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26/03/2011

Points de vue…

On  sait combien les témoignages sont subjectifs…
Naguère, je vous contais les retrouvailles amusées de GéO et de sa première Dulcinée (première d’une longue liste, si l’on prête l’oreille aux légendes…), récit que j’avais intitulé Amours d’antan. Un petit clic sur ce titre joliment bleuté, et hop, mon point de vue de témoin particulier de l’événement réapparaît…

Depuis GéO s’est hasardé lui aussi sur les voies des concours webistiques.  À l’occasion de la Saint Valentin, le site  http://disnous.fr/ avait organisé un concours de nouvelles sur le thème des premières amours. GéO s’est amusé à rédiger SA version de cet épisode piquant  et l’a adressé au site en toute discrétion. Or voilà que le jury a été sensible au charme de l’anecdote et notre GéO est récompensé, oui, oui, par une troisième place !!! Le plus beau de l’affaire est que nous attendons pour lors une récompense qui promet d’être concrétisé par un coffret de champagne au nom d’une certaine veuve bien connue des amateurs… 

Ce succès de GéO nous réjouit et m’offre l’occasion d’une petite réflexion sur la subtilité des témoignages… Nous  vivons chaque événement selon nos critères : caractères, sensibilités diverses, disponibilité et réceptivité, mais la manière de relater les faits dépend aussi de facteurs qui créent une différence subtile. Aussi m’a-t-il paru amusant d’ouvrir une rubrique  à l’encre de…  GéO , et de publier, avec son accord, son texte. Certaines d’entre vous, fidèles souris critiques,  profiteront  demain des gouttes de pluie promises pour jouer à comparer les deux versions.  Et d’aucuns en profiteront pour souligner combien je m’égare parfois dans la menée de nos aventures … Mais moi, je ne gagne pas de champagne… Tout au plus ai-je droit à votre fidélité  distinguée et votre considération assidue, et à mes yeux, ça n’a pas de prix !!!


À l’encre de …  GéO
Premières amours



Août 1958, enfin les congés. Depuis une année que je travaille, les vacances scolaires ne sont plus que souvenirs. Je pars camper avec ma moto en Normandie où trois amis me rejoindront. Mais surtout, je suis heureux, je vais revoir Gilberte dont je suis tombé amoureux, il y a un an. Depuis nous avons commencé un échange épistolaire qui va devenir quotidien. Comme la distance et le temps abolissent progressivement toute retenue, nos écrits sont devenus parfois chauds et osés. Aussi, lorsque nous nous retrouvons face à face, nous avons l’étrange impression d’être en présence d’un être étranger, figé, totalement différent de celui avec qui nous avons correspondu si librement. Elle travaille cet été à l’épicerie du village et semble vouloir maintenir une certaine distance entre nous. Ce n’est pas ainsi que j’avais imaginé nos retrouvailles. Pourtant, c’est réel, nos relations se distendent. Cela me perturbe, mais j’espère que les vacances finies, nous reprendrons notre correspondance et que tout rentrera dans l’ordre.
   Hormis cela, le mois passe comme un rêve. Nous sommes souvent rejoints par des amis du cru. Les journées comme les soirées sont animées.
   Puis nous reprenons Gilberte et moi, nos écrits mais je sens bien que le cœur n’y est plus. Je profite d’un pont, en Novembre, pour faire un voyage express afin de la voir. Bien que prévenue, elle refuse de sortir de l’Hôtel où elle travaille. Il fait nuit. Face à la mer qui bat dans le port, devant la bâtisse éclairée, dans le froid et le vent qui me transperce, je la regarde une dernière fois, l’apercevant derrière une fenêtre du premier étage. La rengaine de Colette Renard “Tais toi, Marseille” me trotte dans la tête et ajoute à mon désespoir. Dans la pénombre elle m’observe sans un signe. Le cœur lourd, je me résous enfin à partir. Dès le lendemain, désespéré, je rentre à Paris. Nous ne nous reverrons jamais. 
Ce fût mon premier chagrin d’amour.

Juin 2009. Avec mon épouse, nous envisageons un “pèlerinage” sur les lieux de notre jeunesse. Elle veut revoir les pêcheries de sa jeunesse et moi, ma Normandie. Nous trouvons sans difficulté  une chambre d’hôtes dans une petite commune que j’ai bien connu. Notre logeuse, Michèle Vincent, est pour moi une parfaite inconnue. Pas un instant, je ne me doute que Gilberte se dissimule sous ce nom. Elle a changé de patronyme par son mariage, et de prénom pour reprendre celui de son mari décédé.  Imaginez ma surprise lorsque, après m’avoir demandé si je connaissais le village, elle se fait reconnaître en m’avouant qui elle est ! Elle de son côté était persuadée de mon identité, n’ayant personnellement changé ni de nom, ni de prénom.
Et ce sont les retrouvailles... cinquante-deux ans ont passés...
Voilà, l'histoire est ré-écrite et la suite a été super sympa, l’accueil si naturel de sa part et de celle de son compagnon Dominique, la soirée passée tous les quatre ensemble dans leur jardin et tous ces souvenirs. Une étape qui restera gravée dans notre mémoire comme une plongée dans notre jeunesse.


23/03/2011

Modestes Violettes

Nature, écriture, fleurs sauvages, respect de la natureViolettes si modestes  que l’œil du promeneur s'oblige à détecter parmi l’amas de feuilles  mortes dans la colline…
 
Je me souviens à peine de ces poèmes destinés à nos mémoires enfantines, les « leçons de morale »  qui débutaient chaque journée scolaire dans les années 1950… La République d’alors avait à cœur de transmettre à ses enfants le sens des Vertus au même diapason que le Catéchisme du jeudi, parmi lesquelles la modestie s’imageait par la discrète apparition de ces tapis mauves…
Mais si l’œil se prend à observer la délicatesse de leur composition,  il apparaît  que le Créateur n’a pas  négligé de les doter d’attraits raffinés et complexes: composition des pétales, couleur, odeur, saveur, rien ne lui manque…

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Sous l’Azur retrouvé, la balade du jour nous permet d’adresser à  nos lointains amis Pierre et  Mireille un petit clin d’œil en forme d’orchis sauvage avec cet exemplaire d’ himantoglossum robertianum* que le maquis de notre colline conserve jalousement d’année en année

 

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 Celles-ci émergent fièrement du tapis roux, et leurs hampes se hissent à hauteur de regard, histoire de bien claironner l’installation du Printemps. ouf !


Quel que soit l’emblème choisi, les couleurs pavoisées, j’aime la traque aux cadeaux sauvages que Dame Nature concocte inlassablement… Pourvu que l’Humain se souvienne des leçons anciennes et retrouve assez de sagesse et de modestie  pour lui témoigner respect et sauvegarde !

Nature, écriture, fleurs sauvages, respect de la nature

 

* N’allez surtout pas me croire si savante, si je me permets de lui donner son nom  c’est que j’ai autrefois pris copie des leçons de l’ami Pierre…

16/03/2011

Radio- Babil Temps Mort!

  Waoh!!!  Depuis le week-end dernier, , je sens bien que sous l'afflux des nouvelles apocalyptiques, où le sordide le dispute à l'Angoisse et à la sidération, nous sommes plombés par  les vidéos du Désastre polymorphe  qui tournent en boucle sur tous les écrans. Après un bref premier moment de fierté pour la résistance des bâtiments et le   légendaire stoïcisme des Japonais, le développement de la catastrophe, les images cauchemardesques des vagues balayant le littoral  nous laissent un goût de défaite. Compassion, désir d'apporter du soulagement, impuissance terrible face à l'ampleur des mauvaises nouvelles qui tombent aussi dru que la pluie sous notre ciel provençal. Une envie soudaine de crier s'empare de nos gorges:

- Temps mort!

Je n'ai aucun pouvoir sur Mère Nature, aucun recours contre le spectre de la Radioactivité s'acharnant sur une terre qui l'a déjà bien subie en d'autres temps, aucune stratégie de  soins pour soulager  ces victimes de plus… Alors je vous propose une nouvelle petite halte sur ce monde mystérieux et tellement éphémère…

Prenez donc encore une petite dose de Radio Babil, émise par un orateur débordant de fougue.  Six mois déjà, et son discours s'organise en onomatopées, encore un rien confuses parfois… Mais en prêtant l'oreille, vous y entendrez peut-être la ligne directrice d'un discours pas si fou… Pas  plus menteur en tous cas que ceux qu'on nous délivre si largement de ci de là…



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La  tribune est modeste,  je vous l'accorde, mais en dépit de son aspect un tantinet domestique,  notre  Tribun n'épargne aucun effort pour transmettre sa Joie de vivre… Ça fait du bien, ça apaise, ça vous revigore le moral. Laissez-vous faire, pas de crainte de surdosage ni d'irradiation… Et je vous en souhaite même la contagion, c'est dire!

 

Et pour faire bonne mesure, je vous livre en prime une touche de tendresse.

Ça ne se refuse pas, n'est-ce-pas?

 

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10/03/2011

Mimosa

 

Mimosa, les Maures, nature, provence

Mimosa, les Maures, nature, provence

 

 

Il en reste encore!

Les Maures se parent  d'or malgré l'annonce de plus en plus pressante du printemps.

Des collines entières s'exposent ainsi au soleil de Mars… On en redemande…

Seulement, les admirateurs naïfs doivent se méfier.

Ayant cueilli une pleine brassée des  perles odorantes, je l'ai payé de larmes brûlantes , nez suintant, maux de tête et migraine ophtalmique…

Terrible vengeance du mimosa volé aux pentes des Maures!

L'année prochaine, je saurai, croix de bois, croix de fer, si je mens… Je retrouverai les tourments de l'allergie…

 

06/03/2011

Oscars, Césars, Ciné-fête-arts

- C’est maintenant que tu te réveilles ? La grande distribution des étoiles, c’était la semaine dernière …  Ce qui est fait a été bien fait, aujourd’hui, il faut passer à autre chose

- L’esprit d’escaliers, vous répondrai-je…
Inévitable me concernant… La première fois que j’ai lu cette expression, vers mes 15 ans, je crois, noyée dans  les Confessions de l’ami Jean-Jacques si je ne me trompe, j’avais été frappée par la justesse de l’image : c’est toujours après coup que vient la bonne réplique, le juste argument…Et concernant le Net, à l’aune  des médias contemporains, la réactivité est impérieuse : rapidité, efficacité… Inanité. Plus l’information brille, plus elle est éphémère. Alors pour le sujet du jour…

D’abord, la semaine dernière, nous avions d’autres chats personnels à fêter.
Et puis, si les récompenses distribuées l’ont justement été, si elles sont vraiment méritées, pourraient-elles s’évanouir de nos mémoires en une semaine à peine ?
Certes non, d’autant que pour une fois, nous avions vu les films gagnants et les choix  des professionnels nous réjouissent, tant il est vrai que la programmation de ce début d’année recèle d’oeuvres ordinaires, banales, bancales.
Je ne reviens pas ici sur les Césars, concernant des films plus anciens, qui ne sont plus à l’affiche. 
 En revanche, sur la dizaine de films que nous avons vus en janvier –février, incontestablement,   le discours d’un roi a retenu mon attention et mon admiration. Ce n’est pourtant pas un film très facile, mais il est intelligemment construit,   et recèle des valeurs auxquelles on ne s’attarde plus guère dans la majorité des productions grand public. Black Swan pour sa part paraît plus brillant et fascinant, mais l’interprétation de Natalie Portman nous emporte dans un vertige halluciné qui ébranle fortement nos imaginations.

Alors, si d’aventure, vous avez loupé la séance, sans négliger le petit avant-goût des bandes-annonces disponibles où vous savez, je vous ai préparé un encas à ma façon, histoire de définir quelques bonnes  raisons de fréquenter les salles obscures.

 

        Black swan

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La fêlure du visage de l’actrice ne cache aucune  ambiguïté. Le film pourrait être sous-titré: choisir de perdre l’innocence ou la vie.  L’écrin du  synopsis est le ballet, écrin magnifiant et amplificateur de la Beauté, du dépassement de soi, et son revers, le monde de la scène fourmillant de rivalités sordides, de désillusions cruelles,   la férocité de l’âge, la tolérance zéro en réponse à tout pas de travers.  La danse classique, rêve de toutes les petites filles et cauchemar de nombre d’entre elles quand elles ne comptent pas dans le cercle restreint des élues.  Avec cynisme, Darren Aronofsky construit pour son héroïne Nina (Natalie Portman) un univers feutré, entre les cours du  New York City ballet et l’appartement que Nina partage avec sa mère (incroyable Barbara Hershey). Celle-ci projette sur sa fille ses ambitions déçues, et naturellement nous devinons rapidement que Nina n’a pas eu de choix. La jeune femme doit à tout prix obtenir enfin un premier rôle, avant que l’âge ne la condamne irrémédiablement à l’anonymat du corps de ballet.

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Quand le chorégraphe Thomas Leroy ( Vincent Cassel) décide à la fois d’évincer Beth Mac Intyre ( Winona Ryder),  la danseuse étoile tellement admirée mais vieillissante, et de monter Sa version du lac des cygnes, la troupe frémit et bruisse. Toutes les postulantes se jaugent et s’évaluent. La rivalité se lit sur les visages juvéniles, la jalousie se devine aux regards croisés dans les interminables couloirs de l’institut. Nina est toujours seule, oppressée par la nécessité d’être la meilleure, elle n’a pas d’amies. Par une pirouette du destin, voilà que le Maître Thomas, après bien des hésitations, lui confie le double rôle de la princesse ensorcelée en cygne. La gageure est redoutable ; si le chorégraphe ne nourrit aucun doute sur le talent de Nina à incarner le cygne blanc, il craint qu’elle ne parvienne à exprimer la sensualité perverse de son double noir. Dès lors Nina  doit louvoyer sur un terrain miné de toutes parts: dépourvue de confiance en elle, oppressée par l’exigence maternelle, la perversité ambiguë de Thomas, elle vit mal la perfidie de Lily (Mila Kunis). Mais la meilleure ennemie de Nina, c’est elle-même. Nous suivons alors de miroirs en vitres réfléchissantes le cheminement  de la ballerine vers l’accomplissement de son rôle.

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Darren Aronofsky possède un talent fou pour disséquer et exposer les troubles de l’âme. L’année précédente, il nous montrait le sulfureux  Mickey Rourke en lutte pour sa réhabilitation dans the Wrestler. Cette fois, il utilise la terrible discipline de l’art de la danse  pour décortiquer minutieusement la lente aspiration de la jeune femme par son rôle. Il émane une telle tension des scènes que le spectateur perd, aux côtés de Nina,   le fil de la réalité. Des images aux effets redoutables, obscurité, grisé, éclairage glaçant, miroirs à l’infini où les reflets deviennent autonomes, blessures aux mains, aux pieds, transformations physiques, hallucinations envoûtantes, le spectateur halète avec elle, tremble pour elle, espère qu’elle parvienne à reprendre pied…
Le ballet final nous étourdit. L’émergence du Cygne noir, royal par l’expression de sa souveraineté sensuelle suffira-t-il à vaincre les démons de Nina ?
À vous d’aller vous perdre dans les dédales du sortilège, mais à coup sûrs ce film appartient à la catégorie des films à voir et à revoir, ne serait-ce que pour la fabuleuse métamorphose de  Natalie Portman.

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04/03/2011

Ânodineries

Parce que , ce matin, l'air pétillait légèrement

Comme pour annoncer l'ébullition du printemps

J'ai chaussé mes pouces verts et sans décompte,

Rempoté les plantes à l'étroit dans leur pot d'origine.…

Évidemment, pour tout un chacun, l'activité est anodine

Et ne mérite pas une publication en grandes pompes!

Mais quand vous aurez pris le temps de contempler mes beautés,

Quand vos mirettes se seront chaviré sur leurs robes de fées,

Quand la délicatesse des pétales épanouis aura ciselé votre regard,

Alors,  vos neurones fatigués par l'agitation de la semaine écoulée

Marqueront la pause:  vendredi soir, il n'est pas trop tard,

Profitez de mes Damoiselles qui pour nous  se sont troussées.

 

 

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mauve.jpg

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21/02/2011

Lucas Cranach l'Ancien et son temps…

 

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Portrait de Jeune Femme

1530, huile sur bois

 

Le hasard fait parfois si bien les choses… Ma petite escapade chez Audrey début février a coïncidé avec la réouverture du musée du Luxembourg, offrant aux Parisiens une exposition remarquable consacrée à Lucas Cranach l'Ancien et son temps.

Les souris-lectrices qui me connaissent savent que je nourris une ferveur toute particulière pour la peinture de ceux que l’on appelle encore souvent les Primitifs flamands  : du XVème au XVIème siècles ce sont les   peintres-chantres d’une époque mouvante et mystérieuse,   charnière entre deux mondes, équilibristes raffinés évoluant entre les certitudes strictement codifiées du Moyen-Âge et l’éclosion de la pensée moderne.  Nourris d’échanges intenses, ces humanistes ne connaissaient pas alors les revendications individualistes et fonctionnaient en école, en ateliers, par la pratique d’un compagnonnage parfois itinérant.  Mais chez tous( Rogier Van der Weyden, Jan Van Eyck, Hans Memling…), nous pouvons admirer une finesse graphique, la délicatesse des traits,   la densité des couleurs, le traitement des matières et des fonds.  Chez les peintres du Nord de l’Europe, les fonds  sont  d’abord unicolores et sombres comme un écrin dont le velouté rehausse la pâleur du teint de la jeune femme ci-dessus. Progressivement, et Cranach( malgré son appartenance plus marquée à l'école germanique) en constitue un exemple magnifique,   ces artistes s’imprègnent des techniques différentes : les artistes septentrionaux confient les secrets de leurs pigments aux artistes italiens qui leur exposent en retour la richesse des perspectives paysagères conférant une profondeur thématique aux scènes évoquées.  Ce partage des techniques autant que des aspirations idéologiques concourent à  magnifier les sujets et créer des œuvres vives et touchantes.

C’est donc avec un plaisir infini que nous nous sommes offert la visite de cette exposition exceptionnelle, en compagnie du plus jeune visiteur de la journée en la personne de Mathis.  Lequel a été si sage, passant  des bras de l’une à l’autre,    puisque le musée n’accepte pas les poussettes dans les salles.  Mathis n’a guère dérangé les autres visiteurs, amusant au passage quelques visiteuses de ses gazouillis discrets. Il a biberonné devant le remarquable martyre de sainte Catherine,   emplissant ses yeux des contrastes lumineux opposant la sérénité sobre de la Sainte en posture retenue et atours austères, à la brutalité rutilante  des personnages au second plan, soldats et spectateurs venus assister au massacre païen,   et la détermination du bourreau, arrêté dans son élan vengeur par les manifestations divines irradiant d’un ciel tourmenté, jets de feu d’une étrange modernité.

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(huile sur bois, 1508-1509 )

 

 


 Datée de 1508, cette représentation me paraît  annonciatrice d’une tendance aux représentations de scènes  mythologiques plus propres aux peintres du siècle suivant, comme Nicolas Poussin.

 Lucas Cranach dit l’Ancien (1472-1553) appartient à une époque bouillonnante à de nombreux égards.  Homme universel, il est un ami proche  de Martin Luther, mais  honore cependant de nombreuses commandes de l'Épiscopat Catholique. Peintre officiel des Princes de Wittenberg en Saxe, il s’est formé chez Albrecht Dürer vers 1504-1505. L’exposition est conçue pour permettre une approche comparée des œuvres, et saisir les liens qui se tissent alors entre ces artistes novateurs.  De nombreuses gravures illustrent ce propos. La rénovation des salles, en particulier la pénombre ambiante et les éclairages individuels des tableaux, permettent une contemplation intimiste des œuvres.

Si l’aperçu que je vous livre ici vous en donne l’envie, surtout ne luttez pas. Ces œuvres ne séjourneront au musée que jusqu’au 23 Mai…
Peut-être avez-vous été sensibles aux articles des magazines qui se sont fait l’écho de cette manifestation ?  En ce qui me concerne, je suis frappée par la part qui est réservée à ses nus, par ailleurs magnifiques, il est vrai :

 

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(Nymphe à la source, huile sur bois de tilleul, 1537)


La nymphe à la source en est une illustration sensuelle : sur quatre plans différents, la nymphe  gît, abandonnée à la volupté de son repos sur un fond traité  à la manière mille fleurs, clin d’œil aux représentations des tapisseries du Moyen-Âge (notez les deux oiseaux picorants en bas à droite au tout premier plan), puis la grotte opposant à la douceur charnelle du corps étendu, un contraste minéral et énigmatique par l’obscurité mystérieuse dont sourd le menu filet d’eau. Enfin, le quatrième et dernier plan  propulse nos regards vers une cité lointaine, ouverture  du tableau à une appartenance sociale de son allégorie. Quelle richesse !  

 

 

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Cette représentation d’Adam et Ève n’est pas, pour ma part, la plus belle : Il semblerait que ce sujet ait été maintes fois traité par Cranach et ses disciples. J’en retiens surtout le diptyque exposé le premier  dans la salle consacrée à ce thème. Là encore vous reconnaîtrez la symbolique  animalière de part et d’autre des personnages, la morphologie longiligne des corps, la lumière très particulière de l’arrière-plan, éclairage plus vif derrière les arbres, sous un  ciel  s’ obscurcissant au-dessus du serpent à l’œuvre …

Ne ratez surtout pas les différentes représentations du suicide de Lucrèce. L’intensité dramatique trouve son apogée dans la version de Lucas Cranach fils, avec une héroïne au visage torturé, davantage habitée par son désespoir que dans les multiples versions attribuées à son père.

 

***

 

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Enfin, je ne peux me retenir de vous offrir ce superbe visage de Vierge en prière, dont la douceur et la pureté m’ont  frappée. Il nous vient de Quentin Metsys, et se rattache à un diptyque daté de 1505. Ce visage à l’ovale charnu confère une grâce intemporelle  à cette représentation de la virginité, sans cacher l’intensité du recueillement dans la douceur du regard. Le rose opalescent des joues incarne pleinement la jeune femme ; comme chez Cranach sur la nymphe ci-dessus,   le traitement de la coiffe et du voile  transparent ajoute une aura de légèreté soyeuse qui renforce la sensualité de la représentation.

Dernier cadeau, mais non des moindres, et sans commentaire, je vous laisse sur cette allégorie de la justice, l’œuvre la plus fameuse sans doute produite par Lucas Cranach l’Ancien. Elle date de 1537 et comme la plupart des œuvres exposées a été peinte  sur un support de bois.

 

 

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19/02/2011

Nihao

Dans ma bulle, aujourd’hui, il est  dix-neuf  heures** à Wuhan
- Où ça ?
- À Wuhan, chef lieu de la province de Hubei, Chine, juste là

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C’est  bien là que sont partis nos tourtereaux depuis dix jours maintenant. Aurélien visite la famille de Jing.
Beau voyage aux antipodes (presque) de notre façon de vivre. Et comme la technologie nous y autorise, de temps à autre, il partage par mail ses impressions. Je m’autorise à vous en livrer quelques-unes, en attendant les photos et les clips que nous ne verrons pas avant leur retour.

Nihao* nous dit Aurel, en parfait Mandarin dans le texte, bien sûr…
En quelques lignes, notre voyageur dresse un tableau rapide de la ville, de son extension tentaculaire, et des excursions dominicales…
« La ville de Wu Han est extrêmement grande. Les rues sont des 4 voies comme nos autoroutes, et la ville s'étend à l'infini: Hier, après deux heures de route, j'ai demandé où on était:
- "À Wu Han"!
Et pourtant ça roulait bien. Contrairement à ce que j'imaginais, le trafic n'est pas très dense, mais il n'y a aucune règle sur la route, et malheureusement la plupart des voitures sont dépourvues de ceintures de sécurité. Assez flippant, car ils pilotent  vraiment n'importe comment. Ceci  dit, les conducteurs roulent plutôt lentement, ce qui leur permet d'éviter les accidents, qui seraient inévitables autrement. Je filmerai la prochaine fois que je serai en voiture, c'est un spectacle à voir au moins une fois dans sa vie... »

 Nous sommes passés aux choses sérieuses en escaladant le mont Mulan, en fait un pèlerinage bouddhiste où l'on va de temple en temple afin de faire des voeux auprès de différentes divinités, dont certaines sont spécialisées (pour les études, pour l'argent, l'amour etc.) tandis que les autres sont généralistes. Plutot Marrant. Cela dit, aller quémander la bienveillance de Mulan se mérite, car c'est tout en haut de la montagne.
 
Ce matin, la boîte mail nous délivre un nouveau reportage de son carnet  de voyage.
 Cette fois, Aurélien s’amuse des activités de bienvenue dans sa belle-famille, où tout le monde se montre accueillant. Je vous offre un résumé  succinct, après avoir pris soin d’accentuer le texte écrit de là-bas sur un clavier qwerty, ce qui est déjà plus confortable que le clavier à caractères locaux !
"Comme prévu nous voyons beaucoup de monde, heureusement tous se montrent très gentils. J'ai appris un peu à jouer au Mah-Jong. J'ai même gagné plusieurs parties (avec un peu d'aide...) Nous avons aussi fêté le nouvel an. Ici, pas de feu d'artifice officiel de la part des autorités, ce sont les gens qui achètent les leurs et les allument devant chez eux. Une ambiance unique...
 
Je n'ai toujours pas croisé un autre occidental en près de dix jours! C'est une des grosses différences avec l'occident: Chez nous on croise toutes les ethnies dans nos rues, mais ici tout le monde est chinois (sauf moi). Ça me fait drôle d'être dévisagé dans la rue tout le temps, mais je m'habitue. "
 
Imaginez-vous que je voyage moi aussi à la suite de mon messager intercontinental … J’enfourche témérairement ma souris telle une amazone high tech, et d’un preste clic, cap au Levant,  me voici survolant nos contrées  européennes, puis le Moyen Orient, enfin les vastes  étendues asiatiques,  avant d’effectuer un atterrissage impeccable sur les rives du  Chang Jiang,  l'immense fleuve boueux dont les  méandres sont visibles ci-dessus sur le troisième cliché extrait de Google earth  ...  

L’agglomération est en effet reconnue comme la douzième plus grande ville de la Chine, dédiée aux activités industrielles et universitaires. Si Aurélien n’a pas l’occasion d’y croiser des Européens, c’est sans doute qu’il est totalement immergé  dans  la bulle de la famille de Jing.
Leur séjour durera jusqu’à la fin du mois, j’aurai donc encore quelques informations piquantes à vous transmettre…

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Tandis que ma bulle affective se gondole et migre aussi vers Sèvres, que j’ai quitté  il y a maintenant une bonne semaine.  Je m’y étais octroyée un petit séjour en célibataire, histoire de profiter des derniers jours du congé maternité de ma Douce et d’aller emplir mon cœur des mines de Mathis. De ces moments chaleureux volés à mon quotidien maximinois, je vous raconterai volontiers mes souvenirs mirobolants de l’exposition Cranach célébrant la réouverture du musée du Luxembourg…et l’anecdote du club des grands-mères, ayant partagé un bout de wagon avec certains  écoliers parisiens en route pour les vacances chez Papy-Mamy, en l’occurrence Papé et Poupette, s’ils se reconnaissent…

En attendant, Mathis jouit de sa dernière conquête, la chaise haute puisqu’il s’adonne maintenant au goûter compote de fruits… Quelle étape ! Il ne lui a pas fallu longtemps pour se familiariser avec la cuillère et le goût un peu étrange de la pomme cuite vapeur et sans sucre… encore un petit convive envers qui il ne faudra pas se contenter de belles paroles pour le tenir à table ! 

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* Nihao= bonjour en Mandarin, langue courante dans cette Province.
**décalage horaire  par rapport à la France: + 8 heures.