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26/03/2009

La vie des mots

Tandis que coulent nos jours, nos humeurs s’embrasent ou se tassent au fil de nos ressentis.
- « Quelle phrase bien emphatique pour débuter la journée », me direz-vous!
Attendez de découvrir les surprises du jour, petits faits en apparence bien anodins, mais qui suscitent la réflexion citée plus haut.

Hier matin, GéO découvre dans le nouvel Obs. un article concernant les jeunes créatifs qui bravent le pessimisme ambiant en créant leur petite société … L’article est illustré de l’exemple d’une microsociété,   lancée par une  jeune femme volontaire. À la lecture de l’article et au nom cité, GéO reconnaît la fille de son ancienne compagne, et son cœur s’émeut, car il aimait bien la petite Lisa d’alors, chamailleuse et bagarreuse certes, mais aussi battante et gaie, malgré son peu d’intérêt pour la fréquentation assidue du collège. Pendant quelques années, la coexistence avec l’adolescente n’a pas été souple et linéaire tous les jours.  Cependant au fil du temps et des événements,     GéO s’était comporté comme il l’estimait nécessaire, hospitalier et vigilant, tantôt complice et généreux, tantôt réactif et redresseur de torts, s’il jugeait que la rebelle passait certaines bornes à l’égard de sa mère… Il n’est pas difficile d’imaginer les hauts et bas d’une relation avec une gamine qui rêve toujours de réconcilier ses parents, quitte à gâcher le quotidien que l’un et l’autre essaient de reconstruire !

Après avoir pesé  la mesure d’une possible intrusion dans l’existence d’une personne perdue de vue depuis près d’une décennie, Géo se décide à laisser un message à la jeune femme. Sans tarder, la réponse arrive ce matin sur sa boîte mail, et le voilà tout ému et ravi!  Lisa lui confie qu’elle est heureuse qu’il ait lu l’article, qu’elle l’espérait, le sachant lecteur assidu de nombreux hebdomadaires, et cerise sur le gâteau… » Que le parcours personnel de son ex- beau-père lui sert d’exemple et  de motivation » ! Quel cadeau pour GéO !
Le message distille d’ailleurs la maturité de son interlocutrice : elle reconnaît en quelques mots n’avoir pas été très facile à vivre et s’être montrée « invivable ». En fait, GéO n’est pas si facilement démontable et le récit de ses échanges n’a jamais fait état de divergences insurmontables, même quand la chipie d’alors manigançait l’intervention de son père… Rétrospectivement, GéO a conservé un souvenir plus attendri que rancunier pour les frasques de la gamine  récalcitrante qui a partagé quelques saisons de sa vie.… C’est dire que les mots utilisés par Lisa le touchent et confortent évidemment l’estime de soi dont GéO n’a par ailleurs jamais manqué !

De mon côté, je reçois également ce matin une  goulée de miel qui ensoleille ma journée !
Depuis la fiche de lecture que j’ai établie sur la valse lente des tortues, j’ai eu l’audace de contacter Katherine Pancol sur son site. Sa réponse arrive justement ce matin, ce qui  m'impressionne car je lui octroyais d’office un délai bien supérieur, compte tenu de ses activités créatrices et de ses obligations professionnelles ! Le message est adorable, simple et touchant, et l’on y découvre l’attrait d’une personnalité réellement attentive à autrui et à la portée des mots utilisés.
Je ne peux évidemment résister  au plaisir de citer deux des petites phrases qui constituent mon cadeau du jour…
« Votre message m’a profondément émue...
Il y a des mots comme ça qu’on envoie et qui sont comme des amis, des ambassadeurs de coeur.
.. »
Ma modestie naturelle (hum !hum !) m’incite à garder pour moi la suite du message, mais je voudrais juste souligner l’art de l’auteure pour traduire la teneur de ce billet. Les mots sont des ambassadeurs du cœur, vous imaginez d’autres raisons pour passer tout ce temps derrière une page blanche ou un clavier, consacrer son énergie à transmettre nos idées, nos attentes, nos espoirs et nos désirs, nos enthousiasmes et nos joies ? Nos colères et nos désarrois aussi, puisqu’il faut bien balayer les poussières de nos rancoeurs.

Et puisque je vous confie mon admiration pour Katherine Pancol, son talent d’écrivaine et son dons pour créer des personnages humains, attachants et stimulants, ne vous privez pas d’aller découvrir sur son site la vidéo de présentation de la valse lente des tortues, où l’on peut découvrir la richesse et la spontanéité de la femme, et dans l’onglet blablablog, ses réflexions attachées au travail de création. Cette lecture me paraît motivante, fondatrice et indispensable…
rappel des coordonnées du site : http://www.katherine-pancol.com/

16/03/2009

la photo

La photo  s' est affichée sur l’écran de l’ordinateur portable.

Elle occupe le centre de la fenêtre scintillante, mais ses dimensions plus restreintes libèrent des pixels inutilisés qui constituent un écrin noir. Comme un bijou, le cliché est mis en valeur grâce à cet effet de contraste. Impossible de déterminer si l’effet est volontaire ou si ce sont des contraintes techniques qui participent à la mise en écran, similaire à une mise en scène préméditée.

La tonalité majeure de l'image est émise par une nuance verdâtre, couleur d’algue, et  un léger  flou, que l' on pourrait qualifier « d’artistique ». Il n’est pas certain cependant que l’opérateur ait  réellement voulu créer un effet. Ce sont plutôt les rideaux de la fenêtre qui sont restés fermés, formant un écran contre la lumière de ce  début de matinée. Ils n’ont pas eu l’idée ou l’envie de convier la clarté dans l’intimité de la scène.

Les dimensions réduites de la photographie, l’écran noir encadrant largement le cliché, la touche aqueuse de l’image, confèrent à la reproduction un aspect de tableau ancien, plutôt école flamande du XVIIe, Vermeer ou Van Dyck.…Pourtant, à l’inverse d’un portrait de commande, où le sujet est en représentation, les personnages qui composent le centre du tableau ne semblent pas préoccupés par l’impression qu’ils offrent d’eux-mêmes. Ils ne posent pas, même s’ils regardent tous deux l’objectif. Ils se tiennent très proches l’un de l’autre, leurs bustes manifestement dévêtus chastement  cadrés au-dessus du renflement   de la poitrine de la jeune femme. Ses longs cheveux noirs cèleraient de toute façon son anatomie aux regards irrespectueux, dans le cas inenvisageable où leur portrait tomberait sous  des yeux intrus. Leurs proportions sont parfaites, harmonieuses, une impression de perfection instantanée émane de leurs sourires juvéniles et de la détente abandonnée de leurs regards.

Lui se tient à gauche, de face mais  très légèrement ouvert vers elle, par une légère torsion qui montre l’attache robuste et délicate du cou et de la tête. Une ombre de sommeil traîne encore dans ses iris dorés, son sourire ouvert à demi laisse deviner une plénitude accomplie, un bonheur intérieur accepté, résolu.  Elle a incliné un peu la tête vers lui, mais pointe son menton volontaire vers l’objectif et sa petite bouche aux lèvres rondes et charnues exprime dans la retenue de son sourire une pointe  de malice. Ses yeux étirés  brillent d’un éclat provocant, elle n’a plus sommeil, elle revendique l'aboutissement du moment … Son visage tout entier dit qu’elle est heureuse, de ce sentiment profond et viscéral ressenti par la communion de deux corps, de deux êtres, de deux âmes.  Ces deux-là viennent de  se trouver, de vivre un grand moment, ils ont voulu fixer pour eux seuls la réalité de leur émerveillement amoureux avant que l’appel du jour  ne le disperse.

La photo pourrait être indiscrète.
Elle traduit la chaleur de leurs peaux qui se touchent et ne veulent pas rompre ce contact.
Elle transmet la sensualité et la force du désir qui les a fait vibrer et rouler entre leurs draps comme des galets sous le ressac.
Elle conserve pour les jours à venir, pour les années à traverser, pour étayer leurs joies et balayer leurs peines, la marque indélébile de cette tempête sensuelle qui vient de les révéler l’un à l’autre.
Elle sera peut-être leur phare dans le brouillard des avatars, leur lumière dans la succession des tourbillons qui vont fondre sur leurs vies.
Qui d’elle ou de lui a pensé en premier à fixer le cliché ?
Ils sont si jeunes encore, mais savent déjà que les moments sublimes sont volatiles et qu’il faut bien s’arrimer à leurs reflets pour durer.
Car on vit mieux dans son corps et sa tête, quand le bonheur s’incarne en une image…Avec la grâce et la beauté de leur certitude intime, de celle que les médisants et les pervers, ceux qui n’aiment pas voir leurs semblables épanouis, ne  pourront ni  abîmer, ni voler .
Pris ainsi sur le vif, ils sont  si beaux dans leur bonheur tout neuf !

12/03/2009

Paradoxes

Paradoxes
Des images qu’il ne faut parfois pas croire…
Des circonstances curieuses qui nous permettent de vivre des situations improbables…

À regarder les photos ci-dessous,   où pensez-vous qu’elles ont été prises ?

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- En Bretagne, c’est certain, tu as dû attendre une éclaircie, répondront avec certitude quelques langues  acérées… Mais non, mais non, je vous donne d’autres indices…

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Les palmiers giflés par le vent, se détachant sur le ciel lumineux des jours venteux, c’était dimanche  dernier, à Sanary. La plage était recouverte d’une épaisse couche de varech, le ressac assombri par les suspensions en décomposition, une puissante odeur de mer évoquant les côtes d’un océan plus mouvant.

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Je vous avais prévenus, il y a des images qui font semblant, il ne faut pas toujours s’y fier…

Celui qui était bel et bien là, en revanche, c’est notre Aurel, et c’est lui qui souligne le prochain paradoxe.
- Dis donc, si tu parles de nous sur ton blog,   « ils » vont pas croire que t’étais-là ! Toi, d’habitude, t’es plutôt  belles fleurs et petits oiseaux… Ben oui, la nature et les animaux, ça va  trancher sur tes sujets habituels


En effet,   loin des escapades dans les collines et de la chasse aux espèces rares,   Aurélien nous a invité dimanche à un divertissement qui le passionne. Il nous a emmenés assister aux  séances d’essais de voitures de compétition, différentes catégories confondues. Le circuit Paul Ricard, au Castellet, organisait la première confrontation publique de réglages et Aurel n’aurait manqué ça pour rien au monde. Il m’a même attendri par son enthousiasme manifesté :
- Vous allez écouter les bruits des moteurs, c’est incroyable ces vibrations différentes et particulières
Je suis sidérée et dois avouer ma perplexité : c’est un fait, une Porsche ne fait pas le bruit d’une Corvette, pas plus que le son de la Lola Aston Martin, la vedette attendue de la journée, ne produit le son d’un autre monstre de la même catégorie. Pour ma part, jusqu’à ce jour, j’ai  eu tendance à identifier une voiture par sa couleur, comme il est fréquent chez les citoyennes de ma catégorie, honte à moi et à mes semblables… Aurélien ayant réservé nos entrées depuis Paris, nous voici donc partis de bon matin, ce dimanche, armés tous trois comme de véritables paparazzi. GéO à la caméra, Aurélien branché sur son Konica, votre narratrice indissociable de son Fuji…

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Les tribunes  étaient dressées face aux stand de réglages et ravitaillement, dans la ligne droite après la série de courbes de Bendor,  du village et  du virage du Pont, ce dernier très fermé , obligeant les voitures à ralentir fortement. Les moteurs  ronronnaient crescendo sur la piste, avant de disparaître dans la perspective infinie de la piste, à notre gauche, vers la Verrière. Les spectateurs profitant des passages à l’enchaînement des trois  virages, sur le côté est, puis l’accélération franche sur la portion de droite bordée par le public, avant de disparaître sur l’essentiel de la boucle. Seuls, les feulements différenciés des machines permettaient aux aficionados de déterminer :-  C’est la Subaru, c’est la … Etc.

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Au-delà de la piste, les spectateurs avaient également pleine vue sur les stands de réglages. Inutile de préciser que le ballet méticuleusement réglé des mécaniciens présentait également un  attrait incontournable pour le public, surtout quand une des voitures vedette s'y arrêtait!!! À suivre  les conférences inaudibles qui s'y tenaient, chacun dans les tribunes imaginait les remarques, les ordres, les hypothèses envisagées…
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Un grand merci enfin à l'Auberge du Camp du Castellet, pour la générosité de son entrecôte et l'amabilité de son accueil… Les fervents de compétition automobile y sont reconnus et gâtés à tel point qu'aucun de nous trois n'a pu dîner, malgré la balade nez au vent qui a suivi.
Notre reporter en chef a commis sa vidéo sur You tube, http://www.youtube.com/watch?v=7p78tU-zfK0&feature=em...

Vos reporters en action:
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04/03/2009

Haut Var, suite sans fin…

Aujourd'hui la Provence s'est à nouveau réveillée sous  un ciel d'averses...
Je profite donc de ce repli  hibernatoire pour ouvrir vos écrans à ces quelques images du  paysage de Haute Provence... Celle de Giono et  de ses rudes paysans, celle dont les estivants  ne profitent jamais puisqu'ils parcourent ces hauts plateaux quand les températures moyennes flirtent avec la barre symbolique du 30°C.

Sur les voies qui mènent aux défilés du Verdon, le musardeur peut emprunter divers parcours, qui offriront  tous des points communs : les routes serpentines, les villages en haut des pitons, signalés par les campaniles ferronnés et leurs places cernées de Platanes, dénudés encore à cette période. Et puis, au détour d'un virage, on débouche sur un plateau, l'horizon s'ouvre brutalement sur la barrière montagneuse, et son panachage de nuages et de neige.
Au débouché de Montmeyan, par exemple, le spectacle est toujours aussi étonnant. On a beau savoir que le fond du décor est à soixante ou quatre-vingts kilomètres, on a toujours envie de tendre la main pour caresser les cristaux qui luisent là-haut. Ensuite, que l'on monte sur Quinson ou que l'on choisisse le ruban droit d'asphalte qui mène par Régusse, on sait qu'on va perdre de vue quelques instants la trame rocheuse, mais les dinosaures pierreux guettent notre avancée et nous rattrapons rapidement leurs silhouettes endormies, figées contre le bord du cadre.

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Parfois, le maquis dévoile de nouvelles coiffures, brossées par l'âpreté du vent, tandis que les roches dénudées filent à la poursuite du saupoudrage neigeux bravant l'évaporation.

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Le cirque entrevu avant l'arrivée aux Salles

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Nous redescendons alors vers le lac de Sainte Croix,sur la  berge sud-est, dans sa poche extrême vers Aiguines et décidons d'une halte aux Salles du Verdon, territoire ancestral de transhumance, comme en témoignent ces moutons de pierre, déposés là en hommage à un style de vie qui ne veut pas disparaître, et que la  lente réflexion des hommes parviendra peut-être à maintenir, malgré les mouches, les odeurs, les ralentissements du trafic...

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Admirez le soleil dorant ces croupes familières

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Et le niveau du lac,étonnamment haut pour les habitués des berges  en basses eaux :

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Tandis que, gardien d'un troupeau intemporel,   GéO médite sur le frémissement des risées, quelques voiliers s'aventurent...

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Je me suis laissé rattraper par le monde moderne,

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Sur la route du retour, les évolutions  d'un drôle d'oiseau captent notre attention

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Nous bifurquons alors vers Valensol, et je   vous laisse sur ces images sidérantes,

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28/02/2009

La Fête…Surprise!


Vient enfin le moment où tout a été consommé,
Les événements espérés, accomplis, ont intégré la Réalité
Vécus en toute plénitude, savourés à la valeur de l’Instant Présent,
Il m’appartient enfin de les transformer en souvenirs vivants.
Et livrer  enfin à ces  pages virtuelles le récit véridique de cet épisode festif.

Genèse de la fête.

Au début, quelques remarques, en sourdine, ont  distillé  une complainte imprécise.
- Mais j’ai plus vingt ans, tu comprends…,
- Tu ne t'en rends pas  vraiment compte, mais j’ai bientôt soixante-dix ans !
- C’est que je vais avoir soixante-dix ans, quand même !

Nous étions  encore dans le bel automne; l’hiver et son incontournable anniversaire semblaient bien lointains, mais le saupoudrage des petites observations m’a alarmée. Il semblait bien que mon Homme, sans vouloir l’avouer le moins du monde,   subissait le syndrome du passage à la décennie suivante. Évidemment, GéO n’est pas Benjamin Button, et pour lui comme pour la grande majorité du genre humain, les années déposent subrepticement de petits fardeaux, en apparence anodins. Seulement l’addition se compte un beau jour en fatigue plus rapide, en  pondération des enthousiasmes quotidiens, en sagesse annoncée qui ressemble au  masque d’une distanciation imminente à la marche du monde… 
De toute évidence, c’est à ce moment qu’il faut lutter, ne pas lâcher prise, s’accrocher à la manche du Grand Patron qui établit le cours de nos heures et l’obliger à regarder ailleurs…
J’ai réglé ma petite pendule à projets sur le 17 février et j’ai vagabondé intérieurement à la recherche de solutions pour aider GéO à sauter par-dessus l’échéance, à tourner la décennie, pour reprendre la savoureuse expression de notre ami Hans.

Consultée la première,Caroline, sa fille, a bien reçu l’ idée d’une visite surprise. La consultation du calendrier a débouché sur la date du week-end dernier, afin que son frère nous rejoigne avec ses enfants pendant le petit créneau des vacances communes aux deux zones… Voilà pour la structure…
Me restaient les contingences habituelles :  comment loger tout ce beau monde, en plein hiver, sans le secours du Pool House ? … Mais la providence fait bien les choses, ça s’est résolu en un parfait chassé-croisé, l’occupation des lits façon bannette chaude, comme dans les sous-marins, paraît-il… Même si j’ai un sacré don pour me ficher sur le dos  des défis  et des contraintes, je dois reconnaître que ma petite étoile perso a toujours été d’un grand secours pour trouver des portes de sortie, parfois réduites aux  trous de souris, mais Géo n’y a vu que du feu.…Jusqu’à l'instant où j’ai lâché la bourde fatale, ça va de soi… Sur ce point, j’ai bien envie de vous laisser un peu languir, on va feuilletonner…



Un cadeau bien mérité.


Un second fil rouge m’a semblé également judicieux, connaissant mon GéO sur le bout des doigts… et des orteils, sachons rester pudique. Pourquoi ne pas transformer  l’inévitable bilan décennal en partage d’un miroir biographique? GéO se montre, à juste titre, très fier de son parcours personnel autant que  professionnel. Bâtir une petite plate-forme pour poser tous les jalons d’une existence bien remplie, riche d’anecdotes piquantes et passionnantes, mêler textes brefs (si, si, je peux) et photos évocatrices… J’étais certaine que ça pouvait le faire, autrement mieux qu’un ixième gadget commercial…
Seulement voilà,   je suis mariée, appareillée, avec l’Homme le plus envahissant de la planète… Même mes séjours aux toilettes sont repérés d’un tonitruant  « T’es où ? » auquel je me suis habituée, je crois même que cette sollicitude affirmée jusque dans mes retranchements hygiéniques a contribué à étancher ma soif d’amour… Enfin, ces détails à vous confiés pour souligner l’ampleur du défi : dans ces conditions, fouiner dans le carton de photos anciennes, prélever les clichés significatifs, élaborer ma maquette, mes commentaires, imprimer et relier ces quelque trente pages… Nos deux bureaux étant  face à face, imaginez les stratégies fines construites à l’emporte-pièce pour  l’empêcher de contourner les meubles, venir jeter un simple coup d’œil sur mon écran, histoire « de déposer juste  un chaste bisou » sur mes lèvres ou ma nuque, évidemment, … retenir les élans de tendresse qui le conduisent à apporter sa contribution, indispensable et  salutaire assurément, à mes modestes entreprises. Que d’inquiétudes et de culpabilité refoulée pour mon apparent détachement !
Convenons-en tout net : GéO a été une fois encore, en tous points, FORMIDABLE !!!
De ces catastrophes pressenties, il n’y en a eu aucune! Surprenant, mais véridique.
GéO a accepté héroïquement de descendre seul faire quelques courses au village, il s’est bien parfois  impatienté de mes descentes trop tardives du bureau en début de soirée, mais il a prolongé stoïquement ses plages de lecture, bien content au fond de résorber  le retard du décryptage des cinq ou six magazines hebdomadaires auxquels il est abonné. Il y a bien eu quelques moments chauds, où j’ai fourré hâtivement les clichés  dénonciateurs sur mes genoux, sous le sous-main, quitte à ramasser les pièces  tombées dès qu’il avait tourné le dos. Au cours de cette redoutable épreuve, ma Providence s’est appelée Tournoi des six Nations. Deux fois quatre-vingts minutes de parfaite tranquillité pour alterner plongée dans les archives, scanner et mise en page ! Comme c’était « cool » !
N’empêche, le 16 au soir, avant 20 heures, j’ai achevé la reliure et les petits rubans, empaqueté mon chef-d’oeuvre  sur le lutrin de salon acheté pour l’occasion, et descendu le résultat de ma machination sans avoir  trahi mes desseins. Ouf…

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Revenons une petite fois encore à la fête, ou plutôt à sa préparation : Arrive le moment où il faut bien justifier les quantités considérables de nourriture dont je projette l’achat et la transformation culinaire, je  me résous à dresser un tableau succint des réjouissances prochaines, en conservant tout de même l’essentiel du secret. Me voici donc, la maligne, justifiant  la comparaison des deux foies gras puis l’entrée de poisson, avant le plat de résistance. Et GéO de remarquer, puis d’insister franchement :
- Mais enfin, avec deux foies gras, pourquoi veux-tu à tout prix préparer du saumon, si on est quatre à déjeuner !!!
Tant et si bien qu’est arrivé le moment où, stress et fatigue sans doute, j’ai lâché inconsidérément :
- Mais c’est pour ton petit-f…
Trop tard! GéO, qui n’est pas si bête, a terminé ma phrase :
- Ah mais mon petit-fils qui ne mange pas de viande, c’est Guillaume ! Si Guillaume est à table avec nous dimanche, c’est que ses parents sont là aussi… Donc, on attend les Strasbourgeois !
Eh oui, si jamais végétarien a enquiquiné son monde, c’est bien celui-là, qui m’a poussé à anéantir mes propres ruses !!!

N’empêche, la victoire m’est revenue quand Philippe est arrivé pour déjeuner le samedi ! Entre-temps, j’avais résisté bravement à tous les pièges, toutes les astuces, tous les « je prêche le faux… » …
S’il est vrai » qu’à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire », ma situation n’a pas été si Cornélienne après tout. Et la fête a laissé sur nos murs l’écho du Bonheur.

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30/01/2009

retour

C’est arrivé tout à coup.
Les trottoirs de l’avenue luisaient après cette forte averse d’avril, et elle a remarqué les larmes étincelantes sur les timides bourgeons des platanes. Le temps de se formuler la beauté simple du phénomène, elle n’y a plus pensé.

Et puis, le même soir justement, en émergeant du RER, elle a longé comme d’habitude les grilles du Parc, fermées à cette heure crépusculaire. Elle a simplement entendu la phrase qui s’est formée dans sa tête, « qu’est-ce que ça sent bon, il doit y avoir déjà des lilas éclos, il faudra venir un moment ce week-end… », Et alors seulement elle a réalisé que l’air qu’elle respirait lui semblait léger et pétillant, comme une goulée d’oxygène capable de la saouler, ça l’a fait sourire et elle s’est dit que c’était vraiment une saison agréable.
Elle a repris sa marche lente pour remonter jusqu’à la maison.

Un peu plus tard, comme elle achevait de ranger la cuisine, Jérémy est entré dans la pièce, l’a observée un moment en silence; elle a senti son regard sur elle comme une source de lumière bienveillante. Son cœur a fait un petit bond dans sa poitrine, une légère bouffée rose lui est montée aux joues, elle a soufflé sur sa frange décidément trop longue pour chasser cette soudaine chaleur, et Jérémy a murmuré timidement :
- J’aime bien ton sourire, ce soir…
Elle s’est sentie émue par cette touche de tendresse, une réminiscence de bonheur révolu.

Elle aurait souhaité répondre, mais son mari avait déjà quitté la pièce.
Une inquiétude s’est fait jour, elle s’est dit « qu’est-ce que j’ai encore perdu ? » et puis elle a repris le cours de ses rangements.

Au moment de se coucher, comme toutes les nuits, elle est allée border Églantine et déposer un bisou de plume sur le front de sa fille, elle s’est arrêtée un moment, un voile de buée aux yeux, la gorge soudainement serrée par l’envie de la réveiller pour lui dire comme elle la trouve grande, belle, et si …Merveilleuse, tout bêtement. Elle s’est retirée sur la pointe des pieds, un sentiment d’inachevé pendu au cœur…

Quel gâchis, une éternité de grisaille l’a enserrée dans sa gangue.
Ça fait un bail qu'elle ne cherche plus la sortie …

***

Le ballon multicolore roule jusqu’à ses pieds, et dans ce petit matin encore un peu frisquet, elle a eu envie de shooter dedans, de la pointe de sa chaussure, mais elle l’a ramassé pour le tendre au petit garçon des voisins. Il ne faudrait pas que le ballon se dirige vers la rue et…

Ça y est, elle s’est à nouveau raidie dans son chagrin, le regard au-delà du perron de l’immeuble, elle s’apprête à retourner dans son asile intérieur, mais Tom, le petit Tommy des voisins, qui a l’âge que devrait atteindre aussi son fils, l’Ange perdu, la regarde et lui dit :
Tu sais, j’aimerais bien que tu joues au ballon avec moi 


Alors, elle baisse les yeux vers Tommy, admire les minuscules quenottes qui barreaudent son sourire épanoui, lève les yeux vers sa mère du bonhomme, à qui elle n’a plus adressé la parole depuis…si longtemps.
- Il fait beau, n’est-ce pas, même si le fond de l’air…
Elle s’en moque bien du fond de l’air, mais ce n’est plus la même chose.
Elle a vu la beauté de ce matin du monde, un enfant inconnu ou presque courir dans la fraîcheur étincelante de la matinée, et elle a pu penser à Lui en supportant les images juxtaposées.
Elle a compris qu’elle est en train de pardonner …

Il faudra encore du temps, c’est vrai, pour échapper à la  masse paralysante de la chape grise qui l'étouffe, alourdit ses gestes et comprime sa respiration, ce poids douloureux qui ancre son corps et son âme dans un néant sinistre. Elle perçoit cependant comme les prémices d'un éveil qui essaient de fissurer la gangue… Ça tient sans doute à un rien, des couleurs, des odeurs, des sourires et la chaleur des mains de Jérémy, mais ça pousse en elle…

Elle a compris qu'elle approche du bout du tunnel,

Elle vient d'entamer la lente remontée vers la Vraie Vie, celle où les émotions sont acceptables. Un jour, elle n'aura plus peur des photos, des regards, des sourires et des invitations… Un jour, elle regardera Églantine grandir sans ressentir cette pincée au coeur, semblable à une glaciation des sentiments.

Un jour…

La peau déchiquetée de son deuil tombera…

Bientôt.

Sa douleur s'évanouira imperceptiblement…

Elle revient.



21/01/2009

Silence, tabou et cinéma

Comme beaucoup d’entre vous, sans doute, nous avons regardé hier soir le film qu’Amos Gitaï vient de consacrer au malaise des descendants de juifs tués par la Shoah, Plus tard tu comprendras…, qui sort aujourd’hui sur les écrans.
- Un film de plus sur les juifs, bon, bof, après l’excellent La liste de Schindler dimanche soir, la télé n’en finit pas de revenir sur un sujet porteur d’audience… Mémoire oui, mais attention au risque de rabâchage quand même … commence-t-on à soupirer in petto dans les chaumières.

En réalité, le film vu hier soir ouvre un débat différent, beaucoup plus large et touchant par l’universalité du malaise évoqué. Ce n’est plus la dénonciation d’un fait de guerre avéré, le Crime contre l’Humanité du génocide commis par les nazis, mais plutôt le combat d’un homme pour secouer un tabou familial concernant la disparition de ses grands-parents. Le nœud de l’intrigue n’est pas la découverte de la déportation du couple, mais le malaise pesant de l’occultation de ce malheur. En effet, le personnage principal n’a pas connu ses grands-parents, parce qu’il est né après leur arrestation. En revanche il a le souvenir précis d’être allé avec sa mère dans leur appartement qu’un mystérieux tour de passe-passe a déposé dans le patrimoine de ses autres grands-parents. Ce que l’enfant accepte comme un fait naturel vient heurter la conscience de l’homme parvenu à son âge mûr, d’autant que le contexte du procès de Klaus Barbie ravive la mémoire collective par la parole enfin donnée aux victimes.
À partir de ce moment, le fils joué par Hyppolite Girardot ressent une pression interne dont il ne pourrait se soulager que par la mise au grand jour des circonstances du drame, voire par la levée de l’ambiguïté relative au rôle des beaux-parents de sa mère. Telle est la thèse du film et nous suivons les efforts du fils pour obliger sa mère à expliquer, justifier, nommer le drame. À son questionnement angoissé, la mère (Jeanne Moreau,) oppose une fuite permanente qu’il ne parvient pas à casser, par respect pour sa douleur présumée, par crainte de ce qu’il pourrait être obligé de nommer.… Et tout le débat est là.
Quoi de plus douloureux en effet que le secret, le non-dit, le respect obligé du silence qui prend alors la forme d’une culpabilité. Ce qu’exprimait très justement et subtilement Simone Veil dans son autobiographie Une Vie, parue je crois en 2007.
Même quand le fond de l’affaire n’a rien de honteux, le fait d’en être le dépositaire confidentiel pèse d’un poids particulier qui peut devenir étouffant. Tous ceux qui ont vécu ce genre d’expérience se sentiront touchés par le film d’Amos Gitaï, comme ils ont pu l’être s’ils ont lu le témoignage de Jérôme Clément, que le film transpose.
La qualité essentielle du film repose sur cette quête. Je trouve intéressant que la mère parvienne à se délivrer d’une partie de son secret auprès de ses petits-enfants, les confrontant ainsi ex-abrupto à leurs racines, plutôt qu’à son fils tellement demandeur.
Les acteurs du film sont à leurs places, Jeanne Moreau incarne à merveille cette femme forte dans sa détermination, maîtresse d’un secret indispensable à la menée de sa vie. En ce qui concerne les autres comédiens, je suppose qu’Amos Gitaï a tenu à leur donner une distanciation qui entrave notre empathie. De même le parti pris de plans panoramiques très longs, balayant l’enfilade des pièces de l’appartement, tandis que nous entendons le fil d’une conversation en voix-off, ce décalage correspondant au jeu de Dominique Blanc, Emmanuelle Devos ou Hyppolite Girardot finit par lasser. Trop de naturel tue le naturel. Ou encore l’évocation de l’arrestation des réfugiés dans l’hôtel est infiniment trop longue, voire incongrue, inutile. Mais j’imagine que ces scènes devenaient nécessaires au cinéaste afin de donner corps et matière aux malaises des protagonistes. De la difficulté de monter l’indicible, d’imager l’intime et la souffrance psychologique.
Enfin la musique joue un rôle de premier plan et il me semble que ces notes soutenues transmettent alors mieux que les images l’émotion et la mémoire ciselée des événements.

11/01/2009

Récréation

Malgré les turbulences météo, l’actualité dramatique en Palestine et les sempiternelles mises en garde contre la crise ( loin de l’acception Coluche, et sa manière de prononcer LAA CRIIISE !suivi d’un borborygme difficile à imiter, approchant plus ou moins un MGUEUH) il me paraît essentiel de ne pas remiser de sitôt les douceurs des moments vécus pendant la bienvenue Trêve de confiseurs.
Dans notre cas, outre les échanges divers avec les amis et la famille nichée au loin, la journée avec Simone et Denis, les souvenirs chaleureux d’un Bon Moment en excellente compagnie… S’en est suivi le séjour d’Audrey et Sébastien, tendresse et retrouvaille, bonne humeur, cocooning, confidences et gâteries, sur fond musical jazz manouche : Thomas Dutronc, Renan Luce et la BO de Vicky Cristina Barcelona, décontractant, émoustillant, ludique .

Et puis, passées les agapes, le beau temps froid mais sec a permis les grandes balades dans la colline pour dégourdir autant nos digestions pesantes que les pattes du petit peuple. Chacun exerce ses talents, Seb inaugure la belle laisse toute neuve et s’entraîne drastiquement au « Pas Sauter ! ». Il y met du sien, prononce distinctement, s’applique à transmettre fermeté et constance dans ces deux petits mots, mais il faut bien avouer que le résultat demeure aléatoire. Reste alors à pratiquer l’art de l’esquive : effacer les épaules, pivoter la taille et glisser rapidement en arrière afin d’éviter la charge de la brigade légère, en l’occurrence l’expression de l’affection et de la reconnaissance de Copain. Le tout sans cesser d’afficher la détermination du Maître Chien qui ne s’en laisse pas conter…

Par contre, le « halte -assis- pas- bouger », ça marche nettement mieux. En témoignent ces photos, regardez comme Zuco et Copain sont attentifs :

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1,2, 3 Soleil
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