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10/11/2008

À quel prix ?!

Dans moins d’une heure, enfin, On saura…
On saura qui a mérité cette année Le Prix Littéraire tant convoité.
On a beau savoir que l’enjeu véritable de la déclaration rituelle réside dans la guerre économique entre Grands Éditeurs, que tout est arrangé au cours de tractations où les œuvres des postulants n’ont pas le premier rôle, On imagine quand même, On voudrait croire que… Si, un peu quand même, Le Goncourt doit récompenser un écrivain débutant, un écrivain qui percevra la modeste rétribution et l’immense gloire qui lui est attachée pour pouvoir s’investir à fond dans sa vocation sans être obligé de partager son précieux temps dans l’exercice d’une profession nourricière.

Alors, cette année, je vois un véritable écrivain complètement débutant, qui mériterait bien l’obtention de ce fameux prix. Il existe, ce cas rarissime de postulant Goncourt, édité chez un des Grands ( Gallimard), il a beaucoup d’atouts en main ce Jean-Baptiste Del Amo, avec son éducation libertine. Dès le mois d’août dernier, les magazines littéraires l’ont remarqué et quasi sacré… J’ai dû attendre quinze jours pour que ma libraire locale se procure la seconde édition de l’ouvrage, et j’ai entendu nombre de critiques vanter la richesse de cette prose toute neuve. Oui mais voilà, entendu ce matin ce commentaire sur France-Inter :
- Parmi les quatre candidats retenus par le jury du Goncourt, Jean Baptiste Del Amo n’a que vingt-six ans, pour son premier roman, il est vraiment trop jeune…

Alors là, je reste pantoise… Décidément, on progresse ! Pourquoi faudrait-il que la valeur attende le poids des ans ?

04/12/2007

Communication

- Chérie, tu nous ferais pas plutôt un p’tit café ?

L’interjection me hèle alors que je traverse la cuisine, munie de ma trousse à couture, le gilet et son bouton perdu sur les bras. Pas franchement une attitude de loisir, tant la couture est une activité hautement allergène pour mon équilibre psychique…
Sentir mon élan abnégationel * ainsi coupé me porte à réfléchir, car dès que j’obtempère et pose mon matériel sur la table pour préparer le plateau, GéO, qui avait commencé un timide « si tu préfères, c’est moi qui vais le préparer », suivi d’un intense effort pour rester assis, GéO donc, mon bienheureux mari, éminemment occupé à feuilleter son magazine, me regarde opérer, les yeux pétillant d’attendrissement, avant de soupirer d’aise :
- Chérie, je t’aime…
- Ce que tu aimes surtout, c’est que je t’apporte ton café…

Évidemment, nous ne sommes dupes ni l’un ni l’autre de cette boutade banale qui n’a rien d’une violence conjugale. Ce serait plutôt ce matin la suite de la discussion matinale du premier café. L’objet de la conversation est qu’au fond, pour qu’une relation humaine solide s’établisse, il ne faut pas se leurrer sur la qualité de relation d’interdépendance qu’elle suppose. Ainsi, GéO soutient qu’un couple ne peut se constituer et perdurer que si les deux personnes sont et restent en phase autour de besoins intellectuels et matériels similaires. Porte ouverte évidemment, mais de mon point de vue féminin, je défends la complémentarité et la fascination de l’altérité qui en résulte. Ces deux paramètres nourrissent la qualité de l’échange, l’enrichissent et prémunissent de la routine… Encore faut-il dialoguer, écouter, réagir, comprendre, et s’exposer en défendant son opinion. Le danger, dans un couple, c’est que l’un des deux se taise parce que l’autre, consciemment ou non, impose unilatéralement sa conception …

Mystère des associations d’idées, c’est à ce point-là que me revient en mémoire cet échange parcouru hier soir sur la Lettrine,www.latettrine.com/, et son article très intéressant sur les réseaux relationnels du monde de l’édition. Les commentaires greffés sur ce judicieux clin d’œil soulignent au fond la difficulté que nous éprouvons tous à nous sentir reconnus. J’écris bien reconnus, et pas nécessairement appréciés. Je souligne une fois encore mon admiration et ma reconnaissance pour la technologie qui a permis l’existence de la blogoshère. Fantastique outil de communication, et d’échanges réels, car totalement libres. En effet, qui vous oblige à rendre compte ou commenter un article lu ici ou là ? Vous ne connaissez pas les personnes qui exposent leurs idées, leurs espoirs ou leurs revendications, qui franchissent la barrière de la pudeur pour traduire leurs émotions. Tous ceux qui ont confié des manuscrits à la lecture d’amis me comprendront… Ce n’est pas l’amitié qui est en cause, mais l’authenticité de la communication. Alors que le biais du blog affranchit de cette gêne. Si le thème et son expression vous laissent indifférent, vous passez votre chemin, point barre. Si vous vous sentez en empathie, vous pouvez en témoigner ou prolonger le raisonnement, l’assouplir, le contredire… À chacun de respecter l’autre, et je dois reconnaître que depuis quatre ou cinq ans que je me promène sur la toile, bon nombre d’émetteurs et de réacteurs, s’ils se sentent libérés des règles orthographiques, n’en demeurent pas moins assez attentifs aux différents intervenants. On écrit vite sur Internet, on réagit prestement et la forme en pâtit parfois, mais pas le fond…

Mais j’en reviens à un propos émis par un fidèle de la lettrine, Marco je crois. À partir du moment où l’on écrit, on pose des mots, on construit des phrases et du sens, on transpose ses émotions pour leur conférer une existence réelle, et ça ne peut fonctionner longtemps seul dans son coin… Si vous décidez de porter votre plus belle tenue et que vous vous apprêtez, comment passer la journée ou la soirée en tête-à-tête avec un bouquin, le canapé, l’ordi ou la télé ? Quand vous avez trituré les phrases et les mots pour vous sentir VIVANT, percevoir l’indifférence des autres devient une vraie blessure, comme l’est celle d’un être humain que le silence ou la surdité sélective de son compagnon renvoie à la négation de soi. Alors les lettres des éditeurs, c’est encore pis que les jurés des examens, engoncés dans la roideur de leur supériorité face à l’impétrant, veillant à gommer de leurs regards tout encouragement aux malheureux candidats.

En fin de compte, j’en reviens à ce sentiment de satisfaction sur l’époque formidable que nous vivons : beaucoup de choses vont mal dans notre société, mais on a le droit de le dire, et ça soulage. Quand en supplément du dimanche, on se sent compris, ça va encore mieux. Cela dit, si je pouvais projeter le fantasme d' un quidam en train de manipuler un bouquin, genre poche ou folio, et confier l’objet un peu défraîchi à un ami en lui disant :
- Tiens, je te le passe, tu me diras ce que tu en penses…
Et sur la couverture du bouquin usagé, il y aurait mon nom…

* (Pardon pour le néologisme)