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21/01/2008

Où les Chaudoudoux réapparaissent

J’ai reçu ce soir un courriel courtois mais ferme me demandant d’apporter d’importantes précisions sur un ouvrage cité en ce début d’année. Je m’empresse de donner suite à la demande de François PAUL-CAVALLIER, dont le travail de traduction et d’adaptation nous permet d’user de l’ouvrage de Claude Steiner.
Donc, pour rester clair et informatif, LE CONTE CHAUD ET DOUX DES CHAUDOUDOUX, de CLAUDE STEINER, a été publié en France ( et en Belgique ?) par INTERÉDITIONS, traduit et adapté par FRANçOIS PAUL-CAVALLIER et illustré par PEF.
Toutes mes excuses pour les références inexactes et incomplètes qui accompagnaient ma citation de ce livre qui mérite d’être plus largement connu, diffusé et … pratiqué.


François Paul-cavallier, formateur en psychologie, est également auteur de plusieurs ouvrages dont il m'a adressé les références. Pour tous ceux qui se sentent concernés , je pense à mes collègues de Brie, mais aussi à toutes celles (et ceux) que j'ai croisés à Paris ou en Seine et Marne, et que je sais plus qu'attentives à puiser encore et encore de nouvelles ressources. Voici donc le site de référence
http://www.artofpeace.uwcnetwork.org/

Ainsi que la liste des ouvrages cités à l'appui.
- “J’allège ma vie” aux éditions PLON.
- “Visualisation des images pour agir” chez InterEditions.
- “Les jeux de coopération pour les formateurs” aux éditions d’Organisation (Groupe Eyrolles).
- “ Eduquer gagnant” éditions Eyrolles.

Je reçois d'autre part un second mail extrêmement intéressant de ce même auteur qui a la gentillesse de préciser la nature de ses activités actuelles et leur contexte. Avant donc de me lancer plus avant dans la lecture , je vous recommande de vous connecter sur le site et je pense que nous en reparlerons ici . Le chapitre n'est pas clos …

16/01/2008

Éric Emmanuel Schmitt

J’ai achevé hier soir l'ÉVANGILE SELON PILATE, d’Éric Emmanuel Schmitt.

C’est une gourmandise que j’essaie de savourer encore un petit peu, laissant s’évanouir lentement le plaisir de cette lecture.
J’ai abordé pour la première fois les rivages de cet auteur à travers deux petits bijoux apportés par ma fille. Comme nous ne nous voyons pas très fréquemment, éloignement géographique oblige, nos échanges de musique et de lecture prennent toujours une valeur particulière, nous nous réservons l’une pour l’autre nos morceaux de choix. J’ai découvert ainsi Corinne Bailey Rae, il y a plus de deux ans grâce à elle, elle a repiqué mon téléchargement d’Ayo, mais elle est aussi venue chercher de vieux standards comme mes enregistrements historiques de Billy Holiday ou de Samson François. Bref, nos échanges culturels sont aussi des découvertes affectives, ou l’inverse, et ce n’est pas anodin car l’amitié, l’affection, ou même l’estime que l’on porte à celui ou celle qui ouvre devant nous une porte nouvelle conditionne en partie notre adhésion.

En partie seulement, reste ensuite ce face à face, en huis clos, que nous développons, ou non, avec l’artiste, écrivain, poète, musicien…
Un huis clos en effet, une intimité réelle quand il s’agit d’un auteur que les lectures d’ouvrages différents régalent également. Des préférences naissent effectivement, et elles varient parfois dans le temps ou la discussion qui s’instaure. En l’occurrence, cet effet se confirme pour moi avec les différents ouvrages de EE Schmitt, sans que j’éprouve pour autant l’envie de sacraliser son art… Non, justement, ce qui me plaît dans ses oeuvres, c’est cette facilité apparente du verbe, ces phrases simples, qui coulent sans accroc, ces mots familiers et justes. Il n’y a pas d’apparat, et pourtant la prose rutile dans des descriptions percutantes. Je reviens un instant sur la description de Jérusalem qui ouvre la première lettre de Pilate dans l’ouvrage cité. Ce tableau fondé sur le ressenti de l’odorat associé à l’ouïe, construit d’entrée de jeu l’inadéquation du narrateur au lieu de l’intrigue, lieu qui devient alors un personnage « antipathique »…et conditionne le point de vue adopté pour dérouler l’intrigue.( cf L'ÉVANGILE SELON PILATE , note sources vives)

J’ai abordé mon premier Schmitt en ouvrant OSCAR ET LA DAME ROSE, il y a deux ans. Enthousiasmée ! Malgré la dureté du thème, l' accompagnement à la mort d’enfants malades, le livre ne conduit pas à une profonde dépression empathique. L’ouvrage semble bref, et c’est tant mieux car il fonctionne évidemment à l’émotion, mais sans voyeurisme. E E Schmitt excelle dans l’art de la suggestion par la légèreté de sa plume, les phrases courtes, la délicatesse du vocabulaire, l’angle adopté pour développer son intrigue. L’intrigue justement qui n’est rien d’autre que… Le fil des jours qu’Oscar apprend à savourer d’autant mieux qu’ils lui sont comptés. Dire que je n’avais pas la gorge serrée serait mentir, mais l’émotion suscitée est génératrice de réaction, elle pousse à la générosité, ce qui n’est pas le cas de toutes les larmes qui nous échappent parfois…

Quand un livre m’emballe, je ménage toujours un intermède avant d’aborder son frère… J’ai donc attendu la fin de ma lecture suivante pour ouvrir enfin MONSIEUR IBRAHIM ET LES FLEURS DU CORAN, qui me hélait du haut de la pile sur le coin du chevet. Enfin, je m’emparai du bouquin, une édition physiquement réussie, sobriété du cartonnage beige à peine rosé, au mince double filet rouge… La classe sans le poids du luxe !!!
Je ne fus pas déçue, l’intrigue s’y déroulait plus légère, presque insouciante jusqu’au dénouement poignant, servie toujours par un poétique recours aux images colorées, pleines, gourmandes, sensuelles en un mot.

Ces deux ouvrages furent mes hors-d’œuvre, mais on l’a compris, plutôt menu gastronomique que cantine.
Au printemps dernier, toujours grâce à Nouchette, je me lançai dans LA PART DE L’AUTRE, édition de Poche. L’œuvre est plus importante, tant par son développement que par la thématique. Il s’agit pour EE Schmitt de confronter deux options du destin d’un personnage historique, en imaginant les développements parallèles de deux chemins de vie d’un même homme, grâce au postulat « et si… »
Et si… Adolf Hitler avait été reçu à l'Académie des Beaux-Arts de Vienne …
Moins facile d’accès que les deux ouvrages cités plus haut, le roman expose, à l’image du double escalier à spirale de Chambord, les différentes étapes de la formation et de l’évolution de ses deux personnages. Le destin documenté de Hitler et la vie potentielle d’Adolf H, s’enroulent autour d’un même axe temporel, des galères estudiantines et vagabondes aux frimas d’une famille handicapée d’amour, des misères et petites gloires du front pendant la grande guerre à l’apprentissage politique de l’Un à Munich, les découvertes de la vie de bohème dans le Paris mythique des années trente pour l’Autre. Petit à petit, on le voit bien, la double spirale perd son parfait parallélisme, distordue par les influences des éléments du possible.
L’exercice peut paraître un peu périlleux, le temps de s’immerger dans les premières pages, puis les deux personnages se répondant fait pour fait, surtout dans les deux premiers tiers du récit, le lecteur trouve rapidement ses repères. Le questionnement est saisissant et fécond, une manière de revisiter aussi le montage historique d’une période troublée. Si le destin de l’Europe et du monde n’avait tenu qu’à un non événement.…

Reste que… Le postulat de départ permet l’évolution comparée des possibles d’un individu, et la manière dont Éric Emmanuel Schmitt tire les ficelles développe la vision philosophique du rapport entre l’homme et son époque. On observe la formation d’un monstre schizophrénique, on frémit de constater l’effet de ses frustrations sur la marche du monde, et on se prend à penser que les Maîtres des Beaux Arts de Vienne auraient pu faire un effort…
Plus sérieusement, le regret du lecteur pourrait plutôt reposer sur la légèreté du développement psychologique des personnalités considérées. Certes, les frustrations de toutes natures, les ambitions tronquées, les difficultés de communication, les inhibitions sexuelles sont soigneusement décrites et constituent les différents axes du développement de la démonstration. Le point de vue de l’auteur nous conduit à observer un cas d’étude, il y manque les palpitations psychologiques des personnages d’un « vrai roman ». Sans doute, l’auteur n’a pas souhaité alourdir son sujet, déjà ambitieux et rigoureusement documenté…
Je ne crois cependant pas être seule à regretter ce manque de chair pour habiller l’Un et l’Autre , et l'inconsistance du dénouement en ce qui concerne le destin d’Adolf H. Bons sentiments, notion de sacrifice, tout cela est amené un peu à l’emporte-pièce, comme si l’auteur n’avait plus eu la vision claire et lucide de son personnage à partir du moment où l’intrigue doit se poursuivre dans un contexte historique virtuel… l’Allemagne des années de guerre sans la guerre, c’est en soit un autre sujet, difficile d’en dresser un tableau en dix pages .

Et si Éric Emmanuel Schmitt devait lire tout ce que ses lecteurs, admirateurs ou détracteurs, écrivent à leur tour sur ses livres… , je vous laisse, au gré de votre humeur, projeter ce qui arriverait à notre bonne République des Lettres. Heureusement que notre doux pays tolère encore le pluralisme des idées et l’arc-en-ciel de nos opinions.

03/01/2008

Chaudoudoux

Comme j’ai fait hier référence aux Chaudoudoux, j’y reviens pour citer ma source. Il s’agit du Conte Chaud et doux des Chaudoudoux, de Claude Steiner. PEF édition

Ce petit livre magnifique a été conçu par son auteur, Claude Steiner, psychothérapeute pratiquant en Californie, pour expliquer aux enfants l’analyse transactionnelle.
En fait, ce sont souvent des enseignants de maternelle et des petites classes de primaire qui l’utilisent comme support pour travailler la socialisation et essayer de gérer les conflits, de plus en plus nombreux, dans les groupes. C’est évidemment pour cet usage qu’une de mes collègues me l’avait indiqué. Grand merci à elle, il était devenu un fidèle compagnon de mon CP et trônait toujours dans le coin bibliothèque.
Pour ceux et celles que cette piste intéresserait, voici les liens vers un forum d’enseignants en Belgique (bravo aux Belges, toujours plus pertinents en pédagogie que nous) et le CLIS du Rhône (Enfin, on n’est pas si bêtes quand même !)qui s’y réfèrent.

http://www.enseignons.be/forum/ftopic5063.php
http://clisrhone.free.fr/spp.php?page=plan

Pour appâter votre curiosité, sachez que le conte se déroule dans le pays merveilleux des Chaudoudoux, où dès la naissance, tous les habitants sont dotés d’un sac inépuisable de Chaudoudoux, à distribuer généreusement autour de soi, afin que continuent de régner l’Harmonie, la Compréhension, la Compassion, l’Altruisme et, bien entendu, la Générosité, puisque n’existe nulle crainte de manquer…
Seulement voilà, comme dans la Vraie Vie, il y a toujours un moment où les choses se compliquent . Quand tout va bien pour vous, qu’est-ce qui se passe, hein ?
Eh oui, là comme ici, Les Jaloux guettent, les Jaloux conspirent, les Jaloux passent à l’attaque. Hypocritement et ignoblement comme il se doit.
Les Jaloux possèdent aussi leurs armes fatales, vous allez les reconnaître tout de suite, ce sont les épouvantables Froidpiquants, qui blessent le cœur et l’âme, glaçant les sentiments…
Je ne vais évidemment pas vous dévoiler les haletantes péripéties de la sinistre guerre que les détenteurs de Froidpiquants vont livrer aux gentils membres du Chaudoudoux land, mais soyez rassurés… Nous sommes dans un Conte tout à fait conventionnel.

Dans la Vraie Vie (VV), il arrive que même solidement pourvus en Bonnes Intentions, nos Chaudoudoux se heurtent à de si redoutables Froidpiquants que notre cœur finit par se glacer aussi et se teinter de noir et de brun, le soleil s’efface de nos sourires et les froidpiquants finissent par congeler tout désir d’harmonie …
Pendant très longtemps, je n’ai pas su nommer cette inépuisable réserve de méchanceté . Il m’a fallu franchir bien des étapes et prendre quelques virages un peu raides, fermer quelques pages douloureuses, décider de clore d’autres épisodes plus valorisants, trancher dans le vif et partir. Et tout à coup, j’ai reconnu les détenteurs et surtout les détentrices de Froidpiquants, les Marie-Chagrine familières qui ne me supportent pas encore mince, toujours svelte, entourée d'amis formidables, trop aimée, trop aimante, mariée à nouveau et encore bien d'autres défauts tout aussi graves… Aïe aïe aïe ! Que de tares !
Je ne sais pas si je suis de taille à mener la bataille décisive, mais nécessité faisant loi, quand la Jalousie darde trop de missiles Froidpiquants vers mon territoire, j’ai tendance à me dérouter. Car finalement dans la Vraie Vie, la réserve de Chaudoudoux est épuisable… Le monde n’est pas encore parfait.

02/01/2008

Bonne Année

En attendant d’avoir le temps de mettre au point les notes prévues, j’adresse à tous mes lecteurs potentiels un plein panier de Chaudoudoux, ces pensées positives et chaleureuses qui permettent d’accéder au BIEN-ÊTRE…

Que 2008 soit pour vous une période d’Harmonie et de progression, quel que soit le domaine choisi. Que les contingences et les aléas s’allègent du poids de nos épaules, et que les mesquineries et tracas divers cessent de confluer tous en même temps !

À propos des Chaudoudoux, ce n’est pas une de mes inventions, mais je me suis souvent appuyée sur ce symbole pour alléger quelques conflits de groupes. Avec les enfants, ça marche bien, c’est parfois nettement plus difficile avec les adultes évidemment, mais on peut toujours se l’appliquer à soi-même. Ainsi le Bonheur n’étant guère plus stockable que l’électricité, peut-on se créer à la demande un petit cocon de bien-être en s’obligeant à savourer le moment où la machine à laver accomplit son programme et celui où hautetfort publie la note frappée directement sans déconnecter « inopinément » ! Oui, je sais, il vaut mieux saisir sur Word et copier coller, mais… Je me suis encore fait avoir ce matin ! Bon, le monde est presque parfait…

Voici une petite anecdote pour s’en convaincre. J’ai travaillé autrefois avec une religieuse formidable, que je nomme ici Michelle. Cette femme, dotée d’une force de caractère très positive, avait toutefois commis la lourde bévue d’entrer dans une congrégation et éprouvait d’énormes difficultés à assumer la vie communautaire et la règle monastique. Au point qu’au bout de quelques années, elle est tombée sérieusement malade. Après moult tergiversations la supérieure de son ordre a fini par lui accorder le droit de vivre SEULE dans une chambre de bonne modeste, mais Michelle eut alors l’impression de vivre dans un palace. Nous évoquions donc de temps à autre les difficultés rencontrées dans nos existences mutuelles et Michelle racontait volontiers comment elle se mettait en condition de survivre à ses angoisses :
- J’aime porter mes sandales sans chaussettes, j’aime éplucher ces tonnes de pommes de terre, j’aime me lever à l’aube, j’aime …
À se répéter inlassablement la litanie des « j’aime », elle en avait fait une prière, un soutien qui l’accompagnait tout au long de sa « corvée » et elle pensait ainsi « tenir le coup ». Quand l’une de nous prononçait la formule « j’en ai marre de… », Michelle nous rappelait sa recette.

Voilà qui me conduit à formuler encore une pensée « Chaudoudou » pour Ingrid Betancourt et tous ceux et celles qui partagent de par le monde des conditions de contraintes physiques ou morales, souvent conjointes. Qu’au-delà de la compassion réelle mais inutile que nous ressentons, les actions menées soient enfin plus efficaces que les ego démesurés des politiciens, et que les familles qui vivent le cauchemar de l’attente puissent toucher réellement le bout du tunnel.

04/12/2007

Communication

- Chérie, tu nous ferais pas plutôt un p’tit café ?

L’interjection me hèle alors que je traverse la cuisine, munie de ma trousse à couture, le gilet et son bouton perdu sur les bras. Pas franchement une attitude de loisir, tant la couture est une activité hautement allergène pour mon équilibre psychique…
Sentir mon élan abnégationel * ainsi coupé me porte à réfléchir, car dès que j’obtempère et pose mon matériel sur la table pour préparer le plateau, GéO, qui avait commencé un timide « si tu préfères, c’est moi qui vais le préparer », suivi d’un intense effort pour rester assis, GéO donc, mon bienheureux mari, éminemment occupé à feuilleter son magazine, me regarde opérer, les yeux pétillant d’attendrissement, avant de soupirer d’aise :
- Chérie, je t’aime…
- Ce que tu aimes surtout, c’est que je t’apporte ton café…

Évidemment, nous ne sommes dupes ni l’un ni l’autre de cette boutade banale qui n’a rien d’une violence conjugale. Ce serait plutôt ce matin la suite de la discussion matinale du premier café. L’objet de la conversation est qu’au fond, pour qu’une relation humaine solide s’établisse, il ne faut pas se leurrer sur la qualité de relation d’interdépendance qu’elle suppose. Ainsi, GéO soutient qu’un couple ne peut se constituer et perdurer que si les deux personnes sont et restent en phase autour de besoins intellectuels et matériels similaires. Porte ouverte évidemment, mais de mon point de vue féminin, je défends la complémentarité et la fascination de l’altérité qui en résulte. Ces deux paramètres nourrissent la qualité de l’échange, l’enrichissent et prémunissent de la routine… Encore faut-il dialoguer, écouter, réagir, comprendre, et s’exposer en défendant son opinion. Le danger, dans un couple, c’est que l’un des deux se taise parce que l’autre, consciemment ou non, impose unilatéralement sa conception …

Mystère des associations d’idées, c’est à ce point-là que me revient en mémoire cet échange parcouru hier soir sur la Lettrine,www.latettrine.com/, et son article très intéressant sur les réseaux relationnels du monde de l’édition. Les commentaires greffés sur ce judicieux clin d’œil soulignent au fond la difficulté que nous éprouvons tous à nous sentir reconnus. J’écris bien reconnus, et pas nécessairement appréciés. Je souligne une fois encore mon admiration et ma reconnaissance pour la technologie qui a permis l’existence de la blogoshère. Fantastique outil de communication, et d’échanges réels, car totalement libres. En effet, qui vous oblige à rendre compte ou commenter un article lu ici ou là ? Vous ne connaissez pas les personnes qui exposent leurs idées, leurs espoirs ou leurs revendications, qui franchissent la barrière de la pudeur pour traduire leurs émotions. Tous ceux qui ont confié des manuscrits à la lecture d’amis me comprendront… Ce n’est pas l’amitié qui est en cause, mais l’authenticité de la communication. Alors que le biais du blog affranchit de cette gêne. Si le thème et son expression vous laissent indifférent, vous passez votre chemin, point barre. Si vous vous sentez en empathie, vous pouvez en témoigner ou prolonger le raisonnement, l’assouplir, le contredire… À chacun de respecter l’autre, et je dois reconnaître que depuis quatre ou cinq ans que je me promène sur la toile, bon nombre d’émetteurs et de réacteurs, s’ils se sentent libérés des règles orthographiques, n’en demeurent pas moins assez attentifs aux différents intervenants. On écrit vite sur Internet, on réagit prestement et la forme en pâtit parfois, mais pas le fond…

Mais j’en reviens à un propos émis par un fidèle de la lettrine, Marco je crois. À partir du moment où l’on écrit, on pose des mots, on construit des phrases et du sens, on transpose ses émotions pour leur conférer une existence réelle, et ça ne peut fonctionner longtemps seul dans son coin… Si vous décidez de porter votre plus belle tenue et que vous vous apprêtez, comment passer la journée ou la soirée en tête-à-tête avec un bouquin, le canapé, l’ordi ou la télé ? Quand vous avez trituré les phrases et les mots pour vous sentir VIVANT, percevoir l’indifférence des autres devient une vraie blessure, comme l’est celle d’un être humain que le silence ou la surdité sélective de son compagnon renvoie à la négation de soi. Alors les lettres des éditeurs, c’est encore pis que les jurés des examens, engoncés dans la roideur de leur supériorité face à l’impétrant, veillant à gommer de leurs regards tout encouragement aux malheureux candidats.

En fin de compte, j’en reviens à ce sentiment de satisfaction sur l’époque formidable que nous vivons : beaucoup de choses vont mal dans notre société, mais on a le droit de le dire, et ça soulage. Quand en supplément du dimanche, on se sent compris, ça va encore mieux. Cela dit, si je pouvais projeter le fantasme d' un quidam en train de manipuler un bouquin, genre poche ou folio, et confier l’objet un peu défraîchi à un ami en lui disant :
- Tiens, je te le passe, tu me diras ce que tu en penses…
Et sur la couverture du bouquin usagé, il y aurait mon nom…

* (Pardon pour le néologisme)

08/11/2007

Une à une…

Une à une les gouttes d'eau de nos humeurs glissent et rejoignent l'océan de nos ressentis. Nos échanges, nos disponibilités, nos dons, nos rejets et nos rebellions aussi, qui nous ballottent, nous bercent ou nous poussent … Accepter ou regimber, refuser ou changer, bouger, hurler, tempêter, avaler de bon ou mauvais gré, éclabousser pour jouer, pour piquer, plonger, couler, nager, flotter surnager et reprendre la barre…Vivre en somme