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25/03/2012

Nettoyage au Jardin …

 

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 Bienvenue au beau temps !

 La  semaine écoulée  a été rude pour tous, l’atmosphère générale assombrie par une actualité où l’horreur et la barbarie le disputent à l’incompréhension. Et pourtant, là où le recueillement dans l’émotion et la compassion s’impose comme seule réponse à cette folie meurtrière, nous sommes baignés dans les flux d’infos,  d’opinions, de reportages creux— non, rien de nouveau, le présumé coupable ne bouge plus  en interminables expertises de spécialistes. Et comme chaque fois que le danger est passé, nos hérauts médiatiques relaient la diatribe: — fallait-pas, y’avait-qu’à…  

 

Le printemps sonne à point  l’heure des pulsions ménagères.

Descendons au jardin arracher les mauvaises herbes, détruire les graines  de folie qui pourrissent nos plantes bandes et le cours de nos pensées.

 Mes gouttes d’O évitent habituellement la pollution politique, mais certains mots poussent sous le sarcloir ; ils réclament d’être dits, écrits, chantés et  contés afin de  fissurer la gangue du quant à soi et des avis raccourcis.

 Notre société ne va pas bien, elle engendre des monstres, celui de cette semaine n’est pas le premier, de sinistre mémoire.  Mais la solution n’est pas dans la vitupération, les faux débats agités pour faire de l’audience. Pollution de nos âmes, le racisme ordinaire est latent, larvé, prêt à émerger de son trou à la première occasion, et son réveil constitue un méfait supplémentaire — dégât collatéral—  du tueur de Toulouse et Montauban.

 Il appartient  à chacun de nous de ne pas se réveiller un jour dans la peau de Madame Dupont La Joie.   Ne pas continuer à faire la sourde oreille aux petits avis chauvins et  gratuits distillés au compte-goutte, se dire que ce n’est pas notre faute, qu’on n’a pas vu, rien compris, mal évalué les aspects du problème.

Dupont La Joie  n’est que le prototype du méchant-lâche-mesquin-râleur-raciste-et-borné ordinaire. Il concentre les tares usuelles, ce qui finit par allumer le projecteur sur ses nuisances. Mais dans la vraie vie, nous côtoyons une multitude de clones inaboutis du personnage, qui véhiculent leur racisme ordinaire par flots de mails et de remarques saumâtres déversées à l’attention d’un public déjà convaincu, classées à  la rubrique il faut bien que je m’exprime, moi !

 Le climat des élections est évidemment propice à l’exercice.

Les meurtres barbares de  Mohammed Merah aussi, hélas.

Et le discours va s’amplifiant : tu vois bien c’est encore un Maghrébin, un Arabe, un musulman.

La télévision, la radio, l’ensemble des médias audio et écrits ont délivré à foison la parole des représentants des diverses communautés impliquées, unis pour essayer de calmer par anticipation ces querelles latentes…

 Rien n’y fait, du tsunami d’informations qui tournent en boucle, notre contempteur n’extrait que sa preuve irréfutable — tu vois bien, ils vont bientôt tous nous bouffer!


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 Je nettoie mon jardin, je nettoie la maison,  je jette mes vieux papiers, traces dérisoires d’un passé qui fût mien, et j’essaie de nettoyer mon âme des remugles de notre époque.

Inlassablement, un parallèle me vient. L’histoire n’est-elle pas un éternel recommencement ?

 Au siècle précédent, les années trente, années de crises par excellence— crise financière de  1929, effondrement économique des USA et des pays d’Europe, chômage et insécurité, ont abouti aux solutions que l’on sait. La montée des fascismes ne doit rien au hasard.

 Nous avons quatre-vingts  ans de recul, une guerre mondiale, des idéaux perdus, de multiples conflits de moins en moins locaux ont  enflammé la planète de l’Europe et l’Asie en passant par l’Amérique latine et  l’Afrique,  mais  nous avons développé des moyens de communication et d’étude infinis, et pourtant ?

Plus jamais ça, entendait-on au sortir de la Grande Guerre … 

 Plus jamais ça

 

 

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 Mais nous sommes Dimanche, il fait beau, c’est l’heure d’été et la soirée s’annonce douce et longue…Versons un peu de vin doux sur ces gouttesd’O amères.

 

Hier soir, en me régalant de ma daurade grillée au fenouil, j’ai soudain réalisé que je ne savais pas si mon poisson avait été tué  suivant la méthode  Casher ou Hallal … Quelle  Horreur !  Comment savoir   si ma daurade a souffert longuement ou si elle a trépassé sereinement,   assurée d’être cuisinée et dégustée avec tout le respect dû à sa dépouille ?… Du coup,   je la  sens qui trésaille dans mon estomac, qui  réclame justice à grands cris, et mon corps bataille vigoureusement entre deux options :  soit je cède à ma conscience traumatisée et je rends à Dame Nature le cadavre à peine décomposé,   soit je conserve l’énergie et les calories que ce met délicieux me transmet et,   mes forces revenues, je sors au jardin pour nettoyer la Nature des scories hivernales.

 

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