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19/07/2009

Accueil en chambres…

Nos petites escapades de Juin ont été l'occasion d'expérimenter l'hébergement en chambres d'hôtes.

Cette nouvelle formule d'hôtellerie rencontre un succès réel, l'accueil y est généralement plus chaleureux et personnalisé que dans les hôtels abordables par nos bourses, et les rencontres qu'on peut y faire sont  autant de portes ouvertes à l'imprévu...

Ce fut le cas à La clé des songes, à Courpalay ( seine et marne), où l'accueil de Clément Saadia nous a ravis. Dans sa demeure  de charme, installée dans un ancien corps de ferme, le couple a aménagé quelques chambres aux noms fleuris, dont les fenêtres donnent sur un immense jardin, prolongé par un parc arboré. À soixante-dix kilomètres de Paris, entre Disneyland et Provins, l'attrait de cette halte réside dans le calme et le confort  d'un agencement élégant, tirant parti des vieilles pierres, de l'espace des hauts murs, de la décoration mêlant sobriété et tradition. Dans la cuisine jouxtant la salle où sont servis les petits-déjeuners, le visiteur curieux peut jeter un œil sur les nombreux livres de cuisine qui allèchent les gourmands. Le site respire et inspire les moments douillets et conviviaux, confitures- maison et lecture au coin du feu... Car dans la décoration des lieux ont été inclus les livres qui ont réjoui les hôtes de la maisonnée, petits détails qui invitent au partage.
Notre hôte officiant justement comme premier magistrat de la commune au mariage d'Olivia et Nicolas, il n'en a pas fallu davantage pour que la conversation se noue. Et que croyez-vous qu'il en est  ressorti ? Donnant-donnant, nous avons goûté les spécialités de la maison, il est convenu que je prépare les foies gras pour leur prochain passage dans notre région, en août sans doute...

La clé des songes
7 à 8 cour Durand
Le Grand Bréau
77540 Courpalay
http://www.lacledessonges.com

Nos découvertes précieuses ne se limitent pas à la Seine et Marne.
Notre petite évasion en Normandie a donné lieu à d'autres aventures, d'un aloi fort différent.
Gardons pour la bonne bouche les retrouvailles de GéO et de sa bonne amie d'antan, l'épisode mérite une note particulière. Restons plutôt dans notre catalogue d'appréciation de la qualité d'accueil en chambres d'hôtes et les pratiques des uns contrecarrant les us des autres, comme vous pourrez en juger.

Retour sur nos  destinations respectives : GéO préparant notre passage à Port en Bessin, je me suis mise en quête d'un gîte à Saint Pair sur Mer, dans la baie du Mont Saint Michel, haut lieu de mes vacances enfantines! Un écart de près de cinq décennies a effacé mes repères, mieux vaut me fier à la publication des adresses  sur le site de l'office du tourisme à Saint Pair sur mer. Après un tour d'horizon complet, j'arrête mon choix sur la foi de la description présentée sur le site  http://www.normandie-chambreshotes.com/


La page d'accueil y est très claire, intitulée  informations pratiques, sous titrée Saint Pair sur Mer, illustrée d' une photo  lumineuse de coucher de soleil, suivie de quelques lignes  de texte situant la localité. Puis la présentation des chambres se résume à trois photos, baptisée poétiquement chambre 1, chambres 2 et 3.
Reprise du texte concernant la situation géographique, précisant que la maison est à 250 m de la plage, que la vue sur mer des chambres est imprenable, s'ensuivent les coordonnées téléphoniques et l'adresse de la maison.
En cliquant sur la note « plan d'accès », on peut trouver alors deux cartes graphiques, l'une situe Saint Pair par rapport à la presqu'île du Cotentin, la seconde consiste en un plan d'accès du Chemin Lang. 
Voilà qui paraît assez tentant.  J'imprime derechef  toutes les pages du site afin de les présenter à mon cher et tendre époux,  certaine de la qualité de mon exploration et des correspondances avec mes critères de choix, pour l'internaute , disons, amateur- éclairée que je me flatte d'être. Si, si, pas de sourire en coin, mon jeune neveu Hervé m'a même  flattée à propos de mon habileté remarquable et remarquée à saisir des données sur mon téléphone tactile ! « À presque 60 balais », il paraît que c'est impressionnant pour ce jeune homme de 22 ans, né donc à l'ère informatique !!!.
Pardonnez la longue description détaillée du site, vous allez comprendre que le suivi des opérations n'est pas si anodin.

Je finalise donc ma réservation par téléphone. Dans un premier temps, l'homme répond à ma demande en proposant deux chambres attenantes, « communicantes si on veut », mais parfaitement indépendantes, pour un prix forfaitaire de 80 €, petits-déjeuners en sus. Nous sommes hors saison, cela me paraît raisonnable, mais j'insiste sur le fait que les chambres  doivent être indépendantes, ce que mon interlocuteur confirme. Il n'omet pas de me demander la moitié de la somme à titre d'arrhes. J'obtempère par courrier, prenant la précaution de rappeler dans ma missive que ma réservation est destinée à un couple et un adulte, donc que nos chambres doivent être indépendantes. Le brave homme, un peu hésitant, me rappelle dans la soirée pour préciser qu'il nous attend bien pour la nuit du 23 juin mais qu'il serait souhaitable que nous quittions nos chambres  avant 9h30 le lendemain, ce à quoi je ne vois pas d'inconvénient. Toutefois, au cours de cette conversation,  je propose, si notre passage pose problème, de trouver un autre hébergement, mon chèque d'arrhes n'étant pas encore posté.
- Oh non, se récrie-t-il, dans la mesure où vous aurez quitté les chambres avant dix heures, nous n'avons pas de souci.

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Quand nous arrivons enfin à Saint Pair, le mardi après-midi, l'homme m'avait rappelé en route pour s'assurer que nous n'avions pas changé d'itinéraire. Mon chèque d'arrhes ayant été encaissé, cette inquiétude nous a amusés. En fait, l'adresse s'est avérée difficile à trouver. Le Chemin Lang est devenue  une rue  bordée de  villas cossues qui n'existaient pas dans mon souvenir. Elle se situe au sud de la localité, au niveau des rochers de Saint Gaud, seule partie rocheuse sur la longue plage qui borde Saint Pair. Le problème est qu'en descendant le chemin, puis en le remontant, nous n'arrivons pas à situer la maison où nous nous savons attendus. Mieux, toutes les villas portent  soit un numéro soit  un de ces petits noms  porte bonheur, genre « Abri côtier » comme  dans mon souvenir attendri, mais pas de n° 335 en vue ! Au 3ème passage, enfin, je me décide à aborder une femme en train de bricoler dans sa courette.
- Mais c'est ici, vous y êtes ! me répond-t-elle, en agitant son pinceau couvert de peinture blanche à fleur de mon nez.

Le temps de garer la voiture, notre bricoleuse est prête à nous guider dans les lieux. Une petite porte sur le côté de la façade permet  un accès indépendant  à l'étage, grâce à un escalier aux marches ripolinées immaculées; au bout du couloir prolongeant  les derniers degrés, nous accédons sur la droite à une porte qui ouvre sur la première chambre. Dans une harmonie décorative identique à la cage d'escalier, tout est blanc. Les murs, le sol, les meubles, les rideaux, le garde-fou du balcon perceptible à travers la double porte-fenêtre. Au royaume immaculé... Sur le mur de gauche, une porte et un saut de deux petites marches desservent en contrebas la salle de bain, assez vaste, baignoire, pour ameublement, malle et casiers en  osier peints en ...blanc. L'ensemble est très coquet, un peu english kitsch, parfaitement adapté à l'ambiance côte normande, qui conserve  encore, entre nous soit dit, certain  caractère  d' ancienne colonie victorienne...
Je félicite la personne pour l'harmonie des lieux, puis  nous nous enquerrons de la seconde chambre, et le tableau idyllique se gâte...
- Elle est là, désigne  sobrement la propriétaire des lieux en désignant de la main une pièce située sur la gauche.

Nous entrons dans la chambre et découvrons bien sûr un aménagement identique.  Toutefois, une remarque s'impose immédiatement : cette pièce ne dispose que d'un accès, la première chambre ! Le défaut saute aux yeux et Marie- Geneviève murmure à mon oreille :
- Mais je ne vais quand même pas m'installer là, si je dois me lever cette nuit, je n'ai pas envie de vous déranger !

Avisée de notre désaccord, l'hôtesse proteste mollement et consent  à préparer la troisième chambre, qui se trouve au bout du couloir, contigüe aux deux autres. Elle dispose d'une salle de bain privée ... en rez de chaussée. Rien d'idéal comme confort, certes, mais moins ennuyeux que de partager l'espace d'une suite, avec une seule entrée.
Comme nous nous apprêtons à descendre enfin sur l'estran qui se dégage à vue d'œil, le mari de notre hôtesse toque à la porte de la chambre où nous nous changeons. Il m'aborde de front, apparemment très agacé :
- Cette chambre, vous l'avez bien vue sur internet, non ?
- Évidemment, nous en avons discuté...

- Alors, vous avez bien vu comment c'était disposé, y'a rien à en redire.
Et sans me laisser le temps de rétorquer quoi que ce soit, il enchaîne :
- La chambre que vous avez demandée à ma femme, c'est plus cher !
Au ton utilisé, je ressens une réelle contrariété et je me dis in petto que la dame doit être souffrante, ou qu'il y a un souci majeur dans cette demeure... Mais nous sommes tous les trois d'avis que Marie- Geneviève n'étant ni notre enfant ni notre chaperon, elle a bien mérité autant que nous l'intimité à part entière  d'une chambre indépendante.

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La balade sur l'estran, « le-sable-mouillé » de mon enfance ,  est agréable,  la visite de Granville et le dîner à l'Astérie sur le port nous apportent la détente attendue, nous sommes ravis du spectacle de la côte quand  nous réintégrons nos chambres.  Mais une nouvelle surprise nous attend : l'indispensable halte aux toilettes cache encore un piège dans cette maison au confort décidément particulier : le petit coin  l'est vraiment, petit, et  caché presque en haut de l'escalier, peu après le tournant qui débouche sur le couloir. La porte s'ouvre sur la largeur de trois degrés et le bouton d'électricité  est caché à l'intérieur des toilettes. On devine que nos visites nocturnes, bien naturelles, seront casse-cou. Il y a fort à craindre, dans la contrée, pour  la santé des cols de fémur et autres fractures du tibia ! Encore heureux si la digestion des fruits de mer se déroule sans effets déliquescents ! Inutile de préciser que l'endroit est en partage pour  les six usagers potentiels des trois chambres, en admettant que la maison fasse le plein! 
Comme nous sommes de vrais petits veinards, la nuit se déroule sans drame, si ce n'est ce matelas cotonneux qui me garantit une houle incertaine à chaque retournement de GéO. Bonne nature tout de même,  nous jouissons du petit déjeuner sur le balcon-avec-vue-sur-mer.   En bouclant les bagages, il me revient  alors que j'avais conservé le dossier imprimé de mes recherches et GéO en parcourt les feuillets : effectivement, rien ne prête à penser que les lieux sont intriqués de la sorte.

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Nous descendons régler la note, qu 'après tout nous avons résolu de ne pas contester, quoique... Dans la minuscule entrée  qui dessert  l'escalier et la salle de bain de la chambre 1,  la note nous attend, posée dans un cendrier sur une table. Comme GéO commence à rédiger le chèque, j'entreprends de faire remarquer courtoisement à notre hôtesse l'inadaptation des lieux, l'état du matelas et en particulier  l'accès acrobatique aux  WC. À peine ai-je achevé ma première phrase, pourtant enrobée de précautions oratoires, que la dame monte sur ses grands chevaux :
- Mais pourquoi vous m'agressez comme ça, lance-t-elle sur un ton tragique, sa voix rauque hérissée d'effets suraigus.
- Madame, je ne vous agresse pas, j'use de mon droit de client pour signaler...
- Si, vous m'agressez, d'abord !
Et voilà les sanglots longs, les trémolos tragiques, la trace humide de larmes montantes  comme la marée, qui éclairent son regard de biche traquée...
Ah, je suis cool, ce petit voyage aux sources me réjouit, je n'ai vraiment pas l'humeur atrabilaire, mais la réponse héroïco-scénique de ma Sarah Bernard Normande m'agace un poil, je l'avoue, d'autant que j'entends ma discrète belle-soeur commenter  derrière moi :
- Ah ben non, tu n'es pas agressive, tu t'exprimes, c'est pas pareil.
Là-dessus  GéO, qui achevait de rédiger le chèque global sans interférer dans notre propos,  notre GéO donc, lâche son stylo et intervient de sa voix si mélodieuse,  si douce et  apaisante que connaissent  bien tous ceux qui le pratiquent :
- On vous agresse pas, on vous dit quand même que les lieux ne correspondent pas à la description qu'on a vu sur votre site.
- Ah mais si ! bondit l'aubergiste, toute requinquée, voyez-vous même...
Elle pousse derechef la porte de communication avec son logement, où nous découvrons le coin ordinateur,  écran allumé connecté justement sur le site,  à la page description des chambres... 
GéO a l'esprit vif. Il vient en outre de relire les pages du dossier que j'avais imprimées, le double de la lettre de confirmation. En un quart de tour, il s'aperçoit qu'effectivement de subtiles différences  modifient l'aspect du site.  GéO peut être coulant, mais il a une Sainte Horreur d'avoir le sentiment qu'on cherche à le rouler... Là, la pauvre dame a tout faux, pour le coup.
- Mais vous l'avez modifié votre site, depuis la visite de ma femme...
- Mais non, monsieur, regardez, il a toujours été comme ça ! D'ailleurs, c'est pas moi qui l'ai fait, j'y connais rien en informatique...

- Mais si, il est modifié, vous allez voir, nous allons comparer avec le dossier qu'a imprimé mon épouse. Odile, t'as le dossier ?
Comme je tends les pages à consulter, elle les repousse d'un coup, sans y jeter le moindre regard, avant de recommencer l'antienne matinale :
- Et puis d'abord, vous m'agressez ...
Avouons que l'organe vocal de GéO peut sonner un peu rogue, surtout dans ces circonstances, mais ce n'est rien encore par rapport à ce qu'il peut donner quand on titille sa patience plus que de raison. L'innocente croit l'avoir au sentiment, et redouble  ses trémolos languissants, mais en face, GéO triomphe par la puissance du rugissement.
Il commence par reprendre le dossier, et le lit à voix haute, date et précision de bas de page incluses.
- Là en date du 2 juin, page 1 sur 2 , puis page 2 sur 2.  Vous sur le site, vous nous montrez trois pages maintenant...
- Mais c'est votre femme qui n'a pas cliqué sur les photos...
- Ah oui, vous n'y connaissez rien, mais vous savez que ma femme n'a pas cliqué où il faut ! Et la photo de la page d'accueil qui n'est plus la même, c'est ma femme peut-être ?
- Mais oui, elle a dû modifier, je sais pas moi, et puis vous m'attaquez chez moi, c'est pas juste.
- D'abord je ne vous attaque pas, je remarque que vous avez modifié des informations et ça s'appelle de la mauvaise foi...
Le ton continue de grimper vers les sommets himalayens du désaccord, quand, au mot « mauvaise foi » lâché par l'ire de GéO, notre hôtelière s'effondre de plus belle, arguant de sa faiblesse féminine et de son innocence. C'est bien plus qu'il n'en faut , GéO rompt d'un coup l'escarmouche d'un superbe :
- Et faites pas votre Ségolène, à pleurnicher quand vous êtes prise en défaut !

Une chose est sûre, pour cette fois, nous ne nous sommes pas fait d'amis à Saint Pair sur mer !

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18/07/2009

fê-stivales

Profitons de ce vent violent qui rafraîchit une atmosphère quasi caniculaire, dans notre contrée, car les nouvelles de nos nordistes à nous, les Insulaires Parisians, sont réfrigérantes. Je pense à Audrey et Seb qui espéraient que la maison avec piscine louée en Seine et Marne leur permettrait de peaufiner le hâle amorcé ici le week-end dernier…

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N’importe, je n’ai guère eu l’occasion de traduire ici les différents épisodes somptueux de notre dernier voyage en terres familiales. Voyage euphorique s’il en est, encadré par deux fêtes dédiées au Bonheur de la vie en couple.
Dimanche 21 Juin, la famille réunie autour d’Aurélien et Jing fêtait abondamment leur Joie et les promesses de ce bonheur encore très neuf… Pour la circonstance, Edmond avait dressé une table de fête à L’Atelier, et je m’amuse rétrospectivement  de me retrouver dans mon ancienne maison, certes décorée à foison d’objets qui n’ont jamais attendu mes petites mains pour reluire des feux de leur argenterie ! La place était rutilante,   le jardinet  abondamment fleuri, les amoureux radieux, les convives joyeux, la pluie attendue éclipsée par cet air de fête qui tournait les têtes autant que le délicieux champagne.

 

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La fête de clôture pour  ce périple familial n’a pas été moins belle. Cette fois, c’est le couple aguerri de Nicolas et Olivia,   dix-sept  ans de vie commune, deux beaux enfants déjà en grande partie élevés, que nous célébrions d’un mariage mûrement réfléchi, abordé avec la sérénité des voyageurs au long cours qui s’offrent une halte pour  resserrer les liens, faire le point, fixer à nouveau le cap, renforcer l’équipage du sourire des proches: jolie fête en vérité.

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Romantisme des photographies, Olivia  s’est offert  selon ses propres mots,  une robe de Sissi : miroir mon beau miroir, dis-moi bien comme je suis heureuse, susurre- moi ces mots  magiques qui feront à jamais de cette soirée mon phare pour les jours à venir.

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Et ce 27 Juin, jour festif s’il en est, encore marqué par deux célébrations plus discrètes. Me comprendrez-vous si je vous confie à quel point le fait de souhaiter leur anniversaire de visu, de tatu, de bisous charnels à nos passeurs du  jour, Philippe à Conches franchissant allègrement 41, et Marie- Jeanne, retrouvée heureusement pour fêter le bonheur nuptial de son fils aîné.
Merci à Sandrine pour ses clichés dans la lumière dorée : «  nous sommes deux sœurs… »

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Que de délicieux souvenirs ce week-end estival a déposé dans nos mémoires, moments partagés, cheminement des conversations, de la franche gaîté insouciante à l’intime des mémoires familiales, des rires éclatés autour de la piscine et du buffet abondant à l’accueil privilégié dans vos demeures … Encore de Grand Moments à préserver …
Un fê-stival!

07/07/2009

8 ans et l'avenir…

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Tout ce temps absorbé aussi vite qu’est bu le champagne versé

Huit années de cheminement commun pour construire un Bonheur

À notre portée, à notre convenance, et tant pis pour les emmerdeurs,

Les grincheux, les fâcheux qui se sont insurgés .

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Que butinent autour de nos amours nos amis


Nos proches, ceux qui nous aiment…

Et qu’ensemble, ils viennent en nos murs

Trinquer  à l'amitié, à l'avenir, à la vie

Aussi souvent que possible « Au Meilleur »

 

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15/06/2009

Petite chronique estivale


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Inaugurer la chronique de l’été 2009 avec ce bouquet, chaleur des sentiments en harmonie avec l’été qui s’est installé enfin dans notre région.
Samedi, nous avons renoué avec les soirées terrasse qui mordent  insensiblement  sur la  nuit, quand les discussions s’enroulent  autour de la tablée avec un enthousiasme communicatif où le rosé, qui coule de source, joue sans doute un tout petit rôle,  sans que la moindre fraîcheur rappelle les convives à l’heure avancée…   Tout à coup, quelqu’un lance un « mais vous savez qu’il est deux heures passées ? » et on se dit alors qu’on pourrait enfiler le petit pull de coton qui est resté avec les affaires de piscine… Car ici, on se déplace avec le panier, le sac, le balluchon si vous préférez, mais on vient avec son maillot, c’est la coutume.  
La soirée a été magnifique. Et on a eu du mal à se quitter, tant il faut apprécier ces parenthèses de bien-être. Alors, on a recommencé le lendemain, chez les copains…  Mais il y en a un qui apprécie un peu moins ces allés- venues : Comme il s’ennuie quand les maîtres s’absentent ainsi.

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Qui pourrait résister à la supplique qu'exprime ce regard ?

Bien que Zuko s'y montre  complètement insensible,

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Ce qu’il aime, lui, c’est partager  le jeu.
Copain nous a maintes fois montré qu’il pouvait jeter tout seul le joujou dans l’eau pour le plaisir de plonger à sa recherche. Mais ce grand communicant sait dire combien il est indispensable que le maître s’y colle aussi… L’été, ce sera comme ça, désormais :

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07/04/2009

Rencontre



Dans notre vaste monde, il est des rencontres qui ressemblent à des petits clins d'yeux lancés de là-haut. Il  ne faut  pas omettre de  les considérer comme autant de cadeaux éphémères et hasardeux... En voici un petit exemple, bijou enchâssé sur la monture d'une agréable journée ensoleillée.

Samedi dernier, nous sommes allés accompagner Simone à la découverte du lieu de vacances obligées pour sa chatte vieillissante,   Chimène.
La compagne de mon amie subit les vilenies de sa maladie et devient aveugle.
Évidemment, il existe un traitement pour aider Chimène, sinon à recouvrer la vue, du moins à atténuer cette évolution angoissante.  En constatant le handicap  nouveau dont souffre  sa chatte, Simone était prête à renoncer à notre escapade berlinoise prévue début Mai,    jusqu'à ce que des amis communs lui confient l'adresse d'une chatterie exemplaire. Restait à tenter l'exploration des lieux, pour déterminer si Chimène y trouverait bon accueil et Simone paix de l'âme en la confiant à la propriétaire. L'événement crée aussi l'occasion d'une nouvelle tribulation dans l'arrière pays varois.

Varages est accroché en haut d'un piton, au bord de larges falaises percées de sources qui cascadent joyeusement vers le vallon étroit, en contrebas. Au fond, quelques maisons ouvrières cernées de jardinets ombragés, une bicoque de garde-barrière délabrée, la route traversière croise la voie ferrée abandonnée qui  fuit vers un tunnel sombre, puis  le col rebondit aussitôt en massif montagneux. La route  depuis Saint Maximin monte lentement, mais au débouché  en bas de la bourgade, elle adopte un tracé  abrupt et ce sont deux ou trois lacets fermés qui permettent de monter à l'assaut de la petite cité.

Nous voici parvenus à la périphérie de l'agglomération. Négligeant l'accès au centre, nous bifurquons alors en direction de Rians, avant d'emprunter une petite route secondaire enjambant un pont de pierre étroit. Nous poursuivons sur trois kilomètres, selon les indications que Simone a retenues;  la voie se rétrécit encore, le bitume disparaît,   la terre ravinée par les  récentes pluies a redessiné le relief, creusé de profondes ornières, ménagé des nids d'autruches qui pourraient y vivre en colonies. Force est de reconnaître l'utilité qu'aurait ici un véhicule tout terrain. Un dernier virage démasque le bout du chemin, marqué en son centre par une barrière ajourée, manifestement symbolique puisqu'elle n'est entourée d'aucune clôture. Nous sommes arrivés au bout du monde.

Le bout du monde est habité.
Une femme nous attend devant sa porte virtuelle ouverte sur la nature.
Le visage avenant aux traits fermes, le sourire ouvert et le regard droit, elle se présente avec une simplicité naturelle dès que Simone se fait reconnaître.
Cette femme est habitée d'une passion : elle voue son énergie au bien-être des chats, et entreprend la visite de son royaume, tout en contant  sobrement son parcours. Après une vie professionnelle animée dans le secteur des voyages, elle confie avoir choisi de renoncer  aux bruits et à l'agitation vaine de la société. Elle a  cherché longuement avant de dénicher son terrain étagé qui plonge vers un val perdu, camouflé derrière les chêneraies truffières, où les habitations voisines dressent encore quelques pans de mur pierreux enserrant des ronces impénétrables. À moins d'investir un îlot perdu en plein Pacifique, et encore... Je me demande s'il peut exister en Provence un autre lieu plus secret, plus en marge de la société...
Serait-elle misanthrope, notre interlocutrice ?

Je ne peux m'empêcher de détailler son visage fort et harmonieux, dénué de tous fards... En quoi d'ailleurs sa beauté intérieure en aurait-elle besoin ?
Au cours de la conversation, qu'elle anime sans effort,   peu curieuse manifestement de nous cerner, notre hôtesse dévoile ses motivations et ses ambitions : offrir à ses pensionnaires un lieu d'accueil provisoire chaleureux, sécurisant, bénéfique. Que ses hôtes  félidés récupèrent en ses terres le bienfait que nous autres, les pédibus migrants, recherchons dans les centres thalassos et autres clubs dévolus à notre vacance.

L'aménagement des lieux est explicite sur le site référencé :http://www.chatterie-du-louquier.fr , je me garderais donc de redondance, mais vous engage fortement à le visiter si par hasard votre Félix adoré vous plonge dans des affres similaires à ceux auxquels  Simone vient d'échapper. En effet, les lots réservés aux chats sont tellement sécurisés, soignés, pensés en termes d'accueil... La chatterie a un an et demi d'existence, et son premier été a été bien rempli. Je souhaite à notre pasionaria es chats le succès de son entreprise, car ce n'est manifestement pas l'appât du gain qui sous-tend son entreprise, mais plutôt une philosophie de vie qui me touche.

Après la visite guidée des « chambres d'hôtes », 40m2 par lot,   dont un chalet de 6 m2, aménagé et chauffé en hiver,   arboré et grillagé même en plafond  par sécurité, Gabriella poursuit son exposé en nous invitant à prendre place sur sa terrasse dominant le fond du vallon et son poulailler. Elle  nous explique comment elle a rénové la ruine qui résistait encore sur son terrain  et est devenue une fermette accotée au versant, prolongée par une immense véranda en demi-cercle, véritable QG de l'exploitation, car confie-t-elle avec gourmandise, « dès que je peux m'arrêter pour reprendre ma lecture, tous les animaux de la maison peuvent me voir et savoir que je suis prête à intervenir s'il en est besoin. » 
Gabriella, se reconnaît la maîtresse d'une bonne douzaine de chats,   qui vaquent à leurs occupations librement  et  nous reconnaissent manifestement comme amies, porteuses indiscrètes des odeurs et phéromones de notre petit peuple évidemment. Mais le pendant de sa passion féline est la lecture assidue, jouissance volée au temps, intériorité creusée en son intimité, compensation assumée à l'isolement. À l'écoute de la confidence, je tressaille et mon amie éclate de son joyeux rire en m'adressant un clin d'œil lumineux. Et nous nous découvrons encore un autre point commun : Si les besoins d'un vétérinaire deviennent évidents, Gabriella quitte son domaine perdu et descend jusqu'à Saint Max pour confier son protégé aux soins attentifs de Lydie Pinori, notre vétérinaire, dont je n'ai pas encore eu l'occasion de vous conter les mérites! À mi-chemin, la clinique vétérinaire de Barjols, ou les praticiens de Rians, pourraient faire l'affaire en lui épargnant un kilométrage considérable. Gabriella se reconnaît plus d'affinité et de confiance dans le charisme animalier de Lydie, dont la réputation a dépassé les limites du canton depuis lurette.

GéO a profité de tout ce temps pour lier amitié avec les  deux chiennes du logis, outre les douze chats déjà cités, dont Colette, aux yeux verts jade et robe lustrée de jais. J'ai droit aux courtoisies de Tibby, aux charmes siamois, regard lavande et truffe rose, silhouette élancée, membres déliés, articulations fines ...

Au delà du périmètre immédiat, les canards s'ébattent dans le pré où réside sans nul doute le Bonheur, et les oies montent la garde. Combien d'autres représentants de l'Arche de Noé sont-ils encore éparpillés dans cet Eden?

L'après-midi s'avance, Gabriella demeure intarissable, même en nous raccompagnant à la voiture. Simone est totalement rassurée, Chimène coulera sûrement une semaine de rêve, bichonnée par une bonne fée.

05/04/2009

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Lobu

 


Floriane relève la tête.
Seule dans cette chambre blanche et austère, presque monacale, ses yeux cherchent encore à l’horizon la crête ocre et dorée des Monts de l’Atakara qui ferment au loin la plaine de Lobu. De la fenêtre étroite, le paysage offert confirme son recadrage réussi dans ce monde toujours nouveau, où elle s’est enracinée depuis dix ans.  Petit à petit, la lumière extérieure perd sa dorure et enveloppe de nuances roses et mauves les replis du terrain, tandis que les arbres noircis accueillent les points plus clairs du troupeau des chèvres que Joshua et Yahomé ont appelées et rassemblées comme tous les soirs. Dans quelques minutes à peine, l’obscurité sera complète, les feux s’allumeront, les derniers appels des bergers fermeront cette très longue journée.

Comme d’habitude, il faudra sortir, rejoindre l’équipe du dispensaire pour le dîner pris en commun, rite des petites communautés, tissu social indispensable et parfois pesant, mais si souvent salvateur face à la détresse et l’inépuisable dénuement des moyens. On y rit très souvent, on s’engueule de temps à autre, mais c’est là surtout que, la journée finie, se développent l’attention et le respect inouï que chaque membre de l’équipe ressent pour ses compagnons. Dans la journée, l’urgence et les difficultés multiples  ne leur accordent que peu de pauses et surtout aucun recul sur les décisions à prendre. Aussi chaque soir, en s’obligeant à partager le repas et une partie de la soirée, tous les acteurs du centre de soins  se retrouvent et mesurent  la chaleur de la solidarité qui leur permet de tenir. Quand  le regard de Floriane s’accroche à la crête noire tout au fond, là-haut, ce sentiment plein et rassurant la regonfle et lui insuffle assez de patience et de volonté pour recommencer sa tâche.


Oh oui, Floriane aime cette chambre presque vide...


Et pourtant, malgré la pénombre qui a envahi la pièce, elle devine encore devant elle, sur le bureau, la feuille de papier qu’elle s’est tellement appliquée à couvrir de mots... Mots justes ou mots éteints, immense lassitude d’un discours renouvelé et perdu,  missive à la dérive du temps et de l’éloignement.
La nuque raidie par l’effort d’écriture, Floriane a lâché le stylo. Elle se redresse et s’étire, cherchant à repousser hors d’elle la mélancolie où cette page arrachée à elle-même l’a encore rejetée.
Une fois de plus, une fois de trop, elle a tenté de retendre un pont entre Rachel et elle, de répondre à l’appel lancé de France vers son exil volontaire.

Rachel... Ces deux syllabes montent en elle comme une prière ou comme une arme, selon les moments, toujours douloureusement comme la trace de l’injustice ineffaçable.
Il y a dix, douze ans, elles ont aimé le même homme et Rachel a gagné.

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Jamais encore Floriane ne s’était sentie aussi forte, belle, si accomplie déjà, ce merveilleux soir de mai où elle s’est engagée à lier sa vie à celle d’Alexis, à la terrasse du restaurant, le visage caressé par les yeux amoureux d’Alexis, plus exaltée d’amour qu’enivrée par le vin délicat qu’ils avaient commandé. Aucun doute, aucun soupçon incongru, aucun nuage n’aurait pu voiler l’élan ressenti, la certitude accrochée au langage de leurs corps. Un état céleste, suspendu, un désir divin et durable ou le Tout, passé-présent-avenir, gravitait autour d’eux, pour eux.


Souvenir du regard maternel reconnaissant enfin le Bonheur de cette fille si difficile à cerner...


Et puis un jour, en traversant la rue Royale, le regard de Floriane s’est porté par hasard sur un couple tendrement enlacé sur le trottoir opposé. Est-ce parce que ces visages lui étaient familiers qu’ils ont ainsi attiré son attention parmi les dizaines de passants ? Son corps s’est plombé là, colmaté au macadam de la chaussée,  sourd au crissement strident des freins. La première voiture ne l’a pas heurtée mais la suivante n’a pu éviter la première... Et dans les fracas successifs des tôles froissées et du verre brisé, Rachel et Alexis ont à leur tour découvert Floriane, soudée au sol,  inconsciente du tumulte autour d’elle.


Elle se souvient beaucoup plus vaguement d’explications sans fin, de larmes, du visage boursouflé et vieilli de sa mère, du poids maladroit de la main paternelle sur ses épaules. Et puis enfin l’aéroport,   comme une antichambre mortuaire où le temps pesait sur chacun d’eux, ces acteurs d’un drame intime et clos. L’avion libérateur, univers ouaté où sa Solitude a enfin pu se découvrir et prendre possession d’elle, l’auréolant d’un écran protecteur et durable.


A son arrivée, la chaleur blanche des jours et la moiteur de certaines nuits l’ont encore mieux isolée de sa douleur. Elle s’est laissé rapidement dissoudre dans le mouvement incessant des sœurs aux voiles blancs. Ces religieuses d’origine belge n’ont jamais quitté le Bénin malgré les cahots et les incertitudes qui ont suivi la reconstruction du pays. Avec elles, Floriane s’est lovée corps et cœur dans le poste de gestionnaire du dispensaire installé dans ce village isolé au nord-est d’un état immense, incapable de tout gérer. Le travail lui a immédiatement convenu: il y avait tout à inventer et à refaire chaque jour, chaque minute, rien n’étant permanent, durable ou acquis, si ce n’est la misère, le dénuement, les épidémies récurrentes, les maladies endémiques, et les gens. Les gens d’ici, surtout, ceux qui y sont nés comme ceux qui arrivent, parfois fragiles comme elle l’a été, blessés sans devenir blessant, presque tous très rapidement ligués contre les difficultés. Des difficultés invraisemblables, quand on arrive d’Europe, et auxquelles on finit par accorder une considération familière: approvisionnement, acheminement, remplacement, manque aigu de communication, on pare à tout avec le fabuleux système D et la foi absolue d’appartenir à une équipe, patients et soignants, ou même simple maillon de  la chaîne comme Floriane.
Dans ce fourmillement incertain et mouvant, assise devant cette fenêtre qui n’ouvre plus que sur la nuit, Floriane n’a qu’une certitude : elle a trouvé sa place, c’est ici à Lobu que sa vie a pris un sens, c’est ici qu’elle se sent confiante, enfin.


De l’autre univers, elle a reçu de loin en loin des nouvelles. À ses parents, elle a toujours répondu que tout allait bien et que sa vie répondait  pleinement à ce qu’elle en attendait. À Rachel, elle n’a d’abord pas répondu, même lorsqu’une longue et déchirante lettre lui a appris son divorce. Que dire et que faire ? Le malheur de sa sœur n’allait certes pas apaiser sa déchirure ancienne.


Et puis, malgré tout, les lettres de Rachel se sont succédé au rythme de ses déceptions.
Heureuse, elle n’écrit pas.
Inévitablement déçue, elle ne peut résister au besoin de confier, fort bien d’ailleurs, ses chagrins, ses peines, ses désespoirs à cette partie d’elle-même qui s’est envolée. Un soir enfin, Floriane a admis que Rachel n’avait pas délibérément détruit le bonheur de sa sœur, mais que son tempérament entier l’avait poussée à vivre ce que vivait Floriane. À partir de cette intuition, le fil s’est peu à peu retissé entre les deux sœurs. Cette fois encore, Rachel appelle Floriane pour raccommoder l’ourlet décousu de son cœur insatisfait.
Seulement, aujourd’hui, Floriane est à bout de mots...
Cette page de papier noirci est vide de sens, démunie d’affection, sèche de compassion. Elle le sent si bien que d’un geste définitif, la lettre est froissée et jetée au panier.
Floriane réalise alors qu’elle n’a même pas eu le réflexe d’allumer...

02/04/2009

Cache-cache (1)

Page d'enfance

De minuscules cailloux pénètrent dans ses joues. La poussière rêche irrite ses narines fines, mais Floriane retient de toutes ses forces l’explosion d’un éternuement qui révèlerait sa cachette. Elle a réussi à recroqueviller sous la vieille brouette du jardinier toute la longueur de ses jambes, même ses pieds qu’elle trouve déjà trop grands; ses bras entourent son corps pour le maintenir en forme d’œuf sous cet abri rond.


- Floriane, je t’ai vue, sors de là !  Crie Rachel en s’éloignant déjà. Les jambes potelées de la fillette accélèrent  leur course en passant devant la brouette, abandonnée là à l’heure du déjeuner. Au  passage, les sandales blanches soulèvent encore un peu plus de poussière et Floriane sent sa poitrine brûler, ses yeux piquer…  Sa gorge va lâcher le spasme retenu... Non, ouf, elle a gagné. La voix de Rachel triche encore, dans l’allée d’herbes folles, entre le poirier et le seringa…


- Allez, t’es pas drôle, tu sais bien que je t’ai vue.


Rachel est toujours comme ça: ronde, vive,   gourmande, impatiente, drôle. Des deux sœurs, elle est la plus jeune, mais c’est elle qui retient toujours toutes les attentions. À table, en famille, en classe, partout, Rachel ponctue d’un mot ou d’une mimique toutes les discussions, même celles des adultes; le charme joue toujours: tous s’esclaffent et Rachel jubile, les yeux étoilés de malice, sa bouche ronde déversant sa joie alentour. À côté d’elle, Floriane rit aussi, retenue sans le savoir ni le vouloir, sa tête blonde inclinée vers la brunette, les yeux rivés à ce visage heureux.


Pour le moment, Floriane continue à étouffer sous sa brouette; des fourmillements ont déjà gagné ses mollets après avoir engourdi ses pieds; ses cheveux longs, pourtant retenus par une barrette dans la nuque, lui semblent peser comme un couvercle sur sa peau moite. Maman ne veut pas couper ses longs cheveux d’or qui font, paraît-il, tout son charme. Quand sa mère se prononce ainsi, Floriane n’en revient pas d’apprendre qu’elle a aussi " du charme ", bien qu’elle ne saisisse pas tout le sens de l’expression.  Donc, sous sa brouette, Floriane voudrait  bien ne plus sentir ce charme-là lui chatouiller le cou et les bras, mais elle ne sait pas comment sortir de là-dessous et parvenir à surprendre sa sœur sans que celle-ci s’attribue la victoire. C’est qu’elle est rusée, Rachel, et mauvaise perdante, pour ça oui! Mais là encore, chaque fois qu’elle perd, Rachel se débrouille si bien que les adultes, attendris et hilares, lui accordent les points contestés.


Aujourd’hui, elles sont seules toutes les deux, et Floriane a décidé qu’elle ne céderait pas, "  même si je meurs sous ma brouette " ... Maintenant elle va gagner, et d’ailleurs, elle a déjà gagné: Rachel revient vers l’endroit où elle se tient toujours, tapie sous l’étuve de l'outil. Ses pieds traînent plus lentement sur la terre sèche, bousculent sans volonté les gravillons. Cela suffit pour deviner la moue qui resserre un peu la bouche cerise de Rachel, ses yeux noirs dépités. Soudain, l’enfant s’arrête, tout près du but insoupçonné et la seconde d’après, repart à toute allure dans la direction opposée; dans le champ de vision de Floriane la silhouette de la fillette apparaît en entier, à trente pas, au milieu du jardin de curé. Les mains de Rachel prennent appui sur la margelle du puits, ses pieds quittent le sol et le petit corps, un instant suspendu, bascule derrière les pierres du muret...


Pendant toute cette scène, Floriane  s’est figée, muette d’un hurlement intérieur qui l’étire et la déchire. Sans s’en rendre compte, elle est debout, flageolante, et entreprend à son tour la même course, trente pas  infinis qui se dérobent sous ses genoux liquéfiés.
Enfin la margelle est là, à portée de ses mains moites. À l’instant où elles s’accrochent aux pierres dures et chaudes, cinq  doigts ronds et poussiéreux se posent sur les siens. Ce contact de chair brise brutalement la tension de Floriane. Sans un mot, elle attrape l’autre poignet et aide sa sœur à escalader le rempart pierreux. Puis toutes les deux, tremblantes et molles comme des tomates trop mûres se laissent glisser au sol, le dos calé contre le puits fatal.


- Hé ben, dis donc, … heureusement qu’elle est là, la grille !
- Tu t’es fait mal ? Montre un peu.
L’évaluation est vite faite : une belle éraflure au coude gauche, une autre sur la joue, entre l’œil et l’oreille, les mains striées comme le dessus d’un toast et, le plus grave, un énorme accroc sur la jupe rouge à volants, celle qui seyait si peu à Floriane et que Rachel porte comme une grâce.                                                                             - Mais aussi, c’est de ta faute, t’avais qu’à répondre !
-  … Et voilà, c’est encore moi!
Cette fois la remarque reste à l’intérieur parce qu’en même temps, Floriane se sent vraiment coupable, sans savoir au juste de quoi. Est-ce d’avoir voulu gagner au moins une fois, ou de n’avoir pas deviné que sa petite sœur irait au puits qui leur est pourtant bien défendu, malgré la grille salvatrice qui obture le vide, moins d’un mètre au-dessous du rebord...
De gros sanglots gonflent enfin les deux poitrines, les gorges nouées font très mal jusqu’à ce que, d’un bloc, leurs souffles se mêlent  enfin au milieu de grosses larmes qui lavent les joues rondes et veloutées de la poussière blanche qui les recouvre.

27/03/2009

mots pour mots

Prolongement du sujet  abordé hier, j'ai trouvé ce matin dans le blablablog de Katherine Pancol deux très jolies phrases, qu'elle attribue d'ailleurs à des correspondantes inspirées.

Je ne crois pas malhonnête de les relever pour les transmettre à mon tour, tant ces phrases sonnent juste et  généreuses.

Dans ce monde âpre et desséché par l'égocentrisme et l'égoïsme, il est bon de se fourbir des armes contre l' amertume et les frustrations, j'espère que ces citations trouveront en vous le même écho qui m'a touchée,  des mots qui abolissent les distances et tissent tant de liens. 

"Les mots sont comme les gens. Leur manière de venir à nous en dit long sur leurs intentions." 

Et encore:

"Une bibliothèque est une chambre d'amis." 

Et comme mon auteure de référence  transmet également de bons conseils à ses correspondants avides d'échanges et d'encouragements, elle enrichit le message de cette autre citation:

« Essayez. Ratez. Peu importe. Essayez encore. Ratez encore. Ratez mieux." Conseil de Samuel Beckett à un écrivain débutant. 

Ratez mieux… 
Mais essayez toujours… 
Car le bonheur de faire est au bout. 

Propos tirés du billet du 26/03/09  dans  http://www.katherine-pancol.com/

Bonne journée à vous,  lecteurs et lectrices  inconnus et discrets.