12/01/2015
Le temps de la réflexion
Hier était encore le temps de l'action. Hier, nous étions submergés d'émotions. Hier nous sommes descendus dans la rue pour démontrer notre rejet de la haine, notre volonté de refus de la violence. Peu d'entre nous se sont rassemblés dans les rues, sur les places, autour des symboles de notre histoire pour complaire à de pseudo leaders en qui nous ne croyons plus.
Quatre jours durant, le peuple français a été livré aux émotions. Aujourd'hui recommence la vraie vie, le moment où la réflexion sera notre plus sûr moyen d'avancer à nouveau, sans découragement. Sans accepter de laisser partir au souffle du temps ce qui a été partagé sans calcul, sans céder aux tentatives de récupérations. Pour alimenter ce temps de réflexion, je vous convie à écouter Boris Cyrulnik dans cet extrait d'interview. Cet homme à la voix douce et posée, a le don de me rassurer, et de donner foi en l'Homme, c'est peu dire.
Un seul danger à suivre ces propos, l'envie d'aller acheter son dernier ouvrage, les âmes blessées, qui m'accompagnera sans doute dans les semaines à venir…On en reparle bientôt?
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08/01/2015
À nos amis…
À nos amis qui témoignent leur solidarité
Nous pouvons adresser nos sincères remerciements pour leurs pensées amicales et compassionnelles. Certes, c'est un journal français qui est atteint, et par là, la nature de notre Nation où la liberté d'expression est inscrite dans nos gènes et notre constitution. Il ne faut pas se leurrer cependant: Charlie Hebdo paie la note, mais c’est le fondement de notre civilisation qui est visée. Ce crime dépasse nos frontières, hélas. Beaucoup d’entre nous se sont réunis et se réunissent encore aujourd’hui dans les grandes villes ou les bourgades pour participer à un rassemblement de témoignage et d'hommage. Depuis combien d’années n’avions-nous pas vu notre peuple aussi unanimement touché et solidaire ? Est-ce que cette émotion partagée ébranlera un peu la haine et l'intolérance de ceux qui fomentent ces massacres? Je ne veux pas être naïve…
Je pense surtout au monde qui se construit pour nos enfants et petits-enfants. Ils risquent fort de connaître la Haine qu'ont connue nos anciens au cours du XXe siècle. Alors, c’est ainsi que voleraient en éclats les efforts accomplis ensuite pour construire l’Europe et la Paix ? Tout ce chemin parcouru vaille que vaille pour aboutir à ce brusque retour en arrière?
Espérons bien fort que cette tuerie restera un fait isolé, mais restons vigilants, chez vous comme chez nous de nombreux " fous de Dieu" se croient investis du droit de vie et de mort. Une semaine de deuil suffira-t-elle pour effacer ces raisonnements assassins ? Ne nous laissons pas cueillir par ceux qui vivent des dissensions et des rejets. La victoire doit rester dans le camp de ceux qui acceptent l’Autre, « celui qui croit au ciel, celui qui n’y croit pas », celui qui est né quelque part, qui vient d’ailleurs ou qui ne connaît que cette terre, mais qui comprend et s’amuse de tout sans a priori « pour ce que rire est le propre de l’homme «. Ce qui était vrai sous la plume de François Rabelais peut-il cesser d’être une raison de vivre ?
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12/06/2013
Temps de parole
La nuit est tombée sur la terre des dieux.
La nuit illuminée de lampions festifs, étoiles artificielles sur l’écrin des villes modernes.
Les rumeurs sillonnent les avenues, bourdonnent sur les terrasses des bars, où s’attardent encore la foule en quête de fraîcheur nocturne.
Dans les appartements surchauffés, les familles s’alanguissent devant un dernier café serré et la télé allumée : il faut bien se changer les idées avant d’aborder le repos précaire des esprits inquiets.
L’avenir est incertain dit-on, mais jusqu’ici nous sommes toujours une Nation…
Et soudain, c’est le noir.
Un noir vibrant d’étonnement envahit l’écran plat, au centre des salons.
Au pays d’Homère, on a éteint le film qui nourrissait les Rêves
Au pays de Socrate, on a interrompu le Débat au milieu des phrases
Au pays de Platon, on a fait taire la raison.
Sur l’Olympe, règne désormais le silence.
Le temps de Parole est échu.
Au pays d’Eschyle, commence une nouvelle tragédie. Le théâtre d’Euripide verra éclore la dernière Comédie d’un pouvoir réduit aux coups de force, aux baillons serrés sur la bouche des poètes, des journalistes et des amuseurs publics.
Mais un peuple condamné à ne plus voir, à ne plus entendre peut-il accepter sans broncher la contrainte du silence ?
Sur cette terre bruissante de mythes, illustre berceau d’Humanité, le mutisme des ondes imposera-t-il la loi des somnifères pour taire les rebellions?
Là où, jadis, a germé une idée et son nom, Démocratie, l’histoire efface les victoires dérisoires. L’abus de pouvoir déchoit celui qui l’exerce.
La parole brisée se renforce et gronde au fond des gorges.
Gare alors aux rebonds que la révolte forge.
La parole n’a pas besoin de temps, elle sera polymorphe.
Au pays de Xénakis, l’Art ne se taira pas, sa musique comblera le silence.
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21/03/2013
Fenêtre ouverte sur la journée de "ces arts"
Pour la troisième année , Serge Casoetto organise une manifestation multiculturelle dont le point d'orgue aura lieu le 28 septembre prochain. Ci-dessous, vous trouverez l'affiche du projet et le lien du site, si d'aventure les muses vous soufflaient la bonne inspiration…
Les plus fidèles de mes discrètes souris lectrices se souviendront de ma joie en septembre dernier quand la trop longue nuit de Firmin y a été consacrée… Mais la manifestation ne s'arrête pas au seul prix littéraire. Conteur, poète , calligraphe, danseurs, chorégraphes, joaillier peintres,… offriront en outre leur savoir faire au cours d'atelier…
Un petit tour sur le site de Serge vous permettra d'en comprendre le fonctionnement et vous donnera, qui sait, envie d'y participer, quel que soit votre mode d'expression favori. La fête promet d'être belle!
Pour tous renseignements sur le projet et pour mieux connaître l'oeuvre de Serge casoetto, suivre le lien ci-dessous…
http://www.serge-casoetto.com/actualites.php
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05/01/2013
2013, à vos souhaits!
D’abord, toutes mes excuses à vous, fidèles souris- lectrices (et lecteurs, pour ceux qui m’en font la grâce). Il est coutume de ne pas franchir le passage subtil du millésime sans présenter vite et bien ses vœux. Permettez-moi de rattraper mon retard, histoire de rester dans des délais décents. Toute rituelle qu’elle paraisse, cette activité n’en est pas moins lucide et sincère.
Qu'elle vous soit une année aérienne, que vos soucis s’y pointent à pas menus, que vos corps et vos âmes s’ébattent en harmonie, que vos proches s’épanouissent à loisirs, que vos bulles affectives soient rayonnantes et pétillantes…
Pour le reste, l’environnement, les contingences économiques, politiques, sociétales, nous ferons forcément comme avant: le changement de date n’affectera pas nos réflexes d’adaptation, nous nous accommoderons des contraintes en maugréant, nous contournerons nos difficultés avec courage et discernement, n’est-il pas ?
Mais s’il est un souhait primordial que je brûle de vous adresser, c’est surtout celui que chacun connaisse la Joie de vivre, l’Enthousiasme des rencontres stimulantes, l’Émulation des partages complices, l’Émotion des créations artistiques, quelles qu’elles soient… Que 2013 flamboie d’étincelles vivaces et magiques, où se consument allègrement la morosité, les replis identitaires, les peurs du lendemain et les vertiges réactionnaires !
Voilà, en l’état, les vœux pour lesquels il m’a fallu une semaine de réflexion !
Et qu’à l’image de mon ciel provençal, notre avenir s’immerge dans cet azur profond, que nos pensées nous y portent sans effort ni artifice, comme une respiration à l’amplitude naturelle, poussée de croissance mentale, once de spiritualité qui ouvrent nos yeux vers le bien-être, que dis-je le BIEN ÊTRE. Être juste bien, là où on est, au moment où on arrive.
Ça paraît simple à écrire, au déboulé d’une lettre amicale, mais c’est un art difficile après lequel nous courons tous et toutes dès la sortie de l’enfance. Il faut atteindre une sacrée maturité pour parvenir à poser nos encombrants bagages éducatifs, normatifs, cognitifs… D’abord, il faut prendre conscience du piège, la volonté de bien faire, qui s’impose très vite comme nécessaire. Il faut l’événement déclencheur, accident de vie qui remet tout en cause, ou rencontre opportune par un cheminement hasardeux. Parmi ces circonstances fortuites, je me suis arrêtée sur une chronique d’Alexandre Jollien qui explique limpidement ce qu’il appelle notre goût de la transcendance :
« À quoi bon les religions, si elles ne nous élèvent pas !
(…)
Au lieu de prophétiser sur une religion idéale, je dois me souvenir que, si déjà les adeptes des différentes traditions réalisaient à fond un dixième des trésors que leur spiritualité recèle, le monde serait véritablement transfiguré. La religion rêvée, pour moi, c’est avant tout celle qui se pratique, ici et maintenant. Certes, l’être humain reste ce qu’il est, rarement il se transcende tout à fait. Cependant, suivre le Bouddha, imiter le Christ, écouter l’appel de Mahomet, pour ne parler que de ces trois guides, rendrait assurément les terriens plus libres, fraternels et joyeux.
Hâtons-nous de mettre la pratique au milieu du village. Il s’agit aussi à mes yeux (…) de réhabiliter le goût de la transcendance et du respect de ce qui nous dépasse. L’homme n’est pas le centre du monde malgré sa fâcheuse tendance à tout juger à l’aune de ses représentations.
Au cours de son développement, Jollien ajoute : Dieu déborde, et de loin, nos catégories mentales. (…) Je rêve de religions qui respectent pleinement l’autre, qui éveillent aux fraternités. (…) Les religions pourraient devenir une école de vie et de solidarité. Et enseigner la valeur inconditionnelle de chaque être vivant, nous décentrer, nous déplacer de notre tendance congénitale à l’égocentrisme. La transcendance demeure un sommet inconnaissable.
En conclusion, le philosophe nous invite à porter un regard grand ouvert sur nos réalités, « à se dépasser dans la générosité, la contemplation et la vérité. Être religieux, en un sens, c’est se tenir proche du réel, renoncer à comprendre tout à fait, et s’émerveiller devant ce miracle quotidien : ouvrir chaque matin les yeux et regarder en face et avec joie notre impuissance à résoudre le mystère. »
( Extrait d’une chronique du Monde des religions n° 55)
Sur ces mots inspirés, je m’éclipse et retourne à mes lectures…
Bonne et heureuse méditation à vous, merci de votre passage sur le gué de mes gouttes d’O.
18:26 Publié dans Blog, Courant d'O | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : 2013, voeux, souhaits, bien-être, transcendance, alexandre jollien, religions | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
02/12/2012
Donizetti à Marseille
… ou les enchantements du public marseillais.
Un Mistral sec glace les rues de la ville mais le public est resté chaleureux à l’écoute de cette version concertante du martyre de Polyeucte, livret fondé sur la pièce de Corneille.
De la tragédie à l'Opéra deux siècles se sont écoulés, mais la reprise du thème par le librettiste paraît inconsistante ô combien. On se dit souvent que les thèmes développés dans les oeuvres lyriques témoignent de leur époque. Et de fait, le choix du héros de Corneille semble largement dépassé, surtout dans la version du livret de Salvatore Cammarano, tel qu’il nous a été donné de l’entendre jeudi dernier à Marseille. Pas une once de psychologie, pas de pause amoureuse entre Paolina et Poliuto, hormis l’aria de la jalousie que Massimiliano Pisapia rend magistralement. Pour saisir l’ampleur du drame, la finesse du déchirement du personnage, entre l’amour trahi et la ferveur du nouveau converti, Donizetti a donné des accents intimes et poignants aux instruments, cordes et vents de l’orchestre.
Peut-être faut-il y voir la raison pour monter l’œuvre de Gaetano Donizetti dans la simplicité de la version concertante. Pas de mouvements de scènes pour prolonger l’émotion, pas d’effets de costumes et de décor pour mettre en valeur le manque de subtilité de l’intrigue. Les faiblesses du « scénario » sont ainsi englobées dans la fluidité musicale de la représentation. Et c’est tant mieux, car comme le public, j’ai pleinement savouré la musique et la fusion entre les chanteurs et les instrumentistes.
Le génie du compositeur s’impose d’ailleurs dès l’introduction : le premier violoncelle énonce le thème, solitaire, et l’on entre dans l’intimité du discours… La réponse progressive des vents et la reprise des cordes apportent tour à tour l’épaisseur et la variété des couleurs à la partition qui prend corps pour le plaisir de nos yeux autant que de nos oreilles. Qu’y a-t-il alors de plus beau qu’un orchestre en action ?
Le public s’est enthousiasmé pour Massimiliano Pisapia, le ténor interprétant Poliuto, mais il a surtout réservé un juste triomphe à Vittorio Vitelli, en Severo et Wojtek Smilek servant Callistène. Quant à Daniela Dessi, seule femme de la partie, elle semblait tout d’abord un peu hésitante à exprimer les tourments amoureux de Paolina, partagée entre sa fidélité envers Poliuto son époux et le retour de son amour premier, Severo, survivant d’une bataille où il était réputé péri. Curieusement, c’est dans la seconde partie du spectacle qu’elle s’implique davantage à défendre son rôle, alors même que le livret n’offre aucune prise pour le faire. Comme la vie des héroïnes tragiques est compliquée! Mais comme il est difficile au spectateur actuel de comprendre comment elle décide brutalement de se sacrifier au Dieu de son époux !
À moins que…
J’écrivais en introduction que les œuvres sont ancrées dans l’époque où elles naissent. Pardon pour ce qui semble un lieu commun du dimanche ou une planche savonnée pour lycéen en mal d’inspiration. Je ne suis pas (encore) retournée à l’œuvre initiale. Il me vient toutefois une réflexion glaçante à ce propos: ne relève-t-on pas ici et là quelques vocations de martyr sacrifié à l’autel d’une confusion entre foi et politique ? Le fourmillement social de notre époque a fait émerger certains conflits et drames appuyés sur des fondements d’apparence religieuse. Toute société charnière présente ce genre de blessures, vrais et faux débats qui cachent notre absence de vision. Alors, dépassé notre Corneille et son sens du devoir, son éloge de la vertu, son appel à l’abnégation, amoureuse ou religieuse ?
Gaetano Donizetti
1797-1848
18:50 Publié dans Courant d'O, Sources | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : donizetti, opéra, musique, marseille, corneille, polyeucte, poliuto, religion conversion, martyre | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
25/03/2012
Nettoyage au Jardin …
Bienvenue au beau temps !
La semaine écoulée a été rude pour tous, l’atmosphère générale assombrie par une actualité où l’horreur et la barbarie le disputent à l’incompréhension. Et pourtant, là où le recueillement dans l’émotion et la compassion s’impose comme seule réponse à cette folie meurtrière, nous sommes baignés dans les flux d’infos, d’opinions, de reportages creux— non, rien de nouveau, le présumé coupable ne bouge plus— en interminables expertises de spécialistes. Et comme chaque fois que le danger est passé, nos hérauts médiatiques relaient la diatribe: — fallait-pas, y’avait-qu’à…
Le printemps sonne à point l’heure des pulsions ménagères.
Descendons au jardin arracher les mauvaises herbes, détruire les graines de folie qui pourrissent nos plantes bandes et le cours de nos pensées.
Mes gouttes d’O évitent habituellement la pollution politique, mais certains mots poussent sous le sarcloir ; ils réclament d’être dits, écrits, chantés et contés afin de fissurer la gangue du quant à soi et des avis raccourcis.
Notre société ne va pas bien, elle engendre des monstres, celui de cette semaine n’est pas le premier, de sinistre mémoire. Mais la solution n’est pas dans la vitupération, les faux débats agités pour faire de l’audience. Pollution de nos âmes, le racisme ordinaire est latent, larvé, prêt à émerger de son trou à la première occasion, et son réveil constitue un méfait supplémentaire — dégât collatéral— du tueur de Toulouse et Montauban.
Il appartient à chacun de nous de ne pas se réveiller un jour dans la peau de Madame Dupont La Joie. Ne pas continuer à faire la sourde oreille aux petits avis chauvins et gratuits distillés au compte-goutte, se dire que ce n’est pas notre faute, qu’on n’a pas vu, rien compris, mal évalué les aspects du problème.
Dupont La Joie n’est que le prototype du méchant-lâche-mesquin-râleur-raciste-et-borné ordinaire. Il concentre les tares usuelles, ce qui finit par allumer le projecteur sur ses nuisances. Mais dans la vraie vie, nous côtoyons une multitude de clones inaboutis du personnage, qui véhiculent leur racisme ordinaire par flots de mails et de remarques saumâtres déversées à l’attention d’un public déjà convaincu, classées à la rubrique il faut bien que je m’exprime, moi !
Le climat des élections est évidemment propice à l’exercice.
Les meurtres barbares de Mohammed Merah aussi, hélas.
Et le discours va s’amplifiant : tu vois bien c’est encore un Maghrébin, un Arabe, un musulman.
La télévision, la radio, l’ensemble des médias audio et écrits ont délivré à foison la parole des représentants des diverses communautés impliquées, unis pour essayer de calmer par anticipation ces querelles latentes…
Rien n’y fait, du tsunami d’informations qui tournent en boucle, notre contempteur n’extrait que sa preuve irréfutable — tu vois bien, ils vont bientôt tous nous bouffer!
Je nettoie mon jardin, je nettoie la maison, je jette mes vieux papiers, traces dérisoires d’un passé qui fût mien, et j’essaie de nettoyer mon âme des remugles de notre époque.
Inlassablement, un parallèle me vient. L’histoire n’est-elle pas un éternel recommencement ?
Au siècle précédent, les années trente, années de crises par excellence— crise financière de 1929, effondrement économique des USA et des pays d’Europe, chômage et insécurité, ont abouti aux solutions que l’on sait. La montée des fascismes ne doit rien au hasard.
Nous avons quatre-vingts ans de recul, une guerre mondiale, des idéaux perdus, de multiples conflits de moins en moins locaux ont enflammé la planète de l’Europe et l’Asie en passant par l’Amérique latine et l’Afrique, mais nous avons développé des moyens de communication et d’étude infinis, et pourtant ?
Plus jamais ça, entendait-on au sortir de la Grande Guerre …
Plus jamais ça…
Mais nous sommes Dimanche, il fait beau, c’est l’heure d’été et la soirée s’annonce douce et longue…Versons un peu de vin doux sur ces gouttesd’O amères.
Hier soir, en me régalant de ma daurade grillée au fenouil, j’ai soudain réalisé que je ne savais pas si mon poisson avait été tué suivant la méthode Casher ou Hallal … Quelle Horreur ! Comment savoir si ma daurade a souffert longuement ou si elle a trépassé sereinement, assurée d’être cuisinée et dégustée avec tout le respect dû à sa dépouille ?… Du coup, je la sens qui trésaille dans mon estomac, qui réclame justice à grands cris, et mon corps bataille vigoureusement entre deux options : soit je cède à ma conscience traumatisée et je rends à Dame Nature le cadavre à peine décomposé, soit je conserve l’énergie et les calories que ce met délicieux me transmet et, mes forces revenues, je sors au jardin pour nettoyer la Nature des scories hivernales.
19:07 Publié dans Blog, Courant d'O | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : écriture, barbarie, racisme, printemps, crise sociétale, affaire merahl | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer
07/03/2012
Pourquoi les Mutines refusent la butine
Ce titre bien étrange est extait du film vidéo que je voudrais partager ce soir avec vous.
Au cours des séances ACL hivernales, Christophe* nous a gentiment mais fermement conduites à créer nos contes. Manière d'ouvrir notre imagination aux libertés d'univers dé-raisonnables, de nous inciter à jouer avec l'irrationnel au service de nos démonstrations et pourquoi pas de confronter le réel à la poésie de l'invraisemblable?
Allez savoir pourquoi dès la recherche des premiers éléments, je me suis retrouvée sur la piste d'un conte écolo… Mon fond fille-de-la-campagne sans doute, un zeste de "c'est-dans-l'air", deux ou trois mesures de Belle-Provence-à-protéger, et cerise sur le gâteau, quelques figures de fées et de génies qu'habilement Maître Christophe a poussées dans nos paniers.
Rédiger constitue la partie visible du plaisir d'écriture. Mais la préparation du sujet, même féérique, nécessite de creuser un peu le domaine abordé; je me suis donc mise en chasse de documents qui définissent exactement les maux que je comptais soigner au fil des mots de mon conte… Au détour de ma chasse, j'ai découvert ce film qui dresse un si terrible constat. Fidèles souris-lectrices, ne m'en veuillez pas: je ne résiste pas à l'envie de le partager avec vous.
L'Homme détruit sa planète avec l'inconscience étrange d'un enfant inconséquent… Pis même, il me semble bien qu'il est souvent fier de ses constructions les plus machiavéliques…
La terreur pesticide 1/6 par v0x_p0puli
La terreur pesticide 1/6 par v0x_p0puli
Cette série de 7 vidéos intitulées le Titanic apicole est franchement plus effrayante que les films dits d'horreur! Le plus inquiétant réside sans doute dans la réalité et la proximité de la catastrophe. Il n'y a pas de contrées sur la Terre qui puissent échapper à l'expansion du problème, d'autant que le défaut le mieux partagé sur les cinq continents semble être cette cécité -surdité induite par le virus qu'on appelle profit…
* Christophe Forgeot, que je remercie pour le travail qu'il nous pousse à accomplir, sans nous donner l'impression d'une contrainte, mais plutôt d'une stimulation de nos moyens enfouis sous la couette de nos complexes…Pour les souris distraites, petit retour en arrière ici
18:27 Publié dans Blog, Courant d'O, Larmes d'O | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écrire, écologie, apiculture, pesticide, la planète malade des hommes | | del.icio.us | Facebook | | Imprimer