfilant qu’un membre par jambe de pyjama.
Si l’anecdote me revient ainsi en mémoire, c’est qu’il y a des semaines comme ça où il vaut mieux rire de ses propres errements… Il m’arrive parfois de me surprendre et surtout in petto de m’affoler en constatant comment mes propres neurones peuvent décréter une grève surprise, sans préavis, aux effets ravageurs ! Ce qui est certain, c’est que GéO contemple sa blonde avec l’indulgence attendrie dont on honore les premiers pas de son petit, ou les maladresses d’un jeune chiot.
Aloïs serait-il revenu à la charge? Le syndrome de sénilité effleure les extrémités de mes synapses et je redoute la montée en mayonnaise des connexions qui s’emmêlent les pinceaux sous mon dôme crânien… Brrr…
Jugez plutôt : Jeudi dernier, je me suis rendu en ville en fin de matinée, afin de procéder à quelques courses urgentes, dont l’expédition d’un paquet pour Aurel. Il faisait déjà doux, je n’avais enfilé qu’une veste légère, démunie de poches, hélas ! Ma tournée commençait donc par la poste, et pour gagner du temps, j’avais entrepris de fouiller parmi les présentoirs de prospectus pour remplir le formulaire colissimo. Gênée par la lanière du sac à main qui pesait sur l’épaule droite, et mon trousseau de clefs que je gardais en main faute de poches à cette fichue veste, je me suis délestée de mes charges sur la table… Mon tour arriva enfin, je me présentai à la préposée, effectuai la transmission de mon paquet, toute contente de m’en tirer sans trop de retard. Je repris mes pérégrinations boutiquières ; il était midi largement sonné quand je sortis de la pharmacie et me dirigeai vers la voiture… Chemin faisant, par habitude, je cherchais mes clefs dans les poches de ma veste… Point de poches, pas de clefs. Mes mains descendirent vers mes hanches pour vérifier si je ne les avais pas glissées dans mon jeans, mais, dans le même temps, ma tête me rappela que le week-end dernier ayant été festif, les deux kilos gagnés à faire la fête tiraient suffisamment sur le vêtement pour que je n’y glisse une charge supplémentaire. Logiquement, je savais que je n’y avais pas mis mes clefs puisque je me souvenais m’être tenu fugacement le raisonnement. D’où le fait, ça me revint alors très clairement, que je les avais déposées sur la table du bureau de poste !
Immédiatement, je rebroussai chemin, pour constater évidemment que le rideau de fer était baissé. Que faire? Remonter à pied, version sportive et sympathique, mais contrariante pour enchaîner le déjeuner avant le rendez-vous de l’après-midi. Je me résignai donc à appeler mon cher GéO à la rescousse…
Après déjeuner, le voilà bien obligé de me descendre à nouveau, munie derechef du double de mes clefs de voiture. Nous passâmes d’abord à la poste, où personne n’avait vu l’objet de mes préoccupations… Des quatre guichets, je n’obtins que des dénégations, compatissantes certes, mais guère réconfortantes. Pourtant, j’étais certaine maintenant que c’était là que je les avais abandonnées, j’étais capable de me projeter très distinctement le film de l’enchaînement de mes gestes… Déçue et intriguée, je me rendis néanmoins chez la coiffeuse qui m’attendait. Le temps de procéder aux soins de mes cheveux, Stella écouta attentivement ma mésaventure, et avec elle, tout le salon commenta les désagréments d’un tel oubli, et surtout l’égarement de celui ou celle qui avait indubitablement pris les maudites clefs !
Libérée par ma Figarelle préférée, je recommençai mon petit circuit du matin à l’envers : la pharmacie…la poste… Chaque fois, mon histoire retenait l’attention. Même la femme de ménage du service public me promit de regarder à deux fois en passant sa serpillière. Je poussai jusqu’à la mairie et de là, la police municipale. Pas l’ombre d’un semblant de trousseau à l’horizon ! Je savais bien que ce n’était pas si catastrophique, pas de repère d’adresse ou d’immatriculation sur les clés, et j’avais le double en poche cette fois pour remonter la voiture. Mais je pestai, je marronnai, je me gourmandai comme vous pouvez l’imaginer.
La force de l’habitude l’emporte décidément sur la réalité des faits.
En vue de l’endroit où m’attendait la fidèle Saxo, ma main plongea toute seule dans la poche de mon pantalon pour en extraire ma clef de secours. Sauf que mes doigts reconnurent la forme du boîtier de commande à distance… Les bonnes clefs étaient bel et bien au fond de la poche du jeans depuis le début…
Comment ai-je pu tâter dix fois au moins mes hanches sans sentir l’intrus ? Comment ai-je pu m’asseoir et me relever plus de vingt fois sans être incommodée par les pièces de métal coincées contre mon aine ? Je n’habite plus mon pantalon, et ce constat ouvre une sacrée boîte de Pandore… Vais-je continuer à me faire confiance ? Déjà, dimanche, j’avais oublié nos billets d’accès au Castellet… Heureusement qu’Aurel était parti en avant, ma bévue ne l’a pas privé du départ. Aloïs, Aloïs, mon vieil ennemi est de retour… Mes Colombines savent combien je me contrarie d’héberger un tel squatter. GéO me promet le fauteuil 110, vieille blague héritée du temps où nous rendions visite à Mamie, mais derrière les taquineries veille une angoisse ancienne, que je ne suis certainement pas seule à redouter. À quoi bon vieillir, si l’Avenir me promet des courses-poursuites en fauteuil roulant, le long des coursives d’un hospice hanté d’amnésiques ? Il faudra que je me surveille…
En attendant, j’ai offert à mon GéO une source de mises en boîte maison, qui m’habillera bien pour la saison chaude…Et les suivantes!
18:47 Publié dans goutte à goutte | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écriture, récit, journal, aloïs halzeimer, angoisse, autodérision | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer