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03/01/2008

Chaudoudoux

Comme j’ai fait hier référence aux Chaudoudoux, j’y reviens pour citer ma source. Il s’agit du Conte Chaud et doux des Chaudoudoux, de Claude Steiner. PEF édition

Ce petit livre magnifique a été conçu par son auteur, Claude Steiner, psychothérapeute pratiquant en Californie, pour expliquer aux enfants l’analyse transactionnelle.
En fait, ce sont souvent des enseignants de maternelle et des petites classes de primaire qui l’utilisent comme support pour travailler la socialisation et essayer de gérer les conflits, de plus en plus nombreux, dans les groupes. C’est évidemment pour cet usage qu’une de mes collègues me l’avait indiqué. Grand merci à elle, il était devenu un fidèle compagnon de mon CP et trônait toujours dans le coin bibliothèque.
Pour ceux et celles que cette piste intéresserait, voici les liens vers un forum d’enseignants en Belgique (bravo aux Belges, toujours plus pertinents en pédagogie que nous) et le CLIS du Rhône (Enfin, on n’est pas si bêtes quand même !)qui s’y réfèrent.

http://www.enseignons.be/forum/ftopic5063.php
http://clisrhone.free.fr/spp.php?page=plan

Pour appâter votre curiosité, sachez que le conte se déroule dans le pays merveilleux des Chaudoudoux, où dès la naissance, tous les habitants sont dotés d’un sac inépuisable de Chaudoudoux, à distribuer généreusement autour de soi, afin que continuent de régner l’Harmonie, la Compréhension, la Compassion, l’Altruisme et, bien entendu, la Générosité, puisque n’existe nulle crainte de manquer…
Seulement voilà, comme dans la Vraie Vie, il y a toujours un moment où les choses se compliquent . Quand tout va bien pour vous, qu’est-ce qui se passe, hein ?
Eh oui, là comme ici, Les Jaloux guettent, les Jaloux conspirent, les Jaloux passent à l’attaque. Hypocritement et ignoblement comme il se doit.
Les Jaloux possèdent aussi leurs armes fatales, vous allez les reconnaître tout de suite, ce sont les épouvantables Froidpiquants, qui blessent le cœur et l’âme, glaçant les sentiments…
Je ne vais évidemment pas vous dévoiler les haletantes péripéties de la sinistre guerre que les détenteurs de Froidpiquants vont livrer aux gentils membres du Chaudoudoux land, mais soyez rassurés… Nous sommes dans un Conte tout à fait conventionnel.

Dans la Vraie Vie (VV), il arrive que même solidement pourvus en Bonnes Intentions, nos Chaudoudoux se heurtent à de si redoutables Froidpiquants que notre cœur finit par se glacer aussi et se teinter de noir et de brun, le soleil s’efface de nos sourires et les froidpiquants finissent par congeler tout désir d’harmonie …
Pendant très longtemps, je n’ai pas su nommer cette inépuisable réserve de méchanceté . Il m’a fallu franchir bien des étapes et prendre quelques virages un peu raides, fermer quelques pages douloureuses, décider de clore d’autres épisodes plus valorisants, trancher dans le vif et partir. Et tout à coup, j’ai reconnu les détenteurs et surtout les détentrices de Froidpiquants, les Marie-Chagrine familières qui ne me supportent pas encore mince, toujours svelte, entourée d'amis formidables, trop aimée, trop aimante, mariée à nouveau et encore bien d'autres défauts tout aussi graves… Aïe aïe aïe ! Que de tares !
Je ne sais pas si je suis de taille à mener la bataille décisive, mais nécessité faisant loi, quand la Jalousie darde trop de missiles Froidpiquants vers mon territoire, j’ai tendance à me dérouter. Car finalement dans la Vraie Vie, la réserve de Chaudoudoux est épuisable… Le monde n’est pas encore parfait.

15/12/2007

Bonne fête !

En ces temps lointains, j’avais un poste de CM1 dans une grande école privée parisienne, aussi cotée que conformiste, et malgré les cinq classes par niveaux, nous avions des effectifs systématiques de trente-six élèves. Personne n’y trouvait à redire, et bien que l’élitisme en soit un critère drastique, nous bénéficions à l’époque d’une réelle confiance de notre direction et des parents d’élèves, de sorte que nous enseignions avec plaisir et enthousiasme. Ce qui n’excluait ni la rigueur ni la méthodologie, fort heureusement.
Cette année-là, j’avais institué un temps d’auto-évaluation critique de fin de semaine, afin que les élèves apprennent à cerner leurs points forts et leurs points faibles, et organisent le plan de travail qui leur était remis, pour travailler d’abord et surtout les éléments du programme qui leur semblaient plus ardus. Évidemment cette démarche nécessitait l’aide de l’adulte. Nous étions arrivés à la mi-décembre, les contrôles du 1er trimestre achevés et l’approche des vacances jointe à l’excitation de la préparation de Noël avaient eu pour conséquence un net relâchement des efforts. Il me fallait pratiquer une bonne remontée de moral, ce que j’avais entrepris avec énergie et volontarisme. Le mot effort, à l’époque, n’était pas encore une incongruité de nature à angoisser et générer des cauchemars comme il m’a été donné de l’entendre plus récemment…
Donc, en ce début de matinée, mes élèves avaient reçu leurs cahiers des devoirs de la semaine, commentés de ma plume rouge et je me tenais plantée devant eux, au plus près des bureaux où ils étaient assis pour déverser sur leurs consciences encore endormies, ou déjà en week-end, les fruits de mes réflexions et mes exhortations à se reprendre. Ma propre fatigue combattue par le sens du devoir, je m'étais sans doute laissé emporter par mes propres arguments, et je réalisai soudain que ma diatribe durait plus qu’il n’était raisonnable de l’infliger à ces enfants. Concluant rapidement, je me retournai et posai un pied sur le bord de l’estrade, fort haute. À ce moment, dans le silence encore établi, j’entendis la voix un peu rauque de Jean qui m’interpelait :
- Madame , on sait que c’est pas le bon moment, mais on voulait vous souhaiter.…
Et sans me laisser achever mon demi-tour, le coeur des trente-six voix résonna:
- BONNE FÊTE !!!
De sous les bureaux surgirent alors plusieurs paquets insolites que je n’avais pas remarqués: d’abord, un immense sac à l’effigie d’un grand magasin de jouet, d’où émergeait un impressionnant bisounours de près d’un mètre. Puis divers petits présents, bagues et colifichets, échantillon de parfum, bandana…C’était, c’était…Inouï…

Vous imaginez le tourbillon de mes sentiments.

C’était il y a vingt ans…
Ces enfants avaient l’âge des miens, certains en étaient les camarades. Dans cette école si rigoureuse, appeler un enseignant par son prénom serait passé pour une véritable insolence . Je venais juste de leur administrer« un savon » correct pour « remettre les pendules à l’heure » et j’avais immédiatement été impressionnée par le courage de Jean, dont je conserve un souvenir très précis, pas à cause de l’anecdote citée, mais grâce à sa joie de vivre, son air coquin et ses ardeurs footballistiques qui enrouaient sa voix de Septembre à Mai.
C’était une magnifique surprise, complète… Dès le lundi, nous baptisions la peluche Benjamin III, parce qu’il y avait en classe un Benjamin bon camarade, et qu' un petit frère né la semaine précédente venait de recevoir ce joli prénom. Les élèves avaient voté dans la bonne humeur et l’avaient élu troisième du nom. À la suite, Benjamin III était allé chaque semaine en famille témoigner des efforts des récipiendaires et des photos affichées rendaient compte de l’ambiance studieuse et gaie de ma Huitième Bleue.


L’anecdote me revient en mémoire parce que j’ai entendu cette semaine un reportage concernant les enfants angoissés par l’école. Je n’arrive pas à admettre que l’ensemble des lieux d’apprentissages soit si générateur de malaise. Il me semble au contraire que les années d’angélisme et de laxisme ont permis l'installation d' un rapport de force absurde. Non seulement l’autorité nécessaire de l’enseignant est sapée, mais l’enfant perd ses repères. Soutenu par des parents qui pensent bien faire en se montrant tellement attentifs aux besoins de leur progéniture qu’ils risquent de leur inventer involontairement un mal-être, l’enfant a besoin de connaître ses limites et d’accepter la vigilance de ceux qui se consacrent à cette tâche… Mon historiette vaut exemple de cette complicité induite entre un groupe (36 élèves tout de même) et l’enseignant. Je sais que je leur demandais beaucoup d’efforts mais je ne ménageais pas ma peine pour considérer chacun d’entre eux, et valoriser leurs progrès individuels. Je crois tout simplement que ces élèves ont su intuitivement dire merci de l’intérêt qui leur était témoigné, même à travers ces réprimandes occasionnelles .

Bon, c’est vrai, je vous le concède, généraliser revient à faire un mauvais procès. Il existe de bons et de regrettables enseignants, et même un professeur honorable connaît ses bons et ses mauvais jours… Et les parents, entité collective indéfinie, sont vous, moi, mon prochain et ma voisine, des Humains motivés par les meilleures raisons du monde, et l’Amour de nos enfants…

Et si… Imaginons qu’on puisse remettre tout à plat et arranger d’un petit coup de baguette de Noël cette guéguerre du c’est-pas-moi-qu’a-commencé…
Si mettre un enfant au monde et lui donner tout l’Amour possible ne consistait pas à lui ériger un piédestal d’où il craint de tomber et doit s’agripper au premier leurre venu. Si on pouvait accepter comme un Bonheur tout avenir que l’enfant se forgerait par ses goûts et ses désirs propres, certes pour se mettre à l’abri du besoin, et non pas pour réaliser l’ambition parentale et corriger d’éventuels rêves inaccomplis, ou répondre aux normes de son clan ? Si donc on arrivait à se fourrer dans nos têtes trop pleines de parents que la réussite ne se quantifie pas seulement sur le compte en banque et l’aura d’une étiquette professionnelle… Ah j’en demande beaucoup, mais c’est bientôt Noël, et je remplis ma liste de cadeaux…

04/12/2007

Communication

- Chérie, tu nous ferais pas plutôt un p’tit café ?

L’interjection me hèle alors que je traverse la cuisine, munie de ma trousse à couture, le gilet et son bouton perdu sur les bras. Pas franchement une attitude de loisir, tant la couture est une activité hautement allergène pour mon équilibre psychique…
Sentir mon élan abnégationel * ainsi coupé me porte à réfléchir, car dès que j’obtempère et pose mon matériel sur la table pour préparer le plateau, GéO, qui avait commencé un timide « si tu préfères, c’est moi qui vais le préparer », suivi d’un intense effort pour rester assis, GéO donc, mon bienheureux mari, éminemment occupé à feuilleter son magazine, me regarde opérer, les yeux pétillant d’attendrissement, avant de soupirer d’aise :
- Chérie, je t’aime…
- Ce que tu aimes surtout, c’est que je t’apporte ton café…

Évidemment, nous ne sommes dupes ni l’un ni l’autre de cette boutade banale qui n’a rien d’une violence conjugale. Ce serait plutôt ce matin la suite de la discussion matinale du premier café. L’objet de la conversation est qu’au fond, pour qu’une relation humaine solide s’établisse, il ne faut pas se leurrer sur la qualité de relation d’interdépendance qu’elle suppose. Ainsi, GéO soutient qu’un couple ne peut se constituer et perdurer que si les deux personnes sont et restent en phase autour de besoins intellectuels et matériels similaires. Porte ouverte évidemment, mais de mon point de vue féminin, je défends la complémentarité et la fascination de l’altérité qui en résulte. Ces deux paramètres nourrissent la qualité de l’échange, l’enrichissent et prémunissent de la routine… Encore faut-il dialoguer, écouter, réagir, comprendre, et s’exposer en défendant son opinion. Le danger, dans un couple, c’est que l’un des deux se taise parce que l’autre, consciemment ou non, impose unilatéralement sa conception …

Mystère des associations d’idées, c’est à ce point-là que me revient en mémoire cet échange parcouru hier soir sur la Lettrine,www.latettrine.com/, et son article très intéressant sur les réseaux relationnels du monde de l’édition. Les commentaires greffés sur ce judicieux clin d’œil soulignent au fond la difficulté que nous éprouvons tous à nous sentir reconnus. J’écris bien reconnus, et pas nécessairement appréciés. Je souligne une fois encore mon admiration et ma reconnaissance pour la technologie qui a permis l’existence de la blogoshère. Fantastique outil de communication, et d’échanges réels, car totalement libres. En effet, qui vous oblige à rendre compte ou commenter un article lu ici ou là ? Vous ne connaissez pas les personnes qui exposent leurs idées, leurs espoirs ou leurs revendications, qui franchissent la barrière de la pudeur pour traduire leurs émotions. Tous ceux qui ont confié des manuscrits à la lecture d’amis me comprendront… Ce n’est pas l’amitié qui est en cause, mais l’authenticité de la communication. Alors que le biais du blog affranchit de cette gêne. Si le thème et son expression vous laissent indifférent, vous passez votre chemin, point barre. Si vous vous sentez en empathie, vous pouvez en témoigner ou prolonger le raisonnement, l’assouplir, le contredire… À chacun de respecter l’autre, et je dois reconnaître que depuis quatre ou cinq ans que je me promène sur la toile, bon nombre d’émetteurs et de réacteurs, s’ils se sentent libérés des règles orthographiques, n’en demeurent pas moins assez attentifs aux différents intervenants. On écrit vite sur Internet, on réagit prestement et la forme en pâtit parfois, mais pas le fond…

Mais j’en reviens à un propos émis par un fidèle de la lettrine, Marco je crois. À partir du moment où l’on écrit, on pose des mots, on construit des phrases et du sens, on transpose ses émotions pour leur conférer une existence réelle, et ça ne peut fonctionner longtemps seul dans son coin… Si vous décidez de porter votre plus belle tenue et que vous vous apprêtez, comment passer la journée ou la soirée en tête-à-tête avec un bouquin, le canapé, l’ordi ou la télé ? Quand vous avez trituré les phrases et les mots pour vous sentir VIVANT, percevoir l’indifférence des autres devient une vraie blessure, comme l’est celle d’un être humain que le silence ou la surdité sélective de son compagnon renvoie à la négation de soi. Alors les lettres des éditeurs, c’est encore pis que les jurés des examens, engoncés dans la roideur de leur supériorité face à l’impétrant, veillant à gommer de leurs regards tout encouragement aux malheureux candidats.

En fin de compte, j’en reviens à ce sentiment de satisfaction sur l’époque formidable que nous vivons : beaucoup de choses vont mal dans notre société, mais on a le droit de le dire, et ça soulage. Quand en supplément du dimanche, on se sent compris, ça va encore mieux. Cela dit, si je pouvais projeter le fantasme d' un quidam en train de manipuler un bouquin, genre poche ou folio, et confier l’objet un peu défraîchi à un ami en lui disant :
- Tiens, je te le passe, tu me diras ce que tu en penses…
Et sur la couverture du bouquin usagé, il y aurait mon nom…

* (Pardon pour le néologisme)

25/11/2007

À propos de l'album Neuschwanstein

Ce que j'aimerais, c'est lier le plaisir des yeux et celui des oreilles.
Il conviendrait donc de regarder l'album photo Neuschwanstein et de laisser son esprit s'en pénétrer grâce à un ajout musical. Pour le moment, je vous en propose une petite idée avec le début de l'ouverture de Tannhauser…
Qu'en pensez-vous?

podcast

08/11/2007

Une à une…

Une à une les gouttes d'eau de nos humeurs glissent et rejoignent l'océan de nos ressentis. Nos échanges, nos disponibilités, nos dons, nos rejets et nos rebellions aussi, qui nous ballottent, nous bercent ou nous poussent … Accepter ou regimber, refuser ou changer, bouger, hurler, tempêter, avaler de bon ou mauvais gré, éclabousser pour jouer, pour piquer, plonger, couler, nager, flotter surnager et reprendre la barre…Vivre en somme